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PARTIE I –

CONSTAT
Les conséquences de la
croissance sur le
développement durable
Introduction

 Lacroissance économique infinie


fondée sur l’utilisation de
ressources finies et épuisables,
n’est pas durable

 La croissance démographique et
son accélération récente = un
risque accru de pression sur
l’environnement
 Le changement climatique menace
l’humanité toute entière, mais ce sont
les pauvres, une catégorie qui n’est
pas responsable de la dette écologique
que nous accumulons, qui sont
confrontés aux coûts humains les plus
immédiats et les plus sévères

 Le changement climatique érode le


potentiel humain, les libertés et les
droits de l’homme

Source : Rapport du PNUD 2007- 2008


I – Des conséquences dommageables

II – Surtout pour les pays les plus


pauvres
I- Des conséquences dommageables

D.Le réchauffement climatique

H. L’épuisement des ressources naturelles


A – Le réchauffement climatique

1 – Une augmentation des


températures moyennes
L’augmentation des émissions de CO2 entraîne
une augmentation des concentrations et des
températures
 En 100 ans, la
terre s’est
réchauffée de
0,70C

 Les concentrations
atmosphériques de
CO2 croissent de
1,9 ppm par an.
Elles ont atteint
379 ppm en 2005

 Entre 2000 et
2005, en moyenne
26 Gt CO2 ont été
relâchées dans
l’atmosphère
chaque année
Réchauffement prévu de l’ordre de 4°C
Selon les conclusions du dernier rapport
des experts sur les changements
climatiques (IPPC) les résultats des
7 modèles restent dispersés
A1F1
6 A1B
A1T
Changement en température °C

5 A2
B1
4
B2
IS92a
3

Intervalles
1
pour 2100
pour les
0 différents
1800 1900 2000 2100 modèles
années
Source GIEC 2001 © C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
2- LES REPERCUSSIONS DU
RECHAUFFEMENT
CLIMATIQUE
La diminution de la biodiversité
Indice des espèces Indice des espèces Indice des espèces
forestières, 1970-2000 d’eau douce, 1970-2000 marines, 1970-2000
1,4 1,4 1,4

1,2 1,2 1,2

1,0 1,0 1,0

0,8 0,8 0,8

0,6 0,6 0,6

0,4 0,4 0,4

0,2 0,2 0,2

1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

L’indice « Living Planet » du WWF montre que la biodiversité de la


planète diminue à un rythme comparable à celui des grandes
extinctions de masse du passé.
Source WWF : www.panda.org
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
3- LE
RECHAUFFEMENT
AGGRAVE PAR LE
GASPILLAGE DE
L’EAU PAR L’HOMME
La disponibilité en eau
m3/personne/an
2000
4500
2050, sans changement climatique
4000
2050, avec changement climatique
3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0
Japon France Espagne Chine Inde Turquie Kenya

D’après IPCC, 1998 cit. in Martin Beniston, Directeur de l'unité de géographie (Université de Fribourg - Suisse)
© C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org
B- VERS UN EPUISEMENT
DES RESSOURCES
NATURELLES ?
La production d'énergie dans le
monde en 2000
Production primaire totale d'énergie mondiale : 9963 Mtep
combustibles combustibles
renouvelables autres renouvelables autres
déchets déchets 11% 0,5%
11,1% 0,1% charbon charbon
hydraulique hydraulique
1,8%
0,9% 24,9% 2,3% 23,5%
nucléaire nucléaire
6,8%

16,2%
gaz
gaz
21,1%
pétrole pétrole
45% 34,9%

1973 : 6040 Mtep 2001 : 9963 Mtep


OCDE : production primaire totale = 5 317 Mtep
(53 % pour 18,6 % de la population !)
© N. Gondran, ENSM SE
le gaz naturel et le pétrole conventionnel,
le scénario du pic pétrolier

http://www.peakoil.net/ © C. Brodhag, ENSM SE, http://www.brodhag.org


Evolution de la consommation d’énergie depuis 1970

Source : Agence interrnationale de l’énergieIE , 2007


II – Qui touche particulièrement
les pays pauvres
Les changement climatique seront
dommageables pour l’agriculture des pays en
développement
Risque et vulnérabilité
 Personne au monde n’est à l’abri du
changement climatique

 La vulnérabilité mesure la capacité à gérer


les dangers climatiques sans souffrir d’une
atteinte au bien-être potentiellement
irréversible à long terme

 Le niveau de développement humain


conditionne le processus de transformation
des risques en vulnérabilités
Les pièges d’un développement
humain de faible niveau
Les coûts potentiels du changement
climatique ont été sous- estimés

 Les risques climatiques enferment les gens


dans une spirale descendante de
désavantages qui sape leurs possibilités
d’avenir

 En Éthiopie, naître pendant une sécheresse


augmente de 35 pour cent la probabilité des
enfants d’être mal nourris. Cela se traduit
par près de 2 millions d’enfants mal nourris
supplémentaires en 2005.

 Les femmes indiennes nées lors d’une


sécheresse ou d’une inondation pendant les
années 70 avaient 19 pour cent de chance en
moins d’aller à l’école primaire.
Les risques de catastrophes affectent
de manière disproportionnée les pays en
développement

• 1 personne sur
19 est affectée
dans les pays en
développement
• Dans les pays de
l’OCDE c’est un
personne sur
1,500

Un différentiel de
risque
de 79
Le Rapport mondial du PNUD 2007- 2008 sur
le
développement humain souligne que :

• Les pauvres souffrent et souffriront davantage


avec le changement climatique. Ils sont les
plus menacés de reculs du développement
humain qui conduisent à des pièges de
développement humain.

• Le changement climatique est un problème


urgent. Nous devons agir maintenant.

• Tant l’atténuation que l’adaptation sont


nécessaires pour réellement lutter contre le
changement climatique et contre les menaces
qu’il fait peser sur l’humanité.
PARTIE II
-L’IMPERIEUSE
NECESSITE D’UN
DEVELOPPEMENT
DURABLE
I –DEFINITION DU
DEVELOPPEMENT DURABLE
« un  développement  qui  répond  aux  besoins  du 
présent  sans  compromettre  la  capacité  des 
générations  futures  à  répondre  aux  leurs. Deux 
concepts sont inhérents à cette notion : 
  -  le  concept  de  "besoin",  et  plus  particulièrement 
des  besoins  essentiels  des  plus  démunis,  à  qui  il 
convient d’accorder la plus grande priorité, et
-  l’idée  des  limitations  que  l’état de nos
techniques et de notre organisation sociale
imposent  sur  la  capacité  de  l’environnement  à 
répondre aux besoins actuels et à venir. »
Rapport Brundtland : Notre Avenir à Tous, rapport de la Commission
Mondiale sur l'Environnement et le Développement, Les Editions du
Fleuve, 1987, p 51
Au moins trois questions majeures
sont posées par cette question
 Les besoins du présent sont les besoins de
qui ?
– L’orientation du rapport : vers une meilleure
équité entre les être humains quel que soit
leur territoire d’origine
 Quel est l’horizon de temps correspondant au
futur ?
– Pas d’horizon précis
 Et surtout : qui se charge de définir les
besoins des générations futures ?
– Idée que c’est la génération actuelle qui doit
faire ses meilleurs efforts pour y parvenir…
II - HISTORIQUE DE
LA NOTION DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE
Le Développement Durable est un concept international
né au cours des années 1980 :
il revisite les enjeux de la démographie et de la croissance

1798 Révolution 1968 1972 1980 1987 1992 2002


industrielle…

…puis 30
Stratégie de
glorieuses Club de Conf. ONU Notre futur Sommet Sommet
sur l’envt préservation
Malthus Rome commun de Rio de Jo’burg
de Stockholm mondiale
Essai sur + rapport (rapport Rio+10
(PNUE/ (ONU)
le principe Meadows + création Brundtland (ONU)
PNUE UICN/
de la population (1972) pour l’ONU)
WWF)

Croissance Développement
Stopper la économique
croissance Durable !
zéro !
démographique Fortes perturbations sur l’environnement (ressources/pollution)
! Forte croissance économique
Forte croissance démographique
III- Les apports de la notion de
Développement Durable
par rapport au club de Rome

 Ne pas stopper la croissance économique car


elle seule permet l’amélioration des
conditions de vie
– Parvenir une croissance économique
élevée dans les pays en développement
– Découpler la croissance économique de
l’utilisation des ressources épuisables dans
les pays développés
– Investir les gains issus de l’activité
économique dans l’innovation
Le développement durable, une coopération
entre environnement & développement
La contradiction entre l'environnement et le
développement énoncée par le Club de Rome au début des Développement
années 70 pourrait être résolue par la recherche d’un durable
nouveau mode de développement pour lequel la croissance
économique serait découplée de la pression sur Approche
l’environnement. La commission Brundtland propose en 1987 coopérative
: le développement durable.

Environnement dégradé Environnement préservé


Economie développée Economie développée
Jeu à somme nulle Jeu à somme positive

Environnement dégradé Environnement préservé


Economie sous- Economie sous-
développée développée
Jeu à somme négative Jeu à somme nulle

Approches
compétitives d’après Aurélien Boutaud, ENSM-SE, RAE
IV- UNE MESURE DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE :
L’EMPREINTE
ECOLOGIQUE
QU’EST-CE QUE C’EST ?

Une mesure de la surface nécessaire


pour produire les ressources et absorber
les déchets d ’un groupe humain

• Un indicateur de l’impact global de


l’homme sur la planète

• Elle s’applique à un individu, une ville,


un pays, ou à la Terre
V – Développement durable
et croissance sont ils
compatibles ?
Le développement durable, une coopération environnement
& développement : proposition de méthode d'évaluation
Besoins des
générations Niveau de
actuelles durabilité
1 écologique
Indicateur de développement humain –IDH)

0,9 développement durable


0,8
IDH,
0,7
niveau
0,6 moyen
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0 Besoins des
11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 générations
futures
Empreinte écologique (ha/hab)
Performance des nations en matière de
développement durable : combien de planètes?
USA, Europe du Europe
Besoins des Australie, Nord et de du Sud
Canada l'Ouest + "NPI" Pays "émergents"
générations d'Asie et
actuelles d'Amérique du Sud
1 (+ Turquie)
Indicateur de développement humain –IDH)

0,9
0,8 Pays "émergents"
d'Afrique du Nord,
0,7 Moyen Orient, Asie

0,6
0,5
0,4 Pays en voie de
développement
0,3 Nombre de planètes nécéssaires en fonction d'Asie et d'Afrique
de l’empreinte écologique
0,2
0,1
0 Besoins des
11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 générations
futures
Empreinte écologique (ha/hab)
Du chemin du développement "classique" aux
chemins du développement durable
: chemin du développement "classique"
Besoins des
générations : chemins du développement durable
actuelles
1
/5 /3
Indicateur de développement humain –IDH)

0,9 développement durable


0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0 Besoins des
11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 générations
futures
Empreinte écologique (ha/hab)
2 hectares/habitant

n 2050, si nous ne faisons rien, l’empreinte écologique Source


sera :
deux fois supérieure à la capacité mondiale.
Mardi 23 septembre, rien n'a changé dans le quotidien des Terriens. Pas de pénurie dans les
magasins d'alimentation, pas de coupure d'eau ou d'électricité inhabituelle. Pourtant, selon
l'organisation non gouvernementale canadienne Global Footprint Network, le 23
septembre, un événement important a eu lieu. C'était le "Global Overshoot Day",
littéralement "le jour du dépassement global". Il signifie que, entre le 1er janvier et le 23
septembre, l'humanité a consommé les ressources que la nature peut produire en un an. A
partir du 24 septembre, et jusqu'à la fin de l'année, l'humanité vit en quelque sorte au-
dessus de ses moyens. Pour continuer à boire, à manger, à se chauffer, à se déplacer, elle
surexploite le milieu naturel et compromet sa capacité de régénération. Elle entame donc
son capital.
Le "jour du dépassement", image destinée à frapper les esprits, a été inventé par les créateurs
du concept d'empreinte écologique. Dans la foulée du Sommet de la Terre de Rio, en 1992,
les universitaires William Rees et Mathis Wackernagel ont mis au point une méthode
permettant de mesurer l'impact des activités humaines sur les écosystèmes.

Selon les calculs de Global Footprint Network, les besoins de l'humanité ont commencé à
excéder les capacités productives de la Terre en 1986. Depuis, sous l'effet de l'augmentation de
la population mondiale, la date à laquelle l'humanité a épuisé les ressources théoriquement
produites en un an n'a cessé d'avancer. En 1996, notre consommation dépassait de 15 % la
capacité de production du milieu naturel, et le "jour du dépassement" tombait en novembre. En
2007, c'était le 6 octobre.

Source : G.Dupont , Le jour où l’humanité a épuisé le produit global de la Terre , Le Monde ,24/09/2008
EMPREINTE ECOLOGIQUE PAR PAYS

Source :
L'outil utilisé par le Global Footprint Network permet de
quantifier l'évolution de la consommation de ressources dans
le temps et de sensibiliser aux conséquences de leur
surexploitation. Il autorise aussi des comparaisons entre
régions du monde. Les habitants des Emirats arabes unis ont
l'empreinte écologique la plus élevée : chaque habitant
consomme chaque année l'équivalent de 12 hectares globaux.
Les Américains les suivent de près, avec 9,5 ha. La France se
situe au 12e rang mondial, avec un peu moins de 6 ha. Les
habitants du Bangladesh, de la Somalie et de l'Afghanistan
sont les plus petits consommateurs de ressources au monde,
avec moins d'un demi-hectare.
Source : G.Dupont , Le jour où l’humanité a épuisé le produit global de la
Terre ,Le Monde , 24/09/2008
PARTIE III -
QUELLES
SOLUTIONS ?
I – Croissance et
développement durable
ne sont pas incompatibles : la
vision optimiste
A – La transformation de la demande due à la
croissance

A:

La croissance moderne prend généralement la forme d'une


production de services plus importante , comme les loisirs,
l'éducation ou la santé . Ce ne sont pas des activités
polluantes. La croissance des revenus peut aider
l’environnement si elle s’accompagne de la croissance de
telles activités. Lier croissance et pollution détourne notre
attention des activités qui détruisent l’environnement et
qu’on pourrait rendre plus chères ( … )

SOURCE : S.Trouvelot et G.Duval , « Entretien avec Robert Solow »


, Alternatives économiques , n° 155, janvier
B:
L'expérience des pays développés a montré que l'enrichissement des populations
s'est accompagné de la demande d'un environnement plus sain, ce qui a conduit à
un renforcement des normes et à une amélioration de la qualité de l'environnement
dans certains domaines (cas de la pollution de l'air dans les villes, notamment).(
…)L'environnement serait un « bien supérieur », c'est-à-dire un bien dont la
demande augmente avec le revenu (à l'instar de la santé ou des loisirs). Il s'agit
là d'une hypothèse très plausible : à l'évidence, pour les individus les plus
pauvres, la tâche de se nourrir, se loger, se vêtir, ne laisse guère de place à
d'autres préoccupations. Ce qui est vrai au niveau individuel l'est aussi au niveau
national : toutes les personnalités auditionnées par votre rapporteur ont confirmé
que les pays du Sud étaient, dans les enceintes internationales, moins sensibles
aux questions environnementales que les pays du Nord.
L'élévation du revenu s'accompagnerait donc d'exigences « citoyennes »
nouvelles. De plus, la croissance du PIB permet de dégager plus facilement
des ressources pour financer les politiques environnementales. Pour les
individus comme pour les nations, il est sans doute plus facile de sacrifier une
partie de sa consommation pour protéger l'environnement lorsque les revenus
sont élevés.
Rapport du Sénat 2008
B – Le rôle de la régulation marchande

Le nombre trop élevé de voitures à Paris est un exemple de


régulation inefficace. Si on veut augmenter la qualité de
l'air, il faut inciter consommateurs et industriels à aller
dans ce sens. Dans notre culture, ce seront généralement
des incitations financières. Il faut commencer par étudier
plus précisément les relations entre les phénomènes :pour
diminuer de 1 % la pollution de l'air, il faut diminuer de
X% les émissions des véhicules. Les gens pourront alors
choisir, par leurs votes ou par leur argent, comment ils
veulent atteindre l'équilibre entre la disponibilité des biens
et des services et la qualité de l'environnement.

SOURCE : S.Trouvelot et G.Duval , « Entretien avec Robert Solow » ,


Alternatives économiques , n° 155, janvier 1998
Evolution du prix du pétrole depuis un siècle

http://www.dani2989.com/matiere1/oilprice31102004.htm
Evolution du cours du pétrole depuis 2004

http://www.capital.fr/actions/default.asp?sicovam=31.1.XWTI&rep
=Max#Periode
La flambée des cours du pétrole en juin a fait chuter la consommation de carburants
en France, notamment celle des ménages qui ont nettement moins acheté d'essence
pour leur voiture, selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
La demande de carburants en France a subi une "chute énorme" de 10% en juin par
rapport à juin 2007, et un recul "significatif" d'environ 1,5% sur six mois, a affirmé
jeudi à l'AFP le président de l'Ufip, Jean-Louis Schilansky.

Ce recul de la consommation "rejoint la tendance aux Etats-Unis", où la demande


d'essence a baissé, et alimente les craintes des marchés d'une baisse de la demande
en pétrole.
Les prix du pétrole avaient perdu jeudi plus de 20 dollars depuis leur record du 11
juillet, en raison notamment de ces craintes.
Dans le sillage de ce recul du brut, les prix des carburants en France ont amorcé
une baisse la semaine dernière, qui pourrait se poursuivre la semaine prochaine si
les cours du pétrole restent autour de 130 dollars, selon l'Ufip.

Source : AFP , la hausse du prix du pétrole a fait chuter la


consommation de carburants en France , 24/08/2008
C – Le rôle du progrès technique
 La population mondiale est bien plus importante aujourd'hui
qu'au début du siècle, et pour beaucoup le niveau de vie a
considérablement progressé. La question de savoir si le
niveau de vie et la population continueront de croître à
l'avenir intéresse tout le monde.
 Pour de nombreux observateurs, les ressources naturelles
constituent une limite à la croissance des économies. De fait,
puisque certaines ressources naturelles sont non
renouvelables, on voit mal comment la population, la
production et les niveaux de vie pourraient croître à l'infini.
Certains gisements finiront par s'épuiser, ce qui amènera
probablement un ralentissement de la croissance et peut-
être même une réduction des niveaux de vie...
 En fait les économistes sont moins inquiets que cela. En
effet, pour eux, le progrès technologique fournit souvent les
moyens de contourner ces limites. L'utilisation des
ressources naturelles s'est nettement améliorée au cours des
quarante dernières années. Les voitures modernes
consomment beaucoup moins d'essence. Les maisons sont
mieux isolées...
 SOURCE : S.Trouvelot et G.Duval , « Entretien avec Robert Solow » ,
Alternatives économiques , n° 155, janvier 1998
Un meilleur rendement du charbon
pourrait aider à réduire les émissions de
CO2
 On retrouve dans cette thèse la théorie développée en son temps par Walt
W. Rostow qui résume l'histoire des sociétés humaines à cinq stades de
développement. Une fois le «décollage» effectué, celles-ci connaissent une
croissance autoentretenue [self-sustaining growth} qui modifie la structure
de l'économie. A mesure que le progrès technique se diffuse, des industries
nouvelles prennent le relais des anciennes et fournissent aux capitaux de
nouveaux débouchés. La démonstration de G. Grossman et A. Krueger est
novatrice dans le fait que, contrairement à W.W. Rostow qui, guerre froide
oblige, doutait de l'avenir des sociétés avancées de son temps, elle leur
confère un destin plus enthousiasmant.Le développement soutenable ne
désignerait-il pas, en paraphrasant W.W. Rostow, la sixième étape de la
croissance?C'est bien ce que semble croire la Banque mondiale et le
Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui ont repris cet
argument dans leurs rapports publiés en 1992.
 Source : F.D.Vivien , Croissance soutenable ou croissance zéro , Sciences
humaines , hors-série n°49 , août 2005
 Certes, il y a des effets d'échelle : plus l'économie d'un pays croît, plus
elle pollue. Mais cet effet est compensé par deux autres. Un « effet de
composition » : les services, moins polluants que l'industrie, prenant une
place croissante avec le développement, les économies dégradent de moins
en moins l'environnement. Et un « effet technique » : avec l'augmentation
du niveau de revenu par habitant, des classes moyennes se développent et
demandent une meilleure qualité de vie, ce qui se traduit par un
renforcement des normes de protection de l'environnement et par l'adoption
de technologies moins polluantes.
 Ce raisonnement est baptisé courbe environnementale de Kuznets, car il est
calqué sur celui développé dans les années 50 par l'économiste Simon
Kuznets sur les inégalités : si elles s'accroissent au début du développement,
elles finissent par se réduire avec l'augmentation des richesses. Ce
phénomène n'a cependant rien d'automatique : il résulte d'actions humaines,
et notamment de décisions politiques.
 Source : C.Chavagneux , Le Sud et le développement durable , Alternatives
D-LE MARCHE
DES DROITS A
POLLUER
 Nos activités entraînent souvent des nuisances pour nos voisins ou pour la
collectivité. Le législateur peut bien sûr intervenir pour limiter ces nuisances,
mais (...) les libéraux disent que ce n'est pas souhaitable et que le marché
est un procédé beaucoup plus commode et efficace.( … )
 Les coûts sociaux, estiment les libéraux, résultent d'une absence ou d'une
insuffisance de droit de propriété : l'air est pollué parce qu'il n'appartient à
personne. Or je suis bien obligé de respirer l'air que les autres me lèguent,
même s'ils l'ont rendu irrespirable. En revanche, si l'air m'appartient, les
autres ne pourront plus le polluer sauf si je l'accepte, moyennant une
indemnisation.
 Une variante de ce principe consiste à définir, au niveau national ou régional,
un seuil maximal acceptable de pollution. La collectivité met alors en vente
des "droits à polluer" dont le total représente le plafond toléré de pollution.
Si ces droits à polluer sont en faible quantité, leur prix va s'élever et cela
deviendra trop cher pour certains producteurs qui cesseront donc leur
activité et du même coup leurs nuisances. Quant aux autres, ils seront
incités à investir pour trouver et mettre en place des procédés de réduction
de leur pollution. Là encore, un marché s'instaure : plus les droits à polluer
sont coûteux, plus les acteurs s'efforcent de réduire leurs émissions nocives.
 On peut même imaginer que certains producteurs particulièrement
performants n'utilisent pas tous leurs droits à polluer. Ils peuvent alors les
revendre, au prix fort, à des firmes qui sont dans la situation inverse. Dans
tous les cas, il s'agit d'internaliser disent les économistes, c'est-à-dire de
rendre le coût de la pollution palpable pour susciter des recherches et des
investissements. Mais c'est l'intérêt qui pousse les acteurs à agir ainsi, non
l'obligation administrative. (...)

Source : SOURCE : D.Clerc , Alternatives Économiques, avril 1992.


 Quand on évoque le marché des droits à polluer aux Etats-Unis, tous les
interlocuteurs sans exception vantent les vertus de « la main invisible » - qui
régule comme par magie offre et demande - capable de réduire, au moindre
coût, le taux de pollution .Avant la loi, régnait le système de la «commande
et du contrôle ». Chaque centrale électrique se voyait imposer des limites
inflexibles d'émissions de SO,. Elle devait installer une technologie bien
précise d'épuration et était sévèrement contrôlée par les agents de
l’Environnement Protection Agency (Agence de protection de
l'environnement). «Les directions des centrales jugeaient cet investissement
trop cher, elles allaient plaider leur cause en justice et tentaient de faire
porter le chapeau à d'autres entreprises », explique Cariton Bartels,
responsable de la société de Bourse Cantor Fitzgerald, très actif sur le
marché des émissions.
 « Quant aux pouvoirs publics, ils n'avaient ni les moyens ni les informations
nécessaires pour faire appliquer la loi. » Pendant ce temps, la pollution
continuait.
 D'où l'idée d'un changement radical. Le gouvernement américain impose en
1990 une réduction drastique : les 263 centrales électriques particulièrement
polluantes doivent alléger l'ensemble de leurs émissions de 10 millions de
tonnes par rapport au niveau de 1980. Et, en l'an 2000, la cible s'élargit aux
autres centrales, plus petites et plus propres. L'astuce c’est de laisser aux
industriels le soin de l'exécution du programme. Le gouvernement s'en lave
les mains. Ses représentants se contentent de distribuer gratuitement aux
acteurs les droits à polluer. Et arbitrent le jeu : s'ils réduisent plus que
prescrit leurs émissions, ils peuvent garder en réserve leurs droits, les
transférer sur une unité plus polluante ou les vendre à un concurrent.

 Source : C.Talbot , Aux Etats-Unis , la méthode a fait ses preuves pour le


dioxyde de soufre , 21 mars 2000
votre ema
Alors que le protocole de Kyoto entre en vigueur le 16 février, l'Union européenne a choisi un système
bien particulier pour atteindre les objectifs de réduction d'émission de gaz à effet de serre: les bourses
d'échange de droits à polluer.
Pour atteindre ses objectifs, l’Europe a préféré mettre en place un système de « droits à polluer » répartis entre
les différentes entreprises de chaque pays. Une mesure moins coûteuse que les autres solutions possibles,
selon Cédric Philibert, administrateur de la division de l’Energie et de l’environnement pour l’Agence
Internationale de l’Energie. « L’intérêt c’est d’arriver au coût le plus bas possible, explique-t-il à
Lexpansion.com. Par rapport à l’instauration de taxes et même de normes, ce système d’échange de permis
devrait permettre aux entreprises de diviser par deux le coût des objectifs de réduction d’émission ». Cette
solution est d'autant plus acceptable qu'il s'agit de contrôler le CO2, polluant à échelle global. S’il s’était agi
d’un polluant local cela aurait été plus difficile. Selon l'expert, le fait d’attribuer gratuitement ces quotas
devrait également permettre aux entreprises de préserver leur compétitivité sachant que des entreprises
concurrentes, dans d'autres pays, ne sont pas soumises à ces contraintes.
Concrètement en France, Bruxelles a recensé 1140 sites industriels concernés par ces « droits à polluer ».
Reste encore à répartir les quotas, mesurés en tonnes de dioxyde de carbone, pour chaque établissement. Dans
l’Hexagone, les premières transactions sont prévues le 28 février mais déjà une bourse européenne s’est créée
en janvier pour organiser les échanges de permis. Un véritable marché où les entreprises qui n’utiliseront pas
entièrement leurs quotas pourront les revendre à d’autres plus polluantes. En cas de dépassement, ces
dernières devraient en effet s’acquitter d’une amende de 40 euros pour chaque tonne émise au-delà de
leur quota. La pénalité s’élevant même à 100 euros la tonne en 2008.
L'intérêt des entreprises est donc de réduire rapidement leurs émissions de gaz. La tonne se négociant aux
alentours de 8,5 euros fin 2004, les plus vertueuses pourraient alors même faire des profits. Mais des profits
minimes et temporaires car les entreprises ont peu de marge de manoeuvre. « L’attribution de quotas se fait
tout de même en relation avec l’émission réelle de gaz rejetés par l’entreprise », tempère ainsi Cédric
Philibert.
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/kyoto-ouvre-l-ere-des-droits-a-polluer_108181.html
II-LES LIMITES DE
CES SOLUTIONS :
la vision
pessimiste
A – LES CRITIQUES DES
SOLUTION LIBERALES
1 – LA CRITIQUE DE LA
COURBE
ENVIRONNEMENTALE DE
KUZNETS
 A:
 Les premiers travaux sur la courbe environnementale de Kuznets indiquaient
que le point de retournement devait se situer autour d'un PIB par habitant
de 5 000 dollars. Un niveau atteint par le Mexique (en parité de pouvoir
d'achat) dès le milieu des années 80. Depuis, constate le chercheur
américain Kevin P. Gallagher, l'érosion des sols a pourtant progressé de 89
% dans ce pays, les déchets municipaux de 108 % , la pollution de l'eau de
28 % et la pollution de l'air dans les villes de 97% ! Renforçant la conviction
de ceux qui pensent que les pays émergents cherchent à s'abstraire de toute
contrainte réglementaire pour mettre en œuvre des politiques de dumping
environnemental destinées à attirer les multinationales
 Source : C.Chavagneux , Le Sud et le développement durable , Alternatives
économiques , HS n°63 , 2005
 B:
 Le problème, comme en conviennent G. Grossman et A. Krueger, est que
cette relation en U inversé ne peut être généralisée. Elle ne vaut que pour
certains polluants qui ont des impacts locaux à court terme et non, par
exemple, pour les rejets de CO2 ou la production des déchets ménagers qui
croissent avec le revenu par tête. De plus, quand elle est établie, cette
relation n'est pas mécanique. C'est parce que des politiques publiques sont
menées que l'on peut enregistrer des résultats encourageants dans la lutte
contre les pollutions. Enfin, il ne faut pas oublier que les réductions
d'émissions observées peuvent être compensées par d'autres augmentations,
les industries les plus polluantes pouvant être transférées sous des latitudes
où la réglementation est moins contraignante.
 Source : F.D.Vivien , Croissance soutenable ou croissance zéro , Sciences
humaines , hors-série n°49 , août 2005
2 – LES LIMITES DU
MARCHE DES DROITS A
POLLUER
Emissions from Fossil Fuel + Cement
Emissions increased from 6.2 PgC per year in 1990 to 8.5 PgC in 2007, a 38%
increase from the Kyoto reference year 1990. The growth rate of emissions was
3.5% per year for the period of 2000-2007, an almost four fold increase from
0.9% per year in 1990-1999.

2007 Fossil Fuel: 8.5 Pg C


9
8 Emissions

Fossil Fuel Emission (GtC/y)


7
6
5
4
3
2
1
0
1850 1870 1890 1910 1930 1950 1970 1990 2010
4001850 1870 1890 1910 1930 1950 1970 1990 2010
[CO2]
380
Atmoapheric [CO2] (ppmv)

360 1990 - 1999:


340 0.9% y-1
320

300 2000 - 2007: 2 ppm/year

Data Source: G. Marland, T.A. Boden, R.J. Andres, and J. Gregg at CDIAC
280
3.5% y-1
3 – LE ROLE DU PROGRES
TECHNIQUE EST A
RELATIVISER
Drivers of Anthropogenic Emissions

1.5 1.5
World
Factor (relative to 1990)
1.4 1.4
1.3 1.3
1.2 1.2
1.1 1.1
1 1
0.9 0.9
0.8 Emissions
F (emissions) 0.8
0.7 P (population)
Population 0.7
0.6
Wealth = per capita GDP
g = G/P
0.6
h = F/G
Carbon intensity of GDP
0.5 0.5
1980 1985 1990 1995 2000 2005
1980

Raupach et al 2007, PNAS


Regional Emission Pathways

C emissions
Wealth per capita
Population

C Intensity

Developed Countries (-)

Developing Countries Least Developed Countries

Raupach et al 2007, PNAS


III - UNE REMISE EN
CAUSE DE LA
NOTION DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE :
LA DECROISSANCE ?
 Dès lors que l’on identifie les efforts à entreprendre , il est assez tentant d’y opposer l’idée que les
progrès de la technologie permettront de régler le problème « ailleurs » et « plus tard » sans qu’il
soit nécessaire de faire ici et maintenant des efforts coûteux . ( … ) .
 Economiser l’énergie à service rendu équivalent représente donc une marge de manœuvre
significative , une opportunité réelle pour nos entreprises .Les technologies mises en œuvre
pourraient aussi favoriser une évolution des pays émergents mieux adaptés à la préservation de
l’environnement . Mais gagner un facteur 2 est à la fois considérable et... insuffisant pour stabiliser
la perturbation climatique. Croire que l'on peut tout miser sur le progrès technologique en
négligeant ce qui a trait à notre organisation sociale, à notre mode de vie et aux aspirations qu'ils
matérialisent relève de l'utopie. Aller au-delà exige que nous développions une société « sobre »
en réduisant notre consommation matérielle. En outre, les améliorations techniques sont
relativement longues à mettre en œuvre . ( … )
 Continuer à jauger la santé d'une nation à la vigueur de la croissance de sa production industrielle
ou de la consommation des ménages en produits manufacturés ; développer les infrastructures
routières ou aéroportuaires ,et plus généralement favoriser l'augmentation de la mobilité;
subventionner l'agriculture sur la base des volumes (alors qu'il faudrait privilégier les
consommations locales et la qualité plutôt que la quantité) ; raisonner de manière sectorielle, c'est-
à-dire gérer séparément agriculture, transports, urbanisme ou toute activité économique et sociale.
Enfin, nous pourrions ajouter : ignorer l'ampleur réelle du problème. (… )
 Le PNB, le taux de croissance de l'économie, les chiffres d'affaires et profits des entreprises, etc.,
sont le résultat de règles conventionnelles qui varient au cours du temps : les mesures
économiques sont une représentation indispensable, mais partielle et simplifiée, du monde réel,
utile au quotidien, mais insuffisante pour arbitrer des enjeux de très long terme. Dans ce strict
cadre, de nombreuses questions n'ont pas de réponse objective : quel prix attribuer à la vie
humaine ? Doit-il être le même en France et au Bangladesh ? Quel prix accorder à la disparition
d'une espèce animale, des glaciers alpins ou de paysages chers ?
 En conclusion, il n'est pas souhaitable de se fonder sur ces seuls critères pour juger de la nécessité
d'une rupture aussi importante que celle qu'impliquerait une forte réduction des émissions. Car, au
bout du compte, savoir si nous entendons privilégier la prudence ou la prise de risques ne relève
pas d'un choix économique, mais d'un choix de société.
SOURCE : H Le Treut et JM Jancovici, l’effet de serre, dominos, Flammarion,2001
On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires,
comme «l'obscure clarté». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l'inexprimable est de plus en plus
utilisé par les technocrates pour faire croire à l'impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage
humain, une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie.
Il y a donc dès le départ une divergence manifeste sur la signification du soutenable/durable. Pour les uns, le
développement soutenable/durable, c'est un développement respectueux de l'environnement. L'accent est alors mis
sur la préservation des écosystèmes. Le développement signifie, dans ce cas, bien-être et qualité de vie
satisfaisants, et on ne s'interroge pas trop sur la compatibilité des deux objectifs, développement et environnement.
Cette attitude est assez bien représentée chez les militants d'ONG et chez les intellectuels humanistes. La prise en
compte des grands équilibres écologiques, doit aller jusqu'à la remise en cause de certains aspects de notre modèle
économique de croissance, voire même de notre mode de vie. Cela peut entraîner la nécessité d'inventer un autre
paradigme de développement (encore un ! mais lequel ? On n'en sait rien)7. Pour les autres, l'important est que le
développement tel qu'il est puisse durer indéfiniment8. Cette position est celle des industriels, de la plupart des
politiques et de la quasi-totalité des économistes. A Maurice Strong déclarant le 4 avril 1992 : Notre modèle de
développement, qui conduit à la destruction des ressources naturelles,n'est pas viable. Nous devons en changer,
font écho les propos de Georges Bush (senior) : Notre niveau de vie n'est pas négociable9.. Cette ambiguïté est
déjà présente en permanence même dans le rapport Brundtland. On lit, en effet, à la page l0 du rapport : Pour que
le développement durable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui
respecte les limites écologiques de la planète. Toutefois, neuf pages plus loin, il est écrit: Étant donné les taux de
croissance démographique, la production manufacturière devra augmenter de cinq à dix fois uniquement pour
que
la consommation é manufacturés dans les pays en développement puisse rattraper celle des pays développés.
Comme le remarque non sans humour Marie-Dominique Perrot : Le Rapport dans son ensemble montre que
l'objectif poursuivi ne vise pas tant à limiter l'opulence économique et le gaspillage des puissants (au Nord comme
au Sud) qu'à proposer une sorte de saut périlleux fantasmatique qui permette de garantir le beurre (la
croissance), l'argent du beurre (l'environnement) ainsi que le surplus du beurre (la satisfaction des besoins
fondamentaux) et
même l'argent du surplus (les aspirations de tous aujourd'hui et à l'avenir).On ne peut que reprendre sa
conclusion désabusée : «Qu'est-ce donc que le développement durable, sinon l'éternité assurée à une extension
universelle du
développement?
 Dès les années 1970, les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen et de René
Passet, notamment, ont montré que la logique de croissance infinie propre
au capitalisme était physiquement insoutenable. (..] Nicholas Georgescu-
Roegen montre qu'il ne suffit pas de renoncer à la croissance. En effet, le
simple maintien de notre niveau de vie actuel pérenniserait des
prélèvements considérables dans notre patrimoine, au détriment des
perspectives de survie des générations futures : « Chaque fois que nous
produisons une voiture, nous le faisons au prix d'une baisse du nombre de
vies à venir. » Ainsi, la croissance zéro ne ferait que retarder les
catastrophes; seule la «décroissance» permettrait de retrouver un mode de
vie soutenable.
 Une autre excellente raison de prôner la décroissance, au moins dans les
pays du Nord, réside dans l'impératif de développement des pays du Sud.
Dans un monde où les 20% d'habitants du Nord consomment 80 % des
ressources mondiales, l'engagement du Sud dans un mouvement mondial
pour le développement durable est politiquement insoutenable s'il ne
consiste pas à redistribuer la consommation des ressources à son profit.
François Schneider propose un calcul grossier, mais très éclairant sur ce qui
est ici en jeu. Si, pour rétablir la justice à l'horizon 2050, nous devions offrir
une consommation par habitant partout équivalente à celle qui prévaut
aujourd'hui au Nord, et en supposant que ce dernier se contente du niveau
actuel, il nous faudrait disposer d'un espace naturel équivalent à douze
planètes ! Le seul scénario autorisant l'égalité mondiale à un niveau
soutenable impliquerait un doublement de la consommation dans les pays du
tiers monde et sa décroissance annuelle de 5 % dans les pays industrialisés
pendant quarante-huit ans!
Source :Jacques Généreux, Alternatives économiques n° 206, septembre 2002.
 On peut certes discuter ces estimations, mais cela ne changera rien
au problème. Quand bien même la décroissance nécessaire pour
«libérer» les ressources nécessaires au développement du Sud
serait de cinq à dix fois inférieure à ce qu'indiquent les chiffres de
Schneider, une décroissance serait politiquement impossible et
socialement inacceptable. Quand on considère les problèmes
sociaux insolubles auxquels nous sommes confrontés dès que la
croissance est seulement ralentie, il est évident qu'un recul annuel
permanent de la production de 1 % ou même de 0,5% engendrerait
un véritable chaos social. Seules des dictatures effroyables
pourraient l'imposer avant de s'orienter rapidement vers une autre
solution : le génocide des pauvres. Après tout, s'il nous faut deux
ou trois planètes pour rendre notre mode de vie soutenable, il
« suffirait» de diviser la population mlondiale dans les mêmes
proportions ! Si l'on estime que notre culture relativement
démocratique nous interdit d'envisager une telle perspective, il faut
se rendre à l'évidence qu'elle nous interrdit aussi de promouvoir la
décroissance que l'écologie radicale nous présente comme une
nécessité vitale. La seule issue à cette impasse est de rechercher
non pas la décroissance, mais une autre croissance qui substitue
progressivement la consommation de services immatériels et de
manière recyclée aux biens dont la fabrication détruit le
patrimoine naturel. Une voiture fabriquée avec les matériaux
d'une ancienne voiture et consommant de l'électricité solaire
ou éolienne n'est pas produite « au prix d'une baisse du
nombre de vie à venir».
 Source :Jacques Généreux, Alternatives économiques n°
206, septembre 2002.

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