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Thème 2- l’investissement: logique de l’offre

vs logique de la demande

Quel
investissement !

Fiches 2 à 5du
chapitre
investissement
: ici
Introduction – La diversité des déterminants de
l’investissement
Parmi tous ces déterminants, quels sont les plus décisifs ?
Les résultats des études empiriques publiées notamment par l'INSEE au début du XXIe siècle
montrent que l'évolution globale de l'investissement est expliquée principalement par
l'accélérateur et le taux de profit . Le profit a une influence dans la mesure où un certain
rationnement du crédit fait de l'autofinancement (c'est-à-dire du profit conservé par
l'entreprise) la source privilégiée du financement de l'investissement.
Cette situation de marché financier imparfait est sans doute assez fréquente : l'emprunteur en
sait plus sur lui- même que son prêteur...(…)
Reste que le rôle de l'accélérateur dans l'évolution de l'investissement renforce l'idée
finalement assez banale selon laquelle les débouchés jouent un rôle décisif dans la décision
d'investir. Sans eux, effectivement, pourquoi investir ?
Source : A Epaulard.
Questions:
1. Quelles sont les deux variables essentielles qui motive la décision d’investissement?
Partie I –La logique de l’offre: le rôle des
facteurs financiers

Voilà un
investisse
-ment
efficace !
Introduction - La logique de l’offre :la loi de Say

Production
Production100€
100€
Vente
Vente
Salariés
Salariés50€
50€

Entreprise Offre
Offre==100€
100€
Entreprise10€
10€ Distrib
Distrib
Revenus
Revenus

Fournisseurs
Fournisseurs
40€
40€
Marché
Marchéen en
Demande
Demande==100€
100€ équilibre
équilibre

Source : www.ac-reims.fr/datice/ses/Respedag/edskeynes04.mic.ppt
L’équilibre automatique entre offre et demande globale :
la loi des débouchés de J.B. Say

 Say peut alors en conclure : « on voit donc que le fait seul de la formation
d’un produit ouvre , dès l’instant même , un débouché à d’autres produits » .
Cette conception développée par Say repose sur 3 principes :
 premier principe : elle est établie dans le long terme , c’est-à-dire que tôt ou
tard , la monnaie obtenue dans la vente d’un bien sera utilisée pour l’achat
d’un autre bien
 second principe : la monnaie a un rôle passif qui se résume à être un strict
intermédiaire des échanges : la monnaie ne peut donc être détenue pour elle-
même , donc la monnaie est un voile qui sert uniquement à opérer des
échanges
 troisième principe : la monnaie est neutre , elle n’exerce aucune influence
sur l’économie réelle , ce qui entraîne l’impossibilité d’une crise de
surproduction générale , puisque contrairement à la loi de Say , l’offre crée sa
propre demande
Les différents modes de financement de
l’investissement

Des exercices interactifs pour réviser les


différents de modes de financement étudiés
en cours de première:

• sur le site de J.Dornbush:


Visionner l'animation en ligne au format de la fenêtre du navigateur

• Un exercice interactif sur Apprendre avec


l’INSEE: ici
I – Le rôle du taux d’intérêt dans l’équilibre
épargne-investissement
Introduction : les hypothèses

• Les offreurs et les demandeurs de capital sont des homo


oeconomicus égoïstes et rationnels

• Ils ne sont donc pas victimes d’illusion monétaire. Ils


raisonnent toujours en termes réels : c’est-à-dire en
termes de valeurs déflatées

• Leurs décisions d’investissement et d’épargne s’opèrent


donc en fonction des variations du taux d’intérêt réel
A – Le rôle du taux d’intérêt sur la demande de
capital : l’ investissement

• Les demandeurs de capital c’est-à-dire essentiellement les entreprises


qui investissent opèrent une analyse coût /bénéfice
• ils comparent donc :
 la productivité marginale du capital : le supplément de
recette attendue de la production supplémentaire d’une
unité de bien
 Au coût de l’endettement (c’est-à-dire au taux d’intérêt
réel)
• Tant que la productivité marginale est supérieure au coût ,
l’investissement s’avère rentable
• La situation optimale est réalisée quand la productivité marginale est
égale au taux d’intérêt réel
A – Le rôle du taux d’intérêt sur la demande de
capital : l’ investissement

• Or d’après la loi des rendements décroissants , la productivité


marginale du capital diminue au fur et à mesure que
l’investissement s’accroît

• l’investissement de l’entreprise n’est donc rentable que si la chute


de la productivité marginale est compensée par une diminution
proportionnelle du taux d’intérêt réel

La demande de capital c’est-à-dire


l’investissement des agents économiques est donc
une fonction décroissante du taux d’intérêt réel
B – Le rôle du taux d’intérêt sur l’offre de
capital : l’épargne
 Les offreurs de capital c’est-à-dire essentiellement les ménages réalisent un arbitrage entre
 la consommation présente (qui a la préférence des ménages) assimilée à une destruction de
richesses
 et l’épargne : une abstention de consommation aujourd’hui (qui correspond à une privation)

 Ils ne renonceront donc à consommer que si la consommation future permise par l’épargne est
supérieure à la consommation présente

 Plus le taux d’intérêt réel est élevé , plus la renonciation à consommer aujourd’hui est forte, puisque la
rémunération de l’épargne qui assure une consommation future accrue compense la privation de la
consommation présente
L’offre de capital c’est-à-dire l’épargne des ménages est donc une fonction
croissante du taux d’intérêt réel
C - L’équilibre de marché

Taux Investissement : Epargne : Offre de


d’intérêt Demande de capital capital des
des entreprises ménages
réel : ir ° °

ir* : Taux
d’intérêt
réel
d’équilibre

° °
Capital
Epargne = Investissement demandé et
offert
MarchéMarché
du capital
du capital
Conséquence d’une augmentation du taux
d’intérêt réel

ir Investissement Epargne Offre de


Demande de capital capital des
des entreprises ménages
° Excédent d’épargne
°
Ir’

ir*
d’équilibre

° °
Capital
I ‘ niveau E’ niveau d’épargne des offert et
d’investissement des
entreprises
ménages demandé
Marché du capital
Le retour vers l’équilibre

ir Investissement Epargne Offre de


Demande de capital capital des
des entreprises ménages
° °
ir ’

ir*
d’équilibre

° °
Capital
I‘ I=E E‘ offert et
demandé
Marché du capital
Conclusion - L’épargne, un préalable à
l’investissement et à la croissance
 Pour les libéraux l’épargne est une
vertu… Les entreprises Les entreprises
produisent plus distribuent plus
de revenus
Les entreprises
investissent Les ménages
épargnent plus
Le taux d’intérêt
diminue
En définitive Demande
l’épargne de capital Cela accroît
conditionne < Offre de l’offre de fonds
l’investissement capital prêtables
et la croissance Source:J.Dornbush
Vérification empirique de l’analyse

Questions
1.Donnez le mode de lecture et de calcul des chiffres pointés pour l’année 85
2.Quelles relations les théoriciens libéraux établissent-ils entre taux d’intérêt ,taux
d’investissement et taux d’épargne? Sur quelle période ces relations sont-elles vérifiée?

Les taux d'intérêt à long terme (taux à 10


ans) en France, aux Etats-Unis et dans la
Zone euro
II – Le profit, un élément déterminant dans la
décision de l’investissement des entreprises
A – L’Excédent Brut d’Exploitation

Valeur ajoutée

Rémunération des Impôts liés à la Excédent brut


salariés production et à d’exploitation
(salaires + charges l’importation (nets (EBE)
sociales de subventions)

Excédent net d’exploitation


Source: C.Rodrigues
(ENE =EBE - amortissements)
http://www.lycee-militaire-aix.fr/ses/
B- Le taux de marge

 Taux de marge = EBE / VA

 Il permet de mesurer la part de la richesse créée qui


revient à l’entreprise

 C’est un indicateur de partage de la valeur ajoutée ,


non du taux de profit
Vérification empirique

Donnez les modes de lecture et de calcul pour les chiffres de l ’année 1959
Quelle
Le taux relation les auteurs
de marge et lelibéraux établissent entre taux dedes
taux d'investissement marge et taux d’investissement?
sociétés non financières (en
Sur quelles périodes est-elle vérifiée? %)

D'après Comptes nationaux annuels - Base 2000 - Economie


C - Le taux de profit : la rentabilité
économique

 Rentabilité économique  Rentabilité


brute : économique nette :

EBE ENE
K K
La décomposition de la rentabilité économique

REB =EBE
K

Si on multiplie et divise par la valeur ajoutée :

Productivité du capital
REB= EBE x VA = EBE x VA
K x VA VA K

Taux de marge
Conséquence
La Rentabilité économique dépend donc de 2
variables :
- le taux de marge : plus le partage de la création
de richesses est favorable à l’entreprise , plus
le taux de profit est important

- la productivité du capital : plus elle est forte ,


plus le taux de profit est élevé
Conclusion

Elle est une mesure de la performance


de la mise en œuvre des capitaux

La rentabilité de l’entreprise
donne une double information

Elle permet de réaliser le financement


interne des investissements (cash flow)
III – Rentabilité financière, effet de
levier et profitabilité

Vous allez pas


Tout ça c’est bien joli, mais moi, en tant me la faire aussi
qu’ACTIONNAIRE, ce calcul de facilement…
rentabilité ne me suffit pas !!
Je veux savoir ce que me rapporteront
MES CAPITAUX !!

Source : pedagogie.ac-toulouse.fr/.../ppt/Les_determinants_de_l_investissement.ppt
A - La rentabilité économique, une
condition nécessaire mais non suffisante

 SiElle
les préfèrera
taux d’intérêt
les
se situent aux
placer (par exemple
alentours de 8%,
en obligations)
une entreprise de
façon à ne pas subir
investira-t-elle des
fonds un
propres
coût avec
une rentabilité
d’opportunité.
anticipée de 4% ?

Source : diapos 24 à 26 J.Dornbush, http://ecomultimedia.free.fr/term.html


Définition du coût d’opportunité

 « Coût d’opportunité de
l’investissement » :
 C’est le fait d’obtenir un
rendement moindre que
celui qui aurait été
obtenu par un usage
alternatif des fonds
(placement...)

Source : J.Dornbush, http://ecomultimedia.free.fr/term.html


Conséquence

 Les entreprises réalisent


donc des arbitrages entre
des usages alternatifs de
leur fonds propres.
Ainsi :

L’entreprise va comparer la
rentabilité économique d’un
investissement au taux d’intérêt
proposé
Source : J.Dornbush,sur les marchés.
http://ecomultimedia.free.fr/term.html
B- La Rentabilité financière

RF = EBE - rD
FP
Où : EBE = excédent brut d’exploitation
r = taux d’intérêt réel
D = montant des dettes de l’entreprise
FP = fonds propres de l’entreprise
B- La Rentabilité financière

La rentabilité financière mesure donc la part du


profit qui revient aux propriétaires de l’entreprise
une fois qu’ils ont rémunéré les prêteurs de
capitaux
C’est donc le ratio que vont étudier les propriétaires
: ils recherchent d’abord à maximiser la
rémunération de leurs fonds propres
C- L’effet de levier

Imaginons
Sachant que la rentabilité
une Financer
Financer
économique de l’investissement
ce projet est
entreprise qui
veut investir
avec 50% de
l’investissement de 8 % et que
et créer un cette
fonds propres
avec ses seuls
fonds propres.
entreprise est enetsituation
site de
50% de
production
d’emprunter à unfonds
d’une valeur taux
de 20 millionsempruntés.
d’intérêt de 4%,
d’euros. Elle
Quelle possibilité va-t-elle
a deux
possibilités
choisir ?
Source : diapos 29 à 37 J.Dornbush, http://ecomultimedia.free.fr/term.html
Première possibilité

 Fonds propres = 20 millions d’euros


 Fonds empruntés = 0 millions d’euros
• Bénéfice annuel = 20.106 x 0,08 = 1,6. 106 €
• Intérêts à verser = 0 €
• Profit net des intérêts = 1,6. 106 €
• Rentabilité financière
8%
= profit net des intérêts / fonds propres =
Source : J.Dornbush, http://ecomultimedia.free.fr/term.html
Seconde possibilité

 Fonds propres = 10 millions d’euros


 Fonds empruntés = 10 millions d’euros

• Bénéfice annuel = 20.106 x 0,08 = 1,6. 106 €


• Intérêts à verser = 10. 106 € x 0,04 = 0,4. 106
• Profit net des intérêts = (1,6-0,4).106= 1,2. 106€
• Rentabilité financière = (profit net des
intérêts / fonds propres)
1,2. 106 10. 106 =12%
L’endettement améliore la rentabilité
de l’entreprise !

 Si l’entreprise autofinance
l’investissement la rentabilité de ses
fonds propres est de 8%

• Si elle s’endette cette


rentabilité financière Par quel
atteint 12 %
miracle ?
Source : J.Dornbush, http://ecomultimedia.free.fr/term.html
L’entreprise bénéficie d’un effet de
levier positif

 Lorsque le taux d’intérêt


est inférieur à la
rentabilité économique
de l’investissement…

• L’entreprise à intérêt a Car les fonds


empruntés
additionner des fonds rapportent plus
empruntés à ses fonds qu’ils ne coûtent
propres.
5,3% c’est bien mieux !
D’autant que si je plaçais mes I’m the king
capitaux ailleurs, ils me of the
rapporteraient moins, puisque
world…
le taux du marché est de 2%
environ !

Source : pedagogie.ac-
toulouse.fr/.../ppt/Les_determin
ants_de_l_investissement.ppt
Mais il y a un risque !

Dans notre exemple : si la


rentabilité économique est nulle,
calculer la rentabilité financière
du projet avec et sans fonds
empruntés.

Sans fonds empruntés : 0%.


Avec fonds empruntés : - 4%
Le risque de levier de
l’endettement

Ainsi, l'endettement fait peser un risque spécifique sur la rentabilité


de l'actionnaire ROE (return on equities) : le risque est qu'un
retournement de conjoncture économique ou une contre-
performance de l'entreprise abaissent la rentabilité économique
ROA (return on assets) de l'entreprise et que cette rentabilité
devienne inférieure au coût de la dette i. Le risque de levier
d'endettement réside en ceci : la rentabilité ROE attendue par
l’actionnaire est d'autant plus aléatoire que le levier est plus élevé, le
levier amplifie l'effet d'une variation de la rentabilité de l'actif
(ROA) sur la rentabilité de l’action (ROE).
Si ROA < r…alors…

L’effet de
levier
devient
négatif !
D’accord, mais bon, de
toute façon il vaut toujours
mieux financer son
investissement avec ses
propres capitaux plutôt
que de s’endetter !
C’est le bon sens !

Pas la peine de
s’enquiquiner avec la RE,
la RF et tout ça…

Source : pedagogie.ac-
toulouse.fr/.../ppt/Les_determinant
s_de_l_investissement.ppt
C- La profitabilité

profitabilité = Rentabilité- taux d’intérêt réel

 La profitabilité s’étudie en général par rapport à la rentabilité


financière mais certaines études utilisent la rentabilité économique et
assimilent alors la profitabilité à l’effet de levier

 Si la profitabilité est positive , l’entreprise a intérêt à développer son


capital plutôt que de réaliser des placements sur les marchés financiers

 Si la profitabilité est négative , l’entreprise préfèrera opérer des


placements financiers qui optimisent sa rentabilité
C- La profitabilité

Cette notion de profitabilité est d’autant plus importante


que :
- l’investissement est incertain : il dépend de la demande
anticipée qui n’est qu’une prévision. Certes c’est aussi vrai
pour les fluctuations sur les marchés financiers ( cf crise
boursière de 2008)
- il est irréversible : un investissement est à long terme,
contrairement à un placement sur les marchés financiers
Vérification empirique

Questions:
1. Donnez les mode de lecture et de calcul des chiffres pour l’année 1989
2. Périodisez les courbes de la rentabilité économique, de la profitabilité et du taux
d’investissement
3. Quelles relations pouvez-vous faire apparaître entre ces différentes variables?
Partie 2- La logique de la demande:
l’analyse de Keynes
Consommons ,
consommons nous
soutenons la
croissance et
l’investissement .
La thésaurisation
c’est la crise !
Introduction


L'approche macroéconomique a été inaugurée par Keynes dans son ouvrage
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie paru en 1936.

Le contexte est celui de la grande crise des années 30: depuis 1929 l'économie est
entrée en crise, l’investissement diminue, le chômage se maintient à un niveau
élevé, et il n'y a aucun signe de reprise: l'économie ne se trouve pas dans le cadre
d'une crise cyclique classique.

La théorie néoclassique (microéconomique) analyse l'économie comme un
système d'échange pur: le problème de la production, de sa mise en oeuvre et de la
formation du capital, n'est pas abordé; la monnaie n'est pas prise en compte.

Keynes considère au contraire que le système capitaliste n'est pas correctement
appréhendé par la théorie des marchés: l'économie n'est pas un système d'échange
pur, c'est une économie monétaire de production. Pour Keynes notre économie
n'est pas un grand marché (one big market), mais est une économie capitaliste,
caractérisée par la monnaie

Source :http://iep.univ-lille2.fr/lib/tele.php?chemin=../enseignants/fichier/766-Macroeco
I - La remise en cause de la loi de Say

Production
Production100€
100€

Vente
Vente
Salariés
Salariés50€
50€

Entreprise Offre
Offre==100€
100€
Entreprise10€
10€ Distrib
Distrib
Revenus
Revenus

Fournisseurs
Fournisseurs
40€
40€ Demande
Demande==80€
80€ Marché
Marchéenen
Déséquilibre
Déséquilibre
Thésaurisation=20
Thésaurisation=20 O≥D
O≥D
euros
euros
Source : www.ac-reims.fr/datice/ses/Respedag/edskeynes04.mic.ppt
I - La remise en cause de la loi de Say
L’économie peut certes se situer au plein emploi des facteurs de
production mais contrairement à ce qu’affirment les libéraux aucun
mécanisme autorégulateur ne l’assure avec certitude.
Il existe donc beaucoup plus fréquemment des situations de sous-
emploi qui résultent d’une demande des agents économiques
insuffisante
 En effet Keynes rejette la loi de Say en démontrant que ce n’est
pas l’offre qui crée la demande et l’amène à son niveau, mais au
contraire la demande anticipée des ménages, de l’Etat et des
entreprises qui exercent un rôle directeur
Dès lors selon Keynes tant que l ‘économie connaît une situation de
sous-emploi il faut que l’Etat intervienne pour sortir l’économie de la
dépression à laquelle elle est confrontée
II - Les déterminants keynésiens de
l’investissement
J’épargne, j’épargne
mais pourquoi
l’investissement ne
repart-il pas ?
A - A priori, l’analyse keynésienne de
l’investissement reprend l’analyse libérale

Efficacité marginale 
du capital Taux d'intérêt

Fonction d'investissement

L'investissement d’une entreprise est fonction :



du coût de l’endettement, c’est-à-dire du taux d'intérêt

de l’efficacité marginale du capital , c’est-à-dire de la productivité marginale du
capital

Si l’efficacité marginale du capital est supérieure au taux d’intérêt, alors
l'entrepreneur investira
B - En réalité, l’analyse de Keynes est très
différente de celle des néo-classiques

Keynes s’oppose à l’analyse néo-classique sur les points suivants:

 la nature du taux d’intérêt

 les déterminants du partage du revenu entre


consommation et épargne

 l’incertitude et donc le rôle essentiel de la demande


effective
1. La nature du taux d’intérêt

Keynes s’oppose aux néo-classiques sur la nature du taux d’intérêt:



Le taux d'intérêt n'est pas un prix qui s'établit sur le marché des fonds
prêtables (offre d'épargne contre demande d'investissement)

il est déterminé sur le marché monétaire par la confrontation entre l'offre de
monnaie définie par la Banque Centrale et la demande de liquidité des agents :

la demande de liquidités résulte d'un arbitrage entre le présent et
le futur. Elle exprime la confiance ou défiance dans le présent. Si les
perspectives sont sombres, les agents préféreront détenir leur
richesse sous forme liquide, donc la demande de monnaie va
s'accroître en contrepartie de la vente de titres (obligations) :
préférence pour la liquidité

l’offre de monnaie est considérée comme exogène: le
gouvernement a la possibilité d'agir sur le taux d'intérêt en variant
son offre de monnaie.

Investissement et épargne ne dépendent pas des mêmes variables



2. Les déterminants du partage du revenu
entre consommation et épargne

Keynes s’oppose aux néo-classiques sur 2


points essentiels:

 le niveau de consommation
et le niveau d’épargne sont
indépendants du taux d’intérêt;
ils sont fonction du revenu

 l’épargne est le « vilain de la


pièce », c’est le reliquat une
fois que les ménages ont
déterminé leur niveau de
consommation
a- La fonction de consommation
 La fonction de consommation est basé sur ‘’la loi psychologique’’ fondamentale: « En
moyenne et la plupart du temps, les hommes sont déterminés à accroître leur consommation
lorsque leur revenu s’élève, mais pas d’une quantité aussi grande que l’accroissement du
revenu (théorie générale…p.113 »

Selon cette loi, l’homme a tendance à accroître sa consommation quand son revenu
augmente, mais il ne l’augmente pas dans les mêmes proportions que le revenu lui-même:

 le niveau de consommation est donc une fonction croissante du revenu

C = c x R où c = propension moyenne à consommer,


c’est-à-dire la part du revenu destiné à la consommation

 cependant, les ménages dépensent une part décroissante de leur revenu quand
celui-ci augmente: ΔC
Pmc= --------
ΔR
pmc: propension marginale à consommer
b – La fonction d’épargne

 Keynes considère, contrairement aux néo-classiques que l’épargne est un reliquat qui est
déterminé seulement quand les ménages ont déterminé leur niveau de consommation

 Le niveau d’épargne ne dépend pas du taux d’intérêt mais du revenu:

Epargne =S = s x R où s= propension moyenne à épargner

 la répartition de l’épargne entre détention de monnaie sous forme liquide ( motifs de


transaction et de précaution) et placements ( motif de spéculation) est elle influencée par le
taux d’intérêt : plus le taux d’intérêt élevé , plus les ménages vont placer leur épargne.

 quand le revenu des ménages augmente, la part du revenu consacrée à l’épargne


s’accroît:
ΔS
Pms = --------
ΔR
pms: propension marginale à épargner
b – La fonction d’épargne

L'aspect nocif de l'épargne est précisé plus loin par Keynes dans ce que Jacques Rueff appelle la «
parabole du dîner » • « Un acte d’épargne signifie pour ainsi dire une décision de ne pas dîner
aujourd’hui. Mais il n'implique pas nécessairement une décision de commander un dîner une semaine
ou une année plus tard .II ne consiste pas dans la substitution d'une demande pour la consommation
future à une demande pour la consommation présente, mais seulement dans une diminution nette de
cette dernière . En outre, la prévision d'une consommation future est si largement fondée sur la
connaissance d'une consommation présente que toute réduction de celle-ci est susceptible de nuire à la
première [...]. Dans ce cas, il contracte la demande en vue de l'investissement actuel aussi bien que la
demande en vue de la consommation actuelle » [ibid., p. 226].
Selon Keynes, tout accroissement exogène de l'épargne exerce donc un effet déprimant non seulement
sur la consommation, mais aussi sur l'investissement, en réduisant les débouchés anticipés. Le
renversement de perspective est total par rapport aux classiques : l'acte d'épargne individuel, bien
qu'il enrichisse l'individu qui le pratique, peut appauvrir la communauté dans son ensemble, en
restreignant à la fois les débouchés présents et anticipés, donc l'investissement et l'emploi. Ce
paradoxe de l'épargne, par lequel un bienfait au niveau individuel devient un méfait au niveau global,
est en quelque sorte créateur de la macroéconomie : le raisonnement macroéconomique n'est pas
toujours réductible à un raisonnement microéconomique.
Source : P.Villieu , op cité
Questions:
1. En quoi la parabole du diner remet-elle en cause la valorisation que faisaient les néo-classiques de l’épargne ?
2. Quels sont , selon Keynes , les effets d’une augmentation de l’épargne sur l’évolution de l’investissement ?
3. Expliquez la phrase soulignée . En quoi contredit-elle la logique de la main invisible d’A .Smith ?
Conclusion :Les effets pervers d’une politique néo-
classique de hausse des taux d’intérêt visant à relancer
l’investissement

Les ménages
épargnent Les ménages
Plus selon les NC consomment moins
moins
(à revenu constant)

Hausse des taux d’intérêt

Risque de cercle vicieux


Le revenu des Les entreprises
ménages chute reçoivent moins
de demande
cumulatif
Les entreprises Les entreprises
licencient produisent moins

Conception keynésienne
Vérification empirique

Questions
1.Quelles critiques opère Keynes sur la relation postulée par les théoriciens libéraux entre
taux d’intérêt ,taux d’investissement et taux d’épargne?
2.Sur quelle période la critique faite par Keynes est-elle vérifiée?

Les taux d'intérêt à long terme (taux à 10


ans) en France, aux Etats-Unis et dans la
Zone euro
3 – Le rôle de la demande effective

 la propension marginale à consommer étant décroissante, quand la communauté


nationale s’enrichit, la part du revenu qui est consacré à la consommation risque donc de
diminuer.

 or, selon Keynes contrairement à ce qu’affirme les néo-classiques, aucun mécanisme


autorégulateur ne garantit que ce qui n’est pas consommé aujourd’hui (qui est épargné)
soit investi donc fournisse des débouchés aux entreprises:

 une partie de l’épargne des ménages est thésaurisée, ce qui représente une
fuite du circuit économique

Les entreprises seront-elles motivées à investir si les perspectives de


débouchés déclinent

 Keynes accorde donc une place centrale au principe de demande effective


 c’est-à-dire à la demande solvable
 anticipée par les entreprises
3 – Le rôle de la demande effective

 les entrepreneurs prenant leurs décisions d’investissement en fonction des débouchés


qu’ils anticipent , il est absolument nécessaire pour que l’investissement se maintienne ou
se développe que la demande effective progresse

 or rien ne garantit que les ménages consomment suffisamment et que les entreprises
investissent: l’économie peut donc, comme l’a démontré la crise de 29, à une insuffisance
durable des débouchés et même à un cercle vicieux cumulatif

 dès lors l’Etat doit intervenir pour soutenir la demande effective:

 soit par une politique de redistribution: une augmentation des prestations


sociales ou une hausse des minima sociaux pour accroître les revenus des
plus pauvres dont la propension moyenne à consommer est la plus élevée
 par une augmentation des dépenses publiques directes qui vise à donner
des débouchés aux entreprises
 ces mesures peuvent être financées par une augmentation des taux
d’imposition sur les ménages les plus aisées dont la propension moyenne à
épargner est très élevée: principe de l’euthanasie du rentier
3 – Le rôle de la demande effective: le
modèle de l’accélérateur

Sur le site apprendre avec


l’INSEE: ici

Pour un exercice
d’application sur le site
de J.Dornbush : ici
Conclusion

Loi psychologique. Propension


fondamentale moyenne à
consommer C
Pol. Répartition
redistribution du revenu
Demande
Pol. budgétaire Commandes publiques anticipée

Efficacité
technologie+ marginale
anticipations de du capital investissement
débouchés
Calcul de la
Offre de rentabilité de
monnaie l’investissement
Tx intérêt
Demande liquidité
Vérification empirique

1. Donnez le mode de
Taux d'investissement et d'utilisation
lecture et de calcul
des capacités de production en %
du taux d’utilisation
dans l'industrie (1)
des capacités de
production pour
l’année 1996
2. Pourquoi est-il
nécessaire de
prendre en compte le
taux d’utilisation des
capacités de
production?
3. Quelle relation
pouvez-vous faire
apparaître entre les 2
indicateurs du
graphique?
D'après Comptes nationaux, base 2000 - Economie - Economie générale - mai 2010
Vérification empirique

1. Donnez le mode
de lecture et
calcul du chiffre
perspective de
profit pour
l’année 2011
2. Quelles relations
Keynes pose-t-il
entre les
différentes
variables?
3. Sont-elles
vérifiées
III - La théorie keynésienne du
multiplicateur :l’évolution de la demande comme
conséquence de l’évolution de l’investissement

A -Présentation du modèle

Une présentation flash de


J.Dornbush : ici
Vérification empirique

Questions :
1.Quelles relations pouvez vous faire apparaître entre l’évolution du PIB et celle de la FBCF
2.Que pouvez vous en conclure ?
Contributions de la FBCF à la croissance du PIB depuis 1950, aux prix de l'année précédente (En points de PIB)
B -Les limites du modèle du multiplicateur

Il faut admettre en
réalité plusieurs
fuites
importations

Tout le revenu
non épargné
devient-il une
demande pour
les producteurs
impôts locaux?
épargne
• Les prélèvements obligatoires
: pas forcément gênant s’ils
financent l’investissement
public.

• Les importations : la
propension des
ménages à importer
limite l’impact du
multiplicateur !
Conclusion : Ne confondons pas accélérateur
et multiplicateur !

Accélérateur

Croissance ou Investissemen
variation t
de la demande

Multiplicateur
Source: diapos 57 ,58, 59 http://ecomultimedia.free.fr/
J.Dornbush
Source : pedagogie.ac-
En résumé, la décision d’investir toulouse.fr/.../ppt/Les_
résulte de l’analyse de plusieurs determinants_de_l_inve
stissement.ppt
déterminants qui n’ont pas tous le
même poids selon :

-La nature de l’activité ( ce que l’on


produit )
- La situation de l’entreprise ( capable
de s’endetter ou pas, disposant de
fonds propres ou pas…)
- La conjoncture du marché ( les
perspectives d’avenir…)
- Le niveau des taux, de l’inflation
etc…

Pas facile…
3- Une politique monétaire active peut alors
s’avérer utile…

Tant que l’économie se trouve dans une situation de sous-emploi,donc qu’il existe du
chômage une injection de monnaie dans l’économie permettant d’accroître la demande
effective ( c’est à dire la demande solvable anticipée par les entreprises) va relancer la
croissance et donc permettre de dynamiser l’investissement et de créer des emplois
sans avoir d’effets notables sur les prix . On constate donc que tant que l’économie ne
se situe pas au plein emploi des facteurs de production Keynes rejette la théorie
quantitative de la monnaie, en affirmant qu’une injection de monnaie dans l’économie
aura des effets sur la sphère réelle(la croissance , l’emploi) sans relancer l’inflation .
Keynes critique donc la vision dichotomique défendue par les théoriciens
quantitativistes. Et ce d’autant plus qu’en situation de récession toute politique
monétaire restrictive visant à assainir l’économie va aggraver le sous emploi des
facteurs de production , donc le chômage
4 – … Mais pas toujours nécessaire

Au contraire quand l’économie se situe au plein emploi des facteurs de production


, Keynes Considère que toute hausse de la masse monétaire en circulation va
se traduire par une hausse de l’inflation et n’aura pas d’effets sur la sphère
réelle , car il n’existe pas de capacités de production disponibles . Keynes
conclut donc que , dans le cas particulier où l’économie se trouve au plein
emploi , la théorie quantitative de la monnaie redevient valable , puisque toute
hausse de la masse monétaire se traduit par de l’inflation et n’a aucun effet sur
la sphère réelle .
Keynes ne remet donc pas toujours en cause l’analyse quantitativiste: elle est
seulement fausse au sous-emploi des facteurs de production

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