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La problématique abordée aujourd ’hui prend toute sa pertinence dans le cadre des retours
multiples (de l ’événement, du politique, du culturelle et in fine du récit) qui marque la fin de
la domination du paradigme des annales .
Nous nous étions quitté la dernière fois sur cette histoire des mentalités triomphantes qui en
annexant le champ de l ’anthropologie multipliait ses objets quasiment à l ’infini tout en restant
pour autant fidèle aux méthodes éprouvées de l ’histoire quantitativiste et sérielle .
Le fait historique développé par les annales est d ’essence objectiviste (primauté accordée aux
déterminations sociales) en ce sens la principale critique qu ’essuie les annales est de
construire des faits sous l ’égide d ’une méthode à l ’apparence scientifique et ainsi de continuer
l ’action des historiens méthodiques .
Ces années voient émerger une nouvelle culture théorique des sciences sociales qui
s ’articulent sur le fait que les réalités sociales sont construites historiquement et ne sont pas
données ce qui réhabilitent la centralité de l ’action sous entendant ainsi l ’intentionnalité des
acteurs .L ’ensemble renvoyant à la dimension interprétative de l ’analyse historienne .
Attaqués sur leur abandon d ’une histoire globale, les annalistes en viennent dans un « tournant
critique » à reprendre la notion de représentation, outil permettant de déconstruire le fait
historique prenant en compte la relativité d ’une réalité passée en tenant compte des acteurs et
de leur conduite à l ’égard de la réalité sociale . Cette démarche est alors partie prenante de la
reconstruction d ’une histoire politique, sociale et culturelle dont les attendus portent vers une
nouvelle histoire globale aux contours encore floues
« Pour une histoire politique » 1988 rené rémond eangfrançois sirinelli marque le retour du
,j
politique .L ’histoire politique comme « lieu de gestion de la société globale » utilise toutes les
temporalités et s ’intéresse à l ’événement . La notion de culture politique prise comme
« l ’ensemble des représentations qui soudent un groupe humain » rattache cette histoire
politique aux représentations qui envahissent l ’historiographie française . Dans ces remises en
question l ’histoire du politique reprend ses droits en s ’érigeant en histoire totale .
D ’autre part l ’intérêt général de la communauté historienne pour les ob ets symboliques qui
se traduit par, la v j
ogue de la notion de représentation qui touche tous les types d ’histoire
souligne le poids que prend l ’histoire culturelle dans les travaux historiens là encore au point
de s ’ériger en une histoire totale .
2 . le retour du récit
Le thème du récit devient à partir des années 70 un argument pour remettre en cause les
modèles scientistes en histoire . Paul Ricœur dans « temps et récit » remet en selle la question
du récit contre la suprématie de la nomologie en histoire . Le retour du récit s ’articule sur la
rupture avec l ’histoire globale des annalistes niant toute importance à l ’histoire dite
événementielle et à l ’acteur . Autrement dit c ’est bien le retour de l ’acteur et donc de
l ’événement comme révélateur qui amène les historiens à réevoquer le récit .Ce retour du récit
s ’appuie sur de nouvelles réflexions sur la narration et sur l ’écriture de l ’histoire .
Dés 1967 Roland Barthes s ’interroge sur les différences entre la narration des événements
passés et la narration imaginaire propre au roman alors que Foucault dans l ’archéologie du
savoir pose la question de l ’analyse du discours par les historiens . Paul Veyne enfonce le clou
en insistant dés l ’entrée de son livre d ’épistémologie « comment on écrit l ’histoire » sur le fait
que l ’histoire n ’est rien d ’autre qu ’un récit véridique . Cette volonté largement philosophique
pour un rapprochement entre histoire et littérature est mal acceptée par les historiens
traditionnellement éloignés des philosophes et opposés au rapprochement avec la littérature
qui ferait finalement de l ’histoire un art (augustin thierry) . Pourtant la notion d ’histoire
comme discours porté sur le passé finit par pénétrer la communauté historienne dans les
années 1990 avec l ’accueil de l ’ouvrage de Paul Ricœur « temps et récit »
Pour autant le tournant critique des annales s ’il rejette le positivisme plat garde ses distances
avec l ’histoire rhétorique . Pour Antoine Prost en revanche, le récit est une histoire à l ’intrigue
littéraire à ce titre l ’histoire raconte et en racontant elle explique . L ’explication est la manière
qu ’a le récit de s ’organiser en intrigue compréhensible . La narration – qui est un récit non
contemporain repose sur l ’argumentation et donc sur la preuve mais si la quantification
apparaît comme une preuve plus rigoureuse elle ne modifie pas la nature de l ’argumentation
Mais ces réflexions sur la narration ces abandons d ’une exigence scientifique illustré par
,
l ’abandon de la sérialité entraîne de remises en question notamment anglo saxonne sur la
capacité de l ’histoire a dire le vrai .
Paul Ricœur dans « temps et récits » ( 1983 1985) annonce que l ’approche scientifique de
l ’histoire a été remise en cause dés les années 60 par les historiens anglosaxons opposés à la
direction nomologique de l ’histoire annaliste . (Hayden white « métahistory the historical
imagination in nineteen century europe » 1973) . Pour eux L ’histoire est un artifice littéraire
,
et donc le récit historique n ’est qu ’une fiction verbale . Tout travail historique doit
nécessairement s ’appuyer sur le discours et les formes de l ’écriture de l ’histoire le récit
,
historique se suffit donc à luimême et l ’historien n ’a à se baser que sur les représentations
nées des textes étudiés seuls moyen d ’accéder au réel autrement dit l ’histoire n ’a un régime
, ,
de vérité qui ne dépasse pas celui du roman et doit travailler sur la critique du texte grâce à
l ’aide de la linguistique et la psychanalyse . Pour eux les représentations sont à étudier sans
lien avec les réalités sociales de référence . C ’est donc une remise en cause de la rupture entre
histoire et récit entre histoire et fiction base de l ’histoire science
Ces analyses rej, oignent dans une certaine mesure celles de Foucault « archéologie du savoir »
dans lequel l ’auteur dit qu ’il faut analyser l ’histoire comme discours mais également Paul
Veyne dans l ’histoire est un roman vrai elle est un récit véridique . C ’est une simple
,
description .
Autour de ces remises en cause c ’est bien la nouvelle capacité des historiens à s ’interroger sur
les concepts qu ’ils utilisent qui semblent être le véritable renouveau de l ’historiographie
française actuelle .