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Muriel SALLE 1

Une petite histoire des musées


Roland SCHAER, L’invention des musées, Découvertes Gallimard, 144 p.

Définition : Musée = du grec « museion », bois sacré consacré à Apollon.


Sens premier = une collection (XVe-XVIIIe siècle), puis le mot prend son sens actuel à partir
du milieu du XVIIIe siècle : « Établissement ouvert au public où sont conservés, répertoriés,
classés des objets, des documents, des collections d'intérêt artistique, scientifique ou
technique, dans un but socioculturel, scientifique et pédagogique. »

Muséologie : science des collections, réflexion sur l’objet, discours qui étudie les musées.
Muséographie : modalités de la mise en scène des collections.

Les collections de ce type existe depuis l’empire néo-babylonien, mais elles ne sont alors pas
exposées dans un lieu spécifique. César expose sa collection de portraits au Capitole. Au
Moyen-Âge, les collections se trouvent dans des monastères. Le premier musée au sens
moderne du terme date du XVe siècle : c’est le musée des Offices à Florence (architecte :
Vasari), qui est ouvert au public. En France, c’est François Ier qui jette les bases de la
collection royale, après avoir raflé quelques œuvres en Italie lors des campagnes qu’il mène
dans ce pays. À partir du XVIIe siècle, une véritable « collectionnite » s’empare de toute
l’Europe : de nombreux cabinets de curiosité sont créés alors (collections privées, destinées à
une seule clientèle privée d’aristocrates). L’idée d’ « espace public »1 fait alors son chemin :
un État s’affirme, qui prend le relais des princes pour mettre en place ces collections. Au
cours du XIXe siècle, l’idée de classification progresse également (Buffon, Linné : passage de
de la classification dans les sciences aux sciences historiques).
En 1793, un décret de la Convention crée le musée du Louvre (musée central des arts), autour
de la notion de « patrimoine » à disposition de la Nation (premier conservateur : Dominique
Vivant Denon). À compter de 1795, les restes de monuments vandalisés par les révolutions
sont réunis dans le musée de la sculpture antique et moderne. Enfin, en 1799, le musée des
arts et métiers (musée des techniques) est créé.
Le XIXe siècle, siècle de l’histoire, est également celui des musées. On assiste à leur
extension quantitative : des musées nombreux se créent en province (on en compte 15 dès
1801, recevant des dépôts d’œuvres du musée du Louvre) ; et qualitative (différents types de
musées se créent alors : musées d’art, musées de sciences naturelles – muséum du Jardin des
Plantes, zoos comme à Vincennes ou au bois de Boulogne, musée d’histoire à la suite des
recherches de Champollion). Dans le premier tiers du XIXe siècle dans la veine des historiens
romantiques, avec leur intérêt marqué pour le Moyen Âge, se crée le musée de Cluny.
Enfin, le nationalisme du temps se manifeste dans la création d’un Musée des Antiquités
nationales (à Saint Germain en Laye) en 1862.

1
L’ « espace public » est une notion très utilisée en sciences humaines et sociales depuis la thèse de
Jürgen Habermas intitulée L’espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive
de la société bourgeoise (1963). Dans cet ouvrage, Habermas décrit « le processus au cours duquel le
public constitué d’individus faisant usage de leur raison s’approprie la sphère publique contrôlée par
l’autorité et la transforme en une sphère où la critique s’exerce contre le pouvoir de l’État. » Le
processus en question est à dater au XVIIIe siècle en Angleterre (quelque trente années plus tard en
France), siècle de développement de l’urbanisation et de l’émergence de la notion d’espace privé dans
la bourgeoisie des villes. Habermas montre comment les réunions de salon et les cafés ont contribué à
la multiplication des discussions et des débats politiques, lesquels jouissent d’une publicité par
l'intermédiaire des médias de l'époque (relations épistolaires, presse naissante).

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Ce sont aussi les débuts des travaux de recherche sur la préhistoire. Le musée de l’Homme
(actuel musée du Trocadéro) est créé à la fin du siècle.
Par la suite, le mouvement régionaliste2 qui se manifeste et persiste jusqu’à la Libération (le
régionalisme s’est compromis avec Vichy) conduit à la création de musées dans les régions.

Au XXe siècle, on distingue deux grands moments :


- Dans le sillage de Georges Henri Rivière (1897-1985), et autour de l’ethnologue Germaine
Tillion, élève de Marcel Mauss, célèbre pour différentes raisons : ses enquêtes sur la Kabylie
(sur les systèmes de parenté, auteur de Le harem et les cousins), ses implications dans la
Résistance (déportée à Ravensbrück, elle y a écrit un opéra) au sein du premier réseau du
Musée de l’Homme, et son rôle lors de la guerre d’indépendance d’Algérie (lors de la Bataille
d’Alger en 1957, elle négocie avec les chefs du FLN pour obtenir un échange de prisonniers).
Le musée des arts et traditions populaires est créé alors (1937), dont la muséographie est
pionnière (reconstitution à l’identique d’espace intimes, comme une cuisine paysanne en
Aubrac). La notion d’« écomusée » est inventée alors.
- On assiste aussi au mouvement de « décolonisation muséale », qui passe par la mise en
avant de l’anthropologie. Le musée de Mexico (créé en 1964) sur les cultures préhistoriques
d’Amérique latine (Aztèques, Mayas). Le musée de la civilisation du Québec (1988) qui
permet l’affirmation de l’identité québécoise. La première exposition temporaire qui s’y tient
s’intitule « Mémoires ».
Importance du multiculturalisme. De la société globale à l’histoire globale.
Écomusées (1971) : de la communauté urbaine du musée de Monceau les Mines (dans une
région en crise, reconversion de friches de la première industrialisation : c’est la « beauté du
mort » dont parle Michel de Certeau).

2
Les « petites patries » étudiées par Jean-François Chanet.

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