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Promouvoir l’investissement

et l’innovation privés
pour répondre aux besoins en information
et en communication des populations pauvres
d’Afrique subsaharienne
Avertissement

Le présent rapport, financé conjointement par infoDev et Alcatel, a été rédigé par les consultants Peter Baldwin et Laurent Thomas. Ce rapport a été super-
visé par Kerry McNamara et Seth Ayers d’InfoDev et Souheil Marine du Département « Digital Bridge Initiative » d’Alcatel. Les auteurs et les superviseurs
internes et externes qui ont lu les épreuves initiales du présent rapport et suggéré des améliorations conséquentes. Nous remercions spécialement Cathe-
rine Camus, éditrice de la Revue des Télécommunications, pour son aide lors des phase de relecture, traduction, mise en formes ainsi que la production
matérielle du présent rapport.

Les constatations, interprétations et conclusions qu’il contient n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue d’Alcatel,
d’infoDev, des donateurs d’infoDev, de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale ou de ses institutions affiliées,
ni des membres du Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale ou des pays qu'ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude
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Illustrations et mise en page : Atelier Antoine Maiffret (www.maiffret.net)


Imprimé en France par : MACON Imprimerie
22, rue du 134e Régiment d’Infanterie - 71000 Macon. France
Crédits photos couverture : © Alcatel et © Afrique Initiatives
SOMMAIRE

Résumé 1

Introduction 4

Chapitre 1 : Études de cas 8

Chapitre 2 : Comprendre les structures de la demande en TIC


dans les pays en développement 21

Chapitre 3 : La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever 28

Chapitre 4 : Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes


pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres 35

Chapitre 5 : Comprendre la chaîne de valeur 47

Chapitre 6 : Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs


de réseaux en zone rurale 53

Chapitre 7 : Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne 64

Chapitre 8 : Pistes pour l’avenir 71

Annexe A : Glossaire 73

Annexe B : Entraves possibles à l’efficacité réglementaire 75

Bibliographie 76
Avant-propos

Aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes, soit près du tiers de la population mondiale,
sont abonnés à des services de télécommunications. Pourtant, malgré l’explosion des services
mobiles ces dernières années, plusieurs milliards de personnes, vivant en majorité dans les pays
en développement, n’ont toujours pas accès à des services susceptibles de couvrir leurs besoins
essentiels en matière d’information et de communication. De surcroît, si la fracture numérique
entre pays développés et pays en développement tend à se réduire, elle ne cesse de s’aggraver
en revanche au sein même des pays en développement. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement
important pour de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, dont la population est rurale à plus
de 60 % en moyenne, et qui réclament dès lors des solutions innovantes pour la fourniture d’ap-
plications et de services localisés, l’extension de la couverture en infrastructures et l’optimisa-
tion des opportunités de marché.

infoDev et Alcatel œuvrent depuis de nombreuses années pour répondre à ce défi en assistant
les acteurs clés du secteur dans la mise en place d’un cadre propice à l’utilisation des TIC comme
instrument de lutte contre la pauvreté et de développement durable et diversifié. Notre travail
a porté sur la demande aussi bien que sur l’offre de services TIC. Du côté de la demande, nous
avons, indépendamment ou de concert, soutenu des projets pilotes innovants pour faire la démons-
tration du potentiel de développement que recèlent les services d’information et de communi-
cation localisés ; projets qui ont aussi permis de mettre en évidence les entraves politiques et
réglementaires à la fourniture de ces services. Du côté de l’offre, Alcatel a développé des modè-
les économiques et commerciaux innovants, mobilisant les infrastructures de télécommunica-
tions existantes et à venir pour fournir des services à valeur ajoutée, tout particulièrement dans
les zones rurales ou mal desservies.

Pour être plus efficaces, il est clair que nous devons mieux comprendre l’écart entre l’offre et la
demande, et permettre aux acteurs locaux de combler cet écart. Notre collaboration dans le cadre
de cette étude tente d’apporter un peu de lumière sur ces questions. Nous croyons que les moyens
et les possibilités pour combler cet écart sont à portée de main, mais qu’il faut pour cela ima-
giner des approches innovantes en matière de technologies, d’applications et de services, déve-
lopper des modèles d’entreprise viables, et mettre en place des cadres politiques et réglemen-
taires propices à la fourniture de services TIC dans les zones mal desservies. Le secteur privé
est appelé à jouer un rôle majeur, mais il faudra aussi explorer des pistes de partenariat public-
privé innovantes.

En tant que contribution conjointe à la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de
l’information, cette étude vise à mettre en lumière les possibilités qui s’offrent à nous d’attein-
dre des objectifs de développement essentiels en comblant l’écart entre l’offre et la demande en
TIC, afin de répondre aux besoins en information et en communication des communautés rura-
les et/ou mal desservies d’Afrique subsaharienne.

Mostafa Terrab Thierry Albrand


InfoDev Program Manager Alcatel, Vice President Digital Bridge
Résumé

L’
idée, derrière cette collaboration entre bien les spécificités de la structure de la
infoDev et Alcatel, était que le premier demande en ASS : les pays subsahariens ont
procède à une analyse de la demande des taux de mortalité infantile parmi les plus
pour les services d’information et de élevés du monde, et il n’existe pas de service
communication, tandis que l’équipementier télé- TIC comparable dans le monde développé ;
coms se pencherait sur les contraintes du côté • l’information étant un bien normal, la demande
de l’offre, afin de dresser un tableau complet du augmenterait avec la diminution du coût de la
marché des services liés aux technologies de l’in- bande passante, qui est plus élevé en Afrique que
formation et de la communication (TIC) en Afri- partout ailleurs dans le monde. Les solutions pour
que subsaharienne (ASS). infoDev a puisé dans faire baisser ce coût passent nécessairement par
son imposante bibliothèque de projets TIC en une concurrence accrue entre opérateurs, l’intro-
ASS. Nombreux étaient ceux qui donnaient un duction d’obligations d’accès universel et la mise
aperçu intéressant du marché africain des ser- en place d’échangeurs IXP nationaux ou régionaux.
vices TIC, mais la liste des projets demandant à Une infrastructure dorsale suffisante est également
être examinés de plus près s’est sensiblement une condition indispensable au développement de
réduite au regard des critères suivants : services TIC sur une base élargie ;
• s’il faut s’attendre à ce que la téléphonie vocale soit
1. les services proposés représentent le fruit la technologie dominante, surtout dans les pays à
d’une étude de marché réalisée par le secteur faible taux d’alphabétisation, la demande pour des
privé des pays concernés ; services de données n’est pas négligeable pour
2. les services répondent à des besoins non sat- autant. La clé réside dans le développement de con-
isfaits identifiés par les objectifs du Millénaire tenus applicatifs locaux et de services à valeur
pour le développement ; ajoutée à des tarifs abordables. Chacun des cinq
3. dans la mesure du possible, les projets sont prestataires de services à valeur ajoutée étudiés au
financièrement autonomes. chapitre 1 témoigne de l’existence d’une demande
effective pour des services de données ;
Nous avons ainsi sélectionné cinq projets • la diffusion des TIC en Afrique subsaharienne
répondant à ces critères. Ils portent sur des se heurte à des obstacles majeurs – réglemen-
domaines aussi différents que la santé, la ban- tation inadéquate, entraves au marché, manque
que mobile ou les systèmes d’information sur d’infrastructures. Plus précisément, l’absence
les prix et les marchés. de cadre politique constructif en matière de con-
D’importantes recherches documentaires et currence et d’accès universel, les difficultés
de terrain ainsi que de nombreuses consulta- d’accès aux capitaux d’investissement ainsi que
tions auprès d’opérateurs télécoms implantés le manque de culture informatique générale et
en Afrique subsaharienne ont permis de déga- de ressources humaines qualifiées dans le
ger plusieurs constatations : secteur des TIC constituent trois grands
chantiers à ouvrir pour les gouvernements sub-
• la demande pour des services d’information et sahariens. En termes absolus, le projet malien
de communication est forte en ASS. Les IKON dépense, par kilobit, près de huit fois ce
prestataires locaux ont identifié des besoins qu’il dépenserait dans un pays développé. La
dans le secteur de la santé, de la banque, de la société sénégalaise Manobi rencontre
géolocalisation, de la gestion foncière, des d’énormes difficultés pour obtenir un crédit
places de marché virtuelles, etc. Les services bancaire, car elle ne possède pas d’actifs
proposés répondent à d’autres réalités que dans physiques qu’elle puisse offrir en garantie. Les
les pays développés, et empruntent d’autres deux entreprises supportent en outre des
canaux. Des services comme le programme de taxes de l’ordre de 50 à 100 % sur le matériel
«cyberpédiatrie» Pésinet, au Sénégal, illustrent informatique et de télécommunications ;

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 1


Résumé

• les opérateurs et les prestataires de services la Mauritanie et de l’Éthiopie. Entre 1995 et 2003,
peuvent réaliser des profits dans les zones la Mauritanie a mis aux enchères deux licences de
rurales et les marchés à faible ARPU (revenu téléphonie mobile, privatisé l’opérateur historique
moyen par abonné) s’ils parviennent à réduire et institué une autorité de régulation transparente
leur coût total de possession en optimisant et efficace. L’Éthiopie n’a rien fait de semblable. Au
leurs dépenses d’investissement (CAPEX) et cours de cette période, le taux de pénétration des
leurs dépenses d’exploitation (OPEX). Il leur télécommunications a grimpé en flèche en Mau-
faut pour cela mettre au point des solutions ritanie, passant de 0,41 % à 11,07 %, tandis que
rentables adaptées aux configurations rurales/ celui de l’Éthiopie plafonnait à un très bas niveau
périphériques. Les opérateurs doivent aussi (de 0,25 % à 0,61 %), alors même que le taux de
faire usage de modèles économiques et com- pénétration des communications mobiles pour l’en-
merciaux innovants, exploitant de nouveaux semble de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique
dispositifs financiers, qui leur permettent de du Sud) progressait de 0,26 % à 3,34 %.
mieux répondre à la demande en s’appuyant
sur des stratégies de commercialisation et des Meilleur accès aux capitaux
canaux de distribution adaptés ; Le projet IKON, au Mali, de même que la
• les utilisateurs à faibles revenus ont besoin de société Manobi, au Sénégal, ont fait état de leurs
solutions personnalisées, adaptées à leurs con- difficultés à obtenir des prêts des établissements
traintes et à leurs besoins en termes de de crédit de leurs pays respectifs. Le manque
microcrédit, de plans tarifaires, de solutions d’actifs physiques, les fortes exigences en
de paiement/prépaiement/rechargement élec- matière de constitution de garanties (jusqu’à 80
tronique, de fonctionnalités du terminal, etc. % du montant du prêt), le niveau des commis-
sions prélevées, les retards importants dans le
Facteurs déterminants de succès versement des fonds, sans compter les droits
Au-delà de ces constatations communes, l’étude d’importation relatifs au matériel TIC (qui peu-
a permis de faire ressortir plusieurs facteurs vent atteindre 50 %), empêchent les start-ups de
déterminants pour la réussite du déploiement de capitaliser sur leur projet.
services d’information et de communication :
Gisement de main-d’œuvre qualifiée
Concurrence effective dans le secteur des TIC1 Les dirigeants d’IKON et de Manobi ont égale-
Un récent rapport de la Banque mondiale met en ment insisté sur le problème du manque de cul-
lumière l’importance de la concurrence pour sti- ture informatique et de compétences en appli-
muler l’investissement dans les infrastructures TIC. cations TIC. Il n’est pas rare que les candidats
Il compare à cet effet les politiques respectives de à un poste manquent des connaissances infor-
matiques les plus élémentaires et ne sachent pas
Appels internationaux : tarifs élevés en Afrique subsaharienne même se servir d’un ordinateur. Si les pays sub-
par manque de concurrence sahariens veulent rejoindre l’économie mon-
diale, il faut que leurs universités dotent les étu-
6 50% diants des compétences nécessaires.
Coût d’un appel de 3 mn vers les Etats-Unis (USD)

45% 45% La réforme du système éducatif, à tous les


5
40% niveaux, est une condition préalable à la réus-
38%
35%
site du déploiement des infrastructures et des
4
30%
services d’information et de communication.
29%
Quatre des cinq projets étudiés dans le cadre
3 25%
du présent rapport sont le résultat d’une thèse
20%
2 17% de doctorat soutenue par le fondateur de la
15%
13% société. À côté de cela, on peut se demander
10%
1 combien de services à valeur ajoutée demeu-
5%
rent en friche en Afrique subsaharienne, faute
0 0%
Afrique Asie orientale Asie Amérique latine Europe et d’un enseignement adapté.
subsaharienne et Pacifique du Sud et Caraïbes* Asie centrale rojets étudiés dans le cadre du présent rapport
Coût d’un appel de 3 mn vers les Etats-Unis (USD) (2000) sont le résultat d’une thèse de doctorat soute-
% de pays de pleine concurrence
nue par le fondateur de la société. À côté de cela,
* Les données ALC remontent à 1999.
La région MENA ne compte aucun pays de pleine concurrence. on peut se demander combien de services à
Source: : Competition in International Voice Communications, Banque mondiale,
2004, sur la base des Indicateurs du développement dans le monde 2003, citant des valeur ajoutée demeurent en friche en Afrique
données de l’UIT.
subsaharienne, faute d’un enseignement adapté.

2 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Résumé

Contenus locaux
Le faible taux d’alphabétisation reste un obsta- finals. Les cinq projets décrits dans ce rapport ont
cle majeur à la diffusion des TIC. À cela s’ajoute identifié chacun une demande spécifique et, mal-
le manque de contenus locaux proposés dans les gré toutes les difficultés – manque d’infrastructu-
langues locales. Le projet IKON est une parfaite res, déficit de ressources humaines, contraintes
illustration des avantages d’un logiciel adapté, financières -, presque tous dégagent aujourd’hui des
utilisant Linux en langue bambara. profits. Un meilleur accès au financement ainsi
qu’aux ressources réseaux permettraient à ces
Cadre politique, législatif et réglementaire favorable entreprises de se développer et de monter en
au développement de services TIC en zone rurale charge, ce qui se traduirait aussi par une croissance
Les pays subsahariens doivent s’atteler à des du trafic pour les opérateurs de réseaux.
questions comme l’accès universel, la confiden- À la lumière des résultats des ateliers organisés
tialité des données, le règlement des différends avec différents opérateurs de télécommunications
ou les frais d’interconnexion pour faciliter le dans le cadre de cette étude, les auteurs sont
déploiement des services d’information et de convaincus que la solution au défi du « seuil de
communication. Il leur faudra également régler croissance» pour les prestataires de services (exis-
la question de la téléphonie VoIP (Voice over tants ou futurs) passe par l’analyse du terrain, qui
Internet Protocol – Voix sur IP). doit permettre d’identifier au plus près les besoins
en information et en communication des popula-
Partenariats public-privé tions rurales pauvres. C’est la réponse à ces
Les partenariats public-privé sont une solution besoins qui doit dicter les choix technologiques et
à envisager pour le déploiement d’infrastructu- les considérations commerciales, et non l’inverse.
res TIC2, mais ils peuvent aussi produire des Étant entendu qu’une bonne régulation du secteur
externalités négatives. La conception du dispo- des TIC est indispensable à la stabilité d’un mar-
sitif financier est déterminante à cet égard. La ché ouvert, la capacité des individus ou des entre-
mise aux enchères inversées de licences d’ex- prises à fournir des services à valeur ajoutée ne
ploitation du spectre ainsi que d’autres systèmes doit pas être entravée. Les études de cas présen-
de « subventions intelligentes » ont déjà donné tées ici montrent des prestataires de services
des résultats dans certains pays (le Chili par exploitant les infrastructures TIC selon des moda-
exemple). Les partenariats public-privé peuvent lités et pour des usages que les opérateurs
se révéler particulièrement utiles dans le cadre n’avaient pas anticipés, preuve s’il en est que la
du renforcement des capacités (programmes demande en infrastructures TIC est aujourd’hui
éducatifs, incubateurs, etc.). plus forte que ne le pensent les opérateurs télé-
coms, suffisante en fait pour justifier leur déploie-
Délimitation du champ de l’étude ment dans les zones rurales du continent africain3.
Le présent rapport formule une série de
recommandations stratégiques, sans chercher 1
Connecting Sub-Saharan Africa: A World Bank Group
pour autant à se livrer à un examen précis du Strategy for Information and Communication Technology
cadre politique et réglementaire des 48 pays Sector Development, WB Working Paper n° 51, Banque
que compte l’Afrique subsaharienne. Ce soin mondiale, 2005.
est laissé à d’autres publications de la Ban-
2
L’utilisation des technologies de l’information et de la
communication dans les pays les moins avancés pour une
que mondiale ou d’autres organismes. Les
croissance économique durable, Union internationale des
lecteurs qui seraient intéressés par une dis- télécommunications, édition 2004. Voir aussi Anders
cussion plus approfondie des recommanda- Engvall et Olof Hesselmark, Profitable Universal Access
tions en matière de politique et de réglemen- Providers (rapport pour la Swedish International Develop-
tation sont invités à lire, parmi d’autres ouvra- ment Agency), Stockholm, 2004
(http://www.eldis.org/static/DOC14699.htm) et Establi-
ges, l’étude de la Banque mondiale Connecting
shing Community Learning and Information Centers (CLICs)
Sub-Saharan Africa: A World Bank Group in Underserved Malian Communities: Report of Assess-
Strategy for Information and Communication ment Mission, mars 2005, Microsoft Unlimited Potential
Technology Sector Development (2005). Grant (http://www.dot-com-
alliance.org/resourceptrdb/uploads/partnerfile/upload/2
76/mali_MnE.pdf).
Enseignements tirés de la présente étude 3
Pour plus d’informations sur les meilleures pratiques,
Les prestataires de services à valeur ajoutée les études de cas et les technologies d’accès pour
exploitent aujourd’hui les infrastructures TIC pour zones rurales et/ou périphériques, consulter la page
proposer des services innovants aux utilisateurs http://www.itu.int/ITU-D/fg7/.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 3


Introduction

F
ace aux ambitions proclamées par les c’est aussi ce que la présente étude s’attache à
objectifs du Millénaire pour le montrer, les zones non encore desservies con-
développement (OMD)1, certains s’in- stituent un potentiel de profits et de croissance
terrogent sur l’opportunité d’investir important pour les opérateurs télécoms.
dans les technologies de l’information et de la La mondialisation des technologies de l’infor-
communication (TIC). Les critiques estiment en mation et de la communication apparaît, d’une
effet que les moyens limités disponibles seraient certaine façon, comme un phénomène irré-
mieux employés à combattre les causes pro- sistible. Malgré tout ce qui a été dit sur la « frac-
fondes de l’extrême pauvreté et de la faim, de ture numérique », les faits montrent que l’écart
la mortalité infantile, ainsi que de la propaga- entre pays développés et pays en développe-
tion du VIH/sida et d’autres maladies, pour ne ment tend à diminuer dans ce domaine3. Sans
citer que ces trois objectifs du Millénaire *. Il faut surprise, la littérature spécialisée classe les TIC
comprendre néanmoins que les TIC ne viennent parmi les biens économiques positifs, en ce sens
pas en substitution, mais en complément de l’in- que la demande pour ces technologies croît avec
* La déclaration du Millé-
naire, adoptée par la commu- vestissement consenti dans le cadre des efforts le revenu4 (voir tableau ci-après).
nauté internationale et les de développement « classiques »2. Les TIC ser-
États membres des Nations
Unies, énumère huit objectifs vent des objectifs de développement aussi fon- Plus préoccupantes sont les fractures
pour le développement : damentaux que la santé et l’éducation en per- numériques intranationales, qui risquent de
1. Réduire l’extrême pauvreté
et la faim mettant aux « citoyens de seconde classe », et s’aggraver à mesure que les « adopteurs préco-
2. Assurer l’éducation pri- notamment aux populations pauvres des zones ces », les riches et la diaspora adoptent les TIC.
maire pour tous
3. Promouvoir l’égalité et l’au- rurales, de s’autonomiser, de participer directe- La perspective de faciliter l’accès des ruraux
tonomisation des femmes ment à l’identification des problèmes qui les pauvres aux TIC et de réduire les fractures
4. Réduire la mortalité infan-
tile concernent et de s’informer sur les sujets les numériques internes devrait sans doute suffire,
5. Améliorer la santé mater- plus divers, qu’il s’agisse de renseignements à elle seule, à justifier la nécessité de promou-
nelle
6. Combattre le VIH/sida, le vitaux sur la prévention du VIH/sida, ou d’in- voir la diffusion des TIC dans les pays en
paludisme et d’autres formations commerciales, sur les marchés, développement. Or c’est dans les zones urbaines
maladies
7. Assurer un environnement etc. Ainsi mises en perspective, les TIC appa- que les opérateurs télécoms peuvent toucher le
durable raissent comme des outils particulièrement plus de clients potentiels avec des coûts d’infra-
8. Mettre en place un parte-
nariat mondial pour le adaptés pour compenser les handicaps dont structure réduits, ce qui explique qu’ils se
développement. souffrent les ruraux pauvres. D’autre part, et concentrent d’abord sur le tissu urbain. En

PIB par habitant et pénétration des communications mobiles

14
PIB par habitant (USD) (est. 2004)

12
Maurice
Afrique du Sud
10
Botswana
8
Seychelles
Namibie Tunisie
6
Gabon
4 Égypte Maroc
Maldives
Guinée équatoriale
2
Sénégal Mauritanie
Congo-Brazzaville
0 RDC Mali
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Sources: : CIA World Fact Book pour le PIB par habitant en Parité de pouvoir d'achat, Alcatel pour les taux de pénétration des communications mobiles

4 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Introduction

Afrique subsaharienne - Faits et chiffres (hors Afrique du Sud)


même temps, les populations rurales sont con-
INDICATEURS ANNÉE RÉSULTATS
frontées à des coûts d’opportunité plus impor-
Population 2003 647 M
tants, car les canaux de communication dont
PIB par habitant (USD) 2002 342
elles disposent sont à la fois plus rares et plus
dispersés. Autrement dit, dans les pays en Population urbaine (%) 2003 36

développement, la carence d’infrastructures Taux d’analphabétisme (% de la population de plus de 15 ans) 2003 35

physiques (routes, etc.) fait que l’inaction en Taux brut de scolarisation primaire (% de la population en âge d’être scolarisée) 2003 87

matière d’infrastructures TIC a un coût encore Lignes téléphoniques principales (%) 2003 0,96
plus élevé en milieu rural que dans les zones Lignes principales résidentielles (% des ménages) 2002 3,5
urbaines. Abonnés mobiles (%) 2003 2,78
- % carte prépayée 2003 91,2
Parce qu’il est généralement plus réactif à une - % couverture mobile 2003 47,6
demande et à un environnement en évolution Télédensité effective (fixe + mobile) (%) 2003 2,68
rapide, l’investissement privé constitue un Ordinateurs personnels 2003 0,75
levier essentiel pour la généralisation des TIC Utilisateurs Internet 2003 0,7
dans les pays en développement (PED). Non que Téléviseurs (‰) 2001 60
l’investissement public n’ait pas un rôle impor- Postes de radio (‰) 2001 198
tant à jouer, mais, vu l’ampleur des investisse- Source : UIT African Telecommunication indicators 2004
ments nécessaires et les fortes tensions budgé- Banque mondiale – Indicateurs du développement

taires que doivent affronter les gouvernements


des PED, c’est essentiellement par l’effet démul- se penche sur cette économie de la demande en
tiplicateur qu’il peut induire sur l’investissement analysant les besoins spécifiques des usagers
privé ainsi que par sa concentration dans les des pays en développement. Elle est l’aboutisse-
domaines où l’intervention privée achoppe ment d’un projet conjoint d’infoDev (Informa-
sur des coûts élevés à l’entrée ou sur les tion for Development Program), organisme
risques commerciaux liés à la prestation de multilatéral hébergé par la Banque mondiale,
services en zone rurale que l’investissement et d’Alcatel, équipementier français en télécom-
public s’avère le plus efficace. Nombre de munications.
petites entreprises privées des pays en
développement constituent de véritables Pourquoi l’Afrique subsaharienne ?
moteurs d’innovation dans les TIC ; certains L’explosion des technologies de l’information et
PED sont déjà très avancés dans la constitution de la communication, et notamment de la télé-
d’un secteur TIC, ou capitalisent fortement sur phonie mobile, montre clairement qu’il s’agit là
les TIC pour améliorer la compétitivité de leur de technologies transformationnelles dont nous
secteur privé ou l’efficacité de leurs administra- n’appréhendons pas encore toutes les consé-
tions publiques. Malgré cela, la montée en puis- quences. Les mêmes forces du marché qui ont
sance de l’investissement et de l’innovation transformé l’activité humaine de bout en bout
privés dans les TIC reste un défi majeur pour avec les nouvelles technologies font déjà sentir
la majorité des PED. leurs effets dans les «BRIC» (Brésil, Russie, Inde
et Chine). C’est pourquoi tout le monde s’ac-
L’une des principales difficultés réside dans le corde à dire que le « prochain milliard » d’abon-
développement de nouveaux modèles nés mobiles, à l’horizon 2015, viendra de ces
économiques et de nouvelles structures de pays. Pendant ce temps, l’Afrique subsaha-
services qui répondent directement aux besoins rienne (hors Afrique du Sud) ne fournira pour
des usagers des PED. L’essentiel du débat sur sa part que 20 millions de nouveaux consom-
la facilitation de l’accès aux technologies de l’in- mateurs de TIC. Ce qui amène tout naturelle-
formation et de la communication et sur le ment à s’interroger sur la raison pour laquelle
développement des services TIC dans les PED ce projet s’est focalisé sur le continent noir. La
gravitait ces dernières années autour de l’offre, réponse est simple : les BRIC s’appuient déjà,
c'est-à-dire du déploiement d’infrastructures pour la plupart, sur une certaine dynamique «
réseaux sur les marchés non desservis. Or, s’il offre/demande/cadre incitatif », si bien que
y a un consensus qui se dégage, c’est pour ces pays sont (relativement) avancés dans le
souligner que la clé du succès pour l’innovation déploiement des infrastructures. D’autre part,
privée dans les TIC, dans les pays en développe- bien que l’Afrique subsaharienne parte d’un
ment, réside d’abord dans une bonne com- taux de pénétration plus faible que les autres
préhension de la demande. La présente étude régions, la téléphonie mobile y connaît une

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 5


Introduction

croissance plus rapide que partout ailleurs. brièvement d’autres facteurs, comme la régu-
Enfin et surtout, si les TIC constituent un ins- lation, qui ne sont pas sans effets sur la
trument au service des objectifs du Millénaire, capacité des producteurs à créer de la valeur
et notamment de la lutte contre l’extrême pau- le long de la chaîne. Lorsque les cadres régle-
vreté, c’est incontestablement en Afrique qu’il mentaire et financier n’apparaissent pas suf-
faut commencer. fisamment propices à la création de marchés,
nous recommandons des réformes, mais aussi
Le premier chapitre de ce rapport présente cinq le recours à des formes de partenariat public-
exemples d’utilisations innovantes des TIC en privé. Le chapitre 6 propose une analyse des
Afrique subsaharienne *, à partir desquels modèles économiques durables qui pour-
nous essayons d’extrapoler le niveau de la raient permettre aux opérateurs télécoms, avec
demande en TIC sur le continent. Partant de de meilleures stratégies de distribution et de
cette évidence que les fournisseurs de services commercialisation, de créer de la valeur pour
locaux sont les mieux placés pour comprendre eux-mêmes et pour leurs clients des zones
les besoins de leurs marchés locaux5, nous rurales. Le chapitre 7 esquisse les grandes
avons voulu savoir comment ces cinq sociétés orientations politiques et financières à suivre
avaient évalué les besoins de leur clientèle pour faciliter et accélérer le déploiement des
potentielle, et quels obstacles elles avaient infrastructures. Enfin, le dernier chapitre
rencontré — et continuaient éventuellement de récapitule les enseignements tirés des projets
rencontrer — dans la commercialisation de étudiés dans ce rapport et donne des orienta-
leurs services. Sur la base de cette analyse de tions pour l’avenir.
la situation sur le terrain telle que la perçoivent
les prestataires locaux, le chapitre 2 tente de
dégager les facteurs clés de succès qui pour- 1 Voir p. ex. le rapport de l’ONG Social Watch
raient permettre à ces entreprises ou à d’autres Advance Social Watch Report 2005: Unkept
comme elles d’atteindre une taille critique. Promises,
http://www.mdgender.net/upload/
Après cette analyse de la demande, l’étude se monographs/SW-ENG-Advance-2005.pdf.
* L’Afrique subsaharienne
regroupe 48 pays : Afrique du
penche brièvement, au chapitre 3, sur les défis 2 Kerry McNamara, Information And Commu-
Sud, Angola, Bénin, Bots- que devront relever les opérateurs pour four- nication Technologies, Poverty And Deve-
wana, Burkina Faso, Burundi,
Cameroun, Cap-Vert, Como-
nir les infrastructures nécessaires aux presta- lopment - Learning From Experience, info-
res, Congo, Côte d'Ivoire, Éry- taires de services dans leur marche vers la Dev, 2003.
thrée, Éthiopie, Gabon, Gam-
bie, Ghana, Guinée, Guinée-
taille critique, avant de passer à l’examen du 3
Voir p. ex. Africa: The Impact of Mobile
Bissau, Guinée équatoriale, côté « offre » du marché des services d’infor- Phones,
Kenya, Lesotho, Liberia,
Madagascar, Malawi, Mali,
mation et de communication. Le chapitre 4 http://www.vodafone.com/assets/files/
Mauritanie, Maurice, Mayotte, passe en revue les technologies d’accès exis- en/GPP%20SIM%20paper.pdf.
Mozambique, Namibie, Niger,
Nigeria, Ouganda, Républi-
tantes permettant de desservir les zones rura- 4
Ibid.
que centrafricaine, République les et/ou périphériques avec des services et des 5
À titre d’exemple : à son lancement, la
démocratique du Congo,
Rwanda, São Tomé e Príncipe,
applications à valeur ajoutée rentables. Le cha- téléphonie mobile à carte prépayée était
Sénégal, Seychelles, Sierra pitre 5 décrit les différents acteurs présents censée toucher une clientèle riche, alors
Leone, Somalie, Soudan, Swa-
ziland, Tanzanie, Tchad, Togo,
tout au long de la chaîne de valeur des servi- qu’elle s’est en fait répandue dans tous
Zambie et Zimbabwe. ces TIC en Afrique subsaharienne, en évoquant les pays en développement.

6 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Introduction

Connectivité en Afrique

Bits/habitant Connexions
sortantes
EUROPE
ME-WE 2/3(2x
SEA- 20
Gb
p s) Amerique du Nord
0.25 1 5
LFON Europe
(5x 2 . 5 G bps)
MAROC TUNISIE
Intra-Afrique

ALGÉRIE Asie
LIBYE
ÉGYPTE
1036
CAP 373
VERT 13
2 Mbit/s totaux
MAURITANIE MALI NIGER 0 200 400 600 800 1000 1200

ERITHRÉE
SÉNÉGAL TCHAD
GAMBIE
GUINÉE BISSAU BURKINA
FASO DJIBOUTI
GUINÉE SOUDAN
BENIN
TOGO SOMALIE
CÔTE NIGERIA
A tl

SIERRA LEONE
D'IVOIRE GHANA
ant

ÉTHIOPIE
LIBÉRIA CENTRAFRIQUE
is-2

CAMEROUN
(2x
200

Ocean Indien
OUGANDA
2 .5
0

GUINÉE EQUATORIALE
KENYA
Gbp

ASIE
s)

SAO TOME GABON RWANDA


ET PRINCIPE RÉPUBLIQUE
CONGO
DEMOCRATIQUE BURUNDI
SAT-3 West Africa Ca

Cabinda DU CONGO TANZANIE


(ANGOLA) SEYCHELLES
AMERIQUE
SA

DU SUD
T-2
(
2x 993

COMORES.
50
1

MALAWI
ble (WAS
M
bp

ANGOLA
s)

ZAMBIA
C)( 2 x

MOZAMBIQUE
2.5 G

ZIMBABWE MAURICE
RÉUNION
NAMIBIE
2 0 G b p s)
b p s)

BOTSWANA MADAGASCAR
1000 km
x 2.5
01

1000 mi.
(4
M1

PIB/Habitant SWAZILAND
TD

USD 0-300 )
LESOTHO ps
USD 300-1000 AFRIQUE 2 Gb
200 2 .5
USD 1000-2000 DU SUD ) (2x
S A FE
USD 2000-4000 st (
r Ea
USD 4000-10000
ca & Fa Licences du réseau public VSAT
n Afri
Souther
Source: CRDI (Centre de Recherches pour le Développement International) SAT-3/WASC/

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 7


Chapitre 1: Études de cas

L
es données ne manquent pas pour illus- criptions médicamenteuses dans les traitements
trer et documenter le boom des TIC en chroniques ou de longue durée ; Pésinet au Séné-
général et de la téléphonie mobile en par- gal, première ligne de défense contre les causes
ticulier, qui devrait normalement se tra- principales de morbidité et de mortalité chez les
duire par une forte demande d’infrastructures de enfants de moins de cinq ans en Afrique subsa-
réseaux TIC. Il se trouve pourtant des sceptiques harienne ; Manobi, également au Sénégal, plate-
qui remettent en cause la valeur des données rela- forme de services mobiles dédiés au secteur rural
tives à la pénétration des communications mobi- (information sur les marchés et les prix agrico-
les en Afrique subsaharienne. Très concrètement, les, services de géolocalisation, etc.) ; et enfin
s’interrogent ces critiques, doit-on considérer MoPay, service de banque mobile basé en Afri-
quelqu’un qui possède une carte SIM, mais qui n’a que du Sud.
pas de téléphone, comme un utilisateur du
réseau ? Faut-il comptabiliser comme client I. Projet IKON
quelqu’un qui possède un téléphone, mais qui ne Vaste pays enclavé d’une superficie de
dispose pas de crédit prépayé, de sorte qu’il peut 1 240 000 km2 pour une population de 11,6 mil-
seulement recevoir des appels ? La «télédensité», lions d’habitants, le Mali ne compte que trois
ou pénétration, ne répond pas à ces questions : hôpitaux nationaux et six hôpitaux régionaux.
elle se contente de mesurer le nombre de télépho- C’est dans ce contexte que trois étudiants en
nes par habitant, et non pas le niveau d’accès à médecine de l’université de Bamako, passion-
la téléphonie. nés d’Internet et férus de logiciels libres, se sont
Au vu de la difficulté à obtenir des données quan- penchés sur la nécessité d’améliorer l’accès des
titatives fiables, certains experts préconisent de ruraux pauvres aux soins de santé, créant à cet
privilégier les analyses qualitatives, explorant la effet le réseau IKON. Celui-ci assure des servi-
manière dont les gens utilisent leurs téléphones ces de télédiagnostic radiologique dans les vil-
(ou les téléphones auxquels ils ont accès)1. C’est les de Tombouctou, Mopti et Sikasso, qui ne dis-
précisément l’objet des cinq études de cas qui sui- posent d’aucun médecin radiologue sur place.
vent. Ces analyses n’ont aucune prétention à Les radiographies effectuées par un manipula-
l’exhaustivité du point de vue économique. Elle teur radio sont transmises via Internet à un
se limitent à illustrer le fait que i) la demande pour hôpital de Bamako, à des fins d’interprétation
des services d’information et de communication et de diagnostic.
de base existe et qu’elle est en progression ;2) les Le projet IKON est né à l’issue d’un atelier orga-
infrastructures et les technologies TIC existantes nisé en mai 2003 par REOnet et l’ONG néerlan-
sont utilisées pour fournir des services de base daise IICD (International Institute for Communi-
(p. ex. soins de santé, services financiers) selon cation and Development). L’amélioration de la
des formules tout à fait novatrices, inédites couverture des services radiologiques s’est impo-
jusqu’alors dans les pays en développement ;3) ces sée comme l’un des besoins les plus urgents. Le
modèles innovants de prestation de services et les Mali ne compte en effet que 11 médecins radio-
modes d’utilisation correspondants pourraient logues, dont dix pour la seule capitale, Bamako.
rendre nécessaire l’adoption de nouveaux indi- REOnet a élaboré en conséquence un projet pilote
cateurs pour mesurer la demande. articulé autour de quatre objectifs :

Les entreprises étudiées • améliorer la prise en charge des patients ;


Dans le cadre de ce rapport, infoDev et Alcatel ont • réduire le nombre d’erreurs diagnostiques ;
retenu cinq sociétés pour une étude en profon- • éviter les transferts inutiles de patients à
deur : REOnet au Mali, avec son projet IKON de Bamako ;
téléradiologie ; SIMpill en Afrique du Sud, système • réduire les dépenses de santé supportées par
de gestion en temps réel de l’observance des pres- les populations rurales pauvres.

8 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

Conception du projet
Flux nets de trésorerie - Phase pilote
L’équipe d’IKON a choisi les hôpitaux régionaux
de Tombouctou, Mopti et Sikasso (qui n’ont pas
300
de médecin radiologue) pour les relier à l’hôpi-

FCFA (x 1000)
tal du Point G à Bamako. Les trois hôpitaux 250
régionaux ont été équipés en matériel pour la
télétransmission des images : scanner à films 200
radiographiques, PC, alimentation électrique de
secours, ligne téléphonique fixe le cas échéant, 150

etc. Au Point G, IKON a installé un serveur pour


100
la réception des images, une imprimante (repro-
graphe) ainsi que d’autres périphériques. IICD
50
a fourni le capital initial nécessaire (69 000 000
FCFA, soit environ 140 000 USD) pour équiper 0
les trois établissements régionaux et l’hôpital du 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois
Point G en matériel de téléradiologie ainsi que Source: Projet IKON
pour former le personnel médical à l’utilisation
de ces technologies. téléradiologie, IKON envisage, à terme, d’utiliser
son infrastructure pour assurer toute une palette
Méthodologie de services de télémédecine : diagnostic derma-
Lorsqu’un médecin généraliste de l’hôpital régio- tologique, diagnostic traumatique et d’autres
nal décide de faire passer une radio à un patient, diagnostics pathologiques. C’est dans cette inten-
il procède lui-même à l’examen radiologique. tion qu’IKON a fait l’acquisition de caméras numé-
L’image est ensuite numérisée à l’aide d’un scan- riques. Parallèlement, IKON projette d’organiser
ner à films radios, enregistrée au format DICOM des modules mensuels de téléformation à l’inten-
(Digital Imaging and Communications in Medicine) tion du personnel médical.
et envoyée par liaison RTC au serveur de Bamako.
La faible taille des fichiers (de 150 à 350 Ko) per- Perspectives de croissance
met une transmission rapide, même par le réseau Alors que le réseau entre aujourd’hui dans sa
* Les parts revenant à l’hôpi-
commuté. Le spécialiste en radiologie de l’hôpi- phase pleinement opérationnelle, les perspecti- tal régional et au projet IKON
tal de Bamako reçoit le fichier, l’imprime et éta- ves de croissance sont prometteuses. Avec un sont approximatives, car le
montant réparti entre les
blit son diagnostic, qu’il transmet ensuite par cour- investissement supplémentaire de quelque 64000 deux entités dépend du statut
rier électronique au généraliste de l’hôpital régio- USD, IKON peut étendre ses services à quatre public ou privé de l’établisse-
ment de soins. Un hôpital
nal. Sauf dans les situations où le diagnostic est autres hôpitaux et couvrir ainsi l’ensemble des public perçoit 625 FCFA par
urgent, les images radios ne sont transmises établissements hospitaliers du pays. image au titre de la couver-
ture des coûts fixes liés au
qu’une fois par jour à Bamako, d’où un délai de service, ce qui laisse 375
24 heures pour les réponses (ce qui est du reste Obstacles à la croissance FCFA au projet IKON. En
revanche, si la radio est effec-
normal au Mali, même en radiologie in situ). En Bien que le modèle de fonctionnement commer- tuée dans un hôpital privé,
cas d’urgence, le réseau IKON peut produire un cial d’IKON dégage des flux de trésorerie large- IKON encaisse 1 000 FCFA.

diagnostic dans l’heure.


Le service est facturé 2 500 FCFA (environ cinq
dollars) par image. Ce montant est réparti entre Flux nets de trésorerie - Phase opérationnelle
l’hôpital régional (600 FCFA), l’hôpital du Point
300
G (375 FCFA), le médecin diagnostiqueur
FCFA (x 1000)

(1125 FCFA) et IKON (400 FCFA)*.


250
L’ensemble du processus est géré par des systè-
mes ouverts que l’équipe d’IKON a spécialement 200
adaptés à son application de téléradiologie. Le
logiciel de transmission d’images assure le chif- 150
frement de la radio et des données confidentiel-
les du patient, et gère également la facturation. 100

Au terme d’un an de fonctionnement en phase


50
pilote, il s’est avéré que la demande de services
radiologiques était suffisante pour générer des
0
bénéfices. De fait, comme le montre le tableau ci- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
après, IKON a commencé à devenir rentable dès Mois
Source: Projet IKON
le troisième mois de la phase pilote.Au-delà de la

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 9


Études de cas

Défis à relever pour une création d'entreprise au Mali


ment positifs, qu’il s’appuie sur des technologies
Les entrepreneurs doivent franchir 13 étapes pour la création d'entreprise qui requiert
robustes et bien adaptées, et qu’il réponde à un
en moyenne 42 jours. Le coût de création s'élève à 190,7% du PNB/habitant.
besoin social, le docteur Romain-Roland Tohouri Les entrepreneurs doivent déposer au moins 490,8% du PNB/capita dans une banque
souligne que le projet a eu les plus grandes dif- pour obtenir le numéro d'enregistrement de leur entreprise.

ficultés à obtenir le financement nécessaire. Au


Mali, les conditions de prêt aux entreprises pré-
voient généralement une garantie d’emprunt qui INDICATEURS MALI REGION OCDE

peut atteindre 80 %, et les droits à l’importation Nombre de formalités 13 11 6

sur le matériel informatique avoisinent les 50 %. Durée (jours) 42 63 19

Le tableau ci-après dresse une comparaison entre Coût (% de revenu/capita) 190,7 215,3 6,5

le Mali et le Royaume-Uni : Rappelons que ces Capital minimum (% de revenu/capita) 490,8 297,2 28,9
taxes sont calculées sur la valeur caf (coût, assu- Source : Doing Business in 2005: Removing Obstacles to Growth

rance, fret), qui reste à peu près constante d’un


pays à l’autre, alors que le PIB par habitant du 200 000 FCFA par mois, soit environ 400 USD,
* Voir notamment les enquê-
tes réalisées dans le cadre du Royaume-Uni est de 26 507 USD, soit plus de 100 pour une liaison commutée 128 Kbps. C’est au
document de synthèse Ajuste- fois celui du Mali, estimé en 2004 à 260 USD2. moins dix fois plus cher que les tarifs pratiqués
ment des petites entreprises à
la libéralisation de l’économie D’autres études de la Banque mondiale confir- dans les pays développés pour un service com-
dans cinq pays d’Afrique ment ce problème récurrent de l’accès au crédit*. parable ; il est certain que l’entreprise ne pourra
(http://www-wds.world-
bank.org/servlet/WDSCon- Il est particulièrement important, pour les guère songer à augmenter le volume d’images
tentServer/WDSP/IB/2005/09 petites et moyennes entreprises dont le poten- transmises ou à se doter de capacités de visiocon-
/14/000011823_2005091417
1114/Rendered/PDF/WDP27 tiel de croissance excède les capacités de finan- férence, que ce soit pour la formation ou pour le
1010FRENCH.pdf), où il cement interne ou informel, d’avoir un meilleur diagnostic en temps réel, si ses coûts de connexion
apparaît que la majorité des
répondants (62 à 90 %) consi- accès au crédit. Les mesures destinées à amé- ne baissent pas.
dèrent les difficultés d’accès liorer les pratiques comptables des entreprises Autre obstacle, le temps d’attente ou « latence
au crédit (essentiellement
pour le fonds de roulement) ainsi que leur aptitude à produire des états », c’est-à-dire le délai nécessaire pour la trans-
comme l’une des principales financiers certifiés sont de nature à renforcer mission du trafic sur le réseau. Le Mali ne dis-
contraintes pesant sur leurs
opérations. D’autre part, dans leur capacité de recours à l’emprunt dans la posant pas à l’heure actuelle d’échangeur IXP
son rapport Doing Business in mesure où elles diminuent d’autant, pour les (Internet Exchange Point), tout le trafic entre
2006, la Banque mondiale
relègue le Mali dans les pro- banques, le coût d’obtention d’informations fia- opérateurs Internet doit transiter par des dor-
fondeurs du classement bles. De meilleurs systèmes juridiques documen- sales internationales, ce qui augmente la
(parmi les dix derniers sur
155 pays), en raison notam- tant les biens offerts en garantie et réglemen- latence et fait grimper les coûts. Comme le mon-
ment des contraintes régle- tant, en cas de défaillance de l’emprunteur, leur tre l’impression écran ci-dessous, le trafic
mentaires que l’État malien
fait peser sur les entreprises. saisie et leur vente permettraient aux banques Internet au Mali est grevé d’une forte latence.
Parmi ces dix derniers pays de mieux gérer leur risque de crédit. Le déve- L’auteur a chargé la page d’accueil de REOnet
du classement, neuf sont sub-
sahariens : Burkina Faso, loppement de la concurrence bancaire est depuis une maison de Bamako, en utilisant une
Congo-Brazzaville, Mali, essentiel pour inciter les banques à rechercher connexion via un fournisseur d’accès concur-
Niger, République centrafri-
caine, République démocrati- de nouveaux clients, notamment sur le marché rent. Bien que la distance physique ne fût que
que du Congo, Soudan, des petits comptes3. de cinq km, le trafic a été acheminé via le Séné-
Tchad, Togo.
Les directeurs d’IKON font aussi état du manque gal, le Portugal, l’Espagne, la France (en deux
# Le Royaume-Uni est signa-
de candidats qualifiés en TIC. Ils ont le sentiment points distincts) et l’Italie, pour revenir enfin sur
taire de l’Accord sur les tech-
nologies de l’information que les programmes universitaires actuels ne pré- le continent africain. Une telle latence est
(ATI). L’ATI est un accord parent pas correctement les étudiants à l’ère de rédhibitoire pour le déploiement de services de
commercial multilatéral par
lequel les signataires s’enga- l’information. REOnet s’efforce de remédier à cette visioconférence
gent à éliminer tous leurs carence en organisant des ateliers sur l’utilisation On estime que l’utilisation de bande passante
droits de douane sur les pro-
duits informatiques et de télé- de différentes applications multimédias. internationale pour du trafic Internet local ou
communications qui y sont Le coût de l’accès Internet constitue également un régional coûte à l’Afrique quelque 400 millions
visés. L’accord couvre environ
95 % du commerce mondial frein à la croissance. À l’heure actuelle, IKON paye USD par an4.
en la matière, estimé
aujourd’hui à plus de mille
milliards de dollars. Les pro-
duits visés par l’ATI com- Taxes d’importation au Mali comparées à celles du Royaume-Uni
prennent les ordinateurs, les
Taxe sur les Taxe sur les Taxe sur les Taxe sur les Autres
périphériques, les matériels
ordinateurs composants d’ordinateurs logiciels manuels Taxes
de télécommunications, les
logiciels, les équipements de Mali 5% Inconnue 20% 0% 5% droits de douane
fabrication de semi-conduc- sur la valeur caf ;
teurs, les instruments analy- 7.5-55% taxes additionnelles
tiques ainsi que les semi-
Royaume-Uni# 0% 0% 0% 0% 17.5% TVA
conducteurs et d’autres com-
posants électroniques. Source : US Department of Commerce [ministère américain du commerce], Office of Technology and Electronic Commerce

10 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

Le manque d’IXP génère des délais d’attente


personnes en 20036. La ville
distribue gratuitement des médi-
caments aux patients tubercu-
leux, qui doivent prendre au
moins quatre comprimés cinq
jours par semaine pendant six
mois. Il est essentiel que le
patient suive à la lettre le traite-
ment prescrit; s’il omet de pren-
dre une ou plusieurs doses, il
devient « multirésistant » aux
antituberculeux.
La tuberculose représente un
énorme fardeau économique
pour les individus et les sociétés
Le haut débit est plus cher en Afrique que partout ailleurs
en Afrique subsaharienne. Avec
538 000 décès en 20037, le taux
1000 de mortalité due à la tuberculose
Tarifs mensuels du haut débit (USD)

900 dans l’ensemble de l’Afrique est


800 trois fois supérieur à la moyenne
700 mondiale et, en termes relatifs,
600 plus de deux fois supérieur à celui
500 de la deuxième région la plus tou-
400
chée. De surcroît, le traitement est
300
coûteux : pour la tuberculose
«normale» (par opposition à la
200
tuberculose multirésistante – TB-
100
MR), le régime médicamenteux
0
Afrique Amerique Asie Europe Oceanie coûte environ 600 ZAR (près de
100 USD) par mois.
Remarques: a) prix de juillet 2003 ; b) du fait de la carence de données, les calculs de l’UIT Le coût de traitement de la TB-
pour l’Afrique ne couvrent qu’un nombre restreint de pays. .
Source: Birth of Broadband. UIT, septembre 2003 MR atteint pour sa part des
niveaux exorbitants : 30 000
Enseignements tirés du projet ZAR (5000 USD) par mois. Dans son dernier rap-
Comme dans le reste de l’Afrique, il existe au Mali port sur la tuberculose multirésistante à l’échelle
une demande latente de services de télémédecine. mondiale, l’OMS classe l’Afrique du Sud parmi les
Pour développer l’accès aux TIC, il faudra que les dix pays les plus durement touchés8.
coûts de connectivité diminuent et que l’accès au
crédit soit facilité. Le Mali devra également Conception du projet
recentrer son effort éducatif sur les technologies Le système SIMpill est l’invention d’un médecin
de l’information et de la communication, afin de du Cap qui cherchait une solution au problème
se constituer un gisement de main-d’œuvre qua- de la mauvaise observance des prescriptions
lifiée en TIC. médicamenteuses chez les patients tuberculeux
en traitement de longue durée. Le produit
II. SIMpill consiste en un flacon de comprimés qui, à cha-
En chiffres absolus comme en termes relatifs, que ouverture, transmet un message SMS horo-
l’Afrique subsaharienne est confrontée à une daté à un serveur central. Si le serveur ne reçoit
grave crise de tuberculose. Neuf des 22 pays à pas de SMS à l’heure prescrite, il envoie un SMS
haute prévalence se trouvent en ASS (Afrique du au patient pour lui rappeler de prendre son médi-
Sud, Éthiopie, Kenya, Mozambique, Nigeria, cament. Selon les résultats de l’étude pilote, le ser-
Ouganda, République démocratique du Congo, vice SIMpill (SIMpill On-Cue Compliance Service)
Tanzanie et Zimbabwe) ; en 2002, ces 22 pays a permis de réduire de 26 % la mauvaise obser-
totalisaient à eux seuls 80 % des cas mondiaux vance des traitements.
de tuberculose5. Pour sa phase d’essai, l’équipe du projet a sélec-
En Afrique du Sud, c’est le Cap qui présente la tionné 221 patients, leur a remis le flacon SIM-
plus forte incidence, avec 678 cas pour 100 000 pill et a procédé au suivi du traitement en établis-

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 11


Études de cas

Schéma du service SIMpil

Flacon de comprimés

Expédie un SMS
Réseau sans fil GSM
à l’ouverture

Le serveur reçoit le SMS et enregistre les données


Le patient prend Ou
son médicament S’il ne reçoit pas de SMS, adresse
au patient un rappel sur son portable
Ou
En cas de non-réponse persistante,
SMS de rappel de alerte le personnel soignant
prise de médicament
Portable du patient

SMS notifiant l’incident


Le soignant appelle au personnel soignant
le patient ou lui rend visite
Portable du soignant

Source: www.simpill.com

sant des statistiques d’observance. La ville du Cap met pas de tirer de conclusion statistiquement signi-
a pris en charge le coût du flacon ainsi que celui ficatives. On ne peut attribuer une quelconque
des SMS (dans les deux sens : du flacon au ser- Compte tenu de la faible taille de l’échantillon, la
veur central, et du serveur au téléphone du patient différence entre les taux de réussite du traitement
en cas d’omission d’une dose), soit 150 ZAR (23 n’est pas significative du point de vue statistique.
USD) par patient et par mois. Tout ce que l’on peut dire, à première vue, c’est que
le service SIMpill a donné des résultats qui sont nor-
Méthodologie maux pour la clinique en question, mais qui ne tra-
Chaque patient se voit remettre un flacon de com- duisent aucune amélioration significative»9.
primés équipé d’une carte SIM et d’une batterie. Si le projet pilote n’a pas donné les résultats
À chaque ouverture du flacon, un SMS horodaté escomptés, il existe des circonstances atténuantes.
reprenant un numéro d’identification unique est Tout d’abord, l’étude pilote a démarré trop vite, sans
expédié à un serveur central pour journalisation. formation adéquate du personnel soignant. Aussi,
Si le serveur reçoit le message dans un laps de la clinique pilote n’a pas été en mesure de s’appro-
temps prédéterminé, le SMS est simplement enre- prier réellement le projet. D’autre part, peu de soi-
gistré. Si aucun message ne lui parvient, le ser- gnants parlaient le Xhosa, et le protocole SMS uti-
veur envoie un SMS au patient pour lui rappeler lisé n’admettait que les caractères ASCII, ce qui
de prendre sa dose. Le système prévoit une stra- empêchait d’utiliser des langues comme le Kiswa-
tégie de « réponse graduée » : si, malgré le rap- hili. Ce dernier problème n’est pas difficile à résou-
pel qui lui a été notifié, le patient ne prend tou- dre et, du reste, il est déjà réglé. Avec une forma-
jours pas son comprimé, le serveur alerte le per- tion adaptée, la question de la bonne appropriation
sonnel soignant ou un membre de la famille du projet SIMpill par le personnel soignant ne devrait
Comparés au protocole en vigueur pour la TB-MR*, plus se poser non plus. L’établissement pourra
* Appelé « traitement sous
observation directe » (Directly
les résultats de l’étude pilote SIMpill sont apparus, superviser le régime médicamenteux d’un plus
Observed Therapy System - au mieux, ambigus. D’après le rapport d’évalua- grand nombre de patients, à un moindre coût pour
DOTS), ce protocole prévoit
que le patient se rend plu-
tion de l’association bridges.org, «à l’exception d’un ces derniers (moins de pertes de salaire et de frais
sieurs fois par jour dans une taux d’achèvement du traitement légèrement de déplacement). Ainsi qu’il ressort de l’encadré ci-
clinique pour y être observé
pendant sa prise de médica-
supérieur pour l’étude pilote, les résultats sont assez contre, la méthode alternative de gestion des
ment. similaires. La faible taille de l’échantillon ne per- patients non observants (le système DOTS), est plus
coûteuse pour le patient contraint de supporter des
frais de déplacement quotidiens et de perdre de
Comparaison coûts-avantages : DOTS vs SIMpill
nombreuses heures de travail pour aller à la clini-
DOTS (traitement sous observation directe) que afin d’y prendre son médicament sous obser-
1) Pertes salariales – 120 visites, soit environ 150 heures de travail perdues vation. Le service SIMpill exige beaucoup moins de
2) Frais de déplacement – 69 % des patients de l’étude pilote ont dépensé en moyenne
8 ZAR (environ 1,40 USD) par trajet simple, soit au total 16 ZAR x 120 = 1920 ZAR visites de la part du patient, ce qui réduit d’autant
les frais à la charge de celui-ci. En outre, chaque soi-
• SIMpill
1) Moins de pertes salariales – 27 visites, soit 33,75 heures de travail perdues
gnant peut prendre en charge davantage de patients,
2) Moins de frais de déplacement – 16 ZAR x 27 = 432 ZAR ce qui diminue également le coût du traitement.

12 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

100%
8.5 4 verte13. Le taux de pénétration du téléphone por-
15 14
90% 20.5
20 table n’est pas non plus un obstacle : 50 % des
80% 20
23 22 patients suivis par l’étude pilote étaient au chô-
70% 7
35 13 mage, ce qui ne les empêchait d’avoir un por-
60%
15 table. De plus, d’après les statistiques recueil-
50% 21
lies par SIMpill, 88 % des patients avaient tou-
22
40% jours leur portable sur eux, bien chargé.
69
30%
49
58.5 Il est évident que des questions telles que la péné-
20% 41 tration de la téléphonie mobile ou l’accès à l’élec-
32.5
10% tricité se posent aussi ailleurs sur le continent, sou-
0% vent avec plus d’acuité, de même que les aspects
1-7 8-14 15-21 22-28 29-35
jours jours jours jours jours comportementaux comme la pratique du partage
du téléphone portable ou les tabous sociaux liés
Dose omise Rappel
Prise hors délai Prise dans les délais au statut infectieux. Le coût du portable est aussi
un problème, même s’il tend à diminuer.
D’autre part, comme l’atteste le graphique ci- C’est pourquoi il serait plus intéressant, pour le
après, une certaine forme d’apprentissage a bien déploiement du service SIMpill à l’échelle du conti-
eu lieu : les taux d’observance ont réellement pro- nent, de faire du flacon de comprimés un système
gressé au fur et à mesure que le projet avançait, de communication en circuit fermé, autrement dit
comme l’indiquent les barres vertes et bleues, un émetteur-récepteur. À l’heure actuelle, le fla-
représentant respectivement des «événements de con SIMpill fait seulement office d’émetteur,
prise médicamenteuse» aux heures prescrites et mais il pourrait prendre modèle sur des matériels
des «rappels». Non seulement la somme des deux existants capables de recevoir des informations
types d’événements progresse au fil du temps, diffusées en mode « push » sur des réseaux sans
mais le nombre de rappels diminue. fil**. En d’autres termes, le flacon de comprimés
ne se limiterait pas à expédier un SMS notifiant
Perspectives de croissance au soignant que le patient a bien pris son médi-
Vu la forte incidence de la tuberculose en Afri- cament, mais pourrait aussi changer de couleur,
que subsaharienne, les perspectives de crois- vibrer ou simplement afficher un message pour
sance sont importantes10. De surcroît, la tech- avertir le patient qu’il est temps pour lui de pren-
nologie SIMpill s’applique indifféremment à tous dre son médicament.
les patients atteints d’une maladie chronique ou
de longue durée, comme le VIH/sida, le diabète, Enseignements tirés du projet
l’épilepsie ou l’hypertension. Le service SIMpill est la preuve que, pour peu que
Entre 2003 et 2005, le trafic SMS a progressé de l’on soit attentif à l’environnement local et que
1 000 % en Afrique du Sud11. Cette formidable l’on n’oublie pas les aspects touchant à la « loca-
expansion ne va évidemment pas durer éternel- lisation », c'est-à-dire à l’adaptation sociocultu-
lement, mais elle est révélatrice du degré d’accep- relle du produit, tels que la langue ou encore les
tation des SMS comme mode de communication. disponibilités en électricité, les TIC peuvent
En outre, si le graphique fait bien apparaître, non représenter un instrument privilégié pour avan-
seulement pour l’échantillon de population dans cer sur la voie des objectifs du Millénaire pour
son ensemble, mais aussi pour les mauvais le développement. Ce projet témoigne aussi de
* 30 000 000 x 365 =
observants, une « courbe d’apprentissage » en l’inventivité des prestataires de services à valeur 10 950 000
matière d’observance médicamenteuse, il y aura ajoutée, qui exploitent les technologies existan-
** On pense par exemple
sans doute toujours des patients qui auront tes pour des usages et des applications auxquels aux produits Ambient
besoin qu’on leur rappelle de prendre leur médi- leurs concepteurs n’avaient jamais pensé. Plus (www.ambientdevices.com),
qui diffusent des informa-
cament. Enfin, l’Afrique subsaharienne comptait important encore, sans doute, il montre que, lors- tions en temps réel sur les
en 2003 près de 30 millions de personnes tou- que les services TIC produisent des externalités cours de la Bourse, la météo
ou d’autres sujets personna-
chées par le VIH/sida12. Un seul SMS par jour par positives, les partenariats public-privé s’imposent lisés parmi une palette
patient (dans l’hypothèse où chacun prendrait comme la solution idoine. Si la chaîne de valeur, d’options configurables par
l’utilisateur. Pas de réseau
régulièrement sa dose) produirait déjà près de 11 au sens étroit, n’est peut-être pas suffisante pour câblé, pas de connexion
milliards de SMS par an *. justifier le déploiement des infrastructures, les Internet requise : ces objets
fonctionnent en recevant en
bénéfices sociaux résultant d’une diminution de continu les signaux radio
Obstacles à la croissance l’incidence de la tuberculose multirésistante émis par le réseau sans fil
Ambient, qui couvre l’en-
En Afrique du Sud, la couverture mobile n’est compensent largement les dépenses en infra- semble du territoire des
pas un problème : 71 % de la population est cou- structures. États-Unis.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 13


Études de cas

III. Pésinet Conception du projet


L’Afrique subsaharienne connaît le plus fort Pésinet est un système d’alerte précoce pour
taux de mortalité infantile du monde : plus d’un l’identification des enfants à risque au Sénégal.
enfant sur six y meurt avant l’âge de cinq ans. Il repose sur le suivi du poids, élément fondamen-
L’Organisation mondiale de la santé range l’ASS tal de la prévention sanitaire des jeunes enfants
parmi les régions qui « stagnent » sur la voie de (0 à 5 ans). Des agents de Pésinet procèdent deux
la réduction du taux de mortalité infantile, l’un des fois par semaine à la pesée des enfants abonnés
huit objectifs du Millénaire pour le développe- au service ; ces données sont reportées sur une
ment14. Toujours selon l’OMS, « [l]a plupart des courbe de poids, afin de contrôler la bonne pro-
décès qui surviennent chez les moins de cinq ans gression pondérale de l’enfant. Toute anomalie
sont encore attribuables à un petit nombre de déclenche une visite du médecin. Ce service s’est
pathologies alors que les moyens d’intervenir pour avéré extrêmement efficace pour prévenir diffé-
les éviter existent. Il s’agit de la pneumonie (19%), rentes pathologies infantiles parmi les plus fré-
des maladies diarrhéiques (18 %), du paludisme quentes en Afrique subsaharienne, ainsi que pour
(8 %), de la rougeole (4 %), du VIH/sida (3 %), et réduire la mortalité infantile au sein de la popu-
de pathologies ou incidents néonatals tels que la lation cible.
prématurité, la mort apparente du nouveau-né et Créé avec le soutien d’Afrique-Initiatives, le ser-
les infections néonatales (37 %) »15. vice Pésinet de prévention sanitaire est proposé
par abonnement aux familles de Saint Louis16, au
Sénégal, pour assurer le suivi de la croissance des
Taux de mortalité des moins de cinq ans, Sénégal très jeunes enfants, de la naissance à l’âge de cinq
ans. À ce jour, 8 % des enfants de Saint Louis,
180
dans neuf quartiers différents de la ville, en béné-
160 ficient. Chaque quartier dispose de deux «agents
140 de pesée ».
120 En 2005, Pésinet surveillait quelque 2 000 nour-
100
rissons et jeunes enfants. L’abonnement mensuel
est d’environ 150 FCFA (soit 0,30 USD), mais le
80
tarif est dégressif en fonction du nombre d’enfants
60
à suivre par ménag17e. Bien que cela constitue la
40 seule source de revenus pour Pésinet, le directeur
20 du projet, Awa Gueye Fall, en parle comme d’un
0 prix « symbolique »18, en invoquant la tendance
1990 1995 2000 2003 courante à déprécier ce qui est gratuit. Comme
Sénégal Moyenne ASS Moyenne mondiale on le verra plus loin, cet abonnement est symbo-
Source: OMS, Banque mondiale lique aussi dans un autre sens, à savoir que les
recettes encaissées couvrent seulement 16 % des
coûts du projet.
Variations en % sur la période 1995-2003 En plus des frais généraux habituels (loyer, élec-
tricité, etc.), Pésinet supporte des frais de person-
12% nel d’un montant total annuel de 13 800 00 FCFA
(environ 28 000 USD), correspondant aux salai-
10%
res des 18 agents de pesée, du directeur, du direc-
teur adjoint et des deux médecins.
8%
En termes de réduction de la morbidité et de la
6%
mortalité infantiles, les résultats du projet sont
impressionnants. Au cours de la phase pilote, huit
4% enfants sur les 1 500 inscrits au programme sont
morts. Comparé au chiffre statistiquement attendu
2% de 137 décès (sur la base du taux de mortalité des
moins de cinq ans au Sénégal), c’est une extraor-
0%
1995 2000 2003
dinaire réussite. Même en admettant (comme dans
le cas de SIMpill) que l’échantillon de population
Sénégal Moyenne ASS Moyenne mondiale de l’étude pilote soit affecté d’un certain biais d’au-
Le taux de mortalité infantile recule au Sénégal, mais à un rythme ralenti tosélection, il est évident, du strict point de vue de
(« stagnation »), et beaucoup moins rapidement que la moyenne mondiale l’analyse coût-avantages, que le recours aux
Source: OMS, Banque mondiale
technologies de l’information et de la commu-

14 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

Pathologies présentées
Pour remédier à un tel déséquilibre, les respon-
sables du projet devraient envisager plusieurs
Nutrition
24% mesures combinées : relever les tarifs d’abonne-
ment* , accroître le nombre de familles abonnées,
Paludisme élargir la palette de services proposés. Pésinet
Infections et fièvre pourrait envisager de fournir d’autres services de
cutanées 11%
13% consultation aux mères (santé maternelle, plan-
ning familial, etc.).
Autres Pésinet doit aussi s’attaquer à l’aspect coûts. Il ne
11% faudrait pas que le développement des abonne-
ments s’accompagne d’une augmentation corré-
Maladies
diarrhéiques lative du nombre d’agents de pesée. Un meilleur
22% Infections recours aux nouvelles technologies permettrait de
respiratoires
19% réaliser des économies d’échelle. Avec des assis-
Source: Dr Massaer Dioum, médecin consultant
tants numériques personnels (PDA), les agents de
pesée n’auraient plus besoin d’entrer manuelle-
nication apporte une réelle valeur ajoutée. ment les données dans la base, de sorte qu’ils
Selon Awa Gueye, environ 20 % des enfants ins- auraient le temps de voir deux fois plus d’enfants;
crits au service, en moyenne mensuelle, ont peut-être même pourraient-ils prolonger leur tour-
besoin d’aller chez le médecin. Ainsi qu’il ressort née jusqu’aux localités rurales voisines de Saint-
du graphique ci-après, les motifs de la convoca- Louis. La transmission des données se ferait par
tion médicale correspondent étroitement aux cau- lots en fin de journée. Lorsque le médecin vou-
ses principales de décès des nourrissons et des drait examiner un enfant, il enverrait un courrier
jeunes enfants, ce qui prouve que le modèle Pési- électronique directement à l’agent de pesée sur
net de prévention sanitaire est réellement efficace son PDA.
pour réduire l’incidence des principales patholo- L’utilisation de PDA ne serait pas non plus sans
gies mortelles chez les très jeunes enfants en ASS. avantages pour les opérateurs réseaux, dans la
mesure où une transmission quotidienne de
Méthodologie données signifie un surcroît de trafic sur le
Un agent de pesée se rend deux fois par semaine réseau. Enfin, la croissance de la base d’abonnés
dans chaque famille pour procéder aux relevés de Pésinet entraînerait mécaniquement une
de poids des enfants inscrits. Après sa tournée hausse des rendez-vous médicaux et, partant, une
quotidienne, qui lui prend généralement la mati- intensification des communications entre méde-
née, l’agent entre les données recueillies dans la cins et agents de pesée.
base Access de Pésinet. Celles-ci sont transmises
par Internet, sous la forme de courbes de poids, Obstacles à la croissance
au médecin consultant, qui reçoit un courrier élec- Les technologies utilisées ne sont pas compliquées
tronique à chaque mise à jour des données. Lors- et ne font aucun obstacle à une montée en charge.
que deux relevés successifs lui apparaissent Il reste que la situation de trésorerie de Pésinet
suspects, le médecin adresse un courrier électro- n’est pas tenable. À l’heure actuelle, le service ne
nique au directeur du projet, qui contacte l’agent peut couvrir que 16 % de ses frais d’exploitation.
de pesée par téléphone. Celui-ci se rend alors au Le passage à une échelle supérieure ne ferait que
domicile de la famille concernée pour l’inviter à creuser, en termes absolus, le déséquilibre finan-
conduire son enfant chez le médecin (la consul- cier du projet et n’aboutirait qu’à augmenter la
tation est couverte par l’abonnement). charge qui pèse sur le partenaire, alors même
qu’il est prévu que celle-ci cesse son aide à Pési-
Perspectives de croissance net à compter de septembre 2005. *« À titre de comparaison, le
À ce jour, seuls 8 % des enfants de Saint-Louis sont prix d’une mangue en saison
est de 150 FCFA (0,26 USD)
inscrits au service, ce qui laisse entrevoir de for- Enseignements tirés du projet au Sénégal, où ce fruit est un
tes perspectives de croissance. Mais, pour cela, Pésinet illustre l’importance de concevoir des ser- produit courant » (What
Works: « Afrique Initiatives »
il serait d’abord nécessaire de revoir de fond en vices de commercialisation qui tirent le meilleur — Attempts at Combining
comble le modèle de fonctionnement économique parti des conditions locales. Le bouche-à-oreille Social Purpose and Sustai-
nable Business, p. 9). Autre-
et commercial de Pésinet, car, dans l’état actuel n’est peut-être pas la méthode la plus efficace pour ment dit, à l’heure actuelle,
des choses, les recettes couvrent à peine 16 % des commercialiser des services TIC à valeur ajoutée l’abonnement au service Pési-
net équivaut à peu près, par
frais. Le reste des revenus d’exploitation provient dans les pays développés, mais, dans un pays aux enfant, à l’achat d’une man-
d’Afrique Initiatives. communautés très structurées, avec un taux gue par mois.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 15


Études de cas

d’analphabétisme élevé et une tradition orale Avec le service Xam Marsé de Manobi, les agri-
extrêmement vivante, les pratiques de marketing culteurs suivent la situation des marchés en temps
fondées sur l’interaction locale représentent réel depuis leur champ ou leur exploitation, pour
sans doute la meilleure méthode pour attirer de vendre leurs produits au meilleur prix. Sa stra-
nouveaux clients. tégie étant de capitaliser sur l’aspect bidirection-
En écho au projet SIMpill, on retiendra aussi du nel des communications mobiles pour élargir sa
programme Pésinet l’importance d’adapter l’of- panoplie de services, Manobi a eu l’idée d’adap-
fre de services aux besoins locaux. Il est douteux ter les capacités de recherche et de sauvetage
que les opérateurs télécoms aient jamais envisagé mises à disposition des pêcheurs à d’autres
d’utiliser leur réseau pour analyser les courbes de usages tels que la géolocalisation, le suivi et la ges-
poids de nourrissons et de jeunes enfants au fil de tion de flotte de véhicules, ce qui a débouché sur
leur croissance. La leçon à en tirer, c’est que, pour la signature d’un contrat avec la Société des Eaux
peu que les infrastructures existent et que les capa- de Dakar. Les dispatcheurs localisent les véhicu-
cités humaines soient suffisantes, les individus et les de maintenance les plus proches des lieux où
les entreprises d’Afrique subsaharienne dévelop- une fuite a été détectée, d’où des délais d’inter-
peront des usages inédits et des applications inno- vention raccourcis et, du même coup, des écono-
vantes pour ces infrastructures. mies d’eau. D’après Manobi, chaque véhicule
envoie en moyenne 800 SMS par mois (soit envi-
IV. Manobi ron 24 USD générés par véhicule et par mois)19.
L’asymétrie de l’information entre les petits produc- Manobi a encore élargi son offre de solutions
teurs agricoles (pêcheurs et agriculteurs) et les inter- d’entreprises en proposant aux collectivités ter-
médiaires auxquels ils vendent leurs produits favo- ritoriales un service mobile de gestion du foncier.
rise les seconds au détriment des premiers, qui font Ce service exploite les archives municipales
généralement partie des ruraux pauvres. Une (titres de propriété, relevés cadastraux, etc.) pour
société sénégalaise appelée Manobi s’est donné pour fournir des informations très précises (eaux de
mission de corriger ces asymétries informationnel- percolation, etc.) aux acquéreurs fonciers poten-
les en offrant aux petits exploitants un accès en tiels. Ainsi, pour environ 8 USD par hectare,
temps réel aux prix de détail, gros, demi-gros des Manobi a équipé les employés municipaux de la
produits de l’agriculture et de la pêche sur les mar- communauté rurale de Sangalcam (Sénégal)
chés. Pêcheurs et agriculteurs peuvent ainsi envoyer d’assistants numériques personnels reliés à une
leurs produits sur le marché les jours où les cours base regroupant toute l’information foncière du
montent, ou à l’inverse les garder en stock ressort géographique de la municipalité. Outre
lorsqu’une offre excédentaire tire les prix à la baisse. les bénéfices sociaux qu’il induit en ramenant de
cinq mois à dix jours le délai nécessaire à l’ac-
Conception du projet quisition de terrains et en réduisant de façon
Manobi est un prestataire de services multicanaux drastique le nombre de conflits fonciers, le ser-
qui fournit aux professionnels du secteur rural séné- vice SIG de Manobi génère aussi trois à quatre
galais des informations sur leurs marchés respec- SMS par transaction20.
tifs. Fort de son expérience dans le secteur agri-
cole, le créateur du projet s’est d’abord axé sur la Méthodologie
diffusion d’informations de prix et de marchés Pour le service Xam Marsé, Manobi emploie des
auprès des agriculteurs. En 2003, Manobi a enquêteurs qui relèvent périodiquement les prix
conduit une analyse des besoins dans le secteur de de vente à l’étalage sur les marchés de Dakar et
la pêche artisanale, avec la participation de syn- de Kayar. Depuis leur portable, ils alimentent direc-
dicats de pêcheurs et d’opérateurs télécoms. Cette tement une base de données centrale, accessible
étude confirmait l’existence d’une demande pour sur le web ou sur n’importe quel portable par SMS
des services de communication bidirectionnelle en (par technologie «push»). Pour avoir accès à ces
mer : les pêcheurs voulaient prendre leurs infor- informations, agriculteurs et pêcheurs paient
mations sur les prix à la source, plutôt que de s’en environ 5 USD par mois, plus le coût des SMS.
remettre aux indications des intermédiaires venant D’après Manobi, un exploitant agricole génère en
s’approvisionner sur les plages. Par la suite, d’au- moyenne deux minutes de transaction WAP et
tres avantages sont apparus : les pêcheurs pou- l’équivalent de cinq minutes de communication
vaient consulter la météo marine en temps réel et, téléphonique par jour ouvré. Le revenu mensuel
surtout, être secourus par géolocalisation en cas global (voix et données) par abonné se chiffre à
de difficulté en mer, d’où aussi la possibilité pour 30 USD en moyenne, dont 12USD reviennent à
eux de souscrire une véritable assurance maritime. Manobi, et 18 USD à l’opérateur Sonatel21.

16 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

Pénétration de la téléphonie mobile au Sénégal


L’information circule aussi dans l’autre sens sur
le réseau de Manobi : les acheteurs peuvent

(x1000)
90
déposer une offre d’achat portant sur de gran-
80
des quantités de produits, Manobi servant
alors d’« agrégateur » pour l’ensemble des den- 70

rées fournies par les petits exploitants. C’est 60


ainsi que ces derniers peuvent vendre leurs pro- 50
duits à de gros acheteurs comme la base mili-
40
taire française de Dakar, qui commande chaque
30
mois entre deux et trois tonnes de fruits et légu-
20
mes. Selon Manobi, les transactions avec l’ar-
mée française génèrent à elles seules 18 USD 10

de trafic GSM par mois. 0


2000 2001 2002 2003

Perspectives de croissance Abonnés fixes


Abonnés mobiles
Manobi affirme que les exploitants agricoles
peuvent accroître leurs revenus d’au moins Source: graphique réalisé par l’auteur à partir des données de la Banque mondiale

30 %22, ce qui fait plus que compenser le coût


du service. Avec la diversification de son offre
de services (géolocalisation, cartographie, ges- tion de base à Kayar, un village de pêcheurs au
tion de flotte GPS-GSM, etc.), la société a de soli- nord de Dakar. Il reste que la couverture du pays
des perspectives de croissance, surtout si l’on par les réseaux de téléphonie mobile est encore
tient compte de la pénétration rapide de la télé- très lacunaire, voire inexistante dans les zones
phonie mobile au Sénégal (voir graphique ci- rurales intérieures, et que les petits producteurs
après), et des projections pour les années à de la filière fruits et légumes ou de la filière pêche
venir dans ce secteur. ne se sont pas précipités sur le système d’infor-
mation sur les marchés, même lorsque Manobi a
Obstacles à la croissance lancé une version de base gratuite*.
Manobi s’est cependant heurtée à de nombreuses Le lent décollage du service Xam Marsé montre
difficultés. Au départ, son réseau mobile n’était pas l’importance, pour la réussite d’un projet, de sus-
assez étendu pour assurer une couverture appro- citer en amont l’adhésion de toutes les parties pre-
priée au large des côtes. L’opérateur télécoms nantes, y compris et surtout des clients potentiels.
Sonatel a résolu le problème en installant une sta- Jusqu’à présent, Manobi a concentré ses efforts
sur le développement de son offre de services, au
détriment de l’aspect marketing et commercia-
Senegal
lisation. La Sonatel, qui détient une forte partici-
pation dans la société et qui, en tant que fournis-
seur réseau de Manobi pour sa plate-forme de ser-
Mauritanie
Richard-
Podor vices multicanaux, aurait elle aussi tout à gagner
Saint-Louis Toll d’une augmentation du trafic généré depuis le site
Matam de Manobi, pourrait également intensifier ses
Linguère efforts pour commercialiser les services de son
Dakar partenaire.
Thiès
Diourbel
Nayé Mali Enseignements tirés du projet
Kaolack
C’est Manobi qui a convaincu la Sonatel de pla-
Tambacounda
Gambie cer une station de base (BTS) à Kayar, illustrant
ainsi le rôle d’impulsion que peuvent jouer les ser-
Bignona Kolda vices à valeur ajoutée dans le déploiement des
Ziguinchor Kédougou
infrastructures. Réciproquement, l’expérience
Guinée- de Manobi montre que les opérateurs réseaux ont
Bissau
un rôle à jouer dans la commercialisation des ser-
* Depuis mai 2005, les exploi-
vices à valeur ajoutée proposés sur leur réseau. tants peuvent recevoir cha-
Océan Guinée Il serait souhaitable que d’autres pays subsaha- que chaque matin sur leur
portable un SMS gratuit de
Atlantique riens prennent exemple sur ce type de partena- Manobi les informant du prix
riat « gagnant-gagnant ». de leur produit de référence.

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Études de cas

V. MoPay
Selon certaines estimations, 81 % de la popula- d’une banque ou d’un commerçant membre du
tion subsaharienne serait « non bancarisée » et réseau MoPay et d’y enregistrer, via une simple
n’aurait donc aucun accès aux établissements interface web, son numéro de téléphone et (le
bancaires officiels. Les implications d’une écono- cas échéant) son numéro de compte bancaire,
mie informelle aussi généralisée sont nombreu- puis de choisir un code PIN. Si le client n’a pas
ses. La première est le risque de vol, qui n’est de compte en banque, il a le choix entre deux
que trop fréquent en Afrique du Sud. Corollai- solutions : soit il échange une certaine somme
rement, la difficulté de transporter des sommes d’argent liquide contre un message SMS sur son
importantes, surtout sur de longues distances, téléphone transférant le même montant sur son
impose des limitations géographiques aux trans- compte virtuel, soit il achète en liquide une carte
actions financières. MoPay/Visa qui fonctionne comme n’importe
Plus important encore, d’un point de vue socié- quelle autre carte de débit.
tal, est le fait que les détenteurs de liquidités, Les coûts de transaction sont à la charge du ven-
cantonnés au secteur informel, se trouvent dans deur. La commission s’échelonne de 3 à 5 % du
l’impossibilité d’utiliser leur argent pour créer montant de l’opération ; certains gros commer-
des richesses par l’octroi de prêts ou à travers çants paient un forfait par transaction. Le
d’autres instruments de crédits. Le multiplica- commerçant se voit attribuer un numéro four-
teur de richesse est incapable de fonctionner, nisseur lui permettant d’encaisser les paiements
puisque l’argent n’est pas dans le système. de ses clients. Une plate-forme hébergée
authentifie les utilisateurs finals et gère la
Conception du projet procédure de paiement mobile ((autorisations
MoPay est un service de banque mobile basé en de paiement, confirmations et règlements).
Afrique du Sud. Cette solution de paiement per- Pour effectuer un paiement par SMS, l’acheteur
met aux clients de gérer des services prépayés, expédie un message semblable à celui-ci : 2
de régler des factures ou de faire des achats par [option du menu principal : payer] > PIN > mon-
simple SMS assorti d’un code confidentiel ou tant > numéro fournisseur. Le service MoPay
code PIN (Personal Identification Number). vérifie l’identité de l’acheteur en comparant le
MoPay a été conçu d’entrée de jeu comme une numéro du téléphone portable et le code PIN
solution technologiquement neutre et indépen- avec les données client stockées dans la base,
dante de la plate-forme. Bien que la message- puis il envoie au vendeur un SMS de confirma-
rie SMS soit le vecteur privilégié des services tion, par exemple : « ABC Products : vous avez
MoPay, la plate-forme intègre un certain nom- reçu un paiement de 127,50 ZAR du portable
bre d’interfaces qui prennent en charge d’au- n° +2782505050 ».
tres modes d’accès : Internet, ATM (mode de Autre possibilité, c’est le vendeur qui déclenche
transfert asynchrone), IVR (réponse vocale la procédure de règlement. L’acheteur pré-
interactive). À la différence d’autres solutions sente une carte prépayée MoPay. Le système du
de banque mobile, qui nécessitent un matériel commerçant reconnaît dans l’acheteur un uti-
spécial comme une carte à puce ou une carte lisateur ID checker™ et transmet la demande de
SIM dédiée, MoPay conserve toutes les données paiement à MoPay, pour vérification d’ID.
sensibles sur ses serveurs. Sous son apparente MoPay envoie un SMS à l’acheteur, lui deman-
simplicité, ce système offre une meilleure dant de valider son achat en entrant son code
sécurité contre les risques de piratage que ceux PIN depuis le portable préenregistré. MoPay véri-
où les données sont stockées dans les termi- fie alors l’identité de l’acheteur en comparant le
naux mobiles. En outre, toutes les données sen- numéro du portable et le code PIN avec les don-
sibles sont cryptées, et un historique complet nées client stockées dans la base, puis il notifie
est établi pour chaque transaction de l’abonné au commerçant la réussite de l’authentification.
et chaque opération administrative. Le pro- Celui-ci achève la procédure de paiement et la
blème des chèques sans provision disparaît transaction correspondante (vente ou prestation).
également, puisque le règlement et la compen- Les données requises pour le paiement mobile
sation du montant de la transaction sont peuvent être soumises à la base de la plate-forme
immédiats. en différé, c'est-à-dire en traitement par lots,
selon les besoins des banques, des opérateurs
Méthodologie et des commerçants participants, ou en temps
Pour le client, l’utilisation des services MoPay réel, via une interface en ligne.
n’entraîne aucun frais : même le coût des SMS Comme le souligne le PDG de MoPay, Cobus Pot-
est pris en charge. Il lui suffit de se rendre auprès gieter : « L’important, nous disent nos clients,

18 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Études de cas

c’est non seulement que les systèmes MoPay ses concurrents. À la différence de ce qui se
leur permettent, à eux et à leurs propres passe pour les applications Java de banque
clients, de réaliser des économies substantiel- mobile, les risques sont ici limités à la sécurité
les, mais aussi qu’ils assurent un meilleur physique des serveurs de MoPay25.
niveau de sécurité et de service, et deviennent Début 2005, on dénombrait 134 prestataires de
ainsi un véritable facteur de développement de services ou enseignes de vente (franchises
leurs activités »23. comprises) utilisant le système MoPay ; selon les
« C’est un service d’un excellent rapport qualité- prévisions, ils devaient être au moins 350
prix, rapide et facile à utiliser», déclare Craig Bou- d’ici fin 2005#. Le graphique ci-après reprend
wer, PDG d’Aztec, une société spécialisée dans la les projections de ventes de MoPay : # Récemment (septembre

2005), MoPay annonçait


fourniture et la location de matériel de bureau. Bien que les projections soient supérieures qu’elle avait dépassé ses pré-
L’utilisation de MoPay a permis à cette société pour le segment bancarisé de la population, la visions de ventes et comptait
désormais 400 commerçants
d’économiser trois fois ce qu’elle aurait dû payer loi de Metcalf, selon laquelle la valeur d’un abonnés à ses services.
avec un système Speedpoint classique (la location réseau est proportionnelle au carré du nombre
* Les sceptiques ont tou-
d’un Speedpoint revient entre 600 ZAR et 1 000 de ses utilisateurs, devrait selon toute probabi- jours exprimé des doutes
ZAR par mois, rappelle M. Bouwer)24. lité se vérifier. Au fur et à mesure que progres- sur les capacités des entre-
preneurs (en l’occurrence
Autre avantage par rapport aux cartes de cré- sera la valeur du réseau MoPay, son adoption par des femmes) participant à
dit classiques, MoPay ne nécessite ni lecteur ni le segment non bancarisé devrait s’accélérer, l’initiative Grameen des «
téléphones de village », au
ligne fixe. Les fournisseurs ou vendeurs du mar- compte tenu d’un coût d’entrée proche de zéro. motif que ces femmes
ché informel peuvent ainsi émettre et recevoir Le tableau page suivante récapitule les princi- n’avaient aucune expérience
du téléphone et qu’elles
des paiements à moindre coût, tout en amélio- paux secteurs d’activités où opèrent les com- étaient pour la plupart illet-
rant leur trésorerie. merçants ou prestataires qui acceptent des paie- trées. À cela, le PDG de la
Grameen Bank, Muhammad
ments par l’intermédiaire du service MoPay de Yunus, répond : « Les gens
Perspectives de croissance banque mobile. me disaient toujours : “Elle
est illettrée, elle ne va même
Compte tenu de la pénétration exponentielle de pas savoir appuyer sur les
la téléphonie mobile en Afrique subsaharienne Obstacles à la croissance boutons et composer un
numéro”, etc. Et moi je leur
ainsi que du fort pourcentage de la population La société est entièrement autofinancée et répondais : “Il n’y a que dix
qui reste « non bancarisée », MoPay possède de libre de tout endettement, de sorte que les capi- chiffres. Si ça peut lui donner
un revenu, lui rapporter de
solides perspectives de croissance. Les avanta- taux d’investissement ne représentent pas un l’argent, d’appuyer sur ces
ges pour le consommateur sont évidents. La handicap pour la croissance. L’activité de chiffres, je pense qu’elle
apprendra en dix minutes.
protection contre le vol ainsi que la commodité MoPay n’est pas non plus inhibée par des entra- Ce n’est pas si terrible que
du service, notamment pour les envois de ves réglementaires. Quant à la couverture ça, d’apprendre ces chif-
fres.” Cinq ou six mois plus
fonds étrangers, comptent parmi les grands mobile, ce n’est pas un problème : elle ressort tard, je faisais une tournée
atouts de MoPay. L’attrait du service tient aussi à 90 % du territoire et 71 % de la population dans les villages pour parler
aux femmes qui avaient ces
à sa simplicité. Les commandes de MoPay sont d’Afrique du Sud. Peut-être le seul obstacle pour nouveaux téléphones, pour
faciles à apprendre, même pour des personnes MoPay réside-t-il dans le coût relativement élevé savoir comment elles se
débrouillaient. Elles étaient
illettrées*. Quant à la sécurité des comptes, des téléphones portables – et encore : n’importe toutes ravies avec leur télé-
MoPay soutient largement la comparaison avec quel portable standard accepte les SMS. Au phone. Tout le monde avait
son portable à la main. Au
milieu de la discussion, je
demande : “Avez-vous des
Nouveaux commerçants MoPay, par mois problèmes pour appuyer sur
ces boutons et composer un
numéro ?” Tout le monde
répond : “Non, on n’a pas de
problème, on peut le faire”.
400
374 Et une femme se lève et me
240 dit : “Dites-moi un numéro et
350
bandez-moi les yeux ; si je
306 n’arrive pas à le composer
300
272 du premier coup, je vous
rends mon portable.” J’étais
250 238
sidéré. J’étais sidéré parce
204 que j’aurais voulu que tous
200
170 les gens qui avaient douté de
136 la capacité de ces femmes
150
soient là. Rendez-vous
102 compte, c’était des femmes
100
68 60 66 qui n’avaient jamais vu un
48 54
36 42 téléphone de leur vie avant.
50 24 30
12 18 » Citation tirée du rapport de
0 recherche du WDR Stimula-
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 ting Investment in Network
Development: Roles for
Bancarisés Non bancarisés Source: graphique réalisé par l’auteur à partir des données MoPay Regulators, p. 372.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 19


Études de cas

Fournisseurs de services acceptants le service de paiement MOPAY


moment de mettre sous presse, MoPay annon-
IMMOBILIER DISTRIBUTION/VENTE AU DÉTAIL çait qu’elle se lançait dans la commercialisation
• Loyers • Cartes d’enseignes, cartes
• Taxes et frais de gestion multifonctions de téléphones portables à bas prix, neufs ou
• Sécurité • Vente par correspondance d’occasion.
• Contrats de services • Produits alimentaires et boissons -
• Location de box de parking Produits de consommation courante
(FMCG), livraisons Enseignements tirés du projet
L’engouement suscité par les services de MoPay
ENSEIGNEMENT SPORT ET LOISIRS
• Frais d’inscription • Cotisations de membre (club de golf, etc.) prouve qu’il existe un formidable marché pour
• Carte de restaurant universitaire • Billets (pour la saison/ les services de banque mobile. Pour répondre
pour une représentation donnée)
à une telle demande et commercialiser des ser-
TOURISME ET VOYAGES TIC/SITES WEB/COMMERCE ÉLECTRONIQUE vices similaires à ceux de MoPay auprès du plus
• Charges de multipropriété • Équipement bureautique – large public possible, mais aussi pour garantir
• Centrales de réservation contrats de services et de maintenance
• Frais de cotisation COLLECTIVITÉS ET CONSOMMATEURS la compatibilité à long terme, il faut impérati-
• Salons professionnels, foires et congrès • Abonnements presse vement que le service soit indépendant de la
• Billets d’avion • Publicité
• Prolongation de location de voiture • Amendes de circulation
plate-forme.

SERVICES PUBLICS/ÉQUIPEMENTS SERVICES FINANCIERS ET MÉDICAUX


COLLECTIFS • Assurance – primes
• Taxes municipales et indemnisations
• Factures télécoms et boîtes postales • Santé – cotisations et frais d’urgence
• Redevances télévision, • Microprêts et recouvrements
abonnements, reconnexions

Source: Cobus Potgieter, PDG de MoPay Systems, Inc

1 « Stimulating Investment in Network Development: le VIH a fait monter en flèche l’incidence de la tubercu-
Roles for Regulators », lose et accroît le risque de mourir de cette maladie, que
http://www.regulateonline.org/content/view/435/ le taux de mortalité par habitant est le plus élevé».
31/, p. 72. 11 Evaluation of the On Cue Compliance Service Pilot

Notes IKON : (http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRp


2 Données Banque mondiale, en dollars constants
t_FIN_29Mar05.pdf), p. 26.
(2000). 12 http://www.queensu.ca/samp/sampresources/

3 Voir « Réponses des petites entreprises à la libéralisa-


migrationdocuments/documents/2003/unaids.pdf
tion : l'expérience de cinq pays d'Afrique subsaha- 13 Evaluation of the On Cue Compliance Service Pilot

rienne », http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRpt
http://www.worldbank.org/afr/findings/french/ffin _FIN_29Mar05.pdf), p. 19.
d42.htm . Notes PESINET :
4 Via l’Afrique - Création de points d’échange Internet 14 http://www.who.int/whr/2005/media_centre/

(IXP) locaux et régionaux en vue de réaliser des éco- facts_figures_fr.pdf


nomies en termes financiers et de largeur de bande 15 Ibid.

(document de travail élaboré pour le CRDI et l’UIT à 16 What Works: « Afrique Initiatives » — Attempts at

l’occasion du Colloque mondial des régulateurs, Combining Social Purpose and Sustainable Business,
2004), http://www.itu.int/ITU-D/treg/publica- http://www.digitaldividend.org/case/case_afrique_i
tions/AfricaIXPRep-fr.pdf, p. 4 nitiatives.htm.
Notes SIMpill : 17
250 FCFA par mois pour deux enfants, 300 FCFA pour
5 http://results.org/website/article.asp?id=955
trois enfants et, au-delà, 100 FCFA supplémentaires
6 Cape Town TB Control Programme Report, City of
par enfant.
Cape Town Health Directorate, 2003, cité dans Eva- 18
Cité dans l’étude What Works: « Afrique Initiatives »,
luation of the On Cue Compliance Service Pilot: Tes- http://www.digitaldividend.org/pdf/afrique_initiati-
ting the use of SMS reminders in the treatment of ves.pdf, p. 9.
Tuberculosis in Cape Town, South Africa Notes MANOBI :
(http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRp 19 Manobi Business Plan, annexe A: Études de cas, Tech-

t_FIN_29Mar05.pdf). nologies, Services (confidentiel).


7 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/ 20
Ibid.
fs104/fr/index.html 21 Ibid.

8 Ibid. 22 http://www.manobi.sn/

9 Evaluation of the On Cue Compliance Service Pilot:


Notes MOPAY :
Testing the use of SMS reminders in the treatment of 23 http://www.biz-community.com/

Tuberculosis in Cape Town, South Africa Article/196/87/6411.html


(http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRp 24
http://www.bestkeptsimple.org/
t_FIN_29Mar05.pdf), p. 18. month/2005-1.php
10 Selon l’OMS, «1,75 million de personnes sont mortes de 25 M-banking systems which rely on applications on the

la tuberculose en 2003. C’est en Asie du Sud-Est que les handset itselfsystems, which rely on applications on
décès sont les plus nombreux, mais c’est en Afrique, où the handset itself, are vulnerable to hackers

20 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre les structures de la demande
Chapitre 2:
en TIC dans les pays en développement

« A l'heure actuelle, beaucoup de nouvelles applications de télécommunication


telles que le courrier électronique, le commerce électronique, le téléenseigne-
ment, la télésanté, la télémédecine confèrent autant d'importance, sinon plus,
aux services multimédias interactifs qu'à la seule connectivité vocale.»1

T
outes les cultures, à tous les niveaux connu la croissance la plus rapide du monde.2
de revenu, attachent une grande Dans les pays en développement (PED), la
importance aux technologies de l’infor- dépense moyenne consacrée aux télécommuni-
mation et de la communication et, au cations atteint 2 % du revenu.3 Une étude
cours des cinq dernières années, la téléphonie récente de Vodafone a révélé qu’« on a cru que
cellulaire en Afrique sub-saharienne (ASS) a la population rurale pauvre ne pouvait ou ne

BEGET LANCE LE BOUTON D’ALARME MOBILE

Beget Holdings développe des logiciels de télécommunication et propose en Afrique du Sud une solution qui transforme la plupart des
mobiles en systèmes d’alarme permettant d’avertir amis et parents en cas de problème et de leur indiquer en cinq secondes la posi-
tion du mobile appelant.

« Aujourd’hui, le SMSOS fonctionne sur tout téléphone à numérotation abrégée et possédant les fonctionnalités d’identification de l’ap-
pelant sur les réseaux MTM et Vodacom., » explique André Potgieter, dir. marketing de Beget. « Le système SMSOS est proposé par Exact-
mobile qui assure le service 24h sur 24 au travers de son centre d’appel tout en apportant ses connaissances et son expérience en matière
de technologie cellulaire. »

A la tête de SMSOS, Lize Gerber ajoute que le crime fait partie de la vie quotidienne, et se réjouit de la venue de la technologie SMSOS, qui
peut être utilisée dans toute situation de détresse (accident de la circulation et urgence médicale. « SMSOS est idéal dans toute situation où
l’on ne peut utiliser qu’un doigt. »
Potgieter explique que la numérotation abrégée SMSOS ou “bouton d’alarme”, envoie un message SMS prioritaire à chaque desti-
nataire présélectionné.

« Ce SMS contient les informations personnelles et de contact, ainsi que la position de la personne en détresse avec ses coordonnées GSM.
Les téléphones multimédia recevront aussi une carte de localisation. Prochainement, les abonnés Vodacom bénéficieront aussi de la fonc-
tion de suivi de mobile grâce au serveur de localisation qu’utilise ce réseau. »
D’après Potgieter, la localisation d’un mobile par le système dépend de la couverture cellulaire assurée par l’opérateur du réseau. « La pré-
cision de la localisation repose sur la densité des stations relais. »
Gerber indique que l’abonné principal en abonnement de base (environ 250 à 300 rands par an) peut enregistrer jusqu’à neuf “dépendants”
et six “répondants” et peut facilement tenir à jour ses informations par l’internet.
« Le système SMOS est automatique et peut traiter 100 appels par seconde, ce qui élimine les problèmes liés à l’erreur humaine ou à la
lenteur de réponse » déclare M. Potgiter. « Le système comporte aussi une fonction de journal qui permet de produire des états de suivi com-
plets pour chaque appel. »

Beget a passé un accord avec une société française pour la distribution du produit en Europe et avec une société australienne pour ce conti-
nent. « Pour ce qui est de la région, le SMOS sera commercialisé au travers d’un réseau de distributeurs qui seront prospectés au cours des
prochains mois, ce qui constituera pour eux une excellente occasion de développer leur marketing et source de revenus » conclut Potgieter

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 21


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

Couverture GSM en Afrique (2005)


ESPAGNE
TURQUIE Caspian
A he s
Athens
Ath Sea
S

Tange
Tanger Alger Tunis
O
Oran Constantine SYR
SYRIE Mosul
su
Rabat Mer Méditérannée CHYPRE LIBAN
B Berut
Be
erut Bagdad
CCasablanca Damascus
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MAROC Ghard
Ghardaia TUNISIA
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Tripoli ISRAEL jjerusalem
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e) Le Caire
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MAURITANIE MALI Port Sudan
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NIGER Red Sea
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Bamako BURKINA
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Kano N’Djamena DJIBOUTI
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NIGER
SIERRA LEONE D’IVOIRE
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GHANA
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via Yamoussoukroo Porto
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LIBERIA A Abidjan
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Douala Bangui JJuba Lake Turkana
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GUINÉE ÉQUATORIALE UGANDA
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Kisangani KENYA
Sao Tome Libreville
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O RÉPUBLIQUE RWANDAA Na
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Brazzaville
DÉMOCRATIQUE
DU CONGO BURUNDI Bujumbura
Buju
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Mombasa
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Pointe-Noire
Cabinda
Kinshasa
Kananga
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(ANGOLA) Dar es Salaam
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Océan Atlantique Luanda
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ANGOLA ub
Lubumbashi
MALAWI
Benguela
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Kitwe
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Lilongwe
ZAMBIEE MAYOTTE
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Lake Kariba
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MOZA
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MOZAMBIQUE arivo
Antananarivo
ZIMBABWE
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BWE Beira
NAMIBIE Bulaw
Bulawayo
BOTSWANA
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MADAGASCAR
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AFRIQUE DU SUD Walvis Bay
(Walvis Bay) Gaborone
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Pretoria Maputo
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Johannesburg
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SWAZILAND
SWAZILAN
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Maseru
Durban
Durban
Du
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LESOTHO
HO
O
1000 Km AFRIQU DU
AFRIQUE DU SUD
Cape Port
1000 Mi. Elizabeth EEas
East London
T
Town
Source: GSM Association

voulait pas dépenser pour des services de teurs avancent comme autant d’arguments
télécommunication mobile. En fait, dans bien contraires le faible revenu moyen par abonné
des cas, la demande rurale a largement dépassé (ARPU), la lenteur du retour sur investissement
les prévisions. »4 et les cadres réglementaires obscurs. A ces défis
Cette situation résulte sans aucun doute du rencontrés du côté de l’offre il faut aussi ajou-
manque d’infrastructure filaire « historique ». ter le fait que la demande diffère de celle ren-
Vodafone a remarqué qu’en Afrique du Sud 85 contrée dans les pays développés.
% des petites entreprises dirigées par des
noirs préfèrent le mobile au téléphone fixe5.Tou- Problèmes de mesure
tefois, le même phénomène se retrouve dans les En matière de demande de téléphonie mobile
pays développés où des petites entreprises de en ASS, le nombre d’abonnés est assez peu
plomberie ou de taxi, par exemple, n’utilisent significatif car, dans les zones rurales, un
que le mobile, ce qui indique que la mobilité poste téléphonique est souvent utilisé par plu-
inhérente aux téléphones mobiles est appréciée sieurs personnes. Il faut ajouter à cela la ques-
en tant que telle. tion de l’incertitude des données du revenu dans
Les taux historiquement bas de pénétration des les pays où des pans entiers de l’économie sont
TIC en ASS, couplés avec l’intérêt manifeste des informels. Selon Russell Southwood de Balan-
populations pour ces produits, auraient dû inci- cingAct-Africa.org, « les statistiques du revenu
ter les fournisseurs de technologie à conquérir en Afrique – en particulier au bas de l’échelle
ces marchés, mais jusqu’à présent les opéra- – se sont révélées de piètres outils d’évaluation

22 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

LG LANCE LE TÉLÉPHONE POUR LES MUSULMANS


cours monétaires de la banque centrale du Nigé-
ria (CBN), se trouvent hors du système bancaire
Le leader mondial LG Electronics, vient de lancer le nouveau télé-
officiel. « Le paiement électronique est à l’ordre
phone mobile F7100 Qiblah pour répondre aux impératifs de
du jour dans toutes les économies industriali-
prière des fidèles musulmans du Nigeria.
sées. Le Nigéria, à l’image des économies
émergentes, doit mettre en œuvre toutes les res-
Ce téléphone équipé d’une boussole indique La Mecque. Des
sources appropriées pour développer son sys-
fonctions d'alarme sonnent aux heures de prière. L'indicateur
tème de paiement, » a-t-il affirmé.
de la Qibla utilise un système d’orientation intégré en longitude
M. Lawal a aussi examiné l’état du système de
et en latitude qui, quand il est comparé avec le nord magnéti-
paiement de la nation et a déclaré que les 500
que, indique la direction de prière. Ainsi, le musulman, où qu’il
milliards NGN représentent environ 90 pour
se trouve, sait dans quelle direction se tourner et prier.
cent des liquidités injectées dans le système au
premier trimestre 2005. Cet argent qui reste
Selon Vishwas Saxena, représentant de LG, LG vise à servir les
dans le secteur non officiel génère des échecs
besoins spécifiques de la communauté musulmane du Nigeria.
de développement économique, diminue les
"Je connais des gens qui prient cinq fois par jour mais ils sont si
occasions d’intermédiation financière et réduit
occupés qu’ils manquent l’heure de prière. Ce téléphone leur dira
l’efficacité de la politique monétaire.9
quand prier et dans quelle direction se tourner," ajoute-t-il.
De manière quelque peu paradoxale, un man-
que d’infrastructure historique vient soutenir
Source : http://allafrica.com/stories/200502170084.html quo-
la demande de téléphonie mobile car les
ted in http://www.balancingact-
dépenses d’opportunité associées aux déplace-
ments physiques peuvent être bien plus élevées.
En l’absence de route et de moyens de trans-
de l’utilisation du téléphone mobile à cause des port, les services TIC prennent encore plus de
marchés informels et du peu de fiabilité des valeur. Mais les infrastructures physiques
données sur les revenus »6. influencent aussi la demande de TIC. Dans les
pays où les coupures d’électricité sont fréquen-
Les modèles d’utilisation varient d’un marché tes, il faut sauvegarder plus souvent les don-
à l’autre nées des systèmes de courrier électronique et
Outre le vif intérêt que les services mobiles sus- travailler hors connexion. De plus, les fonctions
citent en ASS, leur introduction a fait naître «un « stockage-retransmission » (en différé) sont
nouveau contexte commercial et opérationnel couramment utilisées dans les régions à faible
dans le secteur des télécommunications en Afri- capacité de transport ou à coupures fréquen-
que : la concurrence entre les opérateurs tes du courant.
concurrents de téléphonie mobile a provoqué L’accès à l’électricité influence également
l’émergence d’un environnement favorable à l’usage du mobile. Vodafone a remarqué que les
l’innovation et à la concurrence, »7 comme on personnes n’ayant pas l’électricité ont plutôt ten-
peut le voir dans les études de cas citées plus dance à emprunter un téléphone tandis que cel-
haut. les qui ont l’électricité préfèrent en posséder un.
La demande en TIC en ASS diffère profondé- Toutefois, la possession et l’accès au téléphone
ment des modèles de demande dans les pays ne se correspondent pas ; la même étude a
développés. Un usager y est beaucoup plus révélé un comportement d’accès identique
enclin à partager un téléphone plutôt qu’à le entre les différentes classes de revenu10 et que
posséder en propre ; un mobile est souvent la possession du mobile est moins liée au
davantage considéré comme un bien domesti- revenu que d’autres biens de consommation
que que comme un bien personnel. De plus, le durables.11
manque d’infrastructure filaire dépasse la télé-
phonie. Par manque d’infrastructure financière, Un consommateur rural n’est pas un consom-
y compris au niveau des terminaux de paiement mateur urbain
automatiques, 70 % des transactions au Nigé- Les TIC présentent pour les habitants des
ria sont faites en espèces.8 communautés rurales un fort potentiel de
Paul Lawal, Directeur général du système de croissance économique et sociale, peut-être bien
compensation interbancaire Inter-bank Set- supérieure que pour leurs congénères urbains
tlement System Plc du Nigéria, a exprimé son en raison du faible nombre d’alternatives. Les
souci du fait que plus de 500 milliards de nai- TIC réduisent les besoins de déplacement,
ras (NGN), soit plus de 20 pour cent des en- facilitent la recherche d’emploi et offrent un

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 23


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

ITOUCH ÉTABLIT SON ACTIVITÉ DE FOURNITURE DE DONNÉES EN AFRIQUE


meilleur accès aux informations du monde des
DU SUD ET SE DÉPLOIE AU MAROC
affaires. Même les communautés les plus pau-
vres peuvent profiter de ces avantages
La société de communication iTouch Plc fournit aux abonnés mobiles
Malheureusement, il est encore plus difficile
une vaste gamme de services d’information, de loisirs et de messa-
d’évaluer la demande TIC auprès des popu-
gerie tels que la mise à jour régulière de nouvelles, des alertes météo,
lations pauvres en milieu rural qu’en milieu
le téléchargement de sonneries et de fonds d’écran ou des machines
urbain en ASS. Les difficultés liées aux
de votation au nom de partenaires de communication, etc. Conscient
mauvaises routes et à la multiplicité des lan-
des opportunités du marché en Afrique du Sud, iTouch y a lancé le
gues entravent le processus d’enquête dans
modèle de canal direct (35050) en fin 2003 qui lui permet de vendre
ce secteur.
et fournir des services et des applications directement aux abonnés via
Les sociétés interrogées dans le chapitre Etudes
des numérotations abrégées de SMS surfacturés. Selon Wayne Levine,
de cas ont employé diverses méthodes d’évalua-
Directeur Commercial chez iTouch SA, iTouch aujourd’hui présent dans
tion de la demande pour leurs services. Dans la
25 pays est devenu le premier fournisseur sud-africain de services et
cas du Projet IKON, les fondateurs de la société
de produits sans fil à valeur ajoutée sur les marchés de grande consom-
se sont retrouvés à une conférence du Groupe
mation et auprès des entreprises : « Les statistiques de Vodacom mon-
d’utilisateurs Linux du Mali (AMULL). Ils étaient
trent que iTouch reçoit le plus grand nombre de demandes. »
tous les trois étudiants en médecine à l’université
Les demandes issues de la grande consommation prédominent et c’est
de Bamako, et s’intéressaient naturellement à une
pourquoi les services iTouch sont surtout orientés vers ce marché. «Nous
application liée à la santé. Le docteur Romain-
fournissons deux types de services, à savoir les « alertes » qui forment
Roland Tohoury a écrit sa thèse sur la contribu-
un ensemble d’informations et de rappels personnalisés envoyés au
tion de la télémédecine au diagnostic médical, en
mobile sous forme de message texte à l’heure indiquée par l’abonné,
étudiant les échanges entre un hôpital de Genève
et des services à la demande (MO) par lesquels l’abonné peut à tout
en Suisse, un hôpital de Marseille en France et
moment rechercher du contenu et des produits. »
l’hôpital Point G de Bamako au Mali.
Levine explique que les développements en cours montrent que les
abonnés sont très attirés par ces services A2P (application vers
abonné) grâce auxquels ils peuvent recevoir des informations et des « Partagez-vous votre téléphone avec quelqu’un d’autre? »
produits par un SMS. « Cinq pour cent de nos abonnés préfèrent les aler-
100
tes tandis que les 95 % restants préfèrent l’option des données sur 12%
90
demande. » La popularité des services 35050, offrant entre autres choix
80 88%
le téléchargement de sonneries et de fonds d’écran et autres gadgets,
montre bien cet engouement car c’est notre « premier produit », ciblé 70

vers les jeunes de 16-24 ans. Levine attribue la réussite du 35050 à la 60

jeune génération qui se montre « la plus affamée en terme de servi- 50

ces de données pour le téléphone mobile. » 40

Interrogé sur le profil des usagers, Levine a souligné une tendance inté- 30
ressante en ce sens que beaucoup de noirs sud-africains sont attirés 20
par les services iTouch et que iTouch SA a en fait « sous-estimé la popu- 10
larité de nos services auprès de la communauté noire, peut-être même 0
plus populaires qu’auprès des blancs.» Il relie cela au fait que si la majo- ne partage pas partage

rité des sud-africains blancs ont accès à d’autres moyens de commu- Source: Enquête SIMpill

nication, bien des représentants de la communauté noire ont un accès


limité aux terminaux de communication et se rabattent sur leurs télé-
Dans le cas de SIMpill, David Green travaillait,
phones mobiles pour rechercher des informations. »
après sa thèse doctorale en pharmacologie,
comme consultant sur des systèmes informati-
La croissance rapide de la vente et distribution des mobiles multimé-
ques de gestion et de suivi médical. Dans le
dias, associée à un marché de plus en plus orienté vers la personna-
même temps, sa mère suivait un traitement
lisation des appareils, les modes SMS abrégés, la surfacturation de SMS,
contre l’hypertension mais oubliait souvent de
tout cela génère en Afrique des conditions très favorables pour
prendre ses médicaments. Dr. Green com-
iTouch. Levine conclut en disant que « il y a bien une demande de ser-
mença par lui envoyer des SMS pour lui rappe-
vices à contenu dans toute l’Afrique » mais que iTouch reste très pru-
ler son traitement et il établit rapidement le lien
dent en ce qui concerne l’expansion au travers du continent car «la façon
entre les oublis de sa mère et ceux des patients
dont les africains mènent leurs affaires nous est encore inconnue. »
atteints de tuberculose. Un simple calcul du
(Source: http://www.balancingact-africa.com/news/back/balancing-
nombre de tuberculeux multiplié par le taux de
act_241.html)
pénétration du mobile en Afrique du Sud

24 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

« Avez-vous parfois du mal à lire les messages sur votre mobile ? »


convainc Dr. Green qu’en achetant des SMS en
grande quantité, il pourrait rapidement gagner
100
beaucoup d’argent. Il constitua alors sa société 9%
90
“The On-Cue Compliance Service” et proposa 91%
80
ses services à une clinique de Cape Town qui,
70
avec ses patients, avait déjà une population de
60
« clients » potentiels. Il les sélectionna alors par
50
le biais d’une enquête sur la façon dont ils res-
40
pectaient leur traitement et l’utilisation du
mobile. La compilation et la synthèse des 30

réponses permirent ensuite de construire le pro- 20

jet pilote pour le service. 10

Les résultats de l’enquête ont convaincu le Dr. Non Oui

Green que la technologie SMS était bien la solu- Source: Enquête SIMpill
tion au problème d’oubli. Les taux de posses-
sion de mobiles étaient suffisamment élevés, la
couverture correcte et les patients ne rencon- importantes sur un marché comme celui de
traient pas de difficultés à recharger leurs mobi- l’ASS où les consommateurs ont des difficultés
les. Par ailleurs, les patients ne s’embarrassaient de paiement.
pas de questions de promiscuité.
Suggestions pour une meilleure évaluation de
Cobus Potgieter de MoPay a suivi une formation la demande TIC dans les pays en développe-
en finance et a écrit sa thèse sur le commerce ment
électronique. Ayant réalisé que beaucoup d’afri- Dans son livre « The Fortune at the Bottom of
cains étaient déjà accoutumés à l’usage du the Pyramid: Eradicating Poverty Through
mobile et qu’il se passerait bien du temps avant Profits »12 C.K. Prahalad souligne quelques
que le PC atteigne le même taux de pénétration, points clés lorsqu’il s’agit de faire du marketing
Potgieter a décidé de cibler les services à auprès des plus démunis. Nombre de ses sug-
valeur ajoutée sur le réseau GSM. D’après lui, gestions portent sur l’adéquation du produit ou
il suffisait qu’il s’intéresse au grand nombre du service avec l’environnement visé. La notion
(estimé à 71 pour cent) de sud-africains n’ayant d’« environnement local » ne renvoie pas seu-
pas de compte bancaire ou de carte de crédit. lement au produit ou au service mais aussi à
De plus, les banques et les opérateurs de télé- une prise en compte des langues vernaculaires
com hésitaient à offrir ce service puisque la ban- et des contraintes imposées comme, par exem-
que mobile n’entrait pas dans le cadre de leurs ple, l’absence ou l’intermittence du courant élec-
activités premières. trique. Prahalad insiste aussi sur l’importance

Daniel Annerose de Manobi a rencontré des


syndicats de pêcherie et des opérateurs télécom “La réception sur votre mobile est-elle parfois mauvaise quand vous
pour tenter d’identifier quels étaient les besoins recevez des SMS de la clinique ? »
d’information non satisfaits dans l’une de ces 5%
100
industries dominantes du Sénégal. Alors que le
90 95%
projet avançait, Manobi s’est rendu compte que
80
le véritable avantage de cette technologie de
70
communication était la possibilité de commu-
niquer dans les deux sens. Les usagers pou- 60

vaient obtenir de l’information à la demande au 50

lieu de la recevoir passivement comme à la 40

radio et pouvaient même obtenir des données 30

aussi spécifiques qu’un titre de propriété. 20

10
Ces exemples mettent en évidence quelques éta- 0
pes fondamentales de l’évaluation de la Non Oui

demande de services TIC. Ces étapes s’appli- Source : Enquête SIMpill


quent à tous les marchés mais sont surtout

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 25


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

de l’évolutivité et du champ d’application. En aux normes sociales ou culturelles


raison de l’étendue de la « base de la pyramide couramment acceptées ? Les taxes
(BP) », les solutions développées doivent être douanières seraient-elles prohibitives ?
évolutives et les développeurs doivent viser toute
la « plate-forme » et concevoir des produits ou 5. Des problèmes liés à la localisation inter-
des services qui intégreront facilement de nou- disent-ils l’usage de cette technologie ?
velles fonctions au fur et à mesure des besoins. L’électricité et la langue sont des
De plus, les développeurs doivent être prêts à exemples de problèmes liés à la local-
éduquer les utilisateurs sur l’utilisation des pro- isation. Nombre de ces problèmes
duits et susciter ainsi la demande. Les dévelop- peuvent être résolus par une connais-
peurs doivent enfin et plus que tout être atten- sance approfondie du marché. Par
tifs au rapport qualité/prix de leurs produits à exemple, des ordinateurs à énergie
tous les niveaux de la chaîne de valeur. « Les solaire peuvent convenir en Afrique et
innovations de processus sont tout aussi criti- beaucoup d’applications libres ont
ques pour les marchés BP que les innovations été traduites dans des langues vernac-
de produit. » ulaires. Parmi les applications liées à
la localisation, on peut citer l’enreg-
Voici ci-après quelques règles d’évaluation de istrement fréquent des données sur
la demande en matière de TIC. disque là où l’électricité est souvent
coupée et les serveurs de messagerie
1. Partir de l’hypothèse que l’information est en différé là où la connexion à l’inter-
un bien positif, c.-à-d. que plus il y en a et net n’est pas permanente.
mieux c’est.
Formulé autrement, un accès accru à 6. La fourniture du service peut-elle être
l’information est un bien positif. assurée par l’infrastructure (réseau, phy-
sique, humaine)?
2. Rechercher les situations de dissymétrie de L’absence d’employés pour fournir
l’information. votre service ou d’un réseau pour le
Commencer par rechercher les transporter implique des coûts plus
marchés où les prix sont exagérément élevés. Mais ces situations peuvent
hauts (ou bas) par rapport à d’autres être l’occasion d’une intégration ver-
marchés comparables. Ce qui implique ticale. Manobi pourrait ainsi former les
que le prix reflète autre chose que de pêcheurs à l’utilisation de son service
simples facteurs de production comme de cotation du prix, lesquels pêcheurs
la main d’œuvre, les ressources, etc. deviendraient par la suite des
et incorpore une prime d’information « vendeurs » du service. De même,
(ou un rabais) incluse dans le prix. Pésinet pourrait éduquer les mères
aux avantages de son service pour
3. Existe-t-il des technologies capables de qu’elles deviennent elles-mêmes
résoudre cette dissymétrie ? Agents de Pesée.
Les années 1990 ont connu une véri-
table explosion des technologies 7. Evaluer les coûts d’opportunité: ce canal de
réduisant le coût de l’information. Le fourniture de service est-il le moins cher ?
faible revenu par tête en ASS freine le Dans le cas contraire, la part de
besoin de réinventer la roue et, en marché à conquérir n’est pas justifiée.
effet, la plupart des gains apportés par Vous n’arriverez qu’à créer une
les TIC résultent des aides implicites demande de service qu’un imitateur
du monde développé aux pays en avec une meilleure structure de coûts
développement, puisque ce sont les viendra exploiter.
pays les plus riches qui mènent la
recherche et le développement des 8. S’assurer que ce service sert les intérêts de
TIC. tous les intervenants.
Il suffit qu’un seul intervenant juge que
4. Sont-elles disponibles sur ce marché ? le service proposé ne répond pas à ses
Il faut rechercher pourquoi elles n’y sont besoins pour que naisse un frein à la
pas. Sont-elles illégales ou contraires croissance et à la réussite.

26 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre les structures de la demande en TIC dans les pays en développement

9. Analyse ARIO : Ce service est-il réseautage social génératrice de dépenses.


• Avantageux ? Cette application TIC Des services à valeur ajoutée (SAV) comme celui
fait-elle réellement baisser le prix de de Manobi aident à inverser cette tendance
l’information par rapport à d’autres auprès des populations pauvres mais d’autres
TIC ? SAV sont nécessaires pour les convaincre que
• Rare ? S’agit-il d’un canal de four- le téléphone mobile peut réduire les dépenses
niture nouveau ou peu exploité ? (en évitant la nécessité de voyager, par exem-
• Inimitable ?: c.-à-d. difficile ou ple) au lieu de les augmenter. Comme on le verra
impossible à reproduire ? dans le chapitre 7, les opérateurs de réseau peu-
• Organisé ? (Voir le point 6 ci-dessus) vent et doivent travailler avec les fournisseurs
de services pour commercialiser des services à
Conclusion valeur ajoutée en vue de stimuler le trafic des
Prahalad a identifié quatre éléments-clés déter- réseaux.
minant un marché prospère : création de pou-
1
“New Technologies for Rural Applications,” p. 77
voir d’achat, formulation des souhaits, amélio-
(Final Report of ITU-D Focus Group 7)
ration de l’accès et adaptation des solutions 2
“Africa: The Impact of Mobile Phones” Vodaphone
locales. Chaque élément montre bien l’impor- Policy Paper Series, Number 2, March 2005
tance de fournir ce que le client attend en quan- (http://www.vodafone.com/assets/files/en/AIMP_
tité désirée et à un prix acceptable. Une autre 09032005.pdf), p. 3
3
Ibid, p. 7
implication de ces quatre éléments est l’idée que 4
Ibid, p. XX
les clients à faible ARPU ne le resteront pas. En 5
“Africa: The Impact of Mobile Phones” p. 51
construisant l’infrastructure maintenant, les 6
http://www.balancingact-
opérateurs de réseau investissent en prévision africa.com/news/back/balancing-act_206.html
de la demande future de technologies de l’in-
7
“Africa: The Impact of Mobile Phones” p. 44
8
“ICT, Key to E-Payment Solution” Daily Champion
formation et de la communication (TIC).
(Lagos), 28 juillet 2005
9
http://allafrica.com/stories/200507280049.html
Un dernier mot de prudence cependant. Une 10
“Africa: The Impact of Mobile Phones” p. 46
récente étude menée par le DFID13 a montré que 11
Ibid. p. 47
la perception des consommateurs de la valeur
12
Prahalad, C.K., “Fortune at the Bottom of the Pyra-
mid, The: Eradicating Poverty Through Profits”
du téléphone mobile varie avec le revenu. 13
“The Economic Impact of Telecommunications on
Alors que les plus riches lui accordent une Rural Livelihoods and Poverty Reduction: a study of
grande valeur économique, les plus pauvres le rural communities in India (Gujarat), Mozambique,
perçoivent comme un luxe, une méthode de and Tanzania”

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 27


La desserte des zones rurales :
Chapitre 3:
de nombreux défis à relever

L’accès aux zones rurales : des contraintes La problématique du cœur de réseau


techniques La plupart des réseaux sont de nos jours
Le développement de l’accès en zones rurales conçus pour fournir des services liés à une
est un défi critique et stratégique pour les res- application :
ponsables politiques des pays en développe-
ment (PED) car les opérateurs télécom ont • Les réseaux téléphoniques publics commutés
jusqu’ici consacré leurs efforts vers les zones (RTPC) étaient initialement conçus pour les
urbaines. Plusieurs options techniques s’offrent télécommunications vocales ;
aux équipementiers pour lancer les services • Les réseaux de données comme les réseaux
TIC en zone rurale. Néanmoins, il convient internet (IP) fournissent des services internet
d’envisager en même temps l’accès et la pro- tel l’accès à la toile Web (www) et le courri-
blématique de cœur de réseau pour assurer la er électronique ;
connectivité en zone rurale. • Les réseaux cellulaires ou mobiles permettent
En effet, avant de penser à l’accès qui ne tou- les communications mobiles ;
che qu’une partie du déploiement de l’infra- • Les réseaux câblés prévus initialement
structure, certaines contraintes technologiques pour distribuer des émissions de télévision,
doivent être prises en compte. La qualité et la fournissent actuellement des services voix
pertinence de la technologie retenue pour la et données sur internet à un coût
fourniture de l’accès sera en fait déterminée par raisonnable.
d’autres éléments comme les réseaux dorsaux
existants, la qualité de l’infrastructure de tran- Désireux d’assurer l’accès aux zones rurales,
sit, le nombre de nœuds d’échange internet IXP, les opérateurs télécom existants s’appuient sou-
les capacités de liaison en fonction des infra- vent sur leur infrastructure dorsale existante.
structures télécom existantes, etc. Afin de maintenir la qualité de service et atti-
rer de nouveaux abonnés, ils doivent entre-
L’accès prendre une mise à niveau de l’infrastructure
Promouvoir le développement de TIC en zone existante (matérielle et logicielle) qui permet-
rurale est un grand défi et le bouquet de solu- tra de gérer et absorber efficacement un
tions choisies doit être économiquement satis- apport d’abonnés avec le surplus associé de tra-
faisant pour permettre une réduction du coût fic voix et données. Quand ils investissent dans
total de possession tout en garantissant les pro- des projets d’infrastructure rurale, les fournis-
fits pour les opérateurs télécom. On ne trouvera seurs de services ne prêtent pas souvent suf-
pas de modèle unique répondant aux contrain- fisamment d’attention à la continuité de la qua-
tes des opérateurs. Plusieurs facteurs détermi- lité du service car ils cherchent à optimiser
nent le choix des technologies d’accès pour une leurs revenus pour couvrir les immobilisations
zone rurale donnée, chaque région ou pays (CAPEX) et les frais d’exploitation (OPEX) afin
ayant ses caractéristiques, contraintes physiques d’obtenir ainsi un retour sur investissement
et infrastructures existantes propres. (ROI) rapide.

Vue simplifiée d’un réseau mobile

Mobiles Accès radio Transmission Cœur de réseau Applications


Source: Alcatel

28 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

La transmission
QUI SONT LES PROPRIÉTAIRES DE RÉSEAUX DORSAUX ?
La transmission sur un réseau de télécommu-
nication correspond au transport de l’informa-
Les opérateurs de dorsales sont ces fournisseurs de transport lon-
tion sur des fils de cuivre, de la fibre optique ou
gue distance dont les réseaux en fibre optique couvrent le territoire
par ondes hertziennes d’un point de réseau à
national ou continental ou même le globe entier, formant ainsi l’in-
un autre. On utilise les fibres optiques et les
frastructure fédératrice nécessaire à la communication mondiale.
micro-ondes en milieu urbain, les micro-ondes
Associés aux transporteurs de données locaux auxquels ils fournis-
et le satellite en milieu rural.
sent bande passante et connectivité, les opérateurs de réseaux dor-
La technologie du raccordement, terrestre
saux apportent la capacité et la connectivité internationales indis-
(radio ou filaire) ou non terrestre (satellite), per-
pensables pour accéder de n’importe où au contenu de l’internet.
met la transmission de la voix et des services
de données entre les réseaux de transit et d’ac-
La plupart des fournisseurs de services dorsaux proposent à d’au-
cès tandis qu’une technologie d’accès (ou tech-
tres fournisseurs des services d’accès à prix de gros qui peuvent pren-
nologie dite du dernier kilomètre) permet aux
dre la forme de connexions directes aux routeurs/commutateurs
détenteurs d’équipements terminaux (CPE) de
périphériques de leur réseau dorsal (services d’accès internet dédiés).
se connecter au réseau par l’intermédiaire d’un
Il peut s’agir aussi de ports de serveurs d’accès loués à d’autres
point d’accès (BTS, bornes WiFi, etc.).
réseaux dorsaux pouvant atteindre un point de présence (PoP) d’ac-
Les réseaux d’infrastructure (ou dorsales) assu-
cès. Les fournisseurs de services fédérateurs ont des PoP situés en
rent la transmission de la voix et des données
des points stratégiques avec une connectivité à grande vitesse à
entre réseaux nationaux et internationaux. Le
un réseau dorsal internet. Ils peuvent mettre à profit des infrastruc-
raccordement constitue une contrainte majeure
tures existantes (chemins de fer, pipelines ou réseaux électriques)
pour ce qui concerne le déploiement des infra-
lors du déploiement des câbles de fibres optiques afin de réduire
structures TIC en zone rurale en raison des lon-
les coûts de génie civil et d’accélérer l’implantation du réseau.
gues distances séparant les points d’accès
locaux et les équipements du cœur de réseau,
Les opérateurs de réseaux dorsaux, dont les fournisseurs de ser-
en général implantés en milieu urbain.
vices dorsaux (BSP), de services internet (ISP) et les opérateurs de
services locaux existants (ILEC), sont par conséquent les fournis-
L’importance des réseaux d’infrastructure
seurs d’infrastructure proposant des services de transport et de don-
Ce type de réseau dispose des équipements d’in-
nées enrichies. Ils interconnectent souvent des réseaux terrestres
frastructure requis pour assurer l’accès large
avec des réseaux sous-marins et possèdent parfois une infrastruc-
bande aux services de télécommunication de
ture dorsale internationale. Chaque opérateur de réseau dorsal peut
base et aux services à valeur ajoutée délivrés par
offrir un large éventail de services de transport et davantage. Les
les opérateurs télécom fixes et mobiles et les four-
opérateurs doivent être prêts à améliorer leurs réseaux dorsaux
nisseurs de services internet (ISP). Les réseaux
pour assurer la connectivité globale à des volumes croissants de
dorsaux nationaux offrent des moyens d’accès
trafic, à plus de bande passante tout en garantissant la disponi-
pour les communications et l’échange de données
bilité et la qualité du service.
au niveau national, plus rentables que s’il fallait

Du cœur de réseau à l’accès

MSC
ACHEMINEMENT DORSALE
Réseau d'accès Cœur de réseau
BSC
RNC
IP/MPLS
SGSN
Réseau Réseau GGSN
d'accès d'agrégation

Station ATM/MPLS
de base
Point de présence Point de présence
Commutateurs Commutateurs Commutateurs
de périphérie d'infrastructure de périphérie

Les opérateurs et le défi du transport des communications mobiles


25% du coût total d'un réseau mobile provient du transport, dont 75% d'acheminement

ATM: Mode transfert asynchrone MPLS: Commutation multi protocole par étiquette
BSC: Contrôleur de station de base MSC: Commutateur du réseau mobile
IP: Protocole Internet RNC: Contrôleur radio du réseau mobile
Source: Alcatel GGSN: Passerelle GGSN SGSN: Passerelle SGSN

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 29


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

louer des installations étrangères ou externes. Le L’installation de matériel en zones isolées doit
retour sur investissement à long terme de tels tenir compte des risques de vol et de vanda-
projets implique de faire appel à l’aide publique lisme. Il faut alors prévoir le surcoût d’un per-
sous forme d’aménagements réglementaires et sonnel de sécurité à mettre en place.
d’options de financement favorables. Des parte-
nariats entre les secteurs public et privé (PPP), Pénurie d’infrastructure
impliquant des gouvernements et des acteurs pri- Les populations rurales souffrent souvent d’un
vés, peuvent être envisagés pour le financement manque d’infrastructures de base : logement,
de tels réseaux d’infrastructure nationaux. services publics (santé, écoles, bureaux de
L’étape du développement du réseau dorsal poste), lignes de cuivre (lignes téléphoniques
national est incontournable pour garantir la fixes), courant électrique permanent, routes, etc.
connectivité du monde rural. Bien des pays d’ASS Ces pénuries endémiques rendent les investis-
qui n’ont pas encore de réseau dorsal et font sements moins rentables et compliquent les opé-
appel à d’autres pays pour assurer la connecti- rations de déploiement.
vité rurale, doivent supporter des coûts élevés de
fourniture de service et se voient contraints de Contraintes humaines
ne pas pouvoir étendre leur réseau. Les compétences humaines sont aussi une
contrainte car beaucoup des usagers potentiels
Comment assurer l’acheminement du trafic ne savent pas utiliser les nouvelles technologies
Trois dispositifs peuvent être mis en œuvre pour et doivent être formés. L’illettrisme est élevé dans
l’acheminement en zone rurale ou isolée. C’est en les PED et en particulier dans les zones rurale
fonction de la distance entre le cœur de réseau et d’ASS. Il importe de trouver une main d’œuvre
les équipements d’accès et en fonction de la den- locale pour installer et entretenir les réseaux, mais
sité de la population visée que l’on choisira le la rotation importante du personnel rend difficile
réseau filaire, le réseau hertzien ou le satellite. le recrutement de main d’œuvre compétente.
Les liaisons terrestres filaires peuvent ne pas
convenir en raison des investissements très Coûts d’entrée élevés
lourds (CAPEX) nécessaires à la couverture des Ces contraintes (longues distances, difficultés
zones rurales. De leur côté, les technologies d’accès, coûts de transmission et de génie civil)
radio et les applications satellitaires auront un ont pour conséquence d’élever fortement les coûts
impact sur les coûts et le temps nécessaires à
l’extension du réseau : on notera une diminu- UNE SOLUTION D’ACCÈS POUR AIDER À COMBLER LA FRACTURE NUMÉ-
tion des dépenses CAPEX grâce à une réduction RIQUE DANS L’HIMALAYA
des coûts de génie civil et d’ingénierie mais une
augmentation des coûts OPEX, pour le satellite En décembre 2004, le Bhoutan a présenté son projet de réseau de télé-
en particulier. Les coûts peuvent être particu- communication rural. Les défis que doit relever ce pays situé dans les
lièrement élevés en zone rurale isolée. hautes montagnes de l’Himalaya sont considérables. Sur les 201 cir-
conscriptions administratives du pays, 79 seulement sont connectées
Contraintes de l’opérateur à un réseau de télécommunication. Le haut relief accidenté interdisant
Divers paramètres rendent les zones rurales et la pose de câbles, il a fallu choisir une solution de réseau à faisceaux
les zones isolées moins attrayantes que les zones hertziens clés-en-main avec VoIP sans fil pour amener la voix et les don-
urbaines aux yeux des opérateurs télécom. En nées dans les zones rurales. Chaque abonné sera équipé d’un panneau
fait, c’est essentiellement une question de solaire, d’un téléphone et d’une petite antenne captant les émissions
coûts et d’opportunités de revenus. d’une station de base placée au centre du village.

Environnement complexe Alcatel prévoit de déployer ce projet avant fin 2006. Des équipements
Un environnement plus hostile et l’éloignement seront alors installés dans les montagnes himalayennes jusqu’à 4 700
géographique compliquent souvent la desserte m d’altitude. Certains sites sont à trois ou quatre jours de marche de
des zones rurales (en présence de collines, de la route la plus proche. La plupart des sites seront alimentés par éner-
montagnes, de vallées, de terres agricoles, gie solaire. Le réseau d’infrastructure sera établi avec des faisceaux hert-
etc.). Les travaux de génie civil et d’ingénierie ziens. Le réseau dorsal s’appuiera sur des liaisons radio et la techno-
génèrent des surcoûts et allongent le temps de logie de commutation sur un commutateur logiciel NGN tandis que le
déploiement de l’infrastructure. De même, le cli- réseau d’accès comprendra un système de radiocommunication point-
mat propre à l’ASS se répercute sur la concep- multipoint, des boucles locales radio et une solution de serveurs d’ac-
tion des équipements dont le fonctionnement cès large bande radio fixe avec VoIP.
peut être affecté par les hautes températures.

30 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

Des terminaux à prix modestes


d’entrée. L’investissement initial est élevé mais Les nouvelles générations de téléphones mobi-
les potentialités d’extension future le sont aussi les développés pour les marchés émergents sont
grâce aux nouvelles possibilités de mise à jour caractérisées par une conception originale en
logicielles des réseaux de nouvelle génération. En terme de design et de fonctionnalité. Les mes-
effet, il n’est parfois plus besoin de reconfigurer sages-clés devraient porter sur le prix modeste,
les processus à grand frais pour étendre ou faire le nombre de fonctions de base et la durée de
évoluer le réseau. Le coût d’acquisition de nou- vie de la batterie. Des taux d’analphabétisme
veaux abonnés ruraux est aussi plus élevé qu’en élevés, surtout en zone rurale, devront être aussi
zone urbaine car il faut mettre en place des mes- pris en compte lors de la conception des mobi-
sages et des campagnes de marketing spécifiques. les et faisant usage de la reconnaissance de la
Toutefois, des systèmes de franchisage peuvent parole et des icônes.
réduire les coûts d’entrée en faisant appel, par Prahalad, à l’instar de beaucoup d’analystes
exemple, à une entreprise privée locale pour le télécom, avance à propos de la réduction de la
service clientèle ou, comme dans le modèle éco- fracture numérique que le mobile possède
nomique Grameen Phone en achetant de la plus de potentialités que l’ordinateur personnel:
bande passante à prix de gros. « Les marchés émergents seront centrés sur le
mobile et non sur le PC ». Toutefois, l’impact
Faible rentabilité potentiel de l’accès à l’internet à large bande sur
En terme de profils d’utilisateurs, les usagers les communautés locales ne doit pas être
ruraux ont souvent des revenus plus faibles que négligé, surtout pour certaines applications
les urbains. La pénurie de compétences peut comme le téléenseignement, la télésanté et la
aussi affecter la rentabilité. Et il faudra beau- gouvernance en ligne, comme dans les cinq étu-
coup de temps avant de parvenir à une réelle des de cas déjà présentées. Il serait alors
sensibilisation et appropriation des TIC. sensé d’assurer la connectivité dans les servi-
Le retour sur investissement prendra par ces publics (écoles, centres de santé, bureaux
conséquent plus de temps qu’en zone urbaine de poste, etc.).
car il faudra former les usagers futurs et les
convaincre des avantages apportés par ces L’accès au micro-crédit
outils de communication. Les opérateurs doivent Le coût d’acquisition du terminal est un des obs-
donc tabler sur de grands nombre d’abonnés tacles majeurs à l’expansion du mobile parmi
pour compenser les moindres dépenses enga- la population rurale à petit revenu. On connaît
gées par ces consommateurs à bas revenus. Ils quelques exemples d’opérateurs télécom avisés
peuvent tout de même tenir compte des oppor- (Grameen Phone/Grameen Bank) qui ont
tunités d’appels entrants qui représentent 50 % apporté des solutions de microcrédit pour
à 60 % du trafic en zone rurale. aider des usagers ou des intermédiaires à
acheter un mobile et à former éventuellement
Zones faiblement peuplées une entreprise.
L’intérêt économique n’est pas évident du fait
que la densité de population ne suffit pas pour
compenser les coûts élevés d’installation, se tra-
duisant par une faible optimisation des sites de
BTS dans le cas de la téléphonie cellulaire. La
diminution du nombre de relais BTS nécessai-
Le programme du téléphone de village (TV) Grameen au Bangladesh
res à la desserte d’un nombre déterminé
est un cas bien connu montrant comment un service téléphonique peut
d’abonnés affectera le coût total de possession
être apporté à des habitants pauvres en zone rurale. Il s’agit de mobi-
et permettra de réduire les coûts par abonné.
les GSM en accès public appartenant et exploités par des femmes entre-
preneurs dans divers villages du Bangladesh. L’institution de micro-cré-
Comprendre le segment à faible revenu :
dit Grameen Bank apporte l’aide financière nécessaire à l’acquisition d’un
contraintes des utilisateurs finaux
mobile. La femme entrepreneur qui a acquis un mobile peut alors pro-
Les fournisseurs de services doivent être
poser un service de téléphone public dans son magasin, à son domicile
conscients des besoins en TIC des ruraux et
ou sur la place du marché. Le sponsor sans but lucratif Grameen Tele-
adapter leur stratégie de commercialisation et
com (GTC) achète à un prix réduit des unités de communication auprès
de distribution. Ils doivent prendre en compte
de l’opérateur Grameen Phone (GP), qui lui est à but lucratif. Le temps
le profil des utilisateurs, en promouvant les
de communication est ensuite revendu aux opérateurs TV à un prix rai-
bénéfices des TIC et en assurant une formation
sonnablement inférieur aux tarifs de détail.
à l’usage de ces technologies.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 31


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

UN MOBILE À 30 USD POUR LES PED


ser dans des communications téléphoniques.
A la suite d’une demande auprès des fabricants de mobiles par la GSM
Compte tenu du fait que les segments inférieurs
Association de développer et fournir un mobile à bas prix pour les mar-
d’ARPU peuvent aller jusqu’à 5 USD, les opéra-
chés des PED, Motorola a été retenu et s’est engagé à lancer un mobile
teurs télécom devraient offrir un choix étendu
à 30 USD qui sera disponible commercialement au début de l’année
d’options de recharge telles que des recharges
2006. Cette nouvelle génération de mobiles pour les marchés en déve-
moins chères (comme la recharge Nokia à 0,5
loppement laissera encore une marge au fournisseur tout en restant
USD avec une date limite d’utilisation) ou d’au-
fiable, avec une durée de vie de batterie satisfaisante (compte tenu
tres solutions de recharge par liaison radio (télé-
des difficultés d’accès à l’électricité).
recharge), ou par micro-bons d’achat. Certains
opérateurs offrent même des options de permu-
UN PC PORTABLE À 100 USD POUR LES ENFANTS
tation sans fil entre nations, qui permettent à des
Le MIT Media Lab développe aujourd’hui un PC portable à 100 USD. Ce
abonnés d’un pays d’envoyer des unités à
projet pourrait révolutionner l’éducation des enfants du monde
quelqu’un d’autre habitant un pays différent.
entier, dans les PED en particulier.
En permettant aux usagers de recharger leur télé-
Cette machine est basée sur un SE Linux, avec un écran couleur et une
phone sans passer par un débit physique ou une
alimentation électrique innovante (y compris un enrouleur de câble)
carte prépayée, les opérateurs peuvent réduire
et disposera de presque toutes les fonctionnalités sauf de stocker de
leurs coûts de production et de distribution (réduc-
grandes quantités de données. Ce portable robuste (caractéristiques
tion des OPEX) et diminuer le taux de volatilité (taux
actuelles : 500 MHz, 1Go et 1 Mpixel) disposera de fonctions Wifi et
d’abonnés changeant d’opérateur de réseau). La
mobiles intégrées et de plusieurs ports USB.
volatilité peut être aussi réduite par l’offre de ser-
vices supplémentaires en fonction de la demande.
Le projet est de distribuer ce PC par l’intermédiaire des ministères de
l’éducation souhaitant appliquer la politique de “un PC portable par
Fournir des services à valeur ajoutée abordables
enfant”. Des discussions ont été entamées avec la Chine et le Brésil.
Différenciation des services
De plus, des pays plus petits seront sélectionnés pour des tests bêta.
Les pouvoirs publics et les organismes de
Les premières commandes seront limitées à un minimum d’un million
réglementation ont un rôle important à jouer
d’unités (avec le financement approprié). Ce programme Préliminaire
pour l’ouverture de la concurrence et la réduc-
prévoit que les premières unités soient expédiées dès la fin de l’an-
tion des taxes douanières sur les équipements
née 2006 ou en début 2007.
et les services. Le coût des services télécom
demeure trop souvent élevé et pas toujours en
relation avec le revenu disponible de bien des
communautés africaines.
Utiliser les canaux de distribution appropriés Les opérateurs devraient être encouragés à pro-
Réseau de revendeurs poser des tarifs adaptés selon le niveau de ser-
Les opérateurs télécom devraient aussi dévelop- vice, le profil de l’utilisateur et les habitudes de
per un réseau de revendeurs en zone rurale consommation. En effet, il faudra établir une
auprès de boutiques téléphone, de détaillants, distinction entre les utilisateurs urbains et
de télécentres ou d’intermédiaires privés ven- ruraux afin de fournir le service approprié au
dant des minutes de communication, de manière segment voulu. Les segments à bas revenu
à toucher le plus grand nombre d’utilisateurs auront besoin de plus ou moins de services de
potentiels. Passer par des intermédiaires spécia- base et leur moindre consommation pourrait
lisés (individus ou centres communautaires) pré- justifier la différence de prix.
sente l’avantage de diminuer les coûts de ges- Des barèmes tarifaires sont indispensables
tion client pour les opérateurs télécom. C’est une pour favoriser la consommation et retenir les
des raisons de la réussite du Grameen Phone. utilisateurs en leur proposant des promotions,
des rabais et des offres spéciales. Des offres de
Nouvelles méthodes de recharge de mobiles groupe ou familiales associées aux solutions pré-
Les systèmes de paiement des mobiles doivent payées ou postpayées peuvent être d’excellents
être modifiés pour le service des abonnés à fai- moyens de fidélisation.
ble revenu. Les formules prépayées ont permis Enfin, la différence de prix des communications
de développer en masse les services mobiles sur prépayées et postpayées devrait aussi diminuer
les marchés existants mais le prix moyen de la dans la mesure où le système de prépaiement est
recharge est en général trop élevé pour les usa- devenu le modèle de référence dans les PED, en
gers les plus démunis. Beaucoup de ces utilisa- raison d’une part de la difficulté d’accès et, d’au-
teurs n’ont ni carte de crédit ni compte bancaire tre part, de la faible pénétration des banques dans
et ne disposent que de sommes minimes à dépen- les régions rurales en particulier.

32 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

DES SOLUTIONS INNOVANTES DE RECHARGE ÉLECTRONIQUE


D’autres fonctionalités de cœur de réseau peu-
vent être adaptées à un usage rural : Messa-
Le rechargement électronique permet aux utilisateurs de payer le reven-
gerie vocale instantanée sur le réseau cellu-
deur de leur choix pour la quantité voulue d’unités de communication
laire, messagerie texte audio (alternative des
comme s’ils disposaient de bons d’achat. Sur réception de numéraire
SMS), abonnement à mobilité limitée (FCS),
de l’abonné, le revendeur envoie un message de demande de paie-
messages d’alerte par SMS, etc. Ces services
ment au système de prépaiement. Le compte de l’abonné est alors cré-
pourraient être proposés accompagnés de
dité automatiquement et les deux parties sont averties de l’exécution
contenu local, en tenant compte de la
de la transaction. Le solde du compte est communiqué par SMS à
contrainte de l’illettrisme.
l’abonné.
En conséquence de la limitation des accès inter-
net par les voies classiques du fait de la péné-
Les solutions de recharge par liaison radio OTAR satisfont pleinement
tration limitée des lignes fixes dans les régions
les objectifs des opérateurs : davantage de revenus et des méthodes
isolées, la technologie cellulaire a aujourd’hui
simples et modernes pour les utilisateurs. Souffrant de coûts structu-
l’occasion de s’approprier l’usage de l’internet.
rels élevés pour les recharges standard, les opérateurs cellulaires lui
préfèrent les options électroniques ou par liaison radio (utilisant les
L’heure des données “sans fil” est arrivée
SMS). En supprimant les coûts de fabrication et de stockage liés à ce
Les services dits de deuxième génération
type de cartes, les opérateurs télécom vont pouvoir :
comme le WAP ou le SMS gagnent du terrain.
Des applications régionales innovantes
- augmenter facilement leurs marges sur chaque transaction de
comme la télébanque au Nigéria, par exem-
rechargement ;
ple, ou la diffusion des résultats d’élections
- augmenter le revenu généré et le nombre de la base d’abonnés en
au Kenya ont aussi favorisé ce développe-
lançant de nouvelles offres commerciales ;
ment. L’intérêt manifeste pour ces applica-
- améliorer leur offre en proposant une nouvelle méthode moderne
tions montre qu’il y a une réelle demande de
de recharge.
services de données. Le GPRS (General
Packet Radio Services) et EDGE (Enhanced
Les bons d’achat électroniques permettent aux opérateurs cellulaires
Data Rates for GSM Evolution) sont en cours
de proposer des forfaits prépayés à prix d’appel avec des micro-rechar-
de lancement sur un nombre croissant de
ges prépayées à destination des segments de marché à faible ARPU.
marchés de la région en même temps que
Des cas de réussite spectaculaires ont déjà été enregistrées sur des mar-
divers autres réseaux déjà prêts pour
chés émergents grâce à cette solution des bons électroniques.
GPRS/EDGE. Ces services permettant d’at-
teindre des vitesses d’accès internet plus éle-
Outre les bons électroniques, les transactions de recharge de personne
vées constituent une première réponse à la
à personne (PàP) constituent pour les opérateurs télécom un moyen
pénurie d’accès internet sur les marchés
complémentaire d’apporter aux utilisateurs plus de souplesse de ges-
émergents.
tion de leur crédit. Cette fonctionnalité PàP est très appréciée au sein
de la famille ou d’une communauté car le crédit peut être déplacé d’un
compte à un autre (d’un père à son fils, entre deux amis, etc.). Elle auto- MESSAGERIE VOCALE INSTANTANÉE (Push-To-Talk)
rise le déblocage d’utilisateurs prépayés ayant atteint leur limite de La messagerie vocale instantanée repose sur le principe des
crédit ou la date d’expiration. C’est aussi le moyen de transférer des émetteurs-récepteurs bidirectionnels (talkie-walkie). L’in-
petits montants de crédit à des proches ou à des personnes n’ayant pas troduction du dispositif PTT sur les réseaux cellulaires numé-
les moyens de s’acheter une carte de recharge complète. riques permet aux mobiles de se comporter comme des tal-
kies-walkies à portée illimitée entre les abonnés d’un groupe
Exemples d’opérateurs télécom ayant mis en place des solutions de fermé. L’utilisateur appuie sur un bouton de son mobile pour
recharge électronique : Smart Globe et Digitel (Philippines), Airtel (Inde), prendre la parole et envoyer son message sans composer de
Exelcom (Indonésie), Comvik (Vietnam) numéro. Le ou les destinataires reçoivent presque immédia-
tement le message. Il est inutile de raccrocher puisque cette
fonctionnalité est en mode connecté permanent.
Services et applications à valeur ajoutée
Une bonne connaissance des besoins des uti- AUDIO SMS
lisateurs ruraux facilitera la conception de ser- La messagerie SMS vocale traduit en paroles le texte du mes-
vices et d’applications à valeur ajoutée. Il sage SMS standard. Tous les types de service SMS peuvent
pourra s’agir d’applications développées par être traduits (présentation de numéros entrants, alerte, jeux,
des fournisseurs de services, que des opéra- etc.). C’est une solution intéressante pour les utilisateurs ne
teurs télécom pourraient revendre : téléban- lisant pas.
que, télésanté, télécommerce, applications
d’information sur les prix du marché, etc.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 33


La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever

Applications adaptées aux communautés


Il existe aussi des applications basées sur des com- rique, par exemple, même si elle nécessite de
munautés qui pourraient être fournies par des lourds investissements en matériel, permet de
intermédiaires de la communauté en vue d’amé- réaliser des économies d’échelle en terme
liorer les services publics et de réduire l’isolement. d’équipement et de personnel tout en amélio-
De nombreuses applications propres aux domai- rant la qualité de service. Elle permet aussi d’at-
nes de la santé ou de l’enseignement aident à teindre les objectifs de santé publique en pous-
réduire la fracture numérique qui sépare les sant les services de télédiagnostic jusqu’aux per-
zones urbaines et rurales. La radiologie numé- sonnes isolées des zones rurales.

DÉVELOPPEMENT DE SOLUTIONS DE TÉLÉMÉDECINE PAR SATELLITE UTILISATION DE WIMAX EN MODE FIXE

Le projet Healthware vise à favoriser le développement de solu- Soixante douze pour cent de la population indienne, soit 750 mil-
tions de télémédecine utilisant le satellite et en particulier les lions d’habitants, vivent en zone rurale, bien souvent sans accès
technologies de communications bidirectionnelles à large au téléphone et encore moins à l’internet. Pourtant, des
bande sur IP via un satellite (DVB-RCS). L’utilisation de ces tech- enfants vivant dans des villages différents peuvent se partager
nologies garantit la disponibilité de la capacité de transmission le même instituteur et interagir avec d’autres élèves en passant
à large bande depuis n’importe quelle installation médicale et par des réseaux sans fil à large bande. Une telle solution à un
ouvre de nouvelles possibilités d’applications très interactives prix raisonnable est par conséquent indispensable si l’on veut
comme la sollicitation d’un second avis médical ou l’assistance que le téléenseignement fonctionne dans ce contexte
chirurgicale en vidéo. Le téléenseignement en zone rurale n’est pas une préoccupation
propre aux pays développés. L’Australie, le Canada, et les États-
Le projet Healthware s’intéresse aussi aux questions d’interopé- Unis font un usage régulier du téléenseignement en zone rurale.
rabilité entre plates-formes DVB-RCS, d’intégration avec des solu- Sans se limiter au seul enseignement, la solution sans fil à large
tions mobiles et terrestres, des plates-formes de service et d’ap- bande peut être utilisée pour réaliser à distance des contrôles,
plication ouvertes en vue d’améliorer le déploiement et la poly- des diagnostics médicaux, et de l’assistance en situation d’ur-
valence de ces services. Ce projet cible en particulier la qualité gence. Ce type d’applications est déjà opérationnel en Afrique
de service pour assurer un service fiable, sût de bout en bout. mais son usage n’est pas encore répandu, car le réseau câblé large
bande n’est pas, dans la plupart des cas, accessible ou écono-
Healthware est un projet sur trois ans, mené par un consortium miquement viable partout.
de 19 partenaires européens comprenant la Commission Euro-
péenne et Alcatel.

34 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Miser sur les nouvelles technologies
Chapitre 4:
et les infrastructures existantes pour couvrir les
besoins en TIC des populations rurales pauvres
Les services voix et données (majoritairement Positionnement des technologies d’accès
des SMS) demeurent les principaux besoins de
communication dans les pays émergents et en
Fibre
développement, y compris en Afrique sub- optique

Bande passante
saharienne. Du point de vue de l’utilisateur final, WLAN
les zones rurales offrent actuellement peu 802.16
VDSL
d’opportunités aux technologies non vocales de DVB-S2 WLAN TD-SCDMA
transmission de données à grande vitesse. ADSL, Satellite 802.11 TDD UMTS
ADSL2plus CDMA2000 HSDPA
Toutefois, les services et applications à valeur EV-DV
DVB-S
ajoutée (SAV) et d’accès à l’internet devraient Câble Satellite CDMA2000
UMTS
ouvrir de nouvelles opportunités et contribuer EV-DO
EDGE
à combler la fracture numérique à l’échelle de Accès CDMA2000
commuté 1X
la communauté. GSM/GPRS
Le niveau de service ainsi que les profils des uti-
lisateurs et leur degré de maturité en matière Mobilité
Source: Alcatel
de TIC influencent fortement le choix des tech-
nologies d’accès car les besoins de bande pas- Cette illustration montre la position des différentes technologies
sante et de mobilité varient d’un marché à l’au- selon la bande passante et la mobilité. L’accès commuté utilise la
connexion voix classique sur le réseau téléphonique cuivre stan-
tre (voir la figure ci-dessus). S’il n’existe pas de dard. Les technologies « fibre optique », DSL et câble offrent les
solution unique pour les zones rurales, on peut bandes passantes les plus étendues mais ne sont pas, par nature,
toutefois reconnaître l’émergence de certaines mobiles. Elles conviennent au transport des données. Les tech-
tendances pour ce qui touche au côté économi- nologies GSM et CDMA offrent surtout des services mobiles voix et
que du déploiement des infrastructures. données en 2G tandis que la 3G élargit l’offre de bande passante,
d’itinérance et de mobilité ; enfin, de nouvelles technologies
comme le WiMAX et la 4G promettent la disponibilité d’un ensem-
Les solutions sans fil sont supposées être plus ble étendu de services haut de gamme pour la voix, les données
rentables que les solutions filaires en raison de large bande et le multimédia.
leur plus grande couverture et des moindres
besoins de travaux de génie civil. Elles peuvent
aussi être déployées plus rapidement (moins de d’importance demeure le déploiement de la
contraintes techniques liées à l’environne- technologie d’accès/radio déployée. Depuis 5 à
ment), ce qui se traduit par un gain de temps 10 ans, on a assisté à l’émergence de nouvel-
et d’argent. Autre supposition : il semble que le les technologies aux possibilités plus ou moins
service voix soit le premier besoin de commu- évidentes tant d’un point de vue technique
nication à servir et que par le biais de la télé- qu’économique. Deux possibilités de mobilité se
phonie mobile, il sera probablement un géné- détachent au niveau de l’infrastructure : l’une
rateur de croissance pour les opérateurs télé- en intérieur (WLAN) et l’autre en extérieur (cel-
com. La pénétration du mobile a été un succès lulaire).
en ASS, surtout en environnement urbain, et il La technologie sans fil utilisant le protocole IP
existe toujours beaucoup d’opportunités de pro- a connu récemment une forte progression
fits supplémentaires dans les zones non desser- technique et économique (WLAN, WiMAX,
vies pour les opérateurs de télécom alors que etc.). Elle a trouvé quelques applications dans
leurs marges et leurs bases d’abonnés sur les des produits du commerce (cartes WiFi, points
marchés urbains se stabilisent. d’accès) qui pour un coût modique permettent
Il existe à l’heure actuelle plusieurs solutions d’atteindre des débits assez élevés. Cette tech-
offrant la mobilité. Chacune d’entre elles ou cha- nologie évolue encore vers des débits large
que technologie impliquée, présente ses propres bande encore plus élevés, un meilleur traite-
avantages et inconvénients mais le facteur ment de la voix, etc.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 35


Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres

Ventilation des coûts d’infrastructure CAPEX selon les technologies


Comment apporter les services de voix mobiles
en zone rurale 100%
D’après Pyramid Research, la domination de la 90%
tendance “voix” devrait perdurer avec 86% 80%
d’abonnés 2G supplémentaires en 2008 (contre 70%
97% en 2004 et 2005). Les opérateurs vont 60%
investir dans des solutions intermédiaires peu
50%
exigeantes en CAPEX mais leur permettant
40%
quand même de miser sur des services voix et
30%
de tirer parti d’applications à fortes marges
20%
comme les communications internationales, l’iti-
10%
nérance et les SMS.
0%
Les réseaux cellulaires sont les vecteurs clés des 2002 2003 2004 2005 2006 2007
applications voix et données à couverture éten-
WCDMA
due. Les réseaux 2G d’aujourd’hui (GSM,
CDMA
cdmaOne, TDMA et PDC/PHS) représentent plus GSM
de 97% du marché de la téléphonie mobile. Avec
la fonction GPRS, le GSM offre un débit d’envi-
GSM, CDMA ET 3G
ron 40 kbit/s. Avec la version évoluée EDGE, la
bande passante du GPRS est triplée. CdmaOne Environ 75% des abonnés mobiles utilisent la technologie GSM, soit 1,8
(IS-95B) permet des débits de données de millions d’abonnés fin 2005. L’accroissement du nombre d’abonnés dans
64 kbit/s. les marchés en développement comme en Afrique, en Europe de l’Est et
en Asie du Sud-est reste élevé. Bien que les abonnements prépayés
réduisent le coût de possession pour l’opérateur, on note une nette ten-
Solutions pour les zones rurales
dance à la baisse de l’ARPU et qu’il devient de plus en plus difficile de
Des solutions efficaces et des modèles économi- gagner de nouveaux abonnés pour augmenter le revenu. Beaucoup
ques rentables pour les zones rurales sont d’opérateurs GSM pensent qu’ils pourront augmenter l’ARPU en pro-
décrits au chapitre « Développer des modèles posant de nouveaux services pratiques ou de loisirs aux abonnés exis-
économiques viables pour les opérateurs de tants. Les premiers de ces services à être introduits étaient basés sur la
technologie des SMS. Le GPRS appartient à la technologie 2,5G et a per-
réseaux en zone rurale ». On entend par « zone
mis l’introduction de nouveaux éléments de réseau pour le traitement
rurale » tous les endroits comme la rase cam- des flux de paquets de données. Cette solution offre une plus grande
pagne où la couverture cellulaire est insuffi- capacité que le SMS et peut servir de base aux opérateurs pour fournir
sante. Parvenir à assurer cette couverture à un des services SAV plus sophistiqués. La fonctionnalité EDGE en complé-
coût raisonnable relève du défi. ment du GPRS peut être déployée à un coût réduit par les opérateurs
pour fournir des services de données à grand débit avant de déployer le
WCDMA, ou éventuellement comme une technologie complémentaire
GSM 2G et CDMA 450 sont les deux principa- pour la couverture d’une zone suburbaine. L’introduction ultérieure de
les normes de téléphonie cellulaire capables l’accès de téléchargement de paquets à haut débit (HSDPA) apportera
d’assurer la fourniture des services voix et don- des débits de données de l’ordre de 8 Mbit/s.
nées et même l’accès à l’internet à bas débit Le CDMA a connu une forte croissance au cours de ces dernières années.
Le nombre d’abonnés CDMA dans le monde a augmenté de 130% par
auprès des abonnés ruraux.
an et s’élève à plus de 200 millions fin 2005. Le système CDMA2000 1x
est en cours de déploiement dans de nombreux pays afin d’y apporter
Le GSM est en service depuis 1995. Il a été la transmission de données à haut débit, d’améliorer simultanément
adopté par la majorité des opérateurs du l’efficacité et la rentabilité du réseau.
monde comme technologie 2G de référence. Sa Les systèmes de troisième génération 3G s’appuient sur un ensemble de
normes définies par l’Union Internationale des Télécommunications
base installée dans le monde et les pays déve-
(UIT) sous la dénomination générique d’IMT2000. Le principal avantage
loppés est considérable et a permis de réaliser des technologies 3G réside dans leur capacité d’apporter aux opérateurs
des économies d’échelle. Le GSM reste la pre- les moyens de fournir des services multimédias grâce à des améliora-
mière technologie en place en Afrique où ses tions significatives de capacité tant à l’échelle de l’abonné que de la cel-
abonnés disposent d’un vaste choix de mobiles. lule. Des améliorations apportées au réseau d’infrastructure permettent
aussi de fournir des services en temps réel sur l’infrastructure à commu-
Sa maturité le rend accessible au moindre coût.
tation de paquets. Des progrès enregistrés en matière de technologie
Toutefois, la difficulté d’optimiser les sites BTS des téléphones mobiles ont permis de produire des terminaux multimé-
augmente fortement son coût lors de l’installa- dias à des prix raisonnables. La norme 3G est établie, le spectre de
tion dans les zones faiblement peuplées. fréquence est disponible, des licences ont été octroyées et l’infrastruc-
ture est prête. Toutefois, si leur déploiement et les services correspon-
dants peuvent trouver leur place dans les marchés télécom équipés ou
La solution CDMA est aussi rentable et entre
éventuellement dans quelques villes de pays en développement, la 3G
directement en concurrence avec le GSM. Le reste loin de devenir une réalité dans les zones rurales.
CDMA est reconnu comme étant le système éco- Source: Piramyd Research

36 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres

nomique idéal pour les installations en extérieur, La diffusion de SAV (par l’internet) et d’appli-
et dans les zones rurales faiblement peuplées cations peut affecter la vie quotidienne de
(télédensité inférieure à 10%) grâce à la grande chaque individu et lui apporter de nouvelles
portée géographique de la fréquence basse de opportunités. De plus, en considérant les
450 MHz qu’il utilise, car chacun sait que la por- contraintes financières des utilisateurs ruraux,
tée augmente quand la fréquence diminue. Cette beaucoup d’applications appropriées qui utili-
capacité se traduit par des économies d’échelle sent des technologies d’accès internet à large
avec moins d’installations (moins d’investisse- bande par voie hertzienne (satellite, WiFi,
ments CAPEX) par rapport aux solutions à fré- WiMAX) peuvent être introduites pour leur uti-
quences plus élevées. Cette efficacité économi- lisation collective au sein d’écoles, de centres
que présente donc de réelles opportunités aux médicaux, de télécentres (boutiques internet).
opérateurs souhaitant couvrir des régions fai- Cette solution a l’avantage de favoriser la prise
blement peuplées et à PIB per capita faible. de conscience de l’existence et de l’usage des
Le CDMA peut assurer tous les services voix tout TIC, constituant ainsi un moyen de pallier le
en permettant des débits de données accepta- manque d’infrastructures et de services publics
bles (équivalents aux débits d’entrée de gamme en régions rurales et isolées.
du DSL fixe. Son principal inconvénient résulte
de la perte de qualité lorsqu’on veut augmen- Nous ressentons de plus en plus la nécessité de
ter la capacité pour servir un plus grand nom- disposer de réseaux et de moyens d’accès
bre d’abonnés, en particulier en zones à forte capables de supporter des applications gour-
densité. Le choix de mobile est réduit (petit nom- mandes en bande passante. Le marché, surtout
bre de fabricants, moins de fonctions) comparé dans le secteur des télécommunications, évolue
au GSM. La moindre capacité d’itinérance vers l’utilisation d’un nombre croissant d’appli-
pour les applications de services mobiles cations IP par suite de l’introduction et du
publics est une autre contrainte du CDMA. déploiement rapide des technologies d’accès à
large bande fiables et rentables.
Il faudra apporter plus que la voix pour aider
à combler la fracture numérique Fourniture de l’accès internet large bande
Des experts et analystes des télécoms pensent que L’accès internet à large bande peut être envi-
la fracture numérique entre le Nord (pays occi- sagé comme une solution durable dans les zones
dentaux) et le Sud (monde en développement) est rurales (péage) si elle est utilisée en partage ou
en train de se réduire en termes d’accès, en par- collectivement. Les applications sur IP offrent
ticulier avec l’adoption et la croissance rapides diverses opportunités pour les zones rurales, la
de la téléphonie mobile et la pénétration progres- condition étant de choisir la solution de trans-
sive de l’internet. Mais il reste encore une frac- port et les technologies d’accès appropriées.
ture numérique à l’intérieur des pays, au niveau
de la disponibilité des services TIC entre les zones Certains avanceraient que le projet de fourni-
urbaines couvertes et les zones rurales non des- ture de l’accès large bande est trop ambitieux
servies. La réduction de la fracture numérique parce que les utilisateurs ruraux ont surtout
est un défi stratégique que doivent relever les besoin des services voix, qu’ils sont trop peu for-
pouvoirs publics et les investisseurs privés, si l’on més ou intéressés pour cet accès internet. Il est
considère que les TIC pourraient servir d’outils vrai que l’intérêt pour l’internet naîtra d’abord
d’aide au développement. en milieu urbain. Cependant, l’idée est qu’en

Modèle de réseau

1 usager 5-75 usagers 1000-10000 Opérateur/Fournisseur


Réseau à l’étude usagers de services internet (ISP)

Accès Agrégation
- Lignes
- Cuivre - WiFi louées E1 - DSLAM PoP Fibre
CPE - Radio - DSLAM - Radio - Commutateur PoP
- Satellite Ethernet inter- optique
- Station - Satellite ISP
- Fibre optique - Concentrateur urbain
WIP
satellite Internet

1-5 km 10-30 km (plus si liaison par satellite) 100-1000 km


Accès Transit Agrégation Boucle interurbaine
en fibre optique
ISP: Fournisseur de services internet PoP: Point de présence CPE : Installation d’abonné
Source: Alcatel

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Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres

apportant l’accès à l’internet on pourra offrir sera couverte par les opérateurs de réseaux
des applications évoluées qui contribueront à fixes en complément de leurs services DSL et/ou
désenclaver le monde rural et à promouvoir la par les communautés locales aspirant à réduire
croissance économique. Le Projet IKON mon- la fracture numérique. Les opérateurs cellulai-
tre bien le potentiel de la transmission à large res désireux d’exploiter au mieux leurs bases
bande si les trois conditions (Accès, Disponibi- d’abonnés et leur infrastructure radio existante
lité, Prix) de M. Prahalad sont remplies pour les prévoient de créer de nouveaux services,
citoyens du Mali, hors Bamako. comme la DSL radio nomade, qui ne sont pas
proposés par leurs concurrents du monde
Réseau sans fil contre réseau filaire filaire.
Comme on a pu le voir précédemment, différen-
tes configurations sont possibles et il n’y a pas Grâce aux puissants processeurs récents, les
de solution idéale pour apporter l’accès à l’in- systèmes radio peuvent être une alternative à
ternet à large bande en zone rurale. Là encore, la ligne DSL partout où l’on ne peut pas la
le choix de la technologie s’appuiera sur divers déployer pour des raisons géographiques (zones
facteurs qui peuvent être économiques (contrain- rurales) ou économiques (manque de paires tor-
tes financières et besoins du marché) et liés aux sadées disponibles). De plus, des perfectionne-
infrastructures existantes. En l’absence d’infra- ments technologiques libèrent ces systèmes de
structure filaire, il est intéressant d’envisager la leurs entraves filaires et permettent l’accès
solution radio par satellite (surtout pour les nomade aujourd’hui en étendant l’accès mobile
régions isolées) ou l’IP sur la boucle locale radio dans un avenir proche.
(WiFi, WiMAX, etc.). Il sera aussi possible,
selon l’environnement, d’associer des technolo- Le réseau local public sans fil WLAN offre des
gies d’accès et de transmission différentes : com- débits élevés (plusieurs Mbit/s) sur n’importe
binaison de lignes louées, réseau hertzien, laquelle des 50 000 zones de couverture exis-
DSL, fibre optique, satellite et l’IP sans fil. tantes dans les aéroports, les hôtels et les cen-
tres de conférence. Pourtant, même s’il présente
DSL sans fil de réels avantages, le WLAN a une couverture
De nouvelles solutions sans fil viennent complé- limitée et offre peu de capacités de mobilité aux
ter les accès DSL par lignes fixe en régions fai- applications publiques. Le WiMAX (Worldwide
blement peuplées ou les accès mobiles 2G/3G Interoperability for Microwave Access), en
en région de plus forte densité, et permettent particulier dans sa version IEEE 802.16e,
d’interconnecter les usagers n’importe quand, dépasse ces limites et peut assurer la connec-
n’importe où avec un débit approprié. tivité large bande sur des zones de couverture
La dynamique du marché pour les technologies étendues. Grâce à la technologie radio actuelle,
de la boucle locale radio assurant la connecti- le WiMAX est capable de délivrer des débits de
vité large bande des résidences, des entrepri- plusieurs dizaines de Mbit/s sur une distance
ses et des zones de couverture WiFi, va chan- de plusieurs dizaines de kilomètres.
ger radicalement dès qu’augmentera la
demande d’internet à haut débit dans les Normes
régions faiblement peuplées. Cette demande Dans le domaine des systèmes radio, la
norme 802.11 de l’IEEE a rapidement envahi
le marché à cause de son faible prix et de ses
DSL : LA TECHNOLOGIE D’ACCÈS LARGE BANDE DOMINANTE EN ZONES
performances appréciables. La 802.11a offre
URBAINES
des débits élevés ainsi qu’une meilleure ges-
tion des ressources radio. La 802.16 améliore
La ligne d’abonné numérique DSL est une technologie d’accès mais des
encore les débits pour les applications en exté-
essais récents ont montré qu’elle peut être aussi utilisée comme une
rieur, en particulier pour les accès large
alternative des lignes louées ou le canal hertzien pour la transmission.
bande d’entreprise et pour la transmission
Les technologies filaires ont l’avantage d’être largement déployées en
WLAN. Les caractéristiques de l’accès large
milieu urbain. Elles possèdent d’autres avantages concurrentiels
bande radio mobile sont en cours de défini-
comme le fait d’être toujours connectées sans monopoliser la ligne télé-
tion dans la norme IEEE 802.20. Certains
phonique, facilement installées et rentables grâce au faible coût des
avancent que le WiFi a vu le jour grâce au pro-
modems et des abonnements. La contrainte principale étant la faible
cessus de normalisation.
portée, limitée à 5 km du central téléphonique.
La technologie de l’accès radio à large bande
supporte les principales applications suivantes :

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Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres

WIFI : UNE ALTERNATIVE POUR LA CONNEXION DU DERNIER KILOMÈTRE


• DSL sans fil : Tous les services de la DSL filaire
mais sans les fils. La technologie pourrait être
Les réseaux WLAN dépassent aujourd’hui leur rôle traditionnel au sein
introduite plus rapidement car il n’est pas
de l’entreprise et offrent le service d’accès internet à haut débit aux
nécessaire de modifier la ligne d’abonné au
personnes en voyage d’affaires ou aux résidentiels en déplacement,
niveau du commutateur public. Il est évident
dans les aéroports, les gares de chemin de fer, les hôtels et les cafés.
que des stations de base devront assurer une
En adaptant certaines de ses fonctions radio (en ajoutant des anten-
couverture suffisante.
nes externes, par exemple), on pourra utiliser économiquement le
• Transmission du WLAN : Poussés par les
WLAN en zones rurales à faible densité de population.
autorités locales à réduire la « fracture
Le WLAN s’avère surtout attrayant pour les hommes d’affaires en dépla-
numérique », les opérateurs cherchent de
cement qui souhaitent utiliser leur PC portable ou leur PDA (équipé
plus en plus à déployer la technologie WiFi
d’une carte WLAN) et se connecter à l’internet, au réseau de l’entre-
pour l’accès large bande dans les régions les
prise ou à des sites web locaux. Dans ces cas, le bon rapport bande pas-
moins peuplées. Toutefois, même si le WiFi
sante/coût fait du WLAN une excellente option pour une utilisation
offre une solution d’accès, la connexion aux
nomade en milieu très peuplé et en intérieur. Le WLAN est donc le com-
points de présence reste un obstacle. La
plément idéal des autres technologies d’accès large bande. C’est l’exem-
technologie d’accès radio large bande semble
ple vivant de l’accès radio large bande. Plusieurs raisons expliquent sa
être une bonne solution à ce problème.
croissance rapide : il répond aux besoins de connectivité des utilisa-
• DSL nomade/mobile : Ce nouveau concept a
teurs et les fournisseurs de service et les vendeurs d’infrastructures y
été rendu possible par l’apport de nouvelles
trouvent leur compte ; la réussite du WiFi vient conforter la crédibilité
technologies. Grâce à ses caractéristiques de
d’autres modèles économiques d’accès radio large bande. Son taux de
communication en aveugle, “plug-and-play”
croissance vertigineux est comparable à celui qu’a connu le DSL filaire.
et d’absence d’installation, il est devenu pos-
Les facteurs d’évolution et de réussite du WiFi sont actuellement ana-
sible de se connecter partout à tout moment.
lysés avec soin, reproduits et améliorés pour le développement du
La DSL nomade ou portable assure en tous
WiMAX
points la connectivité internet/intranet à
large bande à l’intérieur comme à l’extérieur
LICENCE
de la zone de couverture.
Les bandes de fréquence du WLAN sont actuellement libres, ce qui signi-
fie que le spectre peut être utilisé par n’importe quel opérateur dési-
Le satellite: une alternative pour la transmis-
reux de déployer une infrastructure WLAN, sans avoir affaire avec les
sion et l’accès en régions isolées
autorités de réglementation. WLAN n’est pas un vrai système mobile
Le satellite peut apporter au réseau la capacité
car il n’a pas le mécanisme de transfert intercellulaire rapide propre
de couvrir de vastes régions sous-équipées et
aux technologies d’accès radio mobile comme le GPRS et l’UMTS. Il offre
de déployer sans délai des éléments de réseau
néanmoins une mobilité restreinte avec accès large bande (ce qui le
pour téléphonie fixe et mobile ainsi que de nom-
rend idéal pour les PC) alors que l’UMTS de la troisième génération offre
breuses applications rentables comme la télé-
la mobilité sans limite mais avec une bande passante relativement plus
vision et la radio, la distribution de contenu par
étroite (adaptée aux mobiles).
distribution sélective fixe ou mobile et l’accès
à l’internet à grand débit.
TERMINAUX POUR L’ACCÈS WLAN PUBLIC
Tout PC portable peut recevoir une carte et acquérir ainsi la capacité
Cette technologie donne accès à l’internet
de connexion WLAN. Ces cartes WLAN sont facilement accessibles sur
mondial et donne aux ISP la liberté de placer
le marché à moins de 50 USD. Au cours du premier semestre 2003, 40
leur centres d’opérations presque n’importe où.
% des PC vendus aux Etats-Unis étaient équipés WiFi. On s’attend à ce
Il présentera donc, en matière de systèmes de
que plus de 90 % des PC vendus dans le monde fin 2005 en soient équi-
navigation et de localisation, l’avantage à court
pés d’origine. Les PDA sont fournis avec la connectivité GPRS et WiFi.
terme de permettre de pallier les manques d’in-
Ces derniers sont des moteurs qui favoriseront le décollage du WiFi car
frastructures dans certaines régions. Il faut
ils bénéficient d’une grande facilité d’utilisation en déplacement. Les
noter toutefois que l’accès internet large bande
cartes WiFi/GPRS bi-bande vont devenir rapidement des accessoires
devrait être envisagé tout d’abord pour les uti-
PC communs.
lisateurs professionnels avant de le passer à
l’utilisateur ordinaire, sans doute par l’intermé-
SÉCURITÉ
diaire de communautés.
Le déploiement d’un réseau WLAN sécurisé doit comporter une infra-
Des solutions d’accès par satellite constituent des
structure WLAN fournissant les fonctions d’authentification de l’utili-
alternatives aux solutions d’accès terrestres. Les
sateur, de sécurité des données, de détection et de suppression des
acteurs du secteur télécom observent les nou-
interférences, de refus de service et de détection d’intrusion.
velles opportunités qu’offrent les deux principa-
les tendances des télécommunications par satel-

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WIMAX : LA TECHNOLOGIE RADIO DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION OFFRANT À TOUS LA CAPACITÉ LARGE BANDE

WiMAX (Worldwide Interoperability for Microwave Access) est une technologie d’accès de réseau étendu dont les caractéristiques et les appli-
cations commerciales sont gérées par plusieurs entreprises au sein du forum WiMAX. WiMAX est avant tout une famille de normes et est lié
à la norme WiFi 802.16 de l’IEEE et ses variantes.

WiMAX est la solution pour :


- étendre la couverture actuellement limitée du WLAN public (hotspots) à des zones de couverture plus étendues (villes entières), la même
technologie s’appliquant en milieu résidentiel comme en déplacement ;
- couvrir des zones étendues pour la fourniture de services de données aux mobiles ;
- offrir un accès large bande “fixe” en zones urbaines et suburbaines où le réseau filaire est de mauvaise qualité ou le dégroupage est difficile ;
- combler la fracture numérique dans les zones faiblement peuplées où des facteurs techniques et économiques rendent le déploiement du
large bande très complexe.

WiMAX, complément naturel des réseaux mobiles et du WiFi


Les réseaux mobiles offrent mobilité et couverture nationale pour les services voix et données (à des débits modestes). WiMAX peut donc
se positionner comme une solution complémentaire capable d’offrir plus de bande passante à la demande, en milieu urbain en particulier.
Le réseau WLAN public, bien qu’ayant des avantages évidents, offre une couverture et une mobilité limitées. WiMAX lève ces limitations et
offre la connectivité large bande sur des zones plus étendues. WiFi et WiMAX sont aussi complémentaires en ce sens que le WiFi est bien
adapté aux transmissions à courte portée en intérieur (entreprise, résidence) tandis que le WiMAX assure les connexions à longue portée
en extérieur.

Problèmes de spectre et de réglementation du WiMAX


Les équipements conformes à la « norme » WiMAX seront autorisés à utiliser les bandes de fréquence sous licence ou non. La plupart des
pays ont déjà alloué le spectre, en général à des opérateurs alternatifs. Néanmoins, de grandes quantités de spectres sont en cours d’adju-
dication et certains pays n’ont pas encore défini de bandes de fréquence WiMAX. Des différences d’utilisation géographiques, et la possibi-
lité d’applications fonctionnant à l’aveugle, ont obligé le forum WiMAX à se concentrer sur les bandes 2,5 GHz et 3,5 GHz qui sont accessi-
bles sur 90% du monde. Quelques équipementiers travaillent aussi sur une solution 700 MHz pour un déploiement rural, même s’il n’existe
pas encore de cadre WiMAX pour le spectre 700 MHz, mais en sachant que la communauté WiMAX ne rejette pas totalement cette option
pour l’instant. Le spectre des 700 MHz, à l’instar des 450 MHz du CDMA pour les mobiles en zones rurales, bénéficie de conditions de pro-
pagation extrêmement favorables.

Opportunités pour les PED et les marchés non couverts


WiMAX est déjà perçu comme une source d’espoir pour les PED. La technologie de l’accès radio large bande à bas prix dans des économies flo-
rissantes comme en Inde et en Chine peut apporter les bénéfices de la croissance économique dans les régions les plus isolées sous la forme
du téléenseignement, par exemple. L’accès radio large bande est attrayant, non seulement à court terme par ses applications pratiques mais
à long terme par l’impact qu’il peut avoir sur l’art de vivre de millions d’habitants et sur le progrès humain par la dissémination de la culture
et de la connaissance. Dans les pays émergents, on voudra cibler d’abord les zones urbaines et suburbaines. La mauvaise qualité de la paire
torsadée interdit le déploiement généralisé de la DSL et favorise les technologies alternatives de transmission à large bande. Dans ce contexte,
le WiMAX se place comme une option de choix. De plus, la possibilité d’offrir simultanément des services large bande avec des services voix
va conduire progressivement vers le remplacement de la boucle locale radio à bande étroite. Des paramètres comme la disponibilité de lignes
fixes, la distance séparant l’unité distante du central téléphonique, les coûts de transmission et la télédensité gouverneront le choix de l’une
ou l’autre de ces solutions. WiMAX peut apporter l’accès large bande dans les régions éloignées et dans les régions en développement dans
le monde où l’accès voix de base ou l’accès large bande par le réseau filaire n’est pas économiquement faisable. Une version fixe de la norme
WiMAX, la 802.16-2004, peut être utilisée pour assurer la liaison de transport dans des réseaux cellulaires ou peut servir à améliorer signifi-
cativement les performances de couverture WiFi public en augmentant la capacité du réseau de transmission et en facilitant l’usage et le déploie-
ment de points d’accès WiFi. Un opérateur peut réduire significativement ses investissements préliminaires en éliminant les dépenses de déploie-
ment du cuivre ou de la fibre optique tout en levant le risque de rupture de service par suite de vandalisme ou de vol des câbles enterrés.

lite : l’internet large bande et les réseaux mobi- restre la même expérience que s’ils étaient
les à large bande de la prochaine génération. connectés à un site large bande urbain.
La technologie satellite peut être utilisée comme Avec cet objectif, plus le développement de solu-
une solution complémentaire d’accès. La com- tions hybrides incluant la transmission satellite,
binaison de solutions satellite large bande la DSL, WiMAX, GSM ou WiFi, cette infrastruc-
avec des solutions filaires et sans fil (DSL, WiFi, ture de réseau de la prochaine génération ren-
WiMAX, GSM) peut procurer aux utilisateurs dra tous les services de télécommunications et
d’une connexion large bande à une station ter- de loisirs accessibles à tous en large bande.

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Connexion d’usagers isolés aux réseaux publics à large bande

Densité d’usagers

Connexions
directes Isolée

Connexions
à la station
terrestre

Dispersée

Tout réseau
large bande Liaisons radio, WiMAX
ou DSL

WiFi
Groupée
Source: Alcatel

Les accès voix et données pour les communi- déploiement rapide d’une infrastructure large
cations professionnelles ou en région isolée évo- bande au moindre coût, même si elles sont
luent pour tirer parti des terminaux compati- encore perçues (cas des services voix et don-
bles IP peu chers. Les applications VSAT (Very nées) comme des solutions chères réservées à
Small Aperture Terminal) sont peu à peu rem- des niches commerciales. En fait, le coût de la
placées par de nouvelles applications IP et l’ac- bande passante satellitaire est considéré comme
cès satellite large bande. un facteur limitant du déploiement des services
individuels basés sur le satellite.
Le satellite autorise une palette étendue d’ap-
plications liées aux plates-formes de service RASCOM : UN SATELLITE POUR L’AFRIQUE
dans des domaines comme la distribution de
contenu, le travail de groupe, le téléenseigne- Ce projet, conçu pour couvrir tout le continent africain et de certaines
ment, le télétravail, la gestion de crise à dis- parties de l’Europe et du Moyen-Orient, entrera en service en fin 2006.
tance, l’autorisation de cartes de crédit, l’accès Il dispose d’un satellite en orbite géostationnaire utilisant les bandes
aux réseaux d’entreprise, etc. L’accès IP large Ku et C. Les réseaux terrestres associés au satellite comporteront des sta-
bande par satellite présente aussi une oppor- tions terriennes et des terminaux ruraux économiques alimentés par
tunité prometteuse de transmission pour les énergie solaire. Le système RASCOM aura les capacités nécessaires pour
connexions à bon marché entre les stations de établir sur tout le continent africain des liaisons de voix et de données
base 2G et 3G et le cœur de réseau. fixes, d’accès à l’internet et des services de radiodiffusion à large bande.
Ce sont presque 300 000 villages jusqu’ici isolés qui pourront finalement
Les prix des services télécom dans les PED res- se connecter. Des techniques de transmission innovantes, développées
tent plus élevés que dans les pays développés, pour ce projet, et les bénéfices des économies d’échelle réalisées pour
ce qui les rend moins abordables et limite le les terminaux, vont permettre de proposer des services de télécommu-
développement des TIC. Pour combler la frac- nication à des prix très bas, à la portée des populations locales. Le pro-
ture numérique, les gouvernements et les orga- jet tire son nom de l’organisation intergouvernementale RASCOM
nismes de réglementation se préparent à libé- (Regional African Satellite Communication Organization), qui représente
rer le spectre de fréquences satellitaires pour les intérêts de 44 opérateurs africains. RASCOM est par conséquent la
les services à large bande. Le satellite va jouer manifestation de la volonté des gouvernements et des opérateurs afri-
un rôle considérable dans le déploiement des cains de télécommunication de regrouper leurs efforts pour offrir au conti-
réseaux mobiles terrestres dans les régions fai- nent une infrastructure basée sur la technologie satellitaire. Cette ini-
blement équipées. Capable de couvrir de vas- tiative n’est pas seulement une réponse globale à un ensemble de
tes régions en l’absence d’infrastructures ter- besoins identifiés mais est aussi caractérisée, plus spécifiquement, par
restres, il convient parfaitement pour assurer l’offre de services de télécommunication économiques, matérialisant ainsi
une qualité de service égale partout et au le désir d’un service universel étendu pour l’Afrique. Il devrait aussi se
bénéfice de tous. traduire par une réduction des coûts d’exploitation (OPEX), le même satel-
En effet, les technologies radio, et satellites en lite étant à la fois émetteur et récepteur.
particulier, sont bien placées pour faciliter le

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LA NORME DVB-RCS
Des modèles économiques ?
L’accès internet à large bande ne devrait pas
La norme DVB-RCS (Digital Video Broadcast – Return Channel via Satel-
être envisagé pour une utilisation indivi-
lite) définit les communications bidirectionnelles à large bande sur IP
duelle. Tandis que le déploiement d’infra-
via un satellite pour offrir le même niveau de service (internet et télé-
structures pourrait être financé par des sub-
vision) que les systèmes terrestres, avec la même expérience d’utili-
ventions publiques visant à réduire la frac-
sateur pour les personnes non connectées par une ligne DSL. On anti-
ture numérique et à relancer les économies
cipe également le besoin proche d’une prise en charge du WiMAX via
locales, le retour sur investissement ne
le satellite.
sera pas aussi profitable que pour la télé-
Les réseaux à connectivité asymétrique constituent la première cible
phonie mobile (GSM ou CDMA) en raison
du système DVB-RCS. C’est également le segment type pour lequel, en
des dépenses CAPEX élevées et d’une crois-
milieu urbain dense, la technologie ADSL est la solution privilégiée. Tou-
sance lente du nombre d’utilisateurs, n’of-
tefois, en raison de son coût élevé et de sa portée relativement courte
frant que de maigres opportunités de
(4 km sur la paire torsadée), l’ADSL ne convient certainement pas à d’au-
revenu. Ses avantages pourraient être envi-
tres environnements. Toutefois, le méthode d’accès avec DVB-RCS
sagés néanmoins dans une perspective plus
convient parfaitement aux PME en milieux urbain et suburbain. Le
lointaine ; l’accès large bande peut contri-
moment venu, toute la base potentielle d’usagers et de résidents de
buer au développement local pour pro-
ces régions non desservies deviendra un marché cible. Comme les appli-
mouvoir l’enseignement, la santé et l’accès
cations exigent de plus en plus de connectivité, l’accès large bande DVB-
à l’information. Son impact et son retour sur
RCS est très bien placé en raison de sa capacité à atteindre n’importe
investissement pourraient être évalués sur
quel type de population sur de vastes étendues géographiques.
le moyen et le long terme : réduction de

Cette illustration compare les coûts du Comparaison des technologies d’accès selon leurs coûts
déploiement des principales solutions
Distance de transmission (km)
de bout en bout. Le coût de référence 1 5 15 30 50 100 1000
est celui du déploiement d’une solu-
tion DSL en zone urbaine par un 1
opérateur utilisant la boucle locale en Micro x2
mode dégroupé. En ordonnée, on voit village Satellite bidirectionnel BeB x4
le nombre d’usagers à desservir dans 10
le village tandis que la distance de
liaison entre le village et le réseau WiMAX BeB DSL
régional en fibre optique figure en Village
DSL
ou DSL (WiMAX) (µondes) x4
moyen
abscisse. La configuration DSL mini- 30 urbain DSL/WIMAX
Nbre d’abonnés connectés

male en milieu urbain de référence x2.5... x3 (Satellite)


est estimée à une centaine d’usagers Grand
village
DSL (fibre opt. avec peu
avec une distance moyenne de ligne 50 de travaux d’installation)
DSL de 5 km. En termes Prix de
d’équipements, on compte un DSLAM référence x1.5... x2
de grande capacité situé près du cen- 70
tral de l’opérateur et un modem DSL
Capex relatif vs ADSL urbain
de base chez l’abonné. Le coût est
doublé en présence de quelques Notes: Technologie d’accès BeB: Bout en bout Source: ALCATEL
dizaines d’abonnés seulement. Dans
les petits villages (moins de 10 abon-
nés) ou dans un habitat dispersé, la solution de bout en bout avec le satellite bidirectionnel est l’option la moins chère. Bien
qu’onéreuse aujourd’hui (environ 4 fois le coût DSL urbain), elle est indépendante de la distance de liaison.

Plusieurs solutions sont envisageables pour des villages de taille moyenne (10-50 abonnés). En bas de l’échelle (10-20 abonnés),
des villages à portée de WiMAX (15 km maxi) peuvent adopter cette solution pour quatre fois le coût de référence. Pour de plus
grands villages (+ de 20 abonnés), une solution d’accès de type DSL, WiFi ou WiMAX peut convenir, éventuellement combinée avec
un satellite pour la liaison longue distance. Pour les grands villages (+ de 50 abonnés), la solution optimale est l’accès DSL. La com-
binaison de l’accès DSL avec une liaison radio (jusqu’à 30 km) et une liaison de transport en fibre optique peut s’avérer intéressante
si les liaisons de transport restent réduites et si l’infrastructure passive est amortie sur 20 ans, avec un temps d’ouverture du marché
acceptable. Le coût moyen de bout en bout est de 1,5 à 2 fois le coût de référence. Il est intéressant de voir comment les coûts de
ces solutions vont évoluer dans les années à venir. Les technologies DSL sont prêtes mais des améliorations de coût de bout en bout
peuvent être encore apportées pour les configurations distantes, avec une réduction de l’ordre de 20%. Les coûts de dégroupage de
la boucle locale représentent la plus grande part du coût de l’accès DSL. Les technologies radio (WiFi et WiMAX) en pleine expansion
jouissent d’un plus fort potentiel de réduction du coût (de l’ordre de 30%), surtout pour l’installation (levée de la contrainte de visi-
bilité radio) et l’installation terminale de l’abonné (économies d’échelle). On prévoit que les solutions satellitaires permettront de
plus grandes réductions de coût (40% au minimum) grâce aux importants progrès technologiques attendus en matière de bande
passante satellitaire et d’installation terminale de l’abonné.

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l’exode rural, apport de nouvelles opportu- Réseaux de nouvelle génération (NGN)


nités professionnelles, création de nou- Les réseaux NGNs suivent une approche radi-
veaux emplois et perfectionnement des calement différente par rapport aux réseaux his-
compétences humaines. toriques car ils ne sont pas initialement conçus
pour une application spécifique. Au contraire,
Autres opportunités pour les pays en la nouvelle architecture de réseau permet l’in-
développement tégration de tous les types d’applications par le
L’industrie des télécom évolue très rapide- biais du dispositif de la « convergence des ser-
ment et de nombreux progrès technologiques vices ». Avec les réseaux NGN, des services spé-
vont révolutionner la façon dont les gens com- cifiques à un réseau donné pourront être pro-
muniquent entre eux, ce qui se traduira par de posés par un autre réseau de service. A titre
nouvelles opportunités pour les marchés émer- d’exemple, l’architecture ouverte d’un réseau
gents. Les technologies IP, par exemple, paquet est capable d’acheminer la voix. De
devraient attirer de nouveaux acteurs profes- même, des services mobiles multimédias seront
sionnels en particulier dans les pays en déve- proposés par les réseaux 3G et par les réseaux
loppement. d’accès sans fil.

Il convient de remarquer que des modèles d’en- Qu’est-ce que la convergence de services ?
treprises performants dans des pays dévelop- Divers services d’abonné peuvent être fournis
pés ne conviennent pas nécessairement aux par le même équipement de télécommunication,
PED même si des opportunités de progression le même terminal, la même liaison d’accès, le
par étapes apportées par l’innovation techno- même support de transport, le même élément
logique permettront l’optimisation des coûts, de contrôle ou le même logiciel d’application :
l’amélioration de la qualité de service et le c’est la convergence de services. Cette conver-
déploiement rapide. gence peut être mise en œuvre en divers points
Les PED, et en particulier leurs zones rurales, ou en périphérie du réseau. Ainsi, des vendeurs
ont fondamentalement besoin de services de de mobiles 2G+ réalisent la convergence de ser-
télécommunication tels que la voix à un coût vice au niveau du terminal. Un terminal i-Mode
réduit. Toutefois, les besoins évolutifs des ou un Smartphone offrent tous les deux des ser-
populations rurales après la mise en place de vices voix et données avec la possibilité de dépla-
TIC justifieront la fourniture d’autres services cer des informations d’un service à l’autre
que la voix, ce qui influencera en amont sur dans le terminal. Un serveur de réseau peut offrir
la conception initiale du réseau. Dans ce la convergence de services ; c’est le cas d’un ser-
contexte, les réseaux de la prochaine généra- veur de courrier électronique. La convergence
tion pourraient offrir un avantage stratégique de services peut évidemment avoir lieu au
à de nouveaux entrants en termes d’optimi- niveau de l’infrastructure du réseau : cas où l’on
sation des coûts et de développement futur des utilise le même commutateur de réseau IP
marchés. pour acheminer la voix et les données.

Evolution des télécommunications

Services large bande


Adoption de
orientés
nouveaux
utilisateur
services
• Tout équipement, toute connectivité
Services • Abonnement unique et authentification
• Personnalisation cohérente
large bande
• Synchronisation transparente
Nouveaux services
de connectivité
• DSL Expérience utilisateur
• WiFi fragmentaire …
• 3G

• Mobile voix
• LAN
• Internet

1995 2000 2005 2010


Source: Alcatel

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Impact d’un cadre réglementaire adapté


plus intéressantes de tels nouveaux services
Au delà des aspects technologiques, la déréglementation a exercé résident dans la diversité des applications
une influence considérable sur le mode de fonctionnement des intégrant des services de téléphonie, des don-
opérateurs. Par le biais du « dégroupage de la boucle locale », les nées et/ou de la vidéo internet. Le défi est de
organismes gouvernementaux de réglementation forcent les opéra- trouver des applications apportant suffisamment
teurs historiques à s’ouvrir à la concurrence. Ayant mis le pied dans
le central, les opérateurs alternatifs sont capables de rivaliser pour
de valeur ou d’intérêt pratique pour justifier la
gagner des abonnés locaux en prenant le contrôle direct du « dernier dépense supplémentaire dans l’esprit des abon-
kilomètre » de cuivre. Cette situation attise la concurrence entre les nés. Les architectures NGN apportent l’oppor-
opérateurs historiques, lesquels interviennent hors de leurs secteurs tunité d’augmenter les profits tout en réduisant
traditionnels, et les nouveaux opérateurs de réseau qui veulent tous les coûts d’exploitation et d’investissement. Les
acquérir les abonnés les plus intéressants en chiffre d’affaires. Les
NGN sont bien adaptés aux architectures de réseau et aux modèles
nouveaux opérateurs n’ont pas ce souci de déve-
commerciaux issus de la déréglementation. lopper une stratégie de migration puisqu’il leur
suffit d’opter d’entrée pour une solution NGN
1/1/2003 1/1/2004 1/1/2005 convergente leur permettant de fournir des ser-
vices voix et données.

Y a-t-il des opportunités pour l’Afrique subsa-


harienne ?
L’installation d’un réseau NGN permet aux opé-
rateurs d’atteindre aujourd’hui la rentabilité
Source: : ARCEP
tout en assurant l’évolution future du cœur de
Impact de l’extension géographique du dégroupage en France réseau. L’emploi de passerelles de média néces-
au cours de ces dernières années sitant peu de maintenance et d’emprise au sol
(Source: ARCEP) réduit les coûts d’équipement. La commutation
d’appel est rapprochée de l’abonné, ce qui réduit
L’accès haut débit a fortement augmenté en l’espace de deux ans
à la suite du dégroupage de la boucle locale. Le nombre des sites
les coûts de transmission. L’architecture NGN
est passé de 130 en 2001 à 900 en 2005, soit une couverture de assure la gestion et le contrôle de ports physiques
50 % de la population au lieu de 11 % en 2003. très distribués en utilisant un seul serveur d’ap-
pel central et permet d’implanter des capacités
de commutation là où il aurait été jusqu’alors éco-
nomiquement injustifié de desservir en raison des
Nouvelles sources de revenus pour les fournisseurs coûts élevés de création et d’exploitation d’un cen-
de services tre de commutation mobile (MSC). Il en résulte un
Les opérateurs de réseau tirent aujourd’hui la coût optimisé de réseau et une meilleure qualité
plupart de leurs revenus des services voix. Tou- de service fourni à l’abonné – un scénario
tefois, la concurrence animée au cours de ces gagnant sur toute la ligne.
dernières années a engendré un déclin progres-
sif des profits issus des services voix sur les mar- Les NGN apporteront aux pays PED d’autres
chés à maturité. Si les revenus des services voix opportunités permettant à de nouveaux acteurs
sont encore dominants en particulier sur les ou intervenants de distribuer une palette éten-
marchés en développement, les opérateurs due de services SAV et d’applications tout en
sont amenés à vendre plus de minutes avec minimisant leurs coûts OPEX et en contribuant
moins de marge. Cette perte de revenus, sur- de la sorte à la création d’économies d’échelle.
tout dans les pays où les appels locaux sont La convergence fixe mobile et les services
chronométrés, a été compensée dans une cer- basés sur IP tels que la voix sur IP pourraient
taine mesure par des revenus issus du RTPC être des évolutions technologiques intéressan-
pour les accès commutés à l’internet. tes pour les marchés émergents.
Comme les revenus « voix » tendent à chuter
encore et que la tendance à instituer des forfaits Les opérateurs télécom des pays en développe-
d’accès internet gagne du terrain, les opérateurs ment doivent faire à de nombreux défis. Le défi
des pays développés cherchent d’autres sour- majeur est de parvenir à assurer l’évolution du
ces pour compenser ces pertes. Ils recherchent réseau compte tenu de la faiblesse actuelle des
par conséquent de nouveaux services et appli- investissements, de l’incertitude, de la demande
cations évolués qui leur permettront de main- en stagnation, des crises politiques, etc. Vu l’état
tenir sinon d’étendre leurs bases d’abonnés afin actuel du marché, un opérateur a toutes les pei-
de conserver leurs profits. Les opportunités les nes à justifier l’investissement dans un plan de

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migration. Beaucoup d’opérateurs sont confron- ploitation ainsi que des coûts et revenus issus
tés aujourd’hui à un lourd endettement, à des des redevances d’interconnexion), les solu-
tarifs téléphoniques fixés par le gouvernement tions fixe/mobile contribuent à protéger les mar-
et à un futur politico-économique incertain. ges. De plus, cela permet l’arbitrage des distor-
Réussir à investir dans de telles conditions sions tarifaires en générant, par exemple, des
relève d’une « mission impossible » (sic). revenus à partir des appels entrants avec une
redevance d’interconnexion plus chère.
Il est toutefois possible d’aider un opérateur à
créer un plan d’évolution qui, sur la base des Plus important encore, les combinaisons
besoins actuels, définit les étapes nécessaires fixe/mobile donnent à l’opérateur l’occasion
pour réaliser l’évolution future du réseau. En d’entrer sur le marché VoIP, évitant ainsi que
particulier, il conviendra d’identifier les tendan- ses abonnés n’aillent rechercher un autre four-
ces fondamentales sur lesquelles s’appuiera le nisseur. Les téléphones bi-mode, combinant les
plan d’évolution. services cellulaires, WiFi/Bluetooth avec VoIP
Pourtant, quelques opérateurs réalisent que les exigent la mise en place de solutions de réseau
services NGN seront proposés sur l’infrastruc- appropriées pour exploiter toutes leurs fonction-
ture large bande qu’ils sont en train de déployer. nalités. Les solutions envisageables varient
Ce point crucial devra être envisagé lors de la selon les usagers ciblés (entreprises ou particu-
planification du déploiement large bande. liers) et la nature de l’opérateur (fixe, mobile,
MVNO). Toutes ces solutions sont aujourd’hui
Téléphonie Fixe/Mobile disponibles avec les technologies de la boucle
L’évolution des services de télécommunication locale radio (WiFi principalement) et vont évo-
place les usagers devant une telle pléthore luer pour intégrer les nouvelles technologies
d’équipements, d’abonnements et de numéros comme le WiMAX.
qu’ils réclament plus de simplicité.
Téléphonie par internet (TI)
Beaucoup d’usagers ont une ligne fixe de télé- Le monde de la TI a déployé des technologies
phone à domicile, un téléphone au bureau et un complémentaires pour les réseaux utilisés pour
mobile. Ils souhaitent ardemment n’avoir qu’un connecter les ordinateurs et leurs applica-
poste pour la téléphonie fixe et mobile avec un tions : ordinateurs centraux, systèmes UNIX et
répertoire unique, une boîte vocale unique et un Linux, PC, systèmes de gestion de base de don-
jeu unique de services qu’ils soient à la maison, nées (RDBMS), outils de gestion de la relation
au travail ou en déplacement. Ils ne veulent plus client (CRM), etc. L’internet a été récemment
se soucier de savoir quel réseau est disponible, adopté comme standard pour interconnecter les
quel tarif choisir ou de se charger de plusieurs ordinateurs sur les réseaux.
appareils pour parer à toute éventualité. En utilisant l’internet, on veut tirer parti des
capacités informatiques des systèmes connec-
La nouvelle technologie, associant la voix sur le tés ( «hôte» étant le terme générique de tout sys-
protocole internet (VoIP) et des téléphones bi- tème, terminal ou serveur connecté à l’internet)
mode avec une connectivité cellulaire et WiFi, ; le réseau n’a qu’à transporter des paquets. Un
peut offrir aux usagers un service sophistiqué paquet IP comporte principalement les adresses
avec un progiciel très simple et facile à com- de l’expéditeur et du destinataire plus une
prendre. En utilisant un routage optimisé, petite quantité d’octets (1500 en moyenne).
acheminant les appels sur le réseau le plus per- L’hôte A envoie à l’hôte B des paquets IP
formant (compte tenu des tarifs, des frais d’ex- jusqu’au premier routeur qui le redirige vers un
second, et ainsi de suite jusqu’à l’hôte B. Le
LE PROJET BLUEPHONE DE BT réseau transporte économiquement les paquets
IP en faisant de son mieux pour assurer la vitesse
Un consortium de sept entreprises dont Alcatel a été choisi en et la fiabilité. Il n’y a pas de mémoire entre les
mai 2004 pour lancer le « projet Bluephone » révolutionnaire, paquets, chacun étant traité séparément, si bien
première étape de la stratégie de convergence fixe/mobile de que les paquets acheminés entre A et B peuvent
BT. Dans l’étape de lancement, prévue pour 2005, BT proposera suivre des trajets différents. Aucun circuit n’est
à ses abonnées un téléphone qui se connectera au réseau filaire établi. Pour assurer la fiabilité, les hôtes utilisent
à domicile ou au travail ou basculera automatiquement sur le le protocole de contrôle de transmission TCP qui
réseau mobile Vodafone lors d’un déplacement. crée des flux cohérents de données de bout en
bout dans des paquets IP, en insérant des

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Architecture de réseau VoIP

Commutateur logiciel
Réseau de données
VoIP à l’accès
Passerelle
d’accès
EAI
Accès BE
Réseau RTPC
Accès LB
de données
STO/RNIS
STO/RNIS

Commutateur logiciel
VoIP en Longue distance Réseau de données

Passerelle Passerelle Central


Central
de transit de transit local
local
RTPC
Réseau RTPC
de données
STO/RNIS STO/RNIS

EAI: Equipement d’accès intégré LB: Large bande BE: Bande étroite
STO: Service téléphonique ordinaire RTPC: Réseau téléphonique public commuté Source : Alcatel

numéros d’identification pour contrôler l’ordre Comme la téléphonie n’est rien d’autre qu’une
de réception des paquets et qu’aucun paquet n’a application internet, toute entreprise même si
été perdu. En l’absence de contrainte de fiabi- elle n’est pas fournisseur de service, peut pro-
lité, le protocole de datagramme UDP est utilisé poser un service de téléphonie. MSN de Micro-
pour transporter des messages simples. Le soft, Yahoo, AOL, AT&T Call Vantage et Skype
réseau n’observe que le protocole IP. sont déjà actifs dans ce domaine.

46 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Chapitre 5: Comprendre la chaîne de valeur

Acteurs clés impliqués dans le processus du déploient leurs initiatives d’administration en ligne
développement des TIC pour faciliter l’accès aux documents publics, la
Les organismes gouvernementaux gestion des services administratifs, partager les
Le rôle du secteur public au niveau du contenu informations administratives et pour établir des
technologique des services télécom est régi par les connexions entre les citoyens et l’administration.
autorités de réglementation et les organismes de
normalisation. Les organismes gouvernemen- Les opérateurs
taux jouent un rôle très important dans le proces- Les opérateurs existants (télécom et ISP), et en
sus de développement des TIC, favorisent le particulier en Afrique subsaharienne, n’ont
déploiement d’infrastructures dans les zones pas encore beaucoup investi dans les zones rura-
non desservies et assurent ainsi la fourniture d’un les et isolées, même s’ils devraient le faire confor-
service universel. Il est manifeste que l’existence mément à leurs obligations de service universel.
d’une autorité indépendante de réglementation a Les marchés ruraux sont souvent jugés à risque
un impact positif sur l’efficacité du secteur télécom en raison des coûts d’entrée plus élevés et des
et peut accélérer le développement de réseaux. opportunités de revenu plus faibles (bas revenu
Les régulateurs et stratèges des TIC devraient per capita et faible densité de population) que
cibler la taxation afin de permettre aux opéra- sur les marchés urbains. Cependant, les opéra-
teurs télécom de baisser leurs tarifs et aux mar- teurs télécom africains doivent s’attendre à ce
chés ouverts de faciliter l’entrée de nouvelles que les marchés ruraux (abonnés à faible
entreprises privées. Sachant que les usagers à ARPU) se développent alors que les marchés
moyen et haut revenu constituent les marchés urbains (abonnés à ARPU élevé) vont commen-
les plus lucratifs, il va falloir rendre accessibles cer à saturer. En déployant des infrastructures
des licences et des financements spécifiques pour en zone rurale, les opérateurs peuvent augmen-
convaincre investisseurs et entreprises privées ter leur base d’abonnés et, de ce fait, leurs reve-
d’intervenir sur le marché rural. L’Afrique du nus ; les marges plus petites seront compensées
Sud a déjà mis en place de telles licences pour par un chiffre d’affaires plus important.
des régions mal desservies. Des licences sont à
l’étude pour d’autres pays subsahariens. Les fournisseurs de services et d’applications (SAP)
Les gouvernements et leurs administration sont Les SAP conçoivent des services à valeur ajou-
eux-mêmes de gros consommateurs potentiels et tée (SAV) destinés aux abonnés. Le SAP peut réa-

WiMAX : de nouveaux modèles économiques pour les opérateurs


Operateurs

Application Fixed Mobile ISP sur réseau hertzien Collectivité locale

DSL Boucle Complément de Concurrence Concurrence Collectivités réduisant le


locale radio l’ADSL en zones entre opér. histo. (régionale) entre « fracture numérique »
peu peuplées opér. histo.

Achemin. pour Zones peu Indépendance Réduction de la Réduction de la


WLAN peuplées des opér. histo. « fracture numérique » « fracture numérique »

DSL Nouveau service Nouveau service


nomade/mobile

Source : Alcatel

Les opérateurs se répartissent en deux groupes :


- les opérateurs intéressés par la mobilité, tels les opérateurs cellulaires et les fournisseurs de service
internet sans fil (WISP), la mobilité étant un différenciateur fort par rapport aux connexions fixes ;
- les opérateurs non intéressés par la mobilité : les opérateurs fixes et les collectivités locales, préoc-
cupées surtout par la fourniture de connexions DSL (fixe ou radio) au plus grand nombre de ménages.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 47


Comprendre la chaîne de valeur

Les donateurs
liser des économies d’échelle en recherchant des Les donateurs, en partageant les risques du
partenaires afin de capitaliser sur les canaux de financement de l’accès rural, rendent le coût
distribution des opérateurs télécom. Les fournis- d’entrée moins dissuasif pour les opérateurs
seurs de services et les opérateurs trouvent tous télécom. L’aide peut provenir du secteur privé
leur compte dans ce genre d’accord qui leur per- (taxe sur les opérateurs télécom), d’organismes
met d’atteindre la taille critique en terme nationaux (définissant des obligations en terme
d’abonnés. De tels accords commerciaux entre de fourniture de service universel) ou d’acteurs
SAP et opérateurs, encore peu nombreux en locaux intéressés à développer l’attrait d’une
Afrique, devraient avoir des effets positifs sur la région donnée. Une partie de l’aide pourrait
fourniture de services à un prix abordable. aussi provenir de donateurs internationaux :
agences de développement et organisations
Les usagers internationales (Nations Unies, Banque Mon-
Les usagers, particuliers ou professionnels, diale, Commission Européenne, Banque Afri-
peuvent devenir des demandeurs de TIC s’ils caine de Développement, etc.). L’aide financière
ont accès à un terminal à un prix raisonnable. pourrait se tourner directement vers les usagers
La pénétration du mobile dans la plupart des (coûts réduits pour l’achat de terminaux) ou
PED peut encore croître beaucoup et la indirectement vers le fournisseur de service.
demande augmentera à mesure que les tarifs Comme on peut le voir dans le rapport « Rural
baisseront et qu’apparaîtront de nouveaux ICT Toolkit for Africa » (boîte à outils TIC pour
mobiles dont les formes et les fonctionnalités l’Afrique rurale) de African Connection, une sub-
seront adaptées aux besoins des usagers à vention accordée au secteur privé est dite
revenu faible. La promotion des TIC et de leurs intelligente lorsqu’elle est axée sur les résultats,
avantages (meilleure qualité de vie, accès à la n’altère pas le marché et encourage la minimi-
connaissance et aux informations) passera par sation des coûts et la croissance du marché. Elle
la formation des individus à l’usage des TIC et donne le coup d’envoi d’un projet ou de la four-
par l’octroi de capacités d’accès au crédit. niture d’un service, en établissant des contrats
D’autres intervenants ont aussi un rôle à qui lient les versements aux livraisons effecti-
jouer et viennent s’ajouter aux fournisseurs ves de services aux bénéficiaires cibles.
cités ci-dessus.
De plus, l’aide extérieure, éventuellement publi-
Les services publics que, pourrait être justifiée lorsque :
Les services publics tireront profit de l’accès à
l’innovation technologique, en ce sens qu’ils • un projet pourrait être bénéficiaire mais est
pourront améliorer la qualité de leurs presta- considéré comme marginalement viable et
tions, combler le manque de ressources en des marginalement attractif à court terme pour les
sites éloignés et participer à l’interconnexion investisseurs et/ou faiblement prioritaire en
des mondes urbains et ruraux. Dans certains l’absence de la prime d’une subvention :
cas même, des économies d’échelle (personnels • un projet ne sera commercialement viable
et équipements/matériaux) seront possibles qu’à la condition que les coûts élevés de
grâce aux nouvelles technologies (radiologie démarrage soient financés en partie.
numérique, par exemple) remplaçant les
anciennes. Les femmes
L’apport de l’internet auprès des usagers Les femmes devraient être elles aussi impliquées
ruraux, au travers d’infrastructures collectives dans la chaîne de valeur en raison de leur capa-
ou distribuées (écoles ou télécentres) aura, mis cité à adopter rapidement et à promouvoir les TIC.
à part les profits, un effet puissant sur le déve- De nombreux projets dans lesquels des femmes
loppement des capacités humaines et des éco- sont des intermédiaires incontournables ont
nomies locales. déjà vu le jour : création et direction d’entrepri-
On peut prendre les TIC comme des moyens ses (Grameen Phone), ou développement et ges-
d’atteindre une croissance économique durable, tion de communautés commerciales virtuelles uti-
une plus grande transparence ainsi que la sta- lisant des plates-formes internet. Une approche
bilité économique et sociale. Les services proactive impliquant les femmes dans la prise de
publics pourraient intervenir, par le biais de « conscience des TIC est absolument nécessaire car
cybercafés » ou de « télécentres », pour piloter elles sont parfois exclues et n’ont pas accès à cer-
des programmes collectifs de promotion et d’in- tains domaines publics ordinaires (comme les télé-
formation des individus sur l’usage des TIC. centres) dans certaines cultures.

48 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre la chaîne de valeur

Création de valeur pour le développement Ce modèle de développement montre comment


des TIC dans les régions mal desservies les acteurs et les résidents locaux peuvent faire
Un nouveau modèle de développement fondé sur un véritable “bond en avant” socialement,
les TIC politiquement et économiquement en s’ap-
Comment des outils de communication comme puyant sur deux cercles virtuels convergents.
l’internet et le téléphone peuvent-ils contribuer
au développement de collectivités locales sou- Ce modèle révèle les éléments suivants :
vent désavantagées par manque d’aménage-
ments de base tels que l’eau potable, les rou- • Le manque d’infrastructure et l’illettrisme sont
tes ou l’électricité ? Pourquoi, dans ce cas, l’in- les deux causes principales de la grande pau-
vestissement en TIC ne serait-il pas non seule- vreté ; accéder à l’information pour prendre
ment utile ou prioritaire mais aussi économi- soin de soi-même, se nourrir, communiquer
quement réaliste ? avec ses pairs, développer des projets, etc.
Plusieurs études de cas comme Manobi et Pesi- peuvent être des conditions vitales pour des
net montrent comment il est possible de communautés isolées ;
développer des services de proximité, c’est-à- • Il est incontestable que les TIC constituent l’in-
dire des services répondant aux besoins quo- vestissement de communication le plus justi-
tidiens de base des organisations socio-écono- fié car il bénéficie d’un retour sur investisse-
miques locales et des personnes les plus pau- ment plus rapide que d’autres infrastructures
vres. Ces services doivent être identifiés loca- alternatives coûteuses. L’internet ne peut
lement en tenant compte du mode de vie des pas remplacer les routes manquantes mais
habitants, de leurs besoins réels et de leurs des services internet adaptés permettront de
revenus. faire meilleur usage des quelques rares
Le modèle présenté dans l’illustration suivante moyens de transport disponibles.
montre les diverses façons dont les TIC pour- • Du point de vue économique, les TIC
raient contribuer à un processus de dévelop- faciliteront la création de canaux de commer-
pement durable. Il est fondamentalement cialisation transparents qui permettront de lim-
basé sur l’offre de services locaux de proximité iter la spéculation et le risque de pénurie arti-
à très forte valeur ajoutée, à la différence de ficielle et d’améliorer la redistribution des
l’usage de l’internet dans les pays industria- bénéfices entre les divers intervenants de la
lisés. La notion de « marché transparent » chaine de valeur, du producteur au consom-
employée ici renvoie au commerce local (les mateur. Les gains de temps et d’argent ainsi
activités des producteurs et des pêcheurs uti- réalisés pourront être réinjectés dans de nou-
lisant les services Manobi, par exemple), tan- velles activités productives, ce qui relancera l’é-
dis que la notion de « santé » renvoie aux béné- conomie locale et suscitera la création d’em-
fices de services comme Pesinet qu’offre l’hô- plois, et justifiera l’apport de nouvelles
pital de Saint Louis du Sénégal aux habitants ressources de communication, etc. C’est le pre-
des zones les plus pauvres. mier cercle vertueux.

Un nouveau modèle de développement fondé sur les TIC

Demande de services de télécommunication

Développement social Développement économique local


Infrastructure
Santé de communication Marché
abordable transparent
Enseignement
Gains de temps
Financement Financement et d’argent
Gouvernance public privé
Besoins d’information
Stabilité rurale Création d’emplois

Manque d’infrastructure, illettrisme

Source : Alcatel Pauvreté

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 49


Comprendre la chaîne de valeur

Relever le défi de la fracture numérique


• Le second cercle vertueux est de nature
sociale et politique. Les TIC peuvent
Attirer le financement
servir d’outils pour soutenir la mise en public et privé 3 Déploiements à grande échelle
œuvre d’initiatives de santé pour
lesquelles les campagnes d’information Modèle économique
revêtent tant d’importance. Dans les et social
domaines de l’éducation et de la société, 2 Projets pilotes … fonds d'amorçage
l’internet a la capacité d’améliorer les
échanges entre les services publics et les
habitants ainsi qu’entre les autorités cen-
1 Expériences locales … encourager les initiatives
trales et locales. Il permettra une plus
grande transparence de la gestion des Source : Alcatel

institutions, ce qui ira dans le sens des


objectifs d’une bonne gouvernance, et com- sur l’usage et les services, dans laquelle la
pensera le manque d’infrastructures de trans- technologie n’est pas une fin en soi mais un
port et la pénurie de dirigeants locaux. outil. Le potentiel, énorme dans ce domaine,
peut s’exprimer par une multitude d’initiati-
Stratégie de mise en œuvre d’infrastructures basée ves basées sur les compétences individuelles
sur l’utilisation ou par des petites entreprises créatives et
Le manque de disponibilités d’investisse- dynamiques capables de développer de nou-
ment constitue le principal obstacle à l’instal- veaux services de proximité. Ces initiatives
lation d’infrastructures de télécommunications méritent soutien et mentorat. Les organismes
dans les PED. Ce problème est plus crucial publics joueront un rôle important en créant
encore dans les zones rurales toujours mal les conditions favorables à la matérialisation
desservies. Il faut donc une approche basée lente de ce potentiel.

L'UIT LANCE UNE NOUVELLE INITIATIVE DE DÉVELOPPEMENT POUR RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE

L'Union internationale des télécommunications (UIT) a lancé en juin 2005 une nouvelle initiative de développement de grande ampleur, pour
permettre à un milliard d'habitants de la planète, selon les estimations, qui ne sont toujours pas en mesure de passer une simple commu-
nication téléphonique, d'avoir accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Dénommée Connecter le Monde, cette
initiative est un effort multipartenaires global qui s’inscrit dans le contexte du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) et vise
à encourager la conclusion de nouveaux projets et partenariats afin de réduire la fracture numérique. En mettant en relief les projets de déve-
loppement en cours de réalisation et en identifiant les domaines où les besoins sont les plus urgents, Connecter le Monde pourra créer une
masse critique qui elle-même créera la dynamique nécessaire pour atteindre l’objectif de connecter toutes les communautés d’ici 2015. Selon
les estimations de l'UIT, quelque 800 000 villages, soit 30% du total dans le monde, restent aujourd'hui dépourvus de tout type de connexion
aux TIC. Connecter le Monde accorde une grande importance à la conclusion de partenariats entre le secteur public, le secteur privé, les ins-
titutions des Nations Unies et la société civile. L'initiative comprend trois éléments de base (Environnement propice, Infrastructure et capa-
cités, Applications et services) qui sont les principaux domaines dont on doit tenir compte lorsqu'on conçoit des mesures concrètes pour accé-
lérer le développement des TIC. Tous les partenaires fondateurs ont actuellement des projets de développement dans un ou plusieurs de
ces domaines; ils seront encouragés à conclure de nouveaux partenariats et à lancer de nouvelles initiatives, tandis que d'autres partenai-
res seront activement recherchés dans des domaines qui ne sont pas encore bien couverts pour que les communautés non desservies reçoi-
vent ce dont elles ont besoin là où elles en ont le plus besoin.
Aujourd'hui, les quelque 942 millions d'habitants des pays développés de la planète bénéficient d'un accès cinq fois supérieur aux services
téléphoniques fixe et mobile, d'un accès neuf fois supérieur aux services Internet et ont 13 fois plus de PC que les 85% de la population mon-
diale vivant dans les pays à faible revenu et à revenu moyen inférieur. Si elles font apparaître une nette amélioration au cours des dix der-
nières années pour ce qui est de la réduction de l'écart entre les nantis et les démunis de l'information, les statistiques ne rendent toute-
fois pas bien compte de la réalité de tous ces villageois dont les communautés ne sont toujours pas, bien souvent, desservies par une quel-
conque forme de TIC.
Ses 22 partenaires fondateurs sont de grandes entreprises mondiales comme Alcatel, Huawei, Infosys, Intel, KDDI, Microsoft, Telefónica, et
WorldSpace dont les P.-D.G ont souscrit d'emblée à ses objectifs. Sont également partenaires des gouvernements et agences gouvernemen-
tales comme l'Egypte, la France, le Sénégal ou la Korea Agency for Digital Opportunity and Promotion (KADO), des organismes régionaux
et des organisations internationales dont l'UNESCO, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Union postale univer-
selle (UPU), le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux (UNFIP), l'Organisation Internationale de Télécommunications
par Satellites, la Commission européenne et RASCOM ainsi que nombre d'organisations de la société civile.
Source : UIT

50 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Comprendre la chaîne de valeur

La seconde étape consiste à alimenter les ini- sager des licences rurales en bouquet avec d’au-
tiatives les plus prometteuses et à lancer les tres licences de services portant sur des mar-
essais ou les projets pilotes à plus grande chés plus lucratifs. Ainsi, des circonscriptions
échelle. Des projets de ce type pourraient être non couvertes de l’Ouganda sont regroupées
avantageusement financés par des fonds publics dans trois «régions d’accès universel» indépen-
de démarrage, peut-être en association avec des dantes pour les besoins de l’octroi des licences.
financiers privés dans des partenariats entre le Chaque région couvre un ensemble de circons-
secteur public et le secteur privé (PPP). criptions caractérisées par un potentiel commer-
Un des premiers objectifs d’un projet pilote doit cial différent.
être l’étude de la viabilité économique des pla- Le groupage peut aussi combiner des licences
tes-formes de service envisagées, si l’on veut rurales et des droits spécifiques pour la fourni-
établir des plans de développement équili- ture de services plus rentables comme les
brés. Enfin, ce n’est qu’après que le plus pos- communications interurbaines et la téléphonie
sible d’éléments de preuve ont été rassemblés mobile. Les régulateurs devront toutefois veil-
au long des projets pilotes, que les investisseurs ler à ce que des financements croisés anticon-
potentiels (publics ou privés) peuvent s’engager currentiels n’induisent pas une pratique de prix
dans le déploiement à grande échelle des abusifs qui conduiraient au dépôt de bilan des
infrastructures en s’appuyant sur des critères concurrents adjudicataires de licence unique-
classiques de rentabilité.
LICENCE MOBILE EN ZONE RURALE AU VENEZUELA
L’importance des partenariats entre le secteur pub-
lic et le secteur privé (PPP) Le Venezuela fut l’un des premiers pays où le nombre des abonnés mobi-
Divers modèles peuvent être mis en œuvre en les a dépassé celui des abonnés fixes. Ce développement du marché
fonction des réglementations nationales, des qui a commencé dès 1998 trouve ses racines 10 ans plus tôt lorsque
objectifs d’accès des collectivités locales et des la compagnie de télécommunication publique CANTV a lancé le premier
contraintes physiques locales. Les projets font réseau AMPS dans le pays et, en fait, de toute l’Amérique Latine. En
intervenir non seulement des opérateurs, des 1991, une autre licence nationale AMPS dans la bande de fréquence
fournisseurs de services, des opérateurs gros- des 800 MHz a été adjugée à Telcel, et a lancé la concurrence sur la mar-
sistes et des fournisseurs de services de télécom- ché vénézuélien des télécommunications. Les licences de CANTV et de
munication mais aussi de nouveaux acteurs Telcel exigeaient que soient couvertes les 40 plus grandes villes (de plus
comme les entreprises de génie civil et de de 100 000 abonnés) dans les trois années suivant l’adjudication. En
construction ainsi que des services publics et des réalité, la demande très forte a permis aux opérateurs de dépasser leurs
institutions financières. mandats.
Des partenariats publics/privés peuvent donner
naissance à de nouveaux types de consortiums Les deux opérateurs comme l’opérateur historique du réseau fixe véné-
dont les acteurs participent, par exemple, au zuélien ont concentré leurs efforts de construction du réseau sur les
déploiement et à l’exploitation de réseaux centres urbains et ont négligé les zones rurales. Le gouvernement a
large bande interurbains ou locaux. Les parte- alors décidé de mettre aux enchères trois nouvelles licences de ser-
naires PPP peuvent partager les mises de vice mobile afin de déployer le service universel sur toute la nation.
fonds initiales (infrastructures, génie civil) et les Au sortir de l’analyse comparative des soumissions sur la base de cri-
revenus futurs. tères techniques, économiques et juridiques, les trois licences furent
attribuées en 1997 à Digicel, Digitel et Infonet.
Un cadre réglementaire adapté
L’accès universel et les licences rurales Ces opérateurs étaient alors autorisés à déployer la téléphonie de base
Extrait de la publication « Tendances des réfor- publique et privée auprès des communautés rurales de moins de 5
mes dans les télécommunications » de l’UIT. 000 habitants. Les adjudicataires pouvaient fournir des services de télé-
Dans les pays souffrant de graves déséquilibres phonie mobile, de télémessagerie, de réseau privé, de transport de
de développement des télécommunications données et de SAV, de communication par satellite, de localisation de
selon les régions, l’octroi de licences régiona- véhicule et de télésanté. Les opérateurs ruraux ont étendu leurs
les permettra aux gouvernements de cibler les réseaux respectifs pour couvrir plus de 75% de la population dans les
zones non couvertes en utilisant des licences trois régions.
spéciales ou en accordant un traitement plus
favorable aux zones rurales. Source : UIT - Tendances des réformes dans les télécommunications,
Les adjudicataires potentiels dans ces zones 2004/2005
seront peut-être attirés, par exemple, par des
licences exclusives. De même, on pourra envi-

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 51


Comprendre la chaîne de valeur

“LICENCE POUR LES ZONES NON DESSERVIES” EN AFRIQUE DU SUD


A l’opposé, une approche d’octroi de licence auto-
risant certains opérateurs à ne fournir leurs ser-
Conformément à la loi numéro 103 de 1996 sur la télécommunication
vices qu’en zone rurale soulève de nombreuses
en Afrique du Sud, aucune entité n’est autorisée à fournir de services
préoccupations. On pourrait douter de la capa-
de télécommunication sans licence. Cette loi concède à l’opérateur his-
cité d’un opérateur donné d’attirer des fonds d’in-
torique Telkom une licence exclusive pour la fourniture des services de
vestissement à grande échelle. On pourrait dis-
télécommunication sur le réseau public commuté, y compris l’interur-
cuter de la durabilité à long terme de tels ou tels
bain national, l’international, l’accès local et le téléphone public.
prestataires ruraux en raison de la faiblesse des
En novembre 2001, des modifications apportées à cette loi ont créé une revenus qu’ils pourraient tirer de ces régions.
catégorie de licence pour la couverture des zones non desservies (USAL) Divers pays ont pour cette raison essayé de com-
avec l’objectif d’aiguillonner la croissance des services de télécommu- mencer petit en ciblant leur approche d’attribu-
nication dans ces zones défavorisées. Le plan prévoyait que certaines tion de licence en abaissant les prix d’entrée pour
PME soient autorisées à soumissionner pour la fourniture de services inciter les entreprises petites et moyennes (PME)
de télécommunication dans des régions dont la télédensité ne dépas- à entrer sur les marchés ruraux au lieu de se lan-
sait pas 5%. On notera que les gros opérateurs n’ont pas été autorisés cer sur les marchés urbains.
à soumissionner et que les opérateurs adjudicataires ont bénéficié de Les gouvernements peuvent mettre en œuvre cer-
subventions de la part du gouvernement ou du régulateur. taines mesures d’incitation à cet effet. Ils peuvent
abaisser les obstacles, tels que les redevances
La licence USAL leur permet aussi d’offrir d’autres services comme la voix
fixes et les cautions de garantie d’exécution, pro-
sur IP, le téléphone cellulaire fixe, et le téléphone public. Néanmoins,
pres à l’octroi de licence rurale pour la fourni-
les adjudicataires doivent absolument transporter leur trafic interurbain
ture de services et d’installations de télécommu-
en utilisant les réseaux de transport de tout opérateur national fixe ou
nication de base. Ils peuvent aussi assouplir les
mobile et, pour l’international, d’utiliser l’une ou l’autre des trois pas-
mandats d’exécution normalement destinés à
serelles internationales désignées. Les quatre premières licences USAL
maintenir une qualité de service élevée, et
ont été attribuées au mois de novembre 2004.
réduire les exigences tarifaires. Les licences rura-
A noter toutefois que le Ministère sud-africain des télécommunications les pour les petits et moyens opérateurs pour-
(DOC) a attribué le 17 septembre 2004 à une alliance d’entreprises une raient être aussi soumises à des redevances
licence de second opérateur national (SNO) les autorisant à concurren- annuelles allégées et exemptées de contribution
cer Telkom pour la fourniture de services RTPC. Le 2 septembre 2004, au fonds de développement du service universel.
le DOC a fait connaître sa nouvelle politique visant à accélérer le pro- Il serait aussi possible de proposer aux opéra-
cessus de libéralisation des télécommunications. Certains services comme teurs ruraux adjudicataires de licence le spec-
les téléphones publics ont été privatisés en février 2005. Le DOC signa- tre requis pour le déploiement de technologies
lait à ce moment qu’il envisageait même de supprimer l’obligation de radio large bande avec des redevances allégées
détention de licences pour les opérateurs de téléphone public. ou par des adjudications inversées afin d’en-
courager leur déploiement. Des arguments ont
Source: UIT - Tendances des réformes dans les télécommunications
été avancés dans certains pays pour imposer
2004/2005
des pénalités de résiliation dissymétriques
entre les opérateurs historiques et les déten-
teurs ruraux de licences. Ces derniers pour-
ment pour la fourniture de services ruraux raient ainsi exiger des pénalités de résiliation
locaux. On évitera cela en permettant à tous les plus élevées que celles qu’ils devraient payer
opérateurs ruraux de bénéficier de ce groupage. aux opérateurs historiques.

52 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Chapitre 6: Développer des modèles économiques
viables pour les opérateurs de réseaux
en zone rurale

C
e chapitre met en avant les stratégies L’opérateur n’aura alors à payer que pour la
d’innovation financière et de réduction capacité utilisée.
des coûts à même, d’une part, de Les fournisseurs et les opérateurs télécom
convaincre les opérateurs télécom de peuvent aussi choisir de partager les revenus
déployer des infrastructures en milieu rural et, des services délivrés pour certaines applications
d’autre part, de faire pression sur les respon- seulement, ou de partager tous les revenus, y
sables du secteur public qui ont pu accorder compris les risques commerciaux.
précédemment des licences d’exclusivité à un
opérateur qui se refuse à couvrir les zones rura- Options de financement novatrices
les. Comme on aura pu le voir plus haut, les Grâce à de nouvelles options de paiement, les
opérateurs télécom d’Afrique subsaharienne opérateurs peuvent se concentrer sur les
n’ont pas beaucoup investi en milieu rural en activités propres à leur cœur de métier, c’est-
raison des investissements lourds requis et des à-dire la fourniture de services d’abonnés
faibles opportunités de bénéfices par rapport concurrentiels, l’assistance à la clientèle, le
aux marchés urbains lucratifs. marketing, la stratégie de marque et le déve-
Toutefois, la fourniture du service universel loppement, tout cela sans dépenser de capi-
deviendra bientôt une obligation pour les opé- tal (CAPEX). Ainsi, l’opérateur peut décider de
rateurs télécom avec le soutien financier du rester propriétaire du réseau mais de déléguer
fonds de service universel alors que les marchés les activités d’exploitation à un sous-traitant
urbains offrent moins d’opportunités commer- externe : exploitation du matériel, gestion des
ciales nouvelles. Les opérateurs devraient donc logiciels, optimisation du réseau, formation du
s’intéresser aux zones rurales non couvertes et personnel, etc.
susceptibles de constituer un marché de masse Mais il est aussi possible de laisser la propriété
si elles sont traitées avec les solutions localisées du réseau à l’équipementier (fournisseur d’un
appropriées. Les fournisseurs de services
devront, de leur côté, veiller en tout premier lieu EXPLOITATION ET MAINTENANCE DE RÉSEAUX AU BRÉSIL
à optimiser leurs dépenses CAPEX (tous les
coûts liés aux investissements de démarrage) et De plus en plus d’opérateurs pensent qu’il peuvent mettre en
OPEX (coûts annuels liés à l’exploitation du sous-traitance l’exploitation technique de leur réseau. Ils se
réseau) de manière à accroître les revenus tirés déchargent ainsi des activités étrangères à leur cœur de métier
des abonnés existants et nouveaux et à accélé- sur leurs partenaires, redistribuent leurs ressources sur les pos-
rer le rendement des investissements. tes clés de leur activité et se concentrent sur leurs marchés et
leurs abonnés.
Innovations financières pour les opérateurs
Les opérateurs peuvent choisir entre divers Les équipementiers peuvent offrir, en plus des produits d’in-
plans de financement et options novatrices de frastructure, des services divers comme le conseil, la concep-
paiement en fonction de leurs besoins, de tion et la planification d’architecture de réseau, l’intégration
leurs capacités financières et de leurs stratégies. OSS, l’intégration et le déploiement de réseau, l’exploitation,
Les équipementiers sont en mesure de propo- l’optimisation et la maintenance de réseau, y compris la ges-
ser des solutions personnalisées. tion de projets.

Partenariats originaux entre vendeur et opérateur De nombreuses entreprises et opérateurs de réseau du Brésil
Des solutions originales de partenariat entre comme Telemar, Oi, Brasil Telecom fixe et mobile, TIM, la Pré-
vendeurs et opérateurs permettent de dévelop- sidence de la République, Suzano, et Caixa Econômica Federal,
per le réseau au fur et à mesure de l’augmen- ont choisi de confier leurs opérations et les services de main-
tation du trafic ou de la base d’abonnés, ou sur tenance en sous-traitance.
le principe de « l’investissement par paliers ».

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 53


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

projet clés en main), l’opérateur n’ayant à s’en- gie sont déterminants lors du choix technolo-
gager financièrement que sur le niveau de cou- gique, les équipements pour les zones rurales
verture, la capacité et la qualité, sans être devront être conçus pour une consommation
impliqué dans les tâches quotidiennes d’exploi- électrique minimale.
tation. Dans ce cas, l’opérateur peut éventuel-
lement négocier une option d’achat des équi- Solutions sur mesure et efficaces pour les zones
pements. L’opérateur peut aussi bénéficier rurales
d’options de paiement différé pendant la Les services de R&D développent sans relâche
phase de lancement. des améliorations à apporter aux solutions de
cœur de réseau, d’accès et de transmission afin
Réduction du coût total de possession (CTP) de réduire les coûts. Les adaptations d’applica-
Il est impératif de rentabiliser la fourniture de tions rurales donnent lieu à des solutions éco-
l’accès en zone rurale et de maximiser l’utili- nomiquement performantes avec de bonnes
sation de trois éléments majeurs du patrimoine caractéristiques de couverture et de capacité.
de l’opérateur, à savoir sa base d’abonnés, les
sites de stations de base et le spectre (licence Partage de l’infrastructure de réseau
ou non). Les équipementiers sont aujourd’hui Plusieurs opérateurs intéressés à couvrir des
en mesure de fournir des solutions adaptées à segments ou des services différents sur une
tous les types de zones et à leurs contraintes res- même région peuvent choisir de partager entre
pectives. eux l’infrastructure de réseau. Des opérateurs
Des solutions efficaces visent à réduire le coût existants peuvent aussi revendre une partie de
total de possession pour l’opérateur télécom qui leurs capacités à des opérateurs alternatifs (voir
peut ainsi étendre rentablement son réseau aux l’encadré page suivante).
zones rurales si sa base d’abonnés est suffi-
sante. La disponibilité de produits à faible coût SOLUTIONS SUR MESURE
d’investissement CAPEX, grâce auxquels l’opé- Des modèles différents de BTS sont proposés pour tous les environ-
rateur peut fournir des services compétitifs, est nements : milieu urbain, rural, zones isolées ou éloignées. Des modi-
la base même d’un changement significatif en fications techniques sont nécessaires pour les adapter aux contrain-
termes d’options technologiques. La possibilité tes locales (énergie, climat, géographie, topographie). Les BTS pour
d’augmenter par la suite la capacité de réseau la couverture rurale sont compactes (tour et antenne) et conçues de
dépend donc presque entièrement de la dispo- manière à assurer la couverture de cellules étendues (solution appro-
nibilité d’équipements pas chers compatibles priée pour les zones à faible trafic) : la portée est d’autant plus grande
avec un faible ARPU. Des solutions de réseau que l’antenne est haute.
basées sur une gamme complète de produits Des solutions alternatives d’alimentation électrique permettent de pal-
déterminent l’évolution future de ces mar- lier les défaillances du réseau d’alimentation. L’autonomie partielle des
chés. Des commutateurs à bande étroite et à BTS est assurée par des panneaux solaires et tous les efforts sont faits
large bande ainsi que des nœuds d’accès très pour aboutir à une autonomie totale.
évolutifs doivent par conséquent être accessi- La transmission par satellite peut être utilisée pour atteindre les zones
bles à un prix très compétitif. éloignées et n’exige pas que l’on adapte le réseau cellulaire.

Stratégies de réduction des coûts STRATÉGIE DE RÉDUCTION DES COÛTS


Il existe plusieurs moyens de réduire les coûts La réduction du coût de chaque BTS passe par l’utilisation de compo-
affectant le CAPEX et l’OPEX, c’est-à-dire sants évolués et la réduction du nombre de sites par une augmenta-
abaissant les investissements et les coûts d’ex- tion de leur couverture et de leur capacité. Les équipementiers télé-
ploitation. com peuvent maintenant fournir des BTS dont la grande capacité per-
On peut atteindre un bon rapport coût-perfor- met de réduire de 30 à 40% le nombre des sites, ce qui conduit à des
mances des investissements (CAPEX) en proté- économies d’échelle sensibles sans nuire aux performances ni à la qua-
geant l’investissement initial, en réutilisant lité. L’installation sur site sans abri offre l’avantage de pouvoir placer
par exemple des sites existants lors de l’exten- la BTS en hauteur sur la tour d’antenne afin d’assurer sa sécurité. L’ac-
sion ou de la mise à niveau d’un réseau mobile. quisition des sites s’en trouve facilitée et bénéficie d’une réduction des
On optimisera les coûts OPEX en introduisant coûts de 40%. Les travaux de génie civil comptent pour plus de 40%
dans le cœur de réseau de nouvelles fonction- dans les coûts du site BTS, ce qui explique pourquoi il est extrêmement
nalités comme la mise à niveau par logiciel, ce important de réduire les coûts sur site. L’investissement initial peut être
qui réduit les coûts de maintenance. Un autre subventionné par le secteur public.
poste de réduction peut être la consommation
d’énergie. En effet, comme les besoins d’éner-

54 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Solutions BSS pour réseaux à ARPU faible


Etudes de cas
A chaque région … ses besoins propres Cette section reprend les conclusions précéden-
tes pour illustrer comment le déploiement de
Zones rurales Petites BTS, CAPEX optimisé,
TIC en zones rurales et isolées à bas revenu
et à faible densité Nombre minimal de sites
pourrait être rentable si les marchés ont été bien
Zones suburbaines BTS de capacité moyenne/grande compris et traités.
en région tropicale Coût minimal de site BTS
Comme nous l’avons dit plus haut, tout est ques-
Zone urbaine BTS/BSC de très grande capacité tion de la disponibilité et de l’abordabilité de ces
dense Servir plusieurs catégories d’abonnés
services pour les usagers ruraux. On a adopté
le GSM et le WiMAX comme technologies d’ac-
Plusieurs produits et solutions du sous-système radio cès en raison de leur rapport coût/perfor-
(BSS) GSM sont à même de servir les zones rurales. Les mance et de leurs capacités en milieu rural.
réseaux en zone rurale sont surtout caractérisés par un
Elles permettent un déploiement rapide et
besoin de couverture étendue et un faible trafic.
La méthode la plus commune pour améliorer la couver- efficace des services voix et données, avec la
ture consiste à augmenter la puissance d’émission de la bande passante suffisante (dans le cas du
station de base. De leur côté, les mobiles ont une puis- WiMAX) pour supporter un usage collectif
sance d’émission limitée. Des solutions évoluées ont donc d’applications évoluées. Le GSM convient bien
été conçues pour répondre aux besoins de couverture
aux applications voix et données (à bas débit)
des opérateurs tout en offrant une sensibilité de récep-
tion et une puissance d’émission remarquables. et est très répandu en Afrique. Le WiMAX est
Source: Alcatel une norme nouvelle pour l’accès internet large
bande et constitue une alternative aux techno-
logies filaires (DSL, câble, fibre optique) en l’ab-
OPÉRATEURS DE RÉSEAUX MOBILES VIRTUELS (MVNO) sence d’infrastructure cuivre.
Les calculs et les hypothèses s’appuient sur la
Les MVNO sont représentatifs de la nouvelle tendance en faveur documentation d’Alcatel portant sur les solu-
des services sans-fil de grande consommation, en particulier sur tions d’accès radio pour les zones à faible ARPU.
les marchés évolués comme l’Europe et les États-Unis. Ils pro- Nous avons aussi utilisé des informations du
fitent de la force d’une marque grand public pour attirer des usa- forum WiMAX, et en particulier le document
gers vers leurs services et utilisent les ressources d’un opérateur « The Business Case for fixed Wireless Access
mobile, et deviennent ainsi des revendeurs grossistes de ser- in Emerging Markets », juin 2005.
vices. L’exemple le plus connu de MVNO est Virgin Mobile, créé Nous avons pris le cas du Mali en terme d’oppor-
au R.-U. en 1999 (avec 4 millions d’abonnés actifs aujourd’hui), tunité d’affaires qui est un des pays les plus dif-
qui a étendu son activité aux Etats-Unis en 2002 (3 millions ficiles en ASS en raison de son niveau de PIB per
d’abonnés au début de 2005). capita et du niveau de pénétration du mobile,
notamment dans les régions à faible densité de
Les MVNO, s’ils captent des abonnés d’opérateurs télécom éta- population. Le Mali est encore un des pays les plus
blis, apportent aussi de nouvelles opportunités de revente de pauvres de la planète avec 65% de son territoire
service à ces opérateurs. Ces derniers peuvent optimiser leurs désertiques ou semi-désertiques et une distribu-
infrastructures de réseau en vendant des minutes de temps d’an- tion très inégale du revenu. Environ 10% de sa
tenne sans avoir à supporter les coûts d’acquisition de ces clients. population est nomade tandis que 80% de la main
En fait, les MVNO ciblent aussi les abonnés qui n’ont pas le degré d’œuvre se consacre à l’agriculture et à la pêche.
de solvabilité requis par ces opérateurs établis.
Le Mali en chiffres*
« L’introduction par des fournisseurs MVNO de téléphones mobi-
les et d’accès sans fil à bas prix ainsi que le besoin des reven- • Superficie : 1 241 000 km2
deurs de connectivité sans fil d’exploiter la capacité de leur • Population : 11,5 millions (2004)
réseau bien établi et de continuer à étoffer cette capacité, ont • PIB (parité des pouvoirs d’achat) : 11 milliards
contribué au développement de cette industrie qui s’achemine USD (estimation 2004)
vers la saturation pour les services sans fil. » • PIB per capita (PPP) : 900 USD (estimation
2004)
Ce nouveau modèle de développement pourrait être aussi appli- • Taux d’alphabétisme : 46,4% (+15 ans) de la
qué sur les marchés émergents où des opérateurs nationaux peu- population totale, 53,5% des hommes
vent louer ou vendre des minutes d’antenne à des opérateurs • Population au-dessous du seuil de pauvreté :
alternatifs intéressés par des marchés de niche comme les usa- moyenne 64%, 30% de la population totale
*Données les plus récentes de
gers à bas revenu des zones rurales. vivant en zone urbaine, 70% de la population la Banque Mondiale, l’UIT et
totale vivant en zone rurale (estimation 2001) CIA Fact Book

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 55


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Le Mali d’un coup d’oeil (tous les chiffres sont donnés pour 1000 habitants)

25

20

15

10

0
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003

Ordinateurs PC Téléphones Fixes Téléphones mobiles Source : Banque Mondiale

Carte du Mali
Les TIC en chiffres *
0 200 400 km
0 200 400 mi
• Télécommunications, revenus en pour cent du
PIB : 2,71 (2002)
• Lignes téléphoniques : 56 600 (2002) Algérie
• Lignes téléphoniques pour 100 habitants : Taoudenni

0,53 (2002)
• Téléphones (mobiles cellulaires): 250 000
(2003) Mauritanie Mali
• Machines hôtes internet : 187 (2003) Kidal
• Fournisseurs de services internet : 13 (2001)
Tombouctou
• Utilisateurs internet : 25 000 (2002)
Gao
• Utilisateurs de l’internet pour 100 habitants:
0,24 (2002) Kayes Mopti
Niger
Koulikoro Burkina
Analyse de rentabilité pour la couverture de Bamako Ségou Faso
zones rurales par le GSM
Nous avons tout d’abord établi une argumentation Guinée Sikasso
Benin
économique sur la base de deux segments qui n’ont Togo
Sierra Ghana
pas été couverts, à savoir les «zones urbaines à fai- Leone Côte d'Ivoire Nigeria
ble densité» (urbain FD) et les «zones rurales à fai-
ble densité» (rural FD). Dans la perspective de de dépenses pour le mobile (ARPU + combiné
l’opérateur mobile, ces zones ont été considérées sans fil) au PIB per capita comme suit :
comme des segments à faible revenu ARPU.
Comme on peut le voir ci-après, ces deux segments • Trois utilisateurs partagent un mobile/une ligne ;
représentent environ 80% de la population totale. • ARPU (par ligne) : 4 USD par mois (urbain FD)
et 3 USD par mois (rural FD), avec 80% des
Hypothèses de marché revenus provenant de la voix et 20 % des don-
Les hypothèses de pénétration du mobile sont nées (SMS surtout) ;
basées sur un modèle du Crédit Suisse liant le • Prépayées : 100 % ; taux de désabonnement
taux d’adoption du mobile avec le pourcentage (annuel) : 10 % ;

Catégorie Surface Population Distance moyenne


entre villages

Communauté D < 3 hab/km2 55% 3% 90 km

Zones à faible densité 3 ≤ D < 15 hab/km2 24% 22% 20 km

Zones urbaines à faible densité 15 ≤ D < 100 hab/km2 19% 59% 11 km


*Données les plus récentes de
la Banque Mondiale, l’UIT et Zones urbaines à forte densité 100 ≤ D hab/km2 2% 16% Nd
CIA Fact Book

56 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Présentation de l’évolution de la pénétration du mobile pour les deux segments


Zone urbaine à faible densité Zone rurale à faible densité

Hypothèse Hypothèse
• Population couverte : 5640 hab., TCAC 3% • Population couverte : 1240 hab.
• PIB par hab. : 300 USD, TCAC : 4% • PIB par hab. : 150 USD, TCAC : 4%
• Densité moyenne : 25-30 hab./km2, 4-6 lignes/km2 • Densité moyenne : 4, 5-6 hab./km2, 0,5-1 ligne/km2

% %
25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020

2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
• Un seul réseau radio déployé, soit un opéra- à valeur ajoutée contribueront aussi à une adop-
teur (éventuellement historique) offrant un tion plus rapide du mobile.
accès possible à des opérateurs de réseau
virtuel MVNO ; Présentation des revenus et des marges
• Prix moyen d’un combiné sans fil : 40 USD en A partir des hypothèses de CAPEX et d’OPEX,
2006, diminuant de 5% par an. non précisées ici, nous observons une évolution
positive du chiffre d’affaires EBITDA entre les
Présentation de l’évolution de la pénétration du deuxième et troisième années.
mobile pour les deux segments
Le TCAC est l’abréviation de taux de croissance Description des flux de trésorerie disponibles
annuel composé. Comme on peut le voir, on s’at- Après un investissement initial de 141 millions
tend à ce que le taux de pénétration du mobile USD, le point mort du flux de trésorerie dispo-
passe de 0% à environ 20% en zones urbaines nible est atteint entre les deuxième et troisième
à faible densité et de 0% à environ 15% en zones années, avec une contribution positive moyenne
rurales à faible densité. Comme indiqué, ce taux de 50 millions USD par an sur cette période. L’ex-
de pénétration sera influencé par l’augmenta- tension de couverture de zones urbaines et rura-
tion du PIB par habitant et par la baisse du prix les à faible densité génère une contribution
des mobiles. D’autres paramètres comme la de 11,88 millions USD sur 15 ans. Le point mort
baisse des tarifs et des services et applications du flux de trésorerie est atteint en 7 ans.
Présentation des revenus et des marges (en millions USD)

120

100

80

60

40

20

(20)

(40)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Revenu Interconnexion Créances douteuses Marketing, Distribution & service client


O&M Réseau Contenu Général & Administration Résultat opérationnel

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 57


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Flux de trésorerie disponibles (2005-2020)(en millions USD)

100

50

(50)

(100)

(150)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

EBITDA Capex Variation du fond de roulement FLUX TRÉSOR. DISPO.

Flux de trésorerie disponible cumulé (en millions USD)


Tableau de bord financier
VAN(15% CMPC) M USD TRI (%) Durée avant: (en années) Capitalisation M USD

5 ans -107,6 5 ans -16,8 FTD Positif 1,8 2005 140,6


-36,85 10 ans 10,0 Récup. FTD 7,0 Pointe (2006) 146,0
10 ans Moy/an Avt
15 ans 11,88 15 ans 16,1 Récup. VAN 13,6 FTD positif
-82,4

500

400

300

200

100

(100)

(200)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

FLUX TRÉSOR DISPO FLUX TRÉSOR. DISPONIBLE CUMULÉ

Remarques finales L’analyse de rentabilité orientée sur les segments


Le seuil de rentabilité est atteint en sept ans, « faible ARPU » pourrait être meilleure avec des
ce qui est assez long en comparaison de pro- pays ayant un PIB per capita plus élevé. Il serait
jets classiques en environnements urbains. Le donc souhaitable, pour rendre l’argumentation
taux de retour interne (TRI) est aussi bien moin- plus attractive pour les opérateurs télécom, d’en-
dre que pour les projets télécom habituels qui visager une intervention du secteur public afin
tournent autour de 15% à 20%. On notera tou- de réduire la mise de fonds initiale.
tefois que le segment à faible densité compli-
que l’analyse de rentabilité en raison de la trop Analyse de rentabilité du WiMAX
faible densité d’abonnés par site BTS (moins L’argumentation économique du WiMAX cou-
de 500 abonnés pour la période, contre 1000 vre un groupe de villages du Mali, l’objectif étant
ordinairement nécessaires pour assurer la d’évaluer le coût de fourniture de la connecti-
rentabilité). L’argumentation économique pour- vité d’accès internet large bande sur une zone
rait être complétée par l’intégration de zones rurale déjà couverte par le GSM. En donnant
ayant plus de 10 habitants/km2. l’accès large bande à des communautés, des
En outre, comme on a pu le voir dans l’introduc- intermédiaires et éventuellement à des indivi-
tion des études de cas, le Mali est un des pays dus, on espère réduire la fracture numérique et
les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne. contribuer au développement local.

58 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Solution de convergence voix/WiMAX sans fil

Trafic abonnés Voix/GSM Site radio


BTS
GSM BTS

Trafic
Abis vers
BTS WiMAX
Données/WiMAX
15 km WiMAX
Cœur de réseau BSC environ BTS
GSM
Transport IP

Transmission autonome

WiMAX est une solution d’accès radio large ron (suffisant pour un emploi partagé : hôpi-
bande qui offre aux utilisateurs un moyen tal, enseignement, service administratif, cyber-
puissant d’échanger des données à des débits centres, etc.). Le WiMAX assurera le transport
élevés de plusieurs mégabit/s sur des distan- des trafics de données GSM et internet.
ces de plusieurs kilomètres. C’est donc une
solution bien adaptée pour servir des usagers Autres avantages
dispersés sur de vastes étendues géographi- • Alternative économiquement satisfaisante
ques dépourvues de lignes de transport. pour remplacer le DSL en zone rurale ;
La voix est transmise par le GSM avec une • Infrastructure partagée (partie du transport
capacité d’environ 500 abonnés par site BTS. et l’antenne) avec le GSM ;
Les accès données et internet sont obtenus au • Extension facile des opérations existantes de
moyen de cartes/modems WiMAX comportant marketing et des services ;
quelques points d’accès partagé avec une • Des aides peuvent être obtenues pour réduire
capacité totale de 500 kbit/s à 1 Mbit/s envi- la fracture numérique.

Hypothèses relatives au marché


HYPOTHÈSES DÉMARRAGE (2006) 2016
Population 10 000 12 680
Zone de couverture 700 km2 700 km2
Densité d’abonnés Environ 15 habitants/km2 Environ 15 habitants/km2
Abonnés individuels 50 1 000
Services publics abonnés 5 6
PME abonnées 10 24
ARPU individu 5$ 10$
ARPU service public 20$ 40$
ARPU PME 20$ 40$
Taux de pénétration - individu (1) 0,5% 7,9%
Taux de pénétration - public (1+2+3) 80% 100%
Taux de pénétration - PME (1+2+3) 50% 100%

Le fournisseur de service couvrira 100% du marché avec, en hypothèse, un taux annuel de désabon-
nement de 4%.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 59


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

Hypothèses CAPEX/OPEX
Une BTS avec une mise à niveau en cours de Lors de l’étude de l’intérêt économique du
projet suffira à couvrir ces abonnés. Nous avons WiMAX, il ne faut pas se focaliser sur les
supposé que le trafic de la station de base peut impacts financiers du point de vue de l’opéra-
être transmis au cœur de réseau à l’aide teur mais s’intéresser aussi aux autres avanta-
d’une liaison hertzienne point à point de lon- ges communautaires susceptibles d’être subven-
gue portée pour un coût de 15 000 USD, sans tionnés par les autorités locales : meilleure qua-
autre investissement en équipements péri- lité des services sociaux (santé, enseignement),
phériques, d’infrastructure ou de central. compétences humaines, opportunités d’em-
ploi, commerce, etc.
Répartition des coûts d’un site BTS :
La voie logique pour construire des réseaux
• Equipement WiMAX (coût BTS) =40 000 USD WiMAX passe d’abord par des zones à forte
• Transmission = 15 000 USD densité puis les zones à plus faible densité au
• Génie civil = 10 000 USD fur et à mesure que les revenus le permettent.
• Installation = 4 000 USD Toutefois, l’introduction du WiMAX dans un
• Coût total = 69 000 USD futur proche sur les marchés émergents et les
zones rurales sera facilitée par la réduction des
Nous n’avons pas tenu compte des droits d’en- coûts des terminaux et des CPE grâce aux nou-
trée de licence dans l’analyse de rentabilité, sup- velles technologies et par l’amélioration des
posant que le régulateur télécom pourrait attri- cadres réglementaires (licences rurales et
buer les fréquences à bas prix sinon gratuite- cadres adaptés pour WiMAX). Comme on a pu
ment, s’il voulait se conformer à sa politique le voir plus haut, de nouveaux modèles com-
d’accès universel. Nous avons aussi supposé un merciaux vont voir le jour avec les réseaux de
environnement économique transparent et sans nouvelle génération et amèneront les opéra-
corruption et qu’il n’y aura pas de campagne teurs à proposer des services mixtes, comme
marketing ou publicitaire. la voix (VoIP) et l’accès internet à large bande
La majeure partie des dépenses OPEX se rapporte à très bas prix.
aux équipements d’abonnés (CPE) financés par
l’opérateur ou par un sponsor si l’on a choisi de Enfin, le déploiement de projets pilotes WiMAX
cofinancer l’acquisition des CPE. pourrait permettre d’identifier des opportuni-
tés de nouveaux services en réponse à des
Remarques finales demandes refoulées non envisagées dans ce
La période pour atteindre le seuil de rentabilité rapport ou par les opérateurs pendant la
dépasse la période moyenne des projets télé- phase de planification. C’est exactement ce que
com. Toutefois, on notera que cette solution peut nous souhaitons encourager et constitue un
être intéressante pour la connexion d’équipe- point fondamental de ce rapport. Le dévelop-
ments publics puisqu’elle peut être mise en pement de service sous l’impulsion de la
œuvre pour améliorer la vie en communauté demande forme ce que nous appelons l’« inno-
dans certaines régions cibles. vation par la base (populaire) ».

60 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

1) Scénario sans subvention pour les CPE

Analyse du flux de trésorerie disponible pour WiMAX (1)

0,2

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

CAPEX Charges d’exploitation Impôts et taxes Droits d’entrée de licence


Variation du fonds de roulement Flux de trésorerie disponible Revenus

Les taux de pénétration sont ceux indiqués dans le tableau des hypothèses relatives au marché.

WiMAX large bande : Flux de trésorerie disponible (1)


Tableau de bord financier
VAN(11% CMPC) M USD TRI (%) Durée avant: (en années) Capitalisation M USD

5 ans -0,1 5 ans FTD Positif 3 Année 0 0,0


10 ans 0,053 10 ans 15,9 Pointe 0,1
Seuil de Moy/an Avt
15 ans 6,7
0,2 15 ans 28,9 rentabilité FTD positif
0,0

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1

-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

FLUX DE TRÉSOR. DISPO. FLUX DE TRÉSORERIE DISPONIBLE CUMULÉ

Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 6,7 ans.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 61


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

2) Scénario avec subvention à hauteur de 50% par l’opérateur pour l’acquisition des CPE

Analyse du flux de trésorerie disponible pour WiMAX (2)

0,25

0,2

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1

-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

CAPEX Charges d’exploitation Impôts et taxes Droits d’entrée de licence


Variation du fonds de roulement Flux de trésorerie disponible Revenus

Dans ce scénario, l’opérateur subventionne les CPE à hauteur de 50%. Cet apport augmente l’OPEX
mais a un effet positif sur le taux de pénétration (+30%), ce qui augmente les revenus.

WiMAX large bande : Flux de trésorerie disponible (2)


Tableau de bord financier
VAN(11% CMPC) M USD TRI (%) Durée avant: (en années) Capitalisation M USD

5 ans -0,1 5 ans FTD Positif 4,4 Année 0 0.0


10 ans 0,056 10 ans 14,0 Pointe 0,1
Seuil de Moy/an jusqu'à
7,1
11 ans 0,2 15 ans 27,9 rentabilité FTD positif
0.0

0,2

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1

-0,15

-0,2
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

FLUX DE TRÉSOR. DISPO. FLUX DE TRÉSORERIE DISPONIBLE CUMULÉ

Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 7,1 ans.

62 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs de réseaux en zone rurale

3) Scénario avec subvention pour les CPE à hauteur de 50% par l’opérateur et à hauteur de 20% (du coût
total du projet) par le secteur public

Analyse du flux de trésorerie disponible pour WiMAX (3)


0,25

0,2

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1

-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

CAPEX Charges d’exploitation Impôts et taxes Subventions publiques


Variation du fonds de roulement Flux de trésorerie disponible Revenus

L’opérateur participe à hauteur de 50% des CPE mais obtient une aide de 20% (du coût total du
projet) du secteur public pour cofinancer les investissements initiaux liés à la BTS et l’acquisi-
tion des abonnées. Le coût total du projet est de 123 000 USD. Cette subvention améliore le taux
de pénétration tout en garantissant une récupération plus rapide pour l’opérateur.

WiMAX large bande : Flux de trésorerie disponible (3)


Tableau de bord financier
VAN (11% CMPC) M USD TRI (%) Durée avant: (Années) Capitalisation M USD

5 ans -0,1 5 ans 217,3 FTD Positif 5,7 Année 0 0,0


10 ans 0,088 10 ans 22,6 Pointe 0,1
Seuil de 6,4 Moy/an jusqu’à
14 ans 0,3 15 ans 36,3 rentabilité FTD positif 0,0

0,25

0,2

0,15

0,1

0,05

-0,05

-0,1

-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

FLUX DE TRÉSOR. DISPO. FLUX DE TRÉSORERIE DISPONIBLE CUMULÉ

Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 6,4 ans.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 63


Création de cadres favorables
Chapitre 7:
aux TIC en Afrique subsaharienne
« En définitive, il ressort de cette analyse trois conclusions importantes : premièrement,
l’écart en termes d’infrastructures TIC se réduit rapidement ; deuxièmement, le secteur
des TIC dans les PMA est rentable et croît rapidement ; troisièmement, le marché génère
suffisamment de cash flow pour fournir les ressources financières nécessaires à l’expan-
sion. Ces évolutions sont toutes favorables pour les PMA. Augmenter le nombre d’instal-
lations TIC permet d’accélérer les niveaux de diffusion et d’absorption, et donc de stim-
uler la croissance économique et réduire la pauvreté. Il appartient dorénavant aux gou-
vernements, aux organismes donateurs et au secteur privé d’agir. »”
L’utilisation des technologies de l’information et de la communication
dans les pays les moins avancés pour une croissance économique durable, édition 2004, p. 9
Union internationale des télécommunications

A
u tournant du XXe siècle, le monde mondiale, mais l’Afrique subsaharienne reste,
était sur le point de connaître une pour l’essentiel, une exception notable à ce phé-
mutation sociale majeure, induite nomène. Le présent chapitre est consacré à l’ex-
par une technologie émergente. Pas ploration des conditions politiques et financiè-
moins de 500 sociétés s’étaient créées pour pro- res nécessaires pour faciliter le déploiement des
duire cette technologie, et les « adopteurs pré- infrastructures TIC en ASS.
coces » jetaient déjà leur dévolu sur la nouvelle Il a souvent été dit que le principal obstacle à
invention, mais seul un visionnaire pouvait en la popularisation d’Internet n’était en réalité ni
pressentir le formidable potentiel commercial. l’illettrisme, ni les coûts de connexion, mais l’ab-
Ce visionnaire était Henry Ford, et la techno- sence de contenus adaptés. Faute de tels conte-
logie en question était l’automobile. nus, les avantages d’Internet n’apparaissent pas
« Il y a beaucoup plus de pauvres que de clairement au plus grand nombre.
riches », se plaisait à rappeler Ford1. Son inno- Au-delà du manque de contenus disponibles
vation a consisté à réduire systématiquement dans les langues locales, le coût d’accès aux
le coût de cette nouvelle technologie pour en réseaux IP ou GSM demeure un handicap
faire un marché de masse. Jadis jouet de luxe majeur dans la recherche d’une taille critique.
pour riches, l’automobile est ainsi devenue un Sans dorsales ni échangeurs IXP régionaux, les
rouage indispensable dans la chaîne de produc- tarifs internationaux sur le trafic réseau sont
tion d’à peu près tout ce que l’on produit de nos condamnés à rester élevés.
jours, y compris les loisirs. Heureusement, on observe quelques signes de
Aujourd’hui, au début du XXIe siècle, l’histoire progrès. La société IWTGC (Infinity Worldwide
se répète. Si les technologies de l’information Telecommunications Group of Companies) a
et de la communication étaient, il n’y a pas si annoncé qu’elle allait poser un deuxième câble
longtemps encore, un moyen de communiquer à fibres optiques le long de la côte occidentale
réservé à une petite élite, elles constituent dés- de l’Afrique pour concurrencer directement le
ormais des facteurs de production essentiels câble sous-marin transcontinental SAT3 (câble
pour pratiquement tous les biens et services. Il n° 3 du consortium South Atlantic Telecommu-
est communément admis que les TIC « jouent nications). Le nouveau câble, qui répond au nom
un rôle charnière en matière de croissance éco- de code « Project West Africa », vendra de la
nomique »2. De nombreuses régions du monde bande passante directement aux fournisseurs
parmi les moins développées ont adopté ces de services, ce qui devrait se traduire par une
nouvelles technologies et sont ainsi devenues diminution des tarifs pour ces derniers, qui,
des acteurs important de la chaîne de valeur jusqu’à présent, devaient recueillir le consen-

64 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

tement unanime du consortium pour avoir accès nismes de régulation doivent être indépendants
au câble SAT3. Le câble « Project West Africa », de l’industrie qu’ils sont appelés à réguler, et
dont le coût est estimé à 500 millions USD, sera avoir l’autorité nécessaire pour obliger les
entièrement financé par le secteur privé.3 opérateurs historiques à percevoir des redevan-
Comme le rappelle Russell Southwood, de la ces d’interconnexion raisonnables pour l’accès
société Balancing Act : « Historiquement, le à leurs réseaux. Sans une autorité de régulation
coût élevé des tarifs pratiqués pour les appels effective et efficace pour faire respecter les
internationaux et la bande passante Internet ont contrats, les investisseurs hésiteront toujours à
pesé sur le niveau du trafic international. Ce placer leurs capitaux dans des infrastructures
sont essentiellement deux contraintes qui ont étrangères.
ainsi bridé la croissance du trafic : les mono-
poles sur les passerelles internationales, et la 2. Définir des politiques nationales des TIC qui
faiblesse de l’offre d’infrastructures de transmis- encouragent la concurrence
sion par câble optique et par satellite. Historiquement, les marchés des télécommuni-
Aujourd’hui que l’exclusivité dont jouissent cations en Afrique subsaharienne ont toujours
les opérateurs historiques sur le trafic interna- été un monopole d’État. Cette situation est en
tional touche à sa fin dans au moins un tiers des train d’évoluer sous les coups de boutoir des
pays de l’Afrique subsaharienne, la déréglemen- technologies convergentes telles que la VoIP ou
tation permet d’octroyer des licences d’exploi- la WiFi ; la majorité des États sont conscients
tation de passerelles internationales aux des avantages qu’apporte la concurrence dans
seconds opérateurs nationaux, à de nouveaux ce secteur, mais ils ne sont pas encore prêts à
opérateurs internationaux ou encore à des opé- renoncer à leurs rentes de monopole, ce qui
rateurs de téléphonie mobile. »4 freine inévitablement le processus. Un autre
effet induit par les technologies émergentes tel-
Cadre politique et réglementaire les que la VoIP réside dans l’abandon progres-
Il est essentiel, pour le déploiement de services sif des licences « cloisonnées » par type de ser-
TIC dans les pays en développement, de dispo- vice offert — fixe, mobile ou IP — au profit de
ser d’un environnement politique et régle- licences unifiées. Cette question sera examinée
mentaire efficace, surtout avec la convergence plus loin dans ce chapitre.
accélérée des technologies. Le ministre kenyan Jusqu’à présent, la pratique de la régulation
de l’information et de la communication, a surtout consisté à plafonner les tarifs et le
Raphaël Tuju, déclarait récemment : « l’intégra- retour sur investissement des opérateurs télé-
tion des TIC devrait se traduire par une inten-
sification de la concurrence, une diminution des
L’EXPÉRIENCE DE LA SOMALIE ILLUSTRE PARTICULIÈREMENT BIEN LES
frais de transaction, des économies d’échelle
AVANTAGES DE LA CONCURRENCE, ET LA NÉCESSITÉ D’UNE RÉGULATION
pour les entreprises, une amélioration des
infrastructures régionales et une incitation Au cours de la dernière décennie, la Somalie est passée d’un opé-
aux investissements directs étrangers dans le rateur historique en situation de monopole à cinq opérateurs télé-
secteur. »5 M. John Waweru, président de l’Ari- coms. Résultat : le prix par minute d’un appel téléphonique inter-
cea (Association of Regulators of Information national y est aujourd’hui cinq ou six fois inférieur à celui pratiqué
and Communication in East and South Africa), dans la plupart des autres pays africains. Alors que le pays ne compte
souligne pour sa part que la mise en place d’un ni système bancaire officiel, ni administration des Postes, la plupart
cadre réglementaire propice est plus urgente des Somaliens ont accès à une ligne téléphonique fixe, mais l’ab-
que jamais, face à une fracture numérique qui sence d’accords d’interconnexion interdit à beaucoup d’abonnés d’ap-
ne cesse de s’aggraver entre l’Afrique urbaine peler des correspondants à l’extérieur de leur réseau, ce qui entre-
et l’Afrique rurale6. tient une surcapacité de fait. Le PNUD décrivait récemment en ces
Les pages ci-après déclinent les étapes indispen- termes le spectacle qu’offrait la ville de Hargeisa, capitale du Soma-
sables à la création d’un cadre politique et régle- liland : «Un enchevêtrement de guirlandes de fils téléphoniques ser-
mentaire efficace: pentant le long des rues, entortillées au-dessus des têtes.»
La concurrence féroce que se livrent les réseaux IP a stimulé le déve-
1. Mettre en place une autorité de régulation loppement de services à valeur ajoutée en Somalie. Des entrepre-
indépendante neurs ont mis au point des applications personnalisées pour la ges-
On connaît les grandes caractéristiques d’un tion des envois de fonds de l’étranger, tandis que les étudiants uti-
marché bien régulé : transparence, responsa- lisent Internet pour suivre les cours en ligne proposés par les uni-
bilité à l’égard du public, respect des procédu- versités étrangères.
res, protection des droits de propriété. Les orga-

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 65


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

QU’ENTEND-ON PAR « DÉFICIT D’ACCÈS UNIVERSEL » ?


régulation doivent mettre en place des cadres
permettant aux opérateurs de servir les mar-
Il convient tout d’abord de s’accorder sur les termes d’ « accès »
chés ruraux en toute rationalité économique.
et de « déficit ». La notion d’accès ne revêt pas du tout la même
signification dans les pays en développement et dans les pays
Différentes mesures d’incitation à la fourniture
développés.
d’un accès universel ont été expérimentées,
Aux États-Unis, avec 65 téléphones pour 100 personnes, 94 %
allant des licences spéciales pour zones rura-
des ménages ont le téléphone, tandis que le Burkina Faso a
les, comme en Afrique du Sud, aux licences
défini son objectif d’accès universel comme la mise à disposi-
« périssables », qui prévoient que, si l’opérateur
tion de téléphones payants dans un rayon de 20 km de la majo-
n’a pas assuré la desserte d’une région déter-
rité des habitations. Quant au «déficit», il se scinde en deux com-
minée dans un délai déterminée, la licence cou-
posantes : un déficit en termes d’ « efficacité du marché », qui
vrant ladite zone sera revendue, éventuellement
renvoie à une demande solvable, mais non satisfaite à ce jour,
dans le cadre d’une mise aux enchères. En
et un déficit d’accès « en soi », qui renvoie à une demande non
recourant aux «enchères inversées», où les opé-
solvable et non satisfaite.
rateurs se font concurrence pour accepter
Notre avis est que la portion « non solvable » du déficit d’accès
l’aide la plus faible possible en vue de l’obten-
est moins importante qu’on ne le pensait, et qu’elle s’amenuise
tion de la licence, nombre de gouvernements ont
encore.
piloté le déploiement des réseaux sur leur ter-
ritoire avec succès et efficacité.

coms, mais ses efforts devraient porter davan- L’opérateur Vodacom s’est élevé contre la der-
tage, à l’avenir, sur l’amélioration de l’accès nière série de modifications apportées au
aux réseaux. Il conviendrait notamment d’en- cadre de concurrence en Afrique en déclarant
courager les MVNO (opérateurs de réseaux qu’elles étaient de nature à décourager les
mobiles virtuels). Selon la société de conseil en investisseurs. La société plaide pour une
technologie Pyramid Research, « les MVNO approche graduée et maîtrisée, sans change-
représentent un formidable moteur de crois- ments brusques, afin de permettre aux nou-
sance pour les marchés émergents »7. Guy Zibi, veaux marchés de se développer*. Vodacom
l’auteur de l’étude de Pyramid, relève toute- observe notamment que « la réglementation
fois que, dans des marchés imparfaitement des prix n’est pas l’alpha et l’oméga de la
concurrentiels comme ceux d’Afrique subsa- “bonne régulation” ». Les régulateurs se sont
harienne, les opérateurs réseaux ont peu attachés à faire baisser les prix en réglemen-
d’intérêt à ouvrir leurs réseaux aux MVNO, tant les frais d’interconnexion. Il serait plus
préférant souvent garder en réserve leur judicieux, selon Vodacom, d’accorder l’accès
capacité réseau pour être à même de répon- au réseau à davantage d’opérateurs (sous la
dre à la demande future. Ce n’est que lorsque forme de MVNO) et de laisser faire la concur-
les opérateurs sont obligés d’assumer l’inté- rence8.
gralité des coûts de leur infrastructure qu’ils
songent à tirer parti de leur capacité inutilisée. L’ouvrage Connecting Sub-Saharan Africa9
Pour constituer un modèle viable, les MVNO définit la stratégie TIC de la Banque mondiale
doivent être plus rentables que les opérateurs en Afrique subsaharienne en l’articulant autour
« physiques », tout en proposant un service dif- de trois axes :
férencié ou en étendant leur offre à des zones
que l’opérateur ne peut ou ne veut desservir, 1. Poursuivre la mise en œuvre de l’agenda des
telles les zones rurales. réformes structurelles :
• libéralisation du marché
3. Faire de l’accès universel une priorité • régulation
La question de l’accès universel aux TIC — en • renforcement des capacités institution-
* Il est intéressant de noter particulier à la téléphonie — devient de plus en nelles
que les opérateurs mobiles, plus préoccupante, à l’heure où les marchés • privatisation
confrontés à la menace de
nouveaux entrants — les s’ouvrent à la concurrence. Sur un marché • réforme du secteur postal
réseaux IP —, expriment les concurrentiel, les opérateurs vont se compor-
mêmes préoccupations que
les opérateurs télécoms histo- ter rationnellement, c’est-à-dire connecter 2. Remédier aux défaillances du marché :
riques lorsque ces derniers d’abord les catégories aisées des zones urbai- • Couverture rurale
ont dû affronter la concur-
rence des opérateurs de télé- nes à forte densité, au détriment des populations • Dorsale nationale
phonie mobile. rurales pauvres. C’est pourquoi les autorités de • Pays en situation de post-conflit

66 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

3. Applications TIC « pro-développement » : lité à l’égard de l’offre de services. Les licences


• commerce électronique qui imposent des limites aux services imposent
• administration en ligne de facto des limites à la technologie (la seule
• applications pour la société civile exception à cette règle concerne le cas où les
concurrents ne sont pas de parfaits substituts
Les auteurs de cet ouvrage appellent la commu- l’un de l’autre, par exemple un opérateur his-
nauté du développement à faire avancer torique propriétaire des infrastructures et un
l’agenda des réformes, soulignant que cet opérateur de réseau mobile virtuel). C’est la
agenda « constitue la base pour le développe- reconnaissance de la nécessité de ces deux attri-
ment viable du secteur des TIC et le déploiement buts — neutralité technologique et neutralité à
de ses infrastructures [...] Les faits montrent que l’égard du service — qui a donné naissance aux
des marchés libéralisés fondés sur une politi- licences « unifiées ». Les licences unifiées don-
que et un cadre réglementaire propices à la nent acte du fait que les offres de services des
concurrence sont la meilleure garantie d’une différents opérateurs sont de plus en plus en
amélioration de l’accès aux réseaux ».10. situation de substituabilité, et qu’elles exploitent
en fin de compte la même ressource finie : le
S’agissant de remédier aux défaillances du mar- spectre des fréquences. Ce régime de licences
ché (couverture rurale, construction d’un réseau place l’intégralité du spectre sous la juridiction
dorsal national, etc.), les auteurs de Connecting d’une seule et même autorité de régulation.
Sub-Saharan Africa reconnaissent la nécessité
d’un cofinancement par les pouvoirs publics, Une telle solution présente plusieurs avanta-
mais ils formulent une mise en garde : ges. Premièrement, en plaçant la totalité du
spectre utilisable sous l’égide d’une instance
« Il est néanmoins essentiel que le soutien des de régulation « convergente », on simplifie
pouvoirs publics ne fausse pas la concurrence
dans les secteurs TIC porteurs : autrement dit,
avant d’en venir à des solutions de financement TOUT CE QUI MONTE CONVERGE
public, il serait souhaitable d’étudier les mesu- On a assisté au cours des dix dernières années à une convergence
res politiques et réglementaires susceptibles irrésistible des technologies de l’information et de la commu-
d’agir sur le développement du marché. Par nication. Découlant largement de l’expansion des services sur
exemple, l’introduction de dispositifs d’aide les canaux IP, la convergence se manifeste sous divers aspects.
basée sur les résultats (OBA) pour le dévelop- Premièrement, le matériel lui-même a convergé : les ordinateurs
pement de la couverture rurale ou de l’infra- offrent des services de téléphonie, tandis que les téléphones por-
structure haut débit dans des environnements tables fournissent des données. D’autre part, les prestataires
insuffisamment réformés est une proposition ris- développent une offre de services intégrés : aux États-Unis, par
quée, à moins de la faire précéder d’une étude exemple, Verizon propose des services fixes, mobiles et Inter-
d’impact approfondie, de manière à éviter de net. Cette société illustre également la convergence des canaux
subventionner des opérations qui auraient pu de transmission, car les services de téléphonie fixe et la
s’avérer parfaitement rentables si le cadre régle- connexion Internet haut débit qu’elle propose utilisent les mêmes
mentaire avait été correctement défini. »11 fils de cuivre. Enfin, la convergence des marchés décrit la subs-
tituabilité croissante des services, à mesure que les fournisseurs
4. Élargir le spectre des technologies émergentes de services Internet ou les prestataires de services à valeur ajou-
L’environnement commercial en constante évo- tée (tel Skype) proposent des substituts crédibles à des servi-
lution dans lequel opèrent les fournisseurs de ces qui semblaient hier encore parfaitement cloisonnés, comme
technologies fait ressortir les implications que la téléphonie fixe.
comporte, pour l’action publique, la tendance fon- Cette convergence est portée par une double dynamique, maté-
cière à la convergence, surtout dans les pays qui rielle et logicielle. Tandis que le haut débit devenait toujours plus
entendent mettre en œuvre une politique d’ac- accessible aux consommateurs des pays développés, les fabri-
cès universel. Précisément parce que la techno- cants mettaient au point de nouveaux matériels pour tirer parti
logie évolue si rapidement, la convergence de l’augmentation de la largeur de bande, et les développeurs
impose que la régulation soit neutre sur le plan de logiciels faisaient de même avec des applications de visio-
technologique, afin de ne pas étouffer l’innova- conférence, etc. Le simple jeu des forces du marché peut lui-
tion. même pousser à la convergence. C’est ainsi que, lorsque le
revenu moyen par abonné a commencé à décliner, les opéra-
La neutralité technologique reste toutefois une teurs de téléphonie mobile ont choisi de diversifier leur offre
vue de l’esprit s’il n’existe pas la même neutra- de services.

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 67


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

FAIBLE CROISSANCE DES TIC : LES DÉFICIENCES DES POLITIQUES PUBLIQUES MONTRÉES DU DOIGT

La politique africaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’a pas été capable d’avancer au même rythme que les
progrès technologiques. C’est ce qu’on pouvait entendre la semaine dernière au cours d’un forum régional des acteurs et régulateurs de l’in-
dustrie. En tête de l’ordre du jour figurait l’intégration des politiques des TIC, dans le cadre de la réduction de la fracture numérique. M. Eras-
tus Mwencha, secrétaire général du COMESA, a déclaré que l’harmonisation des politiques des TIC avait pour but d’encourager l’investissement
et de promouvoir l’intégration régionale.
L’initiative, qui est subventionnée par le Fond Européen pour le Développement, a réuni les régulateurs des TIC de la région. Le ministre kenyan
de l’information et de la communication, Raphaël Tuju, a exhorté les participants à proposer un modèle TIC qui réponde aux besoins de la région.
« L’intégration des TIC devrait se traduire par une intensification de la concurrence, une diminution des frais de transaction, des économies
d’échelle pour les entreprises, une amélioration des infrastructures régionales et une incitation aux investissements directs étrangers dans
le secteur », a-t-il déclaré.

M. John Waweru, directeur général de la commission kenyane de la communication, a déclaré que les progrès technologiques avaient faci-
lité la convergence dans le secteur des TIC, rendant du même coup obsolètes des méthodes classiques comme la tarification des services de
télécommunication à la minute, par zone géographique ou par mode d’utilisation. C’est ainsi que les technologies large bande permettent
d’utiliser Internet pour des services de téléphonie, par exemple.
Il a souligné qu’il fallait mettre en place de nouvelles structures tarifaires pour éviter toute concurrence déloyale.

M. Waweru, qui est également président de l’Aricea (Association of Regulators of Information and Communication in East and South Africa),
a félicité les gouvernements africains pour leur reconnaissance du rôle que les TIC sont appelées à jouer en faveur du développement. Il a
précisé que le Kenya avait octroyé récemment des licences d’exploitation à deux opérateurs privés GMPCS (systèmes mobiles mondiaux de
communications personnelles par satellite) et cinq opérateurs VSAT. Il a souligné que la recherche d’un cadre réglementaire adapté deve-
nait une ardente nécessité, devant l’aggravation de la fracture numérique entre l’Afrique rurale et urbaine.
M. Mike Jensen, du projet CATIA (Catalyser l’Accès aux TIC en Afrique), parrainé par le DFID britannique, a relevé que 70 à 80 % de la popu-
lation africaine vit en zone rurale, alors que 90 % des lignes fixes sont situées dans les capitales et les villes secondaires. « La plupart des
ruraux doivent effectuer de long trajets pour accéder aux services téléphoniques et Internet, ce qui aggrave encore pour eux le coût de ces
services », a-t-il poursuivi. M. Jensen a exhorté les gouvernements africains à faire table rase de la multiplicité de licences qui entrave l’in-
vestissement dans le secteur des TIC.

M. Geoff Daniell, consultant basé en Afrique du Sud, a recommandé aux gouvernements africains d’utiliser des systèmes satellites à faible
coût pour améliorer l’accès aux TIC dans la région. Il a écarté la crainte que ces progrès technologiques puissent représenter un danger pour
la sécurité nationale : « Les dispositifs sans fil sont parfaitement capables de détecter l’utilisation d’un radar militaire et de mettre automa-
tiquement fin à la connexion pour prévenir toute interférence », a-t-il indiqué.

(Source : Bob Wekesa, The East African Standard, 8.2.2005. Article posté sur le site de l’Observatoire des politiques des TIC en Afrique, à l’adresse
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=n21843e_1&x=901860)

(et on accélère) la résolution des problèmes revendre le spectre inutilisé, constituent autant
d’interférence radio. Deuxièmement, les opé- d’incitations à une exploitation optimale des
rateurs disposent de droits de propriété bien infrastructures existantes, puisque toute capa-
définis sur des portions du spectre. Troisième- cité inutilisée a un coût d’opportunité.
ment, l’existence d’une instance convergente
facilite les arbitrages entre détenteurs de Cela a de profondes implications pour le
licences, ce qui encourage la consolidation du déploiement des infrastructures en milieu rural
spectre, et avec elle la création de richesses. et dans les autres zones actuellement mal des-
Ces consolidations sont sources d’économies servies. Dans des pays comme le Mali, l’opéra-
d’échelle, dans la mesure où les fournisseurs teur historique a peu d’intérêt à revendre sa
de technologies (matérielles et logicielles) capacité inutilisée, au contraire, il chercherait
étendent leur couverture du marché. Quatriè- plutôt à se prévaloir d’anticipations sur la
mement, un régulateur convergent est le demande future pour la garder en réserve. Il est
mieux placé pour gérer les conflits qui peuvent peut-être légitime d’anticiper des besoins
surgir à la périphérie de l’environnement futurs, mais, il n’en reste pas moins que cette
réglementé, par exemple avec les pays voisins. pratique pénalise les clients potentiels qui
Enfin, des licences unifiées fondées sur le spec- seraient prêts à payer tout de suite pour des ser-
tre de fréquence et non pas sur la technologie vices, de même que les MVNO qui seraient dis-
ou le type de service, jointes à la possibilité de posés à servir ces abonnés à faible ARPU. Dans

68 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

un cadre réglementaire autorisant la revente de Aucun des projets d’infrastructures conduits à


spectre, la rétention de capacité à des fins pré- grand renfort de publicité par les gouverne-
datrices ou vindicatives n’a plus guère de rai- ments régionaux et la communauté des dona-
son d’être. teurs n’est parvenu à produire autre chose que
de faibles échos sur l’écran radar. Comme le dit
L’Ouganda se distingue des autres États afri- un opérateur tanzanien, «75 % des projets aidés
cains pour son instauration d’un cadre régle- ne marchent tout simplement pas. Si un projet
mentaire particulièrement propice. Les opéra- est viable, c’est qu’il est commercialement
teurs locaux s’accordent à dire que la réglemen- viable, et qu’il faut donc l’entreprendre sur une
tation ougandaise des télécommunications est base commerciale »15.
« plus progressiste que partout ailleurs en
Afrique », que la commission ougandaise des 6. Faciliter l’accès au crédit pour les plus démunis
communications est « juste et équitable » et que Ce sont les initiatives de microcrédit, comme
les conventions et accords sont généralement le programme des « téléphones de village » de
honorés. Ainsi que le résume bien un opéra- la Grameen Bank, qui constituent les exemples
teur : « Je peux me concentrer sur le dévelop- les plus réussis de partenariat public-privé. Les
pement de mon entreprise, sans être englué organismes donateurs pourraient également se
dans des problèmes bureaucratiques. »12 concentrer sur le financement des zones rura-
les ou mal desservies en mobilisant des dispo-
5. Améliorer l’accès aux capitaux sitifs d’aide basée sur les résultats (Output-
L’un des objectifs fondamentaux des politiques Based Aid - OBA).
de régulation devrait consister à favoriser une
valorisation optimale des ressources. Actuelle- 7. Développer les ressources humaines
ment, de nombreux pays subsahariens imposent Les responsables des projets étudiés dans le
des restrictions aux participations étrangères cadre de ce rapport sont unanimes à déplorer
dans les opérateurs télécoms. De telles mesures le manque de formation aux TIC à l’université
constituent un véritable frein au déploiement des ainsi que la difficulté de trouver des candidats
infrastructures, dans la mesure où elles limitent qualifiés pour l’exploitation des réseaux et la
le capital disponible. De même, le fait que les création de contenus applicatifs. D’une manière
téléphones portables soient considérés comme plus générale, le faible taux d’alphabétisation
des articles de luxe et taxés en conséquence res- en ASS freine l’adoption des services TIC du côté
treint considérablement l’offre d’appareils abor- de la demande, comme il entrave le déploiement
dables pour le consommateur. des infrastructures et la création de contenus
Comme on a pu le voir avec des sociétés du côté de l’offre. Les questions d’alphabétisa-
comme IKON ou Manobi, les difficultés d’accès tion et d’éducation dépassent le cadre du pré-
aux capitaux pèsent lourdement sur le dévelop- sent rapport, mais elles ne méritent pas moins
pement des infrastructures TIC. « Les gros d’être signalées.
investisseurs sont beaucoup mieux placés que Un moyen pour le secteur privé, et particuliè-
les petits opérateurs, qui, eux, n’ont pas leurs rement pour les opérateurs télécoms, de
entrées chez les hauts fonctionnaires gouverne- gérer la question des capacités humaines
mentaux », souligne Russell Southwood13. serait d’adopter une stratégie d’intégration
Certains partenariats public-privé noués par des verticale. Les opérateurs devraient exploiter
organisations comme la SFI (Société financière à fond leurs formidables capacités de commer-
internationale) ou le CDC Group (ex-Common- cialisation pour promouvoir des services à
wealth Development Corporation) ont accom- valeur ajoutée sur leurs réseaux. Cette démar-
pagné avec succès des opérations d’infrastruc- che a déjà été testée avec succès aux États-
tures en apportant des capitaux, mais, dans Unis, où des opérateurs réseaux vendent des
l’ensemble, les résultats sont très mitigés. portables avec des services à valeur ajoutée
Nombre d’opérateurs télécoms vont jusqu’à dire comme Instant Messenger d’AOL préinstallés.
que l’aide au développement est «au mieux, une L’opérateur sénégalais Sonatel pourrait ten-
perte de temps, au pire, un réel obstacle »14. ter la même approche avec les services pro-
Uganda Telecom (UTL), par exemple, a hérité posés par Manobi.
d’un ensemble disparate de systèmes incompa-
tibles, mis en place avec des crédits d’aide inféo- Des partenariats public-privé seraient égale-
dés à des fournisseurs particuliers, et dont l’es- ment souhaitables pour investir dans des
sentiel est aujourd’hui à mettre au rebut. programmes universitaires de formation des-

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 69


Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne

tinés aussi bien à développer la demande pour licences et la promotion de l’innovation dans les
les services TIC que l’offre de main-d’œuvre TIC. Ces observations valent pour tous les
qualifiée dans le secteur des nouvelles techno- pays, mais ce sont surtout les régions en déve-
logies. Cette politique pourrait du même coup loppement, comme l’Afrique subsaharienne, qui
stimuler l’innovation et la création de conte- tireraient le plus grand parti d’un assouplisse-
nus, selon un cercle vertueux dont Jean Bap- ment du contrôle exercé sur l’utilisation du spec-
tiste Say énonçait déjà les lois en 180316. Les tre
donateurs devraient notamment s’attacher à
1
Steven Watts, The People’s Tycoon: Henry Ford and
corriger les inégalités d’accès aux TIC selon le
the American Century, Knopf, 2005.
genre, en finançant des programmes de for- 2
L’utilisation des technologies de l’information et de la
mation ciblés sur les femmes. Enfin, seuls ou communication dans les pays les moins avancés pour
à travers des partenariats public-privé, les une croissance économique durable, Union interna-
organismes donateurs peuvent servir d’incu- tionale des télécommunications, édition 2004, p. 78.
3
http://www.itworld.com/Tech/4535/
bateurs d’entreprises pour des prestataires de
050815transcont/
services à valeur ajoutée. 4
http://www.balancingact-
africa.com/news/back/balancing-act_245.html
Conclusion 5
Bob Wekesa, The East African Standard, 8.2.2005
Les cadres politiques, réglementaires et finan- (article posté sur le site de l’Observatoire des politi-
ques des TIC en Afrique, à l’adresse
ciers peuvent influer profondément sur la dif-
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=n2184
fusion des TIC en Afrique subsaharienne, 3e_1&x=901860).
notamment dans les régions rurales, encore mal 6
Ibid.
desservies ou non desservies. Il importe que les 7
« MVNOs in Emerging Markets: Developing the Busi-
politiques de réglementation se concentrent sur ness Case for the MVNO Model », Pyramid Research,
2005 (www.pyramidresearch.com).
la promotion de l’investissement, y compris l’in- 8
http://www.balancingact-
vestissement étranger. Dans cet esprit, la poli- africa.com/news/back/balancing-act_255.html
tique de régulation doit être neutre, tant à 9
Connecting Sub-Saharan Africa: A World Bank Group
l’égard des technologies que des services, et doit Strategy for Information and Communication Techno-
se caractériser par la transparence, la clarté, logy Sector Development, WB Working Paper n° 51,
Banque mondiale, 2005.
l’équité et la flexibilité dans la perspective des 10
Ibid., p. XII.
évolutions technologiques futures telles que la 11
Ibid., p. XII.
VoIP ou le WiMAX. La régulation doit également 12
Voir http://www.balancingact-
s’efforcer de limiter les possibilités de conten- africa.com/news/back/balancing-act_66.html
tieux. Surtout, un cadre réglementaire incitatif
13
http://www.balancingact-
africa.com/news/back/balancing-act_66.html
veillera à stimuler la concurrence. Il appartient 14
Ibid.
à chaque pays de trouver le juste équilibre entre 15
Ibid.
la protection des droits des détenteurs de 16 Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, 1803.

70 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Chapter 8: Pistes pour l’avenir
Cette étude a fait ressortir plusieurs grands thèmes susceptibles de fournir matière à des recommanda-
tions plus larges à l’intention des décideurs politiques et des opérateurs de réseaux.

Le déploiement d’infrastructures dans l’Afrique de garantir un accès universel non seulement


subsaharienne rurale peut s’avérer rentable. aux services téléphoniques, mais à Internet est
Au chapitre 6, « Développer des modèles com- aussi une occasion unique de tirer parti des nou-
merciaux viables pour les opérateurs de réseaux velles évolutions technologiques. Par exemple,
en zone rurale », nous avons présenté deux étu- la technologie radio par paquets assure une cou-
des de cas (GSM & GSM/WiMAX) à l’appui de verture et une capacité adaptées à différentes
cette affirmation. La durée d’amortissement situations (allant des zones fortement urbani-
sera sans doute plus longue sur les marchés sées aux zones rurales à très faible densité de
ruraux qu’en zone urbaine, mais on sait, d’une population), pour un coût total de possession
manière générale, que la demande en TIC est (TCO) réduit pour les opérateurs. Par ailleurs,
forte parmi les ruraux pauvres d’ASS. la convergence induite par l’introduction de la
technologie IP par paquets dans les réseaux cen-
La contribution des parties prenantes à chaque traux, puis finalement dans la boucle locale,
étape de la chaîne de valeur est essentielle. ouvrira la voie à la convergence fixe-mobile et
Le déploiement des infrastructures dans les à la téléphonie IP.
zones rurales d’ASS sera largement induit par
la demande. Il est important que les opérateurs L’innovation financière permettra aux opéra-
réseaux mènent des consultations auprès de teurs de se déployer plus agressivement dans
leurs clients potentiels, afin de savoir quels sont l’ASS rurale.
les services que ces derniers sont prêts à Ce rapport met en exergue différents disposi-
payer. Les prestataires de services, à leur tour, tifs innovants permettant aux opérateurs d’ob-
doivent être très attentifs aux besoins des uti- tenir des financements suffisants pour couvrir
lisateurs finals. Des expériences locales ou le coût du déploiement d’infrastructures. Par
des projets pilotes financés par des partenariats exemple, avec le principe du « pay-as-you-
public-privé peuvent servir à mettre en évidence grow », c’est-à-dire de l’investissement par
une demande non satisfaite. Un réseau qui paliers, suivant la croissance des besoins,
serait déployé uniquement en fonction de l’opérateur ne paye que la capacité réseau cor-
préoccupations technologiques, sans se soucier respondant à la demande, sans prendre en
de sa nécessaire appropriation par les utilisa- charge la capacité inutilisée. Parmi les autres
teurs finals, n’offrirait aucune garantie de suc- instruments destinés à faciliter le déploiement
cès. Les opérateurs doivent veiller à proposer en milieu rural, on citera les licences USAL
des infrastructures adaptées, en termes quan- (zones mal desservies) ou encore les mécanis-
titatifs et qualitatifs, à ce que les consommateurs mes d’aide basée sur les résultats.
souhaitent et peuvent se permettre. Lorsque Les décideurs politiques et les régulateurs peu-
Manobi a fait pression sur la Sonatel pour que vent aussi agir dans ce domaine. Voici, en par-
celle-ci construise une station de base à Kayar, ticulier, quelques recommandations à l’attention
par exemple, cela s’est traduit par une couver- des décideurs :
ture mobile élargie pour les consommateurs et
un supplément d’abonnés non négligeable Encourager la pénétration du marché par des
pour le réseau. opérateurs de toute taille, des gros investis-
seurs aux micro-entrepreneurs.
Les technologies — nouvelles ou matures — L’octroi de licences d’exploitation du spectre et
permettront à l’Afrique subsaharienne rurale la revente des portions inutilisées du spectre
de « sauter une génération » d’infrastructures. favorisent l’optimisation des infrastructures
La technologie mobile offre à l’ASS la possibi- existantes et stimulent la concurrence entre opé-
lité de déployer des réseaux de communication rateurs en permettant aux micro-entrepre-
en se passant d’infrastructures filaires. Le défi neurs d’accéder aux réseaux sans nécessité de

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 71


Pistes pour l’avenir

réaliser des investissements d’infrastructures. la communication, toute réglementation spéci-


Les obstacles tels que l’interdiction des parti- fique à une technologie ou à un service donné
cipations étrangères doivent être levés, afin est vouée à une rapide obsolescence. Les pro-
d’encourager l’investissement dans les équipe- grès technologiques dans les télécoms continue-
ments comme dans les services ; ront à offrir de nouvelles possibilités aux pays
en développement. Il importe que le cadre régle-
Promouvoir les partenariats public-privé dans mentaire soit suffisamment souple pour accueil-
le cadre de la création d’un environnement lir les technologies émergentes et leur assurer
favorable. une large diffusion ;
Les efforts dans cette direction comprennent
notamment la formation aux TIC, l’initiation Surtout, veiller à ce que le cadre réglementaire
des utilisateurs finaux aux services TIC ainsi soit transparent, favorable au marché et
que la commercialisation des services à équitable.
valeur ajoutée sur les réseaux existants. Par Il est nécessaire que les régulateurs simplifient
exemple, REOnet organise des séminaires de les procédures d’octroi de licences, afin de faci-
programmation sous Linux aussi bien que des liter l’entrée sur le marché et le fonctionnement
stages de formation à l’utilisation des TIC en de l’activité économique. En plaçant la télépho-
télémédecine. L’octroi de crédits supplémen- nie et les services IP sous l’égide d’une seule ins-
taires à la formation stimulerait la demande tance de régulation, les pays en développement
pour des services similaires à ceux du projet peuvent créer les conditions propices à la pro-
IKON. L’accès des prestataires de services au duction d’offres de services innovants à des prix
financement est également un problème compétitifs.
essentiel auquel doivent s’attaquer les respon- Les futurs consommateurs africains de TIC
sables politiques. L’investissement privé a un réclameront des services destinés à améliorer
rôle important à jouer dans le développement leur vie et à leur ouvrir l’accès à l’information,
des TIC, et il importe de mobiliser toutes les par des voies et des moyens qu’ils sont les
sources de financement possibles, notamment seuls à pouvoir anticiper. En éliminant les
les partenariats public-privé, en vue de points de blocage réglementaire, les régula-
réduire le coût du crédit pour les petites teurs peuvent rapprocher le jour où les popu-
entreprises et de faciliter l’accès aux capitaux lations rurales subsahariennes accéderont
privés ; aux technologies de l’information et de la com-
munication et, partant, contribuer à l’élabora-
Garantir la neutralité des politiques de régu- tion de solutions au défi colossal que représen-
lation tant à l’égard des technologies que des tent les objectifs du Millénaire pour le dévelop-
services. pement. Les jeunes enfants sénégalais et les
Compte tenu de l’évolution proprement verti- patients tuberculeux en Afrique du Sud sont
gineuse des technologies de l’information et de prêts.

72 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


Annexe A: Glossaire
Accès Partie d’un réseau de télécommunication la le distinguer de l’ancien câble télé- plusieurs usagers normalement identifiés.
plus proche de l’abonné. C’est le lien entre graphique sous-marin. Certains usagers peuvent avoir accès à un
le terminal de l’abonné et les réseaux canal remontant.
locaux, nationaux et internationaux. CAPEX Capital Expenditures - Immobilisations. Ces
dépenses sont réalisées par une entreprise Dorsale Liaison de transmission de données sur
ADSL L’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line pour acquérir ou monter en puissance des laquelle viennent s’interconnecter d’autres
- système de lignes d’abonné actifs physiques tels que des équipements, lignes de moindre capacité (réseaux capil-
asymétriques) transforme la paire de cuiv- des biens fonciers ou des édifices indus- laires). Au niveau local, une dorsale est
re de l’opérateur en un système de distri- triels. En comptabilité, une dépense d’in- formée d’une ou plusieurs lignes aux-
bution multimédia à large bande. Utilisant vestissement est portée au compte d’actif. quelles viennent se connecter des réseaux
la ligne téléphonique classique, l’ADSL locaux pour former un réseau étendu. Une
assure une transmission jusqu’à 200 fois CDMA Code-Division Multiple Access – dorsale peut être aussi dans un réseau
plus rapide que les modems analogiques Multiplexage à accès codé. Il s’agit d’une local pour réunir deux ou plusieurs élé-
actuels. L’ADSL assure le transfert de don- technologie numérique cellulaire qui utilise ments du réseau (entre des bâtiments, par
nées à haut débit (jusqu’à 12 mégabit par des techniques d’étalement dans le spec- exemple). Pour l’internet et d’autres
seconde) en plus du service téléphonique tre. A la différence des systèmes concur- réseaux étendus, une dorsale rassemble
standard sur la même ligne d’accès télé- rents tel que le GSM qui utilise le multi- les points de raccordement de réseaux
phonique. plexage temporel (TDMA), le CDMA n’at- locaux ou régionaux pour les interconnex-
tribue pas une fréquence spécifique à un ions à longue distance. Ces points d’inter-
ARPU L’ARPU (revenu moyen par abonné) usager, mais donne la totalité du spectre connexion sont connus sous les noms de
(Average mesure le montant moyen d’argent dépen- disponible à chaque canal de transmission. nœud de réseau ou de commutateur de
Revenue Per sé chaque mois par l’usager pour un serv- Chaque conversation est codée avec une données.
User) ice donné tel qu’un téléphone mobile, un séquence numérique pseudo-aléatoire.
« bip », etc. DSL La technologie de ligne d’abonné
Cellule Zone de couverture radio définie locale- numérique fonctionne sur la ligne télé-
Attribution Il s’agit de l’attribution, planifiée par une ment et reconnue par un mobile associé à phonique cuivre existante (domestique et
(d’une bande entité réglementaire nationale ou interna- un code d’identification de BTS et carac- public), aussi connue sous la dénomina-
de fréquence) tionale, d’une bande de fréquence radio à térisée au niveau du réseau par un code tion de paire torsadée. Cette technologie,
un ou plusieurs opérateurs de télécommu- d’identification de cellule (GSM/GPRS ou extrêmement rapide, utilise un codage
nication ou services de radio astronomie, UMTS). numérique sophistiqué pour exploiter au
pour une utilisation dans des conditions mieux l’espace disponible sur le fil sans
rigoureuses. On pourra trouver une défini- Cœur de réseau Le cœur de réseau utilise des liaisons de
transmission à grande vitesse et assure la nuire au trafic téléphonique normal. Avec
tion officielle dans le Règlement de radio- l’ADSL, la vitesse de téléchargement de
communications de l’UIT. connectivité des réseaux régionaux et
d’autres sous-réseaux. On l’appelle aussi 8 Mbit/s est 200 fois plus rapide que
réseau dorsal ou dorsale. Ce réseau doit celle des modems analogiques. La tech-
Bande de Ensemble continu de fréquences situé
être capable de transmettre et gérer une nologie DSL s’exprime sous plusieurs
fréquence entre deux bornes de fréquences spéci-
énorme quantité d’informations. formes dont les plus connues sont l’ADSL
fiques. Une bande de fréquence est carac-
Normalement, lorsqu’ils utilisent la dénom- et le VDSL (Very high speed Digital
térisée par deux valeurs qui délimitent sa
ination « réseau de transit », les opérateurs Subscriber Line).
position dans le spectre, c’est-à-dire les
fréquences limites supérieure et inférieure. font référence aux opérations de routage DVB-RCS Digital Video Broadcast-Return Channel by
et de transport. La notion de « réseau dor- Satellite. Norme internationale définissant
Boucle locale La boucle locale est la partie de la ligne sal » se rapporte uniquement aux les communications bidirectionnelles à
téléphonique (paires de cuivre) allant du ressources de transmission nécessaire à large bande sur IP via un satellite.
répartiteur de l'opérateur téléphonique l’activité du réseau.
jusqu'à la prise téléphonique de l'abonné. Echange de trafic Les fournisseurs de service internet (ISP)
Physiquement, il s'agit de tous les câbles Convergence La convergence des réseaux fixes et passent entre eux des accords d’échange
urbains que l'on peut voir dans les rues, fixe-mobile mobiles couvre deux aspects fondamen- de trafic. Ainsi, un ISP puissant et possé-
des câbles souterrains et même de la taux, à savoir l’infrastructure et les servic- dant son propre réseau dorsal s’engage à
paire de fils arrivant chez l'usager. es. Le premier concerne la capacité d’élé- absorber du trafic en provenance d’autres
ments de réseau différents (tels que com- gros ISP en contrepartie de la prise en
Boucle locale La Boucle Locale Radio (WLL) permet de mutateurs, réseau intelligent (IN) ou charge de son propre trafic sur leur
radio relier par ondes hertziennes les abonnés et réseau de nouvelle génération (NGN) et réseaux. Il peut aussi échanger du trafic
une compagnie de téléphone. Cette solu- réseau de gestion des télécommunications avec des ISP plus petits afin de pouvoir
tion, déployée en Asie et d’autres PED, (TMN) ou système de facturation et service atteindre des terminaisons régionales. C’est
permet de réduire les coûts d’installation client (CC&BS)) de prendre en charge des ainsi que de nombreux propriétaires de
des fils et des câbles. applications fixes ou mobiles. Le second petits réseaux parviennent à consolider
fait référence aux différents services de l’internet.
BSC Contrôleur de station de base. Cet élément convergence que l’on pourra offrir aux
de réseau de téléphonie cellulaire assure abonnés. e-commerce Le vocable commerce électronique ou e-
le contrôle et le fonctionnement d’une ou
commerce fait référence aux opérations
plusieurs stations de base. Il fait partie Coût total de Le coût total de possession est la somme d’achat/vente en ligne de produit et de
intégrante du sous-système de stations de possession des coûts directs et indirects liés à la pos- services. Il participe aussi à des opérations
base (BSS). session d’un bien matériel ou logiciel. d’achat/vente hors connexion. Le com-
BSS Sous-système de stations de base. Le CPE Le terme générique “Equipement d’ex- merce électronique fait partie du concept
BSS,comprenant des stations de base ploitation client” sert à décrire tous les des affaires électroniques.
(BTS), des unités de transcodage (TCU) et équipements et appareils du client, y com-
EDGE Enhanced Data rates for GSM Evolution -
des contrôleurs de stations de base (BSC), pris les modems, les dispositifs d’accès
débits accrus de données pour le GSM.
est sous le contrôle du centre de commu- intégrés, les passerelles résidentielles
Par ce perfectionnement apporté aux
tation mobile (MSC) au travers d’une inter- (RGW) et les terminaux.
normes de téléphonie cellulaire GSM et
face normalisée conformément aux recom-
Diffusion Forme de télécommunication unidirection- TDMA (aux E.-U.), les débits sont aug-
mandations du système GSM, et assure le
nelle à l’adresse d’un grand nombre mentés à 473 kbit/s. EDGE fait partie
maintien des communications avec les
d’abonnés non identifiés ayant les récep- intégrante de la famille de normes de
mobiles sur une région.
teurs appropriés, et réalisée au travers de troisième génération (3G) permettant la
BTS Station de base. Composant d’un réseau réseaux radio ou câble. Parmi les exemples transmission de la voix, de l’image et du
GSM, la BTS sous le commandement d’un nous citerons la radiodiffusion sonore ou la multimédia. La première génération des
contrôleur BSC assure la couverture d’une à télédiffusion, la diffusion de signaux communications mobiles était analogique.
trois cellules. horaires, de bulletins météo à destination Utilisée initialement pour la voix, elle est
de navires, de télétextes et de bulletins de née à la fin des années 70. Introduits
Câble sous-marin Un câble sous-marin (coaxial ou optique) presse. dans les années 90, les systèmes de
est spécialement conçu pour acheminer le deuxième génération GSM, TDMA et
transfert à large bande ou à haut débit de Distribution Mode de télécommunication sur un réseau CDMA utilisent le codage numérique et
données numériques sous la mer. Utilisé par câble de câbles métalliques ou de fibres servent surtout pour la voix. Avec l’ar-
indifféremment pour la transmission télé- optiques pour la distribution de pro- rivée de la 3G, diverses technologies
graphique et de données, on l’appelle grammes sonores ou vidéo et accessoire- sont mises en œuvre pour améliorer la
aussi câble téléphonique sous-marin pour ment d’autres signaux à destination de vitesse de transmission des données pour

Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 73


Annexe A

l’internet mobile. On peut citer les Largeur de bande Quantité maximale de données, mesurée bution) établit la jonction entre les nœuds
améliorations du transfert par paquets en bits par seconde ou bit/s (kilobit/s, d’accès et chaque abonné individuel.
pour le GPRS ainsi que pour le GSM et le Mégabit/s, Gigabit/s), pouvant être
TDMA (EDGE). acheminée dans un temps donné (le plus Réseau dorsal Réseau fédérateur utilisant des chemins de
souvent exprimé en seconde) sur un sup- transmission à haut débit pour l’intercon-
Fibre optique Guide d’onde filaire réalisé en matière port de communication. nexion de réseaux régionaux ou d’autres
diélectrique servant à propager l’énergie sous-réseaux. Ce réseau forme le cœur du
électromagnétique sous forme d’ondes Ligne, Liaison, (1) En matière de réseau sans fil, ligne de réseau de télécommunication. Il doit être
lumineuses. La fibre est habituellement Capacité transport du trafic voix et données d’une capable de transporter et d’acheminer
constituée d’une âme dans un enrobage, le cellule à un commutateur, c’est-à-dire d’un d’énormes quantités de données. Quand ils
tout protégé par une gaine. site distant à un site central (liaison mon- utilisent la notion de « réseau dorsal » ou
tante). d’infrastructure, les opérateurs font
GPRS General Packet Radio Service. Ce service (2) En technologie satellitaire, capacité de référence aux ressources de transmission
de communication radio par paquets four- transmission des données jusqu’à un point qu’ils doivent mettre en œuvre pour offrir
nit un débit de données de 114 kbit/s et d’où elles pourront être acheminées la capacité suffisante, supporter le réseau
assure une connexion continue à l’internet jusqu’au satellite (liaison terrestre). dans son entier et assurer efficacement le
aux usagers du mobile et de l’ordinateur. (3) Ligne de transmission des données service de télécommunication. Les réseaux
GPRS a été développé sur la base du GSM jusqu’au réseau fédérateur (dorsale). dorsaux servent à interconnecter les villes,
et vient compléter les services existants les régions, les pays ou même les conti-
comme des connexions mobiles com- MMS Le service MMS (normalisé dans le projet nents. Le réseau Internet a été initialement
mutées et le service SMS. d’échange 3GPP) permet l’envoi et la développé dans les années 60 à partir des
réception de messages multimédias pou- liaisons d’interconnexion établies entre des
GSM Global System for Mobile communications. vant combiner la voix, l’image, l’animation universités et des centres de recherche des
En 1982, la Conférence Européenne des et la vidéo. Etats-Unis. Le manque d’interconnexion
Postes et Télécommunications a créé le « adaptée est, dans la même mesure que le
Groupe Spécial Mobile » avec la mission de Mode connec- Accès à l’internet via un modem ou une
manque d’accès universel, à l’origine de la
définir le service de radiotéléphonie cellu- té (accès en -) connexion RNIS offrant des débits binaires
« fracture numérique ». Certains pays
laire numérique paneuropéen. Ce groupe jusqu’à 64 kbit/s sur une seule paire tor- africains ont une capacité d’interconnexion
d’étude a été par la suite intégré dans sadée. Les locutions « accès par ligne com- à l’internet équivalente à celle dont dis-
l’ETSI lors de sa création en 1988 avec mutée » et « accès commuté » sont syn- pose un utilisateur large bande dans un
onymes. pays développé.
l’objectif de produire les spécifications
détaillées du système. Le nom anglais MSC Mobile-service Switching Centre - Centre
actuel est né en 1991 en respectant SMS Short Message Service – Service de mes-
de commutation du service mobile. Le MSC sagerie. Ce service du GSM permet à des
l’abréviation GSM d’origine. Le GSM est remplit les fonctions de commutation, de
aujourd’hui le système de téléphonie cellu- téléphones mobiles de s’échanger des
routage et de gestion des appels, les fonc- messages textuels (160 caractères au max-
laire numérique le plus répandu dans le tions de comptabilisation et de facturation,
monde. imum).
et commande les fonctions d’interconnex-
ion avec les réseaux fixes. Il gère aussi la Solution IP Les solutions WIP confient le transport de
IP (Internet Le protocole internet fait partie de la
transmission des SMS et les transferts par desserte paquets de données à une liaison radio à
Protocol) famille de protocoles TCP/IP. Ce protocole
intercellulaires (handovers) avec les BTS hertzienne haut débit. Elles peuvent servir les besoins
régit le formatage des paquets de voisines (si nécessaire). d’accès, et interconnectent alors des
longueur variable (datagrammes) ainsi que
usagers à large bande, ou les besoins de
leur schéma d’adressage. Il permet un MVNO Mobile Virtual Network Operator –
transport entre des éléments de réseau
service sans connexion. IP est maintenant Opérateur de réseau cellulaire virtuel. Il distants.
le protocole de couche réseau universel sur s’agit d’un opérateur qui n’est pas proprié-
lequel repose la plupart des infrastructures taire de son spectre et qui, habituelle- Spectre de Gamme de fréquence d’oscillations ou d’on-
et services des couches Transport et ment, ne possède pas non plus d’infra- fréquence des électromagnétiques qui peut être utilisé
Applications. L’IPv4 en est la version la structure de réseau. Il a par contre passé pour la transmission des informations.
plus utilisée. La nouvelle version IPv6 est des accords commerciaux avec des opéra-
en cours d’installation. teurs de téléphonie mobile traditionnels SVA Service à valeur ajoutée. Il s’agit d’un serv-
auxquels il achète des minutes d’utilisation ice délivré par un réseau de télécommuni-
ISP Un fournisseur de service internet (ISP) (MOU) qu’il revend à ses propres clients. cation et dont le traitement des données
assure l’accès à l’internet auprès du public est réalisé dans les couches supérieures du
ou des entreprises, moyennant un abon- NGN Next Generation Network - Réseau de nou- modèle de référence OSI (lequel comporte
nement. La plupart des ISP proposent un velle génération. Deux concepts se cachent sept couches).
ensemble complet de services (courriel, derrière cette dénomination : le premier
groupes de discussion, transfert de fichiers est lié à l’évolution des services multimé- TDMA Time Division Multiple Access -
(FTP) et Telnet au minimum) facturé au dias pour les réseaux publics, tandis que le Multiplexage temporel. Cette technologie
temps passé ou par abonnement pour un second concerne la séparation des signali- de multiplexage découpe une fréquence
nombre d’heures d’accès déterminé. sation de « commande » et de « transport ». radio en intervalles de temps qu’elle
Ces nouveaux concepts sont destinés à attribue sélectivement aux appels entrants.
IXP Internet Exchange Point - Nœud de com- permettre l’établissement des services Ainsi, une même fréquence peut supporter
mutation internet. Un nœud est formé évolués nécessaires à la convergence des simultanément plusieurs canaux de don-
d’une infrastructure physique permettant applications voix, vidéo et données sur un nées. La technologie TDMA utilisée par le
à plusieurs fournisseurs de service inter- modèle unique de réseau unificateur. système GSM est en compétition avec la
net d’échanger du trafic internet entre technologie de multiplexage CDMA.
leurs systèmes autonomes selon des Nœud Un nœud est un point de traitement sur un
réseau. Il peut s’agir d’un ordinateur ou TRX Transceiver – Emetteur/récepteur (en
accords mutualistes d’échange de trafic.
d’un quelconque autre équipement tel GSM). Cet élément de réseau assure la
Les ISP se servent couramment des IXP
qu’une imprimante. A chaque nœud corre- communication bidirectionnelle sur huit
pour réduire leur dépendance de leur
spond une adresse de réseau unique, canaux de trafic à plein débit.
propres fournisseurs d’informations en
amont ; de plus, les nœuds d’échange quelquefois appelée adresse de liaison de
UMTS Universal Mobile Telecommunications
améliorent les performances et la données (DLC) ou adresse d’accès
System – Système de télécommunication
tolérance aux pannes. d’équipement (MAC).
mobile universel. Cette technologie a été
OPEX Dépenses d’exploitation avant amortisse- développée pour les services mobiles de la
LAN Un réseau local (LAN) regroupe des ordina-
ment des immobilisations corporelles et troisième génération venant après celle du
teurs et d’autres équipements associés qui GSM. Outre les services voix et vidéo,
utilisent une ligne de communication et se incorporelles ainsi que des ajustements
actuariels influant sur les charges du l’UMTS atteint des débits de transfert de
partagent les ressources d’un processeur données de 144 kbit/s en milieu rural et
central ou d’un serveur sur une zone géo- régime de retraite anticipée.
de 2 Mbit/s en milieu urbain.
graphique restreinte (exemple : un immeu- PoP Point de Présence. Le POP est un nœud sur
ble de bureaux ou un groupe d’im- lequel un ISP connecte un abonné à l’in- VoIP Voice over IP – Voix sur IP. La voix est
meubles). Le plus souvent, le serveur ternet. transportée sur les liaisons internet en util-
héberge des applications et stocke les isant le protocole internet (IP). Ainsi, les
données que se partagent les utilisateurs Réseau d’accès Dans le réseau public, le réseau d’accès informations voix sont encapsulées dans
d’ordinateurs reliés au réseau. (aussi appelé réseau capillaire ou de distri- des paquets au lieu d’être acheminée en

74 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés


mode circuit comme c’est le cas avec le réseau télé- périphériques de développer un ensemble de tests
phonique public commuté (RTPC). d’interopérabilité pour les produits WLAN conformes à
la norme 802.11 afin que ces produits soient livrés
VSAT Very Small Aperture Terminal – Micro-antenne. Ce sys- avec l’étiquette WiFi et un certificat de leur interopéra-
tème de communication par satellite consiste à bilité.
installer chez l'utilisateur une antenne de petit
diamètre (VSAT), qui reçoit d’une station terrienne cen- WiMAX Worldwide Interoperability for Microwave Access -
trale, généralement appelée hub, des informations dif- WiMax est un alliance industrielle dont l’objectif est de
fusées depuis un satellite géostationnaire vers lequel promouvoir les normes 802.16 de l’IEEE pour l’accès
elle est braquée. Ce système est la plupart du temps sans fil large bande. La technologie WiMax 802.16
monodirectionnel (du hub vers les clients), mais des permet des applications multimédia sans fil au niveau
systèmes bidirectionnels commencent à apparaître. de l’accès final au réseau. La norme IEEE 802.16 cou-
vre les technologies d’accès sans fil fixes et mobiles
WAP Le Wireless Application Protocol (WAP) est un proto- dans le spectre de 2 à 11GHz. La norme IEEE 802.16d
cole de communication dont le but est de permettre couvre les technologies d’accès sans fil fixes dans le
d'accéder à Internet à l'aide d'un téléphone cellulaire spectre en dessous de 11GHz. Les bandes de
numérique, d’un assistant numérique (PDA) ou de tout Fréquence sont : 2.4 et 5.8 GHz (sans licence), 2.5 et
autre terminal hertzien. Il est maintenu par le Wap 3.5 GHz (avec licence). La norme IEEE 802.16e apporte
Forum en plus la mobilité par rapport à la norme 802.16d.
Enfin, la norme IEEE 802.16q rajoute des possibilités
WiFi Wireless Fidelity. WiFi a été adopté comme nom
de gestion de réseau aux normes 802.16d/e.
d’usage pour la technologie de réseau local hertzien
(WLAN) développée selon la norme 802.11 de l’IEEE.
WiFi résulte également de l’initiative de l’industrie des Source : Alcatel Terminology Glossary (traduit de l’anglais)

Annexe B: Entraves possibles à l’efficacité réglementaire *

QUESTIONS ENTRAVES

Relation entre décideur politique et régulateur - Ingérence politique dans le fonctionnement du régulateur
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et le décideur politique
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et l’autorité de concurrence
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et l’agence en charge du service universel
- Manque de volonté politique
- Interventions du décideur politique dans les décisions du régulateur, sous l’effet des pressions exercées
par les opérateurs

Responsabilité du régulateur - Inadéquation des mécanismes par lesquels les membres de l’autorité de régulation sont tenus comptables
de leurs décisions

Autonomie du régulateur - Dépendance excessive à l’égard des crédits gouvernementaux ou des fonds d’organismes extérieurs
- Ingérence politique dans la nomination, la rémunération ou la destitution des membres de l’autorité de régulation
- Régulateur sous l’influence excessive ou sous l’emprise d’un groupe particulier

Participation aux processus décisionnels - Inadéquation des mécanismes de consultation destinés à favoriser la participation des parties intéressées
aux processus de décision
- Importance trop exclusive accordée au lobbying informel (non orthodoxe) sur le régulateur

Transparence des processus décisionnels - Absence d’explications au public et aux opérateurs concernant les décisions

Prévisibilité des processus décisionnels - Mauvaise application des conditions d’octroi des licences et/ou de la législation
- Manque de cohérence du processus décisionnel

Efficacité des instruments de la politique de régulation - Échec des instruments politiques (inefficacité des plafonds tarifaires, des objectifs de services universel,
dans les domaines clés des procédures d’octroi de licences, des procédures de règlement des différends, etc.)

Structure organisationnelle du régulateur - Structure organisationnelle inadéquate


et ressources nécessaires (humaines, financières) - Ressources financières inadéquates
- Manque de compétences réglementaires, administratives ou de gestion parmi le personnel clé

* Tableau extrait de B. Guermazi et D. Satola, « Creating the “Right” Enabling Environment for ICT », in Robert Schware, ed., E-Development: From Excitement to Efficiency, Banque mondi-
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