Professional Documents
Culture Documents
et l’innovation privés
pour répondre aux besoins en information
et en communication des populations pauvres
d’Afrique subsaharienne
Avertissement
Le présent rapport, financé conjointement par infoDev et Alcatel, a été rédigé par les consultants Peter Baldwin et Laurent Thomas. Ce rapport a été super-
visé par Kerry McNamara et Seth Ayers d’InfoDev et Souheil Marine du Département « Digital Bridge Initiative » d’Alcatel. Les auteurs et les superviseurs
internes et externes qui ont lu les épreuves initiales du présent rapport et suggéré des améliorations conséquentes. Nous remercions spécialement Cathe-
rine Camus, éditrice de la Revue des Télécommunications, pour son aide lors des phase de relecture, traduction, mise en formes ainsi que la production
matérielle du présent rapport.
Les constatations, interprétations et conclusions qu’il contient n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue d’Alcatel,
d’infoDev, des donateurs d’infoDev, de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale ou de ses institutions affiliées,
ni des membres du Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale ou des pays qu'ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude
des données figurant dans ce document. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent docu-
ment n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que la
Banque mondiale reconnaît ou accepte ces frontières. Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. Aucune partie de la présente publication
ne peut être reproduite ou transmise sans l’autorisation préalable de la Banque mondiale. La Banque mondiale encourage la diffusion de ses études et, nor-
malement, accorde sans délai l’autorisation d’en reproduire des passages. Pour obtenir cette autorisation, veuillez contacter infodev@worldbank.org.
Résumé 1
Introduction 4
Annexe A : Glossaire 73
Bibliographie 76
Avant-propos
Aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes, soit près du tiers de la population mondiale,
sont abonnés à des services de télécommunications. Pourtant, malgré l’explosion des services
mobiles ces dernières années, plusieurs milliards de personnes, vivant en majorité dans les pays
en développement, n’ont toujours pas accès à des services susceptibles de couvrir leurs besoins
essentiels en matière d’information et de communication. De surcroît, si la fracture numérique
entre pays développés et pays en développement tend à se réduire, elle ne cesse de s’aggraver
en revanche au sein même des pays en développement. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement
important pour de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, dont la population est rurale à plus
de 60 % en moyenne, et qui réclament dès lors des solutions innovantes pour la fourniture d’ap-
plications et de services localisés, l’extension de la couverture en infrastructures et l’optimisa-
tion des opportunités de marché.
infoDev et Alcatel œuvrent depuis de nombreuses années pour répondre à ce défi en assistant
les acteurs clés du secteur dans la mise en place d’un cadre propice à l’utilisation des TIC comme
instrument de lutte contre la pauvreté et de développement durable et diversifié. Notre travail
a porté sur la demande aussi bien que sur l’offre de services TIC. Du côté de la demande, nous
avons, indépendamment ou de concert, soutenu des projets pilotes innovants pour faire la démons-
tration du potentiel de développement que recèlent les services d’information et de communi-
cation localisés ; projets qui ont aussi permis de mettre en évidence les entraves politiques et
réglementaires à la fourniture de ces services. Du côté de l’offre, Alcatel a développé des modè-
les économiques et commerciaux innovants, mobilisant les infrastructures de télécommunica-
tions existantes et à venir pour fournir des services à valeur ajoutée, tout particulièrement dans
les zones rurales ou mal desservies.
Pour être plus efficaces, il est clair que nous devons mieux comprendre l’écart entre l’offre et la
demande, et permettre aux acteurs locaux de combler cet écart. Notre collaboration dans le cadre
de cette étude tente d’apporter un peu de lumière sur ces questions. Nous croyons que les moyens
et les possibilités pour combler cet écart sont à portée de main, mais qu’il faut pour cela ima-
giner des approches innovantes en matière de technologies, d’applications et de services, déve-
lopper des modèles d’entreprise viables, et mettre en place des cadres politiques et réglemen-
taires propices à la fourniture de services TIC dans les zones mal desservies. Le secteur privé
est appelé à jouer un rôle majeur, mais il faudra aussi explorer des pistes de partenariat public-
privé innovantes.
En tant que contribution conjointe à la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de
l’information, cette étude vise à mettre en lumière les possibilités qui s’offrent à nous d’attein-
dre des objectifs de développement essentiels en comblant l’écart entre l’offre et la demande en
TIC, afin de répondre aux besoins en information et en communication des communautés rura-
les et/ou mal desservies d’Afrique subsaharienne.
L’
idée, derrière cette collaboration entre bien les spécificités de la structure de la
infoDev et Alcatel, était que le premier demande en ASS : les pays subsahariens ont
procède à une analyse de la demande des taux de mortalité infantile parmi les plus
pour les services d’information et de élevés du monde, et il n’existe pas de service
communication, tandis que l’équipementier télé- TIC comparable dans le monde développé ;
coms se pencherait sur les contraintes du côté • l’information étant un bien normal, la demande
de l’offre, afin de dresser un tableau complet du augmenterait avec la diminution du coût de la
marché des services liés aux technologies de l’in- bande passante, qui est plus élevé en Afrique que
formation et de la communication (TIC) en Afri- partout ailleurs dans le monde. Les solutions pour
que subsaharienne (ASS). infoDev a puisé dans faire baisser ce coût passent nécessairement par
son imposante bibliothèque de projets TIC en une concurrence accrue entre opérateurs, l’intro-
ASS. Nombreux étaient ceux qui donnaient un duction d’obligations d’accès universel et la mise
aperçu intéressant du marché africain des ser- en place d’échangeurs IXP nationaux ou régionaux.
vices TIC, mais la liste des projets demandant à Une infrastructure dorsale suffisante est également
être examinés de plus près s’est sensiblement une condition indispensable au développement de
réduite au regard des critères suivants : services TIC sur une base élargie ;
• s’il faut s’attendre à ce que la téléphonie vocale soit
1. les services proposés représentent le fruit la technologie dominante, surtout dans les pays à
d’une étude de marché réalisée par le secteur faible taux d’alphabétisation, la demande pour des
privé des pays concernés ; services de données n’est pas négligeable pour
2. les services répondent à des besoins non sat- autant. La clé réside dans le développement de con-
isfaits identifiés par les objectifs du Millénaire tenus applicatifs locaux et de services à valeur
pour le développement ; ajoutée à des tarifs abordables. Chacun des cinq
3. dans la mesure du possible, les projets sont prestataires de services à valeur ajoutée étudiés au
financièrement autonomes. chapitre 1 témoigne de l’existence d’une demande
effective pour des services de données ;
Nous avons ainsi sélectionné cinq projets • la diffusion des TIC en Afrique subsaharienne
répondant à ces critères. Ils portent sur des se heurte à des obstacles majeurs – réglemen-
domaines aussi différents que la santé, la ban- tation inadéquate, entraves au marché, manque
que mobile ou les systèmes d’information sur d’infrastructures. Plus précisément, l’absence
les prix et les marchés. de cadre politique constructif en matière de con-
D’importantes recherches documentaires et currence et d’accès universel, les difficultés
de terrain ainsi que de nombreuses consulta- d’accès aux capitaux d’investissement ainsi que
tions auprès d’opérateurs télécoms implantés le manque de culture informatique générale et
en Afrique subsaharienne ont permis de déga- de ressources humaines qualifiées dans le
ger plusieurs constatations : secteur des TIC constituent trois grands
chantiers à ouvrir pour les gouvernements sub-
• la demande pour des services d’information et sahariens. En termes absolus, le projet malien
de communication est forte en ASS. Les IKON dépense, par kilobit, près de huit fois ce
prestataires locaux ont identifié des besoins qu’il dépenserait dans un pays développé. La
dans le secteur de la santé, de la banque, de la société sénégalaise Manobi rencontre
géolocalisation, de la gestion foncière, des d’énormes difficultés pour obtenir un crédit
places de marché virtuelles, etc. Les services bancaire, car elle ne possède pas d’actifs
proposés répondent à d’autres réalités que dans physiques qu’elle puisse offrir en garantie. Les
les pays développés, et empruntent d’autres deux entreprises supportent en outre des
canaux. Des services comme le programme de taxes de l’ordre de 50 à 100 % sur le matériel
«cyberpédiatrie» Pésinet, au Sénégal, illustrent informatique et de télécommunications ;
• les opérateurs et les prestataires de services la Mauritanie et de l’Éthiopie. Entre 1995 et 2003,
peuvent réaliser des profits dans les zones la Mauritanie a mis aux enchères deux licences de
rurales et les marchés à faible ARPU (revenu téléphonie mobile, privatisé l’opérateur historique
moyen par abonné) s’ils parviennent à réduire et institué une autorité de régulation transparente
leur coût total de possession en optimisant et efficace. L’Éthiopie n’a rien fait de semblable. Au
leurs dépenses d’investissement (CAPEX) et cours de cette période, le taux de pénétration des
leurs dépenses d’exploitation (OPEX). Il leur télécommunications a grimpé en flèche en Mau-
faut pour cela mettre au point des solutions ritanie, passant de 0,41 % à 11,07 %, tandis que
rentables adaptées aux configurations rurales/ celui de l’Éthiopie plafonnait à un très bas niveau
périphériques. Les opérateurs doivent aussi (de 0,25 % à 0,61 %), alors même que le taux de
faire usage de modèles économiques et com- pénétration des communications mobiles pour l’en-
merciaux innovants, exploitant de nouveaux semble de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique
dispositifs financiers, qui leur permettent de du Sud) progressait de 0,26 % à 3,34 %.
mieux répondre à la demande en s’appuyant
sur des stratégies de commercialisation et des Meilleur accès aux capitaux
canaux de distribution adaptés ; Le projet IKON, au Mali, de même que la
• les utilisateurs à faibles revenus ont besoin de société Manobi, au Sénégal, ont fait état de leurs
solutions personnalisées, adaptées à leurs con- difficultés à obtenir des prêts des établissements
traintes et à leurs besoins en termes de de crédit de leurs pays respectifs. Le manque
microcrédit, de plans tarifaires, de solutions d’actifs physiques, les fortes exigences en
de paiement/prépaiement/rechargement élec- matière de constitution de garanties (jusqu’à 80
tronique, de fonctionnalités du terminal, etc. % du montant du prêt), le niveau des commis-
sions prélevées, les retards importants dans le
Facteurs déterminants de succès versement des fonds, sans compter les droits
Au-delà de ces constatations communes, l’étude d’importation relatifs au matériel TIC (qui peu-
a permis de faire ressortir plusieurs facteurs vent atteindre 50 %), empêchent les start-ups de
déterminants pour la réussite du déploiement de capitaliser sur leur projet.
services d’information et de communication :
Gisement de main-d’œuvre qualifiée
Concurrence effective dans le secteur des TIC1 Les dirigeants d’IKON et de Manobi ont égale-
Un récent rapport de la Banque mondiale met en ment insisté sur le problème du manque de cul-
lumière l’importance de la concurrence pour sti- ture informatique et de compétences en appli-
muler l’investissement dans les infrastructures TIC. cations TIC. Il n’est pas rare que les candidats
Il compare à cet effet les politiques respectives de à un poste manquent des connaissances infor-
matiques les plus élémentaires et ne sachent pas
Appels internationaux : tarifs élevés en Afrique subsaharienne même se servir d’un ordinateur. Si les pays sub-
par manque de concurrence sahariens veulent rejoindre l’économie mon-
diale, il faut que leurs universités dotent les étu-
6 50% diants des compétences nécessaires.
Coût d’un appel de 3 mn vers les Etats-Unis (USD)
Contenus locaux
Le faible taux d’alphabétisation reste un obsta- finals. Les cinq projets décrits dans ce rapport ont
cle majeur à la diffusion des TIC. À cela s’ajoute identifié chacun une demande spécifique et, mal-
le manque de contenus locaux proposés dans les gré toutes les difficultés – manque d’infrastructu-
langues locales. Le projet IKON est une parfaite res, déficit de ressources humaines, contraintes
illustration des avantages d’un logiciel adapté, financières -, presque tous dégagent aujourd’hui des
utilisant Linux en langue bambara. profits. Un meilleur accès au financement ainsi
qu’aux ressources réseaux permettraient à ces
Cadre politique, législatif et réglementaire favorable entreprises de se développer et de monter en
au développement de services TIC en zone rurale charge, ce qui se traduirait aussi par une croissance
Les pays subsahariens doivent s’atteler à des du trafic pour les opérateurs de réseaux.
questions comme l’accès universel, la confiden- À la lumière des résultats des ateliers organisés
tialité des données, le règlement des différends avec différents opérateurs de télécommunications
ou les frais d’interconnexion pour faciliter le dans le cadre de cette étude, les auteurs sont
déploiement des services d’information et de convaincus que la solution au défi du « seuil de
communication. Il leur faudra également régler croissance» pour les prestataires de services (exis-
la question de la téléphonie VoIP (Voice over tants ou futurs) passe par l’analyse du terrain, qui
Internet Protocol – Voix sur IP). doit permettre d’identifier au plus près les besoins
en information et en communication des popula-
Partenariats public-privé tions rurales pauvres. C’est la réponse à ces
Les partenariats public-privé sont une solution besoins qui doit dicter les choix technologiques et
à envisager pour le déploiement d’infrastructu- les considérations commerciales, et non l’inverse.
res TIC2, mais ils peuvent aussi produire des Étant entendu qu’une bonne régulation du secteur
externalités négatives. La conception du dispo- des TIC est indispensable à la stabilité d’un mar-
sitif financier est déterminante à cet égard. La ché ouvert, la capacité des individus ou des entre-
mise aux enchères inversées de licences d’ex- prises à fournir des services à valeur ajoutée ne
ploitation du spectre ainsi que d’autres systèmes doit pas être entravée. Les études de cas présen-
de « subventions intelligentes » ont déjà donné tées ici montrent des prestataires de services
des résultats dans certains pays (le Chili par exploitant les infrastructures TIC selon des moda-
exemple). Les partenariats public-privé peuvent lités et pour des usages que les opérateurs
se révéler particulièrement utiles dans le cadre n’avaient pas anticipés, preuve s’il en est que la
du renforcement des capacités (programmes demande en infrastructures TIC est aujourd’hui
éducatifs, incubateurs, etc.). plus forte que ne le pensent les opérateurs télé-
coms, suffisante en fait pour justifier leur déploie-
Délimitation du champ de l’étude ment dans les zones rurales du continent africain3.
Le présent rapport formule une série de
recommandations stratégiques, sans chercher 1
Connecting Sub-Saharan Africa: A World Bank Group
pour autant à se livrer à un examen précis du Strategy for Information and Communication Technology
cadre politique et réglementaire des 48 pays Sector Development, WB Working Paper n° 51, Banque
que compte l’Afrique subsaharienne. Ce soin mondiale, 2005.
est laissé à d’autres publications de la Ban-
2
L’utilisation des technologies de l’information et de la
communication dans les pays les moins avancés pour une
que mondiale ou d’autres organismes. Les
croissance économique durable, Union internationale des
lecteurs qui seraient intéressés par une dis- télécommunications, édition 2004. Voir aussi Anders
cussion plus approfondie des recommanda- Engvall et Olof Hesselmark, Profitable Universal Access
tions en matière de politique et de réglemen- Providers (rapport pour la Swedish International Develop-
tation sont invités à lire, parmi d’autres ouvra- ment Agency), Stockholm, 2004
(http://www.eldis.org/static/DOC14699.htm) et Establi-
ges, l’étude de la Banque mondiale Connecting
shing Community Learning and Information Centers (CLICs)
Sub-Saharan Africa: A World Bank Group in Underserved Malian Communities: Report of Assess-
Strategy for Information and Communication ment Mission, mars 2005, Microsoft Unlimited Potential
Technology Sector Development (2005). Grant (http://www.dot-com-
alliance.org/resourceptrdb/uploads/partnerfile/upload/2
76/mali_MnE.pdf).
Enseignements tirés de la présente étude 3
Pour plus d’informations sur les meilleures pratiques,
Les prestataires de services à valeur ajoutée les études de cas et les technologies d’accès pour
exploitent aujourd’hui les infrastructures TIC pour zones rurales et/ou périphériques, consulter la page
proposer des services innovants aux utilisateurs http://www.itu.int/ITU-D/fg7/.
F
ace aux ambitions proclamées par les c’est aussi ce que la présente étude s’attache à
objectifs du Millénaire pour le montrer, les zones non encore desservies con-
développement (OMD)1, certains s’in- stituent un potentiel de profits et de croissance
terrogent sur l’opportunité d’investir important pour les opérateurs télécoms.
dans les technologies de l’information et de la La mondialisation des technologies de l’infor-
communication (TIC). Les critiques estiment en mation et de la communication apparaît, d’une
effet que les moyens limités disponibles seraient certaine façon, comme un phénomène irré-
mieux employés à combattre les causes pro- sistible. Malgré tout ce qui a été dit sur la « frac-
fondes de l’extrême pauvreté et de la faim, de ture numérique », les faits montrent que l’écart
la mortalité infantile, ainsi que de la propaga- entre pays développés et pays en développe-
tion du VIH/sida et d’autres maladies, pour ne ment tend à diminuer dans ce domaine3. Sans
citer que ces trois objectifs du Millénaire *. Il faut surprise, la littérature spécialisée classe les TIC
comprendre néanmoins que les TIC ne viennent parmi les biens économiques positifs, en ce sens
pas en substitution, mais en complément de l’in- que la demande pour ces technologies croît avec
* La déclaration du Millé-
naire, adoptée par la commu- vestissement consenti dans le cadre des efforts le revenu4 (voir tableau ci-après).
nauté internationale et les de développement « classiques »2. Les TIC ser-
États membres des Nations
Unies, énumère huit objectifs vent des objectifs de développement aussi fon- Plus préoccupantes sont les fractures
pour le développement : damentaux que la santé et l’éducation en per- numériques intranationales, qui risquent de
1. Réduire l’extrême pauvreté
et la faim mettant aux « citoyens de seconde classe », et s’aggraver à mesure que les « adopteurs préco-
2. Assurer l’éducation pri- notamment aux populations pauvres des zones ces », les riches et la diaspora adoptent les TIC.
maire pour tous
3. Promouvoir l’égalité et l’au- rurales, de s’autonomiser, de participer directe- La perspective de faciliter l’accès des ruraux
tonomisation des femmes ment à l’identification des problèmes qui les pauvres aux TIC et de réduire les fractures
4. Réduire la mortalité infan-
tile concernent et de s’informer sur les sujets les numériques internes devrait sans doute suffire,
5. Améliorer la santé mater- plus divers, qu’il s’agisse de renseignements à elle seule, à justifier la nécessité de promou-
nelle
6. Combattre le VIH/sida, le vitaux sur la prévention du VIH/sida, ou d’in- voir la diffusion des TIC dans les pays en
paludisme et d’autres formations commerciales, sur les marchés, développement. Or c’est dans les zones urbaines
maladies
7. Assurer un environnement etc. Ainsi mises en perspective, les TIC appa- que les opérateurs télécoms peuvent toucher le
durable raissent comme des outils particulièrement plus de clients potentiels avec des coûts d’infra-
8. Mettre en place un parte-
nariat mondial pour le adaptés pour compenser les handicaps dont structure réduits, ce qui explique qu’ils se
développement. souffrent les ruraux pauvres. D’autre part, et concentrent d’abord sur le tissu urbain. En
14
PIB par habitant (USD) (est. 2004)
12
Maurice
Afrique du Sud
10
Botswana
8
Seychelles
Namibie Tunisie
6
Gabon
4 Égypte Maroc
Maldives
Guinée équatoriale
2
Sénégal Mauritanie
Congo-Brazzaville
0 RDC Mali
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00%
Sources: : CIA World Fact Book pour le PIB par habitant en Parité de pouvoir d'achat, Alcatel pour les taux de pénétration des communications mobiles
physiques (routes, etc.) fait que l’inaction en Taux brut de scolarisation primaire (% de la population en âge d’être scolarisée) 2003 87
matière d’infrastructures TIC a un coût encore Lignes téléphoniques principales (%) 2003 0,96
plus élevé en milieu rural que dans les zones Lignes principales résidentielles (% des ménages) 2002 3,5
urbaines. Abonnés mobiles (%) 2003 2,78
- % carte prépayée 2003 91,2
Parce qu’il est généralement plus réactif à une - % couverture mobile 2003 47,6
demande et à un environnement en évolution Télédensité effective (fixe + mobile) (%) 2003 2,68
rapide, l’investissement privé constitue un Ordinateurs personnels 2003 0,75
levier essentiel pour la généralisation des TIC Utilisateurs Internet 2003 0,7
dans les pays en développement (PED). Non que Téléviseurs (‰) 2001 60
l’investissement public n’ait pas un rôle impor- Postes de radio (‰) 2001 198
tant à jouer, mais, vu l’ampleur des investisse- Source : UIT African Telecommunication indicators 2004
ments nécessaires et les fortes tensions budgé- Banque mondiale – Indicateurs du développement
croissance plus rapide que partout ailleurs. brièvement d’autres facteurs, comme la régu-
Enfin et surtout, si les TIC constituent un ins- lation, qui ne sont pas sans effets sur la
trument au service des objectifs du Millénaire, capacité des producteurs à créer de la valeur
et notamment de la lutte contre l’extrême pau- le long de la chaîne. Lorsque les cadres régle-
vreté, c’est incontestablement en Afrique qu’il mentaire et financier n’apparaissent pas suf-
faut commencer. fisamment propices à la création de marchés,
nous recommandons des réformes, mais aussi
Le premier chapitre de ce rapport présente cinq le recours à des formes de partenariat public-
exemples d’utilisations innovantes des TIC en privé. Le chapitre 6 propose une analyse des
Afrique subsaharienne *, à partir desquels modèles économiques durables qui pour-
nous essayons d’extrapoler le niveau de la raient permettre aux opérateurs télécoms, avec
demande en TIC sur le continent. Partant de de meilleures stratégies de distribution et de
cette évidence que les fournisseurs de services commercialisation, de créer de la valeur pour
locaux sont les mieux placés pour comprendre eux-mêmes et pour leurs clients des zones
les besoins de leurs marchés locaux5, nous rurales. Le chapitre 7 esquisse les grandes
avons voulu savoir comment ces cinq sociétés orientations politiques et financières à suivre
avaient évalué les besoins de leur clientèle pour faciliter et accélérer le déploiement des
potentielle, et quels obstacles elles avaient infrastructures. Enfin, le dernier chapitre
rencontré — et continuaient éventuellement de récapitule les enseignements tirés des projets
rencontrer — dans la commercialisation de étudiés dans ce rapport et donne des orienta-
leurs services. Sur la base de cette analyse de tions pour l’avenir.
la situation sur le terrain telle que la perçoivent
les prestataires locaux, le chapitre 2 tente de
dégager les facteurs clés de succès qui pour- 1 Voir p. ex. le rapport de l’ONG Social Watch
raient permettre à ces entreprises ou à d’autres Advance Social Watch Report 2005: Unkept
comme elles d’atteindre une taille critique. Promises,
http://www.mdgender.net/upload/
Après cette analyse de la demande, l’étude se monographs/SW-ENG-Advance-2005.pdf.
* L’Afrique subsaharienne
regroupe 48 pays : Afrique du
penche brièvement, au chapitre 3, sur les défis 2 Kerry McNamara, Information And Commu-
Sud, Angola, Bénin, Bots- que devront relever les opérateurs pour four- nication Technologies, Poverty And Deve-
wana, Burkina Faso, Burundi,
Cameroun, Cap-Vert, Como-
nir les infrastructures nécessaires aux presta- lopment - Learning From Experience, info-
res, Congo, Côte d'Ivoire, Éry- taires de services dans leur marche vers la Dev, 2003.
thrée, Éthiopie, Gabon, Gam-
bie, Ghana, Guinée, Guinée-
taille critique, avant de passer à l’examen du 3
Voir p. ex. Africa: The Impact of Mobile
Bissau, Guinée équatoriale, côté « offre » du marché des services d’infor- Phones,
Kenya, Lesotho, Liberia,
Madagascar, Malawi, Mali,
mation et de communication. Le chapitre 4 http://www.vodafone.com/assets/files/
Mauritanie, Maurice, Mayotte, passe en revue les technologies d’accès exis- en/GPP%20SIM%20paper.pdf.
Mozambique, Namibie, Niger,
Nigeria, Ouganda, Républi-
tantes permettant de desservir les zones rura- 4
Ibid.
que centrafricaine, République les et/ou périphériques avec des services et des 5
À titre d’exemple : à son lancement, la
démocratique du Congo,
Rwanda, São Tomé e Príncipe,
applications à valeur ajoutée rentables. Le cha- téléphonie mobile à carte prépayée était
Sénégal, Seychelles, Sierra pitre 5 décrit les différents acteurs présents censée toucher une clientèle riche, alors
Leone, Somalie, Soudan, Swa-
ziland, Tanzanie, Tchad, Togo,
tout au long de la chaîne de valeur des servi- qu’elle s’est en fait répandue dans tous
Zambie et Zimbabwe. ces TIC en Afrique subsaharienne, en évoquant les pays en développement.
Connectivité en Afrique
Bits/habitant Connexions
sortantes
EUROPE
ME-WE 2/3(2x
SEA- 20
Gb
p s) Amerique du Nord
0.25 1 5
LFON Europe
(5x 2 . 5 G bps)
MAROC TUNISIE
Intra-Afrique
ALGÉRIE Asie
LIBYE
ÉGYPTE
1036
CAP 373
VERT 13
2 Mbit/s totaux
MAURITANIE MALI NIGER 0 200 400 600 800 1000 1200
ERITHRÉE
SÉNÉGAL TCHAD
GAMBIE
GUINÉE BISSAU BURKINA
FASO DJIBOUTI
GUINÉE SOUDAN
BENIN
TOGO SOMALIE
CÔTE NIGERIA
A tl
SIERRA LEONE
D'IVOIRE GHANA
ant
ÉTHIOPIE
LIBÉRIA CENTRAFRIQUE
is-2
CAMEROUN
(2x
200
Ocean Indien
OUGANDA
2 .5
0
GUINÉE EQUATORIALE
KENYA
Gbp
ASIE
s)
DU SUD
T-2
(
2x 993
COMORES.
50
1
MALAWI
ble (WAS
M
bp
ANGOLA
s)
ZAMBIA
C)( 2 x
MOZAMBIQUE
2.5 G
ZIMBABWE MAURICE
RÉUNION
NAMIBIE
2 0 G b p s)
b p s)
BOTSWANA MADAGASCAR
1000 km
x 2.5
01
1000 mi.
(4
M1
PIB/Habitant SWAZILAND
TD
USD 0-300 )
LESOTHO ps
USD 300-1000 AFRIQUE 2 Gb
200 2 .5
USD 1000-2000 DU SUD ) (2x
S A FE
USD 2000-4000 st (
r Ea
USD 4000-10000
ca & Fa Licences du réseau public VSAT
n Afri
Souther
Source: CRDI (Centre de Recherches pour le Développement International) SAT-3/WASC/
L
es données ne manquent pas pour illus- criptions médicamenteuses dans les traitements
trer et documenter le boom des TIC en chroniques ou de longue durée ; Pésinet au Séné-
général et de la téléphonie mobile en par- gal, première ligne de défense contre les causes
ticulier, qui devrait normalement se tra- principales de morbidité et de mortalité chez les
duire par une forte demande d’infrastructures de enfants de moins de cinq ans en Afrique subsa-
réseaux TIC. Il se trouve pourtant des sceptiques harienne ; Manobi, également au Sénégal, plate-
qui remettent en cause la valeur des données rela- forme de services mobiles dédiés au secteur rural
tives à la pénétration des communications mobi- (information sur les marchés et les prix agrico-
les en Afrique subsaharienne. Très concrètement, les, services de géolocalisation, etc.) ; et enfin
s’interrogent ces critiques, doit-on considérer MoPay, service de banque mobile basé en Afri-
quelqu’un qui possède une carte SIM, mais qui n’a que du Sud.
pas de téléphone, comme un utilisateur du
réseau ? Faut-il comptabiliser comme client I. Projet IKON
quelqu’un qui possède un téléphone, mais qui ne Vaste pays enclavé d’une superficie de
dispose pas de crédit prépayé, de sorte qu’il peut 1 240 000 km2 pour une population de 11,6 mil-
seulement recevoir des appels ? La «télédensité», lions d’habitants, le Mali ne compte que trois
ou pénétration, ne répond pas à ces questions : hôpitaux nationaux et six hôpitaux régionaux.
elle se contente de mesurer le nombre de télépho- C’est dans ce contexte que trois étudiants en
nes par habitant, et non pas le niveau d’accès à médecine de l’université de Bamako, passion-
la téléphonie. nés d’Internet et férus de logiciels libres, se sont
Au vu de la difficulté à obtenir des données quan- penchés sur la nécessité d’améliorer l’accès des
titatives fiables, certains experts préconisent de ruraux pauvres aux soins de santé, créant à cet
privilégier les analyses qualitatives, explorant la effet le réseau IKON. Celui-ci assure des servi-
manière dont les gens utilisent leurs téléphones ces de télédiagnostic radiologique dans les vil-
(ou les téléphones auxquels ils ont accès)1. C’est les de Tombouctou, Mopti et Sikasso, qui ne dis-
précisément l’objet des cinq études de cas qui sui- posent d’aucun médecin radiologue sur place.
vent. Ces analyses n’ont aucune prétention à Les radiographies effectuées par un manipula-
l’exhaustivité du point de vue économique. Elle teur radio sont transmises via Internet à un
se limitent à illustrer le fait que i) la demande pour hôpital de Bamako, à des fins d’interprétation
des services d’information et de communication et de diagnostic.
de base existe et qu’elle est en progression ;2) les Le projet IKON est né à l’issue d’un atelier orga-
infrastructures et les technologies TIC existantes nisé en mai 2003 par REOnet et l’ONG néerlan-
sont utilisées pour fournir des services de base daise IICD (International Institute for Communi-
(p. ex. soins de santé, services financiers) selon cation and Development). L’amélioration de la
des formules tout à fait novatrices, inédites couverture des services radiologiques s’est impo-
jusqu’alors dans les pays en développement ;3) ces sée comme l’un des besoins les plus urgents. Le
modèles innovants de prestation de services et les Mali ne compte en effet que 11 médecins radio-
modes d’utilisation correspondants pourraient logues, dont dix pour la seule capitale, Bamako.
rendre nécessaire l’adoption de nouveaux indi- REOnet a élaboré en conséquence un projet pilote
cateurs pour mesurer la demande. articulé autour de quatre objectifs :
Conception du projet
Flux nets de trésorerie - Phase pilote
L’équipe d’IKON a choisi les hôpitaux régionaux
de Tombouctou, Mopti et Sikasso (qui n’ont pas
300
de médecin radiologue) pour les relier à l’hôpi-
FCFA (x 1000)
tal du Point G à Bamako. Les trois hôpitaux 250
régionaux ont été équipés en matériel pour la
télétransmission des images : scanner à films 200
radiographiques, PC, alimentation électrique de
secours, ligne téléphonique fixe le cas échéant, 150
Le tableau ci-après dresse une comparaison entre Coût (% de revenu/capita) 190,7 215,3 6,5
le Mali et le Royaume-Uni : Rappelons que ces Capital minimum (% de revenu/capita) 490,8 297,2 28,9
taxes sont calculées sur la valeur caf (coût, assu- Source : Doing Business in 2005: Removing Obstacles to Growth
Flacon de comprimés
Expédie un SMS
Réseau sans fil GSM
à l’ouverture
Source: www.simpill.com
sant des statistiques d’observance. La ville du Cap met pas de tirer de conclusion statistiquement signi-
a pris en charge le coût du flacon ainsi que celui ficatives. On ne peut attribuer une quelconque
des SMS (dans les deux sens : du flacon au ser- Compte tenu de la faible taille de l’échantillon, la
veur central, et du serveur au téléphone du patient différence entre les taux de réussite du traitement
en cas d’omission d’une dose), soit 150 ZAR (23 n’est pas significative du point de vue statistique.
USD) par patient et par mois. Tout ce que l’on peut dire, à première vue, c’est que
le service SIMpill a donné des résultats qui sont nor-
Méthodologie maux pour la clinique en question, mais qui ne tra-
Chaque patient se voit remettre un flacon de com- duisent aucune amélioration significative»9.
primés équipé d’une carte SIM et d’une batterie. Si le projet pilote n’a pas donné les résultats
À chaque ouverture du flacon, un SMS horodaté escomptés, il existe des circonstances atténuantes.
reprenant un numéro d’identification unique est Tout d’abord, l’étude pilote a démarré trop vite, sans
expédié à un serveur central pour journalisation. formation adéquate du personnel soignant. Aussi,
Si le serveur reçoit le message dans un laps de la clinique pilote n’a pas été en mesure de s’appro-
temps prédéterminé, le SMS est simplement enre- prier réellement le projet. D’autre part, peu de soi-
gistré. Si aucun message ne lui parvient, le ser- gnants parlaient le Xhosa, et le protocole SMS uti-
veur envoie un SMS au patient pour lui rappeler lisé n’admettait que les caractères ASCII, ce qui
de prendre sa dose. Le système prévoit une stra- empêchait d’utiliser des langues comme le Kiswa-
tégie de « réponse graduée » : si, malgré le rap- hili. Ce dernier problème n’est pas difficile à résou-
pel qui lui a été notifié, le patient ne prend tou- dre et, du reste, il est déjà réglé. Avec une forma-
jours pas son comprimé, le serveur alerte le per- tion adaptée, la question de la bonne appropriation
sonnel soignant ou un membre de la famille du projet SIMpill par le personnel soignant ne devrait
Comparés au protocole en vigueur pour la TB-MR*, plus se poser non plus. L’établissement pourra
* Appelé « traitement sous
observation directe » (Directly
les résultats de l’étude pilote SIMpill sont apparus, superviser le régime médicamenteux d’un plus
Observed Therapy System - au mieux, ambigus. D’après le rapport d’évalua- grand nombre de patients, à un moindre coût pour
DOTS), ce protocole prévoit
que le patient se rend plu-
tion de l’association bridges.org, «à l’exception d’un ces derniers (moins de pertes de salaire et de frais
sieurs fois par jour dans une taux d’achèvement du traitement légèrement de déplacement). Ainsi qu’il ressort de l’encadré ci-
clinique pour y être observé
pendant sa prise de médica-
supérieur pour l’étude pilote, les résultats sont assez contre, la méthode alternative de gestion des
ment. similaires. La faible taille de l’échantillon ne per- patients non observants (le système DOTS), est plus
coûteuse pour le patient contraint de supporter des
frais de déplacement quotidiens et de perdre de
Comparaison coûts-avantages : DOTS vs SIMpill
nombreuses heures de travail pour aller à la clini-
DOTS (traitement sous observation directe) que afin d’y prendre son médicament sous obser-
1) Pertes salariales – 120 visites, soit environ 150 heures de travail perdues vation. Le service SIMpill exige beaucoup moins de
2) Frais de déplacement – 69 % des patients de l’étude pilote ont dépensé en moyenne
8 ZAR (environ 1,40 USD) par trajet simple, soit au total 16 ZAR x 120 = 1920 ZAR visites de la part du patient, ce qui réduit d’autant
les frais à la charge de celui-ci. En outre, chaque soi-
• SIMpill
1) Moins de pertes salariales – 27 visites, soit 33,75 heures de travail perdues
gnant peut prendre en charge davantage de patients,
2) Moins de frais de déplacement – 16 ZAR x 27 = 432 ZAR ce qui diminue également le coût du traitement.
100%
8.5 4 verte13. Le taux de pénétration du téléphone por-
15 14
90% 20.5
20 table n’est pas non plus un obstacle : 50 % des
80% 20
23 22 patients suivis par l’étude pilote étaient au chô-
70% 7
35 13 mage, ce qui ne les empêchait d’avoir un por-
60%
15 table. De plus, d’après les statistiques recueil-
50% 21
lies par SIMpill, 88 % des patients avaient tou-
22
40% jours leur portable sur eux, bien chargé.
69
30%
49
58.5 Il est évident que des questions telles que la péné-
20% 41 tration de la téléphonie mobile ou l’accès à l’élec-
32.5
10% tricité se posent aussi ailleurs sur le continent, sou-
0% vent avec plus d’acuité, de même que les aspects
1-7 8-14 15-21 22-28 29-35
jours jours jours jours jours comportementaux comme la pratique du partage
du téléphone portable ou les tabous sociaux liés
Dose omise Rappel
Prise hors délai Prise dans les délais au statut infectieux. Le coût du portable est aussi
un problème, même s’il tend à diminuer.
D’autre part, comme l’atteste le graphique ci- C’est pourquoi il serait plus intéressant, pour le
après, une certaine forme d’apprentissage a bien déploiement du service SIMpill à l’échelle du conti-
eu lieu : les taux d’observance ont réellement pro- nent, de faire du flacon de comprimés un système
gressé au fur et à mesure que le projet avançait, de communication en circuit fermé, autrement dit
comme l’indiquent les barres vertes et bleues, un émetteur-récepteur. À l’heure actuelle, le fla-
représentant respectivement des «événements de con SIMpill fait seulement office d’émetteur,
prise médicamenteuse» aux heures prescrites et mais il pourrait prendre modèle sur des matériels
des «rappels». Non seulement la somme des deux existants capables de recevoir des informations
types d’événements progresse au fil du temps, diffusées en mode « push » sur des réseaux sans
mais le nombre de rappels diminue. fil**. En d’autres termes, le flacon de comprimés
ne se limiterait pas à expédier un SMS notifiant
Perspectives de croissance au soignant que le patient a bien pris son médi-
Vu la forte incidence de la tuberculose en Afri- cament, mais pourrait aussi changer de couleur,
que subsaharienne, les perspectives de crois- vibrer ou simplement afficher un message pour
sance sont importantes10. De surcroît, la tech- avertir le patient qu’il est temps pour lui de pren-
nologie SIMpill s’applique indifféremment à tous dre son médicament.
les patients atteints d’une maladie chronique ou
de longue durée, comme le VIH/sida, le diabète, Enseignements tirés du projet
l’épilepsie ou l’hypertension. Le service SIMpill est la preuve que, pour peu que
Entre 2003 et 2005, le trafic SMS a progressé de l’on soit attentif à l’environnement local et que
1 000 % en Afrique du Sud11. Cette formidable l’on n’oublie pas les aspects touchant à la « loca-
expansion ne va évidemment pas durer éternel- lisation », c'est-à-dire à l’adaptation sociocultu-
lement, mais elle est révélatrice du degré d’accep- relle du produit, tels que la langue ou encore les
tation des SMS comme mode de communication. disponibilités en électricité, les TIC peuvent
En outre, si le graphique fait bien apparaître, non représenter un instrument privilégié pour avan-
seulement pour l’échantillon de population dans cer sur la voie des objectifs du Millénaire pour
son ensemble, mais aussi pour les mauvais le développement. Ce projet témoigne aussi de
* 30 000 000 x 365 =
observants, une « courbe d’apprentissage » en l’inventivité des prestataires de services à valeur 10 950 000
matière d’observance médicamenteuse, il y aura ajoutée, qui exploitent les technologies existan-
** On pense par exemple
sans doute toujours des patients qui auront tes pour des usages et des applications auxquels aux produits Ambient
besoin qu’on leur rappelle de prendre leur médi- leurs concepteurs n’avaient jamais pensé. Plus (www.ambientdevices.com),
qui diffusent des informa-
cament. Enfin, l’Afrique subsaharienne comptait important encore, sans doute, il montre que, lors- tions en temps réel sur les
en 2003 près de 30 millions de personnes tou- que les services TIC produisent des externalités cours de la Bourse, la météo
ou d’autres sujets personna-
chées par le VIH/sida12. Un seul SMS par jour par positives, les partenariats public-privé s’imposent lisés parmi une palette
patient (dans l’hypothèse où chacun prendrait comme la solution idoine. Si la chaîne de valeur, d’options configurables par
l’utilisateur. Pas de réseau
régulièrement sa dose) produirait déjà près de 11 au sens étroit, n’est peut-être pas suffisante pour câblé, pas de connexion
milliards de SMS par an *. justifier le déploiement des infrastructures, les Internet requise : ces objets
fonctionnent en recevant en
bénéfices sociaux résultant d’une diminution de continu les signaux radio
Obstacles à la croissance l’incidence de la tuberculose multirésistante émis par le réseau sans fil
Ambient, qui couvre l’en-
En Afrique du Sud, la couverture mobile n’est compensent largement les dépenses en infra- semble du territoire des
pas un problème : 71 % de la population est cou- structures. États-Unis.
Pathologies présentées
Pour remédier à un tel déséquilibre, les respon-
sables du projet devraient envisager plusieurs
Nutrition
24% mesures combinées : relever les tarifs d’abonne-
ment* , accroître le nombre de familles abonnées,
Paludisme élargir la palette de services proposés. Pésinet
Infections et fièvre pourrait envisager de fournir d’autres services de
cutanées 11%
13% consultation aux mères (santé maternelle, plan-
ning familial, etc.).
Autres Pésinet doit aussi s’attaquer à l’aspect coûts. Il ne
11% faudrait pas que le développement des abonne-
ments s’accompagne d’une augmentation corré-
Maladies
diarrhéiques lative du nombre d’agents de pesée. Un meilleur
22% Infections recours aux nouvelles technologies permettrait de
respiratoires
19% réaliser des économies d’échelle. Avec des assis-
Source: Dr Massaer Dioum, médecin consultant
tants numériques personnels (PDA), les agents de
pesée n’auraient plus besoin d’entrer manuelle-
nication apporte une réelle valeur ajoutée. ment les données dans la base, de sorte qu’ils
Selon Awa Gueye, environ 20 % des enfants ins- auraient le temps de voir deux fois plus d’enfants;
crits au service, en moyenne mensuelle, ont peut-être même pourraient-ils prolonger leur tour-
besoin d’aller chez le médecin. Ainsi qu’il ressort née jusqu’aux localités rurales voisines de Saint-
du graphique ci-après, les motifs de la convoca- Louis. La transmission des données se ferait par
tion médicale correspondent étroitement aux cau- lots en fin de journée. Lorsque le médecin vou-
ses principales de décès des nourrissons et des drait examiner un enfant, il enverrait un courrier
jeunes enfants, ce qui prouve que le modèle Pési- électronique directement à l’agent de pesée sur
net de prévention sanitaire est réellement efficace son PDA.
pour réduire l’incidence des principales patholo- L’utilisation de PDA ne serait pas non plus sans
gies mortelles chez les très jeunes enfants en ASS. avantages pour les opérateurs réseaux, dans la
mesure où une transmission quotidienne de
Méthodologie données signifie un surcroît de trafic sur le
Un agent de pesée se rend deux fois par semaine réseau. Enfin, la croissance de la base d’abonnés
dans chaque famille pour procéder aux relevés de Pésinet entraînerait mécaniquement une
de poids des enfants inscrits. Après sa tournée hausse des rendez-vous médicaux et, partant, une
quotidienne, qui lui prend généralement la mati- intensification des communications entre méde-
née, l’agent entre les données recueillies dans la cins et agents de pesée.
base Access de Pésinet. Celles-ci sont transmises
par Internet, sous la forme de courbes de poids, Obstacles à la croissance
au médecin consultant, qui reçoit un courrier élec- Les technologies utilisées ne sont pas compliquées
tronique à chaque mise à jour des données. Lors- et ne font aucun obstacle à une montée en charge.
que deux relevés successifs lui apparaissent Il reste que la situation de trésorerie de Pésinet
suspects, le médecin adresse un courrier électro- n’est pas tenable. À l’heure actuelle, le service ne
nique au directeur du projet, qui contacte l’agent peut couvrir que 16 % de ses frais d’exploitation.
de pesée par téléphone. Celui-ci se rend alors au Le passage à une échelle supérieure ne ferait que
domicile de la famille concernée pour l’inviter à creuser, en termes absolus, le déséquilibre finan-
conduire son enfant chez le médecin (la consul- cier du projet et n’aboutirait qu’à augmenter la
tation est couverte par l’abonnement). charge qui pèse sur le partenaire, alors même
qu’il est prévu que celle-ci cesse son aide à Pési-
Perspectives de croissance net à compter de septembre 2005. *« À titre de comparaison, le
À ce jour, seuls 8 % des enfants de Saint-Louis sont prix d’une mangue en saison
est de 150 FCFA (0,26 USD)
inscrits au service, ce qui laisse entrevoir de for- Enseignements tirés du projet au Sénégal, où ce fruit est un
tes perspectives de croissance. Mais, pour cela, Pésinet illustre l’importance de concevoir des ser- produit courant » (What
Works: « Afrique Initiatives »
il serait d’abord nécessaire de revoir de fond en vices de commercialisation qui tirent le meilleur — Attempts at Combining
comble le modèle de fonctionnement économique parti des conditions locales. Le bouche-à-oreille Social Purpose and Sustai-
nable Business, p. 9). Autre-
et commercial de Pésinet, car, dans l’état actuel n’est peut-être pas la méthode la plus efficace pour ment dit, à l’heure actuelle,
des choses, les recettes couvrent à peine 16 % des commercialiser des services TIC à valeur ajoutée l’abonnement au service Pési-
net équivaut à peu près, par
frais. Le reste des revenus d’exploitation provient dans les pays développés, mais, dans un pays aux enfant, à l’achat d’une man-
d’Afrique Initiatives. communautés très structurées, avec un taux gue par mois.
d’analphabétisme élevé et une tradition orale Avec le service Xam Marsé de Manobi, les agri-
extrêmement vivante, les pratiques de marketing culteurs suivent la situation des marchés en temps
fondées sur l’interaction locale représentent réel depuis leur champ ou leur exploitation, pour
sans doute la meilleure méthode pour attirer de vendre leurs produits au meilleur prix. Sa stra-
nouveaux clients. tégie étant de capitaliser sur l’aspect bidirection-
En écho au projet SIMpill, on retiendra aussi du nel des communications mobiles pour élargir sa
programme Pésinet l’importance d’adapter l’of- panoplie de services, Manobi a eu l’idée d’adap-
fre de services aux besoins locaux. Il est douteux ter les capacités de recherche et de sauvetage
que les opérateurs télécoms aient jamais envisagé mises à disposition des pêcheurs à d’autres
d’utiliser leur réseau pour analyser les courbes de usages tels que la géolocalisation, le suivi et la ges-
poids de nourrissons et de jeunes enfants au fil de tion de flotte de véhicules, ce qui a débouché sur
leur croissance. La leçon à en tirer, c’est que, pour la signature d’un contrat avec la Société des Eaux
peu que les infrastructures existent et que les capa- de Dakar. Les dispatcheurs localisent les véhicu-
cités humaines soient suffisantes, les individus et les de maintenance les plus proches des lieux où
les entreprises d’Afrique subsaharienne dévelop- une fuite a été détectée, d’où des délais d’inter-
peront des usages inédits et des applications inno- vention raccourcis et, du même coup, des écono-
vantes pour ces infrastructures. mies d’eau. D’après Manobi, chaque véhicule
envoie en moyenne 800 SMS par mois (soit envi-
IV. Manobi ron 24 USD générés par véhicule et par mois)19.
L’asymétrie de l’information entre les petits produc- Manobi a encore élargi son offre de solutions
teurs agricoles (pêcheurs et agriculteurs) et les inter- d’entreprises en proposant aux collectivités ter-
médiaires auxquels ils vendent leurs produits favo- ritoriales un service mobile de gestion du foncier.
rise les seconds au détriment des premiers, qui font Ce service exploite les archives municipales
généralement partie des ruraux pauvres. Une (titres de propriété, relevés cadastraux, etc.) pour
société sénégalaise appelée Manobi s’est donné pour fournir des informations très précises (eaux de
mission de corriger ces asymétries informationnel- percolation, etc.) aux acquéreurs fonciers poten-
les en offrant aux petits exploitants un accès en tiels. Ainsi, pour environ 8 USD par hectare,
temps réel aux prix de détail, gros, demi-gros des Manobi a équipé les employés municipaux de la
produits de l’agriculture et de la pêche sur les mar- communauté rurale de Sangalcam (Sénégal)
chés. Pêcheurs et agriculteurs peuvent ainsi envoyer d’assistants numériques personnels reliés à une
leurs produits sur le marché les jours où les cours base regroupant toute l’information foncière du
montent, ou à l’inverse les garder en stock ressort géographique de la municipalité. Outre
lorsqu’une offre excédentaire tire les prix à la baisse. les bénéfices sociaux qu’il induit en ramenant de
cinq mois à dix jours le délai nécessaire à l’ac-
Conception du projet quisition de terrains et en réduisant de façon
Manobi est un prestataire de services multicanaux drastique le nombre de conflits fonciers, le ser-
qui fournit aux professionnels du secteur rural séné- vice SIG de Manobi génère aussi trois à quatre
galais des informations sur leurs marchés respec- SMS par transaction20.
tifs. Fort de son expérience dans le secteur agri-
cole, le créateur du projet s’est d’abord axé sur la Méthodologie
diffusion d’informations de prix et de marchés Pour le service Xam Marsé, Manobi emploie des
auprès des agriculteurs. En 2003, Manobi a enquêteurs qui relèvent périodiquement les prix
conduit une analyse des besoins dans le secteur de de vente à l’étalage sur les marchés de Dakar et
la pêche artisanale, avec la participation de syn- de Kayar. Depuis leur portable, ils alimentent direc-
dicats de pêcheurs et d’opérateurs télécoms. Cette tement une base de données centrale, accessible
étude confirmait l’existence d’une demande pour sur le web ou sur n’importe quel portable par SMS
des services de communication bidirectionnelle en (par technologie «push»). Pour avoir accès à ces
mer : les pêcheurs voulaient prendre leurs infor- informations, agriculteurs et pêcheurs paient
mations sur les prix à la source, plutôt que de s’en environ 5 USD par mois, plus le coût des SMS.
remettre aux indications des intermédiaires venant D’après Manobi, un exploitant agricole génère en
s’approvisionner sur les plages. Par la suite, d’au- moyenne deux minutes de transaction WAP et
tres avantages sont apparus : les pêcheurs pou- l’équivalent de cinq minutes de communication
vaient consulter la météo marine en temps réel et, téléphonique par jour ouvré. Le revenu mensuel
surtout, être secourus par géolocalisation en cas global (voix et données) par abonné se chiffre à
de difficulté en mer, d’où aussi la possibilité pour 30 USD en moyenne, dont 12USD reviennent à
eux de souscrire une véritable assurance maritime. Manobi, et 18 USD à l’opérateur Sonatel21.
(x1000)
90
déposer une offre d’achat portant sur de gran-
80
des quantités de produits, Manobi servant
alors d’« agrégateur » pour l’ensemble des den- 70
V. MoPay
Selon certaines estimations, 81 % de la popula- d’une banque ou d’un commerçant membre du
tion subsaharienne serait « non bancarisée » et réseau MoPay et d’y enregistrer, via une simple
n’aurait donc aucun accès aux établissements interface web, son numéro de téléphone et (le
bancaires officiels. Les implications d’une écono- cas échéant) son numéro de compte bancaire,
mie informelle aussi généralisée sont nombreu- puis de choisir un code PIN. Si le client n’a pas
ses. La première est le risque de vol, qui n’est de compte en banque, il a le choix entre deux
que trop fréquent en Afrique du Sud. Corollai- solutions : soit il échange une certaine somme
rement, la difficulté de transporter des sommes d’argent liquide contre un message SMS sur son
importantes, surtout sur de longues distances, téléphone transférant le même montant sur son
impose des limitations géographiques aux trans- compte virtuel, soit il achète en liquide une carte
actions financières. MoPay/Visa qui fonctionne comme n’importe
Plus important encore, d’un point de vue socié- quelle autre carte de débit.
tal, est le fait que les détenteurs de liquidités, Les coûts de transaction sont à la charge du ven-
cantonnés au secteur informel, se trouvent dans deur. La commission s’échelonne de 3 à 5 % du
l’impossibilité d’utiliser leur argent pour créer montant de l’opération ; certains gros commer-
des richesses par l’octroi de prêts ou à travers çants paient un forfait par transaction. Le
d’autres instruments de crédits. Le multiplica- commerçant se voit attribuer un numéro four-
teur de richesse est incapable de fonctionner, nisseur lui permettant d’encaisser les paiements
puisque l’argent n’est pas dans le système. de ses clients. Une plate-forme hébergée
authentifie les utilisateurs finals et gère la
Conception du projet procédure de paiement mobile ((autorisations
MoPay est un service de banque mobile basé en de paiement, confirmations et règlements).
Afrique du Sud. Cette solution de paiement per- Pour effectuer un paiement par SMS, l’acheteur
met aux clients de gérer des services prépayés, expédie un message semblable à celui-ci : 2
de régler des factures ou de faire des achats par [option du menu principal : payer] > PIN > mon-
simple SMS assorti d’un code confidentiel ou tant > numéro fournisseur. Le service MoPay
code PIN (Personal Identification Number). vérifie l’identité de l’acheteur en comparant le
MoPay a été conçu d’entrée de jeu comme une numéro du téléphone portable et le code PIN
solution technologiquement neutre et indépen- avec les données client stockées dans la base,
dante de la plate-forme. Bien que la message- puis il envoie au vendeur un SMS de confirma-
rie SMS soit le vecteur privilégié des services tion, par exemple : « ABC Products : vous avez
MoPay, la plate-forme intègre un certain nom- reçu un paiement de 127,50 ZAR du portable
bre d’interfaces qui prennent en charge d’au- n° +2782505050 ».
tres modes d’accès : Internet, ATM (mode de Autre possibilité, c’est le vendeur qui déclenche
transfert asynchrone), IVR (réponse vocale la procédure de règlement. L’acheteur pré-
interactive). À la différence d’autres solutions sente une carte prépayée MoPay. Le système du
de banque mobile, qui nécessitent un matériel commerçant reconnaît dans l’acheteur un uti-
spécial comme une carte à puce ou une carte lisateur ID checker™ et transmet la demande de
SIM dédiée, MoPay conserve toutes les données paiement à MoPay, pour vérification d’ID.
sensibles sur ses serveurs. Sous son apparente MoPay envoie un SMS à l’acheteur, lui deman-
simplicité, ce système offre une meilleure dant de valider son achat en entrant son code
sécurité contre les risques de piratage que ceux PIN depuis le portable préenregistré. MoPay véri-
où les données sont stockées dans les termi- fie alors l’identité de l’acheteur en comparant le
naux mobiles. En outre, toutes les données sen- numéro du portable et le code PIN avec les don-
sibles sont cryptées, et un historique complet nées client stockées dans la base, puis il notifie
est établi pour chaque transaction de l’abonné au commerçant la réussite de l’authentification.
et chaque opération administrative. Le pro- Celui-ci achève la procédure de paiement et la
blème des chèques sans provision disparaît transaction correspondante (vente ou prestation).
également, puisque le règlement et la compen- Les données requises pour le paiement mobile
sation du montant de la transaction sont peuvent être soumises à la base de la plate-forme
immédiats. en différé, c'est-à-dire en traitement par lots,
selon les besoins des banques, des opérateurs
Méthodologie et des commerçants participants, ou en temps
Pour le client, l’utilisation des services MoPay réel, via une interface en ligne.
n’entraîne aucun frais : même le coût des SMS Comme le souligne le PDG de MoPay, Cobus Pot-
est pris en charge. Il lui suffit de se rendre auprès gieter : « L’important, nous disent nos clients,
c’est non seulement que les systèmes MoPay ses concurrents. À la différence de ce qui se
leur permettent, à eux et à leurs propres passe pour les applications Java de banque
clients, de réaliser des économies substantiel- mobile, les risques sont ici limités à la sécurité
les, mais aussi qu’ils assurent un meilleur physique des serveurs de MoPay25.
niveau de sécurité et de service, et deviennent Début 2005, on dénombrait 134 prestataires de
ainsi un véritable facteur de développement de services ou enseignes de vente (franchises
leurs activités »23. comprises) utilisant le système MoPay ; selon les
« C’est un service d’un excellent rapport qualité- prévisions, ils devaient être au moins 350
prix, rapide et facile à utiliser», déclare Craig Bou- d’ici fin 2005#. Le graphique ci-après reprend
wer, PDG d’Aztec, une société spécialisée dans la les projections de ventes de MoPay : # Récemment (septembre
1 « Stimulating Investment in Network Development: le VIH a fait monter en flèche l’incidence de la tubercu-
Roles for Regulators », lose et accroît le risque de mourir de cette maladie, que
http://www.regulateonline.org/content/view/435/ le taux de mortalité par habitant est le plus élevé».
31/, p. 72. 11 Evaluation of the On Cue Compliance Service Pilot
rienne », http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRpt
http://www.worldbank.org/afr/findings/french/ffin _FIN_29Mar05.pdf), p. 19.
d42.htm . Notes PESINET :
4 Via l’Afrique - Création de points d’échange Internet 14 http://www.who.int/whr/2005/media_centre/
(document de travail élaboré pour le CRDI et l’UIT à 16 What Works: « Afrique Initiatives » — Attempts at
l’occasion du Colloque mondial des régulateurs, Combining Social Purpose and Sustainable Business,
2004), http://www.itu.int/ITU-D/treg/publica- http://www.digitaldividend.org/case/case_afrique_i
tions/AfricaIXPRep-fr.pdf, p. 4 nitiatives.htm.
Notes SIMpill : 17
250 FCFA par mois pour deux enfants, 300 FCFA pour
5 http://results.org/website/article.asp?id=955
trois enfants et, au-delà, 100 FCFA supplémentaires
6 Cape Town TB Control Programme Report, City of
par enfant.
Cape Town Health Directorate, 2003, cité dans Eva- 18
Cité dans l’étude What Works: « Afrique Initiatives »,
luation of the On Cue Compliance Service Pilot: Tes- http://www.digitaldividend.org/pdf/afrique_initiati-
ting the use of SMS reminders in the treatment of ves.pdf, p. 9.
Tuberculosis in Cape Town, South Africa Notes MANOBI :
(http://www.bridges.org/compliance/Cmplnc_EvlRp 19 Manobi Business Plan, annexe A: Études de cas, Tech-
8 Ibid. 22 http://www.manobi.sn/
la tuberculose en 2003. C’est en Asie du Sud-Est que les handset itselfsystems, which rely on applications on
décès sont les plus nombreux, mais c’est en Afrique, où the handset itself, are vulnerable to hackers
T
outes les cultures, à tous les niveaux connu la croissance la plus rapide du monde.2
de revenu, attachent une grande Dans les pays en développement (PED), la
importance aux technologies de l’infor- dépense moyenne consacrée aux télécommuni-
mation et de la communication et, au cations atteint 2 % du revenu.3 Une étude
cours des cinq dernières années, la téléphonie récente de Vodafone a révélé qu’« on a cru que
cellulaire en Afrique sub-saharienne (ASS) a la population rurale pauvre ne pouvait ou ne
Beget Holdings développe des logiciels de télécommunication et propose en Afrique du Sud une solution qui transforme la plupart des
mobiles en systèmes d’alarme permettant d’avertir amis et parents en cas de problème et de leur indiquer en cinq secondes la posi-
tion du mobile appelant.
« Aujourd’hui, le SMSOS fonctionne sur tout téléphone à numérotation abrégée et possédant les fonctionnalités d’identification de l’ap-
pelant sur les réseaux MTM et Vodacom., » explique André Potgieter, dir. marketing de Beget. « Le système SMSOS est proposé par Exact-
mobile qui assure le service 24h sur 24 au travers de son centre d’appel tout en apportant ses connaissances et son expérience en matière
de technologie cellulaire. »
A la tête de SMSOS, Lize Gerber ajoute que le crime fait partie de la vie quotidienne, et se réjouit de la venue de la technologie SMSOS, qui
peut être utilisée dans toute situation de détresse (accident de la circulation et urgence médicale. « SMSOS est idéal dans toute situation où
l’on ne peut utiliser qu’un doigt. »
Potgieter explique que la numérotation abrégée SMSOS ou “bouton d’alarme”, envoie un message SMS prioritaire à chaque desti-
nataire présélectionné.
« Ce SMS contient les informations personnelles et de contact, ainsi que la position de la personne en détresse avec ses coordonnées GSM.
Les téléphones multimédia recevront aussi une carte de localisation. Prochainement, les abonnés Vodacom bénéficieront aussi de la fonc-
tion de suivi de mobile grâce au serveur de localisation qu’utilise ce réseau. »
D’après Potgieter, la localisation d’un mobile par le système dépend de la couverture cellulaire assurée par l’opérateur du réseau. « La pré-
cision de la localisation repose sur la densité des stations relais. »
Gerber indique que l’abonné principal en abonnement de base (environ 250 à 300 rands par an) peut enregistrer jusqu’à neuf “dépendants”
et six “répondants” et peut facilement tenir à jour ses informations par l’internet.
« Le système SMOS est automatique et peut traiter 100 appels par seconde, ce qui élimine les problèmes liés à l’erreur humaine ou à la
lenteur de réponse » déclare M. Potgiter. « Le système comporte aussi une fonction de journal qui permet de produire des états de suivi com-
plets pour chaque appel. »
Beget a passé un accord avec une société française pour la distribution du produit en Europe et avec une société australienne pour ce conti-
nent. « Pour ce qui est de la région, le SMOS sera commercialisé au travers d’un réseau de distributeurs qui seront prospectés au cours des
prochains mois, ce qui constituera pour eux une excellente occasion de développer leur marketing et source de revenus » conclut Potgieter
Tange
Tanger Alger Tunis
O
Oran Constantine SYR
SYRIE Mosul
su
Rabat Mer Méditérannée CHYPRE LIBAN
B Berut
Be
erut Bagdad
CCasablanca Damascus
Damasc
masc
assscu
c
MAROC Ghard
Ghardaia TUNISIA
TU
UNISIA IRAN
IR
Tripoli ISRAEL jjerusalem
usalem
salem
IRAQ
Marrakech Banghazi
Iles Canaries Alexandrie
d
JJORDANIE
ORDA
DA
A
Suezz
(Espagne)
ne)
e) Le Caire
aire KUWAIT
KUW
KU
UWWAITT
W
T
Tindouf ALGÉRIE
La'youn LIBYE
ÉGYPTE
PTTE
Riyadh
Al Jawf Medinah
Medina
wan
Aswan
Tamanrassett
ARABIEE
Jeddah
Jed
ddah
dd
ddah SAOUDITE
DITE
MAURITANIE MALI Port Sudan
Nouakchott
NIGER Red Sea
ea
a
Faya-Largeau
TTombouctou Agadez
Ne
Nema
ERITHRÉE YEMEN
SÉNÉGAL
SÉ
ÉNÉGAL TCHAD Asmera
A
Dakar
D Khartoum Sana
Niamey Zinder Al Mukalla
njul
Banjul GAMBIE
ul GAM
AMMBI
MB Lake Chad
El Fashir Aden
GUINÉE
GUI
GU BISSAU
NÉ BI B o
Bamako BURKINA
RK
Bissau no
Kano N’Djamena DJIBOUTI
Ouagadougou
d o
GUINÉE Maiduguri SOUDAN
SO
OU Djibouti
Conakry
BENIN Berbera
CCÔTE
ÔT Addis Ababa SOMALIE
FFreetown TTOGO
GO NIGERIA
NIGER
SIERRA LEONE D’IVOIRE
D ’IVO Wau
GHANA
G HAN
Monrovia
M Yamoussoukro
via Yamoussoukroo Porto
orto Novo
Po
o CENTRAFRIQUE ÉTHIOPIE
Lome
e
LIBERIA A Abidjan
ja Accra
A Lagos
CAMEROUN
CAM
Douala Bangui JJuba Lake Turkana
Malabo
o Ya nd
Yaounde
GUINÉE ÉQUATORIALE UGANDA
UG
U GANDA
Lake Albert
rt Mogadishu
Bata
a
Kisangani KENYA
Sao Tome Libreville
L Kampala
Kam
ampa
ampala
Victoria
Lake Victo
SAO TOME CONGO
ON
GABON
G ON
O RÉPUBLIQUE RWANDAA Na
Nairobi
et PRINCIPE Kigali
Kiga
gali
ga
vil
Brazzaville
DÉMOCRATIQUE
DU CONGO BURUNDI Bujumbura
Buju
uju
ju ra
om asa
Mombasa
Ocean
Pointe-Noire
Cabinda
Kinshasa
Kananga
ZA E
TANZANIE Indien
Kalemie
(ANGOLA) Dar es Salaam
m
Océan Atlantique Luanda
L
Lake Tanganyika
Mbeya
Kasama COMORES
ANGOLA ub
Lubumbashi
MALAWI
Benguela
Lake Nyasa
Kitwe
Huambo on we
Lilongwe
ZAMBIEE MAYOTTE
Nacala
acala
Namibe Lusaka
a
Lake Kariba
riba Mahajanga
arare
Harare
MOZA
M AMB
A
MOZAMBIQUE arivo
Antananarivo
ZIMBABWE
ZI BAB
BWE Beira
NAMIBIE Bulaw
Bulawayo
BOTSWANA
B AN
NA R
MADAGASCAR
Windhoek
T
Tu
Tulear
AFRIQUE DU SUD Walvis Bay
(Walvis Bay) Gaborone
aborone
Pretoria Maputo
uto
o
J
Johannesburg
Mbabane
aba
abane
ba
b
SWAZILAND
SWAZILAN
ND
N
Maseru
Durban
Durban
Du
ur
LESOTHO
HO
O
1000 Km AFRIQU DU
AFRIQUE DU SUD
Cape Port
1000 Mi. Elizabeth EEas
East London
T
Town
Source: GSM Association
voulait pas dépenser pour des services de teurs avancent comme autant d’arguments
télécommunication mobile. En fait, dans bien contraires le faible revenu moyen par abonné
des cas, la demande rurale a largement dépassé (ARPU), la lenteur du retour sur investissement
les prévisions. »4 et les cadres réglementaires obscurs. A ces défis
Cette situation résulte sans aucun doute du rencontrés du côté de l’offre il faut aussi ajou-
manque d’infrastructure filaire « historique ». ter le fait que la demande diffère de celle ren-
Vodafone a remarqué qu’en Afrique du Sud 85 contrée dans les pays développés.
% des petites entreprises dirigées par des
noirs préfèrent le mobile au téléphone fixe5.Tou- Problèmes de mesure
tefois, le même phénomène se retrouve dans les En matière de demande de téléphonie mobile
pays développés où des petites entreprises de en ASS, le nombre d’abonnés est assez peu
plomberie ou de taxi, par exemple, n’utilisent significatif car, dans les zones rurales, un
que le mobile, ce qui indique que la mobilité poste téléphonique est souvent utilisé par plu-
inhérente aux téléphones mobiles est appréciée sieurs personnes. Il faut ajouter à cela la ques-
en tant que telle. tion de l’incertitude des données du revenu dans
Les taux historiquement bas de pénétration des les pays où des pans entiers de l’économie sont
TIC en ASS, couplés avec l’intérêt manifeste des informels. Selon Russell Southwood de Balan-
populations pour ces produits, auraient dû inci- cingAct-Africa.org, « les statistiques du revenu
ter les fournisseurs de technologie à conquérir en Afrique – en particulier au bas de l’échelle
ces marchés, mais jusqu’à présent les opéra- – se sont révélées de piètres outils d’évaluation
Interrogé sur le profil des usagers, Levine a souligné une tendance inté- 30
ressante en ce sens que beaucoup de noirs sud-africains sont attirés 20
par les services iTouch et que iTouch SA a en fait « sous-estimé la popu- 10
larité de nos services auprès de la communauté noire, peut-être même 0
plus populaires qu’auprès des blancs.» Il relie cela au fait que si la majo- ne partage pas partage
rité des sud-africains blancs ont accès à d’autres moyens de commu- Source: Enquête SIMpill
Green que la technologie SMS était bien la solu- Source: Enquête SIMpill
tion au problème d’oubli. Les taux de posses-
sion de mobiles étaient suffisamment élevés, la
couverture correcte et les patients ne rencon- importantes sur un marché comme celui de
traient pas de difficultés à recharger leurs mobi- l’ASS où les consommateurs ont des difficultés
les. Par ailleurs, les patients ne s’embarrassaient de paiement.
pas de questions de promiscuité.
Suggestions pour une meilleure évaluation de
Cobus Potgieter de MoPay a suivi une formation la demande TIC dans les pays en développe-
en finance et a écrit sa thèse sur le commerce ment
électronique. Ayant réalisé que beaucoup d’afri- Dans son livre « The Fortune at the Bottom of
cains étaient déjà accoutumés à l’usage du the Pyramid: Eradicating Poverty Through
mobile et qu’il se passerait bien du temps avant Profits »12 C.K. Prahalad souligne quelques
que le PC atteigne le même taux de pénétration, points clés lorsqu’il s’agit de faire du marketing
Potgieter a décidé de cibler les services à auprès des plus démunis. Nombre de ses sug-
valeur ajoutée sur le réseau GSM. D’après lui, gestions portent sur l’adéquation du produit ou
il suffisait qu’il s’intéresse au grand nombre du service avec l’environnement visé. La notion
(estimé à 71 pour cent) de sud-africains n’ayant d’« environnement local » ne renvoie pas seu-
pas de compte bancaire ou de carte de crédit. lement au produit ou au service mais aussi à
De plus, les banques et les opérateurs de télé- une prise en compte des langues vernaculaires
com hésitaient à offrir ce service puisque la ban- et des contraintes imposées comme, par exem-
que mobile n’entrait pas dans le cadre de leurs ple, l’absence ou l’intermittence du courant élec-
activités premières. trique. Prahalad insiste aussi sur l’importance
10
Ces exemples mettent en évidence quelques éta- 0
pes fondamentales de l’évaluation de la Non Oui
La transmission
QUI SONT LES PROPRIÉTAIRES DE RÉSEAUX DORSAUX ?
La transmission sur un réseau de télécommu-
nication correspond au transport de l’informa-
Les opérateurs de dorsales sont ces fournisseurs de transport lon-
tion sur des fils de cuivre, de la fibre optique ou
gue distance dont les réseaux en fibre optique couvrent le territoire
par ondes hertziennes d’un point de réseau à
national ou continental ou même le globe entier, formant ainsi l’in-
un autre. On utilise les fibres optiques et les
frastructure fédératrice nécessaire à la communication mondiale.
micro-ondes en milieu urbain, les micro-ondes
Associés aux transporteurs de données locaux auxquels ils fournis-
et le satellite en milieu rural.
sent bande passante et connectivité, les opérateurs de réseaux dor-
La technologie du raccordement, terrestre
saux apportent la capacité et la connectivité internationales indis-
(radio ou filaire) ou non terrestre (satellite), per-
pensables pour accéder de n’importe où au contenu de l’internet.
met la transmission de la voix et des services
de données entre les réseaux de transit et d’ac-
La plupart des fournisseurs de services dorsaux proposent à d’au-
cès tandis qu’une technologie d’accès (ou tech-
tres fournisseurs des services d’accès à prix de gros qui peuvent pren-
nologie dite du dernier kilomètre) permet aux
dre la forme de connexions directes aux routeurs/commutateurs
détenteurs d’équipements terminaux (CPE) de
périphériques de leur réseau dorsal (services d’accès internet dédiés).
se connecter au réseau par l’intermédiaire d’un
Il peut s’agir aussi de ports de serveurs d’accès loués à d’autres
point d’accès (BTS, bornes WiFi, etc.).
réseaux dorsaux pouvant atteindre un point de présence (PoP) d’ac-
Les réseaux d’infrastructure (ou dorsales) assu-
cès. Les fournisseurs de services fédérateurs ont des PoP situés en
rent la transmission de la voix et des données
des points stratégiques avec une connectivité à grande vitesse à
entre réseaux nationaux et internationaux. Le
un réseau dorsal internet. Ils peuvent mettre à profit des infrastruc-
raccordement constitue une contrainte majeure
tures existantes (chemins de fer, pipelines ou réseaux électriques)
pour ce qui concerne le déploiement des infra-
lors du déploiement des câbles de fibres optiques afin de réduire
structures TIC en zone rurale en raison des lon-
les coûts de génie civil et d’accélérer l’implantation du réseau.
gues distances séparant les points d’accès
locaux et les équipements du cœur de réseau,
Les opérateurs de réseaux dorsaux, dont les fournisseurs de ser-
en général implantés en milieu urbain.
vices dorsaux (BSP), de services internet (ISP) et les opérateurs de
services locaux existants (ILEC), sont par conséquent les fournis-
L’importance des réseaux d’infrastructure
seurs d’infrastructure proposant des services de transport et de don-
Ce type de réseau dispose des équipements d’in-
nées enrichies. Ils interconnectent souvent des réseaux terrestres
frastructure requis pour assurer l’accès large
avec des réseaux sous-marins et possèdent parfois une infrastruc-
bande aux services de télécommunication de
ture dorsale internationale. Chaque opérateur de réseau dorsal peut
base et aux services à valeur ajoutée délivrés par
offrir un large éventail de services de transport et davantage. Les
les opérateurs télécom fixes et mobiles et les four-
opérateurs doivent être prêts à améliorer leurs réseaux dorsaux
nisseurs de services internet (ISP). Les réseaux
pour assurer la connectivité globale à des volumes croissants de
dorsaux nationaux offrent des moyens d’accès
trafic, à plus de bande passante tout en garantissant la disponi-
pour les communications et l’échange de données
bilité et la qualité du service.
au niveau national, plus rentables que s’il fallait
MSC
ACHEMINEMENT DORSALE
Réseau d'accès Cœur de réseau
BSC
RNC
IP/MPLS
SGSN
Réseau Réseau GGSN
d'accès d'agrégation
Station ATM/MPLS
de base
Point de présence Point de présence
Commutateurs Commutateurs Commutateurs
de périphérie d'infrastructure de périphérie
ATM: Mode transfert asynchrone MPLS: Commutation multi protocole par étiquette
BSC: Contrôleur de station de base MSC: Commutateur du réseau mobile
IP: Protocole Internet RNC: Contrôleur radio du réseau mobile
Source: Alcatel GGSN: Passerelle GGSN SGSN: Passerelle SGSN
louer des installations étrangères ou externes. Le L’installation de matériel en zones isolées doit
retour sur investissement à long terme de tels tenir compte des risques de vol et de vanda-
projets implique de faire appel à l’aide publique lisme. Il faut alors prévoir le surcoût d’un per-
sous forme d’aménagements réglementaires et sonnel de sécurité à mettre en place.
d’options de financement favorables. Des parte-
nariats entre les secteurs public et privé (PPP), Pénurie d’infrastructure
impliquant des gouvernements et des acteurs pri- Les populations rurales souffrent souvent d’un
vés, peuvent être envisagés pour le financement manque d’infrastructures de base : logement,
de tels réseaux d’infrastructure nationaux. services publics (santé, écoles, bureaux de
L’étape du développement du réseau dorsal poste), lignes de cuivre (lignes téléphoniques
national est incontournable pour garantir la fixes), courant électrique permanent, routes, etc.
connectivité du monde rural. Bien des pays d’ASS Ces pénuries endémiques rendent les investis-
qui n’ont pas encore de réseau dorsal et font sements moins rentables et compliquent les opé-
appel à d’autres pays pour assurer la connecti- rations de déploiement.
vité rurale, doivent supporter des coûts élevés de
fourniture de service et se voient contraints de Contraintes humaines
ne pas pouvoir étendre leur réseau. Les compétences humaines sont aussi une
contrainte car beaucoup des usagers potentiels
Comment assurer l’acheminement du trafic ne savent pas utiliser les nouvelles technologies
Trois dispositifs peuvent être mis en œuvre pour et doivent être formés. L’illettrisme est élevé dans
l’acheminement en zone rurale ou isolée. C’est en les PED et en particulier dans les zones rurale
fonction de la distance entre le cœur de réseau et d’ASS. Il importe de trouver une main d’œuvre
les équipements d’accès et en fonction de la den- locale pour installer et entretenir les réseaux, mais
sité de la population visée que l’on choisira le la rotation importante du personnel rend difficile
réseau filaire, le réseau hertzien ou le satellite. le recrutement de main d’œuvre compétente.
Les liaisons terrestres filaires peuvent ne pas
convenir en raison des investissements très Coûts d’entrée élevés
lourds (CAPEX) nécessaires à la couverture des Ces contraintes (longues distances, difficultés
zones rurales. De leur côté, les technologies d’accès, coûts de transmission et de génie civil)
radio et les applications satellitaires auront un ont pour conséquence d’élever fortement les coûts
impact sur les coûts et le temps nécessaires à
l’extension du réseau : on notera une diminu- UNE SOLUTION D’ACCÈS POUR AIDER À COMBLER LA FRACTURE NUMÉ-
tion des dépenses CAPEX grâce à une réduction RIQUE DANS L’HIMALAYA
des coûts de génie civil et d’ingénierie mais une
augmentation des coûts OPEX, pour le satellite En décembre 2004, le Bhoutan a présenté son projet de réseau de télé-
en particulier. Les coûts peuvent être particu- communication rural. Les défis que doit relever ce pays situé dans les
lièrement élevés en zone rurale isolée. hautes montagnes de l’Himalaya sont considérables. Sur les 201 cir-
conscriptions administratives du pays, 79 seulement sont connectées
Contraintes de l’opérateur à un réseau de télécommunication. Le haut relief accidenté interdisant
Divers paramètres rendent les zones rurales et la pose de câbles, il a fallu choisir une solution de réseau à faisceaux
les zones isolées moins attrayantes que les zones hertziens clés-en-main avec VoIP sans fil pour amener la voix et les don-
urbaines aux yeux des opérateurs télécom. En nées dans les zones rurales. Chaque abonné sera équipé d’un panneau
fait, c’est essentiellement une question de solaire, d’un téléphone et d’une petite antenne captant les émissions
coûts et d’opportunités de revenus. d’une station de base placée au centre du village.
Environnement complexe Alcatel prévoit de déployer ce projet avant fin 2006. Des équipements
Un environnement plus hostile et l’éloignement seront alors installés dans les montagnes himalayennes jusqu’à 4 700
géographique compliquent souvent la desserte m d’altitude. Certains sites sont à trois ou quatre jours de marche de
des zones rurales (en présence de collines, de la route la plus proche. La plupart des sites seront alimentés par éner-
montagnes, de vallées, de terres agricoles, gie solaire. Le réseau d’infrastructure sera établi avec des faisceaux hert-
etc.). Les travaux de génie civil et d’ingénierie ziens. Le réseau dorsal s’appuiera sur des liaisons radio et la techno-
génèrent des surcoûts et allongent le temps de logie de commutation sur un commutateur logiciel NGN tandis que le
déploiement de l’infrastructure. De même, le cli- réseau d’accès comprendra un système de radiocommunication point-
mat propre à l’ASS se répercute sur la concep- multipoint, des boucles locales radio et une solution de serveurs d’ac-
tion des équipements dont le fonctionnement cès large bande radio fixe avec VoIP.
peut être affecté par les hautes températures.
Le projet Healthware vise à favoriser le développement de solu- Soixante douze pour cent de la population indienne, soit 750 mil-
tions de télémédecine utilisant le satellite et en particulier les lions d’habitants, vivent en zone rurale, bien souvent sans accès
technologies de communications bidirectionnelles à large au téléphone et encore moins à l’internet. Pourtant, des
bande sur IP via un satellite (DVB-RCS). L’utilisation de ces tech- enfants vivant dans des villages différents peuvent se partager
nologies garantit la disponibilité de la capacité de transmission le même instituteur et interagir avec d’autres élèves en passant
à large bande depuis n’importe quelle installation médicale et par des réseaux sans fil à large bande. Une telle solution à un
ouvre de nouvelles possibilités d’applications très interactives prix raisonnable est par conséquent indispensable si l’on veut
comme la sollicitation d’un second avis médical ou l’assistance que le téléenseignement fonctionne dans ce contexte
chirurgicale en vidéo. Le téléenseignement en zone rurale n’est pas une préoccupation
propre aux pays développés. L’Australie, le Canada, et les États-
Le projet Healthware s’intéresse aussi aux questions d’interopé- Unis font un usage régulier du téléenseignement en zone rurale.
rabilité entre plates-formes DVB-RCS, d’intégration avec des solu- Sans se limiter au seul enseignement, la solution sans fil à large
tions mobiles et terrestres, des plates-formes de service et d’ap- bande peut être utilisée pour réaliser à distance des contrôles,
plication ouvertes en vue d’améliorer le déploiement et la poly- des diagnostics médicaux, et de l’assistance en situation d’ur-
valence de ces services. Ce projet cible en particulier la qualité gence. Ce type d’applications est déjà opérationnel en Afrique
de service pour assurer un service fiable, sût de bout en bout. mais son usage n’est pas encore répandu, car le réseau câblé large
bande n’est pas, dans la plupart des cas, accessible ou écono-
Healthware est un projet sur trois ans, mené par un consortium miquement viable partout.
de 19 partenaires européens comprenant la Commission Euro-
péenne et Alcatel.
Bande passante
saharienne. Du point de vue de l’utilisateur final, WLAN
les zones rurales offrent actuellement peu 802.16
VDSL
d’opportunités aux technologies non vocales de DVB-S2 WLAN TD-SCDMA
transmission de données à grande vitesse. ADSL, Satellite 802.11 TDD UMTS
ADSL2plus CDMA2000 HSDPA
Toutefois, les services et applications à valeur EV-DV
DVB-S
ajoutée (SAV) et d’accès à l’internet devraient Câble Satellite CDMA2000
UMTS
ouvrir de nouvelles opportunités et contribuer EV-DO
EDGE
à combler la fracture numérique à l’échelle de Accès CDMA2000
commuté 1X
la communauté. GSM/GPRS
Le niveau de service ainsi que les profils des uti-
lisateurs et leur degré de maturité en matière Mobilité
Source: Alcatel
de TIC influencent fortement le choix des tech-
nologies d’accès car les besoins de bande pas- Cette illustration montre la position des différentes technologies
sante et de mobilité varient d’un marché à l’au- selon la bande passante et la mobilité. L’accès commuté utilise la
connexion voix classique sur le réseau téléphonique cuivre stan-
tre (voir la figure ci-dessus). S’il n’existe pas de dard. Les technologies « fibre optique », DSL et câble offrent les
solution unique pour les zones rurales, on peut bandes passantes les plus étendues mais ne sont pas, par nature,
toutefois reconnaître l’émergence de certaines mobiles. Elles conviennent au transport des données. Les tech-
tendances pour ce qui touche au côté économi- nologies GSM et CDMA offrent surtout des services mobiles voix et
que du déploiement des infrastructures. données en 2G tandis que la 3G élargit l’offre de bande passante,
d’itinérance et de mobilité ; enfin, de nouvelles technologies
comme le WiMAX et la 4G promettent la disponibilité d’un ensem-
Les solutions sans fil sont supposées être plus ble étendu de services haut de gamme pour la voix, les données
rentables que les solutions filaires en raison de large bande et le multimédia.
leur plus grande couverture et des moindres
besoins de travaux de génie civil. Elles peuvent
aussi être déployées plus rapidement (moins de d’importance demeure le déploiement de la
contraintes techniques liées à l’environne- technologie d’accès/radio déployée. Depuis 5 à
ment), ce qui se traduit par un gain de temps 10 ans, on a assisté à l’émergence de nouvel-
et d’argent. Autre supposition : il semble que le les technologies aux possibilités plus ou moins
service voix soit le premier besoin de commu- évidentes tant d’un point de vue technique
nication à servir et que par le biais de la télé- qu’économique. Deux possibilités de mobilité se
phonie mobile, il sera probablement un géné- détachent au niveau de l’infrastructure : l’une
rateur de croissance pour les opérateurs télé- en intérieur (WLAN) et l’autre en extérieur (cel-
com. La pénétration du mobile a été un succès lulaire).
en ASS, surtout en environnement urbain, et il La technologie sans fil utilisant le protocole IP
existe toujours beaucoup d’opportunités de pro- a connu récemment une forte progression
fits supplémentaires dans les zones non desser- technique et économique (WLAN, WiMAX,
vies pour les opérateurs de télécom alors que etc.). Elle a trouvé quelques applications dans
leurs marges et leurs bases d’abonnés sur les des produits du commerce (cartes WiFi, points
marchés urbains se stabilisent. d’accès) qui pour un coût modique permettent
Il existe à l’heure actuelle plusieurs solutions d’atteindre des débits assez élevés. Cette tech-
offrant la mobilité. Chacune d’entre elles ou cha- nologie évolue encore vers des débits large
que technologie impliquée, présente ses propres bande encore plus élevés, un meilleur traite-
avantages et inconvénients mais le facteur ment de la voix, etc.
nomique idéal pour les installations en extérieur, La diffusion de SAV (par l’internet) et d’appli-
et dans les zones rurales faiblement peuplées cations peut affecter la vie quotidienne de
(télédensité inférieure à 10%) grâce à la grande chaque individu et lui apporter de nouvelles
portée géographique de la fréquence basse de opportunités. De plus, en considérant les
450 MHz qu’il utilise, car chacun sait que la por- contraintes financières des utilisateurs ruraux,
tée augmente quand la fréquence diminue. Cette beaucoup d’applications appropriées qui utili-
capacité se traduit par des économies d’échelle sent des technologies d’accès internet à large
avec moins d’installations (moins d’investisse- bande par voie hertzienne (satellite, WiFi,
ments CAPEX) par rapport aux solutions à fré- WiMAX) peuvent être introduites pour leur uti-
quences plus élevées. Cette efficacité économi- lisation collective au sein d’écoles, de centres
que présente donc de réelles opportunités aux médicaux, de télécentres (boutiques internet).
opérateurs souhaitant couvrir des régions fai- Cette solution a l’avantage de favoriser la prise
blement peuplées et à PIB per capita faible. de conscience de l’existence et de l’usage des
Le CDMA peut assurer tous les services voix tout TIC, constituant ainsi un moyen de pallier le
en permettant des débits de données accepta- manque d’infrastructures et de services publics
bles (équivalents aux débits d’entrée de gamme en régions rurales et isolées.
du DSL fixe. Son principal inconvénient résulte
de la perte de qualité lorsqu’on veut augmen- Nous ressentons de plus en plus la nécessité de
ter la capacité pour servir un plus grand nom- disposer de réseaux et de moyens d’accès
bre d’abonnés, en particulier en zones à forte capables de supporter des applications gour-
densité. Le choix de mobile est réduit (petit nom- mandes en bande passante. Le marché, surtout
bre de fabricants, moins de fonctions) comparé dans le secteur des télécommunications, évolue
au GSM. La moindre capacité d’itinérance vers l’utilisation d’un nombre croissant d’appli-
pour les applications de services mobiles cations IP par suite de l’introduction et du
publics est une autre contrainte du CDMA. déploiement rapide des technologies d’accès à
large bande fiables et rentables.
Il faudra apporter plus que la voix pour aider
à combler la fracture numérique Fourniture de l’accès internet large bande
Des experts et analystes des télécoms pensent que L’accès internet à large bande peut être envi-
la fracture numérique entre le Nord (pays occi- sagé comme une solution durable dans les zones
dentaux) et le Sud (monde en développement) est rurales (péage) si elle est utilisée en partage ou
en train de se réduire en termes d’accès, en par- collectivement. Les applications sur IP offrent
ticulier avec l’adoption et la croissance rapides diverses opportunités pour les zones rurales, la
de la téléphonie mobile et la pénétration progres- condition étant de choisir la solution de trans-
sive de l’internet. Mais il reste encore une frac- port et les technologies d’accès appropriées.
ture numérique à l’intérieur des pays, au niveau
de la disponibilité des services TIC entre les zones Certains avanceraient que le projet de fourni-
urbaines couvertes et les zones rurales non des- ture de l’accès large bande est trop ambitieux
servies. La réduction de la fracture numérique parce que les utilisateurs ruraux ont surtout
est un défi stratégique que doivent relever les besoin des services voix, qu’ils sont trop peu for-
pouvoirs publics et les investisseurs privés, si l’on més ou intéressés pour cet accès internet. Il est
considère que les TIC pourraient servir d’outils vrai que l’intérêt pour l’internet naîtra d’abord
d’aide au développement. en milieu urbain. Cependant, l’idée est qu’en
Modèle de réseau
Accès Agrégation
- Lignes
- Cuivre - WiFi louées E1 - DSLAM PoP Fibre
CPE - Radio - DSLAM - Radio - Commutateur PoP
- Satellite Ethernet inter- optique
- Station - Satellite ISP
- Fibre optique - Concentrateur urbain
WIP
satellite Internet
apportant l’accès à l’internet on pourra offrir sera couverte par les opérateurs de réseaux
des applications évoluées qui contribueront à fixes en complément de leurs services DSL et/ou
désenclaver le monde rural et à promouvoir la par les communautés locales aspirant à réduire
croissance économique. Le Projet IKON mon- la fracture numérique. Les opérateurs cellulai-
tre bien le potentiel de la transmission à large res désireux d’exploiter au mieux leurs bases
bande si les trois conditions (Accès, Disponibi- d’abonnés et leur infrastructure radio existante
lité, Prix) de M. Prahalad sont remplies pour les prévoient de créer de nouveaux services,
citoyens du Mali, hors Bamako. comme la DSL radio nomade, qui ne sont pas
proposés par leurs concurrents du monde
Réseau sans fil contre réseau filaire filaire.
Comme on a pu le voir précédemment, différen-
tes configurations sont possibles et il n’y a pas Grâce aux puissants processeurs récents, les
de solution idéale pour apporter l’accès à l’in- systèmes radio peuvent être une alternative à
ternet à large bande en zone rurale. Là encore, la ligne DSL partout où l’on ne peut pas la
le choix de la technologie s’appuiera sur divers déployer pour des raisons géographiques (zones
facteurs qui peuvent être économiques (contrain- rurales) ou économiques (manque de paires tor-
tes financières et besoins du marché) et liés aux sadées disponibles). De plus, des perfectionne-
infrastructures existantes. En l’absence d’infra- ments technologiques libèrent ces systèmes de
structure filaire, il est intéressant d’envisager la leurs entraves filaires et permettent l’accès
solution radio par satellite (surtout pour les nomade aujourd’hui en étendant l’accès mobile
régions isolées) ou l’IP sur la boucle locale radio dans un avenir proche.
(WiFi, WiMAX, etc.). Il sera aussi possible,
selon l’environnement, d’associer des technolo- Le réseau local public sans fil WLAN offre des
gies d’accès et de transmission différentes : com- débits élevés (plusieurs Mbit/s) sur n’importe
binaison de lignes louées, réseau hertzien, laquelle des 50 000 zones de couverture exis-
DSL, fibre optique, satellite et l’IP sans fil. tantes dans les aéroports, les hôtels et les cen-
tres de conférence. Pourtant, même s’il présente
DSL sans fil de réels avantages, le WLAN a une couverture
De nouvelles solutions sans fil viennent complé- limitée et offre peu de capacités de mobilité aux
ter les accès DSL par lignes fixe en régions fai- applications publiques. Le WiMAX (Worldwide
blement peuplées ou les accès mobiles 2G/3G Interoperability for Microwave Access), en
en région de plus forte densité, et permettent particulier dans sa version IEEE 802.16e,
d’interconnecter les usagers n’importe quand, dépasse ces limites et peut assurer la connec-
n’importe où avec un débit approprié. tivité large bande sur des zones de couverture
La dynamique du marché pour les technologies étendues. Grâce à la technologie radio actuelle,
de la boucle locale radio assurant la connecti- le WiMAX est capable de délivrer des débits de
vité large bande des résidences, des entrepri- plusieurs dizaines de Mbit/s sur une distance
ses et des zones de couverture WiFi, va chan- de plusieurs dizaines de kilomètres.
ger radicalement dès qu’augmentera la
demande d’internet à haut débit dans les Normes
régions faiblement peuplées. Cette demande Dans le domaine des systèmes radio, la
norme 802.11 de l’IEEE a rapidement envahi
le marché à cause de son faible prix et de ses
DSL : LA TECHNOLOGIE D’ACCÈS LARGE BANDE DOMINANTE EN ZONES
performances appréciables. La 802.11a offre
URBAINES
des débits élevés ainsi qu’une meilleure ges-
tion des ressources radio. La 802.16 améliore
La ligne d’abonné numérique DSL est une technologie d’accès mais des
encore les débits pour les applications en exté-
essais récents ont montré qu’elle peut être aussi utilisée comme une
rieur, en particulier pour les accès large
alternative des lignes louées ou le canal hertzien pour la transmission.
bande d’entreprise et pour la transmission
Les technologies filaires ont l’avantage d’être largement déployées en
WLAN. Les caractéristiques de l’accès large
milieu urbain. Elles possèdent d’autres avantages concurrentiels
bande radio mobile sont en cours de défini-
comme le fait d’être toujours connectées sans monopoliser la ligne télé-
tion dans la norme IEEE 802.20. Certains
phonique, facilement installées et rentables grâce au faible coût des
avancent que le WiFi a vu le jour grâce au pro-
modems et des abonnements. La contrainte principale étant la faible
cessus de normalisation.
portée, limitée à 5 km du central téléphonique.
La technologie de l’accès radio à large bande
supporte les principales applications suivantes :
WIMAX : LA TECHNOLOGIE RADIO DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION OFFRANT À TOUS LA CAPACITÉ LARGE BANDE
WiMAX (Worldwide Interoperability for Microwave Access) est une technologie d’accès de réseau étendu dont les caractéristiques et les appli-
cations commerciales sont gérées par plusieurs entreprises au sein du forum WiMAX. WiMAX est avant tout une famille de normes et est lié
à la norme WiFi 802.16 de l’IEEE et ses variantes.
lite : l’internet large bande et les réseaux mobi- restre la même expérience que s’ils étaient
les à large bande de la prochaine génération. connectés à un site large bande urbain.
La technologie satellite peut être utilisée comme Avec cet objectif, plus le développement de solu-
une solution complémentaire d’accès. La com- tions hybrides incluant la transmission satellite,
binaison de solutions satellite large bande la DSL, WiMAX, GSM ou WiFi, cette infrastruc-
avec des solutions filaires et sans fil (DSL, WiFi, ture de réseau de la prochaine génération ren-
WiMAX, GSM) peut procurer aux utilisateurs dra tous les services de télécommunications et
d’une connexion large bande à une station ter- de loisirs accessibles à tous en large bande.
Densité d’usagers
Connexions
directes Isolée
Connexions
à la station
terrestre
Dispersée
Tout réseau
large bande Liaisons radio, WiMAX
ou DSL
WiFi
Groupée
Source: Alcatel
Les accès voix et données pour les communi- déploiement rapide d’une infrastructure large
cations professionnelles ou en région isolée évo- bande au moindre coût, même si elles sont
luent pour tirer parti des terminaux compati- encore perçues (cas des services voix et don-
bles IP peu chers. Les applications VSAT (Very nées) comme des solutions chères réservées à
Small Aperture Terminal) sont peu à peu rem- des niches commerciales. En fait, le coût de la
placées par de nouvelles applications IP et l’ac- bande passante satellitaire est considéré comme
cès satellite large bande. un facteur limitant du déploiement des services
individuels basés sur le satellite.
Le satellite autorise une palette étendue d’ap-
plications liées aux plates-formes de service RASCOM : UN SATELLITE POUR L’AFRIQUE
dans des domaines comme la distribution de
contenu, le travail de groupe, le téléenseigne- Ce projet, conçu pour couvrir tout le continent africain et de certaines
ment, le télétravail, la gestion de crise à dis- parties de l’Europe et du Moyen-Orient, entrera en service en fin 2006.
tance, l’autorisation de cartes de crédit, l’accès Il dispose d’un satellite en orbite géostationnaire utilisant les bandes
aux réseaux d’entreprise, etc. L’accès IP large Ku et C. Les réseaux terrestres associés au satellite comporteront des sta-
bande par satellite présente aussi une oppor- tions terriennes et des terminaux ruraux économiques alimentés par
tunité prometteuse de transmission pour les énergie solaire. Le système RASCOM aura les capacités nécessaires pour
connexions à bon marché entre les stations de établir sur tout le continent africain des liaisons de voix et de données
base 2G et 3G et le cœur de réseau. fixes, d’accès à l’internet et des services de radiodiffusion à large bande.
Ce sont presque 300 000 villages jusqu’ici isolés qui pourront finalement
Les prix des services télécom dans les PED res- se connecter. Des techniques de transmission innovantes, développées
tent plus élevés que dans les pays développés, pour ce projet, et les bénéfices des économies d’échelle réalisées pour
ce qui les rend moins abordables et limite le les terminaux, vont permettre de proposer des services de télécommu-
développement des TIC. Pour combler la frac- nication à des prix très bas, à la portée des populations locales. Le pro-
ture numérique, les gouvernements et les orga- jet tire son nom de l’organisation intergouvernementale RASCOM
nismes de réglementation se préparent à libé- (Regional African Satellite Communication Organization), qui représente
rer le spectre de fréquences satellitaires pour les intérêts de 44 opérateurs africains. RASCOM est par conséquent la
les services à large bande. Le satellite va jouer manifestation de la volonté des gouvernements et des opérateurs afri-
un rôle considérable dans le déploiement des cains de télécommunication de regrouper leurs efforts pour offrir au conti-
réseaux mobiles terrestres dans les régions fai- nent une infrastructure basée sur la technologie satellitaire. Cette ini-
blement équipées. Capable de couvrir de vas- tiative n’est pas seulement une réponse globale à un ensemble de
tes régions en l’absence d’infrastructures ter- besoins identifiés mais est aussi caractérisée, plus spécifiquement, par
restres, il convient parfaitement pour assurer l’offre de services de télécommunication économiques, matérialisant ainsi
une qualité de service égale partout et au le désir d’un service universel étendu pour l’Afrique. Il devrait aussi se
bénéfice de tous. traduire par une réduction des coûts d’exploitation (OPEX), le même satel-
En effet, les technologies radio, et satellites en lite étant à la fois émetteur et récepteur.
particulier, sont bien placées pour faciliter le
LA NORME DVB-RCS
Des modèles économiques ?
L’accès internet à large bande ne devrait pas
La norme DVB-RCS (Digital Video Broadcast – Return Channel via Satel-
être envisagé pour une utilisation indivi-
lite) définit les communications bidirectionnelles à large bande sur IP
duelle. Tandis que le déploiement d’infra-
via un satellite pour offrir le même niveau de service (internet et télé-
structures pourrait être financé par des sub-
vision) que les systèmes terrestres, avec la même expérience d’utili-
ventions publiques visant à réduire la frac-
sateur pour les personnes non connectées par une ligne DSL. On anti-
ture numérique et à relancer les économies
cipe également le besoin proche d’une prise en charge du WiMAX via
locales, le retour sur investissement ne
le satellite.
sera pas aussi profitable que pour la télé-
Les réseaux à connectivité asymétrique constituent la première cible
phonie mobile (GSM ou CDMA) en raison
du système DVB-RCS. C’est également le segment type pour lequel, en
des dépenses CAPEX élevées et d’une crois-
milieu urbain dense, la technologie ADSL est la solution privilégiée. Tou-
sance lente du nombre d’utilisateurs, n’of-
tefois, en raison de son coût élevé et de sa portée relativement courte
frant que de maigres opportunités de
(4 km sur la paire torsadée), l’ADSL ne convient certainement pas à d’au-
revenu. Ses avantages pourraient être envi-
tres environnements. Toutefois, le méthode d’accès avec DVB-RCS
sagés néanmoins dans une perspective plus
convient parfaitement aux PME en milieux urbain et suburbain. Le
lointaine ; l’accès large bande peut contri-
moment venu, toute la base potentielle d’usagers et de résidents de
buer au développement local pour pro-
ces régions non desservies deviendra un marché cible. Comme les appli-
mouvoir l’enseignement, la santé et l’accès
cations exigent de plus en plus de connectivité, l’accès large bande DVB-
à l’information. Son impact et son retour sur
RCS est très bien placé en raison de sa capacité à atteindre n’importe
investissement pourraient être évalués sur
quel type de population sur de vastes étendues géographiques.
le moyen et le long terme : réduction de
Cette illustration compare les coûts du Comparaison des technologies d’accès selon leurs coûts
déploiement des principales solutions
Distance de transmission (km)
de bout en bout. Le coût de référence 1 5 15 30 50 100 1000
est celui du déploiement d’une solu-
tion DSL en zone urbaine par un 1
opérateur utilisant la boucle locale en Micro x2
mode dégroupé. En ordonnée, on voit village Satellite bidirectionnel BeB x4
le nombre d’usagers à desservir dans 10
le village tandis que la distance de
liaison entre le village et le réseau WiMAX BeB DSL
régional en fibre optique figure en Village
DSL
ou DSL (WiMAX) (µondes) x4
moyen
abscisse. La configuration DSL mini- 30 urbain DSL/WIMAX
Nbre d’abonnés connectés
Plusieurs solutions sont envisageables pour des villages de taille moyenne (10-50 abonnés). En bas de l’échelle (10-20 abonnés),
des villages à portée de WiMAX (15 km maxi) peuvent adopter cette solution pour quatre fois le coût de référence. Pour de plus
grands villages (+ de 20 abonnés), une solution d’accès de type DSL, WiFi ou WiMAX peut convenir, éventuellement combinée avec
un satellite pour la liaison longue distance. Pour les grands villages (+ de 50 abonnés), la solution optimale est l’accès DSL. La com-
binaison de l’accès DSL avec une liaison radio (jusqu’à 30 km) et une liaison de transport en fibre optique peut s’avérer intéressante
si les liaisons de transport restent réduites et si l’infrastructure passive est amortie sur 20 ans, avec un temps d’ouverture du marché
acceptable. Le coût moyen de bout en bout est de 1,5 à 2 fois le coût de référence. Il est intéressant de voir comment les coûts de
ces solutions vont évoluer dans les années à venir. Les technologies DSL sont prêtes mais des améliorations de coût de bout en bout
peuvent être encore apportées pour les configurations distantes, avec une réduction de l’ordre de 20%. Les coûts de dégroupage de
la boucle locale représentent la plus grande part du coût de l’accès DSL. Les technologies radio (WiFi et WiMAX) en pleine expansion
jouissent d’un plus fort potentiel de réduction du coût (de l’ordre de 30%), surtout pour l’installation (levée de la contrainte de visi-
bilité radio) et l’installation terminale de l’abonné (économies d’échelle). On prévoit que les solutions satellitaires permettront de
plus grandes réductions de coût (40% au minimum) grâce aux importants progrès technologiques attendus en matière de bande
passante satellitaire et d’installation terminale de l’abonné.
Il convient de remarquer que des modèles d’en- Qu’est-ce que la convergence de services ?
treprises performants dans des pays dévelop- Divers services d’abonné peuvent être fournis
pés ne conviennent pas nécessairement aux par le même équipement de télécommunication,
PED même si des opportunités de progression le même terminal, la même liaison d’accès, le
par étapes apportées par l’innovation techno- même support de transport, le même élément
logique permettront l’optimisation des coûts, de contrôle ou le même logiciel d’application :
l’amélioration de la qualité de service et le c’est la convergence de services. Cette conver-
déploiement rapide. gence peut être mise en œuvre en divers points
Les PED, et en particulier leurs zones rurales, ou en périphérie du réseau. Ainsi, des vendeurs
ont fondamentalement besoin de services de de mobiles 2G+ réalisent la convergence de ser-
télécommunication tels que la voix à un coût vice au niveau du terminal. Un terminal i-Mode
réduit. Toutefois, les besoins évolutifs des ou un Smartphone offrent tous les deux des ser-
populations rurales après la mise en place de vices voix et données avec la possibilité de dépla-
TIC justifieront la fourniture d’autres services cer des informations d’un service à l’autre
que la voix, ce qui influencera en amont sur dans le terminal. Un serveur de réseau peut offrir
la conception initiale du réseau. Dans ce la convergence de services ; c’est le cas d’un ser-
contexte, les réseaux de la prochaine généra- veur de courrier électronique. La convergence
tion pourraient offrir un avantage stratégique de services peut évidemment avoir lieu au
à de nouveaux entrants en termes d’optimi- niveau de l’infrastructure du réseau : cas où l’on
sation des coûts et de développement futur des utilise le même commutateur de réseau IP
marchés. pour acheminer la voix et les données.
• Mobile voix
• LAN
• Internet
migration. Beaucoup d’opérateurs sont confron- ploitation ainsi que des coûts et revenus issus
tés aujourd’hui à un lourd endettement, à des des redevances d’interconnexion), les solu-
tarifs téléphoniques fixés par le gouvernement tions fixe/mobile contribuent à protéger les mar-
et à un futur politico-économique incertain. ges. De plus, cela permet l’arbitrage des distor-
Réussir à investir dans de telles conditions sions tarifaires en générant, par exemple, des
relève d’une « mission impossible » (sic). revenus à partir des appels entrants avec une
redevance d’interconnexion plus chère.
Il est toutefois possible d’aider un opérateur à
créer un plan d’évolution qui, sur la base des Plus important encore, les combinaisons
besoins actuels, définit les étapes nécessaires fixe/mobile donnent à l’opérateur l’occasion
pour réaliser l’évolution future du réseau. En d’entrer sur le marché VoIP, évitant ainsi que
particulier, il conviendra d’identifier les tendan- ses abonnés n’aillent rechercher un autre four-
ces fondamentales sur lesquelles s’appuiera le nisseur. Les téléphones bi-mode, combinant les
plan d’évolution. services cellulaires, WiFi/Bluetooth avec VoIP
Pourtant, quelques opérateurs réalisent que les exigent la mise en place de solutions de réseau
services NGN seront proposés sur l’infrastruc- appropriées pour exploiter toutes leurs fonction-
ture large bande qu’ils sont en train de déployer. nalités. Les solutions envisageables varient
Ce point crucial devra être envisagé lors de la selon les usagers ciblés (entreprises ou particu-
planification du déploiement large bande. liers) et la nature de l’opérateur (fixe, mobile,
MVNO). Toutes ces solutions sont aujourd’hui
Téléphonie Fixe/Mobile disponibles avec les technologies de la boucle
L’évolution des services de télécommunication locale radio (WiFi principalement) et vont évo-
place les usagers devant une telle pléthore luer pour intégrer les nouvelles technologies
d’équipements, d’abonnements et de numéros comme le WiMAX.
qu’ils réclament plus de simplicité.
Téléphonie par internet (TI)
Beaucoup d’usagers ont une ligne fixe de télé- Le monde de la TI a déployé des technologies
phone à domicile, un téléphone au bureau et un complémentaires pour les réseaux utilisés pour
mobile. Ils souhaitent ardemment n’avoir qu’un connecter les ordinateurs et leurs applica-
poste pour la téléphonie fixe et mobile avec un tions : ordinateurs centraux, systèmes UNIX et
répertoire unique, une boîte vocale unique et un Linux, PC, systèmes de gestion de base de don-
jeu unique de services qu’ils soient à la maison, nées (RDBMS), outils de gestion de la relation
au travail ou en déplacement. Ils ne veulent plus client (CRM), etc. L’internet a été récemment
se soucier de savoir quel réseau est disponible, adopté comme standard pour interconnecter les
quel tarif choisir ou de se charger de plusieurs ordinateurs sur les réseaux.
appareils pour parer à toute éventualité. En utilisant l’internet, on veut tirer parti des
capacités informatiques des systèmes connec-
La nouvelle technologie, associant la voix sur le tés ( «hôte» étant le terme générique de tout sys-
protocole internet (VoIP) et des téléphones bi- tème, terminal ou serveur connecté à l’internet)
mode avec une connectivité cellulaire et WiFi, ; le réseau n’a qu’à transporter des paquets. Un
peut offrir aux usagers un service sophistiqué paquet IP comporte principalement les adresses
avec un progiciel très simple et facile à com- de l’expéditeur et du destinataire plus une
prendre. En utilisant un routage optimisé, petite quantité d’octets (1500 en moyenne).
acheminant les appels sur le réseau le plus per- L’hôte A envoie à l’hôte B des paquets IP
formant (compte tenu des tarifs, des frais d’ex- jusqu’au premier routeur qui le redirige vers un
second, et ainsi de suite jusqu’à l’hôte B. Le
LE PROJET BLUEPHONE DE BT réseau transporte économiquement les paquets
IP en faisant de son mieux pour assurer la vitesse
Un consortium de sept entreprises dont Alcatel a été choisi en et la fiabilité. Il n’y a pas de mémoire entre les
mai 2004 pour lancer le « projet Bluephone » révolutionnaire, paquets, chacun étant traité séparément, si bien
première étape de la stratégie de convergence fixe/mobile de que les paquets acheminés entre A et B peuvent
BT. Dans l’étape de lancement, prévue pour 2005, BT proposera suivre des trajets différents. Aucun circuit n’est
à ses abonnées un téléphone qui se connectera au réseau filaire établi. Pour assurer la fiabilité, les hôtes utilisent
à domicile ou au travail ou basculera automatiquement sur le le protocole de contrôle de transmission TCP qui
réseau mobile Vodafone lors d’un déplacement. crée des flux cohérents de données de bout en
bout dans des paquets IP, en insérant des
Commutateur logiciel
Réseau de données
VoIP à l’accès
Passerelle
d’accès
EAI
Accès BE
Réseau RTPC
Accès LB
de données
STO/RNIS
STO/RNIS
Commutateur logiciel
VoIP en Longue distance Réseau de données
EAI: Equipement d’accès intégré LB: Large bande BE: Bande étroite
STO: Service téléphonique ordinaire RTPC: Réseau téléphonique public commuté Source : Alcatel
numéros d’identification pour contrôler l’ordre Comme la téléphonie n’est rien d’autre qu’une
de réception des paquets et qu’aucun paquet n’a application internet, toute entreprise même si
été perdu. En l’absence de contrainte de fiabi- elle n’est pas fournisseur de service, peut pro-
lité, le protocole de datagramme UDP est utilisé poser un service de téléphonie. MSN de Micro-
pour transporter des messages simples. Le soft, Yahoo, AOL, AT&T Call Vantage et Skype
réseau n’observe que le protocole IP. sont déjà actifs dans ce domaine.
Acteurs clés impliqués dans le processus du déploient leurs initiatives d’administration en ligne
développement des TIC pour faciliter l’accès aux documents publics, la
Les organismes gouvernementaux gestion des services administratifs, partager les
Le rôle du secteur public au niveau du contenu informations administratives et pour établir des
technologique des services télécom est régi par les connexions entre les citoyens et l’administration.
autorités de réglementation et les organismes de
normalisation. Les organismes gouvernemen- Les opérateurs
taux jouent un rôle très important dans le proces- Les opérateurs existants (télécom et ISP), et en
sus de développement des TIC, favorisent le particulier en Afrique subsaharienne, n’ont
déploiement d’infrastructures dans les zones pas encore beaucoup investi dans les zones rura-
non desservies et assurent ainsi la fourniture d’un les et isolées, même s’ils devraient le faire confor-
service universel. Il est manifeste que l’existence mément à leurs obligations de service universel.
d’une autorité indépendante de réglementation a Les marchés ruraux sont souvent jugés à risque
un impact positif sur l’efficacité du secteur télécom en raison des coûts d’entrée plus élevés et des
et peut accélérer le développement de réseaux. opportunités de revenu plus faibles (bas revenu
Les régulateurs et stratèges des TIC devraient per capita et faible densité de population) que
cibler la taxation afin de permettre aux opéra- sur les marchés urbains. Cependant, les opéra-
teurs télécom de baisser leurs tarifs et aux mar- teurs télécom africains doivent s’attendre à ce
chés ouverts de faciliter l’entrée de nouvelles que les marchés ruraux (abonnés à faible
entreprises privées. Sachant que les usagers à ARPU) se développent alors que les marchés
moyen et haut revenu constituent les marchés urbains (abonnés à ARPU élevé) vont commen-
les plus lucratifs, il va falloir rendre accessibles cer à saturer. En déployant des infrastructures
des licences et des financements spécifiques pour en zone rurale, les opérateurs peuvent augmen-
convaincre investisseurs et entreprises privées ter leur base d’abonnés et, de ce fait, leurs reve-
d’intervenir sur le marché rural. L’Afrique du nus ; les marges plus petites seront compensées
Sud a déjà mis en place de telles licences pour par un chiffre d’affaires plus important.
des régions mal desservies. Des licences sont à
l’étude pour d’autres pays subsahariens. Les fournisseurs de services et d’applications (SAP)
Les gouvernements et leurs administration sont Les SAP conçoivent des services à valeur ajou-
eux-mêmes de gros consommateurs potentiels et tée (SAV) destinés aux abonnés. Le SAP peut réa-
Source : Alcatel
Les donateurs
liser des économies d’échelle en recherchant des Les donateurs, en partageant les risques du
partenaires afin de capitaliser sur les canaux de financement de l’accès rural, rendent le coût
distribution des opérateurs télécom. Les fournis- d’entrée moins dissuasif pour les opérateurs
seurs de services et les opérateurs trouvent tous télécom. L’aide peut provenir du secteur privé
leur compte dans ce genre d’accord qui leur per- (taxe sur les opérateurs télécom), d’organismes
met d’atteindre la taille critique en terme nationaux (définissant des obligations en terme
d’abonnés. De tels accords commerciaux entre de fourniture de service universel) ou d’acteurs
SAP et opérateurs, encore peu nombreux en locaux intéressés à développer l’attrait d’une
Afrique, devraient avoir des effets positifs sur la région donnée. Une partie de l’aide pourrait
fourniture de services à un prix abordable. aussi provenir de donateurs internationaux :
agences de développement et organisations
Les usagers internationales (Nations Unies, Banque Mon-
Les usagers, particuliers ou professionnels, diale, Commission Européenne, Banque Afri-
peuvent devenir des demandeurs de TIC s’ils caine de Développement, etc.). L’aide financière
ont accès à un terminal à un prix raisonnable. pourrait se tourner directement vers les usagers
La pénétration du mobile dans la plupart des (coûts réduits pour l’achat de terminaux) ou
PED peut encore croître beaucoup et la indirectement vers le fournisseur de service.
demande augmentera à mesure que les tarifs Comme on peut le voir dans le rapport « Rural
baisseront et qu’apparaîtront de nouveaux ICT Toolkit for Africa » (boîte à outils TIC pour
mobiles dont les formes et les fonctionnalités l’Afrique rurale) de African Connection, une sub-
seront adaptées aux besoins des usagers à vention accordée au secteur privé est dite
revenu faible. La promotion des TIC et de leurs intelligente lorsqu’elle est axée sur les résultats,
avantages (meilleure qualité de vie, accès à la n’altère pas le marché et encourage la minimi-
connaissance et aux informations) passera par sation des coûts et la croissance du marché. Elle
la formation des individus à l’usage des TIC et donne le coup d’envoi d’un projet ou de la four-
par l’octroi de capacités d’accès au crédit. niture d’un service, en établissant des contrats
D’autres intervenants ont aussi un rôle à qui lient les versements aux livraisons effecti-
jouer et viennent s’ajouter aux fournisseurs ves de services aux bénéficiaires cibles.
cités ci-dessus.
De plus, l’aide extérieure, éventuellement publi-
Les services publics que, pourrait être justifiée lorsque :
Les services publics tireront profit de l’accès à
l’innovation technologique, en ce sens qu’ils • un projet pourrait être bénéficiaire mais est
pourront améliorer la qualité de leurs presta- considéré comme marginalement viable et
tions, combler le manque de ressources en des marginalement attractif à court terme pour les
sites éloignés et participer à l’interconnexion investisseurs et/ou faiblement prioritaire en
des mondes urbains et ruraux. Dans certains l’absence de la prime d’une subvention :
cas même, des économies d’échelle (personnels • un projet ne sera commercialement viable
et équipements/matériaux) seront possibles qu’à la condition que les coûts élevés de
grâce aux nouvelles technologies (radiologie démarrage soient financés en partie.
numérique, par exemple) remplaçant les
anciennes. Les femmes
L’apport de l’internet auprès des usagers Les femmes devraient être elles aussi impliquées
ruraux, au travers d’infrastructures collectives dans la chaîne de valeur en raison de leur capa-
ou distribuées (écoles ou télécentres) aura, mis cité à adopter rapidement et à promouvoir les TIC.
à part les profits, un effet puissant sur le déve- De nombreux projets dans lesquels des femmes
loppement des capacités humaines et des éco- sont des intermédiaires incontournables ont
nomies locales. déjà vu le jour : création et direction d’entrepri-
On peut prendre les TIC comme des moyens ses (Grameen Phone), ou développement et ges-
d’atteindre une croissance économique durable, tion de communautés commerciales virtuelles uti-
une plus grande transparence ainsi que la sta- lisant des plates-formes internet. Une approche
bilité économique et sociale. Les services proactive impliquant les femmes dans la prise de
publics pourraient intervenir, par le biais de « conscience des TIC est absolument nécessaire car
cybercafés » ou de « télécentres », pour piloter elles sont parfois exclues et n’ont pas accès à cer-
des programmes collectifs de promotion et d’in- tains domaines publics ordinaires (comme les télé-
formation des individus sur l’usage des TIC. centres) dans certaines cultures.
L'UIT LANCE UNE NOUVELLE INITIATIVE DE DÉVELOPPEMENT POUR RÉDUIRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE
L'Union internationale des télécommunications (UIT) a lancé en juin 2005 une nouvelle initiative de développement de grande ampleur, pour
permettre à un milliard d'habitants de la planète, selon les estimations, qui ne sont toujours pas en mesure de passer une simple commu-
nication téléphonique, d'avoir accès aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Dénommée Connecter le Monde, cette
initiative est un effort multipartenaires global qui s’inscrit dans le contexte du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) et vise
à encourager la conclusion de nouveaux projets et partenariats afin de réduire la fracture numérique. En mettant en relief les projets de déve-
loppement en cours de réalisation et en identifiant les domaines où les besoins sont les plus urgents, Connecter le Monde pourra créer une
masse critique qui elle-même créera la dynamique nécessaire pour atteindre l’objectif de connecter toutes les communautés d’ici 2015. Selon
les estimations de l'UIT, quelque 800 000 villages, soit 30% du total dans le monde, restent aujourd'hui dépourvus de tout type de connexion
aux TIC. Connecter le Monde accorde une grande importance à la conclusion de partenariats entre le secteur public, le secteur privé, les ins-
titutions des Nations Unies et la société civile. L'initiative comprend trois éléments de base (Environnement propice, Infrastructure et capa-
cités, Applications et services) qui sont les principaux domaines dont on doit tenir compte lorsqu'on conçoit des mesures concrètes pour accé-
lérer le développement des TIC. Tous les partenaires fondateurs ont actuellement des projets de développement dans un ou plusieurs de
ces domaines; ils seront encouragés à conclure de nouveaux partenariats et à lancer de nouvelles initiatives, tandis que d'autres partenai-
res seront activement recherchés dans des domaines qui ne sont pas encore bien couverts pour que les communautés non desservies reçoi-
vent ce dont elles ont besoin là où elles en ont le plus besoin.
Aujourd'hui, les quelque 942 millions d'habitants des pays développés de la planète bénéficient d'un accès cinq fois supérieur aux services
téléphoniques fixe et mobile, d'un accès neuf fois supérieur aux services Internet et ont 13 fois plus de PC que les 85% de la population mon-
diale vivant dans les pays à faible revenu et à revenu moyen inférieur. Si elles font apparaître une nette amélioration au cours des dix der-
nières années pour ce qui est de la réduction de l'écart entre les nantis et les démunis de l'information, les statistiques ne rendent toute-
fois pas bien compte de la réalité de tous ces villageois dont les communautés ne sont toujours pas, bien souvent, desservies par une quel-
conque forme de TIC.
Ses 22 partenaires fondateurs sont de grandes entreprises mondiales comme Alcatel, Huawei, Infosys, Intel, KDDI, Microsoft, Telefónica, et
WorldSpace dont les P.-D.G ont souscrit d'emblée à ses objectifs. Sont également partenaires des gouvernements et agences gouvernemen-
tales comme l'Egypte, la France, le Sénégal ou la Korea Agency for Digital Opportunity and Promotion (KADO), des organismes régionaux
et des organisations internationales dont l'UNESCO, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'Union postale univer-
selle (UPU), le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux (UNFIP), l'Organisation Internationale de Télécommunications
par Satellites, la Commission européenne et RASCOM ainsi que nombre d'organisations de la société civile.
Source : UIT
La seconde étape consiste à alimenter les ini- sager des licences rurales en bouquet avec d’au-
tiatives les plus prometteuses et à lancer les tres licences de services portant sur des mar-
essais ou les projets pilotes à plus grande chés plus lucratifs. Ainsi, des circonscriptions
échelle. Des projets de ce type pourraient être non couvertes de l’Ouganda sont regroupées
avantageusement financés par des fonds publics dans trois «régions d’accès universel» indépen-
de démarrage, peut-être en association avec des dantes pour les besoins de l’octroi des licences.
financiers privés dans des partenariats entre le Chaque région couvre un ensemble de circons-
secteur public et le secteur privé (PPP). criptions caractérisées par un potentiel commer-
Un des premiers objectifs d’un projet pilote doit cial différent.
être l’étude de la viabilité économique des pla- Le groupage peut aussi combiner des licences
tes-formes de service envisagées, si l’on veut rurales et des droits spécifiques pour la fourni-
établir des plans de développement équili- ture de services plus rentables comme les
brés. Enfin, ce n’est qu’après que le plus pos- communications interurbaines et la téléphonie
sible d’éléments de preuve ont été rassemblés mobile. Les régulateurs devront toutefois veil-
au long des projets pilotes, que les investisseurs ler à ce que des financements croisés anticon-
potentiels (publics ou privés) peuvent s’engager currentiels n’induisent pas une pratique de prix
dans le déploiement à grande échelle des abusifs qui conduiraient au dépôt de bilan des
infrastructures en s’appuyant sur des critères concurrents adjudicataires de licence unique-
classiques de rentabilité.
LICENCE MOBILE EN ZONE RURALE AU VENEZUELA
L’importance des partenariats entre le secteur pub-
lic et le secteur privé (PPP) Le Venezuela fut l’un des premiers pays où le nombre des abonnés mobi-
Divers modèles peuvent être mis en œuvre en les a dépassé celui des abonnés fixes. Ce développement du marché
fonction des réglementations nationales, des qui a commencé dès 1998 trouve ses racines 10 ans plus tôt lorsque
objectifs d’accès des collectivités locales et des la compagnie de télécommunication publique CANTV a lancé le premier
contraintes physiques locales. Les projets font réseau AMPS dans le pays et, en fait, de toute l’Amérique Latine. En
intervenir non seulement des opérateurs, des 1991, une autre licence nationale AMPS dans la bande de fréquence
fournisseurs de services, des opérateurs gros- des 800 MHz a été adjugée à Telcel, et a lancé la concurrence sur la mar-
sistes et des fournisseurs de services de télécom- ché vénézuélien des télécommunications. Les licences de CANTV et de
munication mais aussi de nouveaux acteurs Telcel exigeaient que soient couvertes les 40 plus grandes villes (de plus
comme les entreprises de génie civil et de de 100 000 abonnés) dans les trois années suivant l’adjudication. En
construction ainsi que des services publics et des réalité, la demande très forte a permis aux opérateurs de dépasser leurs
institutions financières. mandats.
Des partenariats publics/privés peuvent donner
naissance à de nouveaux types de consortiums Les deux opérateurs comme l’opérateur historique du réseau fixe véné-
dont les acteurs participent, par exemple, au zuélien ont concentré leurs efforts de construction du réseau sur les
déploiement et à l’exploitation de réseaux centres urbains et ont négligé les zones rurales. Le gouvernement a
large bande interurbains ou locaux. Les parte- alors décidé de mettre aux enchères trois nouvelles licences de ser-
naires PPP peuvent partager les mises de vice mobile afin de déployer le service universel sur toute la nation.
fonds initiales (infrastructures, génie civil) et les Au sortir de l’analyse comparative des soumissions sur la base de cri-
revenus futurs. tères techniques, économiques et juridiques, les trois licences furent
attribuées en 1997 à Digicel, Digitel et Infonet.
Un cadre réglementaire adapté
L’accès universel et les licences rurales Ces opérateurs étaient alors autorisés à déployer la téléphonie de base
Extrait de la publication « Tendances des réfor- publique et privée auprès des communautés rurales de moins de 5
mes dans les télécommunications » de l’UIT. 000 habitants. Les adjudicataires pouvaient fournir des services de télé-
Dans les pays souffrant de graves déséquilibres phonie mobile, de télémessagerie, de réseau privé, de transport de
de développement des télécommunications données et de SAV, de communication par satellite, de localisation de
selon les régions, l’octroi de licences régiona- véhicule et de télésanté. Les opérateurs ruraux ont étendu leurs
les permettra aux gouvernements de cibler les réseaux respectifs pour couvrir plus de 75% de la population dans les
zones non couvertes en utilisant des licences trois régions.
spéciales ou en accordant un traitement plus
favorable aux zones rurales. Source : UIT - Tendances des réformes dans les télécommunications,
Les adjudicataires potentiels dans ces zones 2004/2005
seront peut-être attirés, par exemple, par des
licences exclusives. De même, on pourra envi-
C
e chapitre met en avant les stratégies L’opérateur n’aura alors à payer que pour la
d’innovation financière et de réduction capacité utilisée.
des coûts à même, d’une part, de Les fournisseurs et les opérateurs télécom
convaincre les opérateurs télécom de peuvent aussi choisir de partager les revenus
déployer des infrastructures en milieu rural et, des services délivrés pour certaines applications
d’autre part, de faire pression sur les respon- seulement, ou de partager tous les revenus, y
sables du secteur public qui ont pu accorder compris les risques commerciaux.
précédemment des licences d’exclusivité à un
opérateur qui se refuse à couvrir les zones rura- Options de financement novatrices
les. Comme on aura pu le voir plus haut, les Grâce à de nouvelles options de paiement, les
opérateurs télécom d’Afrique subsaharienne opérateurs peuvent se concentrer sur les
n’ont pas beaucoup investi en milieu rural en activités propres à leur cœur de métier, c’est-
raison des investissements lourds requis et des à-dire la fourniture de services d’abonnés
faibles opportunités de bénéfices par rapport concurrentiels, l’assistance à la clientèle, le
aux marchés urbains lucratifs. marketing, la stratégie de marque et le déve-
Toutefois, la fourniture du service universel loppement, tout cela sans dépenser de capi-
deviendra bientôt une obligation pour les opé- tal (CAPEX). Ainsi, l’opérateur peut décider de
rateurs télécom avec le soutien financier du rester propriétaire du réseau mais de déléguer
fonds de service universel alors que les marchés les activités d’exploitation à un sous-traitant
urbains offrent moins d’opportunités commer- externe : exploitation du matériel, gestion des
ciales nouvelles. Les opérateurs devraient donc logiciels, optimisation du réseau, formation du
s’intéresser aux zones rurales non couvertes et personnel, etc.
susceptibles de constituer un marché de masse Mais il est aussi possible de laisser la propriété
si elles sont traitées avec les solutions localisées du réseau à l’équipementier (fournisseur d’un
appropriées. Les fournisseurs de services
devront, de leur côté, veiller en tout premier lieu EXPLOITATION ET MAINTENANCE DE RÉSEAUX AU BRÉSIL
à optimiser leurs dépenses CAPEX (tous les
coûts liés aux investissements de démarrage) et De plus en plus d’opérateurs pensent qu’il peuvent mettre en
OPEX (coûts annuels liés à l’exploitation du sous-traitance l’exploitation technique de leur réseau. Ils se
réseau) de manière à accroître les revenus tirés déchargent ainsi des activités étrangères à leur cœur de métier
des abonnés existants et nouveaux et à accélé- sur leurs partenaires, redistribuent leurs ressources sur les pos-
rer le rendement des investissements. tes clés de leur activité et se concentrent sur leurs marchés et
leurs abonnés.
Innovations financières pour les opérateurs
Les opérateurs peuvent choisir entre divers Les équipementiers peuvent offrir, en plus des produits d’in-
plans de financement et options novatrices de frastructure, des services divers comme le conseil, la concep-
paiement en fonction de leurs besoins, de tion et la planification d’architecture de réseau, l’intégration
leurs capacités financières et de leurs stratégies. OSS, l’intégration et le déploiement de réseau, l’exploitation,
Les équipementiers sont en mesure de propo- l’optimisation et la maintenance de réseau, y compris la ges-
ser des solutions personnalisées. tion de projets.
Partenariats originaux entre vendeur et opérateur De nombreuses entreprises et opérateurs de réseau du Brésil
Des solutions originales de partenariat entre comme Telemar, Oi, Brasil Telecom fixe et mobile, TIM, la Pré-
vendeurs et opérateurs permettent de dévelop- sidence de la République, Suzano, et Caixa Econômica Federal,
per le réseau au fur et à mesure de l’augmen- ont choisi de confier leurs opérations et les services de main-
tation du trafic ou de la base d’abonnés, ou sur tenance en sous-traitance.
le principe de « l’investissement par paliers ».
projet clés en main), l’opérateur n’ayant à s’en- gie sont déterminants lors du choix technolo-
gager financièrement que sur le niveau de cou- gique, les équipements pour les zones rurales
verture, la capacité et la qualité, sans être devront être conçus pour une consommation
impliqué dans les tâches quotidiennes d’exploi- électrique minimale.
tation. Dans ce cas, l’opérateur peut éventuel-
lement négocier une option d’achat des équi- Solutions sur mesure et efficaces pour les zones
pements. L’opérateur peut aussi bénéficier rurales
d’options de paiement différé pendant la Les services de R&D développent sans relâche
phase de lancement. des améliorations à apporter aux solutions de
cœur de réseau, d’accès et de transmission afin
Réduction du coût total de possession (CTP) de réduire les coûts. Les adaptations d’applica-
Il est impératif de rentabiliser la fourniture de tions rurales donnent lieu à des solutions éco-
l’accès en zone rurale et de maximiser l’utili- nomiquement performantes avec de bonnes
sation de trois éléments majeurs du patrimoine caractéristiques de couverture et de capacité.
de l’opérateur, à savoir sa base d’abonnés, les
sites de stations de base et le spectre (licence Partage de l’infrastructure de réseau
ou non). Les équipementiers sont aujourd’hui Plusieurs opérateurs intéressés à couvrir des
en mesure de fournir des solutions adaptées à segments ou des services différents sur une
tous les types de zones et à leurs contraintes res- même région peuvent choisir de partager entre
pectives. eux l’infrastructure de réseau. Des opérateurs
Des solutions efficaces visent à réduire le coût existants peuvent aussi revendre une partie de
total de possession pour l’opérateur télécom qui leurs capacités à des opérateurs alternatifs (voir
peut ainsi étendre rentablement son réseau aux l’encadré page suivante).
zones rurales si sa base d’abonnés est suffi-
sante. La disponibilité de produits à faible coût SOLUTIONS SUR MESURE
d’investissement CAPEX, grâce auxquels l’opé- Des modèles différents de BTS sont proposés pour tous les environ-
rateur peut fournir des services compétitifs, est nements : milieu urbain, rural, zones isolées ou éloignées. Des modi-
la base même d’un changement significatif en fications techniques sont nécessaires pour les adapter aux contrain-
termes d’options technologiques. La possibilité tes locales (énergie, climat, géographie, topographie). Les BTS pour
d’augmenter par la suite la capacité de réseau la couverture rurale sont compactes (tour et antenne) et conçues de
dépend donc presque entièrement de la dispo- manière à assurer la couverture de cellules étendues (solution appro-
nibilité d’équipements pas chers compatibles priée pour les zones à faible trafic) : la portée est d’autant plus grande
avec un faible ARPU. Des solutions de réseau que l’antenne est haute.
basées sur une gamme complète de produits Des solutions alternatives d’alimentation électrique permettent de pal-
déterminent l’évolution future de ces mar- lier les défaillances du réseau d’alimentation. L’autonomie partielle des
chés. Des commutateurs à bande étroite et à BTS est assurée par des panneaux solaires et tous les efforts sont faits
large bande ainsi que des nœuds d’accès très pour aboutir à une autonomie totale.
évolutifs doivent par conséquent être accessi- La transmission par satellite peut être utilisée pour atteindre les zones
bles à un prix très compétitif. éloignées et n’exige pas que l’on adapte le réseau cellulaire.
Le Mali d’un coup d’oeil (tous les chiffres sont donnés pour 1000 habitants)
25
20
15
10
0
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Carte du Mali
Les TIC en chiffres *
0 200 400 km
0 200 400 mi
• Télécommunications, revenus en pour cent du
PIB : 2,71 (2002)
• Lignes téléphoniques : 56 600 (2002) Algérie
• Lignes téléphoniques pour 100 habitants : Taoudenni
0,53 (2002)
• Téléphones (mobiles cellulaires): 250 000
(2003) Mauritanie Mali
• Machines hôtes internet : 187 (2003) Kidal
• Fournisseurs de services internet : 13 (2001)
Tombouctou
• Utilisateurs internet : 25 000 (2002)
Gao
• Utilisateurs de l’internet pour 100 habitants:
0,24 (2002) Kayes Mopti
Niger
Koulikoro Burkina
Analyse de rentabilité pour la couverture de Bamako Ségou Faso
zones rurales par le GSM
Nous avons tout d’abord établi une argumentation Guinée Sikasso
Benin
économique sur la base de deux segments qui n’ont Togo
Sierra Ghana
pas été couverts, à savoir les «zones urbaines à fai- Leone Côte d'Ivoire Nigeria
ble densité» (urbain FD) et les «zones rurales à fai-
ble densité» (rural FD). Dans la perspective de de dépenses pour le mobile (ARPU + combiné
l’opérateur mobile, ces zones ont été considérées sans fil) au PIB per capita comme suit :
comme des segments à faible revenu ARPU.
Comme on peut le voir ci-après, ces deux segments • Trois utilisateurs partagent un mobile/une ligne ;
représentent environ 80% de la population totale. • ARPU (par ligne) : 4 USD par mois (urbain FD)
et 3 USD par mois (rural FD), avec 80% des
Hypothèses de marché revenus provenant de la voix et 20 % des don-
Les hypothèses de pénétration du mobile sont nées (SMS surtout) ;
basées sur un modèle du Crédit Suisse liant le • Prépayées : 100 % ; taux de désabonnement
taux d’adoption du mobile avec le pourcentage (annuel) : 10 % ;
Hypothèse Hypothèse
• Population couverte : 5640 hab., TCAC 3% • Population couverte : 1240 hab.
• PIB par hab. : 300 USD, TCAC : 4% • PIB par hab. : 150 USD, TCAC : 4%
• Densité moyenne : 25-30 hab./km2, 4-6 lignes/km2 • Densité moyenne : 4, 5-6 hab./km2, 0,5-1 ligne/km2
% %
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
• Un seul réseau radio déployé, soit un opéra- à valeur ajoutée contribueront aussi à une adop-
teur (éventuellement historique) offrant un tion plus rapide du mobile.
accès possible à des opérateurs de réseau
virtuel MVNO ; Présentation des revenus et des marges
• Prix moyen d’un combiné sans fil : 40 USD en A partir des hypothèses de CAPEX et d’OPEX,
2006, diminuant de 5% par an. non précisées ici, nous observons une évolution
positive du chiffre d’affaires EBITDA entre les
Présentation de l’évolution de la pénétration du deuxième et troisième années.
mobile pour les deux segments
Le TCAC est l’abréviation de taux de croissance Description des flux de trésorerie disponibles
annuel composé. Comme on peut le voir, on s’at- Après un investissement initial de 141 millions
tend à ce que le taux de pénétration du mobile USD, le point mort du flux de trésorerie dispo-
passe de 0% à environ 20% en zones urbaines nible est atteint entre les deuxième et troisième
à faible densité et de 0% à environ 15% en zones années, avec une contribution positive moyenne
rurales à faible densité. Comme indiqué, ce taux de 50 millions USD par an sur cette période. L’ex-
de pénétration sera influencé par l’augmenta- tension de couverture de zones urbaines et rura-
tion du PIB par habitant et par la baisse du prix les à faible densité génère une contribution
des mobiles. D’autres paramètres comme la de 11,88 millions USD sur 15 ans. Le point mort
baisse des tarifs et des services et applications du flux de trésorerie est atteint en 7 ans.
Présentation des revenus et des marges (en millions USD)
120
100
80
60
40
20
(20)
(40)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
100
50
(50)
(100)
(150)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
500
400
300
200
100
(100)
(200)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Trafic
Abis vers
BTS WiMAX
Données/WiMAX
15 km WiMAX
Cœur de réseau BSC environ BTS
GSM
Transport IP
Transmission autonome
WiMAX est une solution d’accès radio large ron (suffisant pour un emploi partagé : hôpi-
bande qui offre aux utilisateurs un moyen tal, enseignement, service administratif, cyber-
puissant d’échanger des données à des débits centres, etc.). Le WiMAX assurera le transport
élevés de plusieurs mégabit/s sur des distan- des trafics de données GSM et internet.
ces de plusieurs kilomètres. C’est donc une
solution bien adaptée pour servir des usagers Autres avantages
dispersés sur de vastes étendues géographi- • Alternative économiquement satisfaisante
ques dépourvues de lignes de transport. pour remplacer le DSL en zone rurale ;
La voix est transmise par le GSM avec une • Infrastructure partagée (partie du transport
capacité d’environ 500 abonnés par site BTS. et l’antenne) avec le GSM ;
Les accès données et internet sont obtenus au • Extension facile des opérations existantes de
moyen de cartes/modems WiMAX comportant marketing et des services ;
quelques points d’accès partagé avec une • Des aides peuvent être obtenues pour réduire
capacité totale de 500 kbit/s à 1 Mbit/s envi- la fracture numérique.
Le fournisseur de service couvrira 100% du marché avec, en hypothèse, un taux annuel de désabon-
nement de 4%.
Hypothèses CAPEX/OPEX
Une BTS avec une mise à niveau en cours de Lors de l’étude de l’intérêt économique du
projet suffira à couvrir ces abonnés. Nous avons WiMAX, il ne faut pas se focaliser sur les
supposé que le trafic de la station de base peut impacts financiers du point de vue de l’opéra-
être transmis au cœur de réseau à l’aide teur mais s’intéresser aussi aux autres avanta-
d’une liaison hertzienne point à point de lon- ges communautaires susceptibles d’être subven-
gue portée pour un coût de 15 000 USD, sans tionnés par les autorités locales : meilleure qua-
autre investissement en équipements péri- lité des services sociaux (santé, enseignement),
phériques, d’infrastructure ou de central. compétences humaines, opportunités d’em-
ploi, commerce, etc.
Répartition des coûts d’un site BTS :
La voie logique pour construire des réseaux
• Equipement WiMAX (coût BTS) =40 000 USD WiMAX passe d’abord par des zones à forte
• Transmission = 15 000 USD densité puis les zones à plus faible densité au
• Génie civil = 10 000 USD fur et à mesure que les revenus le permettent.
• Installation = 4 000 USD Toutefois, l’introduction du WiMAX dans un
• Coût total = 69 000 USD futur proche sur les marchés émergents et les
zones rurales sera facilitée par la réduction des
Nous n’avons pas tenu compte des droits d’en- coûts des terminaux et des CPE grâce aux nou-
trée de licence dans l’analyse de rentabilité, sup- velles technologies et par l’amélioration des
posant que le régulateur télécom pourrait attri- cadres réglementaires (licences rurales et
buer les fréquences à bas prix sinon gratuite- cadres adaptés pour WiMAX). Comme on a pu
ment, s’il voulait se conformer à sa politique le voir plus haut, de nouveaux modèles com-
d’accès universel. Nous avons aussi supposé un merciaux vont voir le jour avec les réseaux de
environnement économique transparent et sans nouvelle génération et amèneront les opéra-
corruption et qu’il n’y aura pas de campagne teurs à proposer des services mixtes, comme
marketing ou publicitaire. la voix (VoIP) et l’accès internet à large bande
La majeure partie des dépenses OPEX se rapporte à très bas prix.
aux équipements d’abonnés (CPE) financés par
l’opérateur ou par un sponsor si l’on a choisi de Enfin, le déploiement de projets pilotes WiMAX
cofinancer l’acquisition des CPE. pourrait permettre d’identifier des opportuni-
tés de nouveaux services en réponse à des
Remarques finales demandes refoulées non envisagées dans ce
La période pour atteindre le seuil de rentabilité rapport ou par les opérateurs pendant la
dépasse la période moyenne des projets télé- phase de planification. C’est exactement ce que
com. Toutefois, on notera que cette solution peut nous souhaitons encourager et constitue un
être intéressante pour la connexion d’équipe- point fondamental de ce rapport. Le dévelop-
ments publics puisqu’elle peut être mise en pement de service sous l’impulsion de la
œuvre pour améliorer la vie en communauté demande forme ce que nous appelons l’« inno-
dans certaines régions cibles. vation par la base (populaire) ».
0,2
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Les taux de pénétration sont ceux indiqués dans le tableau des hypothèses relatives au marché.
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 6,7 ans.
2) Scénario avec subvention à hauteur de 50% par l’opérateur pour l’acquisition des CPE
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Dans ce scénario, l’opérateur subventionne les CPE à hauteur de 50%. Cet apport augmente l’OPEX
mais a un effet positif sur le taux de pénétration (+30%), ce qui augmente les revenus.
0,2
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
-0,2
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 7,1 ans.
3) Scénario avec subvention pour les CPE à hauteur de 50% par l’opérateur et à hauteur de 20% (du coût
total du projet) par le secteur public
0,2
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
L’opérateur participe à hauteur de 50% des CPE mais obtient une aide de 20% (du coût total du
projet) du secteur public pour cofinancer les investissements initiaux liés à la BTS et l’acquisi-
tion des abonnées. Le coût total du projet est de 123 000 USD. Cette subvention améliore le taux
de pénétration tout en garantissant une récupération plus rapide pour l’opérateur.
0,25
0,2
0,15
0,1
0,05
-0,05
-0,1
-0,15
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Sur la base des hypothèses, le seuil de rentabilité est atteint après 6,4 ans.
A
u tournant du XXe siècle, le monde mondiale, mais l’Afrique subsaharienne reste,
était sur le point de connaître une pour l’essentiel, une exception notable à ce phé-
mutation sociale majeure, induite nomène. Le présent chapitre est consacré à l’ex-
par une technologie émergente. Pas ploration des conditions politiques et financiè-
moins de 500 sociétés s’étaient créées pour pro- res nécessaires pour faciliter le déploiement des
duire cette technologie, et les « adopteurs pré- infrastructures TIC en ASS.
coces » jetaient déjà leur dévolu sur la nouvelle Il a souvent été dit que le principal obstacle à
invention, mais seul un visionnaire pouvait en la popularisation d’Internet n’était en réalité ni
pressentir le formidable potentiel commercial. l’illettrisme, ni les coûts de connexion, mais l’ab-
Ce visionnaire était Henry Ford, et la techno- sence de contenus adaptés. Faute de tels conte-
logie en question était l’automobile. nus, les avantages d’Internet n’apparaissent pas
« Il y a beaucoup plus de pauvres que de clairement au plus grand nombre.
riches », se plaisait à rappeler Ford1. Son inno- Au-delà du manque de contenus disponibles
vation a consisté à réduire systématiquement dans les langues locales, le coût d’accès aux
le coût de cette nouvelle technologie pour en réseaux IP ou GSM demeure un handicap
faire un marché de masse. Jadis jouet de luxe majeur dans la recherche d’une taille critique.
pour riches, l’automobile est ainsi devenue un Sans dorsales ni échangeurs IXP régionaux, les
rouage indispensable dans la chaîne de produc- tarifs internationaux sur le trafic réseau sont
tion d’à peu près tout ce que l’on produit de nos condamnés à rester élevés.
jours, y compris les loisirs. Heureusement, on observe quelques signes de
Aujourd’hui, au début du XXIe siècle, l’histoire progrès. La société IWTGC (Infinity Worldwide
se répète. Si les technologies de l’information Telecommunications Group of Companies) a
et de la communication étaient, il n’y a pas si annoncé qu’elle allait poser un deuxième câble
longtemps encore, un moyen de communiquer à fibres optiques le long de la côte occidentale
réservé à une petite élite, elles constituent dés- de l’Afrique pour concurrencer directement le
ormais des facteurs de production essentiels câble sous-marin transcontinental SAT3 (câble
pour pratiquement tous les biens et services. Il n° 3 du consortium South Atlantic Telecommu-
est communément admis que les TIC « jouent nications). Le nouveau câble, qui répond au nom
un rôle charnière en matière de croissance éco- de code « Project West Africa », vendra de la
nomique »2. De nombreuses régions du monde bande passante directement aux fournisseurs
parmi les moins développées ont adopté ces de services, ce qui devrait se traduire par une
nouvelles technologies et sont ainsi devenues diminution des tarifs pour ces derniers, qui,
des acteurs important de la chaîne de valeur jusqu’à présent, devaient recueillir le consen-
tement unanime du consortium pour avoir accès nismes de régulation doivent être indépendants
au câble SAT3. Le câble « Project West Africa », de l’industrie qu’ils sont appelés à réguler, et
dont le coût est estimé à 500 millions USD, sera avoir l’autorité nécessaire pour obliger les
entièrement financé par le secteur privé.3 opérateurs historiques à percevoir des redevan-
Comme le rappelle Russell Southwood, de la ces d’interconnexion raisonnables pour l’accès
société Balancing Act : « Historiquement, le à leurs réseaux. Sans une autorité de régulation
coût élevé des tarifs pratiqués pour les appels effective et efficace pour faire respecter les
internationaux et la bande passante Internet ont contrats, les investisseurs hésiteront toujours à
pesé sur le niveau du trafic international. Ce placer leurs capitaux dans des infrastructures
sont essentiellement deux contraintes qui ont étrangères.
ainsi bridé la croissance du trafic : les mono-
poles sur les passerelles internationales, et la 2. Définir des politiques nationales des TIC qui
faiblesse de l’offre d’infrastructures de transmis- encouragent la concurrence
sion par câble optique et par satellite. Historiquement, les marchés des télécommuni-
Aujourd’hui que l’exclusivité dont jouissent cations en Afrique subsaharienne ont toujours
les opérateurs historiques sur le trafic interna- été un monopole d’État. Cette situation est en
tional touche à sa fin dans au moins un tiers des train d’évoluer sous les coups de boutoir des
pays de l’Afrique subsaharienne, la déréglemen- technologies convergentes telles que la VoIP ou
tation permet d’octroyer des licences d’exploi- la WiFi ; la majorité des États sont conscients
tation de passerelles internationales aux des avantages qu’apporte la concurrence dans
seconds opérateurs nationaux, à de nouveaux ce secteur, mais ils ne sont pas encore prêts à
opérateurs internationaux ou encore à des opé- renoncer à leurs rentes de monopole, ce qui
rateurs de téléphonie mobile. »4 freine inévitablement le processus. Un autre
effet induit par les technologies émergentes tel-
Cadre politique et réglementaire les que la VoIP réside dans l’abandon progres-
Il est essentiel, pour le déploiement de services sif des licences « cloisonnées » par type de ser-
TIC dans les pays en développement, de dispo- vice offert — fixe, mobile ou IP — au profit de
ser d’un environnement politique et régle- licences unifiées. Cette question sera examinée
mentaire efficace, surtout avec la convergence plus loin dans ce chapitre.
accélérée des technologies. Le ministre kenyan Jusqu’à présent, la pratique de la régulation
de l’information et de la communication, a surtout consisté à plafonner les tarifs et le
Raphaël Tuju, déclarait récemment : « l’intégra- retour sur investissement des opérateurs télé-
tion des TIC devrait se traduire par une inten-
sification de la concurrence, une diminution des
L’EXPÉRIENCE DE LA SOMALIE ILLUSTRE PARTICULIÈREMENT BIEN LES
frais de transaction, des économies d’échelle
AVANTAGES DE LA CONCURRENCE, ET LA NÉCESSITÉ D’UNE RÉGULATION
pour les entreprises, une amélioration des
infrastructures régionales et une incitation Au cours de la dernière décennie, la Somalie est passée d’un opé-
aux investissements directs étrangers dans le rateur historique en situation de monopole à cinq opérateurs télé-
secteur. »5 M. John Waweru, président de l’Ari- coms. Résultat : le prix par minute d’un appel téléphonique inter-
cea (Association of Regulators of Information national y est aujourd’hui cinq ou six fois inférieur à celui pratiqué
and Communication in East and South Africa), dans la plupart des autres pays africains. Alors que le pays ne compte
souligne pour sa part que la mise en place d’un ni système bancaire officiel, ni administration des Postes, la plupart
cadre réglementaire propice est plus urgente des Somaliens ont accès à une ligne téléphonique fixe, mais l’ab-
que jamais, face à une fracture numérique qui sence d’accords d’interconnexion interdit à beaucoup d’abonnés d’ap-
ne cesse de s’aggraver entre l’Afrique urbaine peler des correspondants à l’extérieur de leur réseau, ce qui entre-
et l’Afrique rurale6. tient une surcapacité de fait. Le PNUD décrivait récemment en ces
Les pages ci-après déclinent les étapes indispen- termes le spectacle qu’offrait la ville de Hargeisa, capitale du Soma-
sables à la création d’un cadre politique et régle- liland : «Un enchevêtrement de guirlandes de fils téléphoniques ser-
mentaire efficace: pentant le long des rues, entortillées au-dessus des têtes.»
La concurrence féroce que se livrent les réseaux IP a stimulé le déve-
1. Mettre en place une autorité de régulation loppement de services à valeur ajoutée en Somalie. Des entrepre-
indépendante neurs ont mis au point des applications personnalisées pour la ges-
On connaît les grandes caractéristiques d’un tion des envois de fonds de l’étranger, tandis que les étudiants uti-
marché bien régulé : transparence, responsa- lisent Internet pour suivre les cours en ligne proposés par les uni-
bilité à l’égard du public, respect des procédu- versités étrangères.
res, protection des droits de propriété. Les orga-
coms, mais ses efforts devraient porter davan- L’opérateur Vodacom s’est élevé contre la der-
tage, à l’avenir, sur l’amélioration de l’accès nière série de modifications apportées au
aux réseaux. Il conviendrait notamment d’en- cadre de concurrence en Afrique en déclarant
courager les MVNO (opérateurs de réseaux qu’elles étaient de nature à décourager les
mobiles virtuels). Selon la société de conseil en investisseurs. La société plaide pour une
technologie Pyramid Research, « les MVNO approche graduée et maîtrisée, sans change-
représentent un formidable moteur de crois- ments brusques, afin de permettre aux nou-
sance pour les marchés émergents »7. Guy Zibi, veaux marchés de se développer*. Vodacom
l’auteur de l’étude de Pyramid, relève toute- observe notamment que « la réglementation
fois que, dans des marchés imparfaitement des prix n’est pas l’alpha et l’oméga de la
concurrentiels comme ceux d’Afrique subsa- “bonne régulation” ». Les régulateurs se sont
harienne, les opérateurs réseaux ont peu attachés à faire baisser les prix en réglemen-
d’intérêt à ouvrir leurs réseaux aux MVNO, tant les frais d’interconnexion. Il serait plus
préférant souvent garder en réserve leur judicieux, selon Vodacom, d’accorder l’accès
capacité réseau pour être à même de répon- au réseau à davantage d’opérateurs (sous la
dre à la demande future. Ce n’est que lorsque forme de MVNO) et de laisser faire la concur-
les opérateurs sont obligés d’assumer l’inté- rence8.
gralité des coûts de leur infrastructure qu’ils
songent à tirer parti de leur capacité inutilisée. L’ouvrage Connecting Sub-Saharan Africa9
Pour constituer un modèle viable, les MVNO définit la stratégie TIC de la Banque mondiale
doivent être plus rentables que les opérateurs en Afrique subsaharienne en l’articulant autour
« physiques », tout en proposant un service dif- de trois axes :
férencié ou en étendant leur offre à des zones
que l’opérateur ne peut ou ne veut desservir, 1. Poursuivre la mise en œuvre de l’agenda des
telles les zones rurales. réformes structurelles :
• libéralisation du marché
3. Faire de l’accès universel une priorité • régulation
La question de l’accès universel aux TIC — en • renforcement des capacités institution-
* Il est intéressant de noter particulier à la téléphonie — devient de plus en nelles
que les opérateurs mobiles, plus préoccupante, à l’heure où les marchés • privatisation
confrontés à la menace de
nouveaux entrants — les s’ouvrent à la concurrence. Sur un marché • réforme du secteur postal
réseaux IP —, expriment les concurrentiel, les opérateurs vont se compor-
mêmes préoccupations que
les opérateurs télécoms histo- ter rationnellement, c’est-à-dire connecter 2. Remédier aux défaillances du marché :
riques lorsque ces derniers d’abord les catégories aisées des zones urbai- • Couverture rurale
ont dû affronter la concur-
rence des opérateurs de télé- nes à forte densité, au détriment des populations • Dorsale nationale
phonie mobile. rurales pauvres. C’est pourquoi les autorités de • Pays en situation de post-conflit
FAIBLE CROISSANCE DES TIC : LES DÉFICIENCES DES POLITIQUES PUBLIQUES MONTRÉES DU DOIGT
La politique africaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’a pas été capable d’avancer au même rythme que les
progrès technologiques. C’est ce qu’on pouvait entendre la semaine dernière au cours d’un forum régional des acteurs et régulateurs de l’in-
dustrie. En tête de l’ordre du jour figurait l’intégration des politiques des TIC, dans le cadre de la réduction de la fracture numérique. M. Eras-
tus Mwencha, secrétaire général du COMESA, a déclaré que l’harmonisation des politiques des TIC avait pour but d’encourager l’investissement
et de promouvoir l’intégration régionale.
L’initiative, qui est subventionnée par le Fond Européen pour le Développement, a réuni les régulateurs des TIC de la région. Le ministre kenyan
de l’information et de la communication, Raphaël Tuju, a exhorté les participants à proposer un modèle TIC qui réponde aux besoins de la région.
« L’intégration des TIC devrait se traduire par une intensification de la concurrence, une diminution des frais de transaction, des économies
d’échelle pour les entreprises, une amélioration des infrastructures régionales et une incitation aux investissements directs étrangers dans
le secteur », a-t-il déclaré.
M. John Waweru, directeur général de la commission kenyane de la communication, a déclaré que les progrès technologiques avaient faci-
lité la convergence dans le secteur des TIC, rendant du même coup obsolètes des méthodes classiques comme la tarification des services de
télécommunication à la minute, par zone géographique ou par mode d’utilisation. C’est ainsi que les technologies large bande permettent
d’utiliser Internet pour des services de téléphonie, par exemple.
Il a souligné qu’il fallait mettre en place de nouvelles structures tarifaires pour éviter toute concurrence déloyale.
M. Waweru, qui est également président de l’Aricea (Association of Regulators of Information and Communication in East and South Africa),
a félicité les gouvernements africains pour leur reconnaissance du rôle que les TIC sont appelées à jouer en faveur du développement. Il a
précisé que le Kenya avait octroyé récemment des licences d’exploitation à deux opérateurs privés GMPCS (systèmes mobiles mondiaux de
communications personnelles par satellite) et cinq opérateurs VSAT. Il a souligné que la recherche d’un cadre réglementaire adapté deve-
nait une ardente nécessité, devant l’aggravation de la fracture numérique entre l’Afrique rurale et urbaine.
M. Mike Jensen, du projet CATIA (Catalyser l’Accès aux TIC en Afrique), parrainé par le DFID britannique, a relevé que 70 à 80 % de la popu-
lation africaine vit en zone rurale, alors que 90 % des lignes fixes sont situées dans les capitales et les villes secondaires. « La plupart des
ruraux doivent effectuer de long trajets pour accéder aux services téléphoniques et Internet, ce qui aggrave encore pour eux le coût de ces
services », a-t-il poursuivi. M. Jensen a exhorté les gouvernements africains à faire table rase de la multiplicité de licences qui entrave l’in-
vestissement dans le secteur des TIC.
M. Geoff Daniell, consultant basé en Afrique du Sud, a recommandé aux gouvernements africains d’utiliser des systèmes satellites à faible
coût pour améliorer l’accès aux TIC dans la région. Il a écarté la crainte que ces progrès technologiques puissent représenter un danger pour
la sécurité nationale : « Les dispositifs sans fil sont parfaitement capables de détecter l’utilisation d’un radar militaire et de mettre automa-
tiquement fin à la connexion pour prévenir toute interférence », a-t-il indiqué.
(Source : Bob Wekesa, The East African Standard, 8.2.2005. Article posté sur le site de l’Observatoire des politiques des TIC en Afrique, à l’adresse
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=n21843e_1&x=901860)
(et on accélère) la résolution des problèmes revendre le spectre inutilisé, constituent autant
d’interférence radio. Deuxièmement, les opé- d’incitations à une exploitation optimale des
rateurs disposent de droits de propriété bien infrastructures existantes, puisque toute capa-
définis sur des portions du spectre. Troisième- cité inutilisée a un coût d’opportunité.
ment, l’existence d’une instance convergente
facilite les arbitrages entre détenteurs de Cela a de profondes implications pour le
licences, ce qui encourage la consolidation du déploiement des infrastructures en milieu rural
spectre, et avec elle la création de richesses. et dans les autres zones actuellement mal des-
Ces consolidations sont sources d’économies servies. Dans des pays comme le Mali, l’opéra-
d’échelle, dans la mesure où les fournisseurs teur historique a peu d’intérêt à revendre sa
de technologies (matérielles et logicielles) capacité inutilisée, au contraire, il chercherait
étendent leur couverture du marché. Quatriè- plutôt à se prévaloir d’anticipations sur la
mement, un régulateur convergent est le demande future pour la garder en réserve. Il est
mieux placé pour gérer les conflits qui peuvent peut-être légitime d’anticiper des besoins
surgir à la périphérie de l’environnement futurs, mais, il n’en reste pas moins que cette
réglementé, par exemple avec les pays voisins. pratique pénalise les clients potentiels qui
Enfin, des licences unifiées fondées sur le spec- seraient prêts à payer tout de suite pour des ser-
tre de fréquence et non pas sur la technologie vices, de même que les MVNO qui seraient dis-
ou le type de service, jointes à la possibilité de posés à servir ces abonnés à faible ARPU. Dans
tinés aussi bien à développer la demande pour licences et la promotion de l’innovation dans les
les services TIC que l’offre de main-d’œuvre TIC. Ces observations valent pour tous les
qualifiée dans le secteur des nouvelles techno- pays, mais ce sont surtout les régions en déve-
logies. Cette politique pourrait du même coup loppement, comme l’Afrique subsaharienne, qui
stimuler l’innovation et la création de conte- tireraient le plus grand parti d’un assouplisse-
nus, selon un cercle vertueux dont Jean Bap- ment du contrôle exercé sur l’utilisation du spec-
tiste Say énonçait déjà les lois en 180316. Les tre
donateurs devraient notamment s’attacher à
1
Steven Watts, The People’s Tycoon: Henry Ford and
corriger les inégalités d’accès aux TIC selon le
the American Century, Knopf, 2005.
genre, en finançant des programmes de for- 2
L’utilisation des technologies de l’information et de la
mation ciblés sur les femmes. Enfin, seuls ou communication dans les pays les moins avancés pour
à travers des partenariats public-privé, les une croissance économique durable, Union interna-
organismes donateurs peuvent servir d’incu- tionale des télécommunications, édition 2004, p. 78.
3
http://www.itworld.com/Tech/4535/
bateurs d’entreprises pour des prestataires de
050815transcont/
services à valeur ajoutée. 4
http://www.balancingact-
africa.com/news/back/balancing-act_245.html
Conclusion 5
Bob Wekesa, The East African Standard, 8.2.2005
Les cadres politiques, réglementaires et finan- (article posté sur le site de l’Observatoire des politi-
ques des TIC en Afrique, à l’adresse
ciers peuvent influer profondément sur la dif-
http://afrique.droits.apc.org/index.shtml?apc=n2184
fusion des TIC en Afrique subsaharienne, 3e_1&x=901860).
notamment dans les régions rurales, encore mal 6
Ibid.
desservies ou non desservies. Il importe que les 7
« MVNOs in Emerging Markets: Developing the Busi-
politiques de réglementation se concentrent sur ness Case for the MVNO Model », Pyramid Research,
2005 (www.pyramidresearch.com).
la promotion de l’investissement, y compris l’in- 8
http://www.balancingact-
vestissement étranger. Dans cet esprit, la poli- africa.com/news/back/balancing-act_255.html
tique de régulation doit être neutre, tant à 9
Connecting Sub-Saharan Africa: A World Bank Group
l’égard des technologies que des services, et doit Strategy for Information and Communication Techno-
se caractériser par la transparence, la clarté, logy Sector Development, WB Working Paper n° 51,
Banque mondiale, 2005.
l’équité et la flexibilité dans la perspective des 10
Ibid., p. XII.
évolutions technologiques futures telles que la 11
Ibid., p. XII.
VoIP ou le WiMAX. La régulation doit également 12
Voir http://www.balancingact-
s’efforcer de limiter les possibilités de conten- africa.com/news/back/balancing-act_66.html
tieux. Surtout, un cadre réglementaire incitatif
13
http://www.balancingact-
africa.com/news/back/balancing-act_66.html
veillera à stimuler la concurrence. Il appartient 14
Ibid.
à chaque pays de trouver le juste équilibre entre 15
Ibid.
la protection des droits des détenteurs de 16 Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, 1803.
l’internet mobile. On peut citer les Largeur de bande Quantité maximale de données, mesurée bution) établit la jonction entre les nœuds
améliorations du transfert par paquets en bits par seconde ou bit/s (kilobit/s, d’accès et chaque abonné individuel.
pour le GPRS ainsi que pour le GSM et le Mégabit/s, Gigabit/s), pouvant être
TDMA (EDGE). acheminée dans un temps donné (le plus Réseau dorsal Réseau fédérateur utilisant des chemins de
souvent exprimé en seconde) sur un sup- transmission à haut débit pour l’intercon-
Fibre optique Guide d’onde filaire réalisé en matière port de communication. nexion de réseaux régionaux ou d’autres
diélectrique servant à propager l’énergie sous-réseaux. Ce réseau forme le cœur du
électromagnétique sous forme d’ondes Ligne, Liaison, (1) En matière de réseau sans fil, ligne de réseau de télécommunication. Il doit être
lumineuses. La fibre est habituellement Capacité transport du trafic voix et données d’une capable de transporter et d’acheminer
constituée d’une âme dans un enrobage, le cellule à un commutateur, c’est-à-dire d’un d’énormes quantités de données. Quand ils
tout protégé par une gaine. site distant à un site central (liaison mon- utilisent la notion de « réseau dorsal » ou
tante). d’infrastructure, les opérateurs font
GPRS General Packet Radio Service. Ce service (2) En technologie satellitaire, capacité de référence aux ressources de transmission
de communication radio par paquets four- transmission des données jusqu’à un point qu’ils doivent mettre en œuvre pour offrir
nit un débit de données de 114 kbit/s et d’où elles pourront être acheminées la capacité suffisante, supporter le réseau
assure une connexion continue à l’internet jusqu’au satellite (liaison terrestre). dans son entier et assurer efficacement le
aux usagers du mobile et de l’ordinateur. (3) Ligne de transmission des données service de télécommunication. Les réseaux
GPRS a été développé sur la base du GSM jusqu’au réseau fédérateur (dorsale). dorsaux servent à interconnecter les villes,
et vient compléter les services existants les régions, les pays ou même les conti-
comme des connexions mobiles com- MMS Le service MMS (normalisé dans le projet nents. Le réseau Internet a été initialement
mutées et le service SMS. d’échange 3GPP) permet l’envoi et la développé dans les années 60 à partir des
réception de messages multimédias pou- liaisons d’interconnexion établies entre des
GSM Global System for Mobile communications. vant combiner la voix, l’image, l’animation universités et des centres de recherche des
En 1982, la Conférence Européenne des et la vidéo. Etats-Unis. Le manque d’interconnexion
Postes et Télécommunications a créé le « adaptée est, dans la même mesure que le
Groupe Spécial Mobile » avec la mission de Mode connec- Accès à l’internet via un modem ou une
manque d’accès universel, à l’origine de la
définir le service de radiotéléphonie cellu- té (accès en -) connexion RNIS offrant des débits binaires
« fracture numérique ». Certains pays
laire numérique paneuropéen. Ce groupe jusqu’à 64 kbit/s sur une seule paire tor- africains ont une capacité d’interconnexion
d’étude a été par la suite intégré dans sadée. Les locutions « accès par ligne com- à l’internet équivalente à celle dont dis-
l’ETSI lors de sa création en 1988 avec mutée » et « accès commuté » sont syn- pose un utilisateur large bande dans un
onymes. pays développé.
l’objectif de produire les spécifications
détaillées du système. Le nom anglais MSC Mobile-service Switching Centre - Centre
actuel est né en 1991 en respectant SMS Short Message Service – Service de mes-
de commutation du service mobile. Le MSC sagerie. Ce service du GSM permet à des
l’abréviation GSM d’origine. Le GSM est remplit les fonctions de commutation, de
aujourd’hui le système de téléphonie cellu- téléphones mobiles de s’échanger des
routage et de gestion des appels, les fonc- messages textuels (160 caractères au max-
laire numérique le plus répandu dans le tions de comptabilisation et de facturation,
monde. imum).
et commande les fonctions d’interconnex-
ion avec les réseaux fixes. Il gère aussi la Solution IP Les solutions WIP confient le transport de
IP (Internet Le protocole internet fait partie de la
transmission des SMS et les transferts par desserte paquets de données à une liaison radio à
Protocol) famille de protocoles TCP/IP. Ce protocole
intercellulaires (handovers) avec les BTS hertzienne haut débit. Elles peuvent servir les besoins
régit le formatage des paquets de voisines (si nécessaire). d’accès, et interconnectent alors des
longueur variable (datagrammes) ainsi que
usagers à large bande, ou les besoins de
leur schéma d’adressage. Il permet un MVNO Mobile Virtual Network Operator –
transport entre des éléments de réseau
service sans connexion. IP est maintenant Opérateur de réseau cellulaire virtuel. Il distants.
le protocole de couche réseau universel sur s’agit d’un opérateur qui n’est pas proprié-
lequel repose la plupart des infrastructures taire de son spectre et qui, habituelle- Spectre de Gamme de fréquence d’oscillations ou d’on-
et services des couches Transport et ment, ne possède pas non plus d’infra- fréquence des électromagnétiques qui peut être utilisé
Applications. L’IPv4 en est la version la structure de réseau. Il a par contre passé pour la transmission des informations.
plus utilisée. La nouvelle version IPv6 est des accords commerciaux avec des opéra-
en cours d’installation. teurs de téléphonie mobile traditionnels SVA Service à valeur ajoutée. Il s’agit d’un serv-
auxquels il achète des minutes d’utilisation ice délivré par un réseau de télécommuni-
ISP Un fournisseur de service internet (ISP) (MOU) qu’il revend à ses propres clients. cation et dont le traitement des données
assure l’accès à l’internet auprès du public est réalisé dans les couches supérieures du
ou des entreprises, moyennant un abon- NGN Next Generation Network - Réseau de nou- modèle de référence OSI (lequel comporte
nement. La plupart des ISP proposent un velle génération. Deux concepts se cachent sept couches).
ensemble complet de services (courriel, derrière cette dénomination : le premier
groupes de discussion, transfert de fichiers est lié à l’évolution des services multimé- TDMA Time Division Multiple Access -
(FTP) et Telnet au minimum) facturé au dias pour les réseaux publics, tandis que le Multiplexage temporel. Cette technologie
temps passé ou par abonnement pour un second concerne la séparation des signali- de multiplexage découpe une fréquence
nombre d’heures d’accès déterminé. sation de « commande » et de « transport ». radio en intervalles de temps qu’elle
Ces nouveaux concepts sont destinés à attribue sélectivement aux appels entrants.
IXP Internet Exchange Point - Nœud de com- permettre l’établissement des services Ainsi, une même fréquence peut supporter
mutation internet. Un nœud est formé évolués nécessaires à la convergence des simultanément plusieurs canaux de don-
d’une infrastructure physique permettant applications voix, vidéo et données sur un nées. La technologie TDMA utilisée par le
à plusieurs fournisseurs de service inter- modèle unique de réseau unificateur. système GSM est en compétition avec la
net d’échanger du trafic internet entre technologie de multiplexage CDMA.
leurs systèmes autonomes selon des Nœud Un nœud est un point de traitement sur un
réseau. Il peut s’agir d’un ordinateur ou TRX Transceiver – Emetteur/récepteur (en
accords mutualistes d’échange de trafic.
d’un quelconque autre équipement tel GSM). Cet élément de réseau assure la
Les ISP se servent couramment des IXP
qu’une imprimante. A chaque nœud corre- communication bidirectionnelle sur huit
pour réduire leur dépendance de leur
spond une adresse de réseau unique, canaux de trafic à plein débit.
propres fournisseurs d’informations en
amont ; de plus, les nœuds d’échange quelquefois appelée adresse de liaison de
UMTS Universal Mobile Telecommunications
améliorent les performances et la données (DLC) ou adresse d’accès
System – Système de télécommunication
tolérance aux pannes. d’équipement (MAC).
mobile universel. Cette technologie a été
OPEX Dépenses d’exploitation avant amortisse- développée pour les services mobiles de la
LAN Un réseau local (LAN) regroupe des ordina-
ment des immobilisations corporelles et troisième génération venant après celle du
teurs et d’autres équipements associés qui GSM. Outre les services voix et vidéo,
utilisent une ligne de communication et se incorporelles ainsi que des ajustements
actuariels influant sur les charges du l’UMTS atteint des débits de transfert de
partagent les ressources d’un processeur données de 144 kbit/s en milieu rural et
central ou d’un serveur sur une zone géo- régime de retraite anticipée.
de 2 Mbit/s en milieu urbain.
graphique restreinte (exemple : un immeu- PoP Point de Présence. Le POP est un nœud sur
ble de bureaux ou un groupe d’im- lequel un ISP connecte un abonné à l’in- VoIP Voice over IP – Voix sur IP. La voix est
meubles). Le plus souvent, le serveur ternet. transportée sur les liaisons internet en util-
héberge des applications et stocke les isant le protocole internet (IP). Ainsi, les
données que se partagent les utilisateurs Réseau d’accès Dans le réseau public, le réseau d’accès informations voix sont encapsulées dans
d’ordinateurs reliés au réseau. (aussi appelé réseau capillaire ou de distri- des paquets au lieu d’être acheminée en
QUESTIONS ENTRAVES
Relation entre décideur politique et régulateur - Ingérence politique dans le fonctionnement du régulateur
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et le décideur politique
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et l’autorité de concurrence
- Ambiguïté fonctionnelle entre le régulateur et l’agence en charge du service universel
- Manque de volonté politique
- Interventions du décideur politique dans les décisions du régulateur, sous l’effet des pressions exercées
par les opérateurs
Responsabilité du régulateur - Inadéquation des mécanismes par lesquels les membres de l’autorité de régulation sont tenus comptables
de leurs décisions
Autonomie du régulateur - Dépendance excessive à l’égard des crédits gouvernementaux ou des fonds d’organismes extérieurs
- Ingérence politique dans la nomination, la rémunération ou la destitution des membres de l’autorité de régulation
- Régulateur sous l’influence excessive ou sous l’emprise d’un groupe particulier
Participation aux processus décisionnels - Inadéquation des mécanismes de consultation destinés à favoriser la participation des parties intéressées
aux processus de décision
- Importance trop exclusive accordée au lobbying informel (non orthodoxe) sur le régulateur
Transparence des processus décisionnels - Absence d’explications au public et aux opérateurs concernant les décisions
Prévisibilité des processus décisionnels - Mauvaise application des conditions d’octroi des licences et/ou de la législation
- Manque de cohérence du processus décisionnel
Efficacité des instruments de la politique de régulation - Échec des instruments politiques (inefficacité des plafonds tarifaires, des objectifs de services universel,
dans les domaines clés des procédures d’octroi de licences, des procédures de règlement des différends, etc.)
* Tableau extrait de B. Guermazi et D. Satola, « Creating the “Right” Enabling Environment for ICT », in Robert Schware, ed., E-Development: From Excitement to Efficiency, Banque mondi-
ale, GICT, novembre 2005.