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LA FONCTION DE TIERS-SOCIAL
De Dominique Paturel
Collection : l’Harmattan
Sur l’auteur :
Dominique Paturel est chercheure dans une équipe en sciences sociales après une trajectoire
professionnelle d'assistante de service social. Elle a cette singularité de pouvoir comprendre une
problématique où la dimension sociale est importante et la questionner dans le cadre de divers
programmes de recherche.
Plan de l‘ouvrage
Première partie : DE LA PRATIQUE A LA PENSEE
Ré sumé :
Le constat de l’auteur est sans appel : il est difficile de faire entendre à la direction des ressources
humaines d’une entreprise la nécessité de prendre en compte les situations personnelles des
individus. Ces résistances sont de deux ordres : soit on considère que c’est uniquement le fait d’une
situation personnelle difficile (problème de santé, divorce) : soit une analyse est faite mais on la
déshumanise. Le service social du travail se trouve à la limite entre vie professionnelle et vie
personnelle. La logique des compétences est actuellement centrée sur les savoirs mobilisés au niveau
individuel. Dès lors les problèmes devront être résolus au niveau individuel, mais les individus se
trouvent souvent démuni dans ce cas qui peuvent être source de souffrance. D’où l’importance de la
question de la santé au travail.
Une première de la fin du 19 ème aux années 1920 marqué l’empirisme en matière
d’organisation : on a recours en masse aux machines qui accompagnent l’industrialisation.
La deuxième correspond à la période d’entre-deux guerres qui marque une force influence
du courant de la rationalisation avec l’avènement du Taylorisme.
La troisième à partir des années 1950, la fonction « Personnel » devient nécessaire pour
accompagner la reconstruction de l’Europe.
En la quatrième et dernière période, les Trente Glorieuses, va voir la fonction « Personnel »
détenir une place centrale grâce notamment au modèle fordien.
La révolution française va poser les grands principes sociaux dont l’un des plus importants, celui de
solidarité sociale. La question sociale apparait dans le débat public en 1830 grâce à
l’industrialisation, et à l’émergence de la classe ouvrière qui va peu à peu se paupériser, et réclamer
de l’aide notamment auprès de l’état. Cette mouvance sociale va avoir pour conséquence la victoire
de l’Union républicaine en 1878-1879, et accession au pouvoir de Léon Gambetta et de Jules ferry.
Sous l’influence des républicains modérés, des lois en matière de protection sociale sont votées
comme par exemple la loi sur les accidents de travail est votée en 1898.
Les surintendantes d’usine sont crées dans un contexte particulier où on peut reconnaitre et analyser
plusieurs courants idéologiques : le socialisme révolutionnaire, le catholicisme social, le solidarisme,
et les courants féministes.
A partir de 1880, deuxième moitie de l’ère industrielle, le système productif va connaitre de grande
mutation : l’essor des machines va conduire aussi à des changements dans la façon de gérer et de
diriger. Cette gestion sera centrée sur l’intensité et la quantité de travail fait par le salarié. La
production sera au centre de la réflexion et l’émergence de la conscience de classe de la par des
ouvriers va déboucher sur des conflits avec la direction des entreprises. De ce fait, la fonction
Personnel est réduite au recrutement et à la répartition de la main d’œuvre.
Citroën créera le premier service du personnel ayant mis en place un véritable système de
rémunération du personnel. Cette entreprise encouragera la création de l’école des surintendantes
dans le but d’acquérir un savoir faire au niveau de la gestion du personnel, et développer cette
fonction Personnel.
Le 1er mai 1917, on ouvre l’école des surintendantes, et on reconnait par la officiellement le statut de
superintendante. L’industrie de guerre s’est mise en place à cette époque et les femmes demandent
une amélioration des conditions de travail comme cela a été fait en Angleterre. Les femmes entre
dans la hiérarchie des usines d’armement grâce notamment qui oblige de nommer une surveillante
pour 100 femmes qui aura pour charge d’assurer le recrutement et affectation des poste, résoudre
les problèmes e matière d’hygiène pour les femmes, et résoudre les plaintes émises par les femmes.
La fonction maintenant officiel de service sociale d’usine permet de protéger les femmes au sein des
usine, c'est-à-dire la ou elles sont le plus vulnérable et de créer une véritable élite féminine.
L’accession au pouvoir du Front populaire en 1936 marque l’avènement de la question sociale dans
le débat public. Les surintendantes vont être vivement critiquées, et on va dénoncer une trop grande
connivence entre celle-ci et le patronat. La superintendante apparait comme un contre pouvoir aux
syndicats, et permet au patronat d’exercer un plus grand control de ses salariés. Malgré le fait que
les surintendantes connaissent la réalité de la misère ouvrière, le choc de classe est inévitable. Les
surintendantes veulent se repositionner de façon plus neutre, et s’élever au dessus des chocs de
classe pour uniquement apporter leurs compétences technique et répondre au besoin des salariés
d’avoir une gestion plus humaniste.
De plus, les surintendantes militent pour l’application du taylorisme qu’elle juge comme une
avancée sociale qui permet une amélioration de la condition ouvrière, et défendent le facteur
humain de l’usine. Elles vont aussi détenir la fonction de gestion du personnel grâce notamment à la
professionnalisation du poste de surintendante qui permet à l’usine de suivre les évolutions du
marché du travail. Le service du personnel apparait comme le pont qui fait la jointure entre la
hiérarchie et les ouvriers, on parle même d’une mission de médiation.
Une loi du 22 juillet 1942 crée les services sociales du travail, on obtient dès lors une définition
réglementaire de cette fonction : on retrouve l’idée que le service social du travail doit faciliter la vie
personnelle des travailleurs. Pour assurer cette protection il doit y avoir un lien entre le service social
du travail et la médecine du travail.
Ainsi la médecine du travail va avoir une importance capitale dans le contrôle du service social du
travail. La médecine du travail se développe du fait des effets de l’industrialisation et de
l’augmentation des accidents du travail. Ainsi les médecins légistes sont à l’ origine des fondements
théoriques de la médecine du travail, et ont pour fonction de réaliser une évaluation pour
l’indemnisation.
En 1939, le secours national reprend ses activités arrêtées à la fin de la première guerre mondiale et
est placé sous l’autorité directe du maréchal Pétain. Le secours national va prend le pas sur toutes les
activités sociales devenant l’acteur principal du service sociale. A partir de 1942, les dérives du
régime de Vichy et de la collaboration poussent les surintendantes à revenir sur un positionnement
neutre, voir même de résistance. Le service national sera une couverture pour des activités
clandestines mais sans véritable organisation.
A la libération, l’état manifeste sa volonté de « faire du social ». Sous l’impulsion des communistes
plusieurs lois sociales sont votées, et une confrontation s’engage entre le parti communiste et cette
profession. Les caisses d’assurance sociale moderne sont créées (assurance maladie, allocation
familiale, assurance vieillesse), et on instaure aussi une redistribution des richesses en plus de la
couverture sociale.
Le social « Casework » apparaitra une solution à cette impasse en mettant au centre de l’analyse
l’individu. Le social « Casework » se définit en français comme une conception du service social
individualisé. Le social « Casework » permettra au service social de se positionner sur de nouvelle
fonction ainsi le travail peut revêtir une forme administrative pure, ou s’appuyer sur une relation
privilégié au bénéficiaire. On sépare ainsi la gestion purement administrative, les services médicaux,
et la mission du service sociale qui aura maintenant la mission de supervision.
En 1959, le service social consiste dans la recherche des causes qui compromettent l’équilibre
physique, psychologique, économique, un moral d’un individu, d’une famille ou d’un groupe, et
mener toute action susceptible d’y remédier. Cette description qui est fortement synonyme de la
mission d’assistante sociale, s’appliquera également au service social des entreprises. Mai 68 va
bousculer le service social, la multitude des acteurs du social (assistantes du service social,
éducateurs, animateurs, aides ménagères) devront être rendus plus cohérent.
La gestion des ressources humaines est donc défaillante, et de permet pas de résoudre
véritablement les problèmes sociaux, elle permet même d’écarter les éléments défaillant en les
poussant a des départs volontaires. On demande de plus en plus d’implication, on parle même hyper-
implication, c’est le dépassement de soi qui traduit l’intensité de l’adhésion d’un individu. Il y a une
mise en utilité perpétuelle puisque l’utilité est la valeur de référence pour juger de l’efficacité.
La théorie des conventions émet l’hypothèse que les conventions sont des structures qui permettent
des interactions sociales, ce qui permet aux individus de comprendre et de donner du sens au monde
dans lequel ils évoluent. La sociologie du lien sociale s’oppose à l’économie: l’individu crée d’abord
les règles pour pouvoir en interaction alors qu’en économie c’est le marché qui est à l’origine de la
création des règles. Ainsi la théorie des conventions tente d’analyse les raisons de la crise du
fordisme qui marque l’époque du chômage et de l’inflation.
Le modèle des économies de grandeur n’a pas la même vision : ce modèle va tenter d’expliquer les
dynamiques collectives grâce a deux grands niveaux : les personnes et les conventions. Ainsi on peut
distinguer 3 types de relation : la controverse qui existe dans un même monde, les personnes
devront trouver un arrangement ; plusieurs mondes peuvent se rencontrer sans créer pour autant de
conflit ; où enfin un conflit peut apparaitre à la rencontre des mondes. Les individus auraient
consciences de ce que les autres individus pourraient faire, et anticiperaient leurs actions pour
coordonner les leurs, on a une vraie analyse des dynamiques collectives.
Plane définit ces mondes comme la manière de définir la grandeur des personnes, ce qu’elles
mettent en avant, et les valeurs comptants le plus, il y en a 7 : il y a la citée inspirée (principe de
créativité), la cité domestique (principe de respect des traditions), la citée de renom (principe de
reconnaissance sociale), la citée civique (principe de recherche et de protection de l’intérêt général),
la citée marchande (recours au contrat commerciale), et la citée industrielle (logique de productivité
et de performance). Ces citées mettent donc en avant un principe supérieur qui fonde un ordre
justifiable entre les personnes, cela va contre l’idée que le marché à lui seul crée à lui seul toutes les
règles et permet à lui seul d’expliquer l’équilibre. Mais ce modèle ne prend pas en compte les
rapports sociaux de domination et de duel. En effet il n’y a aucune hiérarchie entre les 7 mondes,
aucun d’entre eux n’a un avantage.
La théorie de Strauss, les mondes sociaux, va prendre en compte les interactions entre les mondes
sociaux, où les arènes sociales verront les mondes sociaux s’affronter. Un monde social se caractérise
par 4 traits : une activité primaire avec des activités secondaires : en GRH l’activité primaire est la
gestion des ressources humaines, et les activités secondaires sont le suivit de carrière, établissement
des fiches de paie ; un site ou se déroule ces activités ; des technologies permettant de réaliser ces
activités ; une organisation de ces activités. Les mondes sociaux peuvent s’entrecroiser, et un monde
social peuvent avec un sous ensemble composer d’un autre monde social.
Une dernière chose semble importante : comprendre le processus dans l’élaboration des compromis
autour des situations individuelles difficiles. Ce modèle a utilisé une véritable méthodologie
s’orientant vers empirisme (vers l’expérience et la réalité), et ensuite vers une interprétation des
données récoltées sur le terrain. Cela passe par une étape de description qui consiste à mettre des
mots sur une idée ou sur une représentation mentale, et une étape d’ordonnancement (organisation
des idées données par la description) pour enfin aboutir à la théorisation.
1984-1992 :
o De 1984 à 1986 : les personnels ingénieurs, techniciens et administrateurs
deviennent agent de la fonction publique. On met en route la « machine «
administrative.
o De 1986 à 1992 : la dynamique lancée se poursuit, e t on développe la promotion
interne dans les services publics. Parallèlement on met en place les concours
externes pour assurer le recrutement.
1992-1997 : On constate le développement des ressources humaines (création du poste de
directeur des ressources humaines. On insère les entretiens, et des critères sur les concours
internes.
1997-2007 : obligation de modifier l’organisation scientifique administrative.
Aujourd’hui : application de la gestion des ressources humaines de proximité.
Grace aux entretiens ont peux connaitre selon le poste occupé a quelle cité la personne se reconnait
le plus. Les deux citées les plus rejetées sont la citée du Renom et Marchande. La cité de renom est
rejetée car la logique des gestionnaires ne repose pas sur le maintient de leur réputation au contraire
des scientifiques qui ont besoin d’une reconnaissance de la publication par leurs paires. De même la
concurrence, et la compétition propre à la cité marchande est en contradiction avec la logique des
gestionnaires. Au contraire, les mondes dominants sont le monde domestique et industrielle, mais la
citée qui permettra de mettre en évidence les divergences entre les poste est la cité inspirée. On
peut expliquer cela par l’origine scientifique des postes (Représentant de la direction générale).
Conclusion :
La réflexion de l’auteur est très intéressante : l’une analyse historique du service social du travail
permet de mettre en lumière les faiblesses de la gestion des ressources humaines, mais aussi les
sciences sociales qui ont permis de construire la gestion des ressources humaines. En effet, la gestion
des ressources humaines s’est construite en même temps que le développement des sciences
humaines (économie, management, sociologie). La gestion des ressources humaines s’était séparée
de sa mission sociale mais la fonction de Tiers-social a pour but de redonner aux préoccupations
sociales une dimension important. La fonction de Tiers-social sera une autre force dans l’entreprise
en sa qualité de médiateur pour ne pas être suspecté de défendre les intérêts d’un petit nombre
dans l’entreprise (cf. : les surintendantes).