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Chapitre introductif : Croissance, développement et changement social

I. Deux siècles de bouleversements économiques.

A) Un accroissement de richesse sans précédent.

Cet accroissement de richesse considérable est dû à un nouveau mode de croissance au XIXe siècle : la
révolution industrielle.

La croissance, c'est l'augmentation du PIB sur une longue période accompagnée de transformations
irréversibles des structures économie. Il s'agit donc d'une augmentation des flux de biens et services produits
et consommés dans un espace institutionnel donné.

Si l'on observe la tendance longue, on peut dire que la croissance est très récente dans l'histoire de
l'espèce humaine. En effet si on remonte à l'époque préhistorique, elle est inexistante. Tout au long de
l'ancien régime elle est minimale. La croissance apparaît au tournant des révolutions industrielles. Bretagne
XVIIIe siècle et pays continentaux XIXe siècle. En France 1820 - 1830. Le progrès technique apparaît de
manière très progressive. La croissance existe mais est faible (1 % de croissance).

C'est surtout après la seconde guerre mondiale que l'on va avoir une augmentation sans précédent des
richesses avec les 30 glorieuses (1945-1975). Pendant ces 30 années, on va voir des taux de croissance
d'environ 5 % par an. Cette croissance est à la fois très intense et durable. On a vu alors une
augmentation des richesses produites considérable. Les ménages les plus modestes accèdent à la société de
consommation. Cette croissance a eu un tel impact sur la société et les mentalités que l'on a pensé qu'elle
serait durable et définitive. C'est-à-dire définitivement sorti des famines, des privations.

Depuis les années 1980, on s'aperçoit que cette prospérité n'est plus définitive (chômage de masse
chronique). Les années 1980 cassent les illusions. On n'en revient à des taux de croissance plus faible. À
notre époque on voit que les 30 glorieuses n'ont été qu'une parenthèse. Cela casse les illusions et cela
explique les difficultés à affronter la crise.

On s'aperçoit de nos jours depuis les années 2000, le monde semble s’être complexifié puisqu'on a une
multitude de foyers de crise, de guerre. Nous sommes dans un monde qui se complexifie, des zones de
prospérité (Chine et Inde par exemple), des zones de récession, de crise, des zones de non
développement, des zones qui sont régulièrement en guerres.

L'Europe qui avait été à l'origine de la croissance au XVIIIe et au XIXe siècle, reste maintenant à la traîne.

B) Croissance et cycles économiques.

Beaucoup d'économistes ont tenté d'expliquer l'activité économique par des cycles afin de prévoir les
périodes de prospérité et celles de crise.

La crise, c'est le moment très court de basculement du


cycle économique d'une phase de prospérité vers une
phase de récession.

Les cycles peuvent être de longueur variable :


 On distingue tout d'abord les cycles longs (40-50
ans) aussi appelé cycle de Kondratieff (à inspiré
Schumpeter). Pour Kondratieff, l'économie se déroule
selon des cycles réguliers, long et Schumpeter est venu
insister sur le rôle des innovations et des progrès
technique.
 Il y a aussi des cycles moyens, plus court aussi appelé cycle majeur, classique, des affaires de
Juglar (10 à 12 ans).
 Puis, il y a les cycles courts ou saisonniers (peut varier de 12 mois à deux ans et demi).
Kitchin a travaillé sur cette théorie. Les cycles s'imbriqueraient les uns dans les autres.

II. Croissance et développement.

A) La croissance, définitions et mesures.

1. Définition selon François PERROUX

Selon François PERROUX, « la croissance, c'est l'augmentation pendant une ou plusieurs périodes
longues d'un indicateur de dimension : pour une nation, c'est le produit global net (PGB) en termes
réels ». On relève ici l'aspect quantitatif de la croissance.

L'expansion, est un phénomène analogue à la croissance mais limitée un temps plus court.
Pour qu'il y ait croissance il faut que la production augmente de manière durable.

2. Les indicateurs : PIB et IDH.

 Le PIB : produit intérieur brut est un indicateur de création de richesses pendant une période donnée
sur un territoire donné. Il donne une estimation de la valeur de tous les biens et services créés pendant
une période (généralement sur une année et à l'intérieur du territoire quelque soit la nationalité des
producteurs). C'est un critère de territorialité. Il est à distinguer du PNB (nationalité française).

Pour mesurer le PIB, on doit d'abord homogénéiser la production en additionnant le prix des produits.

Cela conduit à distinguer le PIB marchand du PIB non-marchand.


 Le PIB marchand : ce sont les biens et services produits échangés sur le marché et qui donne lieu
à un prix.
 Le PIB non-marchand : ne donne pas lieu au paiement d'un prix (services fournis par les
administrations). On les calcula leurs coûts de production (W des
employés).

Pour mesurer le PIB, il faut également éviter de comptabiliser plusieurs fois le prix. Pour comptabiliser le
PIB, on va devoir retenir la valeur ajoutée. La valeur ajoutée par une entreprise est égale à la valeur de sa
production diminue de ces consommations intermédiaires.

Valeur de la Valeur des consom- Valeur


production mations intermédiaires ajoutée

Les consommations intermédiaires correspondent ensemble des matières, biens et services qui sont utilisés
pour produire et qui disparaissent dans le processus de production.

On dit que le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées.

L'indicateur n'est qu'une évaluation approximative, c'est ce qui lui est reproché car cela ne donne pas une
mesure exacte notamment parce qu'il ne permet de prendre en compte que ce qui a un prix ou un coup et
qu'il laisse de côté de nombreuses richesses créées : c'est le cas du travail domestique, du bénévolat et de
l'économie souterraine (activités illégales  commerce de drogues, activités légales mais non déclarées).
Enfin, l'autre reproche fait au PIB et que les nuisances sont pas soustraites, retranchés au flux négatif. Par
contre, certains accidents, certaines pollutions en faisant intervenir différentes personnes vont venir
augmenter le P.I.B. (flux positif). On reproche PIB de ne pas prendre en compte le bonheur et la qualité
de vie des habitants.

Certains auteurs demandent que le taux de croissance soit amélioré. C'est le cas Amartya SEN et Marilyn
WARING. On a alors recours à l'I.D.H.

 L'IDH : l'indicateur de développement humain (indice) a été conçu pour tenter de remédier aux
carences du P.I.B. Il est calculé chaque année depuis les années 1990 par le PNUD (programme des Nations
unies pour le développement). Il est élaboré, mis à jour chaque année par celui-ci. Il est une valeur comprise
entre zéro et un et il prend en compte la longévité, le savoir et le niveau de vie. Pour chacune de ces
dimensions, on considère que 0 est la valeur minimale et 1 la valeur maximale.

Les trois éléments de l'IDH :


 la longévité/santé : l'espérance de vie à la naissance.
 le savoir (niv. d'instruction et accès) : alphab. des adultes et tx. de scolarisation des enfants
 niveau de vie : P.I.B. réel par habitant (le P.I.B. national ÷ par le nombre d'habitants)

Remarque : l'inconvénient de ce type de calcul c'est qu'ils ont tendance à gommer les inégalités.
On obtient classements trois catégories :

les pays à IDH élevé les pays à IDH moyen les pays à IDH faible
(> 0.8) (0.5 < < 0.8) (< 0.5)

À l'usage de l'I.D.H., on s'aperçoit que la classification des pays sera sensiblement différent d'une
classification strictement fondée sur le P.I.B. Le P.N.U.D. a mis au point d'autres indicateurs qui viennent
compléter l'IDH comme l'indicateur de pauvreté humaine (IPH1 et IPH2), l'indicateur sexospécifique
de développement humain (ISDH) et l'indicateur de participation des femmes (IPF). L’I.S.D.H. a été
mise au point pour insister sur les différences de scolarisation entre hommes et femmes est alphabétisation
entre hommes et femmes.

Analphabète : personne qui ne sait ni lire ni écrire


Illettré : personne qui connaît l'alphabet mais pas au point de savoir lire ou écrire.

Dans les pays développés, l'espérance de vie des femmes est légèrement supérieure à celle des hommes (six
à huit ans). Plus un pays est pauvre, plus l'espérance de vie des femmes est faible ce qui conduit le PNUD à
dire que la condition féminine est toujours un bon indicateur de niveau de développement d'un pays.

B) De la croissance au développement.

Le développement, c'est l'ensemble des transformations des structures démographiques, sociales, culturelles
et politiques qui accompagnent et facilitent la croissance.

Le développement est un phénomène de long terme à caractère qualitatif qui déborde largement le cadre
économique.

Pour François PERROUX, le développement, c'est la combinaison des changements mentaux et sociaux
d'une population qui la rend apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel
global (sa croissance).
1. Le développement transforme et améliore le cadre de vie.

Le passage de la croissance au développement est un processus complexe. En effet, le développement va


affecter profondément les structures sociales et culturelles alors que la croissance n'est qu'un aspect
économique. Grâce à la croissance, le niveau de vie augmente. (Niveau de vie revient à l'augmentation des
revenus du ménage). Cette augmentation du niveau de vie va dans la plupart des cas entraîner une
transformation des modes de vie. La première des transformations qui s'opèrent et l'augmentation de la
consommation et sa diversification (aspect qualitatif).

Loi d’Engel (statisticien allemand) : plus le revenu d'un individu augmente, plus la part de ce revenu
consacré aux biens de première nécessité diminue alors que les biens de seconde nécessité/de luxe
augmentent.

Un pays qui devient plus riche grâce à la croissance voit très vite sa consommation augmenter mais aussi et
surtout se transformer. La nature de la consommation se transforme. Avec le développement, l'espérance de
vie augmente (les gens sont plus robustes et la mortalité infantile diminue). Cela permet de fournir une
main-d'oeuvre plus abondante et plus robuste qui favorise le développement).

On assiste par ailleurs à une transformation sectorielle de la société avec une diminution du secteur
primaire et l'augmentation du secteur secondaire et tertiaire on assiste donc à l'exode rural et à
l'urbanisation et on a donc une transformation du cadre de vie. Le développement de l'automobile a
contribué à l'expansion des grandes villes et une déstructuration des traditions culturelles, des sociétés
traditionnelles. On assiste à l'avènement d'une société de services/des salariés.

Une des caractéristiques du développement, c'est le développement de l'instruction, du niveau de


qualification, scolarisation de la population. Cela suppose une intervention de l'État, c'est-à-dire que
l'instruction ne vient pas toute seule avec la croissance. On peut très bien dans certains cas avoir de la
croissance mais un développement incomplet ou inégal. Le développement en nécessitant une population
instruite, une main-d'oeuvre qualifiée va bien souvent contribuer à la démocratisation de la société et à
l'accès aux libertés fondamentales. Au contraire, les carences de développement accompagnent souvent les
régimes autoritaires.

C) Les inégalités de développement.

1. Définition et typologie des pays en développement.

C'est Alfred SAUVY dans les années 1950 qui à plusieurs reprises a employé le terme tiers monde. Sur le
modèle du tiers état Alfred SAUVY a parlé du tiers-monde. Ensuite, après les différentes vagues de
décolonisation, on va utiliser l'expression : pays sous-développés par opposition aux pays développés mais
très vite l'expression critiquée car elle apparaît péjorative. De nouveaux termes ont alors fait leur apparition
tels que Pays en Voie de Développement (P.V.D.) ou encore Pays En Développement (P.E.D.).
Actuellement, on utilise de moins en moins d'expressions tiers-monde au singulier et on l'utilise plutôt au
pluriel. La situation de beaucoup de ces pays a changé. On peut parler d'un certain éclatement, d'une certaine
hétérogénéité.

Actuellement, parmi les P.E.D., les organisations internationales distinguent plusieurs catégories selon leur
niveau de développement :
 les NPI (Nouveaux Pays Industrialisés) 1970 = pays qui ont connu un développement rapide grâce
à leurs exportations ; depuis quelques années on parle plutôt des pays émergeant comme la Chine,
l'Inde, le Brésil ou encore l'Argentine avec des taux de croissance très élevés.
 les pays de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) 1960 = ce sont des pays dont au
moins un tiers des exportations sont constitués de produits pétroliers. Leur économie fortement
dépendant des variations de prix du pétrole. La rente pétrolière a favorisé l'enrichissement des
catégories aisées et l'apparition de fortes inégalités entre les plus riches et les plus pauvres.
 Les PMA (Pays les Moins Avancés) = on en compte une quarantaine principalement située en
Afrique subsaharienne. Ces pays se caractérisent par un faible niveau de revenu par habitant, un
faible taux d'alphabétisation (15 %) et un très faible poids dans l'industrie (secteur secondaire) avec
des perspectives de développement pour l'instant très limité.

2. Des interprétations variées sur les causes.

Il est la thèse du retard de développement de ROSTON qui a fait paraître un ouvrage économique Les
étapes de la croissance économique en 1960.

Cet auteur décrit le développement comme un développement linéaire en cinq étapes :

1 - la société traditionnelle (rural/pas de progrès Plusieurs critiques lui ont été adressées :
technique/pas ou peu de croissance).
 considérer toutes les étapes nécessaires pour
2 - les conditions préalables au décollage. arriver au développement.

 d'autres auteurs considéraient que le


3 - le décollage économique (take-off).
développement peut être mené de façons
différentes du modèle occidental.
4 - le stade de la maturité : le pays développe ses
industries (en France 1880 et 1930).
 depuis plusieurs décennies on voit apparaître
5 - la consommation de masse : quand un pays arrive tous les problèmes liés au modèle occidental
à ce stade, il peut être considéré comme développé. et plus personne n’a l’idée de le présenter
comme le modèle parfait.

Le sous-développement, conséquence du développement.

C'est le point de vue très opposés au précédent (celui des tiers-mondistes) qui considère que ce sont les pays
développés/riches qui sont responsables de la pauvreté, des difficultés des pays en développement.
Selon eux, le sous-développement est une conséquence d'un blocage de croissance (François PERROUX) du
à la domination des pays en développement par les pays développés.

Perroux dit que ce sont des économies dominées soient par la colonisation soient par les multinationales
actuelles. Il ajoute aussi que ce sont des économies désarticulées/inarticulé (lorsqu'il est du développement
dans un secteur d'activité, ça ne se transmet pas aux autres secteurs de l'économie car ce sont des sociétés
dualistes et ce sont des économies qui n'arrivent pas à assurer la couverture des différents coûts humains).

Une croissance inégale peut avoir des effets néfastes sur le développement en empêchant une partie de la
population d'accéder une meilleure situation, ce qui privera le pays d'une partie de son potentiel.

Une croissance inégale peut entraîner un cercle vicieux d'où il est difficile de sortir.

On peut avoir des pays avec un I.D.H. similaire tout en ayant un P.I.B. par tête très différent. On pourrait
trouver l'inverse (P.I.B. similaire et I.D.H. différent).

Le taux de mortalité infantile ne dépend pas que du revenu mais aussi des conditions technologiques
sanitaires et sociales.
III. Le changement social accompagné la croissance et le développement.

A) qu'est-ce que le changement social ?

Le changement social, c'est toute transformation observable dans le temps qui affecte d'une manière
non provisoire et non un éphémère la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une
collectivité et qui modifient le cours de son histoire. (Guy ROCHET, sociologue au collège de France).

Il y a quatre caractéristiques pour parler de changement social :


 c’est un phénomène collectif (qui touche tout le monde).
 on a un changement de structure (c'est-à-dire des modifications de l'organisation sociale
(changement de structure quasi définitive).
 on doit pouvoir l’identifier dans le temps.
 il s'auto entretient (permanence).

B) L'exemple des femmes (rôle des femmes)

Bien souvent, les valeurs traditionnelles constituent un obstacle à l'enclenchement du développement.

En ce qui concerne le rôle des femmes, on le constate dans le refus de la contraception, ce qui a pu
paraître illogique, et irrationnel pour les occidentaux étant donné qu'une natalité élevée entretient la
pauvreté. Pourtant en y regardant de plus près cette attitude se justifie car la mortalité infantile est très
élevée et les familles doivent faire beaucoup d'enfants pour être sûre que certains arrivent à l'âge adulte et
comme le système social est inexistant, les parents comptent sur les enfants pour les entretenir (bâton de
vieillesse). De plus, les enfants sont une source de revenus complémentaire.

On s'aperçoit que le taux de mortalité enfantine baisse au fur et à mesure que le niveau d'instruction de
la mère augmente parce qu’elle est mieux informée, donc s'occupe mieux de la santé et de l'alimentation de
l'enfant. Cette baisse du taux de mortalité enfantine a contribué à une baisse de la natalité et permet une plus
grande scolarisation.

Sans croissance, le développement est improbable voire impossible, en effet, l'augmentation des revenus
permet de réduire la pauvreté mais aussi de financer toutes les dépenses économiques et sociales qui vont
favoriser le développent (recherche, infrastructures, santé).

Pourtant la croissance n’est pas une condition suffisante pour pouvoir assurer à elle seul le développement.
Certains manques de croissance sont inégalitaires ou néfastes et peuvent conduire à du mauvais
développement comme par exemple avec la destruction de l'environnement. La croissance est donc
nécessaire mais non suffisante puisque le développement demande aussi une politique volontariste des
états/pouvoirs publics ainsi qu’un engagement de toutes les institutions et de toutes les populations.

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