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ENPC - Ecoulements Compressibles et Transferts de Chaleur

BUREAU D’ETUDE
Dimensionnement d’un aéroréfrigérant
Enoncé

Les aéroréfrigérants sont des dispositifs permettant d’utiliser l’air ambiant comme source froide des centrales
thermiques. Il existe différents types d’aéroréfrigérants. Les aéroréfrigérants à tirage naturel sont constitués d’une
tour en béton armé en forme d’hyperboloïde de révolution, à la base de laquelle circule de l’eau qui est refroidie
par le courant d’air résultant de l’effet de tirage. Dans un réfrigérant de type sec, il n’y a pas de contact direct
entre l’eau et l’air. Au contraire, dans un réfrigérant de type humide, l’eau et l’air sont en contact dans la zone
d’échange où l’eau ruisselle ou tombe en pluie. A la sortie de cette zone, l’air est en général saturé de vapeur
d’eau.
On se propose ici d’étudier de façon approchée le fonctionnement d’un tel appareil dans une atmosphère
supposée sans vent.

1. Etude du tirage

1.1 Ecrire tout d’abord l’équation de Bernoulli pour un fluide de masse volumique variable, dans le cadre de
l’approximation de Boussinesq.

1.2 Appliquer ce résultat à une ligne de courant suivant le trajet ABCDE (Cf. figure 1) en effectuant les
hypothèses suivantes :
— les frottements sur le sol et sur les parois sont négligeables,
— les différents phénomènes de frottement et de dissipation en entrée, dans les zones d’échange et au dessus,
sont représentés par un coefficient global de pertes de charge singulières, noté ξ c , défini à partir de la
vitesse moyenne en C,
— la hauteur de la zone d’échange CD est négligeable,
— la masse volumique est supposée constante sur le trajet ABC (où elle sera notée ρ0 ) ainsi que sur le trajet
DE (où elle sera notée ρ).

1.3 La zone de jet au dessus du point E est fortement dissipative. Aussi l’équation de Bernoulli ne peut y
être appliquée. L’expérience montre cependant qu’entre les points F et E 0 (point situé juste en dehors du jet),
l’écoulement s’effectue de façon quasi-horizontale avec une vitesse qui reste faible devant la vitesse verticale à
la sortie de la tour (en E). Montrer alors que les valeurs de la pression en E et en F peuvent être supposées
égales.

1.4 Etablir finalement l’équation du tirage sous la forme d’une relation entre la hauteur H (Cf. figure 1) et
la quantité :
1
ξ ρ V2
2 tot 0 C
où ξ tot est un coefficient global adimensionnel de pertes de charge à préciser.

2. Bilan thermique interne

1
D0

F E’
E

H H0

D
A
B C

D1

Fig. 1 — Schéma de principe d’un aéroréfrigérant.

Lorsque l’aéroréfrigérant est couplé à la centrale, la puissance Φ qu’il évacue vers l’atmosphère dépend de la
température d’eau en sortie d’aéroréfrigérant (température d’eau froide notée Te2 , Cf. figure 2) par l’intermé-
diaire du rendement de la centrale. En première approximation, on considérera cependant que cette puissance
reste constante.
Par ailleurs, dans le cas d’un aéroréfrigérant humide, on négligera les variations de masse volumique de l’air
dues aux variations d’humidité. L’analyse fine de la qualité de l’échange entre l’eau et l’air est assez complexe. En
effet, cet échange dépend de la forme du champ de vitesse d’air dans la zone d’échange. Une telle analyse montre
cependant qu’à quelques degrés près, la température de sortie d’air T est égale à la moyenne des températures
d’entrée et de sortie d’eau. C’est cette hypothèse qui sera retenue dans la suite, pour l’aéroréfrigérant humide
comme pour l’aéroréfrigérant sec. On notera T0 la température de l’air ambiant.

2.1 Exprimer la puissance Φ à partir des caractéristiques du circuit d’eau.

2.2 Ecrire le bilan thermique du circuit d’air, pour le cas d’un réfrigérant sec.

2.3 Ecrire le bilan thermique pour un réfrigérant humide. Pour ce dernier, on supposera que l’air est saturé
en vapeur eau à la sortie de la zone d’échange (en D). Montrer, en particulier, qu’on a la relation suivante :
· µ ¶ ¸
Me ps (T ) − ε0 ps (T0 )
Φ = Qa Cp,a (T − T0 ) + L
Ma p

avec Qa le débit d’air, Cp,a la capacité calorifique de l’air, Me la masse molaire de l’eau, Ma la masse molaire
de l’air, ps la pression de vapeur saturante de l’eau, p la pression atmosphérique au sol, L la chaleur latente de
vaporisation de l’eau et ε0 l’humidité relative de l’air ambiant (Cf. plus bas pour des compléments d’information
sur ces quantités physiques).
Indication : on cherchera à exprimer la portion du débit d’eau vaporisée en fonction de l’humidité relative
et de la pression de vapeur saturante de l’eau.

2.4 Dans le cas du réfrigérant humide, à partir des deux équations obtenues en 1.4 et 2.3 et en utilisant
les données numériques ci-dessous, calculer le débit massique d’air Qa , la température de sortie d’air T , ainsi
que les températures d’entrée et de sortie d’eau Te1 et Te2 . Calculer la valeur du débit d’eau vaporisé dans la
zone d’échange et qui doit être compensé par un apport extérieur (noté δQe ). Calculer alors le rendement de
la centrale et la puissance électrique fournie, la température de la source chaude étant de 150 ◦ C. Calculer le
nombre de Froude réduit construit sur le diamètre de sortie D0 et sur la vitesse de sortie VE .

Données numériques :

2
D1

Air « chaud »
Qa ,T,ε =1

Air ambiant « froid »


pluie Eau « froide »
Qa ,T0 ,ε 0
Qe −δQe ,Te2

Eau « chaude »
Qe ,Te1

Fig. 2 — Schéma de principe de la zone d’échange d’un réfrigérant humide à “courants crois és”.

Centrale : puissance thermique évacuée par l’aéroréfrigérant Φ = 2400 MW, débit d’eau Qe = 46000 kg/ s
Air ambiant : température T0 = 11 ◦ C, humidité relative ε0 = 70%, pression p0 = 105 bar
Aéroréfrigérant humide : H0 = 165 m, H = 150 m, D0 = 90 m, D1 = 150 m, ξ tot = 50

N.B. : le Bureau d’Etude proprement dit s’arrête à la question 2.4. Vous traiterez les questions 2.5 et 3.1 et
3.2 en tant que travail personnel (devoir) à rendre ultérieurement.

2.5 Calculer, pour la même centrale thermique, les dimensions d’un réfrigérant de type sec en homothétie
géométrique avec le réfrigérant humide étudié à la question précédente et conduisant au même rendement, c’est-
à-dire aux mêmes caractéristiques du circuit d’eau (mêmes températures d’entrée et de sortie dans le réfrigérant
et même débit). On donnera en particulier, pour ce réfrigérant, le débit et la température de sortie de l’air ainsi
que la valeur du nombre de Froude réduit (en utilisant la même définition que dans la question précédente).
N.B. : on admettra que le coefficient de pertes de charge ξ c est le même pour le réfrigérant sec que pour le
réfrigérant humide.

3. Synthèse

3.1 En utilisant les résultats expérimentaux concernant les jets portants vus en cours, donner une approxi-
mation de la valeur maximale de la vitesse dans une atmosphère sans vent à une altitude de 1000 m au dessus
d’un réfrigérant humide et d’un réfrigérant sec.

3.2 Dresser un bilan des avantages respectifs des dispositifs sec et humide, et concernant tant le réfrigérant
lui-même que son environnement.

3
Propriétés physiques

— On supposera que l’air est assimilable à un gaz parfait, en négligeant toutefois les variations de température
et de masse volumique dues aux variations de pression hydrostatique sur la hauteur H0 de l’aéroréfrigérant
(écoulement incompressible). On négligera également les variations de pression dans la zone d’échange.
— Rappels sur l’air humide : L’air humide est constitué d’un mélange d’air sec et de vapeur d’eau. L’humidité
relative ε est définie comme le rapport entre la masse d’eau en phase gazeuse contenue dans un volume
donné d’air humide et la masse d’eau en phase gazeuse contenue dans l’air humide saturé (i.e. la vapeur
d’eau est dans les conditions de saturation) occupant le même volume et pour la même température.
L’humidité relative peut donc s’écrire :
ρvap
ε=
ρvap,sat
Compte tenu de la loi des gaz parfaits on a :
p 1
= RT
ρ M
où M est la masse molaire du gaz considéré. D’après la loi de Dalton, la pression partielle de chaque
constituant en phase gazeuse suit la loi des gaz parfaits et la pression totale est la somme des pressions
partielles p = pair + pvap . La loi des gaz parfaits appliquée à la vapeur d’eau donne :

pvap 1
= RT
ρvap Me

soit, à saturation :
ps 1
= RT
ρvap,sat Me
d’où l’on tire :
pvap (T )
ε(T ) =
ps (T )
où pvap est la pression partielle locale de la vapeur d’eau et ps (T ) la pression de vapeur saturante à la
même température. (la pression de vapeur saturante est donnée en fonction de la température dans le
tableau en annexe).
— La pression atmosphérique au sol est de 105 Pa, la masse volumique de l’air à 11 ◦ C et pour cette pression
est ρ0 = 1.2 kg/ m3 .
— Données thermiques : masse molaire de l’eau Me = 18 g, masse molaire de l’air Ma = 29 g, chaleur
latente de vaporisation de l’eau L = 2.45 × 106 J/ kg, chaleur massique de l’air à pression constante
Cp,a = 1005 J/ kg/ ◦ C, chaleur massique de l’eau à pression constante Cp,e = 4180 J/ kg/ ◦ C.

4
Annexe : pression de vapeur saturante de l’eau en fonction de la
température

T (°C) T (K) Ps (Pa) T (°C) T (K) Ps (Pa)


0 273 610,80 52 325 13 610,00
2 275 705,40 54 327 15 000,00
4 277 812,90 56 329 16 510,00
6 279 934,60 58 331 18 150,00
8 281 1 072,10 60 333 19 920,00
10 283 1 227,10 62 335 21 840,00
12 285 1 401,50 64 337 23 910,00
14 287 1 597,40 66 339 26 140,00
16 289 1 816,80 68 341 28 550,00
18 291 2 062,00 70 343 31 160,00
20 293 2 337,00 72 345 33 960,00
22 295 2 642,00 74 347 36 960,00
24 297 2 982,00 76 349 40 190,00
26 299 3 360,00 78 351 43 650,00
28 301 3 778,00 80 353 47 360,00
30 303 4 241,00 82 355 51 330,00
32 305 4 753,00 84 357 55 570,00
34 307 5 318,00 86 359 60 500,00
36 309 5 940,00 88 361 64 950,00
38 311 6 624,00 90 363 70 110,00
40 313 7 375,00 92 365 75 610,00
42 315 8 198,00 94 367 81 460,00
44 317 9 010,00 96 369 87 690,00
46 319 10 085,00 98 371 94 300,00
48 321 11 160,00 100 373 101 325,00
50 323 12 335,00

Fig. 3 — Pression de vapeur saturante en fonction de la température.

N.B. : dans la gamme de température considérée, on propose d’utiliser l’interpolation suivante pour la pression
de vapeur saturante ps (T ) :

ps (T ) = 9.46437149 × 10−4 × T 4 − 1.06391783 × T 3


+451.582337 × T 2 − 85694.5561 × T + 6129181.09

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