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Thématique Art et Guerre

Domaine
arts de l'espace arts du langage arts du quotidien
arts du son arts du spectacle arts du visuel

Matière
Français Maths Histoire-géo LV1 LV2 EPS
Latin / Grec Technologies SVT Sc. physiques éd. musicale Arts plastiques

Otto DIX, Pragerstrasse (1920)


Sources de la fiche d'histoire des arts :
– des diaporamas sur le tableau "Pragerstrasse" d’Otto Dix proposé par Anne-Claire et Thomas Fonquernie (académie
de Besançon) http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/spip.php?article562
– ... et par A. Loizeau (collège Jean Hay, Charentes-Maritimes) https://charente-maritime.fr/colleges17/jh-
marennes/evaweb/IMG/ppt/otto_dix.ppt
– les pages Wikipedia (français / anglais) consacrées à Otto Dix
Auteur : Otto DIX (1891-1977,
Allemagne)

Formé à l'école des Arts


appliqués de Dresde avant la
1ère guerre mondiale. Il
s’engage à 23 ans comme
volontaire dans l’armée
allemande. Il combat sur les
fronts français et russe.
Profondément marqué par le
conflit, il laisse environ 600
dessins et peintures ayant pour
thème la guerre. A cette volonté
de témoigner s’ajoute un défi
esthétique : Peindre la réalité,
la laideur et montrer les
terrifiantes suites de la guerre.
C’est ce que fait Dix dans une
série de toiles en 1920, qui
mettent en scène des
personnages affreusement
mutilés (exemple : le tryptique
La Guerre, 1924).

Titre : Pragerstrasse, (la Rue


de Prague : grande rue
commerçante de Dresde, ville
où vécu longtemps Otto Dix)

Date : 1920

Matériaux : huile sur toile et


collages

Dimensions : 101 cm x 81 cm

Conservation : Galerie der


Stadt, Stuttgart

Mots clef : Anciens combattants


/ Mutilés, « Gueules cassées » /
Antisémitisme

Lien internet : http://malrauxhg3.wordpress.com/2010/09/20/le-bilan-de-la-premiere-guerre-mondiale/ l'étude de cette


œuvre a été le point de départ d'une réflexion sur l'état de l'Europe aux lendemains de la 1ère guerre mondiale (bilan
humain, moral, politique et diplomatique)
Formes (Ce que je peux décrire, à partir de ce que je perçois, je vois, j'entends ...)
Au centre de la scène, on voit deux hommes diminués, porteurs de prothèses mécaniques, des cicatrices hideuses, des
greffes. Un monde grotesque d'anciens combattants, pour l'un portant le populaire canotier réduit à mendier, pour l'autre
exhibant sa moustache bourgeoise et ses blessures comme autant de preuves de sa bravoure guerrière. Les deux
hommes se croisent sans se voir : le mendiant est aveugle (a-t-il été gazé ?), le bourgeois est trop fier. Ce sont des
morts en sursis, entre eux plane une Grande Faux rappelant l'outil de la Mort.
Autour d'eux, sortant du cadre, des personnages à peine esquissés (une main, une jambe) semblent fuir la scène. Une
femme, en robe rose moulante promène son chien. Où court-elle ainsi ? Fuit-elle ces hommes devenus trop laids, trop
tristes, trop faibles et pendant si longtemps absents du foyer ? Se rend-elle d'un pas léger à ce travail qu'elle n'aurait
jamais eu sans la guerre ?
Au milieu à gauche, un homme du même âge lâche trois pièces au passage. Lui ne semble pas avoir souffert du conflit :
l'a-t-il fait ou faisait-il parti des « embusqués », préservés loin du front ? Seul le vieillard à la canne, en bas à gauche, est
orienté vers les Anciens Combattants : son chien exprime la colère du maître devant cette armée de jambes de bois qui
a mené le pays à la défaite. Peut-être était-il de la génération glorieuse des armées prussiennes (années 1860-1870)
qui, elles, réduisirent au silence les armées austro-hongroises et françaises.
Seule une enfant (à droite) recherche la présence du mendiant. S'accroche-t-elle désespérément à ce papa qu'elle n'a
jamais connu ? Ou bien est-elle l'une de ces millions d'orphelins que la guerre, les privations ou la grippe espagnole ont
privés de parents ?
Derrière le trottoir, des vitrines présentant des accessoires de beauté d’un côté, des prothèses de l’autre ... La mode et
la futilité des apparences côtoient la souffrance des mutilés. Le monde semble devenu absurde, comme le crie un graffiti
sur le mur (« dumm » = idiot, stupide).
Le tableau n'est pas exempt non plus d'allusions politiques. L'Allemagne cherche des coupables à ses malheurs. Près
du cul-de-jatte au buste monté sur une planche à roulettes, Dix a collé un tract ou une affichette d'extrême-droite, qui
porte en titre Juden raus ! – « Dehors les Juifs ». L'enfant est assise sur un autre tract déchiré du camp adverse, peut-
être communiste, sur lequel on peut lire « ... iktatur von rechts » (dictature de la droite).
Techniques (Comment c’est fait ?)
Tout exprime le chaos dans ce tableau (absence de perspective, personnages dégingandés). Otto Dix peut être
rattaché au mouvement artistique de la « Nouvelle Objectivité ». Ce courant se rapproche de l'expressionnisme
auquel il emprunte les techniques de déformation, mais s'en éloigne dans les sujets retenus. Alors que les
expressionnistes visent à donner forme à des émotions, les artistes de la « Nouvelle Objectivité » s'approprient ces
techniques pour dénoncer froidement et de façon cynique la société d'après-guerre.
Otto Dix emprunte au mouvement Dada le trait enfantin et les collages qui renforcent l'aspect fragmenté de la scène.
Usages (Comment cela a-t-il été reçu ? Comment cela est venu jusqu’à nous ? Comment cela est-il repris aujourd’hui ?)
Pragerstrasse fait partie d'un ensemble d'œuvre que le peintre consacra a la Grande Guerre et qui reçurent un accueil
mitigé dans la société des années 1920. Le musée de Cologne dut renoncer à son achat d'une œuvre appelée La
Tranchée (1920-1923) suite aux protestations du public devant tant d'atrocités et de difformités.
Mais c'est surtout l'arrivée des nazis au pouvoir qui marque une période extrêmement difficile pour Otto Dix. Dès 1933, il
est renvoyé de l'Université où il enseigne car les nazis l'accusent d'être de « culture bolchévique ». En 1937, ses
œuvres sont dites « dégénérées » par les nazis. 170 d'entre elles sont retirées des musées et une partie est brulée ;
d'autres sont exposées lors de l'exposition nazie « Art dégénéré ». Dix sera même arrêté quelques semaines par la
Gestapo et contraint de participer au 2 nd conflit mondial.
Reconnu et respecté dans les deux Allemagnes après 1945, Dix s'éloigne des sujets guerriers et s'oriente davantage
vers des thèmes religieux. Le retour au premier plan de ses œuvres de guerre s'inscrit à partir des années 1980-1990
dans un intérêt accru des historiens et de la société pour les témoignages d'acteurs directs du conflit. La violence des
images, plus apparente encore dans ses autres œuvres, traduit la brutalisation des esprits et des mœurs dans l'Europe
de la première moitié du XXè s.
Significations Pourquoi l’a-t-on fait ? Que peut-on y comprendre ? Quels messages fait passer l'artiste à son époque ?
Quelle valeur a encore cette œuvre ?
Ancien combattant lui-même, Otto Dix peint les fractures que la guerre a laissées au sein des sociétés occidentales,
davantage encore dans l'Allemagne vaincue. Fracture entre ceux qui étaient au front et ceux qui étaient à l'arrière.
Fracture entre des hommes brisés physiquement et moralement et une société qui a continué à marcher, à travailler, à
vivre sans eux. Fracture entre le temps de la guerre, temps de désespoir, de privations et de souffrance que l'on
voudrait oublier mais qui se rappelle à tous par ces « Gueules Cassées » et l'après-guerre que l'on aimerait
insouciante, prospère, joyeuse, légère, comme un prélude aux « années folles ».
Le tableau évoque aussi l'Allemagne qui cherche un coupable à sa défaite et à l'humiliation du Traité de Versailles
(1919). Désœuvrés, les Anciens Combattants mettent leur violence et leur haine au service des idées les plus extrêmes.
À l'extrême-droite, on accuse les Juifs d'être responsables du désastre et d'amasser des fortunes sur le dos des
dettes de guerre que doit payer l'Allemagne en réparation à ses vainqueurs. À l'extrême-gauche, on accusait hier le
gouvernement d'avoir jeté dans la guerre des millions de jeunes prolétaires pour servir les intérêts de la bourgeoisie au
pouvoir, on l'accuse aujourd'hui d'avoir sacrifié la vie de millions d'hommes et l'avenir du pays en signant cet humiliant
traité.
Camarades hier dans les tranchées, le bourgeois dédaigne aujourd’hui le prolétaire. Les deux soldats à l'image de
l'Allemagne sortent du conflit déboussolés, détruits et désormais indifférents.
Contexte Que s'est-il passé dans le monde au moment de la création de cette œuvre ?
En 1918, une révolution comparable à ce qui s'est passé en Russie en 1917 éclate en Allemagne. Les grèves et les
manifestations des partis de gauche (SPD) et d'extrême-gauche (spartakistes) entraîne la chute de l'Empereur
Guillaume II et son remplacement par la République de Weimar.
Les débuts de cette République sont très troublés car les dirigeants signent le traité de Versailles (juin 1919) que tout
le monde considère comme une humiliation (l'Allemagne est responsable du conflit) et un désastre économique
(l'Allemagne subit une inflation énorme pour payer les dettes de guerre).
À l'extrême-gauche, la révolution spartakiste en Allemagne (1918-1919), miroir de la révolution bolchévique en
Russie, échoue. Les sociaux-démocrates (SPD) répriment leurs anciens alliés révolutionnaires et se rallient aux partis
catholiques et libéral (de droite).
Encore très désorganisée, l'extrême-droite se fait entendre. Partout dans le pays, se forment des groupuscules
antisémites et revanchards gonflés par l'afflux d'Anciens Combattants désœuvrés. Parmi eux, un ancien caporal,
décoré et blessé, sans profession, adhère au parti nazi (NSDAP) : il s'appelle Adolf Hitler ...
Américain
Ouverture vers d'origine
d'autres œuvres d'art Binh Dahn, Combust, 2005, « impression chlorophylle » et résine, 14 x vietnamienne,
11 pouces Binh Danh
http://binhdanh.com/ (1977- ) est un
Les arts de l'espace artiste-
photographe
Les arts du langage
dont l'œuvre
Les arts du quotidien construit la
mémoire de la
Les arts du son
Guerre du
Les arts du spectacle Vietnam dans
les deux camps.
Les arts du visuel
Il utilise une
technique qui lui
est propre «
l'impression
chlorophylle »
qui consiste à
développer ses
négatifs sur des
feuilles
végétales.
Reprenant des
photos de la
guerre
publiées par les
magazines des
années 60-70, le
message visé
est double :
d'une part,
dénoncer une
campagne
vietnamienne et
un pays encore
marqués par la
guerre (jusque
dans son ADN) ;
d'autre part,
évoquer la
fragile
renaissance de
la vie après
l'horreur.

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