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Ch.

O1 : Sources et intensité lumineuses 1

CHAPITRE 1

SOURCES ET INTENSITÉ LUMINEUSES

1. MODELE SCALAIRE DE LA LUMIERE

1.1. Amplitude et intensité lumineuses

La lumière possède un double aspect :

- corpusculaire : les photons sont des « grains » de lumière

- ondulatoire : la lumière est une onde électromagnétique à laquelle est associé un champ
électromagnétique sinusoïdal (Efl, Bfl)

On peut retenir dès à présent le domaine de fréquences dans lequel se situent les ondes
lumineuses : celles-ci correspondent à des fréquences de l'ordre de 1014 Hz. Plus précisément, notre
oeil
( qui est un instrument d'optique particulier ), est sensible aux ondes lumineuses dont la fréquence
est comprise entre 4.10 14 et 7,5.10 14 Hz, qu'il " interprète " en termes de couleurs différentes
allant du violet au rouge. Ce domaine est appelé tout naturellement " le visible ". Aux fréquences
plus hautes débute le domaine des ultraviolets (UV) et aux fréquences plus basses, celui des
infrarouges (IR).
En outre, comme toute onde électromagnétique, la lumière transporte de l'énergie.

A toute source lumineuse correspond une puissance moyenne ( il s’agit d’une moyenne
temporelle relative au caractère sinusoïdal de la source ). Cette puissance, transportée par le faisceau
lumineux, est répartie : à une ampoule de 100 W par exemple rayonnant dans toutes les directions,
est associée une répartition de sa puissance sur des sphères centrées sur l’ampoule et de rayon de
plus en plus grand. On retrouve la puissance d’un faisceau parallèle sur toute section droite du
faisceau :

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P et I identiques
S

P identique
I décroissante
détecteur de surface S

Faisceau sphérique Faisceau parallèle

Dans le premier cas, la puissance totale restant conservée, la puissance moyenne par unité de
surface diminue au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la source ( l’onde lumineuse est sphérique ) .
Dans le second cas, l’étendue du faisceau ne variant pas, la puissance moyenne surfacique est elle-
même partout identique ( l’onde lumineuse est plane )

Nous appellerons dorénavant intensité lumineuse I(M) en un point M de l’espace la


puissance moyenne surfacique associée à une onde lumineuse en ce point ( donc
exprimée en W.m-2 ) .

Tous les phénomènes que nous décrirons dans les chapitres suivants apparaîtront toujours « à
travers le filtre » d’un (ou plusieurs) récepteur ( écran + oeil, photodétecteur ...) sensible à l’énergie
transportée par l’onde lumineuse qu’il intercepte. Ce détecteur, de surface donnée, va
« emmagasiner » et mesurer cette énergie pendant un temps donné ( temps d’acquisition du
détecteur, grand par rapport à la période sinusoïdale de l’onde ). Il apparaît clairement que cette
mesure est alors proportionnelle à l’intensité précédemment définie.

Rq. Le récepteur possède une certaine sensibilité ( laquelle peut d'ailleurs varier suivant la
fréquence de l'onde : on parle alors de sensibilité spectrale ). Notre œil par exemple est un
récepteur sensible dans la gamme du visible, et plus particulièrement sensible au jaune dans cette
gamme...Il existe des récepteurs sensibles dans l'infrarouge ou l'ultraviolet, qui absorbent l'énergie
associée à ces fréquences (les corps phosphorescents réémettent d’ailleurs cette énergie sous forme
d'ondes lumineuses dans le visible...) D'autres récepteurs transformeront l'énergie lumineuse en
énergie électrocinétique en délivrant un courant par exemple.
La « constante » de proportionnalité entre l’énergie mesurée par le détecteur et l’intensité de
l’onde intègre ce facteur de sensibilité propre au détecteur. On définit l’éclairement comme le
produit de l’intensité par le facteur de sensibilité du détecteur : pour une même intensité lumineuse,
l’éclairement varie d’un écran à l’autre suivant sa qualité, mais aussi d’un observateur à l’autre
suivant son œil ! Nous emploierons cependant indifféremment dans la suite du cours les termes
d'intensité ou d'éclairement qui ne diffèrent que d’un facteur multiplicatif...

En outre, l’intensité lumineuse est elle-même calculable à partir d’un scalaire appelé amplitude
lumineuse selon la formule I = <a2> :
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L’intensité représente la valeur moyenne temporelle du carré de


l’amplitude : I = <a2>

La signification physique de l’amplitude apparaîtra plus clairement après l’étude des ondes
électromagnétiques : elle est en fait directement reliée à la norme du champ électrique associé à
l’onde lumineuse.
Le modèle scalaire de la lumière consiste à « oublier » en quelque sorte son caractère vectoriel
( couple (Efl, Bfl) ) et lui associer directement le scalaire amplitude afin de calculer l’intensité
lumineuse.

pA une source lumineuse monochromatique, ( c’est-à-dire de fréquence, donc de couleur


a02
« unique » ), est associée l’amplitude : a = a0 cos ωt, et donc l’intensité I = 2 . Dans la suite des
calculs, nous utiliserons beaucoup, sans lui associer de symbole particulier, la notation complexe en
écrivant : a = a0 e jωt. Comme en électricité avec l’expression de la puissance, ne pas faire d’erreur
1
sur le calcul de l’intensité impose de définir celle-ci comme : I = 2 aa* , où a* représente le complexe
conjugué de a...
1
En notation complexe l’intensité s’écrit : I = 2 aa*

Pourquoi définir une amplitude et ne pas se contenter de l’intensité à laquelle sont sensibles
les récepteurs ? Ce point fondamental sera exposé au paragraphe 2.2

1.2. Chemin optique

1.2.1. Propagation de la lumière dans le vide

Comme toute onde électromagnétique, dans le vide illimité, la lumière se propage à la vitesse
c
c = 3 10 8 m.s-1. On peut alors associer à chaque fréquence ν une nouvelle grandeur λ0 = ν , appelée
longueur d'onde dans le vide. Nous reviendrons bien sûr abondamment sur ces notions, mais on
comprend que la longueur d'onde dans le vide caractérise une onde lumineuse aussi bien que sa
fréquence. En termes de longueurs d'onde, le spectre du visible est :

c
λ 0 = ν longueur d’onde dans le vide

λ 0 < 400 nm λ 0 = 500 nm λ 0 = 520 nm λ 0 = 550 nm λ 0 = 630 nm λ 0 > 750 nm

UV bleu vert jaune rouge IR

Physiquement, la longueur d’onde représente la distance parcourue par la lumière pendant une
période temporelle T, puisque λ = cT. C’est donc en fait une période spatiale tout autant
représentative de l’onde lumineuse monochromatique que sa période temporelle T.

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1.2.2. Propagation de la lumière dans un milieu linéaire homogène isotrope

Dans un milieu transparent linéaire homogène isotrope, la vitesse de propagation de la lumière


c
devient v = n où n est un nombre sans dimensions ( presque toujours supérieur à 1 ), appelé indice
optique du milieu. D’autre part, la vitesse de propagation dépend de la fréquence de l’onde : v(ν), ou,
ce qui revient au même, de sa longueur d’onde dans le vide λ0. C’est donc aussi le cas de l’indice du
milieu : n(λ0).

c
n(λ 0) = v(λ 0)

La dépendance de l’indice vis à vis de la longueur d’onde dans le vide de la lumière qui s’y propage
indique le caractère dispersif du milieu : une lumière polychromatique y voit ses différentes
composantes monochromatiques se propager à des vitesses différentes. S’il y a réfraction de l’onde
lumineuse à l’entrée dans le milieu, l’angle de réfraction, d’après le lois de Descartes, dépend de n
donc de λ0. Les angles de réfraction sont différents pour les « couleurs » composant la lumière
polychromatique qui est donc « dispersée », et par conséquent analysée vis à vis de sa composition
chromatique. C’est tout l’intérêt d’un dispositif tel que le prisme...

Parmi plusieurs formules approchées donnant la dépendance de n vis à vis de λ0, citons la formule
de Cauchy, de la forme :

B
n =A + λ 0 2 formule de Cauchy

où A et B sont des constantes caractéristiques du milieu.

Notons enfin que, numériquement, les variations de n restent faibles. Par exemple, l’indice d’un
verre (crown) pourra varier entre 1,511 et 1,528 et dans la bande du visible, soit une variation relative
de l’ordre de 1%....

On peut donner quelques ordres de grandeur d’indices pour une longueur d’onde située au milieu
du visible:
air n≈1
pour un gaz dilué, n-1 est proportionnel au rapport de P sur T s
eau n = 1,33
verres n varie de 1, 5 (verres peu denses ou crowns) à 1,8 ( verres denses ou flints)

v
Dans un milieu différent du vide, la longueur d’onde, définie par λ = ν , est reliée à la longueur
d’onde λ0 dans le vide par la relation :

λ0
λ = n(λ 0) longueur d’onde dans un milieu d’indice n : il s’agit de la
période spatiale de l’onde dans le milieu d’indice n

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Rq. Une lumière monochromatique possède une caractéristique propre qui est sa longueur d’onde
dans le vide (sa fréquence, en fait), mais autant de longueurs d’onde que de milieux de propagation
considérés, ces longueurs d’onde étant caractéristiques du couple onde monochromatique - milieu.

1.2.3. Terme de phase : chemin optique

Considérons une source S, émettant au point O de l’espace, pris comme origine, une onde
lumineuse d’amplitude a(O) = a0 e jωt. En l’absence de toute absorption par le milieu dans lequel
l’onde se propage pour aller de O en un point M de l’espace susceptible d’être atteint, on pourrait
penser que l’amplitude reçue en M est identique à celle émise en O. Cependant, les variations
temporelles de l’onde lumineuse ne peuvent être instantanément transmises en M : l’amplitude en M
doit présenter un retard de phase par rapport à l’amplitude en O, retard dû au nécessaire temps de
propagation entre O et M. Ce retard dépend lui-même de la vitesse de l’onde dans le milieu
considéré et de la distance à parcourir entre O et M.
Par conséquent l’amplitude reçue en M sera de la forme :

On appelle chemin optique [OM] le produit de la distance OM par l’indice n du milieu.

Plus généralement encore, pour un milieu éventuellement inhomogène, où l’indice n(M) varie
suivant le point M, le chemin optique associé à une courbe quelconque C reliant deux points A et B
est défini par :


L(C) = C n(M) dl

Interprétation physique simple du chemin optique :

Le chemin optique serait la distance parcourue dans le vide par l’onde pendant le temps qu’elle
met à parcourir le chemin réel dans le milieu considéré.

Retenons ce résultat très important pour la suite du cours :

Si on note a(O) = a0 e jωt l’amplitude d’une onde lumineuse en O, l’amplitude correspondante


2π 2π
en M s’écrit : a(M) = a0 e jω(t - φ(Μ) avec φ(M) = λ 0 [OM] = λ 0 n OM.

1.3. Théorème de Malus

1.3.1. Expression

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Définissons tout d’abord les surfaces d’onde comme les lieux des points de l’espace distants d’un même
chemin optique d’un point donné.
Si à ce point se trouve une source lumineuse émettant une amplitude donnée, tous les points de la
surface d’onde seront donc caractérisés par une même valeur du déphasage (on appelle parfois les
surfaces d’onde surfaces de phase ou surfaces équiphase...).
Nous énoncerons le théorème de Malus sans démonstration :

Les surfaces d’onde sont orthogonales aux rayons lumineux.

1.3.2. Utilisation dans la détermination des chemins optiques

Le théorème de Malus est quasiment intuitif dans le cas de rayons lumineux émis par un point
source dans un milieu homogène :

Tous les points situés sur une même sphère de centre O sont caractérisés par le même chemin
optique...

Une lentille mince donnant une image ponctuelle A’ d’un point source A transforme le faisceau
lumineux divergent issu de A en un faisceau convergent en A’ : en suivant les surfaces d’onde de A à
A’, il apparaît qu’à tous les rayons joignant A à A’ est associée une même valeur du chemin optique.
Ce fait peut paraître paradoxal sur un dessin qui « oublie » le trajet à l’intérieur de la lentille qui
permet cette égalité...
Enfin, dans le cas d’une source placée au foyer objet d’une lentille mince convergente, le faisceau
devient parallèle après la lentille : les surfaces d’onde sont donc

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2. MECANISMES D’EMISSION DE LA LUMIERE


COHERENCE

2.1. Sources lumineuses

♦ Les mécanismes d’émission de la lumière sont essentiellement microscopiques : par un apport


d’énergie extérieure, des atomes sont excités, c’est à dire acquièrent un niveau d’énergie supérieur à
leur niveau d’énergie « au repos ». Ils reviennent à ce niveau plus stable en restituant l’énergie par
émission d’une onde lumineuse.

♦ On peut distinguer des sources à spectres de raies et des sources à spectre continu :

On trouve les premières dans les lampes à décharge par exemple : une ampoule
contient une vapeur d’un corps pur (Na, Hg...) à faible pression. On soumet cette ampoule à des
décharges électriques : la lumière émise correspond à des différences entre des niveaux discrets
d’énergie caractéristiques du corps considéré. C’est une lumière polychromatique, composée de
plusieurs radiations quasi-monochromatiques. Un dispositif tel que le spectroscope à prisme permet
d’obtenir des spectres de raies lumineuses sur fond sombre.

Le soleil est un exemple de source à spectre continu, basé sur le rayonnement du corps
noir : un corps porté à une température T émet des ondes lumineuses contenant toutes les longueurs
d’onde situées dans une certaine bande dépendant de T.

Dans les deux exemples de sources évoqués, l’émission de lumière est influencée par les collisions
entre atomes et présente un caractère temporel très aléatoire : l’émission est dite spontanée.

♦ Dans les lasers (light amplification by stimulated emission of radiation), l’émission est induite
(ou stimulée), c’est à dire provoquée par une onde incidente qui produit une nouvelle émission de
lumière correspondant à une désexcitation synchronisée des atomes. Cette lumière est en outre
amplifiée dans une cavité résonante.

♦ Le caractère aléatoire et discontinu de l’émission spontanée a deux conséquences liées :

1) l’émission d’une lumière de fréquence donnée ne peut être représentée par une fonction
sinusoïdale continue mais par des trains d’onde, dont l’espacement et la durée correspondent aux
phases d’excitation et désexcitation des atomes émetteurs et sont du même ordre de grandeur τ ≈ 10-11
s pour une lampe spectrale classique. On peut tout de suite remarquer que τ est grand devant la période
(≈10-14s) des ondes lumineuses et petit devant le temps de réponse des détecteurs (lui-même faible
devant le temps d’intégration sur lequel s’effectue la moyenne de a2 qui définit l’éclairement (ou
intensité lumineuse))

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amplitude
lumineuse

2) Cette émission par trains d’onde peut être interprétée en termes de non monochromaticité.
On associe à τ un intervalle Δν autour de la fréquence ν de la lumière émise. On parle de la largeur de
raie Δν de la raie de fréquence ν. τ et Δν sont liés par une relation de la forme :

τ. Δν ≈ 1

La mécanique quantique prévoit que cette largeur naturelle de raie est reliée à une connaissance
non parfaite mais probabiliste des niveaux d’énergie.

Enfin, de nombreux effets aboutissent à un élargissement des raies spectrales. Parmi eux, citons
l’effet Doppler : la lumière est émise par des atomes en mouvement, ce qui provoque des variations
de la fréquence. Ces variations seront d’autant plus sensibles que la vitesse des atomes, donc leur
température est élevée : dans les lampes dites haute pression, les raies spectrales d’un même corps sont
plus larges que dans les lampes basse pression de température moins élevée...

Δν
Typiquement, dans une lampe spectrale le terme ν est de l’ordre de 10-7 . Pour un laser ( He-Ne
Δν
par exemple ) ν ≈ 10 - 10.

2.2. Incohérence d’une source lumineuse ponctuelle

2.2.1. Amplitudes des sources microscopiques composantes

Nous appelons en fait source ponctuelle une source dont les dimensions sont faibles à l’échelle
macroscopique, mais grandes à l’échelle microscopique : ces dimensions définissent en fait une
échelle intermédiaire appelée échelle mésoscopique :

Un filament de lampe de longueur 1mm pourra être considéré comme ponctuel. Il est pourtant
associé à un nombre immense d’atomes qui sont autant de sources microscopiques

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Comment alors associer une amplitude à la source ponctuelle? Nous admettons ici un principe de
superposition : l’amplitude de la source est la somme des amplitudes de toutes les sources
microscopiques qui la composent .
Ce principe est facilement admissible si l’on garde à l’esprit l’idée que l’amplitude représente, à un
facteur multiplicatif près, le module du champ électrique de l’onde : on applique en fait le principe de
superposition au champ électrique lui-même ( on confond ici module du champ et vecteur champ, et
donc addition des modules et addition vectorielle. Cette approximation sera discutée lors de l’étude
des ondes électromagnétiques).

Cependant pour modéliser cette somme, nous ne devons pas oublier le mécanisme d’émission par
trains d’onde. Les amplitudes composantes ont donc l’allure suivante :

t t'

Nous prenons ici le cas d’une source monochromatique: à un instant t donné, on doit donc
sommer un nombre très grand d’amplitudes de même pulsation, de même module, mais déphasées
aléatoirement, le déphasage dépendant d’ailleurs de l’instant considéré :
N
a= !
i =1
a0 exp(jωt) exp[jφi]

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2.2.2. Intensité résultante

Le terme somme un nombre immense de cosinus de nombres totalement aléatoires : la fonction


cosinus ayant une valeur moyenne nulle, on obtient évidemment 0.

Nous arrivons donc au résultat remarquable suivant : I = NI02, c’est-à-dire à une simple
superposition des intensités...

Rq. nous avons effectué une moyenne temporelle sur un temps de l’ordre de la période de l’onde
pour calculer l’intensité. N’oublions pas qu’un détecteur mesurera une énergie en effectuant, lui, une
moyenne sur un temps beaucoup plus grand, ce qui ne changera évidemment rien au résultat
précédent...

2.2.3. Cas d’une source polychromatique

Pour simplifier les calculs, nous envisageons ici la contribution à l’amplitude totale de 2 sources
microscopiques composantes d’amplitudes a1 = a01 cosω1t et a2 = a02 cosω2t en gardant des notations
réelles. L’amplitude résultante est a = a1 + a2 et l’intensité associée :

Une fois encore, le dernier terme étant nul, l’intensité résultante se réduit à la somme des intensités.
Ce résultat se généralise évidemment à un grand nombre d’amplitudes et plusieurs pulsations
différentes...
Retenons alors ce résultat fondamental :

L’intensité d’une source ponctuelle se réduit à la somme des intensités des ses sources
microscopiques : cette source est dite globalement incohérente.

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2.3. Sources ponctuelles mutuellement cohérentes ( corrélées )

2.3.1. Intensité associée à plusieurs sources ponctuelles quelconques

Considérons un ensemble de sources ponctuelles S1, S2,...SN émettant des ondes lumineuses
monochromatiques en des points O1, O2,...ON de l’espace, et un point M quelconque susceptible de
recevoir ces ondes :

Ce que nous avons dit d’une source ponctuelle est à fortiori vrai de plusieurs sources totalement
indépendantes les unes des autres : le caractère aléatoire de l’émission spontanée entraîne une
incohérence de chaque source, mais aussi une incohérence mutuelle des différentes sources.
Source SN

trains d'onde
émis
aléatoirement M
Sources indépendantes

source S1 trains d'onde reçus


trains d'onde déphasés
émis aléatoirement
source
microscopique aléatoirement
interne

source S2

L’intensité reçue en M sera purement et simplement égale à la somme des intensités reçues de
la part de chaque source : I = Σ Ij

C’est le phénomène couramment observé quand on allume plusieurs lampes dans une pièce par
exemple...

2.3.2. Cas de sources corrélées

Imaginons à présent que les N sources ne sont pas indépendantes les unes des autres, mais dérivées
d’une source primitive : pensons par exemple à un système optique qui donnerait d’une même source
S N images S1, ...SN. Ces sources sont alors en quelque sorte « jumelles ». Chacune d’elles reste
globalement incohérente, mais elles deviennent mutuellement cohérentes ( on dit encore qu’elles sont
corrélées ). En effet, il n’y a aucune relation de phase entre les trains d’onde émis par les sources
microscopiques de chaque source, mais chaque source microscopique de S1 possède N- 1 « images »
dans les autres sources.

Chaque fois que cette source émet un train d’onde, les autres émettent le même train d’onde
au même instant : tous ces trains d’onde sont donc parfaitement en phase à l’émission.

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Source SN

trains d'onde
Sources corrélées émis en phase
M

source S1 trains d'onde reçus


déphasés
trains d'onde
source
émis en phase
microscopique
interne

source S2

A la réception en M, ils sont en revanche déphasés, mais d’une valeur bien déterminée qui ne
dépend que de la position de M vis à vis des différentes sources. Ces déphasages sont en outre les
mêmes pour toutes les sources microscopiques situées « aux mêmes points Si ».

Il en résulte que dans le calcul de l’intensité interviendront des termes supplémentaires à la


somme des intensités de chaque source, termes qui ne s’annuleront plus car non aléatoires : on
dit que les sources corrélées interférent en M.

Nous n’effectuerons pas ici un calcul complet qui sera longuement développé dans le cas de 2
sources au chapitre suivant.

N’oublions pas enfin que nous avons supposé les sources monochromatiques. Un calcul précédent
nous a montré qu’il ne pouvait pas y avoir interférences entre deux sources de pulsations différentes :
l’intensité se réduit à la somme des intensités.

Par conséquent, si les sources sont polychromatiques, l’intensité totale donnée par les différentes
longueurs d’onde composantes est la somme des intensités dues à chaque longueur d’onde, chacune de
ces intensités comportant, elle, un terme d’interférences.

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2.4. Critère de cohérence


temporelle

D’après le paragraphe précédent, des sources sont soit indépendantes, soit parfaitement corrélées. Il
faut nuancer cette dernière affirmation.

2.4.1. Expérience

Rappelons que 2 sources sont mutuellement cohérentes si elles sont issues d’une même source mère
(S), ponctuelle monochromatique. Pour que l’éclairement dépende des points (M) de l’espace, il est
nécessaire que les ondes issues de ces deux sources suivent des trajets différents entre la source (S) et
le point (M).
Les dispositifs interféromètriques peuvent être classés en 2 catégories :
Les dispositifs à division du front d’onde comme les miroirs de Fresnel ou les trous
d’Young
Les dispositifs à division d’amplitude comme l’interféromètre de Michelson (ou la
lame séparatrice donne, à partir d’une onde incidente d’amplitude A0 , naissance à une onde réfléchie
(d’amplitude rA0) et à une onde transmise (d’amplitude tA0).
M
Dans ce dernier dispositif (qui fera l’objet d’un TP cours)
S
on peut obtenir une configuration « lame d’air »
équivalente à la figure ci-contre, où S1 et S2 sont les
images géométriques de S par les systèmes optiques
présents sur les deux trajets possibles dans
l’interféromètre.
Lorsqu’on augmente l’épaisseur e de la lame d’air, les
e
franges d’interférence se brouillent au delà d’une valeur
critique.
S1

S2

2.4.2. Interprétation – Longueur de cohérence

Lorsque la différence de marche S2M-S1M devient grande devant la longueur l* des trains d’onde,
deux trains se recouvrant en M ne sont pas des trains « jumeaux ».
L’écart temporel d’émission entre deux trains d’onde étant aléatoire, les trains d’onde se recouvrant
alors en M sont décalés aléatoirement.
l*=cτ est de l’ordre de quelques mm pour une lampe spectrale usuelle, quelques centaines de nm
pour une lampe blanche, quelques centimètres (voir plus) pour un laser.
Plus une source est monochromatique, plus sa longueur de cohérence temporelle est grande : on
dira aussi qu’elle est plus cohérente.
L’expérience précédente a permis de mettre en évidence le défaut de cohérence temporelle de la
source.

Toute source, même dite monochromatiques, est en fait polychromatique et comporte toutes les
longueurs d’onde comprises dans un intervalle Δλ autour d'une longueur d'onde λ0, avec un profil
donné ( Gaussien par exemple ). On doit donc sommer toutes les intensités correspondant à ces
différentes longueurs d’onde. Ces intensités sont voisines, mais légèrement différentes de celle
associée à la longueur d’onde principale λ0.

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Une fois encore nous n’effectuerons pas ici un calcul complet. Admettons simplement pour
l’instant que le calcul conduit à introduire un terme correctif dans la formule obtenue pour l’intensité
en considérant les sources comme purement monochromatiques. Ce terme correctif peut toutefois
devenir important et même supprimer le terme d’interférences si le point M est très éloigné des
sources : on retrouve l’idée précédente de sources alors décorrélées.

2.5. Incohérence spatiale des sources étendues

Nous avons supposé jusqu’à présent les sources ponctuelles. Si cette condition n’est pas respectée,
on peut décomposer des sources étendues en sources ponctuelles, mais celles-ci ne sont plus corrélées
entre elles : on obtient en fait plusieurs systèmes indépendants de sources corrélées :

S1, S2...SN S’1, S’2...S’N S’’1, S’’2...S’’N etc...

Il y a encore perte de cohérence du système, mais cette fois ci d’un point de vue spatial. En effet,
nous devrons ajouter les intensités dues à chaque système de sources. Ces intensités seront à priori
différentes car les chemins SiM, S’iM, S’’iM... sont eux-mêmes différents. Si les sources sont peu
étendues, les différentes intensités restent voisines, et là encore, le calcul introduira un terme correctif
par rapport à un système de sources ponctuelles.

Cependant, comme dans le cas de la cohérence temporelle, mais beaucoup plus rapidement, le
calcul entraînera la suppression du terme d’interférences : c’est un facteur limitatif très contraignant
car l’utilisation de sources très peu étendues limite la luminosité des phénomènes observés;

Source !N

Sources corrélées
étendues
M

source !1

sources
ponctuelles
composantes

source !2

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Toutefois, dans quelques cas, la géométrie des systèmes envisagés permettra d’étendre les sources
sans perdre la « lisibilité » des phénomènes (comme nous le verrons dans le cas des fentes d’Young
éclairées par une fente source qui lui est parallèle) . Dans d’autres cas enfin, l’emploi de sources
étendues limitera l’observation des phénomènes à des régions bien précises de l’espace : on dira alors
que les phénomènes d’interférences sont localisés (comme nous le verrons dans le cas de
l’interféromètre de Michelson).

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