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La ‘Pax Democratica’ ou la déconstruction performative de la théorie

libérale

Introduction

La construction de la paix est intrinsèque au destin de l’humanité. Les États se


battent pour le destin de l’humanité. La promotion de la démocratie par la force
est l’écho à un ordre qui nous est plus favorable, nous semble juste et correct. Les
valeurs et idées démocratiques justifient les interventions. Il s’agit toujours de
défendre une façon de faire vers les droits de l’homme et le respect pour
l’humanité. Néanmoins, le schéma sécurité international entour la diffusion de
valeurs qui sont favorables à l’Occident. Évoquer les problèmes de la société
internationale par un discours moraliste visant à désigner les bons et les
méchants est possible mais jusqu’à quand ?
Le malaise s’accroît lorsque l’on constate à quel point l’Occident, lieu essentiel du
débat théorique, trouve de bonnes raisons pour élaborer des doctrines
interventionnistes fondées sur de grands principes ou de bons sentiments.
D’abord l’Eglise et la guerre juste, puis la défense de la démocratie et des droits
de l’homme ; on continu à s’attribuer la meilleure part, celle de la justice dans les
relations internationales.
L’argument libéral autour de la pluralité d’acteurs réduit le pouvoir de l’État mais
pas son effacement. En d’autres termes, c’est le fruit d’un choix clair des États en
faveur d’un pluralisme aussi bien interne qu’externe, comme convenu dans une
société libérale. Le nouvel ordre post guerre froide favorisait l’intégration du
monde et privilégiait la coopération pour régler les différends. Les institutions
internationales étaient la clef d’un nouveau monde de la sécurité. La pluralité
d’acteurs à l’interne comme à l’externe obligeait les états à se mettre en arrière
plan dans la scène internationale. Mais, comment intégrer et interpréter
l’unilatéralisme américain et la puissance hégémonique de l’Occident dans cette
perspective institutionnelle libérale d’une paix démocratique ? Si les états jouent
à l’arrière plan avec le multilatéralisme (ou toile d’araignée), quels sont les
rapports des échanges ? Et les institutions internationales sont-elles impartiales et
au centre de la toile? Les blocs inter démocratiques et les « additional political
players » internes et externes sont-ils vraiment des ‘firewalls’ supranationaux à la
guerre?, agissent-ils au-delà ou en pair avec les États Nations? Ce sont des
questions auxquelles on ne va pas vraiment répondre de facto, mais qui peuvent
animer la discussion de l’approche libérale faite dans ce papier et, grosso modo, à
la conception théorique libérale des relations internationales. Adoptant
l’expression « trouble ontologique » (BUTLER : 2004) on va essayer dans ce
document de définir le point de confluence entre l’objectivité et le pouvoir, c'est-
à-dire, comment la théorie libérale pense, analyse et juge le pouvoir. Le pouvoir
autant que constitutif de sujets autonomes (états et autres) et la
conceptualisation des relations externes entre ces entités préconstituées. La
norme, le discours, la responsabilité et l’éthique comme constitutifs de la justice
des négociations internationales entre acteurs qui parfois ne se reconnaissent
pas, ni partagent les mêmes référents symboliques/culturels. Redéfinition
stratégique d’une assimilation aveugle aux différences ? Qu’est-ce que la pax
‘democratica’ ?

Problématique

La question de fond, comme d’autres questions viennent d’être posées dans les
derniers paragraphes. Mais quel est le problème ? Qu’est-ce qui empêche de
théoriser systématiquement dans le domaine des relations internationales ? À
mon avis, d’une part la complexité de l’internationale par soi, d’autre part le
manque de cohérence empirique. Mais on peut plus aller loin « … Alexander
Wendt, à la suite du structuralisme de Michel Foucault, recherchèrent dans toutes
les théories des points de convergence épistémologique. Wendt, qui se présente
lui-même comme un « constructiviste » ou théoricien du second rang, s’attache à
démontrer l’identité de vue des pensées néolibérales et néo-réalistes, lesquelles
reposent toutes deux sur un « atomisme ontologique et un positivisme
épistémologique » : en bref, il reproche aux deux théories de réifier des instances,
que ce soient l’agent, l’Etat, le système mondial; sa critique porte sur l’absence
d’étude des processus qui permettent aux structures d’exister et de se construire
mutuellement par un système d’interactions et de feedback. Ces deux théories
contestées conduiraient en effet à négliger une véritable ontologie qui « cesserait
de considérer action et structure comme deux forces d’un antagonisme dualiste
». Cette analyse vient à point nommé pour replacer les théories à leur juste
endroit, c’est-à-dire à un moment de la pensée occidentale dicté de façon étroite
par sa tradition culturelle. » (MARTRES : 2003).
Le libéralisme cherche ou espère construire la paix par l’intégration,
l’interdépendance et les symétries économiques supranationales. Néanmoins,
l’objectivité démontre la poursuite d’intérêts, de dominations, d’influence et
contrôle. C’est la politique de la puissance, de l’unipolarisme américain dans la
mondialisation économique des relations internationales. Qui empêche ou qui
peut empêcher les États-Unis d’intervenir ? C’est à cause de cet unilatéralisme
observable suite au 11 septembre que la performance du mot ‘libéral’ est remise
en question. La question de l’éthique des interventions, les stratégies de
construction de la paix semblent aller dans les sens des engagements des
grandes puissances. Les organisations internationales, au moins celles qui
directement ou indirectement ont une dépendance explicite des États
interagissent en profitant du jeu stratégique de défense d’intérêts spécifiques des
états en détriment des intérêts communs de l’humanité.
Dans cette logique, l’hypothèse de la guerre n’est pas mise de côté par les
simples raisons de l’absence de reconnaissance de l’autre et l’humiliation soumise
par les contraintes de l’assimilation d’autrui. Donc, la paix démocratique est un
constituant de l’hypothèse de la guerre ; de la même façon que, dans la suite
logique, plus un pays est engagé dans le multilatéralisme et partenariat
international, plus forte est la possibilité de s’engager dans des conflits tiers. Du
même que, plus il est engagé institutionnellement, moindres sont les possibilités
de conflit direct avec un adversaire. Évidemment, dans ce papier, il nous semble
peu approprié par difficultés empiriques de mettre en évidence la validité ou
réfutabilité de cette double hypothèse. Néanmoins on va dans le corps du travail
exploiter les variables proposées par GOENNER qui s’appui sur les contraintes
économiques pour expliquer les rapports de conflits entre pays.

Cadre théorique

L’approche libérale s’appuie sur l’institutionnalisation des rapports politiques et


économiques afin de favoriser la paix, la coopération et la stabilité entre les
nations. (J.J.Roche : texte dokeos). Dans les rapports politiques, c’est la
démocratisation institutionnelle des nations qui surmonte contre d’autres
systèmes et régimes politiques. Au niveau économique, se sont les rapports
commerciaux appuyés sur des régulations internationales qui l’emportent sur
l’anarchie étatique. L’harmonisation de normes, la notion de partage, le
compromis et interdépendance favorisent la durée de la paix, la justice et la
sécurité internationale. On peut remonter à Kant ‘la paix perpétuelle’, ou à ‘la
théorie de la justice’ de Rawls ; mais c’est Nye (selon Roche) qui pose le doigt sur
la question du pouvoir. Nye avec la notion de « soft power » a la capacité de
surélever la capacité d’attraction et de persuasion de la puissance plutôt que la
menace ou la coercition. Les moyens de pressions traditionnelles sont plus
couteux et plus inefficaces face au dialogue, à l’information et au savoir. Donc, la
multiplicité d’acteurs et les réseaux d’informations variés et diversifiés favorisent
la maintenance de la paix stable et durable. Mais le partage d’un système
communicationnel commun, partage de normes et valeurs et la propagation d’une
culture démocratique communément acceptée sont des conditions sine qua non
pour la stabilité sécuritaire.
La conception de justice[1] est aussi un pilier de la sécurité et les libéraux
s’appuient sur une définition à géométries variables. Selon eux, les états se
battent pour le destin de l’humanité donc jamais sur le prétexte de l’intérêt. Ceci
étant, on observe que dans la modernité que les états agissent au nom de la
démocratie par la force. Le discours est de promouvoir un ordre juste et correct.
Les valeurs démocratiques justifient les interventions, toujours au nom de la
défense des droits de l’homme et du respect pour l’humanité. Mais, la justice se
présente à géométrie variable comme la performance libérale est incomplète.
« Une expression est performative lorsqu’elle ne se borne pas à décrire un fait,
mais qu’elle ‘fait’ elle-même quelque chose. » (AUSTIN : 1970). Cela se passe
aussi avec la norme. L’objectif de diffuser et renforcer la norme tombe aussi dans
le trouble ontologique libéral. La norme et l’universel sont restreints et limités.
Les théories libérales normatives envisagent l’universalisme de la norme mais,
cet universalisme se présente comme une proposition trop ambitieuse. Le
principe libéral de non-humiliation formulé et fondé sur la norme universelle
d’égalité de sujets (états et autres) est faible et faillible. Réduire l’anarchie avec la
législation transnationale accepté par tous les acteurs me semble un idéal qui
bloque le jeu sécuritaire, surtout parce que cette acceptation est bien assimilée
par uns mais aussi imposée à d’autres.

1. Les états (and the additional political players)

La multiplicité et diversification d’acteurs remet l’état en arrière plan. Les acteurs


multiples coexistent à l’intérieur du propre état. Les parlements nationaux, les
groupes de pression, les médias et l’opinion publique sont des acteurs politiques
qui empêchent les états à agir de libre volonté. À l’interne, le jeu sécuritaire
international prend de nouvelles constellations et de nouveaux rapports. Même si
la tendance actuelle est de considérer comme enjeu sécuritaire, la violence infra-
étatique dans les états démocratiques est en voie de démocratisation, la sécurité
internationale et les interventions en situation de conflits sont de plus en plus un
enjeu du public. Les effets du cadrage discursif, l’amorçage des enjeux par les
politiciens et le rôle des médias sur l’opinion publique sont autant de moyens de
participation botton-up que modifient les rapports d’interventions dans les enjeux
internationaux et la participation en régions de conflits. Les alliances et
partenariats sont aussi objet de discussion législative et de régulation interne
donc objet de participation publique, parfois référendaires.
Dans le schéma qui suit, on essaie de simplifier les rapports de pouvoir à l’interne
proposés par mon approche.
Fig.1 – Fiction pré-politique
Pouvoir souverain de l’État :

Sphère politique

Sujets collectifs/individuels souverains et semi-autonomes :

1.2. Les institutions inter démocratiques et internationales

La communauté internationale s’est fait doter d’une pluralité d’institutions


proches ou lointaines des états souverains qui fonctionnent comme ‘firewalls’ à
l’émergence de conflits. On fait la distinction entre institutions inter
démocratiques, connues plutôt comme blocs régionaux et institutions
internationales. Dans les premières, on observe l’émergence de plusieurs blocs
régionaux un peu partout dans la planète. Ils sont le prévaloir de l’économie sur la
sphère des relations internationales. Ces blocs empêchent les conflits et créent
des alliances régionales auxquelles leurs membres ce soumettent. Les états
membres adoptent à l’interne les modifications et adaptations juridiques pour en
faire partis. Si le début de ces institutions inter démocratiques est surtout
économique, le besoin sécuritaire vient aussi le renforcer. Au niveau mondial, on
trouve plusieurs, plus ou moins démocratiques, avec de rapports plus ou moins
égalitaires mais qui font changer la géopolitique de la sécurité et surtout évitent
la guerre. L’exemple le plus performant est l’Union Européenne, mais aussi la
NAFTA, la CEI, la Mercosur, l’ASEAN, Commonwealth, à par d’autres qui sont les
plus évidentes dans le plan international. Plusieurs libéraux défendent leur
existence par le besoin commercial et d’échanges mais, à mon avis, derrière
l’enjeu économique il y a le jeu sécuritaire. Plutôt que la paix, c’est la sécurité que
ces réseaux apportent à leurs membres qui sont le centre de la décision à
participer. On pouvait au sein de ces institutions trouver de rapports de forces
inégalitaires, de soumission ou d’humiliation comme par exemple dans la NAFTA.
Les institutions internationales sont œuvre de la machine occidentale de
domination. Quand on parle de ces organisations, le souvenir de la 2 guerre et le
ème

bipolarisme forment le substrat de leur genèse. Dans l’actualité, heureusement,


ces institutions ne jouent plus le rôle des frictions entre les blocs politiques
socialiste et capitaliste. Néanmoins, leur structure prend du temps au
changement et malgré la fin de la guerre froide, le resurgissement de nouvelles
puissances et d’autres acteurs déterminants dans la sphère internationale ; les
machines ont de la difficulté à s’adapter. On l’observe dans les institutions
onusiennes leur attachement aux puissances occidentales et au service de leurs
intérêts ; on l’observe dans l’OTAN et la tentative de rapprochement de nouveaux
pays ressortissants du bloc soviétique. Leur logique continue d’être très proche de
la façon de faire classique. Malgré tout, d’autres acteurs apparaissent dans la
dispute de l’ordre internationale. Se sont ces acteurs qui forment ce qu’on pouvait
appeler d’opinion publique mondiale. Non seulement grâce aux nouvelles
technologies de communication et à l’accès à toute sorte d’information mais aussi
à la sensibilisation altermondialiste aux questions sécuritaires. Tout d’abord, les
mouvements sociaux et ONG’s qui agissent en vertu de valeurs d’égalité et
d’assistance aux plus nécessiteux. Ils forment des groupes d’alerte aux
gouvernants qui parfois ne veulent pas donner l’attention aux relations
asymétriques, qui maintiennent avec certains états de régimes politiques
douteux. La question des droits de l’homme est souvent mis en avant face aux
intérêts de tout autre ordre, donc ces mouvement alertent aussi les opinions
publiques à l’intérieur des états et dénoncent les actions du propre état, quand
celui a des rapports bilatéraux avec des états criminels. La communauté
épistémologique internationale est de plus en plus au service du bien commun et
les sujets de débat et réflexion sont de plus en plus la jurisprudence et la justice
entre les êtres humains, non plus seulement entre les états. Puis, les groupes de
pression souvent d’ordre économique qui jouent un rôle d’influence dans les
affaires des états. Les accords économiques, le libre échange, la
commercialisation et la marchandisation qui nourrissent les grands groupes
multinationaux et qui veulent empêcher le recours à la violence et au conflit
parce qu’un tel scénario serait mauvais pour leurs intérêts. Toute cette panoplie
d’acteurs fait repenser la théorie de la sécurité. Non seulement par leur pluralité,
mais aussi par leur diversité.

2. L’Hégémonie innéradicable de l’Occident et


l’Unilateralisme

L’environnement conflictuel est bien un scénario connu des puissances


occidentales européennes. Son héritage historique lui a appris à penser la guerre
aussi bien qu’à la faire. Le « paradigme occidental de la guerre » (DAVID : 2003),
malgré les changements, continu à jouer en faveur des puissances occidentales et
à renforcer avec le cadre de référence juridique propre du multilatéralisme.
Toutes les stratégies de négociations actuelles vont de paires avec le savoir faire
occidental qui, depuis deux siècles, régit l’ordre global. Sans partager l’idée de fin
du paradigme proposé par David, je pense que l’effondrement de certains états,
les conflits périphériques et les nouveaux réseaux politico-religieuses-criminels ne
vont pas échapper au contrôle de l’ordre proposé par l’occident. Non parce que
l’Europe puisse être le justicière de la planète, mais parce que ce rôle est laissé à
un allié, les États-Unis, même si on passe du sujet souverain au sujet constitué et
situé, le panoptique institutionnel-politique-militaire-sécuritaire ne laisse pas
échapper le détracteur. La puissance est toujours le détenteur de
l’instrumentalisation de la force, soit avec, soit sans consentement ; soit dans un
scénario de conflit asymétrique, soit dans le choix entre l’usage du dialogue ou
l’usage des armes. Les États-Unis produisent les normes intellectuelles et
idéologiques autour desquelles les débats actuels s’organisent. (DAVID : 2003) Le
choix n’est pas assez diversifié pour les autres ‘partenaires’ internationaux. Soit
ils participent, soit ils sont ‘outsiders’ de cette hégémonie.
Le schéma suivant reproduit la perception théorique postmoderne des théories
des relations internationales où, encore une fois, le trouble libéral est présent
dans la manifestation de l’hégémon.

Fig. 2 – Pas de fiction pré-politique


Pouvoir hégémonique

Sphère du dicible et du politique

Sujets ‘constitués’ par des matrices de pouvoir

Dans le contexte donné et l’histoire qui le soutien, on ne peut pas penser à


l’international sans un cadre de réflexion. Dans la fig. 2, toutes les directions de
ceux qui sont à l’intérieur convergent soit pour le politique, soit pour le pouvoir ; a
contrario, l’outsider n’a pas de directions précises, non seulement parce qu’elles
peuvent être obscures et inidentifiables, soit parce qu’il ne sait pas quelle
direction prendre. Mais, en tout cas, c’est aussi une force constituante du
panorama international et détenteur de pouvoir. “ … we should conceptualize
power not as an external relation taking place between two preconstituted
identities but rather as constituting the identities themselves. This point of
confluence between objectivity and power is what we called ‘hegemony’”
(MOUFFE: 1996). Un exemple, à mon avis, se sont les relations entre l’occident et
l’Iran ou les relations entre l’occident et l’Iraq avant la guerre. Du point de vue du
pouvoir de blesser ou de l’histoire, se serait une formulation d’un standard
normatif, c'est-à-dire, la réitération humiliante.

2.1. Les ‘éthiques’ des interventions


« The most important direct consideration for the liberals was that
nonintervention reflected and protected human dignity (or rights, through Mill
disliked the word). Nonintervention could enable citizens to determine their own
way of life without outside interference. If democratic rights and liberal freedoms
were to mean something, they had to be worked out among those who shared
them and were making them through their own participation. Kant’s ‘Perpetual
Peace’ (1795) had earlier made a strong case for respecting the right of non-
intervention because it afforded a polity the necessary territorial space and
political independence in which free and equal citizens could work out what their
own way of life would be. For Mill, intervention undermined the authenticity of
domestic struggles for liberty. A free government achieved by means of
intervention would not be authentic or self-determining but determined by others
and not one that local citizens had themselves defined through their own actions.
(Good governance was more like poetry than pushpin.) (...) John Stuart Mill
provided a second powerful, direct argument for non-intervention, one focusing
on likely consequences, when he explained in his famous 1859 essay, ‘A Few
Words on Non-Intervention’, that it would be a great mistake to export freedom to
a foreign people that was not in a position to win it on its own. A people given
freedom by a foreign intervention would not, he argued, be able to hold on to it.
It’s only by winning and holding on to freedom through local effort that one
acquired a true sense of its value. » (DOYLE: 2006, p. 32). Parmi les libéraux, les
opinions sont contrastantes. D’un côté les non-interventionnistes, de l’autre, les
libéraux cosmopolites qui défendent le droit à la liberté de tous n’importe où. Je
pense que le nouvel ordre mondial résultant de la globalisation et de la fin de la
guerre froide apporte un contexte complètement nouveau auquel il faut faire
attention pour ne pas commettre les erreurs du passé. Dans le chemin de Chung,
on partage l’idée qu’une nouvelle approche cosmopolitique assise sur certaines
caractéristiques empiriques de l’ordre internationale, qui vont au-delà de
l’interdépendance économique et politique jusqu’à présent inégalitaire, offre de
conditions plus favorables au développement d’une coopération internationale
imbriqué, d’intérêts mutuels et de partage.
L’idée est celle d’une gouvernance mondiale sans gouvernement, autorégulatrice,
où les états ne sont pas nécessairement impliqués, mais certainement soumis. Il
s’agirait de procédures démocratiques internationales que ne font pas recours à
la guerre pour résoudre les conflits. Néanmoins, la contrainte démocratique est
présente. Mais cette contrainte ne concerne pas les états. Ceux-ci peuvent être
gouvernés par d’autres sorts de régimes non démocratiques. La vraie contrainte
dans ces cas serait la communication et la capacité de transmettre un message
compréhensible au récepteur qui ne partage pas les mêmes codes de
signification. Cette acception peut-être considérée allant au-delà du paradigme de
la paix démocratique, une fois que celle-ci repose simplement sur les prémisses
pacificatrices du commerce international et l’influence dynamique que les
constitutions démocratiques peuvent avoir dans les relations externes des états.
La constance empirique de la ‘loi de Doyle’, selon laquelle, si les états libéraux
font la guerre contre les états non libéraux, ne se font en revanche pas la guerre
entre eux. Notre propos est de considérer que l’environnement cosmopolite inhibe
la guerre entre les états peu importe le régime. La rhétorique libérale assume le
déterminant démocratique à l’interne ; par contre, on propose le déterminant
démocratique international. La différence s’appuie surtout dans l’action plutôt que
dans le contenu. C’est-à-dire, on postule contre l’idée fondée de l’unilateralisme
et la persécution de l’hérétique en vue de le convertir ou de prendre les
institutions internationales comme otages des valeurs et règles qui penchent
seulement pour un côté de la balance. La paix démocratique se présente avec
deux poids et deux mesures.

Conclusion

Dans ce papier, j’ai essayé d’esquisser une proposition post libérale sans
abandonner les postulats libéraux. L’idée du départ était de faire une
déconstruction du paradigme libéral et voir à quel point les idéalistes kantiens
avaient détourné et complexifier le propos d’une paix perpétuelle. La paix
démocratique, une des assomptions, plus valables des relations internationales
s’est révélé dans le plan normative ainsi que dans l’empirique la théorie plus
convenable pour la propagation des valeurs, normes et règles occidentales.
Penser à la sécurité internationale sans mêler les violences infra-étatiques
implique un effort substantiel. Mais comme l’objet du papier était simplement la
performativité libérale, on a abandonné à priori la question de la violence interne
et donnée une attention seulement à la situation de conflit international. Éviter la
guerre et garantir la sécurité étaient les propos théoriques de ce papier.
Néanmoins, on ne peut pas penser à la sécurité sans théoriser sur l’état, celui-ci
est toujours la victime et le criminel dans les relations internationales, même si
les rapports changent vers autres acteurs singuliers. On a donné l’attention
mérité aux rôles des états et leurs apports aux relations internationales. Mais,
c’était plutôt l’importance de la multiplicité et diversification d’acteurs qui nous
intéressaient de mettre en évidence, aussi bien que les rapports de conformité
entre les idées de justice et de norme. Pour ce qui concerne la sécurité, une
approche cosmopolite nous semble plus valable que l’approche de la paix
démocratique parce que celle-ci soutien les intérêts classiques des puissances
occidentales et les rapports de forces dans le monde unipolaire sont totalement
asymétriques. Nous avons aussi essayé de déconstruire certaines logiques
empiriques de la théorie libérale comme l’universalisme et l’assimilation. Peut-
être les propos du papier n’ont pas été remplis, peut-être qu’au départ j’ai été
trop ambitieux, mais qu’elle que soit la dérive, je pense qu’en matière de sécurité
internationale il faut continuer à chercher dans le normatif et dans l’empirique en
regardant toujours sur un passé, pas très récent, sans l’effacer mais si possible lui
mettre un trait.

Bibliographie:

AUSTIN, J. L., Quand dire c’est faire, Éditions du Seuil, Paris, 1970 ;

BUTLER, Judith, Le pouvoir des mots, politique du normatif, Paris : Editions


d’Amesterdam, 2004 ;

CHUNG, R., « Un Cadre Conceptuel pour l’Emploi de la Force – Du Paradigme


Cosmopolitique en Ethique des Relations Internationales », Montréal, 2002 ;
DAVID, D., « Penser la Sécurité dans un Monde Fluide », IFRI, Paris, 2003 ;

DOYLE, Michael W., “The Ethics of multilateral intervention”, Theoria, April 2006;

GOENNER, Cullen F., « Uncertainty of the liberal peace », Department of


Economics, University of North Dakota;

HASENCLEVER, A. et Weiffen, B., « International institutions are the key: a new


perspective on the democratic peace », RIS, 2006, 32, pp. 563-585;

MARTRES, J-L., « De la Nécessité d’une Théorie des Relations Internationales –


L’Illusion Paradigmatique », CAPCGRI, Bordeaux, 2003 ;

MOUFFE, C., « Democracy, Power and the « Political » » in Benhabib, Seyla (ed.),
Contesting the Boundaries of the political, Princeton University Press, pp. 245-
255, 1996;

ROCHE, J-J., « Théories de la Sécurité – nouvelles approches : une redéfinition de


la sécurité », texte mis à disposition des étudiants sur dokeos ;

ROCHE, J-J., Théorie des Relations Internationales, Montchrestien, Paris, 2001 ;

ROCHE, J-J., Relations Internationales, LGDJ, Paris, 1999.


1

[1] J.J. Roche (cours de séminaire de 09 mai 2008) affirme que la distinction entre justice et paix
est artificielle, une ne peut pas exister sans l’autre. Je pense que on peut réussir à une paix sans
justice, dont injuste, même si momentanément ; mais qu’on ne peut pas avoir une justice dans un
état de guerre. Cette discussion pourrait se développer du point de vue normatif mais ça n’est pas
l’objet du papier.

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