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Le service public

I. La notion de service public.

TC 8 février 1873 Blanco : l’intérêt général mis en avant montre l’originalité de l’activité du
service public qui est soumis à un droit propre. La responsabilité du fait du SP ne peut pas être
régie par le Code civil : l’activité de Sp est soumis à des règles Spéciales.
> Création du droit administratif avec des règles propres.

A. Une activité d’intérêt général


1) La Spécificité du but des activités

CE 10 juin 1994 Lacan : la gestion par une commune d’un hôtel restaurant lorsque les
circonstances locales s’y prêtent a la qualité de Sp. Voir Ville de Paris.

TC 27 février 1995 Anglaret : un lycée agricole, (personne publique) possédant des chevaux
et voulant rentabiliser le coût de ces chevaux, ouvre un centre hippique. Ce centre n’est pas
considéré comme une activité publique en l’absence d’intérêt général.

CE 12 mars 1999 Ville de Paris contre société Stella Maillot - Orée du Bois : la
qualification de SP est réservée aux activités soucieuses de l’intérêt général. Ainsi, un
restaurant dans le bois de Boulogne n’a pas un attrait touristique suffisant – rayonnement de la
ville – pour être un SP. Voir Lacan.
> Mission d’un Sp : satisfaction prioritaire de l’intérêt général.

CE 27 octobre 1999 Rolin : lorsque l’intérêt général d’une activité ne ressort pas clairement
des textes, le juge (sans se substituer au législateur) est conduit à faire valoir sa propre
conception. Ce travail de qualification permet de situer l’activité. Il en déduit alors que la
Française des Jeux ne poursuit pas un intérêt général donc ce n’est pas un Sp.

2) La diversité des activités de SP

CE 7 avril 1916 Astruc (commentaire Hauriou) : un théâtre n’est pas un Sp mais au regard
des circonstances de l’espèce (petite commune), peut en devenir un.
> Diversité des activités des Sp : variabilité dans le temps et l’espace.

B. Une activité maîtrisée par une personne publique


1) La nécessité d’une personne publique

CE 20 décembre 1935 Société Etablissement Vézia : textes législatifs et réglementaires


peuvent confier une mission de Sp à des personnes privées. Une personne publique a confié
unilatéralement une mission de Sp à une personne privée.

CE Ass 13 mai 1938 Caisse primaire « aide et protection » : une personne publique confie
unilatéralement une mission de Sp à une personne privée.

CE Ass 31 juillet 1942 Monpeurt : un organisme privé chargé de participer à l’exécution


d’un service public peut avoir le pouvoir d’édicter des actes administratifs (individuels ou
réglementaires). Voir Bouguen.
CE Ass 2 avril 1943 Bouguen : pouvoir reconnu aux organes dirigeants des Ordres
professionnels de concourir au fonctionnement du service public : en l’espèce le Conseil
supérieur de l’ordre des médecins. Voir Monpeurt.

2) Le rattachement de la personne privée à la personne publique.

CE 20 juillet 1990 Ville de Melun : différents indices constituent le faisceau d’indices et


permettent au juge de qualifier ou non de Sp l’activité de la personne privée. Ainsi, une
association dont les comptes ont par leur nature et par leur objet le caractère de documents
administratifs et qui est subventionnée par une commune ne doit pas communiquer les dits
comptes aux tiers. La personne privée est donc rattachée à la personne publique.

CE 25 mars 1998 Commune d’Hyères : le juge considère qu’il faut négliger la personne
privée qui est tellement dépendante de la personne publique que c’est comme si elle était
gérée directement par la personne publique : la personne privée négligée est considérée
comme « transparente. »

CE 15 avril 1996 Préfet des Bouches du Rhône : définition des délégations de SP, reprise
par le législateur dans la loi 11 décembre 2001, dite URSEF : « une DSP est un contrat par
lequel une personne morale de droit public confie la gestion d’un Sp dont elle a la
responsabilité à un délégataire public ou privé dont la rémunération est substantiellement liée
au résultat de l’exploitation du service. » Complément par Smitom.

CE 30 juin 1999 SMITOM Centre ouest seine et marnais : une rémunération assise à
hauteur de 30 % sur les recettes de l'exploitation du service permet d'établir, dans le cas
particulier soumis à l'appréciation du JA, que l'exploitant est substantiellement rémunéré par
les résultats de l'exploitation ; il s'agit d'une convention de délégation de service public.

C. L’indifférence du régime exorbitant.

CE 16 novembre 1988 Mlle Denjean : les centres privés assurant la formation au certificat
de directeur d’établissement privé agréé par le ministre de la santé exerce une activité
d’intérêt général. Cependant, ils n’ont pas de prérogatives de puissance publique. Par
conséquent, ce type de centre n’est pas investi d’une mission de service public.
> Présence de prérogatives de puissance publique sont nécessaires : l’intérêt général n’est pas
assez suffisant.

TC 25 mars 1996 Préfet de la Gironde : le juge a consacré l’existence d’un Sp même en


l’absence de prérogative de puissance publique.

II. La distinction Spa/Spic.

CE 31 juillet 1912 Société des granits Porphyroïdes des Vosges : un contrat de fourniture
de pavés pour l’entretien de voies communales est un contrat de gestion de Sp cependant, ce
contrat ne diffère pas d’un achat par un propriétaire terrien donc ce contrat est rattaché au
droit privé.
> Acceptation ponctuel du droit privé dans les Sp.

TC 22 janvier 1921 Société commerciale de l’Ouest africain ou Bac d’Eloka (conclusions


de Matter) : il existe des services publics qui sont intégralement soumis au droit privé. Les
services publics sont donc ambivalents. Le service public qualifié d’administratif est soumis
au droit administratif et le service public industriel et commercial est soumis au droit privé
avec certaines nuances.
> Consécration des Spic qui sont globalement soumis au droit privé. Distinction entre Spa et
Spic.

A. Le rejet des SP sociaux

TC 12 janvier 1955 Naliato : consécration d’une troisième catégorie de Sp : les services


publics sociaux dont le champ est étroit puisque relatif aux centres de vacances et de loisirs.
Le TC dit alors qu’ils sont soumis au droit privé SI rien ne les distinguent des initiatives
privées ayant le même objet. Evolution avec Gambini.

Jp vidée de sa substance par CE et Cass donc :


TC 4 juillet 1983 Gambini contre Ville de Puteaux : reconnaît l’échec du Sp social et
revient à la distinction binaire.

B. Le mécanisme de la distinction SPA/SPIC

CE Ass 16 novembre 1956 Union syndicale des industries aéronautique, arrêt dit USIA
(conclusion de Laurent) : la systématisation attendue depuis la jp Bac d’Eloka se produit
enfin. Cet arrêt donne les 3 critères cumulatifs du Spic (Spa se définit négativement) : le Spic
doit ressemblé à l’activité d’une personne privée par l’objet du service, le financement ou
l’origine des ressources et les modalités d’organisation et de fonctionnement.

C. Les conséquences de la distinction


1) Le droit applicable

CE 4 juillet 1986 Berger : le Centre français du commerce extérieur « reste de façon


prépondérante un établissement administratif exerçant une activité essentiellement
administrative. » Ainsi, accessoirement ses activités peuvent être commerciales ou
industrielles, et donc relever du droit privé, et donc de la compétence de la juridiction
judiciaire. Le juge compétent diffère donc avec l’activité en cause.

TC 19 février 1990 Thomas : le service de distribution d'eau est un Spic donc la compétence
est judiciaire.

CE Avis 27 octobre 2000 Torrent : les dommages causés par un établissement public sont
considérés comme étant causés par un Spa et par conséquent ils relèvent de la compétence du
JA.

2) Une qualification encadrée

CE Sect. 25 avril 1954 Dame veuve Barbaza : les dommages de travaux publics relèvent du
JA lorsqu’il s’agit d’une relation entre un tiers et le Spic.

TC 25 juin 1954 Dame Galland : lorsqu’un Spic est géré par une personne privée ou
publique, le droit privé est applicable dans la relation avec un usager même lorsqu’il s’agit
d’un dommage de travaux publics.
TC 23 février 1981 Crouzel : L’activité qui consiste à défendre l’industrie française à
l’étranger (souvent fait par le service public) et consiste à assurer la sécurité publique (même
si les entreprises privées offre ce service) est une activité qui pourrait être celle du secteur
privé. Donc ce Sp n’est pas un Spic comme l’avait considéré l’administration mais un Spa.

TC 24 décembre 1994 Préfet de Mayotte : la tarification établie, dans un souci social, à un


niveau inférieur à ce qu’il serait pour engendrer des bénéfices, interdit que le service soit
qualifié de Spic.

TC 15 mars 1999 Mme Pristupa : l’objet de l’activité est l’exploitation d’un ouvrage public
(aéroport, autoroute…) ce qui ne peut pas être le fait d’une personne privée donc ce Sp n’est
pas un Spic.

D. Le régime des Sp
1) L’exercice du pouvoir de création d’un Sp

CC 25 et 26 juin 1986 : consécration du principe de pouvoir de création d’un Sp : « la


détermination des activités qui doivent être érigées en SP national est laissé à l’appréciation
du pouvoir réglementaire ou du législateur selon les cas. »

CE Sect. 29 janvier 1932 Société des autobus antibois : des personnes publiques peuvent
créer des SP sans s’en rendre compte en délivrant des autorisations soumises à des conditions
pour l’utilisation du domaine public. Certaines collectivités locales autorisent ainsi des
entreprises à faire circuler des bus si elles respectent la continuité du service, des tarifs peu
élevés, si toute la commune est desservie. De cette façon, la personne publique prend la
maîtrise de l’entreprise privée et dirige son activité vers l’intérêt général.
> Théorie du service public virtuel.

CE 9 mars 1951 Ville de Villefranche sur Saône : confirmation de la liberté de création,


mais une personne publique ne peut pas renoncer par avance à créer un Sp.

CE Sect. 27 janvier 1961 Sieur Vannier : la personne publique peut décider librement de
supprimer un Sp existant

2) Les limites du principe

CE 29 mars 1901 Casanova : au nom de la protection de l’initiative privée, le JA affirme que


la création de Sp locaux doit être motivée par des circonstances exceptionnelles.
> Rare donc le JA était réceptif à la liberté d’entreprendre consacrée par le CC 16 janvier
1982 pour s’opposer à la création d’un Sp. Mais évolution avec Ch syndic du comce de
Nevers.

CE sect. 30 mai 1930 Chambre syndicale du commerce en détail de Nevers : en règle


générale, les entreprises à caractère commercial reste dans le domaine de l’initiative privée.
Cependant, ce principe est atténué : cet arrêt admet la création de Sp (notamment de Spic) par
les collectivités locales en raisons de circonstances particulières de temps et de lieu. Mais
application souple de cette limitation.

CE Sect. 18 décembre 1959 Delansorme : les collectivités locales peuvent créer un Sp


complémentaire à un Sp préexistant.
Ex : un parc de stationnement dans lequel on met une station service

CE 29 Avril 1970 Société Unipain : les collectivités locales peuvent créer un Sp pour qu’il
satisfasse par ses propres moyens à ses propres besoins.
Ex : une boulangerie a été créée dans une caserne pour fournir du pain à un établissement
pénitentiaire alors que les boulangers hors de la caserne pouvaient le faire.

CE Sect. 23 juin 1972 Société La plage de la forêt : les collectivités locales peuvent créer
des Sp en cas de défaillance qualitative de l’initiative privée.
Ex : l’activité de l’initiative privée en ce domaine est mauvaise, trop chère, répond mal aux
besoins de la population.

E. Les lois des Sp ou lois de Rolland


1) Le principe d’égalité

Tous les usagers doivent être traités pareillement : égalité DANS le Sp.
Tous les usagers doivent avoir accès de la même façon au Sp : il s’agit d’aménager le régime
juridique différemment pour tenir compte des inégalités naturelles et sociales entre les usagers
: égalité PAR le Sp.

CE Sect. 9 mars 1951 Société des Concerts du Conservatoire et CC 18 septembre 1986 :


principe d’égalité devant les Sp consacré.

CE sect. 10 mai 1874 Denoyez et Chorques : la fixation de régimes juridiques différents «


applicables, pour un même service rendu, à diverses catégories d’usagers (…) implique, à
moins qu’elle ne soit la conséquence nécessaire d’une loi, soit qu’il existe entre les usagers
des différences de situations appréciables, soit qu’une nécessité d’intérêt général en rapport
avec les conditions d’exploitation du service ou de l’ouvrage commande cette mesure. »
> L’égalité n’est absolue qu’au sein de chaque catégorie ; mais entre celles-ci des variations
de régime peuvent exister.

CE Ass 28 mars 1997 Société Baxter : les usagers n’ont pas de droit à un régime juridique
différencié, ils ne peuvent pas demander l’instauration d’un tel régime : pas de droit à
revendication.

CE 2 avril 1997 Commune de Montgeron : en principe, l’instauration de tarifs modulés est


possible mais les usagers ne peuvent pas exiger un coût excédant le coût de la prestation.

2) Le principe de continuité

CE 28 juin 1918, Heyries : consécration du principe : si une personne publique décide de


prendre la maîtrise d’une activité d’intérêt général, c’est que l’activité répond à un besoin de
la population qui doit être satisfait dans la continuité.

CE 7 août 1909 Winkell : l’importance du principe de continuité est soulignée à propos du


problème de la grève des agents publics.

CE sect. 22 octobre 1937 Demoiselle Minaire : les agents publics qui se mettent en grève se
placent en dehors des lois. Evolution avec Dehaene.
CE Ass 7 juillet 1950 Dehaene : en l’absence de réaction du législateur, le JA confie au
gouvernement le soin de prendre les mesures nécessaires pour éviter un usage abusif du droit
de grève ou contraires aux nécessités de l’ordre public. Ainsi, chaque chef de service peut
poser des contraintes aux agents publics sous le contrôle du JA.

3) Le principe d’adaptation

CE 18 mars 1977 Chambre de commerce de la Rochelle : le principe d’adaptation est la


possibilité pour les personnes publiques d’organiser comme elles l’entendent le service
public. Les exigences de l’intérêt général pouvant se modifier avec le temps, ce principe
permet aux personnes publiques, maîtres du service, d’adapter le service public à leurs
exigences. De cette façon, les personnes publiques peuvent même supprimer le Sp.

4) L’abandon du principe de gratuité

CE Ass 10 juillet 1996 Société Directe Mail Promotion : nombre de Spa réclament un tarif
pour que les individus accèdent au Sp. Le principe de gratuité ne peut donc pas s’appliquer.

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