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jeunes réfugiés dans des camps d’Afrique de l’Ouest. " Ces révélations sont gravissimes. Il s’agit d’actes criminels
", estime Claude Montcorgé, président de Médecins du monde. " Nous sommes profondément choqués ",
s’indigne Christian Captier, directeur des opérations d’Action contre la faim. Choqués, mais pas surpris : " Il y a
déjà eu dans le passé des cas semblables, mais isolés, et, faute de contrôles suffisants, des dérapages peuvent Chaqu
La Vie
effectivement survenir ", explique Philippe Lévêque, directeur général de Care France, une ONG américaine. "
Rien d’étonnant si ces comportements se produisent dans un contexte de conflits où toutes les barrières morales
sautent, concède pour sa part Jean-Marie Fardeau, secrétaire général du CCFD. Mais il est inadmissible que des
représentants d’ONG y soient impliqués. Nous devons tous réagir. "
L’AGEN
" La vérité, c’est qu’on exige toujours plus des ONG, poursuit Philippe Lévêque. Depuis dix ans, la demande
humanitaire a explosé, partout dans le monde. On demande aux associations de solidarité internationale de Franc
mobiliser toujours plus de moyens humains et financiers, dans l’urgence. Celles-ci délèguent, entre autres, à des
Saint-
travailleurs locaux qu’elles n’ont ni le temps ni les moyens de former. Et quand elles demandent l’envoi 11 déc
d’expatriés supplémentaires sur le terrain, pour mieux les encadrer et les contrôler, justement, les bailleurs de Grand
domai
fonds leur répondent qu’il n’y a pas de budget et qu’il faut faire avec les moyens du bord. " décemb
Jeune
L’argent, nerf de la guerre... humanitaire. En deux décennies, les organisations humanitaires d’urgence sont Nouve
devenues des prestataires incontournables de la solidarité internationale, prenant très souvent le relais des États.
Paris,
Elles se sont professionnalisées, ont ouvert leurs portes à des spécialistes, créé de nouveaux métiers, de la 7ème
logistique du terrain à la gestion, au marketing ou à la communication. Elles ont appris à gérer d’énormes
budgets, allant jusqu’à calculer la solidarité en termes de rentabilité. Ce qui ne va pas sans poser des questions Sociét
aux pionniers du mouvement, comme Sylvie Brunel. Cette dernière reproche publiquement aux grandes ONG
Ecolog
françaises d’avoir renoncé à leur idéal au profit d’une gestion comptable, dénonçant les salaires confortables des
Catho
dirigeants, les logiques de rentabilité au service
Spiritu
du marketing et de la communication. Une charge qui a surpris et déçu beaucoup de " compagnons de route ",
mais qui fait mouche.
Nombreux sont, en effet, les responsables d’ONG qui disent aujourd’hui que le mouvement des French doctors
ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion en profondeur sur ses méthodes d’actions. " C’est peut-être la fin
de la période boy-scout ", remarque Philippe Lévêque qui, lui, se félicite de l’évolution vers une logique
d’entreprise. Dirigeant la section française de Care, il est déjà habitué au type de procédures américaines, depuis
la collecte de fonds et la mise en œuvre des missions jusqu’à leur évaluation, réflexes que n’ont pas encore
toutes les ONG. VOYAG
Plus de contrôle, plus de formation, plus de transparence. Chacun convient aujourd’hui, dans le monde de GUATE
l’humanitaire, que les organisations non gouvernementales vont devoir progresser en ce sens. Il en va de leur LES MA
crédibilité. Et, par conséquent, de leur efficacité. HISTO
Du 18 a
4 décem
La Vie organise un forum sur les ONG. compag
La réflexion sur l’éthique de la pratique humanitaire est un débat important pour un journal comme le nôtre. Inféodés
Aussi La Vie souhaite prendre l’initiative d’un débat à ce sujet. En sollicitant vos réflexions sur la question, mais les Maya
coutume
aussi en organisant, fin mai, à Paris, un grand débat sur ce thème, en lien avec les Amis de la Vie, le CCFD et le Guatema
Forum des communautés chrétiennes. Déjà, de très nombreuses ONG nous ont dit être intéressées par notre vous aur
développ
démarche et souhaitent y participer. l’homme
Écrivez-nous : Forum-ONG La Vie, 163, bd Malesherbes, 75017 Paris.
Aujourd’hui, je suis triste. Triste de mettre fin à dix-sept ans d’engagement humanitaire. Triste aussi de voir les - Editoria
une leço
levées de boucliers corporatistes que suscitent les vérités simples que j’énonce : le donateur a le droit de savoir,
il a besoin d’avoir des ONG transparentes. J’espère que mon départ aura au moins permis de lever le voile, - Dossier
d’ouvrir le débat et de susciter des remises en cause. Puisse l’humanitaire en sortir assaini."
Sylvie Brunel, agrégée de géographie, vient de publier Famines et politique, aux Presses de