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n° 19 Février 2011
Indignez-vous !
Mais encore…
Indignez-vous est le titre-injonction du fascicule [*]
de Stéphane Hessel [93 ans, grand résistant,
réchappéde Buchenwald et de Dora, corédacteur
de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme].
Fascicule court et touchant. Et très-très peu argumenté. Comment
expliquer alors sa très forte diffusion ?
Celle-ci est sans doute corrélée à ce que ressentent – au vu de la
situation économique, politique, professionnelle, personnelle, en
France et ailleurs - un nombre croissant de personnes, groupes,
revues, associations.
Ce fascicule catalyse des angoisses, il dit comment « ça ne va plus
» sans que pour autant une ou plusieurs issues crédibles ne se
profilent. Tout compte fait, on ne peut qu’y adhérer !
S’indigner est le contraire de collaborer, de se résigner. Cette
injonction joue ainsi une fonction morale certaine. Ce fut, dit
Stéphane Hessel, « le ressort de la Résistance » : en fait, l’indignation
fut le ressort subjectif de nombre de résistants, insuffisant
cependant pour fonder une action de longue haleine, ouvrir des
perspectives idéologiques, rendre possibles des désirs qui tiennent
au-delà de l’émoi.
Si sincère et massif soit-il, il n’est pas certain que le lamento soit à
la hauteur des enjeux contemporains. Il est temps d’analyser la
question de plus près, et surtout autrement…
Il en sera question lors du déjeuner-débat du samedi 26 mars à
Paris-Bastille, organisé par le RÉSEAU PRATIQUES SOCIALES.
Vous y êtes cordialement invité-e.
[*] 8è édition décembre 2010 voir www.indigene-editions.fr
Histoires de vie
A parti de ce numéro, nous vous proposons une histoire, un
récit, un témoignage, une tranche de vie relatant un évènement
vécu et significatif de notre société, de ses représentations,
de ses manques et de ses impasses mais aussi de nous-
mêmes, de nos paroles et de nos silences..
Voilà une manière particulière de travailler le réel, comme le
sont le travail social, les thérapies, l’action politique. A cette
manière, le lecteur est vivement invité à participer...
Ces textes nous renvoient inévitablement à l’analyse des pratiques et à la
nécessaire transdisciplinarité.
Cette première histoire s’intitule : Faire famille aujourd’hui : chambre 534.
(A télécharger)
> SITE À VISITER
http://www.laurent-mucchielli.org/
Nous l’avons déjà signalé :
ce bulletin numérique gratuit offre aux travailleurs sociaux,
formateurs, juristes, etc., une très riche mine de renseignements,
ainsi que des renvois fort utiles à d’autres publications.
Abonnement recommandé.
VOTRE AGENDA PRATIQUES SOCIALES
26 mars 2011 - Paris. Assemblée Générale du RÉSEAU PRATIQUES SOCIALES
et déjeuner-débat sur le thème «Résistance : enjeux et ambiguïtés d’une notion
devenue courante».
Journée ouverte aux adhérents et non-adhérents.
24 - 25 juin 2011 - La Rochelle ou Arcueil. Atelier d’été (projet).
Thème : «Informations préoccupantes : accompagnement des parents et contrôle
des populations».
14 - 15 - 16 novembre 2011 - Sèvres. XVIIè Journées d'Étude PRATIQUES SOCIALES :
«Les pratiques professionnelles aujourd’hui : questions cliniques, enjeux sociaux»
> Réseau
Pratiques Sociales
l'idéologie et l'inconscient font nœud
LePasDeCoˆte´ bulletin numérique mensuel du RÉSEAU PRATIQUES SOCIALES formes et contenus soumis à votre opinion critique et à vos propositions !
Membres du Conseil d’administration de Pratiques Sociales
Saül Karsz, président (tél. : 06 85 10 23 36) - Claudine Hourcadet, secrétaire (tél : 06 45 90 67 61) - Jean- Michel Courtois, trésorier (tél : 06 25 56 37 52) - Joël Pouliquen trésorier adjoint - Gilles Allières, Bertrand Martinelli, membres.
pratiques.sociales@wanadoo.fr www.pratiques-sociales.org
>>>>>> De la contagion et autres avatars
Depuis le suicide par le feu de Mohamed Bouazizi, qui a déclenché la
révolution du jasmin en Tunisie, plusieurs autres cas similaires ont été
enregistrés en Algérie, en Egypte et en Mauritanie », expliquent différents
média ces derniers jours. Explication usuelle, mais bizarre.
Car un ou plusieurs suicides ne suffisent nullement à déclencher une
révolution, mais juste à la ponctuer, à l’illustrer - si toutefois un vaste mouvement de fond existe, plus
ou moins diffus et hétéroclite, mais nécessairement puissant, vigoureux, susceptible de s’imposer
dans un jeu qui ne l’attendait pas, dont une des raisons d’être était justement d’empêcher que ce
mouvement n’advienne. C’est bien ce mouvement populaire qu’il convient d’analyser, de partager ou
de rejeter, - le geste tragique du jeune tunisien immolé est ici utilisé pour escamoter les véritables
enjeux en Tunisie, et ailleurs. Or, jamais les enjeux ne sont qu’individuels. Comme cette insistance à
raconter que la Révolution française a consisté dans la prise de la Bastille !
Raisonnement semblable quand des dirigeants de pays arabes craignent, explique encore la grande
majorité des média français, « la contagion tunisienne dans leurs pays ».
Contagion ? Vouloir changer partiellement ou complètement de régime politique, de vision de choses,
de modalités de production et distribution de biens et de richesses, de posture subjective, relèverait-
il de la maladie ? Sans doute, - mais uniquement dans la perspective des dirigeants. Sur le terrain,
en revanche, les acteurs ne se sentent pas du tout pathogènes, mais, pour la première fois depuis
beaucoup de décennies, en bonne, en très bonne santé.
>>>>>> Quand les mots sont des maux
et réciproquement
Interrogée sur ses liens avec un affairiste tunisien, partisan du non regretté
Ben Ali, la ministre française des affaires étrangères ponctue un élément
intéressant. Elle n’a pas seulement des « amis riches », dit-elle, mais aussi
des amis « peu riches ». Ceci est probable, à condition de ne pas confondre
les peu riches avec les pas riches du tout, en clair : avec les classes populaires.
On peut même se demander si ces dernières existent quelque part… Mais oui, dans la rue !
>>>>>> Efficience du nœud
Une nouvelle journée décentralisée du RÉSEAU PRATIQUES SOCIALES s’est tenue le
28 janvier 2011 à l’ITES de BREST. Près de soixante participants ont échangé sur le
thème de « La formation au cœur des pratiques ».
Les interventions de Saül Karsz et les tables rondes réunissant des praticiens ont mis
en évidence qu’entre formation et formatage, entre modules et moules, des réfé-
rentiels éducatifs sont à l’œuvre dans les cursus théoriques et pratiques proposés
par les centres de formation et suivis par les étudiants en travail social, - et aussi dans d’autres spé-
cialités. Ces référentiels déploient des conceptions de l’apprentissage, des représentations du travail
social et de la société, des attitudes et des postures personnelles, des techniques mettant ces
conceptions idéologiques en œuvre.
Ont été évoquées les formations dites « de développement personnel », exemptes de prise en charge
financière par les organismes collecteurs, au profit de formations à caractère nettement techniciste,
voire comportementaliste. Un débat s’est esquissé quant au contenu de ce « développement
personnel », - appellation qui reste vraiment à préciser... Quid du désir du sujet, qui le constitue sans
qu’il en connaisse tous les contours et avec lequel il a à composer sous forme de sublimation,
réalisation partielle, dénégation ? Désir dont, dans tous les cas, il ne peut faire l’impasse. Y compris
quand il n’est pas financé !
Se joue là, comme, finalement, dans tout autre domaine, le nouage entre paramètres culturels – soit
des croyances, valeurs, représentations du monde et de soi dans le monde, postures existentielles –
et stratégies conscientes et inconscientes des sujets humains. Ce nouage indissociable toujours
opérant mais rarement reconnu entre idéologie et inconscient anime ceux qu’à PRATIQUES SOCIALES
nous appelons des sujets socio-désirants.
>>>>>> A propos d’évaluation
Christian Péroz, La qualité et l’évaluation dans le secteur social et médico-
social, des leviers pour le management (Editions Seli Arslan, 2010).
Dépasser la simple conformité pour s’engager dans une démarche mobilisatrice
pour les salariés et les usagers, productrice de sens et respectueuse des droits
intrinsèques de chaque sujet, telle est la tentative de cet ouvrage de Christian Péroz,
ancien directeur d’établissement médico-social, aujourd’hui consultant.
L’auteur expose de manière détaillée et dense des outils et des méthodes illustrés
d’exemples concrets afin d’adapter les exigences de qualité et d’évaluation aux
différents contextes institutionnels, à l’histoire et à la culture des établissements. Intérêt
méthodologique certain à partir d’une posture que l’auteur précise : « on ne peut concevoir une
réflexion éthique sans un ancrage dans la société avec ses enjeux ». Dommage que, s’agissant de la
qualité justement, cette posture ne soit guère explicite dans l’ouvrage. Dommage car les postures
éthiques comptent puisqu’elles sont idéologiquement connotées.