LA COUR ADMINISTRATIVE D’ APPEL,
DE PARIS
N° 09PA06892
REPUBLIQUE FRANCAISE
Mme Genevieve SROUSSI et autres
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Mme Vettraino
Président
La Cour administrative d’appel de Paris
Mine Folscheid
Rapporteur (3 Chambre)
M. Jantige
Rapporteur public
Audience du 25 novembre 2010
Lecture du 31 décembre 2010
Vu la requéte et le mémoire complémentaire, enregistrés les 9 et 11 décembre 2009,
présentés pour Mme Geneviéve SROUSSI, demeurant 34 avenue d’Aylau a Paris (75116),
M. Philippe LHOMME, demeurant 34 avenue d’Aylau a Paris (75116),
M. Charles DE COURSON, demeurant 126 rue de I’Université Palais Bourbon Paris (75007),
par la Selarl ACACCIA ; Mine SROUSSI et autres demandent & la Cour :
1°) d’annuler Je jugement n° 0815485, 0815564 et 0816667 et 0818222 en date du
8 octobre 2009 par lequel le Tribunal administratif de Paris 4 rejeté leur demande tendant, d’une
part, a annutation de la délibération du conseil d’administration de I’Etablissement public de
financement et de restructuration (EPFR) en date du 10 octobre 2007 par laquelle ce dernier a
décidé de ne pas s’opposer la décision du Consortium de xéalisation (CDR) de recourir &
arbitrage dans le litige opposant le groupe Tapie au CDR, et d’autre part, a V’annulation de
instruction par laquelle la ministre de I’économie, de l'industrie et de l'emploi a demandé aux
représentants de I’Etat au sein du conseil d’administration de 'EPER de ne pas s’opposer a
adoption de cette proposition ;
2°) dannuler, pour excés de pouvoir, lesdites décisions ;
3°) d’annuler, pour excés de pouvoir, la décision du 28 juillet 2008 de la ministre de
Péconomie, de Vindustrie et de emploi ordonnant aux représentants de I’Etat au conseil
administration de 'EPFR de ne pas s’opposer a la décision du CDR de ne pas contester la
sentence arbitrale du 7 juillet 2008 ;
ce‘N° 09PA06892 2
4°) de mettre & la charge de IEtat, en application de article L. 761-1 du code de justize
administrative, au profit de chaque requérant, la somme de 1 000 euros au titre de la premi
instance et la somme de 1 000 euros au titre de ’instance d’appel :
Is soutiennent que, contrairement 4 ce qu’a jugé le tribunal administratif, les demandes
de Mme SROUSSI et de M. LHOMME étaient recevables ; que la jurisprudence appliquée par
les premiers juges, interdisant aux contribuables de I’Etat de saisir le juge pour attaquer des
décisions entramnant des dépenses budgétaires nationales, est contraire a 'article 14 de la
Déclaration des droits de I’homme et du citoyen ; qu’elle est également contraire & ’article 6-1
de la convention européenne de sauvegarde des droits de I’homme et des libertés fondamentales ;
qu'il convient de prendre en compte I'importance du litige pour juger les demandes recevables ;
au fond, que la ministre de l'économie, de l'industrie et de Pempioi ne disposait d’aucun pouvoir
higrarchique sur les représentants de I’Etat au sein du conseil d°administration de YEPFR lui
donnant compétence pour leur adresser des instructions ; que les premiers juges ont faussement
interprété V’article 2060 du code civil dés lors que la décision de recourir & l'arbitrage se
répercute nécessairement sur les finances de ’EPFR et de I’Etat ; que le CDR est en réalité une
structure publique, contrélée et financée par I’Etat et 'EPER ; que le principe interdiction de
arbitrage s’appliquait done au CDR ; que la régle d’interdiction de condamner une personne &
payer une somme qui n’est pas due s’applique également aux personnes privées ; qu'elle doit
done étre appliquée au cas d’espace pour le CDR ; que la décision de ne pas contester la sentence
arbitrale était entachée d'une erreur manifeste d’appréciation en tant que la fixation d’un
préjudice moral a 45 millions d’euros est inédite et qu’il exisiait done des chances d’obtenir une
réduction significative de cette condamnation ;
‘Vu le mémoire additionnel, enregistré le 9 juin 2010, présenté pour Mme SROUSSI,
M. LHOMME et M. DE COURSON, qui persistent en leurs conclusions et moyens et demandent
en outre a la Cour d’user de son pouvoir d’instruction pour enjoindre a la ministre de l'économie,
de ’industrie et de emploi de produire la consultation juridique que la ministre a commandée
sur la légalité du recours & arbitrage par le CDR
Vu le mémoire en défense, enregistré le 1% juillet 2010, présenté par la ministre de
Péconomie, de lindustrie et de l'emploi, qui conclut au rejet de la requete ; fa ministre soutient &
titre principal que les demandes de Mme SROUSSI et de M. LHOMME sont irrecevables ; que
le jugement attaqué doit faire objet d’une substitution de motifs concernant la demande de
M. DE COURSON, qui était irrecevable en raison de sa tardiveté et du défaut d’intérét & agir du
requérant ; subsidiairement, au fond, que la ministre de "économie était compétente pour donner
des instructions aux représentants de I'Etat au conseil d’administration de ’'EPFR; que les
dispositions de V’article 2060 du code civil n’ont pas été méconnues, dés lors que ledit article se
référe exclusivement aux parties & l’arbitrage, sans qu’il soit possible dy intégrer l'ensemble des
litiges impliquant des établissements publics ; qu’en outre le CDR ne peut étre considéré comme
un otganisme fictif; que les décisions contestées n’ont pas porté atteinte au principe de
Vinterdiction de condamner une personne publique au paiement d’une somme indue et qu’en
invoquant ce moyen, les requérants contestent en réalité la sentence arbitrale gu’il n’appartient
pas 4 la juridiction administrative de controler ; qu’aucune erreur manifeste n’a été commise
dans l’appréciation de ’opportunité dun recours en annulation contre la sentence arbitrale ;
‘Vu le mémoire en intervention volontaire, enregistré le 9 juillet 2010, présenté par
M. Bayrou, qui conchut a ce qu’il soit fait droit & ensemble des conclusions formées par les
requérants et & ce que la Cour fasse usage de son pouvoir d’instruction en enjoignant la
ministre de économie, de lindustrie et de emploi de produire la consultation juridique que la
ministre a commandée sur la légalité du recours & arbitrage par le CDR ; M. Bayrou soutientN° 09P.406892 3
que Mme SROUSSSI et M. LHOMME doivent étre déclarés recevables en leur qualité de
contribuable de Etat ; que les déclarer irrecevables aurait pour effet de soustraire les décisions
attaquées 4 tout recours contentieux ; que M. DE COURSON est également recevable a
demander ’annulation des décisions attaquées, dés lors qu'il avait bien la qualité de demandeur,
et non d'intervenant, devant le Tribunal administratif de Paris ; qu’il avait en effet demandé la
requalification de som intervention volontaire en demande devant les premiers juges, ce qui a un
effet rétroactif; que M. DE COURSON n’agit pas en tant que membre du conseil
administration de !EPFR, mais en sa qualité de député, membre de la commission des
finances de I"Assemblée nationale et rapporteur de I'affaire CDR/Tapie ; au fond, que le litige
n’était pas arbitrable par effet de Particle 2060 du code civil ; que les décisions attaquées ont
porté atteinte au principe de l’interdiction de condamner une personne publique au paiement
d'une somme indue ; que la fixation par la sentence arbitrale d’une indemnité considérable de
45 millions d’euros en réparation d’un préjudice moral suffit a établir l’erreur manifeste
@appréciation commise par la ministre en refusant de contester la sentence arbitrale ;
‘Vu le mémoire en réplique, enregistré le 13 aofit 2010, présenté pour Mime SROUSSI,
M,LHOMME et M.DE COURSON, qui persistent en leurs conclusions et_moyens ; les
requéronts soutiennent que M. DE COURSON était bien demandeur en premiere instance, qu'il
avait intérét a agir, et que I’enregistrement d’une intervention volontaire le 9 octobre 2008 n'a
pias fait courir les délais de recours contre les décisions attaquées ;
Vu la lettre en date du 5 octobre 2010, par laquelle le président de La troisiéme chambre
informe les parties au litige que la Cour est susceptible de soulever des moyens d’ordre public ;
Vu le mémoire en observation, enregistré le 7 octobre 2010, présenté pour M. et
‘Mme Berard Tapie, par Me Lantourne et Me Piwnica, qui concluent au rejet de la requéte ;
M.et Mme Tapie soutiennent que les recours de Mme SROUSSI, de M. LHOMME et de
M. DE COURSON sont irrecevables ; que, s"agissant de Mme SROUSSI et de M. LHOMME, la
qualité de contribuable de I’Etat ne confére pas intérét A agir A l’encontre d'une décision
administrative, y compris si celle-ci entraine des conséquences budgétaires ; que, concernant
M. DE COURSON, la théorie de la connaissance acquise en matiere de décision prise par les
membres d’un organisme collégial lui est applicable ; qu'il a participé la séance du conseil
d'administration de EPFR en date du 10 octobre 2007 au cours de laquelle la délibération
querellée a été adoptée ; qu’il n’était ainsi recevable a introduire une requéte en annulation
contre cette délibération que jusqu’au 10 décembre 2007 ; que la demande en annulation de
M. DE COURSON, enregistrée le 2 avril 2009 en tant que demandeur et non plus simple
intervenant, était done irrecevable ; qu’en outre, la qualité de député de M. DE COURSON ne lui
confére pas intérét 4 agir ; qu’il n’a pas d’intérét a agir contre une décision & laquelle il ne s*était
pas opposé lors de 1a séance du conseil d’administration ; que M. DE COURSON n’a pas
davantage qualité pour agir contre la décision de la ministre du 28 juillet 2008 indiquant aux
représentants de I’Etat au sein du conseil d’administration de EPFR de ne pas s’opposer a la
décision du conseil d’administration du CDR; que les instructions de la ministre aux
représentants de I’Etat au sein du conseil d’administration de YEPEFR n’ont pas le caractére de
décisions administratives susceptibles de faire {objet d’un recours pour excés de pouvoir ; au
fond, que l'article 2060 du code civil n’était pas applicable au litige opposant le CDR aux
mandataires liquidateurs du groupe Tapie, dés lors que le litige est purement commercial et que
anonyme ; que le CDR avait d’ailleurs par le passé transigé a de multiples
reprises dans divers contentieux ; que le recours a I'arbitrage était justifié pour le CDR, qui
risquait une condamnation beaucoup plus lourde par la Cour de renvoi alors que le montant des
indemnités demandées dans le cadre de l’arbitrage était plafonné ; qu’en effet, la Cour d’appel de
Paris avait accordé le 30 septembre 2005 aux mandataires liquidateurs du groupe Tapie uneN° 09P.A06892 4
somme de 135 millions d’euros ; qu’a la suite de |’annulation le 9 octobre 2006 par la Cour de
cassation de arrét de la Cour d’appel de Paris, il était demandé devant la Cour de renvoi la
somme de 1 milliard d’euros ; qu’a la date de la décision de recourir & Varbitrage, d’autres litiges
@taient également en cours entre le CDR et les mandataires liquidateurs du groupe Tapie ; que
ces demiers disposaient de chances sérieuses d°aboutir et que les délais pour mettre un terme a
ensemble de ces actions étaient de l'ordre de 7 a 10 ans; qu’enfin, un éventuel recours en
annulation contre la décision arbitrale du 7 juillet 2008 ne pxésentait aucune chance de suecés ;
Vu le mémoire en réponse & la communication de moyens d’ordre public, enregistré le
13 octobre 2010, présenté pour Mme SROUSSI, M. LHOMME et M. DE COURSON, qui
persistent en leurs conclusions et moyens ; les requérants soutiennent que les conclusions
dirigées contre la décision du 28 juillet 2008 étaient présentes dans leurs écritures de premiére
instance ; qu’ainsi, ladite décision était critiquée, méme si des conclusions en ce sens n’étaient
pas formellement récapitulées en fin d°écriture ; que l’annulation de Ja délibération du conseil
@administration de /EPFR du 10 octobre 2007 aura nécessairement pour conséquence la
disparition de la décision du 28 juillet 2008 ; que ’instruction par laquelle la ministre de
Véconomie, de l'industrie et de ’emploi a demandé aux représentants de 1’Etat au sein du conseil
d’administration de 'EPFR de ne pas s’opposer a V’adoption de la délibération du
10 octobre 2007 n’était pas une mesure préparatoire de la délibération attaquée, dés lors que
cette instruction n’était pas strictement nécessaire a I’élaboration de la décision ; qu’enfin, la
théorie de la connaissance acquise applicable aux membres des organes délibérants des
collectivités territoriales ne saurait concerner M. DE COURSON, qui était membre d’un organe
délibérant de PEPER, établissement public, et non d’une collectivité territoriale ;
Vu le mémoire sdditionnel, enregistré le 13 octobre 2010, présenté pour
Mme SROUSSI, M. LHOMME et M.DE COURSON, qui persistent en leurs conclusions et
moyens ; les requérants soutiennent que Mme SROUSSI et M. LHOMME sont recevables a agir
en leur qualité de contribuable de I'Ftat ; que déclarer les requérants irmecevables aurait pour
effet de soustraire les décisions litigieuses a tout recours contentieux ; que M. DE COURSON
avait bien la qualité de demandeur devant le Tribunal administratif de Paris; que la
requalification de sen intervention volontaire en demande d’annulation, effectuée le 2 avril 2009,
avait effet rétroactif ; que sa demande était done recevable au 9 octobre 2008, date de sa saisine
du tribunal en qualité d’intervenant et & partir de laquelle seulement la théorie de la connaissance
acquise pouvait lui étre opposable ; qu’en tout état de cause, aucune connaissance acquise ne
saurait étre opposée 4 M. DE COURSON, qui n’agissait pas en tant que membre du conseil
administration de YEPFR, mais en sa qualité de député, membre de la commission des
finances de I’ Assemblée nationale et rapporteur de I’affaite CDR/Tapie ;
Vu le mémoire en intervention, enregistré le 18 octobre 2010, présenté pour M, Bayrou,
par Me Guiheux, qui persiste en ses conclusions et moyens et conclut en outre a ce que scit mise
la charge de |’Etat et de l'EPFR une somme de | 500 euros au titre de I’article L. 761-1 du
code de justice administrative ;
Vu le mémoire, enregistré le 9 novembre 2010, présenté par la ministre de ’économie,
de l'industrie et de emploi, qui persiste en ses conclusions et moyens et fait valoir en outre que
la délibération contestée du conseil d’administration de 'EPFR est une décision préparatoire ;
gue V’instruction donnée par la ministre est une mesure d’ordre intérieur insusceptible de faire
grief ; que le mode de désignation des membres d’un organisme collégial est sans incidence sur
application de la théorie de la connaissance acquise ; que M. Bayrou est irrecevable a intervenir
des lors qu’il était partie devant le tribunal et qu’il n’a pas fait appel dans le délai de deux mois
qui lui était imparti;N° 09PA06892
Vu le mémoire, enregistré le 9 novembre 2010, présenté pour M. et Mme Tapie, par
Me Lantoumne et Me Piwnica, qui persistent dans leur conclusions et moyens ; ils soutiennent
que M. Bayrou est irrecevable a intervenir dés lors qu'il était partie devant le tribunal et qu’il n'a
pas fait appel; qu’au surplus, les appelants étant eux-mémes irrecevables, |’intervention
volontaire de M. Bayrou est irrecevable ;
Vu le mémoire, enregistré ie 19 novembre 2010, présenté pour M. Bayrou, par
Me Guiheux, qui persiste en ses conclusions et moyens tout en faisant valoir qu'il n'est pas
intervenant dans la présente instance mais a été appelé en la cause par la Cour ; il soutient que les
actes attaqués sont détachables de la procédure d’arbitrage et ne constituent pas des mesures
préparatoires ; que la théorie de la connaissance acquise ne joue qu’d l’égard des décisions
individuelles et ne saurait done étre opposée en l'espace a M. DE COURSON ; quien tout état de
cause, la Cour devrait écarter cette théorie qui n’est justifiée par aucun texte et est contraire a
esprit de Particle R. 421-1 du code de justice administrative ;
‘Vu le jugement et les décisions attaqués ;
‘Vu les autres pidces du dossier ;
‘Vu la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ;
‘Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de "homme et des libertés
fondamentales ;
Vu la loi n? 95-1251 du 28 novembre 1995 relative a I’action de I'Etat dans les plans de
redressement du Crédit lyonnais et du Comptoir des entrepreneurs ;
Vu le décret n® 95-1316 du 22 décembre 1995 portant statuts de I’Etablissement public
de financement et de restructuration ;
Vu le code de justice administrative ;
Les parties ayant été réguligrement averties du jour de l’audien
Aprés avoir entendu au cours de audience publique du 25 novembre 2010
- le rapport de Mme Folscheid, rapporteur,
- les conclusions de M. Jarrige, rapporteur public,
= et les observations de Me Rouguette, pour Mme SROUSSI, M. LHOMME et
M. DE COURSON, celles de Me Guiheux, pour M. Bayrou, et celles de Me Lantourne, pour
M. et Mme Tapie ;
Considérant que, par un protocole d’accord conclu le 5 avril 1995 entre I’Etat et le
Crédit Lyonnais a été créé le Consortium de réalisation (CDR), société chargée d’une action de
cantonnement de certains ‘des actifs de cette banque ; qu’en vertu des dispositions de la loi
susvisée du 28 novembre 1995, le CDR est finaneé par I’Etablissement public de financement et
de restructuration (EPFR), établissement public administratif qui gére le soutien financier
aecordé par I’Etat au plan de redressement du Crédit Lyonnais ;N° 09P-A06892 6
Considérant qu’en sa séance du 10 octobre 2007, le conseil d’administration de l'EPFR
a voté en faveur de la non-opposition de 'EFPR au recours, par le CDR, a une procédure
arbitrage dans le litige opposant ce dernier aux mandataires liquidateurs du groupe Tapie ; que
le procés-verbal de cette séance révéle I’existence d’une instruction de la ministre de économie,
de Vindustrie et de l'emploi demandant aux représentants de P’Etat au sein du conseil
administration de l EPFR de se prononcer en faveur de la proposition d’arbitrage ; que, par la
sentence rendue le 7 juillet 2008, le Tribunal arbitral a condamné solidairement la société CDR
Créances et la société CDR payer, d’une part, aux mandataires liquidateurs du groupe Tapie la
somme de 240 millions d’euros et, d’autre part, a fixé & la somme de 45 millions d’euros le
préjudice moral des époux Tapie & payer aux liquidateurs se substituant 4 ces demiers ; que le
28 juillet 2008, la ministre de l'économie a donné a ces mémes représentants de I’Etat au sein du
conseil d’administration de EPR instruction de ne pas s’opposer a la décision du CDR de ne
pas contester la sentence arbitrale rendue le 7 juillet 2008 ; que Mme SROUSSI, M. LHOMME.
et M. DE COURSON relévent appel du jugement du 8 octobre 2009 par lequel le Tribunal
administratif de Paris a rejeté leur demande tendant a l’annulation de la délibération du
10 octobre 2007 et de l’instruction ministérielle révélée lors de ce conseil ; qu’ils demandent
également & la Cour Pannulation de linstruction de la ministre de l'économie, de l'industrie et
de ’emploi en date du 28 juillet 2008 ;
Sur Vintervention de M. Bayrou :
Considérant que, dans ses demiéres écritures, M. Bayrou a expressément « récusé » la
qualité dintervenant dont il s’était jusque 1a prévalu et a fait connaitre 4 la Cour qu’appelé par
elle a 1a cause il avait la seule qualité d’observateur ; qu’il n'y a done plus lieu de statuer sur son
intervention ;
Considérant que les conclusions dirigées contre la décision du 28 juillet 2008 de la
ministre de économie, de l'industrie et de l'emploi ordonnant aux représentants de I’Etat au
conseil d’administration de 'EPFR de ne pas s“opposer a la décision du CDR de ne pas contester
la sentence arbitrale du 7 juillet 2008 ont été présentées par les requérants pour la premiére fois
en appel ; que, par suite, elles sont irrecevables ;
Sur la recevabilité de la demande de premiere instance de Mme SROUSSI et de
M.LHOMME :
Considérant que, pour contester par la voie du recours pour excés de pouvoir la
délibération du conseil d’administration de 'EPFR en date du 10 octobre 2007, par laquelle ce
demier a décidé de ne pas s’opposer & la décision du CDR de recourir & Darbitrage dans le litige
opposant le groupe Tapie au CDR, ainsi que instruction par laquelle la ministre de ’économie,
de l'industrie et de l'emploi a demandé aux représentants de I’Etat au sein dudit conseil
administration de ne pas s’opposer A l’adoption de cette proposition, Mme SROUSSI et
M. LHOMME se prévalent de leur qualité de contribuable de I’Etat ; que cette seule qualité ne
leur confére pas un intérét & agir contre des décisions entrainant des dépenses budgétaires ; que
le rejet de leur demande ne méconnait ni les stipulations de Particle 6-1 de la convention
européenne de sauvegarde des droits de homme et des libertés fondamentales, aucune
contestation sur des droits et obligations de caractére civil ou accusation en matiére pénale
en cause, ni les dispositions de article 14 de la Déclaration des droits de I’homme etN° 09PA06892 7
du citoyen, lesquelles sont afférentes & I’impot et non a la dépense publique ; que, par suite, c’est
bon droit que le tribunal a jugé irrecevable la demande de Mme SROUSSI et M. LHOMME ;
Considérant, d'une part, que [instruction ministérielle ordonnant aux _seuls
représentants de l’Etat au sein du conseil d’administration de I"EPFR de ne pas s‘opposer & la
décision du CDR de recourir 4 arbitrage constitue une mesure préparatoire 4 l’adoption de la
résolution du conseil d’administration de |"EPFR portant sur ce méme objet ; que l’instruction
précitée n’est, par suite, pas susceptible d’étre déférée au juge administratif par la voie du
recours pour excés de pouvoir ; que M. DE COURSON n’est done pas recevable a contester la
Iggalité de instruction ministérielle précitée ;
Considérant, d’autre part, que M. DE COURSON, membre du conseil d’administration
de 'EPFR en qualité de représentant de ’Assemblée nationale, conteste par la voie du recours
pour excés de pouvoir la délibération adoptée par ledit conseil d’administration en sa séance du
10 octobre 2007 ; qu’il ressort des pigces du dossier, notamment du procés-verbal de la réunion
en cause, qu’il patticipait par téléphone a cette séance, a laquelle il avait été régulidrement
convoqué, et qu'il a eu connaissance de ensemble des positions des membres du conseil
administration concernant |’éventualité de s’opposer ou non ala décision du CDR de recourir &
arbitrage ; qu'il s'est d'ailleurs prononeé pour adoption de la délibération attaquée, sous
réserve que le Crédit Lyonnais accepte de prendre en charge une contribution forfaitaire en cas
de condamnation et que la délibération, qui comportait la réserve en cause, a été adoptée &
Punanimité ; qu’il ne conteste pas avoir eu connaissance de cette délibération le jour méme de
son adoption; que sa demande au Tribunal administratif de Paris dirigée contre cette
délibération, & la supposer méme introduite dés le 9 octobre 2008, date d'enregistrement au
tribunal de instance introduite par Mme SROUSSI et M. LHOMME, dans laquelle
M. DE COURSON ne se présentait que comme intervenant volontaire, était done tardive et par
suite, irrecevable, sans qu’il puisse utilement invoquer la circonstance qu’il aurait entendu agir
en qualité non de membre du conseil d’administration de 'EPFR mais de député ;
Considérant qu’il résulte de ce qui précéde que la requéte de Mme SROUSSI,
M. LHOMME et M. DE COURSON doit étre rejetée ; que contrairement a ce qu’affirment les
requérants, les irecevabilités opposées par le présent arrét n’ont pas pour effet de soustraire les
décisions attaquées & tout recours contentieux, dés lors que ces demiéres pouvaient notamment
&tre contestées en temps utile par les membres du conseil d’administration de ?EPFR ;
ns_de article L.761-1 du code de justice
Sur_’application_des_disposi
administrative :
Considérant qu’en vertu des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative, la Cour ne peut pas faire bénéficier la partie tenue aux dépens ou Ia partie
perdante du paiement par autre partie des frais qu’elle a exposés & l'occasion du litige soumis
au juge ; que les conclusions présentées par les requérants sur le fondemtent desdites dispositions
doivent, dés lors, étre rejetées ;
DECIDE
Article |“: Il n’y a pas lieu de statuer sur intervention de M. Bayrou,
Article 2 : La requéte de Mme SROUSSI, de M. LHOMME et de M. DE COURSON est rejetée.N° Q9PA06892 8
Article 3 : Le présent arrét sera notifié a Mme Genevieve SROUSSI, a M. Philippe LHOMME, &
M. Charles DE COURSON, a M. Frangois Bayrou, 4 M. et Mime Tapie, au ministre de
l'économie, des finances et de l’industrie et a |’établissement public de financement et de
restructuration. Copie en sera adressée 4 M. Jean-Marc Ayrault, a la société CDR, a la société
Mandataires judiciaires associés et & Me Courtoux.
Délibéré aprés l’audience du 25 novembre 2010 a laquelle siégeaient :
Mme Vettraino, président de chambre,
Mme Folscheid, président-assesseur,
Mme Julliard, premier conseiller,
Luen audience publique, le 31 décembre 2010.
Le rapporteur, Le président,
(2, i-— ~~ o ~
oo CO. Let
B.FOLSCHEID M. VETTRAINO:
Le grefier,
La République mande et ordonne au ministre de l'économie, des finances et de
Vindustrie en ce qui le concemne et & tous huissiers de justice & ce requis en ce qui conceme les
voies de droit commun contre les parties privées, de pourvoir a Mexécution de la présente
decision,