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vie en eglise

rencontre avec

Père Pierre Touzet

La vocation de notre “doyen”


Quand on atteint l’âge de 96 ans comme le père Pierre Touzet, la vocation n’est pas
du passé. C’est tout au long de la vie que cet appel est vivant : “Etre prêtre,
c’est le don de soi à Jésus-Christ d’abord, et ça justifie le don de soi aux autres.”

L
Céline Larousse

’abbé Pierre Touzet me reçoit était très copains. Et même une nuit, nous sommes
dans sa chambre de la rési- partis à pied jusqu’à Notre-Dame de Liesse, ça faisait
dence Nicolas-Roland où, bien 60 kilomètres !
depuis le 1er septembre 2000, il vit Ensuite le père Touzet est nommé aumônier dio-
retiré, proche des autres prêtres en césain des mouvements de jeunes et de l’enfance,
retraite comme lui ainsi que de laïcs surtout le scoutisme, la Jec, les Cœurs vaillants et
ou de religieuses. Lorsqu’on demande Ames vaillantes, la Croisade eucharistique.
au père d’évoquer quelques-uns de “Ça marchait très bien. Je logeais aux Cordeliers
ses nombreux souvenirs, il com- avec l’abbé Marc Lapie et l’abbé Bernard Demoulin.
mence par fermer les yeux comme Je me souviens des colonies de vacances qu’on organi-
pour se recueillir, il esquisse un sourire et les sait, il y a eu celle du Waridon près de Charleville, et
mots viennent sur ses lèvres comme autant de une autre à Valloire dans les Alpes. On emmenait des
petits secrets qu’il vous fait partager. enfants qui n’avaient jamais vu la montagne ni même
la campagne ! Les installations étaient… élémentaires,
Vous êtes né en 1913… mais que de joies chez ces enfants et chez leurs moni-
P. Touzet. Oui, je suis né sur la paroisse Saint- teurs.”
Jean-Baptiste, et mon papa était organiste à la pa-
roisse Saint-Maurice et aussi à Saint-Thomas. N’est-ce pas à cette époque-là
Un vrai Rémois donc qui ne quittera guère la que vous avez lancé
ville sinon pour être curé de Bezannes, Ormes et les le patronage de la Cerisaie ?
Mesneux, à 5 kilomètres de Reims ! Je ne l’ai pas fondé, j’ai pris la suite de l’abbé War-
Ordonné prêtre le 29 juin 1938, il est nommé nier. A cette époque rien n’existait pour les enfants
vicaire à la paroisse Saint-André, mais tout de suite qui ne partaient pas en vacances. Aussi, tous les jours,
il est mobilisé et se retrouve dans “l’infanterie des nous regroupions de cinq cents à six cents enfants au
forteresses” sur la ligne Maginot, près de Saint- terrain de la Cerisaie, près du canal, vers Cormon-
Avold en Moselle. Fait prisonnier, il est envoyé à treuil. Ils venaient de tous les coins de la ville, en bus,
Metz puis en Allemagne comme aumônier d’un passaient la journée à jouer, à faire des activités sous
bataillon de chasseurs à pied. Pourquoi sa captivité la houlette des abbés des paroisses, des “chers frères”, de
n’a-t-elle duré qu’une année ? Toujours est-il qu’il séminaristes, puis ils repartaient chez eux le soir. Et il
rentre à Reims et reprend son ministère à Saint- fallait les nourrir le midi ! (Le père Touzet est encore
André comme vicaire du curé Bunod. visiblement heureux de ces années si pleines).

Vous êtes ensuite nommé vicaire Pourquoi avez-vous quitté cette


à la cathédrale ? fonction d’aumônier diocésain ?
Oui, en 1943… Je me souviens de l’abbé Michel Je désirais retrouver un ministère en paroisse. J’ai
Boulay qui était vicaire en même temps que moi. On donc été envoyé, en 1957, à la paroisse Saint-Joseph,

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tout au bout de l’avenue de Laon (au nord de Reims) dans ces villages !), il apporte un soin particulier à
qui était encore presque dans les champs (d’ailleurs la remise en valeur des églises. Mais comme cela ne
on disait : Saint-Joseph des champs), mais c’était lui suffit pas, il est en même temps aumônier du
aussi l’époque où se construisaient les quartiers péri- Secours catholique de Reims et il assure des perma-
phériques avec des HLM. Il fallait donc animer cette nences d’accueil et de confession à la cathédrale et à
paroisse populaire en pleine évolution. On avait trois l’église Saint-Jacques.
cents gosses par année de catéchisme ! Je travaillais
avec l’abbé Robert Jonet, l’abbé Guy Clément et deux Nous allons célébrer la journée
religieuses du Saint-Sauveur qui avaient en charge des vocations, le 3 mai prochain.
les filles. Avec les deux vicaires, on s’entendait bien, Quelles réflexions cela vous
on faisait “popote” commune. C’était l’époque du inspire-t-il ?
concile… On a vécu avec beaucoup de joie et d’espé- J’ai connu une époque où les jeunes prêtres étaient
rance ce renouveau de l’Eglise. Et je suis encore tout à encore nombreux et où ils s’occupaient beaucoup des
fait d’accord avec ce qu’il nous a permis de faire. enfants (rappelez-vous, il n’y avait que les paroisses,
ou presque, qui assuraient l’animation des loisirs des
Vous êtes resté douze ans enfants, aujourd’hui c’est très différent !). C’était plus
à Saint-Joseph ? facile pour les enfants et les jeunes de voir ce que pou-
Oui, en 1969, on m’a demandé de devenir curé vaient être des prêtres et comment ils étaient à leur
de la paroisse Saint-Remi. La basilique est un lieu service.
célèbre, on y accueille de nombreux touristes, c’est Mais pour moi, je crois qu’un prêtre c’est surtout le
un cadre prestigieux pour les cérémonies, mais aussi don de soi à Jésus-Christ et cela justifie le don de soi
pour des concerts. Ce fut un autre genre de ministère. aux autres.
En 1974, le Père Touzet atteint l’âge de 61 ans.
La charge est lourde. On lui propose l’animation Recueilli par Claude Collignon
pastorale des villages de Bezannes, Ormes et les
Mesneux, à l’ouest de Reims. Il passe beaucoup de Merci, père Touzet de votre vie toute donnée au Sei-
temps à visiter les familles (on s’en souvient encore gneur et aux autres.

Entreprise A. BOËLLE
Couverture-Zinguerie

1, rue du Général Micheler


51100 REIMS
Tél. 03 26 04 52 04

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Reims-Ardennes 97

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