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L’essentiel
du droit
des obligations
Fiches de cours et cas pratiques corrigés
2e édition
Annette Rebord
Agrégée en économie et gestion
Enseignante au département GEA
de l’IUT de Clermont-Ferrand
Dans la même collection
ISBN 978-2-7298-5057-9
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2009
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
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Avant-propos
Avant-propos 3
Cas pratique — Tante Mary
« Tante Mary : ainsi est connue dans le quartier du Marché Saint-Pierre
cette Auvergnate d’adoption un peu particulière. Avec un peu de chance,
on peut l’apercevoir avec ses patins à roulettes, son écharpe écossaise
et son blouson en cuir. Personne ne pourrait croire qu’elle vient de fêter
ses soixante-douze printemps. Un uniforme légendaire. Une gentillesse
exemplaire. Après quarante années de loyaux services à la Banque de
France, elle a pris sa retraite, laquelle lui permet de profiter pleinement
de sa vie, ce qui lui donne vingt ans de moins. Sa célébrité vient surtout
de son sens du théâtre. Tante Mary sait raconter les histoires.
L’autre jour alors qu’elle était attablée pour déjeuner, elle expliquait avec
humour ses récents ennuis. De quoi intéresser tout juriste qui apprend
le droit des obligations !
D’abord, elle avait passé commande à la société anonyme « Les sept
nains », société de vente par correspondance, d’un superbe vélo rouge
trois roues pour sa petite-nièce ainsi que d’un autocuiseur dernier cri.
Une grève du personnel a eu pour effet que la livraison a été retardée :
les marchandises sont arrivées trois jours après le délai prévu. En guise
de rouge, le vélo était vert. Trois petites larmes ont glissé sur le doux
visage de sa nièce alors qu’elle soufflait sur les bougies.
Ensuite, Tante Mary s’est initiée à la peinture. Un peu forcé, il faut le
dire. En effet, Tante Mary loue l’appartement au-dessus de chez elle à un
artiste peintre, Joseph Lebleu. Pour le règlement des loyers, il fut décidé
qu’une partie serait versée sous forme de prestations d’enseignement.
Alors que Tante Mary suivait un cours, Arthur, le fils de Joseph, âgé de
huit ans, arriva en pleurant. Il voulait acheter des livres avec son argent
de poche. Il disposait de 28 euros. Le commerçant venait de refuser
de les lui vendre car il était trop jeune. Tante Mary voulut consoler le
jeune Arthur et pour fêter sa première œuvre, elle invita Joseph et son
fils à partager le repas. Elle voulait essayer son autocuiseur. Comble de
malchance, celui-ci a explosé et même s’il n’y a pas eu de dégâts corporels,
la cuisine est à refaire partiellement.
Les relations avec Joseph Lebleu se sont un peu dégradées quand Tante
Mary a appris qu’il dépensait une partie de ses revenus au Casino.
Trois mois de retard dans le paiement du loyer. « C’en est trop ». Tante
Mary lui a envoyé une lettre recommandée avec accusé de réception le
mettant en demeure de régler. Or le jour même où il l’a reçue, elle l’a
4 Avant-propos
vu déménager sa belle commode Louis XVI. Joseph s’est excusé pour son
retard en expliquant qu’il avait été victime d’une escroquerie : il avait
acheté par correspondance un produit « miracle » qui devait le faire maigrir
(il a des problèmes de poids) pour la somme de 500 euros. Il venait de
voir sur Internet que l’entreprise n’existait pas et que le bon docteur
Bellegueule n’était qu’une invention de circonstance. »
Enfin Tante Mary a pris contact avec une amie d’enfance qui vient de
s’installer comme notaire. Elle lui a demandé des conseils juridiques car
elle veut léguer une partie de ses biens à sa jeune nièce et envisage de
souscrire une assurance-décès.
Pour discuter de ces différents dossiers, les deux amies se sont rendues
au centre de remise en forme « Formetous ». Tante Mary a voulu faire
un sauna et elles ont mangé au club. La charcuterie n’était peut-être
pas de première fraîcheur ! Alors qu’elle rentrait chez elle, en patins à
roulettes, Tante Mary a eu un malaise et a heurté M. Malheur. Ils ont dû
être emmenés en urgence à la clinique « Les beauxjours ».
Joseph Lebleu est venu la voir. Il a pris l’ascenseur. Celui-ci s’est bloqué
et est tombé de deux étages. Plus de peur que de mal ! Pas de chance
ces temps-ci pour Tante Mary !
Avant-propos 5
Sommaire
Première partie
LE CONTRAT .............................................................................. 17
Sommaire 7
Deuxième partie
LA RESPONSABILITÉ CIVILE DÉLICTUELLE ET QUASI DÉLICTUELLE... 89
Index ..............................................................................141
8 Sommaire
Fiche
Définition de l’obligation
1
Objectif Permettre de définir les obligations et en
particulier de distinguer sans difficultés
l’acte du fait juridique.
Prérequis Introduction au droit.
Mots-clefs Obligation ; acte juridique ; fait juridique ;
acte unilatéral ; contrat ; délit ; quasi-délit ;
convention.
1. Les obligations
Le premier travail consiste à définir le sens du terme « droit général des
obligations ». Cette matière implique l’étude des relations juridiques entre
les personnes. De manière plus technique, on appelle « obligation » ou
« droit de créance » ou encore « droit personnel », le lien de droit
par lequel une personne, le débiteur, est tenue de fournir à une autre
personne, le créancier, une prestation et inversement par lequel, le
créancier peut exiger du débiteur la prestation.
Reprenons l’exemple de Tante Mary. Tante Mary et son amie notaire
prennent une consommation et un repas au club. Le restaurateur a l’obli-
gation de servir ce qui a été commandé. S’il ne le fait pas, les deux dames
sont en mesure de l’exiger. Dans le terme obligation, on trouve une relation
de réciprocité sur un même terme : ici, la commande du repas. On peut
d’ailleurs rajouter que le restaurateur est lui aussi créancier de l’obligation
de paiement. Mais dans ce cas, il s’agit d’une autre obligation.
Les obligations peuvent avoir pour origine la loi. Par exemple, la loi exige
que les enfants respectent leurs parents ; de même, les impôts doivent être
payés par le contribuable, décision ayant été adoptée au Parlement lors du
vote du budget. Dans ce cas, les dispositions légales sont applicables.
Les personnes peuvent aussi créer des obligations sur leur propre
initiative. C’est d’ailleurs ce point qui va mériter notre attention dans
cet ouvrage. Les obligations ont alors pour origine des actes juridiques
ou des faits juridiques.
Réflexions en cours
Le projet de réforme Catala définit de manière claire l’acte et le fait
juridique.
Dans la réforme Terré, la distinction n’est plus rappelée ; les sources des obliga-
tions sont énumérées dans une liste non hiérarchique, dans laquelle ne figure
plus l’expression quasi-délit.
3. Le contrat synallagmatique
et le contrat unilatéral
Le contrat est synallagmatique ou bilatéral lorsque les parties ont des
obligations réciproques : la vente, le bail, l’enseignement, la prestation
de remise en forme, etc.
Inversement, il est unilatéral si une partie s’oblige tandis que les
autres n’ont pas d’engagement. Cela peut être une reconnaissance de
dette, une promesse unilatérale d’achat.
4. Le contrat d’adhésion
et le contrat de gré à gré
Aujourd’hui beaucoup de contrats sont des contrats d’adhésion comme
par exemple l’achat par Tante Mary à la SA « Les sept nains » ou encore
les consommations au centre « Formetous ». Le contrat d’adhésion est le
contrat par lequel une des parties occupe une position de force si bien
qu’il n’y a pas de véritable discussion. Au restaurant, au café, il n’est
Cas pratique
En travaillant sur le cas Tante Mary, reprenez chacun des contrats en les
insérant dans les catégories correspondantes :
1. L’achat à la SA « Les sept nains » du vélo et de l’autocuiseur.
2. Joseph Lebleu s’engage à donner des cours à Tante Mary.
3. Le legs de Tante Mary à sa jeune nièce.
4. La souscription de l’assurance en cas de décès.
5. Le sauna.
6. La restauration au club sportif.
7. Les soins à la clinique « Les beauxjours ».
8. Le suivi de l’ascenseur.
Réflexion en cours
Les projets de réforme ne remettent pas en cause les classifications des
contrats.
Réflexion en cours
L’article 13 du rapport de la commission Terré remet en cause la formation
du contrat en précisant :
« Trois conditions sont essentielles pour la formation du contrat :
– le consentement des parties contractantes ;
– leur capacité de contracter ;
– un contenu certain et licite. »
1. L’offre
L’OFFRE, encore appelée pollicitation, est une proposition ferme de
conclure un contrat déterminé à des conditions déterminées.
L’offre doit être ferme : l’auteur de l’offre a la volonté de conclure le
contrat qu’il propose. S’il émet des réserves, ce n’est pas une offre.
L’offre doit être précise, c’est-à-dire comporter suffisamment d’éléments
pour que l’acceptation suffise à former le contrat.
L’offre tient son initiateur, mais il est possible de la révoquer. Cette
révocation peut être prévue par l’offrant lui-même qui fixe le délai pendant
lequel tout partenaire peut s’exprimer. À défaut d’une telle prévision, elle
doit être maintenue pendant un délai raisonnable fixé selon les usages.
Lorsque ces caractéristiques ne sont pas présentes, ce sont des négocia-
tions précontractuelles, des pourparlers.
Prenons les petites annonces d’un journal gratuit. Souvent, peu d’élé-
ments les composent. Pour connaître le contenu exact de l’annonce, il faut
prendre contact avec la personne qui l’a rédigée. Ce sont des pourparlers.
En revanche, les publicités des hypermarchés dans les boîtes aux lettres
contiennent la description de l’objet, le prix, les caractéristiques essen-
2. L’acceptation
L’ACCEPTATION est l’agrément pur et simple de l’offre telle qu’elle
est proposée. Il ne faut pas confondre acceptation et contre-offre ou
contre-proposition.
Reprenons l’annonce dans un journal gratuit. Une personne se présente
comme intéressée mais pour un prix plus faible. Dans ce cas, l’acceptation
n’est pas caractérisée. La personne fait à son tour une proposition de prix
et donc une offre. C’est à l’autre d’accepter ou de refuser la contre-offre.
L’acceptation peut être expresse comme par exemple le remplissage d’un
bon de commande. Elle peut résulter d’un comportement : je passe en caisse
du supermarché et pose les marchandises sur le tapis roulant. Je tends la
main au chauffeur de bus lui demandant de s’arrêter. L’acceptation peut être
tacite malgré le principe selon lequel le silence ne vaut pas acceptation.
Cela a été longtemps le cas du renouvellement du contrat d’assurance,
voire de certains contrats de fourniture entre professionnels dès lors que
la relation est régulière.
La question du moment de l’acceptation peut être cruciale puisque
c’est l’acceptation qui forme le consentement dans la quasi-totalité des
contrats. En effet, tant que l’acceptation n’est pas acquise juridiquement,
il est possible de la retirer par une lettre de désistement. Par exemple,
l’envoi d’un fax. Or cette question sur un plan juridique n’est pas cernée
de manière claire.
Prenons l’exemple d’un achat par correspondance. Imaginez la scène
suivante : Tante Mary est en voyage à Stockholm. Elle veut acheter par
correspondance un livre écrit en langue française pour faire un cadeau
à la personne qui la reçoit. Après une journée à parcourir la ville, elle
s’installe dans le canapé et remplit le bon de commande trouvé dans un
magazine emporté. Le lendemain, elle se rend à la poste et expédie la lettre
contenant le bon de commande rempli. Le tampon indique le 10 juillet,
14 h 00. Le facteur apporte le courrier à l’entreprise de vente par corres-
pondance le 16 juillet. Le salarié devant traiter l’affaire est en congé. Il
ne prend connaissance du courrier que le 22 juillet. Imaginons que Tante
Mary veuille changer d’avis. La question est la suivante : à quel moment,
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