Sciences Po 2°" semestre 2008-2009
Cours de Yann AGUILA
DROIT PUBLIC
Séanee n° 9 — Mardi 9 décembre 2008
Le principe de responsabilité
Introduction
5 distinctions :
Responsabilités civile et administrative, pénale et disciplinaire
Responsabilité contractuelle/responsabilité quasi-délictuelle
Responsabilité du fait personnel / du fait d’autrui / du fait des choses
Responsabilité pour faute/responsabilité sans faute
Régime général / régimes spéciaux de responsabilité
Evolution historique : reconnaissance, puis élargissement progressif du principe de responsabilité de
PEtat. TC 8 février 1873, Blanco ; CE 10 février 1905, Tomaso Grecco (responsabilité pour faute
lourde des services de police)
Pour aller plus loin
STARCK (B.), Essai d'une théorie générale de la responsabilité civile considérée en sa double fonction
de garantie et de peine privée, Paris, éd. L. Rodstein, 1947
Rapport public du CE 2005, Responsabilité et socialisation du risque
I~ Les fondements de la responsabilité
A=La responsabilité pour faute
1°) Faute personnelle et faute de service
‘TC 30 juillet 1873, Pelletier. CE 12 mars 1975, Pothier. TC 5 mai 1877, Laumonnier-Carriol,
avec les conclusions de Laferriére : « l'homme, avec ses passions, ses faiblesses, ses
imprudences »,
Cumul : CE 3 février 1911, Anguet. CE 26 juillet 1918, Lemonnier, avec les conclusions de
Léon Blum : « la faute se détache peut étre du service mais le service ne se détache pas de la
fate.»
CE 28 juillet 1951, Laruelle et Delville. CE 26 octobre 1973, Sadoudi. CE 12 avril 2002,
Papon. CE 21 avril 1937, Demoiselle Mimeur.
2°) Faute simple et faute lourde
CE 10 avril 1992, M. et Mme V (Faute médicale). CE 3 mars 2004, Ministre de l’emploi et de
la solidarité (Amiante). CE 29 décembre 1978, Darmont (Justice). CE, 28 avril 2002, Magiera
Faute et Iégalité : CE 26 janvier 1973, Driancourt.
Effets du droit européen : CICE 19 novembre 1991, Francovitch. CE 20 février 1992, Stés
Rothmans International et Philip Moris. CE 8 février 2007, Gardedieu, CE 18 juin 2008,
Gestas,
Définition de Planiol : la faute est un « manquement A une obligation préexistante ».B - La responsabilité sans faute
Collaborateurs du service public, CE 21 juin 1895, Cames, avec les conclusions de Romiew
2 « La justice veut que I'Etat soit responsable vis-a-vis de U'ouvrier des dangers que lui fait
courir sa coopération au service public »
CE 26 février 1971, Aragon,
Choses et méthodes dangereuses. CE 29 mars 1919, Regnault-Desroziers.
Maurice Hauriou : « Nous voudrions bien qu'on ne confondit pas le sentiment avec le
droit... » (note sous Regnault-Desroziers).
Mais Léon Duguit : « L'Etat est, en quelque sorte, assureur de ce qu’on appelle souvent le
risque social, c'est-d-dire le risque provenant de l'activité sociale se traduisant par
intervention de I’Etat » (Traité de droit constitutionnel).
CE 24 juin 1949, Consorts Lecomte. CE 3 février 1956, Thouzellier. CE 11 février 2005, GIE
Axa courtage. CE ler février 2006, Garde des sceaux ¢/ MA.LF
Risque médieal : CE 9 avril 1993, Bianchi. Loi du 4 mars 2002.
Décisions, lois, traités : CE 30 novembre 1923, Couitéas. 14 janvier 1938, SA des produits
laitiers La Fleurette. 22 février 1963, Commune de Gavarnie. 30 mars 1966, Cie générale
énergie radio-électrique. CE, 30 juillet 2003, Association pour le développement de
aquaculture en région Centre
IL—Les conditions de la réparation
A=La prescription de la créance
Loi du 31 décembre 1968 : prescription quadriennale
B=Le préjudice
Préjudice moral : CE 29 novembre 1961, Letisserand
Affaire Perruche : Cass., Ass plén 17 nov 2000, Perruche. CE 2 juillet 1982, Mlle R. CE 14
février 1997, CHR de Nice c/ Epoux Quarez. Loi du 4 mars 2002, Article ler : « Nul ne peut
se prévaloir dun préjudice du seul fait de sa naissance »,
C=Le lien de causalité
CE 14 octobre 1966, MaraisDOCUMENTS
CODE CIVIL, Chapitre II : Des délits et des quasi-délits
Article 1382
Tout fait quelconque de homme, qui cause & autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé & le réparer.
Article 1383
Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence.
Article 1384
On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l'on a sous sa garde. (...)
Le pare et la mére, en tant quiils exercent l'autorité parentale, sont solidairement
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.
Les maitres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans
les fonctions auxquelles ils les ont employés. (...)
Article 1385
Le propriétaire d'un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est a son usage, est
responsable du dommage que l'animal a causé, soit que I'animal fit sous sa garde, soit quill fat
égaré ou échappé,
Article 1386
Le propriétaire d'un bétiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqutelle est
arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction.
TC 8 février 1873, Blanco :
« La responsabilité qui peut incomber i l'Etat pour les dommages causés aux particuliers par
le fait des personnes qu’il emploie dans le service public ne peut étre régie par les principes
qui sont établis dans le code civil pour les rapports de particulier a particulier... Cette
responsabilité n'est ni générale ni absolue. Elle a ses régles spéciales qui varient selon les
besoins du service et la nécessité de concilier les droits de I'Etat avec les droits privés ».
CE 18 juin 2008, Gestas :
« Considérant qu’en vertu des principes généraux régissant la responsabilité de la puissance
publique, une faute lourde commise dans l'exercice de la fonction juridictionnelle par une
Juridiction administrative est susceptible d'ouvrir droit & indemnité ; que si Vautorité qui
Sattache & la chose jugée s’oppose a la mise en jeu de cette responsabilité dans les cas oit
{a faute lourde alléguée résulterait du contenu méme de la décision juridictionnelle et oit
cette décision serait devenue définitive, la responsabilité de l’Etat peut cependant étre
engagée dans le cas oit le contenu de Ia décision juridictionnelle est entachée d’une violation
manifeste du droit communautaire ayant pour objet de conférer des droits aux particuliers »