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La culture et le recours aux IAS/IFRS

La culture et le recours aux


IAS/IFRS

Résumé : Cet article essaie d’identifier Abstract: This research attempts to


empiriquement les facteurs culturels qui empirically identify the cultural factors that
incitent les pays à choisir les IAS/IFRS. En encourage countries to choose the IAS /IFRS.
premier temps, nous allons présenter une First, we will present a literature review
revue de la littérature sur la diversité des about the diversity of accounting systems.
systèmes comptables et ses raisons. Ensuite, Second, we determine the cultural factors
nous allons déterminer les facteurs culturels motivating different countries that we
motivant différents pays que nous allons classify according to a classification of
classer selon leurs stratégies de strategies of standardization to implement
normalisation. Les résultats montrent que the IASB’ standards. The results show that
l’implantation des Big 4 et l’appartenance du the Big 4 and membership in the European
pays au continent européen et à l’Amérique continent and in North America promoting
du Nord encouragent le recours aux the use of IAS / IFRS. However, colonization
IAS/IFRS. Mais, la colonisation et la religion and Christianity do not promote the passage
chrétienne ne favorisent que le passage from a convergence strategy to a strategy of
d’une stratégie de convergence vers une adoption of these standards.
stratégie d’adoption des normes
internationales.

Mots clefs : Normalisation comptable, Key Words : Accounting standardization,


Culture ; Convergence ; Adoption ; IASB ; Culture ; Convergence ; Adoption ; IASB ;
IAS/IFRS IAS/ IFRS

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

INTRODUCTION

La diversité des systèmes comptables fait foi de l’existence de plusieurs facteurs qui
déterminent le développement de l’environnement comptable. Ceci étant déterminé par les
facteurs économiques, politiques, sociaux et culturels. Plusieurs recherches ont essayé
d’expliquer les raisons de cette divergence croissante entre les différents systèmes comptables
nationaux et internationaux. Suite à cette volatilité des systèmes comptables, notamment avec
le mouvement de la mondialisation et qui a engendré de profondes mutations dans
l’environnement comptable, un processus d’harmonisation comptable a été mis en place par
différents organismes comptables afin de réduire cette divergence et d’assurer une certaine
stabilité dans le monde des affaires. L’objectif de l’harmonisation est la comparabilité des
états financiers à travers les pays, qui pour se réaliser, les règles doivent être interprétées et
appliquées de la même manière dans les différents pays.
L’IASB1 était le chef d’orchestre de l’harmonisation internationale en développant des
normes comptables ayant une dimension internationale. Les systèmes comptables des
différents pays sont sous une pression perpétuelle de divers facteurs notamment les facteurs
culturels.
L’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs qui incitent les pays à choisir les normes
internationales IAS/IFRS2 en insistant sur les facteurs culturels. Nous avons sélectionné
quatre facteurs à savoir : la culture, la profession comptable, l’appartenance géographique et
le développement économique pour déceler leur impact sur le recours aux normes
internationales. Ainsi, nous avons procédé à une classification de 101 pays, qui constituent
notre échantillon, selon une classification empruntée de Damak-Ayadi (2009), basée sur deux
critères relatifs au degré d’intervention de l’Etat et des organismes professionnels du pays et
au recours aux IAS/IFRS. Peu de recherches s’est intéressé à la culture et son influence sur le
choix des normes internationales. Par conséquent, nous avons établi des modèles empiriques
dans lesquels nous avons intégré différentes variables culturelles pour déterminer leur impact
sur le recours au référentiel international.
L’article comporte trois parties. La première s’intéresse aux facteurs ayant un impact sur le
choix des systèmes comptables en mettant l’accent sur les facteurs culturels.
Dans la deuxième partie, nous avons présenté notre méthodologie de recherche, et dans la
troisième les résultats et leurs interprétations.

1. Revue de la littérature

Nous commençons à présenter les facteurs (économiques, politiques, profession comptable)


qui ont été considérés dans la littérature antérieure comme des déterminants de la diversité des
systèmes comptables. Nous mettons l’accent par la suite sur le rôle joué par la culture dans ce
domaine.

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International Accounting Standards Board désigné désormais par IASB
2
International Accounting Standards/International Financial Reporting Standards designees désormais par
IAS/IFRS

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

1.1. Les facteurs influençant les systèmes comptables


Cette revue de la littérature a permis de procéder à une classification de la plupart des facteurs
qui ont une relation avec la comptabilité. Nous retrouvons donc les facteurs économiques, les
facteurs politiques, la profession comptable.
1.1.1. Les facteurs économiques
Un des facteurs qui a été largement utilisé dans les recherches antérieures et intimement
associé à l’étude des différences des systèmes comptables est l’économie.
Depuis 1968, Mueller a suggéré que le niveau de développement économique, le type de
l'économie et le niveau de sa croissance peuvent exercer un impact sur les pratiques
comptables d'un pays. Arpan et Radebaugh (1985) ont affirmé également que les facteurs
économiques, qui englobent selon eux, la taille du secteur privé et l'existence des marchés
financiers, sont les plus influents sur les systèmes comptables puisqu'ils affectent non
seulement la comptabilité de façon directe mais qu’ils ont aussi des effets indirects et
significatifs sur les autres facteurs environnementaux (les facteurs socioculturels, éducatifs,
politiques et légaux) qui affectent à leur tour la comptabilité du pays.
Dans leur étude, Abdolmohammadi et al. (2002) ont remarqué que le système comptable
Egyptien a subi des changements significatifs suite au développement de l’environnement
économique. De plus, certaines études ont montré que dans des pays comme l'Indonésie, le
Sri Lanka et la Tanzanie, qui ont passé d’une économie capitaliste à une économie
communiste, les systèmes comptables ont beaucoup évolué (Amer 1969; Briston 1978;
Samuel et Oliga 1982).
Certaines recherches se sont focalisées sur le choix du référentiel comptable international et
ont trouvé qu’une croissance économique très active représente un facteur favorable à
l’adoption des normes internationales (Zeghal et Mhedhbi 2006). Ce résultat a été confirmé
par Lau et Ma (1997) pour certains pays asiatiques.
Parmi les facteurs considérés comme des facteurs économiques qui pourraient avoir une
influence sur le développement des différents systèmes comptables, nous recensons les
facteurs suivants :
a. Le système de financement
Cette relation entre le système de financement et les pratiques comptables a été détectée par
Watts et Zimmerman en 1978 à travers la relation d’agence qui établit le lien entre les
actionnaires et les créanciers. Ces auteurs ont considéré que les propriétaires de l’entreprise
ont la possibilité de détourner à leur profit les fonds apportés par les créanciers étant donné
que l'ensemble des ressources de l'entreprise est géré par les actionnaires. Ils ont suggéré
qu’afin de protéger les créanciers contre ces transferts de richesses, les contrats de prêts
incluent des clauses restrictives basées sur des chiffres comptables imposant des limites aux
ratios de distribution des dividendes ou d’endettement. Cette hypothèse selon laquelle les
entreprises endettées devraient privilégier les méthodes comptables augmentant le résultat
donne une idée sur la dépendance entre les exigences des systèmes de financement et les
choix comptables. De leur part, Dumontier et Raffournier (1999) ont affirmé que la rapidité
d’adoption des nouvelles normes par les entreprises dépend de l'effet de cette norme sur ses
contrats de financement.
b. Le marché financier
Le marché financier requiert certaines exigences en matière de divulgation d’informations
comptables. Les recherches menées dans ce cadre ont montré que l’existence même et les
caractéristiques du marché financier ont une influence directe sur les systèmes comptables en
termes de rigueur et d’exigences au niveau des informations divulguées par les entreprises.
Barbu (2005) a insisté sur l’importance du marché financier qui, selon elle, influence et

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

coordonne le processus de création des normes comptables internationales en évoquant le cas


de l’IOSCO (International Organisation of Securities Commissions), le plus important
organisme financier au monde, qui demande une certaine qualité des normes comptables
internationales pour réaliser leur reconnaissance boursière.
Lau et Ma (1997) ont également expliqué que, dans les pays asiatiques, pour exercer une
meilleure surveillance du marché financier, des règles rigoureuses de commerce et de
divulgation ont été implantées et des états financiers ont été exigés pour être déposés
périodiquement. De même, ils trouvent que la croissance économique rapide de ces pays
devrait favoriser le développement de la Bourse qui, à son tour, devrait renforcer le
mouvement vers une divulgation plus répandue et plus importante des états financiers.
Archambault et Archambault (2003) ont estimé que la nature du marché financier a une
influence sur le besoin en informations de la part des investisseurs. Ainsi, les entreprises
opérant dans des pays ayant un marché financier important devraient divulguer plus
d’informations que les entreprises cotées dans des petits marchés financiers. Zeghal et
Mhedhbi (2006), en travaillant sur un échantillon de pays en voie de développement, ont
constaté que l’existence d’un marché de capitaux oriente ces pays vers l’adoption des normes
internationales.
c. Le commerce international
Selon Lau et Ma (1997), le développement commercial international permet d’encourager
l’échange et d’attirer plus de partenaires. Dans certains pays asiatiques, ca facteur a imprégné
les systèmes de reporting financier et a favorisé l’adoption des normes américaines.
d. L’inflation
Selon Nobes (1998), lors des périodes de l’inflation, les systèmes comptables devraient réagir.
En effet, Lau et Ma (1997) ont affirmé que les pays ayant un faible taux d’inflation ne sont
pas souciés de cette question en matière de normalisation comptable tandis que ceux qui
affichent des taux d’inflation élevés ont adopté une normalisation comptable qui exige ou qui
permet la réévaluation des actifs. Ils ont cité à ce propos le cas du Japon qui a été marqué par
des périodes d’hyperinflation et que face à cette situation, une loi relative à la réévaluation des
immobilisations corporelles a été appliquée durant les années 1951 et 1957.
1.1.2. Les facteurs politiques
Solomons (1983), auteur d’une étude approfondie sur l’impact du facteur politique en
comptabilité et dans le processus de création des normes comptables, a mis l’accent sur les
pressions politiques subies par les organismes de normalisation comptable.
Selon Watts et Zimmerman (1986), le processus politique est une compétition pour le partage
des richesses. Les hommes politiques doivent redistribuer à leurs électeurs une partie de la
richesse nationale sous forme de services publics gratuits (éducation, santé, routes, etc.), de
subventions ou de tarifs protégés. Pour cela, ils imposent aux producteurs de richesse qui sont
les entreprises des impôts ou des réglementations génératrices de coûts d'opportunité. Pour
déterminer ces prélèvements, les hommes politiques se basent prioritairement sur les résultats
des entreprises.
Goodrich (1986) a montré que les facteurs politiques sont significativement liés à la
comptabilité et notamment à la classification des systèmes comptables. Sudarwan et Fogarty
(1996) ont conclu que le gouvernement pourrai exercer dans certains pays une l'influence sur
la conception du système comptable ce qui pourrait rendre la profession comptable plus
prudente en matière d’établissement des normes comptables et d'audit.
Lau et Ma (1997) ont suggéré que le système politique a une influence dominante sur la
comptabilité du fait qu’il détermine la nature des institutions telles que le système légal ou le
système éducatif d’un pays. Dans le contexte Egyptien, Hassabelnaby et al. (2003) ont avancé
que l’environnement politique a un impact significatif sur le développement des systèmes

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

comptables dans le pays. En effet, en examinant trois périodes politiques différentes de 1961 à
19973, ils ont montré l’effet des facteurs relatif à l’environnement politique à travers le
temps sur la comptabilité qui a plutôt suivi les réformes économiques et politiques des deux
dernières phases.
1.1.3. La profession comptable
La profession comptable est un levier de changement et de développement des systèmes
comptables du fait qu’elle est la première concernée par le contenu de ces systèmes pour
assurer son application et sa présentation au public comme à l’échelle nationale et
internationale.
En 2000, Chamisa a constaté que la plupart des professions comptables dans les pays en voie
de développement n'ont pas d'organismes de normalisation nationaux, d’où, la majorité d'entre
eux adopte les normes internationales. Même si elles disposent d’organismes professionnels,
ils ne sont qu’à des stades embryonnaires et peu expérimentés en matière de normalisation et
souffrent d’un manque au niveau des ressources humaines et financières.

1.2. L’importance des facteurs culturels


Nous avons remarqué que les systèmes comptables dépendent de plusieurs facteurs qui ne
cessent d’exercer des pressions directes ou indirectes sur ces systèmes qui ne sont que les
résultants de différentes interactions entre ces facteurs. Néanmoins, l’étude de ces derniers
devrait intégrer d’autres facteurs notamment les facteurs culturels. Les pionniers en la matière
étaient Hofstede (1980) et Gray (1988). Leurs travaux ont inspiré plusieurs autres recherches.
La culture a été définie par Hofstede (2005) comme étant un ensemble de connaissances, de
croyances, de rites, de normes, de valeurs, de modèles de comportement des individus au sein
d’une société donnée.
En effet, Hofstede (1984) pense qu’il doit y avoir des mécanismes dans les sociétés qui
permettent de maintenir la stabilité dans les modèles culturels à travers plusieurs générations.
Une enquête a été menée par Hofstede auprès d’une cinquantaine de pays à travers le monde.
Il a choisi les employés de la multinationale IBM et a identifié quatre dimensions culturelles :
- Distance au pouvoir (du petit au grand) ;
La distance au pouvoir est la mesure avec laquelle les membres d'une société acceptent que le
pouvoir dans les institutions et les organisations est distribué de façon inégale…
- Collectivisme versus individualisme ;
L'individualisme est en faveur d'une préférence pour un cadre social peu uni dans la société
où les individus sont censés prendre soin d'eux-mêmes et de leur famille seulement.
- Féminité versus masculinité ;
La masculinité est en faveur d'une préférence dans la société pour la réalisation, l'héroïsme,
l'affirmation et la réussite matérielle. En revanche, la féminité est en faveur d'une préférence
pour les relations, la modestie, la bienveillance pour les faibles et la qualité de vie.
- Elimination de l’incertitude (du faible au fort) ;
L'élimination de l’incertitude est la mesure dans laquelle les membres d'une société se sentent
mal à l'aise avec l'incertitude et l'ambiguïté. Ce sentiment les conduit aux croyances
prometteuses de la certitude et au maintien d’institutions protégeant la conformité.
En 1988, l’étude de Gray fut une importante contribution pour expliquer l’impact des valeurs
culturelles de Hofstede sur les systèmes comptables de différents pays. En effet, il a
développé un modèle pour expliquer la relation entre les dimensions culturelles de Hofstede
(1980) et les valeurs sub-culturelles de la comptabilité.

3
Ces trois périodes sont : 1961-1973 (phase de la nationalisation et de dictature), 1974-1985 (tendance vers la
démocratie et la libéralisation) et 1986-1997(phase de la réforme économique et la privatisation)

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

Selon Gray (1988), les recherches antérieures ont montré l’existence de différents modèles
comptables et que leur développement a tendance à être une fonction de facteurs
environnementaux mais elles ont négligé l’influence de la culture sur la comptabilité.
Gray a étendu le modèle de Hofstede en faisant l’hypothèse de l'existence d'un sous-système
de comptabilité basé sur un système de valeurs. Il a défini quatre «valeurs comptables » à
savoir :

- Le professionnalisme versus contrôle de l’Etat


Il s’agit d’une préférence pour l'exercice d’un jugement professionnel et individuel et
l'entretien d’une autorégulation professionnelle, par opposition au respect des exigences
légales prescriptives et de contrôle légal.
- Uniformité versus flexibilité
Il s’agit d’une préférence pour l'application uniforme de pratiques comptables entre les
entreprises et l'utilisation cohérente de ces pratiques au fil de temps par opposition à la
flexibilité conformément aux circonstances perçues par les sociétés considérées
individuellement.
- Conservatisme versus optimisme
Il s’agit d’une préférence pour une approche prudente pour les mesures comptables de
manière à répondre à l’incertitude des événements futurs, par opposition à une approche plus
optimiste, laissez-faire, « risk taking ».
- Secret versus transparence
Il s’agit d’une préférence pour la confidentialité et la restriction de la divulgation
d’informations sur l’entreprise qui sont étroitement associées à sa gestion et son financement
par opposition à une approche plus transparente, plus ouverte et plus prononcée.
Ces valeurs interagissent avec les autres facteurs tels que les marchés de capitaux et
influencent la structure des systèmes et la profession comptables.
Plusieurs autres recherches ont repris ces idées afin de tisser le lien entre la culture et la
diversité des systèmes comptables. Le problème majeur rencontré était la manière
d’approcher la culture comme déterminant des systèmes comptables existants. Plusieurs
tentatives différentes peuvent être citées. Nobes (1983) a constaté que les pays sous
l'influence de la tradition Anglo-américaine sont les plus familiers avec le cadre des normes
comptables internationales et les plus capables d’un point de vue professionnel à les adopter.
Quant à Dahawy et al. (2002), ils ont affirmé que les entreprises ont recours à un choix
sélectif des normes à mettre en œuvre et elles n’appliquent pas celles qui entrent en conflit
avec les facteurs socio-économiques égyptiens. Ils ont enfin retenu que la culture et les
facteurs socio-économiques ont un effet significatif sur l’application des normes
internationales.
En 2005, Ding et al. ont effectué une étude afin d’analyser le rôle des valeurs culturelles et de
l’origine légale d’un pays dans l’explication des différences entre les normes comptables
nationales et les normes internationales en se référant au modèle culturel de Hofstede et à
celui de Schwartz (1994). Ils ont eu recours à deux mesures innovatrices à savoir : divergence
et absence4. Ils ont appliqué ces mesures sur un échantillon composé de 52 pays pour le
modèle de Hofstede et 32 pays pour celui de Schwartz et ils ont déduit que les valeurs
culturelles sont plus importantes que l’origine légale dans l’explication des divergences des
normes internationales.

4
La divergence mesure le degré avec lequel les normes comptables nationales et les internationales couvrent
toutes les deux un sujet comptable spécifique mais qui prescrivent des méthodes différentes. L’absence mesure
le degré avec lequel les normes comptables nationales ne couvrent pas un problème comptable traité par les
normes internationales.

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

Dans leur étude visant à identifier les facteurs qui peuvent expliquer l’adoption des normes
internationales par les pays en voie de développement, Zeghal et Mhedhbi (2006) ont
sélectionné 64 pays en voie de développement réparti en 32 pays qui ont adopté les IAS en
2003 et 32 pays qui ne les ont pas adopté et ils ont intégré l’appartenance culturelle à un
groupe de pays parmi les facteurs qu’ils ont sélectionné (la croissance économique, le niveau
d’éducation, l’existence d’un marché financier, le degré d’ouverture économique sur
l’extérieur) pour étudier l’impact de la culture sur le recours aux normes internationales.
Ils ont supposé que les pays en voie développement ayant une culture anglo-américaine sont
plus susceptibles d’adopter les normes internationales. Les résultats obtenus ont montré que
cette appartenance culturelle est significativement et positivement associée à l’adoption des
normes internationales.
En résumé, le facteur culturel a été peu traité dans la littérature antérieure et ce travail a pour
objectif d’en tenir compte comme déterminant potentiel du choix du système comptable
international.

2. Méthodologie de recherche

Dans ce paragraphe, nous allons présenter la méthodologie que nous avons suivie afin de
mener notre étude empirique. Rappelons tout d’abord notre problématique qui est la suivante :
Dans quelle mesure les facteurs culturels influencent-ils le recours des différents pays aux
normes de l’IASB?
La première étape de notre démarche consiste à classer les stratégies de normalisation des
différents pays qui ont constitué par la suite notre échantillon. Dans la deuxième partie, nous
avons présenté les différentes variables retenues dans notre modèle, les bases de données ainsi
que les hypothèses.

2.1. Classification selon des stratégies de normalisation


Dans cette section, nous avons procédé à la classification de différents pays selon les
différentes stratégies de normalisation proposées par Damak-Ayadi (2009) en se basant sur les
deux critères suivants :
- L’intervention de l’Etat et des organismes professionnels dans la production des
normes applicables dans un pays quelconque. Cette intervention est considérée comme
forte lorsque l’Etat et/ou les organismes professionnels du pays sont chargés,
séparément ou conjointement, de la production des normes applicables par les
entreprises du pays. Lorsque leur rôle se limite à l’approbation de normes établies par
des organismes étrangers, elle est considérée comme étant faible parfois nulle.
- Le recours aux IAS/IFRS dans la formulation des normes applicables. Ce recours est
considéré comme faible si les normalisateurs produisent leurs propres référentiels en
adoptant un modèle différent de celui de l’IASB ou en s’inspirant d’autres sources de
normalisation internationales.
A partir de cette typologie, un autre modèle de classification s’ajoute à la littérature antérieure
et qui prend en compte le rôle joué par l’IASB et les autres organismes professionnels.
L’autre intérêt de cette typologie est qu’elle permet d’observer la position des différents pays
face au processus d’harmonisation notamment face au travail de l’IASB.
En se basant sur cette typologie, nous avons essayé de classer différents pays et de déterminer
leur position vis-à-vis l’IASB.
La démarche que nous avons suivie pour mener une telle classification a passé par les étapes
suivantes :

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

i. Collecte d’informations sur les pays sélectionnés en utilisant différentes sources


d’informations5.
ii. Faire un recoupement des différentes informations recueillies pour assurer la fiabilité
et la cohérence des informations fournies.
iii. Classer les pays selon la stratégie de normalisation adoptée
Plusieurs difficultés pourraient être évoquées à ce stade. Certains pays déclarent avoir adopté
les normes internationales alors qu’il s’avère par la suite que leur adoption est partielle.
D’autres disposent d’un système plutôt instable d’une période à une autre, ce qui nous a
amenés à choisir la date de décembre 2008 pour la qualification de la stratégie.
La classification selon les stratégies présentée ci-dessus nous a éclairci la position prise par
chaque pays face à l’IASB. Nous avons pu distinguer trois catégories de pays qui nous
serviront dans l’élaboration de notre modèle à travers un échantillon de pays qui ont adopté
les normes internationales, un échantillon de pays qui ont convergé vers les normes
internationales et un échantillon de pays qui n’ont ni adopté ni convergé vers les normes
internationales. Nous avons étudié les facteurs qui incitent les pays à recourir aux normes
internationales. En effet, nous nous sommes intéressés au passage du niveau bas au niveau
haut en d’autres termes d’un faible recours aux normes internationales à un fort recours à ces
normes comme il est indiqué dans le schéma 1.
A travers notre premier modèle, nous avons intégré tous les pays de l’échantillon pour
identifier les facteurs qui ont contribué au passage des pays vers une stratégie de délégation de
la normalisation à l’IASB ou une stratégie de convergence vers les normes internationales.
A travers le deuxième modèle, nous avons essayé d’étudier les facteurs qui sont favorables à
un pays pour qu’il migre de la stratégie de convergence vers la stratégie de délégation de la
normalisation à l’IASB. Le schéma 2 montre la direction de cette migration. Dans ce cas,
nous nous sommes intéressés aux seuls pays qui appliquent les normes internationales et qui
sont au nombre de 74 pays.
Notre échantillon est donc composé de 101 pays répartis sur les cinq continents et distribués
entre les différentes stratégies comme suit :

Stratégies Adoption Convergence Ni adoption ni


convergence
Nombre des pays 13 61 27
Tableau 1 : Répartition de l’échantillon
L’annexe 1 fournit la liste complète des pays faisant partie de notre échantillon.
5
Les diverses sources utilisées sont : Les articles publiés dans les revues académiques ; les ouvrages ; les
sites Web des organismes régissant les règles comptables du pays sélectionné s’ils disposent d’un site ; le
site de l’IASB (www.iasb.org) ; le site de la Banque Mondiale en consultant son rapport sur l’évaluation des
normes et pratiques de comptabilité et d’audit applicables aux entreprises du pays concerné
(www.worldbank.org) ; le site de Deloitte Touch Tohmatsu qui représente un tableau montrant la position
d’un pays face aux IFRS avec quelques informations y afférant. (www.iasplus.com) ; le site de Nationmaster
(www.nationmaster.com) ; le site de l’OHADA (Organisation d’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires). (www.ohada.com) ; le site de PriceWaterHouseCoopers (www.pwc.com) ; quelques règlements,
discours et journaux officiels relatifs à la règlementation comptable.

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

Recours aux IAS/IFRS


A B
Fort
Délégation de la Convergence vers les
normalisation à l’IASB IAS/IFRS

C
Faible D
Délégation de la
normalisation aux autres Auto-normalisation
organismes de
normalisation
internationaux
Faible Forte Intervention des autorités
publiques et des organismes
professionnels
Figure 1 : Le passage d’une stratégie d’un faible à un fort recours aux normes
internationales
Recours aux IAS/IFRS

A B

Délégation de la Convergence vers les


Fort
normalisation à l’IASB IAS/IFRS

C D
Délégation de la Auto-normalisation
Faible normalisation aux autres
organismes de
normalisation
internationaux

Faible Forte Intervention des autorités


publiques et des organismes
professionnels
Figure 2 : Le passage d’une stratégie de convergence vers les normes internationales à une
stratégie d’adoption

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

2.2. Présentation des hypothèses de recherche et des modèles retenus


Dans ce qui suit, nous allons proposer nos hypothèses ainsi que les modèles retenus.
2.2.1. Les variables dépendantes
Selon la classification susmentionnée, nous avons séparé les pays en trois catégories : les pays
adoptant les normes internationales, les pays convergeant vers les normes internationales et
les pays qui n’ont ni adopté ni convergé vers les normes internationales. A partir de cette
distinction, pour le premier modèle, la variable dépendante prend la valeur « 1 » si le pays a
recours aux normes internationales (stratégie de convergence ou stratégie de délégation de la
normalisation à l’IASB) ; « 0 » sinon. Pour le deuxième modèle, la variable dépendante prend
la valeur « 1 » si le pays adopte les normes internationales et « 0 » s’il son système converge
vers les normes internationales.
Nous nous sommes basés sur les résultats issus de notre classification pour placer les pays
selon les différentes catégories.
2.2.2. Les variables indépendantes
A partir des recherches antérieures, nous avons défini quatre facteurs à savoir : la culture, la
profession comptable, l’appartenance à un continent et le développement économique pour
détecter les facteurs qui pourraient avoir un impact sur le choix des normes internationales par
un pays.
Nous avons sélectionné dix variables qui se rapportent à ces catégories pour tester notre
modèle empirique. Ces variables sont présentées en détails dans les paragraphes suivants.
a. La culture
L’objectif de notre recherche est d’étudier l’impact de la culture sur le choix du système
comptable. Dans la première partie, nous avons explicité l’importance des facteurs culturels
dans le développement des systèmes comptables. Nous avons donc déterminé quatre variables
culturelles : la langue, la colonisation, la religion et le niveau d’enseignement supérieur.
- La langue
La langue a été retenue comme étant un facteur culturel par certains auteurs (Nair et Frank
1980 ; Stulz et Williamson 2003 ; Nabar et U-Thai 2007 ; Nobes 1998).
En effet, la langue est un moyen de communication entre les individus et joue un rôle majeur
dans la transmission des cultures. Elle est donc primordiale dans le monde des affaires
puisqu’elle permet de faire des échanges entre les pays et détermine implicitement le degré de
relations entre ces pays.
Certaines recherches ont considéré que la langue anglaise à favorisé l’adoption des normes
internationales (Lau et Ma 1997 ; Walton et Haller 2003 ; Zeghal et Mhedhbi 2006)
Dans notre étude, nous avons intégré la langue comme une variable culturelle afin d’étudier
son effet sur le recours aux normes internationales. Cette variable est une variable
dichotomique qui prend la valeur « 1 » si la langue officielle du pays est l’anglais ; « 0 »
sinon. Cette donnée a été déterminée en nous référant aux données spécifiques à chaque pays.
- La colonisation
Ce facteur a été étudié par certains chercheurs (Hove 1986 ; Briston 1978 ; Parker 1989 ;
Baydoun et Willelt 1995 ; Lau et Ma 1997 ; Nobes 1998 ; Chamisa 2000 ; Ashraf et Ghani
2005) et il a été admis qu’il est important dans la détermination du choix des systèmes
comptables.
En effet, les grandes puissances coloniales exportent plusieurs caractéristiques de leurs
structures administratives, juridiques économiques et de leurs systèmes d’éducation à leurs

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La culture et le recours aux IAS/IFRS

colonies. Par conséquent, après l’indépendance, les anciennes colonies se sont retrouvées avec
un héritage qui a imprégné leurs systèmes comptables. Dans ce cadre, la colonisation anglo-
saxonne a été considérée comme étant un facteur déterminant dans le choix des normes
internationales (Taplin et al. 2002 ; Walton et Haller 2003 ; Zeghal et Mhedhbi 2006). De ce
fait, il a été retenu que si un pays était colonisé par des puissances anglo-saxonnes, il a
tendance à appliquer les normes internationales.
Dans notre étude, nous avons intégré la colonisation comme étant une variable dichotomique
à laquelle nous avons attribué un « 1 » pour les pays colonisés par les pouvoirs anglo-saxons
et « 0 » sinon. Nous nous sommes basés sur les données spécifiques à chaque pays.
- La religion
La religion était peu traitée dans la littérature comptable (Nobes 1998 ; Lau et Ma 1997 ;
Haniffa et Cooke 2002 ; Maali et al. 2006 ; Hamid et al.1993 ; Askary et al. 2008b).
Nous avons sélectionné la religion Chrétienne et la religion Islamique que nous avons
considérées dans notre modèle comme des variables dichotomiques qui prennent la valeur
« 1 » si le Christianisme est la première religion pratiquée dans un pays ; « 0 » sinon et la
valeur « 1 » si l’Islam est la première religion pratiquée dans un pays ; « 0 » sinon.
La première religion étant déterminée par le pourcentage le plus élevé des individus qui
pratique cette religion dans un pays (la religion pratiquée par la plus grande proportion de la
population). Cette variable a été déterminée à partir des données spécifiques à chaque pays.
- L’enseignement supérieur
Dans maintes recherches, le niveau d’éducation compte beaucoup dans le choix des systèmes
comptables notamment dans le choix des normes internationales parce que ces dernières
nécessitent un degré de compréhension élevé tant par les utilisateurs que par les préparateurs.
Ainsi, un niveau peu élevé pourrait constituer un obstacle à la réalisation d’une harmonisation
comptable internationale.
Généralement le taux d’analphabétisme était utilisé par les études antérieures (Zeghal et
Mhedhbi, 2006 ; Archambault et Archambault, 2003). Dans notre étude, nous avons choisi le
pourcentage des étudiants ayant un niveau d’enseignement supérieur dans un pays car nous
avons considéré qu’à ce niveau, d’une part, les étudiants ayant une formation comptable sont
plus conscients du contexte international, ont l’habilité d’utiliser des normes assez
compliquées et ils peuvent en outre favoriser leur utilisation et d’autre part les autres
étudiants, qui n’ont pas une formation comptable, possèdent des facultés mentales et un
niveau intellectuel leur permettant de lire, comprendre et interpréter les états financiers
publiés même si ces derniers sont établis selon les normes internationales.
Nous avons repris les mêmes mesures adoptées par Doupnik et Salter (1995) et Haniffa et
Cooke (2002). Cette variable correspond au total des étudiants inscrits dans l’enseignement
supérieur, quel que soit leur âge, en pourcentage de la population ayant le droit et l’âge légal
d’entrée à l’université. Cette donnée a été importée du site www.nationmaster.com.
A travers ces quatre variables culturelles, nous avons élaboré notre première hypothèse :

H1 Les facteurs culturels ont une influence sur le recours aux normes
internationales

b. La profession comptable
La profession comptable est au cœur de l’environnement comptable et grâce à elle les
systèmes comptables sont en développement perpétuel. Nous avons déterminé deux variables
pour mesurer l’impact de la profession comptable sur le recours aux normes internationales.
Ces variables sont : la densité de la profession et l’implémentation des grands cabinets
d’audit.

11
La culture et le recours aux IAS/IFRS

- La densité de la profession
Les recherches antérieures ont étudié le développement de la profession comptable et son
impact sur la comptabilité et notamment dans le choix des normes internationales et ont établi
l’existence d’une certaine influence (Salter et Niswander 1995 ; Chamisa 2000 ;
Hassabelnaby et al. 2003 ; Ashraf et Ghani 2005 ; Lopes et Rodrigues 2007).
Nous avons donc intégré dans notre modèle le nombre des organismes comptables
professionnels existant dans un pays pour examiner son impact sur le choix des normes
internationales car nous supposons que ces organismes jouent un rôle déterminant dans le
développement des systèmes comptables du fait qu’ils établissent des relations avec le corpus
des comptables tant à l’échelle nationale qu’internationale, ils provoquent des débats d’ordre
professionnel et ils exercent une influence (faible ou forte) sur l’Etat. Donc, plus leur nombre
augmente, plus la tendance à avoir des normes propres à leur pays augmente et plus le débat
engendre des réflexions dans le domaine.
Cette donnée a été collectée à partir du « Rapport sur le Respect des Normes et Codes »
réalisé par la banque mondiale et les sites Web des organismes régissant les règles comptables
du pays sélectionné.
- L’implémentation des grands cabinets d’audit
Les grands cabinets d’audit ont une influence sur le développement comptable d’un pays
puisqu’ils sont porteurs d’expérience, de savoir-faire et de professionnalisme reconnus à
l’échelle internationale et ils sont très actifs dans le processus d’harmonisation internationale.
L’audit joue un rôle primordial dans le développement de la comptabilité. Certains auteurs ont
mesuré le développement des systèmes comptables à travers le nombre des cabinets d’audit
dans un pays (Hassabelnaby et al., 2003). Joshi et Ramadhan (2002) ont trouvé que les
influences des auditeurs externes étaient une des raisons qui a poussé les petites entreprises à
Bahreïn à adopter volontairement les normes internationales.
Par conséquent, nous avons supposé que si un ou plusieurs cabinets des Big 4 sont implantés
dans un pays quelconque, ce dernier aura plus de chance à recourir aux normes
internationales. Donc, nous avons pensé que plus le nombre des Big 4 implantés dans un pays
est élevé plus leur influence sur le pays à avoir un système comptable développé vers les
normes internationales augmente.
A partir de ces deux variables relatives au développement de la profession comptable, nous
avons fait la supposition suivante :

H2 Le développement de la profession comptable a une influence que le recours aux


normes internationales

c. L’appartenance à un continent
Nous avons pensé à intégrer cette variable dans notre modèle pour observer son impact sur le
choix des systèmes comptables.
Nous avons considéré que si un pays appartient au continent européen ou de l’Amérique du
Nord, il a plus recours aux normes internationales que les pays des autres continents. Nous
avons choisi l’Europe car il renferme la première puissance économique mondiale qui est
l'Union Européenne avec 31% du PIB mondial ainsi que son commerce avec l'extérieur qui
représente 20% du commerce mondial. Concernant le continent de l’Amérique du Nord celui-
ci renferme des pays qui sont classés parmi les premières puissances économiques mondiales
Donc, une forte position économique prise par les pays de ces deux continents nous a poussé à
les sélectionner comme un facteur continental qui favorise le recours aux normes
internationales puisqu’ils ont de fortes relations avec les autres continents.

12
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Cette variable prend la valeur « 1 » si le pays appartient au continent européen et au continent


de l’Amérique du Nord ; « 0 » sinon.
Elle a été déterminée à partir des données spécifiques à chaque pays. Notre troisième
hypothèse est donc la suivante :

H3 L’appartenance au continent européen ou au continent de l’Amérique du Nord favorise


le recours aux normes internationales.

d. Le développement économique
Plusieurs recherches ont mis l’accent sur le rôle joué par le développement économique dans
l’évolution des systèmes comptables. Nous avons donc considéré ce facteur dans notre
recherche à travers deux variables à savoir : les relations internationales et la capitalisation
boursière.
- Les relations internationales
L’échange entre les pays favorise l’ouverture sur l’environnement externe qui, à son tour,
nécessite des systèmes comptables qui répondent aux évolutions économiques et aux
changements de l’environnement des affaires. La plupart des recherches antérieures se sont
intéressées au commerce extérieur pour étudier le degré d’ouverture d’un pays sur l’étranger
(Stulz et Williamson 2003 ; Zeghal et Mhedhbi 2006) en utilisant différents ratios
économiques.
Ces informations spécifiques à chaque pays ont été collectées à partir d’un recoupement entre
les informations fournies par deux sites : interex.com et mondissimo.com.
La relation entre le marché financier et les pratiques comptables a été établie par différentes
études. Pour mesurer le développement du marché financier d’un pays nous avons sélectionné
une seule variable qui est la capitalisation boursière.
- La capitalisation boursière
La relation entre le marché financier et les pratiques comptables a été établie par différentes
études. Pour mesurer le développement du marché financier d’un pays nous avons sélectionné
une seule variable qui est la capitalisation boursière.
Un grand marché financier avec divers groupes d’actionnaires sollicite une meilleure
production d’informations qui peut être influencée par le total de la capitalisation boursière et
par les exigences de la bourse.
Le développement du marché financier a été mesuré dans la plupart des recherches par la
capitalisation boursière (Jaggi et Low 2000 ; Salter et Niswander 1995 ; Hassabelnaby et al.
2003 ; Archambault et Archambault 2003 ; La Porta et al. 1997 ; Stulz et Williamson 2003).
Cette variable détermine la valeur de marché de l'ensemble des actions en circulation et donne
une idée sur le volume des transactions faites sur le marché, le degré de développement du
marché et l’importance des entreprises cotées.
Nous avons donc choisi cette variable pour étudier l’impact du marché financier sur le choix
d’un système comptable calqué ou inspiré des normes internationales car nous avons estimé
que plus le marché financier est développé plus les exigences au niveau de la présentation des
états financiers de qualité et une meilleure divulgation de l’information s’imposent dans le
pays.
La capitalisation boursière en pourcentage du PIB trois ans avant l’adoption ou la
convergence vers les normes internationales est une variable qui fait partie de notre modèle et
qui sert à examiner l’impact du marché financier sur le recours d’un pays aux normes
internationales.
Les bases de données de cette variable sont le site de la banque mondiale et celui de
NationMaster. L’hypothèse à vérifier est la suivante :

13
La culture et le recours aux IAS/IFRS

H4 Le développement économique favorise le recours aux normes internationales

Le modèle proposé est donc un modèle de régression logistique :

Yi = α0 + α1 Languej + α2 Colonisationj + α3 Islamj + + α4 Christianismej + α5 Supj +α6


Profj + α7 Big4j + + α8 EuAmNdj + α9 Feurj + α10 CBj + εj

Le tableau suivant présente les mesures que nous avons retenues pour ces variables.

Variables Mesures

Y1 Pour le premier modèle : la variable dépendante prend la valeur 1 si le


VD pays adopte ou converge vers les normes internationales et 0 sinon.
Y2 Pour le deuxième modèle : la variable dépendante prend la valeur 1 si le
pays adopte les normes internationales et 0 s’il converge vers les
normes internationales
Languej 1: anglais est la langue officielle du pays j; 0 sinon

Colonisationi 1: colonisation anglo-saxonne du pays j; 0 sinon

Islamj 1 : Islam est la première religion pratiquée dans le pays j ; 0 sinon

Christianismej 1 : Christianisme est la première religion pratiquée dans le pays j ; 0


sinon
Supj Total des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, quel que soit
leur âge, en pourcentage de la population ayant le droit et l’âge légal
d’entrée à l’université.
Profj Nombre des organismes comptables professionnels dans le pays j

Big4j Nombre des Big 4 dans le pays j

EuAmNdj Le nombre des pays appartenant au continent européen et à l’Amérique


du Nord

Feurj Nombre des principaux pays fournisseurs du pays j qui appliquent les
normes internationales

CBj Racine carrée de la moyenne de la capitalisation boursière du pays j


trois ans avant l’année d’adoption ou de convergence

Tableau 2 : Les mesures des variables

14
La culture et le recours aux IAS/IFRS

3. Analyse des résultats

Nous avons étudié les résultats issus des régressions logistiques des deux modèles qui visent à
déterminer les facteurs qui incitent les pays à recourir aux normes internationales. Pour
chacun des deux modèles, nous allons présenter successivement les statistiques descriptives et
les résultats des tests des hypothèses.

3.1. Résultats du premier modèle : passage d’un faible recours à un fort


recours aux normes internationales
3.1.1. Analyse descriptive des variables
a. Description des variables
A partir du tableau 3, nous pouvons constater que les moyennes des variables relatives à la
langue, à la colonisation et à l’appartenance géographique sont plus élevées dans les pays qui
ont recours aux normes internationales à travers une stratégie de délégation ou de
convergence. En revanche, les variables relatives à la religion ont tendance à indiquer que la
religion chrétienne a plus de chance de favoriser ces deux stratégies de normalisation. En
outre, les variables relatives au niveau d’éduction, à l’implantation des Big4 et à la
capitalisation boursière présentent des moyennes plus élevées qui dépassent le double de
celles relatives aux pays qui ignorent les normes internationales.

Application des IAS/IFRS Non Application


(N = 74) (N = 27)

Erreur Erreur type


Ecart type de la Ecart de la
Moyenne Type moyenne Moyenne Type moyenne
Langue 0.23 0.424 0.049 0.15 0.362 0.070
Colonisation 0.32 0.471 0.055 0.22 0.424 0.082
Islam 0.30 0.460 0.053 0.48 0.509 0.098
Christianisme 0.64 0.485 0.056 0.44 0.506 0.097
Sup 33.280 25.5229 2.9670 13.184 21.6094 4.1587
Prof 1.86 1.417 0.165 1.89 0.698 0.134
Big 4 3.5947 0.93514 0.10871 2.0741 1.3846 0.26648
EuAmNd 0.3649 0.48468 0.05634 0.0370 0.19245 0.03704
Feur 3.88 1.046 0.122 3.96 0.980 0.189
CB 17.293 13.13717 1.52716 9.5234 13.62303 2.62175
Tableau 3 : Description des variables explicatives du premier modèle
b. Etude des corrélations
Les corrélations entre les variables permettent de vérifier s’il existe une forte liaison entre les
variables du modèle qui pourrait biaiser nos résultats. D’après la corrélation de Pearson
fournie par le tableau 4 en annexe, nous avons constaté qu’il y a une forte liaison de (-0.863)
entre les deux variables culturelles relatives à la religion islamique et à la religion chrétienne.

15
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Ces deux variables ne seront pas intégrées de façon simultanée dans les modèles testés
ultérieurement.
3.1.2. Analyse des résultats
Nous avons procédé à une analyse approfondie des résultats et à leurs interprétations dans
cette partie. Nous avons tout d’abord présenté les résultats relatifs au test des hypothèses et à
comparaison avec les résultats trouvés dans la littérature antérieure.
a. Test des hypothèses et validité du modèle 1
Dans ce paragraphe, nous avons étudié les résultats issus de la régression logistique du
premier modèle qui vise à déterminer les facteurs qui incitent les pays à recourir aux normes
internationales. Nous nous sommes basés sur les résultats issus de la régression logistique qui
figurent dans le tableau 5. Ce tableau nous renseigne sur le sens de la relation entre la variable
explicative et la variable à expliquer et met en évidence la significativité entre ces variables
pour juger la confirmation ou le rejet de nos hypothèses.

Modèle 1 Modèle 1
(religion Christianisme) (religion Islam)

B Sign. Exp(B) B Sign. Exp(B)


Langue 0.523 0.54 1.686 0.583 0.499 1.792
Colonisation 1.071 0.195 2.92 1.028 0.217 2.795
Islam - - - 0.286 0.863 1.331
Christianisme -0.171 0.806 0.843 - - -
Sup 0.004 0.854 1.004 0.004 0.832 1.004
Prof -0.386 0.158 0.68 -0.392 0.145 0.676
Big 4 1.085 0.002*** 2.96 1.082 0.001*** 2.95
EuAmNd 2.718 0.045** 15.152 2.726 0.039** 15.272
Feur -0.768 0.031** 0.464 -0.770 0.03** 0.463
CB -0.042 0.170 0.959 -0.04 0.185 0.961
Constante 1.307 0.373 3.697 1.096 0.41 2.984
Tableau 5 : Test des hypothèses du modèle 1

D’après le tableau 5, nous avons constaté que trois variables seulement ont une relation
significative avec le recours aux normes internationales pour les deux modèles. En effet, en se
basant sur les facteurs, qui sont mesurés par le biais de la langue, la colonisation, le
Christianisme, l’Islam et le niveau d’enseignement supérieur, nous avons constaté qu’aucune
variable ne prouve l’existence d’une relation significative entre les facteurs culturels et le
recours aux normes internationales.
Les résultats relatifs au développement de la profession comptable révèlent que le nombre des
organismes comptables professionnels n’indique pas l’existence d’une relation significative
avec l’application des IAS/IFRS et mais porte un signe négatif qui correspond au sens que
nous avons prévu. Quant au nombre des Big4 implantés dans un pays, il montre une relation
positive et significative au seuil de 5%. Donc, l’hypothèse relative au développement de la
profession comptable est vérifiée.
La variable relative à l’appartenance au continent européen et à l’Amérique du Nord est
significativement et positivement corrélée avec la variable dépendante. Ce qui permet de
vérifier l’hypothèse H3.

16
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Seule la variable Feur mesurant le développement économique est significative au seuil de


5%. Contrairement à nos attentes, plus les principaux pays fournisseurs n’utilisent les normes
internationales, mois le pays client se penche vers les normes internationales.
A partir de la valeur du Exp(B)6 fournie par le tableau ci-dessus et en se basant sur les trois
variables significatives à savoir : Big 4, EuAmNd et Feur, nous avons déduit que la variable
parmi toutes les variables du modèle qui a plus d’effet sur le recours aux normes
internationales est celle correspondant à l’appartenance au continent européen et à l’Amérique
du Nord. En effet, le pays qui appartient à ce continent a 15.152 fois et 15.272 fois de chances
respectivement pour les deux modèles pour appliquer le référentiel international. En second
lieu, nous avons les Big 4 qui représentent 2.960 fois et 2.950 fois de chances dans les deux
modèles pour recourir à ce référentiel et enfin la variable Feur qui diminue ce recours de
0.464 fois et 0.463 fois, respectivement dans les deux modèles, pour les pays ayant ses
principaux pays fournisseurs utilisant les IAS/IFRS. Donc, la variable EuAmNd est une
variable très importante qui intervient dans le passage d’un faible à un fort recours aux
IAS/IFRS.
Concernant les critères de validité du modèle présentés dans le tableau 6 en annexe, le Khi-
Deux des deux modèles est significatif au seuil de 1%. Ainsi, le R2 est respectivement de 47%
et 47.1% pour les deux modèles qui représente un niveau acceptable pour juger le pouvoir
explicatif du modèle.
Le test de robustesse des deux modèles indique que le pourcentage des pays correctement
classés est de 84.2% pour le premier modèle et 83.2% pour le deuxième modèle.
b. Interprétation des résultats
Dans cette partie, nous allons interpréter les résultats trouvés pour chaque facteur et à partir
du tableau suivant, nous allons les discuter.
- Les facteurs culturels
Rappelons que nous avons retenu les facteurs suivants, la langue, la colonisation, la religion et
l’enseignement supérieur.
En premier lieu, nous avons supposé que les pays dont leur langue officielle est l’anglais sont
plus disposés à choisir les normes internationales du fait que ces dernières sont établies en
anglais bien que certains pays aient procédé à la traduction de ces normes selon leur langue
d’origine pour favoriser leur application.
Donc, nous nous attendions de trouver que la langue est un facteur parmi les facteurs culturels
qui pousse un pays à recourir aux normes internationales. Or, les résultats de notre régression
logistique ont révélé que certes l’anglais a une relation positive avec l’application des
IAS/IFRS dans un pays mais cette relation n’est pas significative.
Toutefois, la plupart des recherches antérieures (Walton et Haller 2003; Lau et Ma 1997 ;
Meek et Saudagaran 1990) a admis que les pays anglo-saxons ont tendance à appliquer les
systèmes et les pratiques comptables anglo-américains et elle a considéré que la langue
anglaise facilite le choix de systèmes comptables développés et inspirés du référentiel
international.
Les résultats obtenus ne nous permettent pas de vérifier notre première hypothèse relative à
l’importance de l’anglais dans l’application des IAS/IFRS.
En deuxième lieu, et en se basant sur les travaux antérieurs, nous avons remarqué que certains
auteurs ont admis que les liens coloniaux peuvent expliquer une certaine transplantation des
systèmes comptables dans les pays colonisés. De ce fait, nous avons considéré que la
colonisation anglo-saxonne représente un facteur déterminant qui incite un pays à appliquer
les normes internationales. En effet, nos résultats montrent qu’il n’existe pas vraiment une
6
L’Exp (B) exprime le changement probable dans les chances de réalisation de la variable dépendante pour une
augmentation ou une diminution d’une unité dans la variable indépendante.

17
La culture et le recours aux IAS/IFRS

relation significative entre la colonisation anglo-saxonne et le recours aux normes


internationales.
En effet, la plupart des recherches (Lau et Ma 1997 ; Taplin et al. 2002 ; Walton et Haller
2003 ; Ashraf et Ghani 2005) qui ont évoqué le rôle de la colonisation dans le choix des
systèmes comptables ont reconnu l’effet significatif de la colonisation américaine et
britannique sur l’implantation du référentiel international dans leurs colonies. En vérifiant
empiriquement cet effet, nous n’avons pas établi l’existence d’une telle relation.
En troisième lieu, nous avons voulu examiner l’effet de la religion sur le choix des IAS/IFRS
par les pays. Nous avons trouvé une relation positive entre l’Islam et le recours aux normes
internationales mais cette relation n’est pas significative. Le sens positif peut être expliqué par
le fait que la religion islamique encourage la transparence dans les transactions et la confiance
entre les différentes parties prenantes ce qui coïncide entre autre avec les objectifs de fiabilité
et de divulgation élevée de l’IASB.
Et, comme la religion chrétienne est la première religion dans le monde et que la plupart des
pays qui appliquent les normes internationales sont chrétiens, nous avons étudié son impact
dans le recours aux IAS/IFRS et nous avons suggéré qu’elle a un rôle important à jouer dans
ce choix. Or, nos résultats ont infirmé notre hypothèse relative à la religion. En effet, nous
avons prévu une relation positive entre la religion chrétienne et l’application des IAS/IFRS
mais les résultats ont indiqué une relation négative et non significative.
Ce résultat nous mène à conclure que la religion chrétienne ne favorise pas automatiquement
le recours aux normes internationales. Les travaux antérieurs ont rarement abordé ce sujet et
les rares études ayant intégré la religion n’ont pas permis de trancher quant à l’existence ou du
sens de la relation entre ce facteur et l’évolution des systèmes comptables (Hamid et al.
1993 ; Archambault et Archambault 2003).
En quatrième lieu, le niveau de l’enseignement supérieur, notre dernière variable culturelle,
révèle une relation positive mais qui n’est pas significative avec le choix des normes
internationales. En effet, nous avons supposé que plus le niveau de l’enseignement supérieur
dans un pays est élevé plus le recours aux normes internationales serait fort.
Les résultats ont révélé que cette variable ne joue presque aucun rôle dans le développement
des systèmes comptables vers les normes internationales. Ainsi, ces résultats sont en
contradiction avec les constatations de certaines recherches (Doupnik et Salter, 1995 ;
Saudagaran et Diga, 1997 ; Haniffa et Cooke, 2000 ; Joshi et Ramadhan, 2002) qui ont admis
que le niveau de la recherche et de la formation universitaire contribue au choix des IAS/IFRS
comme référence ou base des systèmes comptables des différents pays.
Donc, notre hypothèse relative au niveau de l’enseignement supérieur n’est vérifiée.
A partir des résultats fournis par les différentes variables culturelles, nous pouvons conclure
que les facteurs culturels n’interviennent pas directement dans la détermination du niveau du
recours au référentiel international.
- Le développement de la profession comptable
Comme il a été susmentionné, nous avons utilisé deux variables pour mesurer le
développement de la profession comptable que nous allons interpréter dans les deux
paragraphes suivants.
Le résultat relatif au nombre d’organismes professionnels ne permet pas de confirmer notre
hypothèse proposée mais soutient le sens que nous avons attendu. Ce sens permet de
confirmer les résultats de Chamisa (2000).
Quant au nombre de cabinets d’audit internationaux, les résultats montrent une relation
positive et significative avec l’application des normes internationales. En effet, nous pouvons
admettre que le rôle des Big 4 ne se limite pas seulement au niveau de la qualité des
informations financières fournies par les firmes tel qu’il a été démontré par certaines
recherches qui ont essayé d’expliquer le niveau de la divulgation de l’information financière

18
La culture et le recours aux IAS/IFRS

des firmes qui sont auditées par un des Big 4 (Archambault et Archambault 2003 ; Lopes et
Rodrigues 2007). Nous avons tenté d’examiner le rôle de ces cabinets à une échelle plus large
c'est-à-dire au niveau des pays et de le lier au recours aux normes internationales. En effet, le
résultat trouvé supporte l’hypothèse relative au rôle déterminant joué par les Big 4 dans le
développement des systèmes comptables vers les normes internationales. Ceci indique que ces
grands cabinets sont responsables du transfert de la « technologie comptable » et de la
promotion de la qualité des états financiers dans ces pays. Les résultats révèlent que
l’hypothèse relative au développement de la profession comptable est vérifiée pour les Big 4
et rejoignent la constatation de Ball et al. (2003) qui ont admis que l'influence et
l'indépendance de la profession comptable sont un indicateur de l'application effective des
normes comptables ainsi que le nombre d'auditeurs et leur indépendance peut constituer alors
une mesure du degré de développement de la comptabilité.
- L’appartenance géographique
L’appartenance à un continent qui reflète l’emplacement géographique d’un pays semble
avoir un impact sur l’application des normes internationales. Le tableau 5 montre qu’il existe
une relation positive et significative entre l’appartenance au continent européen et à
l’Amérique du Nord et le recours aux normes internationales. Donc, nous pouvons admettre
que l’Europe et l’Amérique du Nord sont des emplacements géographiques qui favorisent le
recours aux normes internationales. Ce résultat n’est surprenant dans la mesure où ces deux
continents contiennent le plus grand nombre des pays développés qui entretiennent de fortes
relations avec l’IASB. Notre hypothèse relative au facteur continental ou géographique est
donc confirmée.
- Les facteurs économiques
Nous avons utilisé deux facteurs économiques que nous allons les interpréter dans les deux
paragraphes qui suivent.
Nous avons supposé que plus les principaux pays fournisseurs appliquent les normes
internationales plus le pays client tend à utiliser ces normes à cause du lien de dépendance qui
existe entre eux. Zarzeski (1996) a noté que les entreprises qui sont dépendantes de leurs
ressources locales divulguent des informations en conformité avec leur culture locale tandis
que les entreprises qui sont plus dépendantes des ressources internationales divulguent moins
d’informations que leur culture locale. Nos résultats indiquent que la variable relative aux
relations internationales est significative mais le sens trouvé ne correspond pas au sens positif
prévu entre cette variable et le recours aux IAS/IFRS et contredit ce que Lau et Ma (1997) ont
souligné. En effet, ces auteurs ont considéré que l’importance et l’influence du partenaire
commercial qui pourrait amener un pays à appliquer les mêmes normes comptables qu’il
adopte.
Nous pouvons expliquer le sens négatif par le fait que la plupart des pays fournisseurs
recensés appliquent plutôt une stratégie de convergence ; c’est pour cette raison qu’ils
n’imposent pas l’utilisation de ces normes par leurs pays clients du fait qu’eux aussi sont « à
cheval » entre les normes internationales et leurs propres normes.
La deuxième variable liée aux facteurs économiques est mesurée par la capitalisation
boursière. Cette dernière n’est pas significative ce qui en contradiction avec nos attentes. La
plupart des recherches ont démontré que le développement du marché financier a un impact
sur le recours aux normes internationales (Salter et Niswander 1995 ; Meek et Gray 1989).
Donc, le résultat que nous avons trouvé ne rejoint pas les autres études notamment celui de
Zeghal et Mhedhbi (2006) qui ont trouvé que l’existence d’un marché financier dans les pays
en voie de développement favorise l’adoption des normes internationales. Nous pouvons
expliquer ce résultat par le fait que nous nous sommes intéressés à la capitalisation boursière
des pays avant le recours aux IAS/IFRS pour observer si le choix d’appliquer les normes

19
La culture et le recours aux IAS/IFRS

IAS/IFRS a été stimulé par le développement du marché financier ou non c'est-à-dire par une
pression exercée par les investisseurs ou les régulateurs de ce marché.
D’ailleurs, dans notre échantillon il existe des pays qui appliquent les normes internationales
tandis qu’ils ne disposent pas d’un marché financier à la date du recours à ces normes.
Finalement, l’hypothèse relative à la capitalisation boursière n’est pas confirmée.
Par conséquent, les hypothèses relatives aux deux variables expliquant la relation entre le
facteur économique et le recours aux normes internationales ne sont pas validées.
En résumé, les résultats issus de notre premier modèle ont identifié trois variables qui ont une
relation significative avec l’application des normes comptables dont deux seulement ont
supporté nos hypothèses. La culture n’apparaît pas, selon ce modèle, comme un déterminant
majeur du choix du référentiel international. Tandis que, les Big 4 et l’appartenance au
continent européen et à l’Amérique du Nord ont des relations significatives avec le recours
aux IAS/IFRS et dans le sens prévu. De plus, il a été démontré que le développement de la
profession comptable a joué un rôle déterminant dans le développement des systèmes
comptables notamment vers les normes internationales. Quant à l’emplacement géographique
mesuré par l’appartenance au continent européen et à l’Amérique du Nord, il a été vérifié
qu’il est un facteur à prendre en considération dans les études ultérieures pour expliquer le
choix des systèmes comptables.

3.2. Résultats du deuxième modèle : passage d’une stratégie de convergence


à une stratégie de délégation de la normalisation à l’IASB
Dans ce paragraphe, nous avons procédé à l’analyse du deuxième modèle qui se limite
seulement aux pays qui appliquent les normes internationales pour détecter les facteurs qui
incitent les pays à migrer de la stratégie de convergence vers la stratégie d’adoption.
Nous avons utilisé les mêmes variables explicatives du premier modèle mais la variable
dépendante a changé. La même démarche d’analyse faite dans la section précédente a été
retenue dans cette section.
3.2.1. Analyse descriptive des variables
a. Description des variables
Les statistiques descriptives présentées dans le tableau 7 montrent que les moyennes des
variables relatives à la langue, à la colonisation et à la religion chrétienne sont nettement plus
élevées chez le groupe de pays adoptant les IAS/IFRS. Ce résultat signifie que les pays anglo-
saxons ou anciennes colonies de ces derniers et ayant comme principales religion le
christianisme ont plus de chance de déléguer la normalisation comptable à l’organisme privé
IASB.

20
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Convergence vers les Adoption des IAS/IFRS


IAS/IFRS (N = 13)
(N = 61)
Erreur
type de Erreur
Moyenn Ecart la Ecart type de la
e Type moyenne Moyenne Type moyenne
Langue 0.16 0.373 0.048 0.46 0.519 0.144
Colonisation 0.26 0.444 0.057 0.62 0.506 0.140
Islam 0.30 0.460 0.059 0.31 0.480 0.133
Christianisme 0.62 0.489 0.063 0.69 0.480 0.133
Sup 36.693 25.2258 3.2298 17.268 21.0743 5.8449
Prof 1.90 1.411 0.181 1.69 1.494 0.414
Big 4 3.6066 0.97089 0.12431 3.5385 0.77625 0.21529
EuAmNd 0.4426 0.50082 0.06412 0.1538 0.37553 0.10415
Feur 4.00 0.966 0.124 3.31 1.251 0.347
CB 17.4844 13.22213 1.69292 16.3988 13.21804 3.66602

Tableau 7 : Statistiques descriptives du modèle 2

b. Etude des corrélations


Quant aux corrélations des variables, les mêmes résultats ont été constatés pour le deuxième
modèle.
3.2.2. Analyse des résultats
Dans cette partie, nous avons procédé à une analyse approfondie des résultats en suivant la
même démarche adoptée pour le premier modèle. Nous avons commencé par la présentation
des résultats relatifs au test des hypothèses et à l’ajustement du modèle puis nous avons
interprété ces résultats pour chaque catégorie de facteurs.
a. Test des hypothèses et validité du modèle 2
Le tableau 8 montre que la migration de la stratégie de convergence vers la stratégie
d’adoption des normes internationales est influencée par certains facteurs culturels.
En premier lieu, la colonisation un rôle très important dans le passage d’une stratégie de
convergence vers une stratégie d’adoption, la relation observée est fortement significative au
seuil de 1% et présente un signe positif. Dans le deuxième modèle, la religion chrétienne
semble avoir une relation positive avec la stratégie de délégation de la normalisation à
l’IASB. La variable est significative au seuil de 10%. Ainsi, la religion chrétienne incite les
pays qui ont convergé vers les IAS/IFRS à les adopter.
Le niveau de l’enseignement supérieur est également un facteur culturel déterminant de la
migration vers l’adoption intégrale des normes IAS/IFRS mais le sens trouvé ne correspond
au sens de la relation supposée. En effet, la variable Sup est négativement significative au
seuil de 10%. Finalement, la langue ne semble pas être en corrélation avec la stratégie
d’adoption. Par conséquent, l’hypothèse relative aux facteurs culturels n’est vérifiée que pour
la colonisation et la religion chrétienne.

21
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Modèle 2 Modèle 2
(religion Christianisme) (religion Islam)

B Sign. Exp(B) B Sign. Exp(B)


Langue 0.014 0.989 1.014 0.621 0.516 1.861
Colonisation 3.44 0.008*** 31.181 3.154 0.010*** 23.438
Islam - - - -1.007 0.332 0.365
Christianisme 1.957 0.073* 7.078 - - -
Sup -0.046 0.066* 0.955 -0.037 0.12 0.963
Prof -0.018 0.961 0.982 -0.046 0.895 0.955
Big 4 0.937 0.095* 2.552 1.023 0.062* 2.783
EuAmNd -1.689 0.195 0.185 -1.288 0.384 0.276
Feur -1.266 0.019** 0.282 -1.077 0.039** 0.341
CB -0.024 0.501 0.976 -0.044 0.212 0.957
Constante -1.105 0.637 0.331 -0.528 0.806 0.59
Tableau 8 : Test des hypothèses du modèle 2

Les mêmes résultats obtenus dans le premier modèle ont été trouvé pour le modèle 2 pour la
variable Feur. C’est le cas également de la variable Big4 mais elle n’est significative dans le
deuxième modèle qu’au seuil de 10%. Par conséquent, l’hypothèse H2 est vérifiée.
Ainsi, les variables Langue, Islam, Prof, EuAmNd et CB ne sont pas significatives.
La valeur de Exp(B) relative aux variables significatives nous permet de classer ces variables
selon leur degré d’importance dans le passage d’une stratégie à une autre. En effet, la
colonisation anglo-saxonne occupe le premier rang dans ce classement ; elle augmente de
31.181 fois et de 23.438 fois la chance d’un pays à adopter les normes internationales
respectivement dans les deux modèles. Ensuite, nous avons le Christianisme avec une valeur
de Exp(B) égale à 7.078 donc le pays dont la religion chrétienne est la première religion
appliquée a 7 fois plus de chance que les autres pays ayant une religion autre que le
christianisme pour adopter les IAS/IFRS. Quant aux Big 4, ils augmentent cette chance de 2.5
fois et de 2.783 fois dans les deux modèles. Toutefois, le niveau de l’enseignement supérieur
empêche le passage à la stratégie d’adoption de 0.955 fois dans le premier modèle et le
nombre des Fournisseurs freine aussi ce passage de 0.282 fois et de 0.341 fois respectivement
dans les deux modèles.
Ces résultats indiquent que les facteurs culturels relatifs à la colonisation et à la religion
chrétienne sont les deux facteurs plus importants qui encouragent l’adoption du référentiel
international.
Concernant les critères de validité du modèle, le tableau 6 montre que le Khi-Deux des deux
modèles est significatif au seuil de 1%. Le R2 a respectivement la valeur de 51.5% et de
47.3% ce qui représente un niveau acceptable pour juger le pouvoir explicatif des modèles.
Le test de robustesse de notre modèle indique que le pourcentage des pays correctement
classés est de 89.2% et de 86.5% pour les deux modèles.
b. Interprétation des résultats
Dans cette partie, nous allons interpréter les résultats relatifs à chaque facteur. Le tableau
suivant représente le sens que nous avons prévu et le sens trouvé à partir du quel nous allons
discuter nos résultats.

22
La culture et le recours aux IAS/IFRS

- Les facteurs culturels


Les facteurs culturels paraissent avoir un effet significatif sur le passage d’une stratégie de
convergence à une stratégie de délégation de la normalisation à l’IASB. Dans les paragraphes
suivants, nous allons essayer de discuter ces résultats.
En premier lieu, la langue anglaise montre l’existence d’une relation positive entre elle et
l’adoption des normes internationales mais non significative.
En deuxième lieu, la variable Colonisation est au seuil de 1%. Ce qui nous amène à admettre
que les pays qui ont déjà convergé vers les normes internationales et qui ont été colonisés par
les anglo-saxons ont plus de chance à adopter aisément les IAS/IFRS. Ce résultat n’est pas
surprenant car la colonisation a déjà préparé le champ à ces pays pour qu’ils acceptent des
systèmes et des institutions dont l’origine émane des puissances coloniales. Ainsi. Zeghal et
Mhedhbi (2006) ont trouvé que les pays en voie de développement qui ont une culture anglo-
saxonne ont adopté les normes internationales. Ils ont considéré qu’un pays a une culture
anglo-américaine si sa langue officielle est l’anglais ou si il entretient de fortes relations avec
les Etats Unis et le Royaume Uni ou être membre du commonwealth ou si il fait partie d’un
accord commercial entre différents pays. Or nous avons procédé à une dissociation entre ces
variables et nous avons établi l’existence d’une relation positive et significative entre la
colonisation et l’adoption des IAS/IFRS. D’où notre hypothèse relative à la colonisation est
confirmée.
La religion chrétienne intervient dans ce modèle et favorise l’adoption des normes
internationales.
Finalement, le résultat relatif au niveau de l’enseignement supérieur ne correspond pas à nos
attentes. Le sens négatif trouvé évoque une influence négative du niveau d’éducation élevé
sur l’adoption intégrale des normes de l’IASB. La raison de cette relation négative peut être
due à une sensibilisation élevée des utilisateurs et des préparateurs des états financiers de la
nécessité de choisir un système comptable qui est inspiré du référentiel international mais qui
prend en considération les spécificités environnementales de leur pays. En d’autres termes,
une adoption intégrale des normes internationales par des pays non préparés qui serait plutôt
néfaste que bénéfique peut être détectée par cette catégorie de population qui préférerait
recourir à un développement d’une infrastructure permettant l’adoption efficace de ces
normes. D’ailleurs d’après les données collectées sur les différents pays, la plupart d’entre eux
qui ont été classés dans la stratégie de convergence s’est inspirée ou s’est basée sur les
IAS/IFRS pour établir leur propre système comptable parce que le contexte local ne permet
pas l’implantation des normes comptables assez sophistiquées.
- Le développement de la profession comptable
L’hypothèse relative au développement de la profession comptable n’est vérifiée qu’à travers
le nombre des Big 4 implantés dans un pays. Le même résultat a été discuté pour le premier
modèle.
- L’appartenance au continent européen et à l’Amérique du Nord
A la différence du résultat du premier modèle, les résultats liés à l’appartenance au continent
européen et à l’Amérique du Nord indiquent que cette variable n’est pas significative. Cette
inconsistance peut être expliquée en prenant le cas des pays de l’Union Européenne. En effet,
ces pays, en vertu du règlement de la commission de l’Union Européenne de 2002, sont
tenues d’adopter les IAS/IFRS pour les sociétés cotées à partir de 2005 mais jusqu’à
aujourd’hui ces pays n’ont pas opéré une adoption de ces normes pour qu’elles soient
applicables à toutes les entreprises. La France, comme un exemple de ces pays, a gardé sa
propre réglementation tout en répondant aux exigences du règlement de la commission ; donc
il y a une cohabitation de deux systèmes comptables dans un seul pays. Par conséquent, le
résultat trouvé pour les deux continents reflète l’attitude de ces pays à maintenir leurs propres
réglementations comptables.

23
La culture et le recours aux IAS/IFRS

- Les facteurs économiques


L’hypothèse relative aux facteurs économiques n’est pas vérifiée. Le premier facteur
économique lié aux pays fournisseurs, bien que considéré comme déterminant dans le choix
du système comptable au sein de ces pays, a une influence négative sur le recours aux normes
internationales d’une manière générale mais également sur l’adoption intégrale des normes.
Les résultats issus de la régression logistique de ce modèle ont indiqué l’importance des
facteurs culturels dans le changement d’une stratégie de convergence à une stratégie
d’adoption. La colonisation anglo-saxonne et la religion chrétienne sont les deux facteurs
culturels qui favorisent l’adoption des IAS/IFRS tandis que le niveau de l’enseignement
supérieur n’encourage pas un tel recours. Le développement de la profession comptable
contribue aussi à la migration vers la stratégie d’adoption par les efforts fournis par les Big 4.
Et enfin, le marché financier n’apparait avoir presque aucun effet sur la migration d’une
stratégie à une autre.

CONCLUSION

A travers ce travail de recherche, nous avons essayé de déterminer l’effet de la culture sur le
choix de la stratégie de normalisation comptable. Dans la littérature antérieure, nous avons
remarqué que le rôle de la culture dans le choix des systèmes comptables n’a été
suffisamment exploré. De fait, nous avons essayé de répondre à notre problématique qui vise
à déterminer le rôle joué par la culture dans le développement des systèmes comptables des
différents pays vers le référentiel international.
Pour se faire, nous avons procédé à une classification de 101 pays selon quatre stratégies de
normalisation établies par Damak-Ayadi (2009). A partir de cette classification, nous avons
réalisé deux modèles empiriques pour identifier dans un premier temps, les facteurs qui
favorisent le recours aux normes internationales et dans un deuxième temps, les facteurs qui
conduisent à l’adoption de ces normes.
Les résultats du premier modèle ont dégagé deux facteurs qui ont vraiment une influence
positive et significative sur le passage d’un faible à un fort recours aux normes
internationales. Ces facteurs sont le développement de la profession comptable à travers les
efforts engagés par les Big 4 et l’appartenance au continent européen et à l’Amérique du
Nord. Toutefois, la variable relative aux principaux pays fournisseurs appliquant les normes
internationales relative aux facteurs économiques a un effet négatif et significatif.
Le deuxième modèle concerne le passage d’une stratégie de convergence vers une stratégie
d’adoption des IAS/IFRS. Les résultats ont montré l’existence d’une relation positive et
significative entre les facteurs culturels à savoir la colonisation et la religion chrétienne et
l’adoption du référentiel international par les pays qui ont déjà opéré une stratégie de
convergence vers ce référentiel. Or, le niveau de l’enseignement supérieur a plutôt une
influence négative. Ceci étant interprété par la volonté d’élaborer un système comptable qui
prend en considération les spécificités de leur pays. De même, l’hypothèse qui soutient que
l’implantation des grands cabinets d’audit est favorable aux normes internationales est
fortement validée.
Notre travail n’est pas dépourvu de limites. En effet, les stratégies occupées par les différents
pays de notre échantillon ont été déduites à partir des données relatives à ces pays à les
quelles nous avons suggéré l’adoption des IAS/IFRS n’est présumée que si toutes les
entreprises du pays étudié appliquent ces normes, tel est le cas pour les pays de l’Union
Européenne.
De plus, l’étude des facteurs culturels et leur soumission à une étude empirique peuvent ne
pas refléter exactement la bonne mesure de la culture qui est considérée par la plupart des

24
La culture et le recours aux IAS/IFRS

recherches comme un facteur difficile à mesurer du fait qu’elle est composée de plusieurs
éléments qui ne peuvent pas être énumérés.
En outre, le passage d’une stratégie à une autre peut être déterminé par plusieurs
combinaisons de facteurs différents de ceux que nous avons retenus.
Par rapport aux études antérieures, nous avons étudié différentes composantes de la culture
que nous avons reliée au choix des systèmes comptables développés vers le recours aux
normes internationales. En effet, plusieurs recherches se sont basées sur la relation entre la
culture et la divulgation en utilisant surtout les dimensions de Hofstede et très peu d’études se
sont intéressées à la culture et le recours aux normes internationales.
De même, l’appartenance à un continent n’a pas été traitée par des recherches antérieures pour
observer son effet sur le choix du référentiel international. Notre travail a intégré ce facteur
géographique dans l’étude empirique et nous avons bien confirmé l’existence d’une certaine
interaction entre l’appartenance à un continent et le recours aux IAS/IFRS qui devrait être pris
en compte dans le choix des systèmes comptables.

25
La culture et le recours aux IAS/IFRS

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28
La culture et le recours aux IAS/IFRS

ANNEXES
Stratégies Pays Nombre
Stratégie de ni les pouvoirs publics ni les Afrique du Sud ; Bahreïn ; 13 pays
délégation de organismes professionnels Botswana ; Chypre ; Honduras ;
la nationaux ne participent à la Jamaïque ; Kenya ; Koweït ;
normalisation normalisation puisque les Malawi ; Oman ; Paraguay ;
à l’IASB entreprises dans ce cas doivent se Pérou ; Trinité-et-Tobago.
référer directement aux IAS/IFRS.
Stratégie de où les pouvoirs publics et/ou les Albanie ; Allemagne ; Arabie 61 pays
convergence organismes professionnels Saoudite ; Argentine ; Australie ;
vers les nationaux produisent des normes Azerbaïdjan ; Bangladesh ;
IAS/IFRS qui convergent et se réfèrent aux Belgique ; Bulgarie ; Chile ;
IAS/IFRS. Tel est le cas de certains Chine ; Croatie ; Danemark ;
pays africains comme la Tunisie. Egypte ; Emirats Arabes Unis ;
Cette stratégie pourrait conduire à Espagne ; Estonie ; Etats-Unis ;
une certaine harmonie au niveau Finlande ; France ; Ghana ; Grèce ;
international mais qui reste partielle Haïti ; Hong Kong ; Indonésie ;
vue les spécificités de normalisation Iran ; Italie ; Jordanie ;
de chaque pays. Kazakhstan ; Kirghizie ; Liban ;
Lituanie ; Madagascar ; Maroc ;
Mexique ; Mozambique ;
Namibie ; Norvège ; Nouvelle-
Zélande ; Pays-Bas ; Philippines ;
Pologne ; Portugal ; Qatar ;
République démocratique du
Congo ; Roumanie ; Royaume-
Uni ; Russie ; Rwanda ;
Singapour ; Slovaquie ; Slovénie ;
Sri Lanka ; Suède ; Suisse ;
Tanzanie ; Thaïlande ; Tunisie ;
Turquie ; Ukraine ; Uruguay.
Stratégie de les pouvoirs publics et/ou les Bénin ; Burkina Faso ; Cameroun ; 16 pays
délégation de organismes professionnels du pays Centrafrique ; Comores; Congo
la ne jouent aucun rôle (ou jouent un Brazzaville; Côte d’Ivoire ;
normalisation faible rôle d’approbation), la Gabon ; Guinée ; Guinée
à d’autres mission de normalisation est confiée équatoriale ; Guinée-Bissau ;
organismes de à d’autres organismes de Mali ; Niger ; Sénégal ; Tchad ;
normalisation normalisation internationaux. Cette Togo.
internationaux stratégie répond généralement à des
objectifs économiques et politiques
et conduit à une certaine
harmonisation mais régionale.
Stratégie les pouvoirs publics et/ou Algérie ; Brésil ; Burundi ; 11 pays
d’auto- organismes professionnels de Canada ; Colombie ; Corée du
normalisation chaque pays produisent des normes Sud ; Inde ; Japon ; Malaisie ;
sans se référer aux IAS/IFRS, qui Mauritanie ; Pakistan.
leur sont propres ou qui sont
fortement inspirées d’autres
référentiels. Cette stratégie a permis
de produire des modèles comptables
diversifiés notamment le modèle
continental par opposition au
modèle anglo-saxon.

29
La culture et le recours aux IAS/IFRS

Modèle 1 Lang. Colo. Islam Chr. Sup. Prof. Big 4 EuAmNd Feur. CB
Lang. 1
Colo. 0.308 1
Islam -0.219 0.119 1
Chr. 0.135 -0.155 -0.863 1
Sup. 0.016 -0.71 -0.448 0.445 1
Prof. 0.324 0.049 -0.041 0.025 0.245 1
Big 4 0.079 0.144 -0.225 0.142 0.569 0.084 1
EuAmNd -0.154 -0.015 -0.405 0.478 0.63 0.134 0.4 1
Feur. -0.213 0.233 0.071 -0.043 0.173 -0.01 0.185 0.342 1
CB 0.213 0.368 -0.217 0.046 0.456 0.02 0.548 0.229 0.127 1
Modèle 2 Lang. Colo. Islam Chr. Sup. Prof. Big 4 EuAmNd Feur. CB
Lang. 1
Colo. 0.197 1
Islam -0.198 0.181 1
Chr. 0.194 -0.135 -0.858 1
Sup. -0.059 -0.21 -0.435 0.471 1
Prof. 0.33 -0.016 -0.064 0.067 0.243 1
Big 4 -0.124 -0.102 -0.13 0.092 0.432 -0.011 1
EuAmNd -0.22 -0.083 -0.432 0.551 0.561 0.116 0.231 1
Feur. -0.318 0.22 0.105 -0.008 0.218 -0.057 0.257 0.307 1
CB 0.052 0.283 -0.201 0.024 0.353 -0.077 0.37 0.11 0.169 1
Tableau 4 : Corrélations des variables

Modèle 1 Modèle 1
(religion Christianisme) (religion Islam)
Khi-deux 39.403%*** 39.522%***
-2log vraisemblance 77.874% 77.755%
R-deux de Nagelkerbe 47% 47.1%
Pourcentage correct 84.2% 83.2%

Modèle 2 Modèle 2
(religion Christianisme) (religion Islam)
Khi-deux 27.639%*** 24.955%***
-2log vraisemblance 41.147% 43.831%
R-deux de Nagelkerbe 51.5% 47.3%
Pourcentage correct 89.2% 86.5%

Tableau 6 : Critères de validité des modèles

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