La Globalisation Économique: Pays Riches - ECOLES DES MINES DE PARIS

La globalisation économique
1.La globalisation et les pays riches
Pierre-Noël Giraud et Joël Ruet
Ecole des Mines de Paris
Année 2006 -2007
4/12/06 Giraud, Ruet / Cours: " La globalisation économique" / Ecole des Mines de Paris 1
La globalisation économique: questions de départ
• Question du cours:
• Qu’est-ce que la globalisation économique? Est-ce un phénomène
nouveau? Quelles sont les caractéristiques de la globalisation actuelle?
• L’émergence de l’Inde et de la Chine menace-t-elle l’emploi et la cohésion
sociale dans les pays riches ?
• La globalisation a-t-elle donné le pouvoir à des réseaux multinationaux
de firmes, au détriment des Etats ?
• La globalisation est-elle responsable de ce qu’une grande partie du
monde s’enfonce dans la misère ?
• La globalisation permet-elle, en absence de gouvernement mondial, une
« gestion durable » de la planète ?
• Bref, une bonne partie des questions en débat entre pro et anti
«globalisation libérale ».
Plan général du cours
1.La globalisation et les pays riches (Giraud)

2.Les pays émergents (Ruet)
3.Les pays stagnants (Giraud)
4.Les problèmes de gouvernance mondiale (Giraud)
Plan de la première partie
• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation:

dépasser l’économie internationale
• 1.2. Mise en perspective historique
• 1.3. La globalisation actuelle
• 1.4 Globalisation, inégalités, et politique
économique dans les pays riches
• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation:

dépasser l’économie internationale
• 1.4 Globalisation, inégalités, et politique économique dans les pays riches
1.1.Les concepts analytiques
• Les modèles économiques classiques pour analyser

la globalisation sont :
– Les théories du commerce international.
– Les théories de la croissance (traité en partie 3)
• Nous allons :
– Rappeler les principaux « messages » des théories du
commerce international
– Proposer un cadre analytique élargi, tiré de: «L’inégalité
du monde», Pierre Noël Giraud, Gallimard, folio, 1996
1.1.1.Les messages de la théorie du commerce international
Message 1 :
• Le commerce international entre deux pays dont les prix
relatifs diffèrent est toujours favorable en moyenne à chacun
d’eux.
• Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les productions
pour lesquels il possède un «avantage comparatif »: même si
un territoire est plus « productif » qu’un autre dans tous les
domaines, il est de l’intérêt mutuel qu’il se spécialise dans
ceux pour lesquels il est « relativement » le plus productif.
Message complémentaire :
• L’ouverture au commerce international est également
favorable car elle accroît la diversité qualitative de l’offre.
1.1.1.Les messages
Message 2:
• Lorsque les avantages comparatifs sont dus à des
différences de dotation de facteurs, chaque pays a intérêt à
se spécialiser dans les productions qui emploient le facteur
relativement abondant chez lui.
• Par exemple, le travail intellectuel est relativement abondant,
et donc bon marché, dans les pays riches. Ils ont donc intérêt
à se spécialiser dans les productions qui en emploient
beaucoup. Réciproquement les pays pauvres ont intérêt à se
spécialiser dans les productions intenses en main-d’œuvre
non qualifiée, dont il sont abondamment pourvus.
1.1.1.Les messages
Commentaire :
• On verra que les pays émergents n’ont sans doute
pas bien entendu le message…
• C’est que la théorie classique du commerce
international est essentiellement statique, et que ces
conclusions peuvent être contestées dans une
vision dynamique de l’économie.
• Elles le furent, par l’Allemand Frédéric List, dès le
milieu du 19e siècle.
1.1.1.Les messages
Message 3 :
• Il se peut cependant que l’accroissement du bien-
être moyen que procure toujours l’échange
international s’accompagne d’un accroissement des
inégalités au sein d’un des deux territoires.
• Dans ce cas il suffit d’opérer un transfert des
gagnants de l’ouverture commerciale vers les
perdants, afin de compenser ceux-ci. Il restera
toujours un gain net aux gagnants.
1.1.1.Les messages
Commentaire :
• En pratique, il faut :
– Que l’État le fasse, quitte a mécontenter fortement les
gagnants de l’ouverture.
– Que cela n’ai pas l’effet pervers de déprimer la
croissance, annulant ainsi les bienfaits du libre-échange.
– Sinon, les avantages du libre-échange ne peuvent plus
être prouvés économiquement.
1.1.1.Les messages
• Les résultats de la théorie classique supposent des

marchés parfaits.
• À partir des années 50, on développe des modèles

prenant en compte certaines imperfections de
marché.
1.1.1.Les messages
• Les imperfections de marché prises en compte par

les « nouvelles théories du commerce international
»:
– Rendements croissants
– Oligopole et comportements stratégiques
– Externalités.
1.1.1.Les messages
Rendements croissants :
• Ils justifient, dans certaines conditions, la
«protection des industries naissantes ».
• Parmi ces conditions : être sûr que l’industrie que
l’on protège est capable de devenir compétitive par
rapport à celle des autres territoires, et tout mettre
en œuvre pour cela.
1.1.1.Les messages
• Historiquement, la protection d’une industrie nationale

émergente :
• A été utilisé avec succès par le Japon dans les années 60 et
70 :
– Protection des entreprises nationales, mais très forte compétition
entre elles sur le marché intérieur
– Aide massive de l’État à la recherche-développement
– Création de champions nationaux qui partent ensuite à la conquête du
monde
• A plongé dans le marasme un grand nombre de pays latino-
américains dans les années 30 à 60.
1.1.1.Les messages
Commentaire :
• L’époque des champions industriels nationaux n’est-

elle pas révolue ?
1.1.1.Les messages
Oligopole et comportement stratégique :

• Le cas d’école : Airbus contre Boeing, à coups de
subventions de leurs Etats respectifs…
• On montre, sans surprise, que des subventions bien ciblées
à une industrie exportatrice en situation de concurrence
oligopolistique, peuvent s’avérer profitables aux résidents du
territoire considéré.
Commentaire:
• le problème pour les Etats est-il toujours de soutenir un
champion contre l’autre, ou bien plutôt de veiller à ce qu’un
solide duopole entre les champions ne lèse pas trop les
consommateurs finaux dans les deux pays?
1.1.1.Les messages
Les externalités, positives ou négatives

• Positives : les biens culturels et la justification de la
«préférence nationale » en matière de cinéma, etc…
• Négatives : les dégradations environnementales, incluant la
sécurité alimentaire,le climat, la biodiversité, et d’une
manière générale les « biens publics mondiaux ».
• Elles justifient des dérogations aux règles classiques
Commentaire
• Ces questions restent d’une grande actualité : tensions
croissantes à l’OMC.
• Cependant, l’évaluation économique des externalités reste
très approximative.
1.1.1.Les messages :Conclusions
Sur le plan théorique :

• Au foisonnement des modèles et des conclusions qu’a
engendré l’examen des imperfections de marché, s’ajoute :
• Un doute profond sur le caractère « bénévolent» des Etats
dans la « nouvelle économie politique»: elle modélise des
situations où l’État poursuit des objectifs bien différents de «
l’intérêt général ».
• Ces deux approfondissements des théories classiques :
– améliorent leur caractère analytique
– affaiblissent considérablement son caractère normatif.
1.1.1.Les messages : Conclusions
Sur le plan empirique :

• Des échecs, comme des réussites, aussi bien pour
les politiques protectionnistes et stratégiques que
pour les politiques de libre-échange.
• Durant les 30 dernières années : une incontestable
réussite d’un rattrapage tiré par les exportations
vers les pays riches.
• Dans la même période, pour les pays les plus
pauvres, aucune évidence statistique d’un lien entre
l’ouverture et le taux de croissance.
1.1.2. Une grille d’analyse
• Une grille d’analyse, tirée de « L’inégalité du

monde»,
• Utile pour :
– Interpréter les grandes évolutions économiques des deux
derniers siècles
– Analyser les effets de la globalisation sur les inégalités,
entre les pays et à l’intérieur des pays.
1.1.2. Une grille d’analyse : plan
• Définitions
– Biens économiques
– Territoire économique
– Activités sédentaires et nomades
– Individus compétitifs et protégés
• L’État est-il économiquement rationnel ?
• Deux conséquences :
– Pas de loi générale, purement économique, des inégalités
– Diversité des capitalismes et de leur articulation.
1.1.2. Les biens économiques et leur mobilité
Biens économiques Tendances de la mobilité

transfrontière
Matières premières et produits ++
manufacturés
Services +
Fichiers numériques +++++
Monnaies et titres +++
Hommes (travail) 0
1.1.2. Territoire économique
• Un territoire économique est un espace au sein duquel la

circulation des biens économiques est libre.
• Dans le monde moderne, cela correspond généralement à un
État-nation. Certains états, comme la Chine, entravent
cependant la circulation des hommes au sein du territoire
(contrôle de l’exode rural).
• L’union européenne tend à devenir un territoire économique
plus vaste que les États-nations. C’est le seul exemple.
• Au sein d’un territoire, la compétition économique n’est pas
amoindrie par des entraves aux circulations.
• La compétition économique entre territoire l’est.
1.1.2. Acteurs nomades et sédentaires
• Les acteurs économiques

– les entités, individuelles ou collectives (firmes), engagées
dans les activités de production et d’échange et mues par
un objectif monétaire (de l’accroissement maximum au
simple maintien du revenu)
• Nomades :
– ils mettent en mouvement des flux entre territoires
• Sédentaires :
– ils ne mettent en mouvement que des flux internes à un
territoire.
1.1.2. Individus compétitifs et protégés
• Compétitifs : les individus qui sont en compétition

directe avec des individus situés dans d’autres
territoires :
– le trader, l’OS de l’automobile, le viticulteur.
• Protégés : les individus qui ne sont en compétition
directe qu’avec des individus situés dans le même
territoire :
– le professeur de droit constitutionnel français, l’ouvrier du
bâtiment, l’acteur de théâtre, la femme de ménage.
1.1.2. L’État est-il économiquement rationnel ?
• L’État est économiquement rationnel dans la théorie

classique, sous deux hypothèses :
– La croissance et la répartition de la richesse sont des phénomènes
indépendants : dans ce cas la rationalité économique de l’État est de
maximiser la richesse du territoire. La modification de la répartition est
un choix politique.
– L’État recherche : « l’intérêt général ».
• Ces deux hypothèses sont abandonnées par la théorie
contemporaine :
– Les imperfections de marché rendent interdépendantes croissance et
répartition
– La nouvelle économie politique étudie les situations où l’objectif de
l’État n’est plus la satisfaction de l’intérêt général.
1.1.2. La répartition de la richesse
1.1.2. Evolutions « spontanées » de la répartition de la richesse
Concentration:
rendements
croissants
Diffusion:
compétition
1.1.2. Inexistence de lois générales de l’inégalité
• Les inégalités économiques

– Entre territoires
– À l’intérieur des territoires
• Dépendent :
– Des interventions des Etats aux frontières et au sein des
territoires
– De l’articulation, au sein des territoires entre acteurs
nomades et sédentaires (stimulation, neutralité,
destruction).
1.1.2. Les CapitalismeS
• Lorsque, dans une zone et pendant une période donnée, on

a:
– Stabilité du type de relations nomades – sédentaires
– Stabilité des interventions étatiques, internes et aux frontières
• On peut définir : « un » capitalisme et expliquer la dynamique
des inégalités internes et externes pendant cette période :
– Exemples : les capitalismes pré-industriels, la croissance social-
démocrate auto-centrée (CSDA), la phase actuelle de globalisation
• Mais on ne peut rien dire de général sur «le» capitalisme et
les inégalités.
Plan de la première partie du cours
• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation : dépasser l’économie

internationale
• 1.4 Globalisation, inégalités, et politique économique dans les pays
riches.
1.2. Mise en perspective historique : plan
• Les capitalismes pré-industriels selon Braudel

• La révolution industrielle, l’Angleterre, la première
globalisation
• Fermeture et croissance social-démocrate auto-
centrée
1.2. Les capitalismes pré-industriels selon Braudel
• De l’an mille jusqu’à la révolution industrielle, les

économie-mondes européenne, arabe, chinoise, indienne
connaissent des caractéristiques similaires :
- forte consommation locale de la production matérielle

- réseaux de villes marchandes et insertion dans le commerce international de produits
de luxe via ces villes
- inégalités économiques au sein des territoires mais égalité économique entre territoires
- cycles démographiques et économiques ; cycles malthusiens de ‘conquête des
marges’… et de la revanche de celles-ci.
1.2. Les capitalismes pré-industriels
• Spécialisation marchande puis financière de villes: Venise, Gênes,

Amsterdam, en Europe, Surat en Inde.
• Les villes-centres des économies monde sont des pôles de richesse,
articulés à des réseaux de villes secondaires, qui surplombent l’océan de
la « civilisation matérielle ».
• Des acteurs nomades localisés dans ces villes, qui en Europe au moins
s’autonomisent du Prince ou de l’Etat (à distinguer des ‘banquiers du
Prince’ : Fugger, banquiers du Grand Moghol en Inde, banquiers des
sultans).
• De fortes et immémoriales inégalités internes.
• Une innovation technique (navigation hauturière…) mais surtout
financière et institutionnelle : monnaie scripturale, crédit, assurance
maritime, droits de propriété.
1.2. L’évolution des inégalités depuis 1820
• On distingue :
– Les inégalités internationales, entre territoires, mesurée

par les écarts de PIB/ha
– Les inégalités internes à chaque territoire : coefficients de
Gini ou de Theil des revenus
– Les inégalités mondiales, au sein de la population
mondiale prise comme un tout : résultante des deux
précédentes
1.2. Les inégalités depuis 1820, selon Bourguignon et Morrison
1.2. Les inégalités depuis 1820, selon Bourguignon et Morrison
Trois périodes :
• La première globalisation : 1820 – 1918:
– L’Europe, les colonies de peuplement européennes, et le Japon connaissent
la révolution industrielle et creusent l’écart avec le reste du monde
• Recentrage et croissance social-démocrate auto-centrée : années 20 -
années 70
– Seule période où les inégalités internes ont diminué, stabilisant l’inégalité
mondiale
• La seconde globalisation, à partir des années 70 :
– Rattrapage de la Chine et de l’Inde : vers la fin d’une grande parenthèse de
deux siècles
– Décrochage du reste du monde pauvre
– Accroissement des inégalités internes presque partout
– Malgré le rattrapage, l’inégalité mondiale s’accroît
1.2. Les trois périodes : commerce mondial et IDE
Ratio stock IDE / PIB

Ratio Exportations/ PIB monde
20,0
100,0
18,0 90,0
16,0 80,0
14,0 70,0
12,0 60,0
10,0 50,0
8,0 40,0
6,0 30,0
4,0 20,0
10,0
2,0
0,0
0,0
1820 1870 1913 1929 1950 1973 1990 2000 1870 1913 1930 1945 1960 1980 1985 1990 1995 2000
EXP/GDP FDI/GDP
1.2. L’Angleterre
• L’Angleterre à la fin du XVIIIe siècle :

– Début de la révolution industrielle, adossée à une
révolution agricole
– Un territoire entier, où les circulations ont été libérées, se
hisse au sommet de l’économie monde européenne
– Invention de l’économie politique (Adam Smith)
– En 1820, l’Angleterre adopte le libre-échange, ouvrant
ainsi une première phase de globalisation : 1820 -1918
1.2. L’Angleterre se hisse rapidement au sommet
La place de l’Angleterre dans le Population 2%

monde en 1849
Manufacture moderne 65%

/industrie
Filatures de Coton 50%
Cependant les suivants: USA, Production d’acier 50%

Allemagne, France, vont rattraper
rapidement à partir de la fin du
19éme siècle, en général sous des Marine marchande 34%
politiques protectionnistes
Energie commerciale 60%
(charbon
local)
1.2. La révolution industrielle se diffuse dans une partie du monde
Année de passage de la population Angleterre 1830

active agricole sous les 30% de la
population active totale :
USA 1910
France 1946
Japon 1960
1.2. Blocage de tentatives d’industrialisation dans le reste du monde
• Les effets économiques de la colonisation :
– Controverses sur la question du : « pillage du tiers-

monde »
– Blocage du processus d’industrialisation dans de
nombreux pays : Inde,Chine, Turquie, Égypte
1.2. Repli territorial et croissance démocrate auto-centrée
• Tentatives de reprise de la globalisation dans les années 20

• Repli territorial à partir des années 30
• Dans les territoires plus fermés, le partage de la valeur
ajoutée entre salaires et profits devient une variable de
politique économique.
• Fordisme: « j’augmente mes ouvriers pour qu’ils
achètent mes voitures »
• « Les intérêts de GM sont ceux de l’Amérique et
réciproquement »
• Dans tous les pays riches : réduction des inégalités
• Accroissement de l’écart avec le reste du monde, surtout dû
à l’explosion démographique.
• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation: dépasser l’économie

internationale
• 1.4 Globalisation, inégalités, et politique économique dans les pays
riches
1.3. La globalisation actuelle : Plan
• 1.3.1. Le globalisation commerciale

• 1.3.2. La globalisation financière
• 1.3.3. La globalisation numérique
• 1.3.4. La globalisation des firmes et la mise en
compétition des territoires
• 1.3.5. La globalisation des biens publics
• 1.3.6. Conclusions
1.3.1. Le globalisation commerciale
• Un processus politique d’ouverture des frontières :

– Amorcé dès les années 50
– Dans le cadre du GATT puis de l’OMC
– Abaissement progressif des barrières douanières et des
obstacles non tarifaires
– Encore plus rapide au sein de certaines zones : U. E.,
zones de libre-échange (Nafta, Mercosur, Asean), accords
bilatéraux.
• Favorisée par d’importants progrès techniques dans

les transports aériens, terrestres et maritimes
– Les minerais les moins chers voyagent d’Australie en
Europe
– Coûts de transport d’un container de Shanghai à
Rotterdam = coût de transport de Valence à Rotterdam
– Spectaculaire effondrement du coût de transmission des
fichiers numériques
• Une ouverture croissante des économies

Ratio Exportations/ PIB monde
20,0
18,0
16,0
14,0
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
1820 1870 1913 1929 1950 1973 1990 2000
EXP/GDP
• Les taux d’ouverture actuels encore contrastés
• Les échanges Amérique du Nord-Europe-Asie

constituent encore l’essentiel du commerce mondial
1.3.2. La globalisation financière
• La globalisation financière actuelle résulte pour l’essentiel de

décisions politiques
– Avec pour support technique le seul télégraphe: importants
mouvements de capitaux à la fin de la première globalisation.
– Cependant, importance des technologies de l’information dans le
fonctionnement des marchés financiers.
• Les gouvernements ont progressivement autorisé la
circulation de l’épargne. L’ épargne constituée dans un
territoire est autorisée à s’investir dans des titres émis par
des acteurs d’autres territoires
• Pourquoi ?
– Besoins de financement des Etats et des firmes «multinationales»
– La revanche des épargnants « baby boomers »
Conséquences positives de la globalisation financière :

• L’importance croissante des mouvements de taux dans les
balances des paiements
• Un pays peut vivre durablement en déficit (respectivement en
excès dans) commercial, si ses résidents réussissent à
placer des titres à l’étranger (respectivement si ses
épargnants souhaitent acheter des titres étrangers)
• L’épargne des pays riches et vieillissants peut financer la
croissance des pays pauvres et jeunes
• Les investissements directs étrangers (IDE) sont favorisées
• La croissance des IDE

Ratio stock IDE / PIB
100,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
1870 1913 1930 1945 1960 1980 1985 1990 1995 2000
FDI/GDP
Conséquences négatives de la globalisation financière
– L’instabilité intrinsèque de la finance de marché

– Les crises de change dans les pays émergents
– Les économies d’agglomération et la concentration des
financements privés issus des pays riches dans quelques
pays émergents
Conséquences controversées de la globalisation

financière
– La montée en puissance des investisseurs institutionnels

– Les nouvelles règles du gouvernement d’entreprise
– Le supposé « court - termisme » des acteurs financiers
1.3.3. La globalisation numérique
Effets de la révolution numérique 1 :

• Bouleverse la logistique et favorise la mise en
réseau des acteurs économiques, mais:
– Les TIC ne concernent que des informations codifiables.
– Une bonne partie des « savoir-faire » le sont difficilement
– Dans les deux cas, nécessité et rythme propre des
processus d’apprentissage
Effets de la révolution numérique 2

• Standardisation des informations de masse
– Chacun croit savoir comment les autres vivent : plus
grande sensibilité aux inégalités.
– Phénomènes de mode : économie de la « Sierra Madre »
Effets de la révolution numérique 3

• La technique tend à transformer un fichier
numérique en bien public pur :
– Difficultés juridiques à faire respecter les droits de
propriété intellectuelle, avec l’explosion des violations
décentralisées
– Difficultés politiques à faire respecter les droits qui
s’opposent à la réduction de la pauvreté absolue, qui est
« l »objectif de developpement du millénaire » ODM N°1
– Nécessité de redéfinir les frontières public - privé
Rappel sur le « bien public pur »:

• Non rival : le fait qu’il soit consommé par l’un n’empêche pas
sa consommation par un autre
• non excludable : une fois qu’il est produit, il est très coûteux
d’empêcher quelqu’un de le consommer.
• Un bien public pur ne peut être produit que par une entité qui
a le pouvoir de contraindre ceux qui l’utilisent à le payer.
• Ce pouvoir, nécessairement coercitif, ne peut qu’émaner d’un
État
– Soit l’État produit directement le bien public et le finance par l’impôt
– Soit il délègue ce pouvoir à des acteurs privés et le garantit
juridiquement : le système des brevets.
1.3.4. La globalisation des firmes et la compétition entre territoires
• Une firme globale est une firme qui n’a plus qu’aucune
attache particulière avec un territoire
• Elle met systématiquement l’ensemble des territoires en
compétition pour la localisation de ses activités : siège social,
recherche-développement et autre fonctions centrales, unités
de logistique, de production, de commercialisation, sous-
traitants.
• Son capital est détenu par des fonds et des particuliers du
monde entier.
• Ses cadres, y compris dirigeants, sont de plusieurs
nationalités. La langue de travail y est l’anglais.
1.3.4. La globalisation des firmes et la compétition entre territoires
• Existe-t-il des firmes globales ? Au sens strict, pas vraiment.

• Cependant, on assiste à une rapide globalisation des firmes.
• D’ores et déjà elles mettent en compétition les territoires pour la quasi-
totalité de leurs activités, y compris récemment la recherche-
développement.
• Le phénomène nouveau, c’est l’intégration entre firmes émergentes et de
firmes issues des pays riches ( Mital Arcelor)
• Va-t-on vers une véritable globalisation ? Ou subsistera-t-il des polarités
territoriales: firmes asiatiques, européennes, etc.?
• Ces firmes en voie de globalisation ne sont-elles pas en train de former
de puissants oligopoles au détriment des consommateurs ?
1.3.5. La globalisation des biens publics
• Un certain nombre de biens sont apparus comme

des biens publics globaux
– Consensuel : le climat, la biodiversité, le contrôle des
épidémies.
– Controversé : la stabilité financière internationale, le libre-
échange, la « sécurité » ( l’ONU ou l’armée américaine? ).
• Qui va se charger d’exercer le pouvoir de coercition
nécessaire à leur financement ?
1.3.6. Conclusions
• La globalisation actuelle :
– Inaugure de nouvelles relations entre nomades et sédentaires, avec

l’apparition et la montée en puissance de puissants nomades «
globaux »
– Se déploie dans le cadre d’interventions étatiques profondément
modifiées, par rapport à la période de précédente :
• Libéralisation des circulations transfrontalières des biens, services,
capitaux, et par force, des informations codifiées.
• Au plan intérieur, épuisement des politiques social-démocrates et
déploiement des politiques « territoriales »
1.3.6. Conclusions
• On analysera donc les effets de l’actuelle

globalisation sur:
– les inégalités
• internationales : rattrapage ou stagnation ?
• Sociales internes
– l’émergence des firmes globales et ses conséquences
– les problèmes de gouvernance au plan :
• national
• international
• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation: dépasser l’économie

internationale
• 1.4. Globalisation, inégalités, et politique
économique dans les pays riches
1.4. Globalisation, inégalités, et politique économique dans les pays riches
• 1.4.1.Les cercles vertueux de la CSDA et leur

rupture
• 1.4.2.Un modèle compétitifs- protégés
• 1.4.3. Inégalités internes dans les pays riches: les
faits
• 1.4.4. La globalisation est elle coupable?
• 1.4.5. Que faire?
1.4.1.Les cercles vertueux de la croissance démocrate auto centrée
Inv. Capacité et De la
productivité productivité
Fermeture
« Partage équilibré » de SMIC, Accords collectifs
la valeur ajoutée
Transferts sociaux et biens
publics
des profits des salaires privés des dépenses

publiques
Consommation de
masse( fordisme)
1.4.1.La rupture des cercles vertueux de la croissance démocrate auto
centrée sous l’effet de la globalisation
Inv. Capacité et De la
productivité productivité
Fermeture
« Partage équilibré » de SMIC, Accords collectifs
la valeur ajoutée
Transferts sociaux et biens
publics
des profits des salaires privés des dépenses

publiques
Consommation de
masse( fordisme)
1.4.2. Un modèle compétitifs – protégés en économie ouverte
Rc
Un modèle compétitifs-protégés
• Rc = a*x*Nc
• a: revenu moyen mondial du
compétitif Compétitifs: Nc
• x:compétitivité relative des comp. Ccc
• Nc, Np, N=Nc+Np: nombre de
compétitifs, de protégés et pop. Ccp
Totale Rpp=Cpp
• PIB = Rc+Rp Cpc
• Avec: Rp = Cpp+Ccp
Choix entre biens comp. et prot.: Protégés: Np
• Ccp = y*Rc
• Cpp = y*(Cpp+Ccp)
Contrainte extérieure:
• Rc = Ccc+Cpc
1.4.2. Un modèle compétitifs – protégés en économie ouverte
PIB = Nc*a*x / (1-y)

• Le PIB croît avec
– Le nombre des compétitifs:
– la compétitivité des compétitifs
– la qualité des biens et services protégés
(Rp/Np) / (Rc/Nc) = [y/(1-y)]*[Nc/(N-Nc)]
• Les inégalités internes croissent:
– quand le nombre des compétitifs diminue
– quand l’attrait des biens et services protégés diminue
1.4.3. Inégalités internes dans les pays riches: les faits
1975-1985 1985-1995
AUSTRIA 0 ++
BELGIUM +
CANADA + 0
CHECK REP. -- +++
DANMARCK ++
Source: OECD
FINLAND - +
FRANCE - +
GERMANY - + +++ HIGH INCREASE > 15%
UNGHERIA + +++ ++ INCREASE 7-15%
ITALY -- +
+ MODERATE INCREASE 2-7%
JAPAN 0 +
COREA + + 0 NO VARIATION -2 - +2%
HOLLAND 0 ++
- MODERATE REDUCTION 2-7%
NEW ZELAND +++
NORWAY - + -- REDUCTION 7-15%
POLAND 0 +++
--- STRONG REDUCTION > 15%
SWEDEN - +++
4/12/06 Fig. 4économique" / Ecole des Mines de Paris

Giraud, Ruet / Cours: " La globalisation 72
1.4.3. Inégalités internes en GB, 1939-1996
56
52
48
44
40
36
Gini index
32
28
24
20
Source: Brandolini (2002)
16
1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995
1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000
1.4.3. Inégalités internes aux E.U., 1929-1996
56
52
48
44
40
Gini index
36
32
28
24
20
Source: Brandolini (2002)
16
1915 1925 1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995
1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000
1.4.4. Et si la globalisation n’était pas « coupable »?
• Explication alternative :
– Le « progrès technique biaisé » en défaveur du travail non
qualifié ( Krugman: « Europa jobless, America penyless» )
• Discussion :
– La globalisation ne se réduit par à la compétition avec les
pays à bas salaires
– Par quoi le progrès technique est-il biaisé ? Par la
globalisation
– Si le progrès techniques est biaisé, la solution est la
formation. Une formation destinée à redevenir compétitif
peut s’avérer « non rentable »…
1.4.4. La globalisation tend à accroître les inégalités dans les pays riches
• C’est donc bien la globalisation qui est le moteur de

la croissance des inégalités internes dans la plus
part des pays riches.
• C’est un fait, mais il pourrait en être autrement.
• C’est une question empirique : rythme comparé de
plusieurs processus opposés: Nc, y ???
(Rp/Np) / (Rc/Nc) = [y/(1-y)]*[Nc / (N-Nc)]
– Exemple: aux Etats Unis dans les années 90: les
inégalités cessent de croître, puis s’accroissent à nouveau.
1.4.4. Une conjecture
• Compte tenu de la taille et de la puissance du

rattrapage de l’Inde et de la Chine, qui soumet à
rude épreuve pratiquement tous les compétitifs des
pays riches
• Dans la plupart de ceux – ci, les inégalités internes
devraient continuer d’augmenter
– Risque de laminage des classes moyennes
– Les classes moyennes, piliers de la démocratie
parlementaire
– « Classes moyennes de tous les pays, unissez vous! »
1.4.5. Que faire: plan
• Les politiques social-démocrates sous contrainte de

compétitivité du territoire
• Les politique territoriales
• Les tentations protectionnistes
• Un déséquilibre global ?
1.4.5. La contrainte de « compétitivité du territoire »
• Les politiques social-démocrates sous contrainte de

« compétitivité du territoire »:
– Toujours de 35% à 55% du PIB manipulé par les Etats
des pays riches, mais:
– La production de biens publics doit améliorer l’attrait du
territoire
– Pas de transferts sociaux désincitatifs pour les compétitifs
1.4.5. Les politiques territoriales
PIB = Nc*a*x / (1-y)

• Augmenter le nombre Nc et la compétitivité x des
compétitifs
– Rapport qualité/prix des compétitifs
– Recherche, formation, biens publics locaux
• Améliorer la qualité y des biens et services protégés
1.4.5. La tentation protectionniste
• A l’échelle européenne uniquement

• Retourner en arrière ou freiner la marche en avant
(Ex: directive Bolkenstein)?
• Un arbitrage croissance – inégalité, donc inégalité
externe-interne
• A la recherche d’un « protectionnisme de transition »
1.4.5. Les équilibres globaux menacés ???
• Perte des cohésions nationales: capitalismes peu « inclusifs »

• « Dilemmes du prisonnier » omniprésents
– Compétition sociale et fiscale
– L’idéal « économique » pour les compétitifs: que « leurs » protégés
soient pauvres: Bangalore vs San Francisco
• Déséquilibre du partage de la valeur ajoutée:
– La revanche des rentiers
– Risques de sous consommation
• Insuffisance de biens publics
• Non internalisation des externalités transfrontières

La Globalisation Économique: Pays Riches - ECOLES DES MINES DE PARIS

Uploaded by

Document Information

Original Title

Copyright

Available Formats

Share this document

Share or Embed Document

Sharing Options

Did you find this document useful?

Is this content inappropriate?

Copyright:

Available Formats

La Globalisation Économique: Pays Riches - ECOLES DES MINES DE PARIS

Uploaded by

Copyright:

Available Formats

La globalisation économique

1.La globalisation et les pays riches

Pierre-Noël Giraud et Joël Ruet

Ecole des Mines de Paris

Année 2006 -2007

1.La globalisation et les pays riches (Giraud)

• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation:

• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation:

• Les modèles économiques classiques pour analyser

• Les résultats de la théorie classique supposent des

• À partir des années 50, on développe des modèles

• Les imperfections de marché prises en compte par

• Historiquement, la protection d’une industrie nationale

• L’époque des champions industriels nationaux n’est-

Oligopole et comportement stratégique :

Les externalités, positives ou négatives

Sur le plan théorique :

Sur le plan empirique :

• Une grille d’analyse, tirée de « L’inégalité du

Biens économiques Tendances de la mobilité

Fichiers numériques +++++

Monnaies et titres +++

• Un territoire économique est un espace au sein duquel la

• Les acteurs économiques

• Compétitifs : les individus qui sont en compétition

• L’État est économiquement rationnel dans la théorie

• Les inégalités économiques

• Lorsque, dans une zone et pendant une période donnée, on

• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation : dépasser l’économie

• Les capitalismes pré-industriels selon Braudel

• De l’an mille jusqu’à la révolution industrielle, les

- forte consommation locale de la production matérielle

• Spécialisation marchande puis financière de villes: Venise, Gênes,

– Les inégalités internationales, entre territoires, mesurée

Ratio stock IDE / PIB

• L’Angleterre à la fin du XVIIIe siècle :

La place de l’Angleterre dans le Population 2%

Manufacture moderne 65%

Cependant les suivants: USA, Production d’acier 50%

Année de passage de la population Angleterre 1830

• Les effets économiques de la colonisation :

– Controverses sur la question du : « pillage du tiers-

• Tentatives de reprise de la globalisation dans les années 20

• 1.1. Les concepts analytiques de la globalisation: dépasser l’économie

• 1.3.1. Le globalisation commerciale

• Un processus politique d’ouverture des frontières :

• Favorisée par d’importants progrès techniques dans

• Une ouverture croissante des économies

• Les taux d’ouverture actuels encore contrastés

• Les échanges Amérique du Nord-Europe-Asie

• La globalisation financière actuelle résulte pour l’essentiel de

Conséquences positives de la globalisation financière :

• La croissance des IDE

Conséquences négatives de la globalisation financière

– L’instabilité intrinsèque de la finance de marché

Conséquences controversées de la globalisation

– La montée en puissance des investisseurs institutionnels

Effets de la révolution numérique 1 :

Effets de la révolution numérique 2

Effets de la révolution numérique 3

Rappel sur le « bien public pur »:

• Existe-t-il des firmes globales ? Au sens strict, pas vraiment.

• Un certain nombre de biens sont apparus comme

PIB = Ncax / (1-y)

PIB = Ncax / (1-y)