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Histoire des conditions de travail dans le monde industriel

en France - H. Ben Aissa

L’auteur s’attache ici à dresser une histoire des conditions de travail fondée sur la notion de
compromis social, qu’il définit ainsi : « le compromis sur lequel se mettent d’accord les ouvriers, les
employeurs, les représentations syndicales et l’Etat explicitement ou implicitement, comme élément
d’équilibre de la société ». Pour la période 1750-1848, l’auteur prétend dégager un compromis social
comptant trois termes : détenteurs du pouvoir (économique, politique, religieux) ; compagnonnage ;
dominés.
Je passe le premier chapitre, dans lequel l’auteur ne raconte guère que du gros caca, et cela dans le
style d’un enfant de cinq ans, avec fautes de français afférentes. Retenons simplement qu’il assigne à
la période 1848-1912 un compromis social comportant quatre termes : détenteurs du pouvoir
politique ; détenteurs du pouvoir économique ; organisations ouvrières et syndicats ouvriers ; ouvriers.

II) La question des conditions de travail à l’heure de la rationalisation : 1912-1970

Cette période est caractérisée par une rationalisation croissante dont l’objectif premier est d’accroître
la productivité du travail. Cette période, selon l’auteur, ouvre un nouveau compromis social, qu’il
appelle « compromis fordien ».

2.1) le mouvement de rationalisation

2.1.1) Le taylorisme en tant que moteur de la rationalisation. Taylor voulait non seulement augmenter
la productivité, mais encore remédier au mécontentement ouvrier. Comme le rappelle alors H. Le
Chatelier, « le principe essentiel du système de Taylor est l’application systématique de la méthode
scientifique à l’étude de tous les phénomènes industriels ». Il s’agit avant tout pour cela de dissocier
l’étude du procès productif (en vue de son optimisation) de sa réalisation même. Blablabla.

2.1.2) Le fordisme. L’objectif de Ford est de réduire au maximum le prix de production pour un
usinage à échelle massive. Pour ce faire, le premier moyen employé est la standardisation : produit
standard, pièces et composantes interchangeables standardisées, tâches standardisées permettant une
spécialisation croissante du travail.
Ford est évidemment l’héritier de Taylor ; mais l’instauration de la ligne de montage porte son
système à un degré nouveau. Ford a ainsi permis, par un principe d’économie lié à la chaîne (en
nombre d’exécutants et de moyens de production), par la standardisation, et par la parcellisation
croissante du travail, le passage à la production de masse.
Ainsi, H. Fayol se place dans la lignée de Ford lorsque, dans son livre intitulé Administration
industrielle et générale (1916), il plaide pour une restructuration de l’entreprise avec une fonction
administrative spécifique dédiée à l’organisation du travail, censée :
1°) préparer l’uniformisation des procédures,
2°) définir une ligne hiérarchique claire,
3°) centraliser la prise de décision et l’unité de commandement.
 L’apport le plus important est alors l’officialisation de la rupture entre l’entreprise « patrimoniale »
et l’entreprise « managériale », par la création de la fonction de Directeur général salarié.

2.2) Pensées de la rationalisation : les conditions de travail comme source de productivité

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2.2.1) Les conditions de travail chez Taylor. Un des enjeux majeurs de l’organisation scientifique du
travail est le contrôle des mouvements des ouvriers, qui permet la rationalisation de leur énergie
physique. Ainsi, la mission du bureau des « Méthodes » doit contenir des prescriptions en termes de
conditions de travail. L’exemple de Schmidt, le porteur de gueuses de fonte, montre bien l’intérêt
porté par Taylor à l’ergonomie (même si ce terme n’est surtout employé dans l’industrie française
qu’après 1950) dans les conditions de travail, et ceci afin d’améliorer la productivité (en l’occurrence,
quadruplement). L’intérêt est alors porté aux conditions de travail qui interviennent directement
dans l’exécution des tâches (ce que Ben Aissa distingue comme « troisième niveau » des conditions
de travail, le premier niveau étant constitué par les facteurs ayant sur les conditions de travail une
influence indirecte (salaire, durée…), et le second niveau, par l’environnement immédiat du travail
(topographie de l’usine, outillage…).

2.2.2) Les conditions de travail chez Ford. Pour Ford, l’amélioration de la productivité ne doit pas
éclipser la responsabilité sociale de l’entreprise. Il considère que la dégradation des conditions de
travail liée au travail à la chaîne s’accompagne d’un très fort absentéisme et d’une importante rotation
du personnel. Des « signes croissants de syndicalisation » (Ford) sont également attestés.
D’où une politique salariale avant-gardiste tentant de compenser les désagréments du troisième niveau
des conditions de travail par des améliorations touchant le premier niveau.
 Ford considère qu’il faut lier production et salaire, si l’on veut que s’écoule l’énorme flot de
produits sortant des usines rationalisées, modernisées et dotées d’un personnel qui veut « faire de
l’argent ». Tout cela implique donc à la fois une politique de hauts salaires et de stabilité salariale.
Ford instaure donc le « 5$ day », doublant ainsi le salaire moyen dans la profession.

Evidemment, il y a eu des critiques, et surtout aux Etats-Unis. Pour se cantonner à la France, ne citons
que celle de Jules Amar (cf. notes sur L’Avènement des loisirs) : les travaux de Taylor n’ont pas
suffisamment approfondi « le critérium du degré de fatigue et de surmenage », et cette insuffisance est
à l’origine de la méfiance des travailleurs à leur égard.

2.3) La question des conditions de travail aux prises avec la rationalisation taylorienne

L’introduction de l’organisation scientifique du travail a généré différentes réactions et manifestations


sociales. Elle a également favorisé la mise en place d’une législation sociale en France.

2.3.1) Les réactions sociales. La rationalisation taylorienne rencontre différents types de réactions ; de
fait, elle peut paraître attirante, car elle promet une production supérieure, des salaires plus importants
et une fatigue moindre.
Exemple de résistance ouvrière à la rationalisation : l’introduction du chronométrage par l’ingénieur
Georges de Ram chez Renault provoque des grèves en 1912 et 1913.
De leur côté, les entrepreneurs assistent à une perte de leur pouvoir de décision, qui est de plus en plus
confié aux ingénieurs. Cependant, ils adhèrent massivement à ce mouvement de croissance de la
productivité.

2.3.2) une nouvelle législation du travail. Entre 1919 et 1938, la législation évolue de manière à
favoriser les procédés d’accord entre ouvriers et patronat. Par une loi de 1919, le législateur tente
d’amener les organisations patronales et ouvrières à établir entre elles des relations continues par les
conventions collectives (c’est le signe d’un certain refus, voire d’une impossibilité de l’Etat de faire
une ingérence trop directe dans les rapports entre patronat et ouvriers : le champ social de l’entreprise
devra alors être commandé assez largement par un rapport de pouvoir direct entre ces deux instances).
Immédiatement après cette loi est votée, la même année 1919, la journée de huit heures.

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En 1920 est votée une seconde loi sur l’organisation légale des syndicats, complétant la loi de 1884 et
l’élargissant aux professions libérales.
La loi de 1932 sur les allocations, stipulant que l’employeur devra participer à leur versement, rompt
avec une tradition du XIX° siècle, liée au salaire au rendement, fondée sur l’idée que l’employeur ne
paie rien d’autre que le travail effectué.
Les lois de 1928, 1930 et 1935 sur le régime des assurances sociales contribuent à alléger la précarité
ouvrière. Bref bref bref cf. Bron et Noiriel qui, eux, connaissent le français.

Cela dit, notre homme dresse tout de même une conclusion intéressante : entre 1912 et 1938,
l’amélioration des conditions de travail a surtout porté sur le premier niveau (salaires, temps de travail,
conventions collectives), ce qui semble s’insérer dans une logique de compensation et de
contournement. Dans une moindre mesure, il y a également eu progrès au second niveau, à l’échelle
immédiate de l’environnement usinier, par l’institution des délégués ouvriers.

La deuxième partie est censée illustrer la première en portant sur le cas particulier de l’entreprise
renault.

I) La question des conditions de travail dans l’ère artisanale : 1898-1912

1.1) Le système de production

A cette époque, le système de production est basé sur une fabrication dite artisanale (les ouvriers sont
même à ce moment propriétaires de leurs moyens de production). Les ouvriers sont qualifiés, capables
de s’adapter à des tâches variées, d’organiser eux-mêmes leur travail en choisissant leurs outils, les
méthodes et les gestes appropriés. Le travail est ainsi caractérisé par des savoir-faire et des
comportements transmis par les générations antérieurs d’ouvriers – qui certes ne fabriquaient pas de
voitures, mais qui, précisément, employaient des techniques avec lesquelles celles des « artisans de
Renault » de présentent pas de véritable rupture.
Ce système de production dote l’artisan d’une large autonomie (troisième niveau des conditions de
travail). Le premier virage se produit en 1906. A cette date, le règlement intérieur prévoit le
« pointage » du temps de travail et aussi le calcul d’un salaire à l’heure. L’outillage, désormais fourni
par l’entreprise, n’est plus la propriété de l’ouvrier. A la fin de cette période, on assiste aux prémisses
des futurs mouvements de rationalisation avec l’embauche de l’ingénieur Georges de Ram par Louis
Renault, dans le but explicite d’introduire le taylorisme dans les usines.

1.2) La prise en compte de la question des conditions de travail

Les conditions de travail, à cette époque, sont encore favorables aux ouvriers en ce qui concerne le
troisième niveau. Or, les premières grèves importantes concernant les conditions de travail se
produisent en 1905-1906, c’est-à-dire au moment des premiers gestes dans le sens de la rationalisation.
Elles portent à la fois sur les salaires, et sur la journée de huit heures avec exigence de la semaine
anglaise.
Pour répondre à ces revendications, on peut relever deux stratégies mises en application par Louis
Renault. La première consiste en un renforcement de la relation de domination au sein de l’entreprise
entre la direction et l’ouvrier ; la seconde, par l’instauration de différentes œuvres sociales visant à
compenser la première mesure.

1.2.1) La stratégie de renforcement de la domination. Diverses décisions sont prises pour tenter de
rendre la domination sur les ouvriers plus contraignante : instauration du pointage, licenciements,

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réduction de l’autonomie de l’ouvrier par le renforcement progressif de l’ordre hiérarchique au sein de
l’usine.

1.2.2) La stratégie de contournement : les œuvres sociales. Ces œuvres sociales s’apparentent en fait
au paternalisme, et touche le premier niveau des conditions de travail. On assiste à la fondation de la
société de secours Renault Frères, qui permet d’indemniser les arrêts de travail ; elle se transforme
vite en caisse de secours mutuel des ouvriers et employés de Renault. De fait, les compensations
touchant le premier niveau des conditions de travail se sont poursuivies pendant toute la première
moitié du siècle, allant de pair avec une détérioration du troisième niveau des conditions de travail.

II) La question des conditions de travail dans l’ère de l’OST, à partir de 1912

2.1) Le système de production

Louis Renault lit Taylor, et décide en 1912 d’introduire ses méthodes dans son entreprise. Cette
introduction, dans le cas présent, prend deux formes principales :
1°) Le remplacement de l’outillage ancien par des instruments conformes aux normes préconisées par
Taylor.
2°) Le chronométrage du temps de travail.

C’est à partir de 1912 que Louis Renault décide d’introduire le chronométrage dans ses usines, sans
augmentation de salaire en contrepartie. Ce mouvement va de pair avec l’embauche d’un nombre
croissant de manœuvres spécialisés (les « similaires »). On voit bien qu’à un système de production
fondé sur le métier succède une organisation fondée sur la parcellisation et la déqualification.
Puis, l’introduction de la chaîne commence chez Renault en 1915, avec un transporteur à bandes
amenant les pièces d’un atelier à l’autre. Il faut préciser que Louis Renault n’approuvait pas la
démarche de Ford, qui consistait à doubler les salaires en introduisant la chaîne.
Les véritables débuts du travail à la chaîne ont lieu en 1922 pour le montage des châssis de la 10HP
Renault. Le temps des opérations de chaque équipe est alors de 40 minutes. On voit se multiplier les
ouvriers spécialisés. Leur proportion dans l’entreprise ne cesse de croître, continûment, entre 1922 et
1932.

2.2) Les réactions ouvrières : des revendications quantitatives

2.2.1) Avant 1936 : un mouvement contre le chronométrage. Le conflit majeur, avant la guerre, éclate
à la fin de l’année 1912, lorsque Louis Renault veut introduire le chronométrage dans son usine. Le
chronométrage implique certes, dans un premier temps, une accélération du travail ; mais il signifiera
bientôt, combiné à l’introduction de la chaîne, la perte de l’autonomie. En effet, le travailleur doit
suivre la cadence, sous peine de ralentir toute la chaîne. Cette grève de 1912 aboutit à un accord qui
permet la mise en place de deux délégués par atelier afin de discuter des problèmes causés par le
chronométrage.
Une deuxième grève, en 1913, qui avait pour but la suppression pure et simple du chronométrage,
échoue. Cet échec marque la fin des revendications relatives au troisième niveau des conditions de
travail.

Pendant la Première Guerre mondiale, les manifestations ouvrières et les grèves s’accentuent. Les
revendications essentielles portent sur l’augmentation des salaires et la diminution de la durée du
travail.

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Après la guerre, l’effectif de l’entreprise se réduit subitement de moitié, du fait de la fin des
commandes d’armement (plus que 10 000 ouvriers) ; cet effondrement des effectifs cause une chute de
la combativité ouvrière. Aussi les manifestations sont-elles faibles au cours des années 1920. Les
revendications portent surtout sur l’augmentation des salaires, réduits après la guerre. En effet, dans un
contexte de baisse de l’emploi, les revendications d’améliorations des conditions de travail des
troisième et deuxième niveaux passent au second plan.

Tout cela m’emmerde, ce livre est de mauvaise qualité, j’arrête là.

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