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Comment les entreprises


peuvent-elles coopérer entre
elles sur le pôle de Roissy ?
ou
Une petite histoire des
associations d’entreprises
autour de Roissy CDG
Par Eric Veillon
ou
Faudra-t-il une Chambre de
Commerce du pôle de Roissy ?

La question de la représentation des entre- On entend dire souvent, et ce n’est pas faux, République, qui avait fustigé, courant février,
prises sur le pôle de Roissy se pose depuis que notre pays la France ne considère pas les assurances coupables de ne pas soutenir
plus de 10 ans. Mais aussi, et c’est lié, celle de assez « l’entreprise » et les « entreprenants ». un fonds destiné à la création d’entreprise),
la communication et de la promotion de cette L’ancien président du Medef, Ernest-Antoine fiscalité peu encourageante, bureaucratie
importante région économique, réputée Seillère le déplorait souvent, en comparant des «organismes» toujours pesante…
mondialement à cause de son aéroport, mais l’image de l’entreprise en France et dans les
finalement mal connue dans sa diversité. Ces autres pays. Il avait encore évoqué ce problè- Mais c’est une partie de la réalité, qui est
questions sont elles-mêmes intimement liées me lors d’une réunion du Medef au Bourget, à autrement plus complexe. De tout temps (on
à la question de la « gouvernance » politique laquelle j’assistais, il y a quelques années. A peut remonter au moins aux guildes moyen-
du pôle, qui aurait dû être organisé en ville ce qu’il en disait, la France est un cas et ce âgeuses) les entreprenants ont cherché à se
nouvelle ou maintenant en Communauté n’est même pas une histoire de politique, de grouper pour diverses raisons : groupement
d’agglomération, selon l’avis de certains droite ou de gauche. En fait, c’est un peu la de producteurs, de distributeurs, d’acheteurs,
(dont nous). Cet article, qui est limité à la faute à notre histoire : « colbertisme », cen- promotion commerciale, défense et illustra-
question de la représentativité des entre- tralisation et hypertrophie de l’Etat et de ses tion de leurs intérêts, etc.
prises et de la promotion du pôle, propose la grands corps, pantouflages de la classe poli- L’évolution de l’économie moderne faite de
création d’une Chambre de Commerce spéci- tique et administration omniprésente, culture toujours plus de concurrence et d’ouverture
fique au pôle. Cela peut prêter à sourire, tant «judeo-chrétienne» contre «l’argent», déma- des marchés a fait apparaître un besoin sup-
est mauvaise la réputation des CCI en France. gogie de certains dirigeants politiques, de plémentaire d’information et de communica-
Mais c’est aussi une contribution, un appel au droite comme de gauche, qui aiment « taper» tion, au sens large du terme. Ainsi, si celle-ci
70 débat. Si d’autres ont des avis différents, sur les entreprises (la dernière en date nous était jusqu’à il n’y a pas si longtemps, l’apa-
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23 qu’ils proposent des solutions ! venant de notre cher Président de la nage des grandes entreprises (ou des «
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«grosses PME»), on peut dire que depuis dix, leurs avis « pour » ou « contre » les élus en de Roissy, grâce à mes fonctions à la ville de
quinze ans (et nous en savons quelque place peuvent être décisifs. Surtout en pério- Tremblay, puis grâce aux produits que j’ai
chose), les PME et même les TPE se sont mises de pré-électorale. Tous les maires, peu impor- développés (les quatre éditions de la carte
à communiquer. Nombre d’entre elles ont fait te leur couleur politique, le savent bien. C’est économique de Roissy -la première fut édi-
réaliser des plaquettes, créer des logos, et, pourquoi ils cherchent souvent à s’assurer le tée fin 97-, ce magazine Bénéfice.net,
désormais, mis en ligne des sites web, aujour- contrôle des associations de commerçants, depuis juillet 1998 et maintenant l’e-news-
d’hui aussi indispensables qu’utiles et peu soit directement en les suscitant (ou en les letter RoissyMail.com, depuis deux ans.
coûteux. Mais qui dit « communication » dit créant de toutes pièces, sous prétexte d’avoir Nous laisserons de côté les associations
aussi « réseaux » aujourd’hui. « Clusters » des « interlocuteurs ») soit en manoeuvrant d’entreprises liées en général à une zone
dans les pays anglo-saxons, « pôles de com- pour placer à leurs têtes un commerçant d’activité précise comme par exemple Paris
pétitivité », SPL (Systèmes Productifs Locaux) «ami». Ils s’en servent ensuite pour les asso- Nord 2 (PN 2 Entreprises) ou Mitry-Compans,
mis en place chez nous récemment, centres cier habilement à la communication des ini- qui ont vocation à « défendre » l’image de
de transferts de technologie, le besoin de tiatives municipales, laissant croire d’une leur zone et à développer, tant bien que mal,
coopération se fait de plus en plus sentir. manière subliminale que les «commerçants» les relations inter-entreprises. Nous nous
les soutiennent… intéresserons à celles dont la vocation, de
D’où aussi la montée en puissance des asso- fait ou par leurs statuts, veulent s’adresser
ciations d’entreprises en tout genre. Et celles- On trouve des associations de commerçants aux entreprises de tout ou partie du pôle.
ci sont devenues aussi un enjeu de communi- dans pratiquement toutes les villes d’impor-
cation…politique cette fois, en tout cas dans tance du pôle de Roissy. Et, pour être complet,
notre région de Roissy. il faut mentionner les associations de com-
Il existe plusieurs associations d’entreprises
sur le pôle de Roissy. Nous en évoquerons les
merçants des centres commerciaux (ex :
Parinor à Aulnay-sous-Bois) qui font naturel-
1993 :
principales et nous verrons que le « contrôle »
de ces associations est devenue dans le
lement la promotion de leurs centres et
défendent leurs intérêts. Comme on a pu le Les pionniers :
meilleur des cas une affaire de lobbying et
dans le pire, une affaire politique, empêchant
et la nécessaire information des entreprises
voir dans le passé proche où les commerçants
d’Usine Center, groupés en association Roissy Entreprise
s’étaient battus pour garder leur ouverture
et une promotion du pôle digne de son impor- du dimanche.
tance économique. En 1992, peu de personnes avaient
conscience du caractère homogène du pôle
Il y a aussi des regroupements : syndicats
patronaux soit généraux, comme le Medef ou
Les associations de Roissy. Celui-ci représente grosso modo
(voir la carte Roissy 2025) un quadrilatère
la CGPME : ils sont quasiment absents du pôle.
Ou des syndicats regroupant un même sec- «territoriales» formé par une distance de 15 à 20 Km autour
de l’aéroport CDG. Mais ce territoire, riche en
teur d’activité, par exemple le SNAGFA
(agents de fret), très actif lui, dont le siège
est à Roissy, ou encore des regroupements
d’entreprises zones d’activités était (et est toujours…)
divisé en plusieurs entités administratives,
est peu visible. Il faut leur rendre cet hom-
«obligatoires» comme les chambres de com- Concernant le pôle de Roissy dans son mage, les premiers qui ont pris conscience
merce ou de métiers. Nous reviendrons sur entier, l’histoire et l’état des associations d’une réalité « géo-économique » du « pôle
celles-ci plus bas, car c’est un point impor- impliquant les entreprises du secteur mérite » furent les fondateurs de Roissy Entreprise,
tant. d’être contés, et nous sommes certainement une association d’entreprises fondée par
On évoquera seulement ici les «commer- les plus qualifiés pour en parler. Pour les Gérard Couffignal et M. Thirion. Je les avais
çants» qui se sont depuis longtemps regrou- «anciens» mais aussi et surtout pour les rencontrés courant 93 à la mairie de
pés en associations, plus ou moins pérennes: «nouveaux» arrivants sur le pôle, qui ont Tremblay, lorsqu’ils avaient organisé une
cela concerne surtout les commerces « de bien du mal à s’y retrouver, s’ils veulent s’y tournée des élus pour expliquer le sens de
proximité » groupés autour d’une rue ou d’un intéresser. Pour mémoire, je rappellerai que leur démarche. Gérard, (devenu un ami
quartier commerçants, voire d’une commune. je suis arrivé, un peu par hasard, dans la depuis) était (et est toujours) un opérateur
Ces associations ont généralement pour but région de Roissy fin 1992, où j’ai occupé, à la immobilier, avec son entreprise Couffignal
d’animer la vie commerçante à travers les « demande du député maire de Tremblay-en- Ingenierie, (basée à Roissy Ville) et Thirion
quinzaines commerciales » ou autres mani- France, le poste de directeur du développe- dirigeait alors une agence de communica-
festations. Fonctionnant plus ou moins bien ment économique, jusqu’au printemps tion « TRN », basée elle aussi à Roissy. Ils
(cela dépend des animateurs) elles sont en 1997, officiellement. J’ai ensuite créé avaient eu une idée géniale : fédérer les
général choyées, au moins en apparence, par l’agence de communication « Vieux Pays entreprises situées dans ce qu’ils appelaient
les municipalités. En effet, chacun connaît le promotion » (VPP) qui fêtera ses 10 ans à la alors « Le Grand Roissy », afin de développer
«poids» électoral, à défaut d’être politique, rentrée. Depuis donc 14 ans, je suis un les contacts inter-entreprises et, en théorie
71
des commerçants : au contact permanent des observateur quotidien, presque unique, de du moins, prendre des positions dans les
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consommateurs, qui sont aussi des électeurs, l’évolution économique et politique du pôle débats publics au nom « des entreprises » de 23
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Si l’on peut sourire à En 1993, notre pays était plongé dans une
propos de quelques grave crise économique, inconnue depuis la
expressions de cet fin de la deuxième guerre mondiale. Dans les
édito (« sous l’influen- fonctions que j’occupais à la mairie de
ce des conseils géné- Tremblay, j’étais bien placé pour le savoir.
raux.. ») et constater Nombre d’entreprises souffraient du manque
que lesdits documents d’activité et s’en plaignaient. Les carnets de
(carte et « guide ») ne commandes étaient au plus bas. J’ai été éton-
reprennent principale- né de me rendre compte que quasiment
ment que CDG, Paris aucune entreprise de Tremblay (hormis celles
Nord 2 et le village de qui étaient sur CDG, évidemment) ne « tra-
Roissy, que le sud de vaillaient » avec l’aéroport, et ADP en parti-
l’Oise soit complète- culier, qui était (et est toujours) un gros inves-
ment absent, l’idée du tisseur, et, comme je leur disais à l’époque «
« pôle de Roissy » et le un gros acheteur de tout ». Après études,
rôle majeur que pour- l’explication était aussi étonnante que
raient y jouer les entre- simple: les deux mondes d’entreprises (celles
prises était lancée. Il de l’aéroport, dont ADP, et les PME de
faut rappeler aussi que Tremblay) s’ignoraient complètement. Pour
cette période est celle des raisons « historiques » : ADP venant de
de la révision du Paris et d’Orly avait ses habitudes, et les PME
Schéma directeur de de Tremblay avaient leur clientèle tradition-
l’Ile-de-France nelle à Paris ou dans la région parisienne. Et
(SDRIF), qui grâce aux aussi pour des questions d’information : ADP,
études prospectives de qui vivait en vase clos à cette époque (ça c’est
la « mission Roissy » –un peu- amélioré) ignorait son environne-
initiée par l’Etat, a fait ment et les PME ne savaient pas comment
de « Roissy » un des 5 faire pour obtenir les marchés d’ADP.
«centres d’envergure J’ai donc décidé, avec l’appui du maire et l’ai-
européenne », aupara- de d’ADP (la direction de la communication,
la région. Thirion avait ensuite édité un pre- vant dénommés pôles alors dirigée entièrement par Didier Hamon),
mier document, en 1996 : un coffret compre- d’excellence, (avec Paris, La Défense, d’organiser des « Rencontres » entre l’en-
nant une carte du « Grand Roissy » et une Saclay, et Marne-la-Vallée). Et c’est à partir semble des services « acheteurs » d’ADP et
sorte de petit « guide ». Il est intéressant de ce moment que j’ai été sensibilisé à cette les entreprises de notre ville. Nous avions
d’en relire « l’édito » de Gérard Couffignal, « problématique » du pôle de Roissy «Roissy listé 400 PME et TPE qui avaient « quelque
portant lui sur Roissy Entreprise (un mélan- Entreprise » existe toujours, nous verrons ce chose à vendre » à ADP. D’après le fichier de
ge des genres, déjà gros de problèmes): qu’elle est devenue plus bas. celle-ci, seulement quatre d’entre elles
«Notre association est née en 1993 d’un avaient, modestement, déjà commercé avec
le gestionnaire de l’aéroport ! ADP, de son
besoin de communiquer dans un site privilé-
gié situé entre deux aéroports, administré
par trois départements et subissant l’in-
1994 : Les côté, et à ma demande, avait réalisé, c’était
une première pour eux, une sorte de « vade
fluence de trois Conseils généraux éloigné
du Pôle d’Excellence de Roissy, mais dépen-
«Rencontres mecum », un manuel qui montrait « comment
vendre à ADP ». Ce document détaillait les
dant tous d’une même région Ile-de-France.
Certaines imperfections, ainsi que le ADP/Entreprises services acheteurs (produits ou services), les
contacts précis, les différentes procédures
manque de concertation dans le cadre du
développement de notre secteur, ont tremblay- d’appels d’offre, etc. Ce manuel figurait dans
un document (voir photo), imprimé par ADP,
sur lequel on pouvait voir les fiches de
conduit les chefs d’entreprises que nous
sommes à apporter leurs réflexions dans des
commissions, que nous avons constituées
siennes» chaque entreprise de Tremblay qui avait sou-
haité participer, et qui fut amplement diffusé
par thème, afin d’apporter notre contribu- dans les services du gestionnaire des aéro-
tion à l’évolution de ce Pôle d’Excellence ». Un autre évènement a joué en faveur de la ports parisiens. Et le jour « J » plus de 200 per-
Et l’édito se terminait ainsi : « si, comme nécessité d’un regroupement d’entreprises sonnes se sont rencontrées en mairie, dont
nous, vous souhaitez participer à l’essor du pôle de Roissy, d’une meilleure informa- une bonne trentaine d’acheteurs d’ADP,
économique de ce secteur, et affirmer votre tion pour elle et d’une meilleure coopération conduits, (il s’en souviendra, c’est un lecteur
72 volonté de développement, alors, rejoignez de RoissyMail et de BN) par Francis Clincks,
entre elles.
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23 nous au sein de Roissy Entreprise ». alors numéro 3 d’ADP et Christian Cléret. Suivi
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d’un repas -payé par les entreprises- dans un les valeureux « ECTIENS » sous la direction du
restaurant situé dans la ZA de Tremblay et au Mais après les « Rencontres » évoquées plus cabinet d’études et de votre serviteur. Grâce
cours duquel les contacts ont été riches. haut, ces mêmes chefs d’entreprises, qui à la générosité de feu Michel Zaffani, alors
Pas de place ici pour vous détailler les résul- avaient compris l’intérêt de ce type de Président du Conseil de surveillance de « la
tats de cette demi-journée qui fut un grand contacts, me relancèrent sur l’idée du «Club». Ferme du Vieux Pays » (les « œufs Lustucru»,
succès et eut des répercussions médiatiques Je leur ai répondu que ce n’était pas à moi de pour faire simple), l’équipe avait eu à sa dis-
nationales inattendues. Quelques temps m’en occuper, mais à eux. Ce à quoi ils me
position des locaux spacieux et fonctionnels
après, des affaires importantes furent répondirent (il faut savoir qu’entre temps,
dans la vieille ferme du Vieux-Pays, située en
conclues. Chacun avait découvert l’autre… j’avais acquis auprès d’eux, avec ces
face de l’église. Nous sommes fin 96, 1997.
L’idée était de continuer… «Rencontres» et d’autres opérations
concrètes dont ils avaient pu profiter, mes Les différents rapports d’étapes de l’étude, et
«lettres de noblesse») que si, ils souhaitaient son compte rendu final, qui concluait à la fai-
que je mette le projet sur les rails. sabilité et à la rentabilité éclatantes d’un tel
1996: Le Club J’ai dit OK et c’était parti ! Quelques temps
après, je réunissais une « brochette » de 35
Club furent autant d’occasions de cocktails
mémorables, dont le dernier, qui avait réuni

des Entreprises entreprises, dont la Banque populaire, qui


avait souhaité se joindre au projet, pour un
plus de 200 opérateurs économiques, venant
de tout le pôle. C’est au cours de cette étude
repas mémorable au Hilton de Roissy. J’y ai qu’on a senti réellement le grand besoin d’in-
présenté un rapport. Discussions, le projet formation et de contacts inter-entreprises sur
Quelques temps avant la réussite de ces tient, mais les entrepreneurs, prudents, veu- le pôle de Roissy.
«Rencontres », j’avais eu l’occasion de sensi- lent faire une étude de faisabilité, par un
biliser « mes » chefs d’entreprises de organisme indépendant, qu’ils sont prêts à
Tremblay sur le fait que, à part les « grands Le « Club » ne se fit pas. Pas de place pour ren-
financer. Un seul bémol dans ce concert d’op-
hôtels » de la plateforme aéroportuaire trer dans les détails, mais sachez que (voir
timisme, émis par Marcel Queyrat, que j’avais
(Hilton et Sheraton étaient alors en construc- Bénéfice.net n°3) que le site de la ferme du
invité pour représenter le CNPF de Seine-
tion), il n’existait pas, à proximité, d’endroit Saint-Denis, qui avait joué les Cassandre, de Vieux-Pays de Tremblay avait été retenu pour
convivial où les hommes et femmes d’entre- peur que leur « représentativité » ne soit y créer le Club, mais au sein d’un hôtel restau-
prises, dirigeants et cadres pouvaient se ren- menacée (or le CNPF 93, en proie à l’époque à rant construit en lieu et place de l’ancienne
contrer, échanger… Pas un « bar » digne de ce de graves dissensions internes, était totale- ferme, nécessitant des capitaux importants
nom, dans une banlieue où les cafés ferment ment absent de la problématique de Roissy. mais que les promoteurs missionnés à
la plupart volontairement vers 20h, pour des Ils ont ensuite créé une structure «aéroport», l’époque n’ont pu trouver, les investisseurs
raisons de sécurité, et, je m’en étais aperçu avec les villes de Sevran et de Vaujours, sur hôteliers sollicités (mal, à mon avis), effrayés
déjà, pas une structure « consulaire », pas CDG, au Dôme, qui n’a jamais fonctionné). par l’aspect peu engageant de l’urbanisme
une « maison de l’entreprise », rien. Moi qui vieillot du Vieux Pays, préférant créer des
arrivais d’Afrique Noire où chaque grande Du coup, on décide de donner une forme hôtels à Roissy Ville et à Paris Nord 2, ce qui se
ville possède un ou plusieurs « clubs », genre associative au projet et je crée le « Club des fit. Malgré tout, le Vieux Pays de Tremblay
Yacht Club ou Club de l’Onu au Bénin, qui sont Entreprises » dont l’objet est de faire l’étude
avait et a toujours l’immense avantage d’être
autant des structures pour les loisirs familiaux de faisabilité d’un « club » c'est-à-dire une
que des opportunités pour les hommes d’af- au centre géographique du pôle et très acces-
maison des entreprises avec des locaux per-
faires (j’écris hommes, pour aller plus vite, sible.
mettant un bar, voire un restaurant, des salles
mais bien sûr, c’est hommes et femmes, pas de conférence, des moyens permettant l’in-
de procès, SVP) de se rencontrer, d’être formation des entreprises sur l’évolution du Le « Club » est donc resté lettre morte, ayant
accueillis pour les nouveaux, d’être informés pôle de Roissy, les projets à court, moyen et suscité, après pas mal de palinodies (notam-
sur la vie économique, politique, etc. Par long termes, les relations inter-entre- ment un soutien apporté au projet dans le
ailleurs, les « Clubs Service » genre Lions ou prises…Sur un rayon qui dépassait bien cadre de la ZAC du Vieux-Pays), l’hostilité
Rotary, qui faisaient dans le temps office de entendu le seul territoire de Tremblay et qui secrète du maire de Tremblay, qui voulait, on
rencontres d’affaires, étaient déjà sur le s’étendait désormais à l’ensemble du pôle. le verra plus bas, « dominer » l’association
déclin. Chacun avait payé 5000 F, même ADP, que des entreprises… Voyant qu’il n’y arriverait
j’avais sollicité par la suite ! Et nous avons pu pas, la ferme, où notre agence VPP s’était ins-
J’avais réuni, je m’en souviens, au Vieux pays ainsi nous offrir les services d’une société tallée depuis fin 1996 a fait l’objet en 2004
de Tremblay, une dizaine de ces chefs de PME indépendante spécialisée dans ce type d’une expropriation (engagée secrètement
intéressés par la création d’une telle structu- d’études. L’association nationale d’experts
dès que le site de la Ferme fut choisi pour
re, qui serait à la fois un établissement (genre retraités « ECTI » (www.ecti-vsf.org) nous a
construire « l’hôtel-club ») par la ville de
bar restaurant avec « club house cosy ») et un filé un formidable coup de main pour interro-
club d’entreprise. L’idée fut bien acceptée, Tremblay, dans des conditions rocambo-
ger plus de 1000 entreprises. 500 (longs)
lesques et dont le récit précis, tant attendu, 73
mais n’avais pas cheminé, faute de temps et questionnaires furent ainsi collectés soit par
de « leader ». téléphone, soit par contact en face à face, par fera l’objet d’un futur article. BN
23
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1996 / 98 Mais un matin, alors que je me trouvais dans


le bureau de l’adjoint au maire chargé des
affaires éco, Simon Davidowicz, qui était
nouvellement chargé de mission pour la
coopération économique. Bon, pourquoi pas ?
Je connaissais Guérin, un ancien d’une filiale
le tournant «mon» élu, Asensi nous dit, de mémoire :
«j’ai réfléchi cette nuit. On va pas faire ces
d’ADP qui avait échoué à la Dircom d’ADP. Je
lui avais même fait part du projet et de l’inté-
néfaste d’ADP «Rencontres». On va faire un truc sur l’emploi
avec l’IUT » (un IUT venait d’être construit sur
rêt, pour ADP, de soutenir de telles initiatives.
Je le revois avec Etcheheguy, un cadre d’ADP,

et le naufrage le territoire communal . Je suis abasourdi. Et


j’explique au maire : «mais ces «Rencontres»
c’est bon pour l’emploi : plus nos entreprises
aujourd’hui à la retraite, et qui travaillait avec
lui dans l’embryon de ce qui allait devenir la
pompeuse « Direction de la Coopération éco-
du «Carrefour auront des marchés, plus elles emploie-
ront…». Rien à faire. Le discours ne passe pas.
nomique et sociale » d’ADP dont Guérin allait
devenir, évidemment, le « Directeur ».
des Achats» On laisse donc tomber. Le ton avait changé. Après avoir fait semblant
de trouver, c’était nouveau, le projet mau-
Du coup, j’ai eu une idée. On est au début vais, Guérin me dit qu’ADP va organiser elle-
1996. Les choses ne se passent pas bien avec même ces « Rencontres » et que je travaille-
Pendant ce temps (entre 94 et 98) ADP, pres- Asensi, l’abandon des «Rencontres» me le rais avec eux comme « consultant ». Bizarre.
sée par les gouvernements successifs, com- rappelle, sans parler des histoires person- Je ne dis pas non, attendant de voir ce qu’il a
mençait à se préoccuper de son environne- nelles. Mon contrat avec la Ville vient à dans la tête… Le temps passe, pas de nou-
ment, les deux pistes supplémentaires devant échéance fin 96 et ni moi ni lui n’avons envie velles. J’appelle Guérin qui fait « F.O.M.E.C ».
être construites. Suite au succès des de le renouveler. J’avais déjà l’idée de créer Et il finit par me rappeler en me disant qu’il ne
«Rencontre» de Tremblay, j’avais proposé VPP, avec tout ce que j’avais vu sur la problé- travaillera pas avec moi sur ce projet. Moi :
(courant 95) à mon patron, François Asensi, matique du pôle de Roissy. Et, puisqu’il ne «vous ne le faites plus ?» Lui, sec : «si, mais
maire (PCF) de la ville, de renouveler l’opéra- veut plus faire ces Rencontres, je vais les sans vous». Je comprends que je me suis fait
tion, non plus seulement avec ADP, mais avec organiser moi-même, avec le Club des avoir. J’essaye de joindre Hamon. Pas de
la plupart des entreprises de la plate forme Entreprises et je lancerai ainsi l’agence que je réponse. Je lui envoie le 19 octobre un cour-
aéroportuaire. En effet, les achats faits par les veux créer. Mais au lieu d’impliquer les seules rier : pas de réponse, sinon une lettre de
entreprises de CDG et par Air France en particu- entreprises de Tremblay, j’impliquerai toutes Guérin m’informant que je ne suis plus mis-
lier, qui venait de construire son siège social à les PME des villes voisines de l’aéroport. En sionné. J’appelle le Président d’ADP, le
Roissypôle, donc à Tremblay, atteignent des mai 96, je rencontre à nouveau Hamon, lui Général Fleury, pas de réponse. Je finis par
montants considérables (une étude d’ADP de fait part de la volte face d’Asensi sur l’organi- avoir un entretien avec Michel Wachenheim,
l’époque montrait que les entreprises de la sation des « Rencontres », l’informe de mon alors directeur de cabinet « du président et du
plateforme achetaient chaque année pour prochain départ de la mairie (prévu pour fin directeur général» d’ADP (aujourd’hui
plus de 7 milliards de F (hors achats d’avion, septembre 96, mais Asensi renouvellera, à sa Directeur général de l’aviation civile) : il
hors carburant et hors masse salariale ; la seule demande, mon contrat pour 6 mois, histoire m’écoute, il ne peut rien faire. Je suis cuit !
Fedex, qui était «petite» à l’époque achetait de m’amadouer) et de mon intention d’orga-
chaque année pour 75 millions de F). Mettre niser moi-même ces «Rencontres» écono- La place manque pour vous décrire la suite et
nos PME en contact avec elles, sur la lancée du miques.» Je lui garantie la participation d’au notamment la première édition de ce qui est
succès des « Rencontres » ne pouvait qu’être moins 1000 entreprises locales. Hamon est devenu, organisé par ADP, le «Carrefour des
bénéfiques pour le développement écono- enthousiaste, ravi de pouvoir afficher une ini- Achats», le 17 novembre 1998, à l’hôtel
mique « endogène » de la ville. Bien sûr, tra- tiative qui plaira aux « riverains ». Et il me dit, Hilton. Un bide bureaucratique, en dépit
vaillant pour la commune, nous avions réservé confiant : « comme ça, ça vous mettra le pied d’une bonne fréquentation des entreprises
ces «Rencontres» aux seules entreprises trem- à l’étrier pour votre agence ». Moi : confiance. alléchées par une communication et une
blaysiennes, mais elles avaient suscité l’inté- Du coup je bosse à fond sur l’organisation de organisation aussi démesurée qu’inadaptée.
rêt des entreprises voisines de Villepinte, ces « Rencontres » tout l’été. Air France est Deux autres éditions de ce carrefour devenu
Mitry-Mory etc. toujours OK, ADP aussi donc, les autres aussi, par la suite «Carrefour des Entreprises» furent
Le maire me donna son feu vert. Et je repris j’en fais part à la Commission « Affaires éco » «organisées», à grands frais. Deux bides sup-
mon bâton de pellerin. Je rencontrai à nouveau de la Communauté de communes de Roissy, plémentaires. Entre temps, la «direction
Didier Hamon, le dircom’ d’ADP, qui était d’ac- qui trouve l’idée bonne. Hamon veut mettre coopération éco et sociale» d’ADP s’est étof-
cord pour soutenir l’opération. Je rencontrai le le paquet, envisage un immense chapiteau fée, avec des moyens considérables, voulant
directeur d’Air France aux achats (c’était juste sur les terrains disponibles en face de Hilton. toucher à tout mais ne touchant à rien. Sans
avant la réorganisation d’AF en centres de Je fais des propositions. parler de la misérable tentative, avortée,
résultats), d’autres responsables d’entreprises imaginée par le même Guérin d’ADP de cou-
aéroportuaires, et tout le monde accepta de Arrive septembre 96. Je rencontre à nouveau ler Bénéfice.net avec son «Roissy Horizon».
jouer le jeu. Je prévois cela à l’hôtel Hilton, sur Hamon pour lui rendre compte de l’état Mais c’est une autre histoire.
74 le territoire de Tremblay. d’avancement du projet. Il me dit : mainte- Mais l’essentiel : informer, mettre en relation
BN
23 C’était parti. nant, il faut voir ça avec M. Guérin, qui est les entreprises du pôle restait et reste entier.
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1998 : le GIP toutes pièces, en 1998, l’association


«Entreprendre à Tremblay» dont il s’auto pro-
clame président. Double avantage pour lui,
tion abusive, a tout fait pour, on va dire, ne
pas arranger les choses. Et de continuer RE,
mais « petits bras » ! L’association organise
Emploi CDG militant communiste convaincu et par défini-
tion opposé au système de libre entreprise :
tant bien que mal des soirées contacts «
Cartes sur tables », (avec l’aide matérielle de
donner le change en se construisant une la mairie malgré tout), avec toujours les
Fin 98, pour répondre aux inquiétudes des image « moderne » auprès des entrepre- mêmes, fait toujours son « Beaujolais nou-
riverains en matière d’emploi et de formation nants, nombreux dans la ville, et aubaine veau » (une année en association avec «
l’Etat (J.C Gayssot exactement alors ministre électorale car le Parti communiste est en Entreprendre à Tremblay », c’était cocasse :
des transports) et en « contrepartie » des chute libre dans les élections nationales. Ca voir BN n°13), ses sorties annuelles à l’occa-
nouvelles pistes, créée le « GIP Emploi Roissy lui permet de dire : voyez, je suis pas si com- sion des vendanges. Mais il y a loin, malgré
CDG ». Ce « Groupement d’Intérêt Public » est muniste que ça. Il a trouvé ici et là, un certain cela, de la coupe aux lèvres. RE ne se déve-
une usine à gaz comprenant 6 collèges ras- nombre de chefs d’entreprises : on retrouve loppe pas, ne participe pas aux débats en
semblant Etat, collectivités locales, services le « noyau dur » des entreprises souvent titu- cours sur l’évolution du pôle de Roissy, se
de l’emploi, Education nationale, entreprises, laires des marchés de la ville, d’autres qui cantonne dans une assoc’ de copains, organi-
chambres consulaires et syndicats ouvriers et croient pouvoir y accéder et qui veulent faire se des « choucroutes parties », des voyages,
patronaux, rien que ça. Statutairement can- bonne figure, les autres sont les naïfs habi- des soirées « Trucs et Astuces » bref, on
tonné sur les questions d’emploi et de forma- tuels. Ce qui n’empêche pas, évidemment, le donne dans le sous Lions Club. Les adhérents
tion, sur lesquels il faut bien reconnaître au député communiste qu’il est, de se conduire, payants n’arrivent pas à dépasser la centaine,
GIP un succès certain ; son directeur par ses votes, ses préférences, ses choix, en certainement moins. Couffignal, un peu las,
Nourredine Cherradi (qui fut un pionnier des adversaire déclaré du système de libre entre- et pris par ses affaires (voir son portrait dans
«GIP emploi» quand il fut directeur du GIP prise ! (Asensi connaît bien cette phrase de BN) passe la main à un de ses amis, Armand
«Grand Stade») a vite compris qu’il lui fallait Lénine : « les capitalistes nous vendront la Lang, consultant. C’est à cette époque que je
embrasser la problématique du pôle de corde avec laquelle nous les pendrons »). reprends contact avec eux, pensant aux
Roissy dans son ensemble. Il a fait de l’infor- Heureusement, ils ne peuvent plus le faire, débuts prometteurs de RE. La philosophie de
mation et de la communication, dans ces mais quand même, un peu de logique, chers Lang est bonne, réaffirmée lors d’une soirée «
«p’tits déj» sur des sujets transversaux chefs d’entreprises ! A noter aussi que Beaujolais » : volonté d’indépendance de
divers: contrat Etat-Région, transports, main- Martine Vachoux, l’une des responsables du l’association, méfiance à l’égard des « poli-
tenance aéronautique, sûreté aéroportuaire, «département coopération éco et sociale» tiques » : «Nous n’en voulons pas parce que
Communauté aéroportuaire, révision du d’ADP est la « secrétaire générale » de « l’as- nous sommes un club d’entrepreneurs, nous
SDRIF, et aussi dans ses « conférences territo- sociation », ce qui, venant du gestionnaire de sommes foncièrement apolitiques, voilà
riales ». Toutes ces initiatives ont été suivies l’aéroport, est en soit au mieux une mal- tout».
avec intérêt par des centaines de partici- adresse, au pire un (mini) scandale. Mais Lang, trop pris par ses propres affaires,
pants, élus, fonctionnaires et entreprises. laisse rapidement la présidence. Couffignal
L’action du GIP a été exemplaire, grâce uni- met alors en piste un jeune chef d’entreprise
Christophe Machard, l’ancien directeur de la
quement au grand travail, opiniâtre, intelli-
gent, passionné (j’en témoigne), malgré des
conditions de fonctionnement et de finance-
Et Roissy CEGo à Goussainville, et qui vient de se
mettre à son compte en créant « Intégrale »,
ment indigentes et d’une rare bureaucratie,
de Cherradi. Elle témoigne de cette soif d’in-
Entreprise, un bureau d’études (eaux et autres) qui veut
travailler avec les collectivités territoriales.
formation des acteurs du pôle de Roissy et en
particulier des entreprises, soif non étanchée pendant ce Elu président, Christophe est en contact régu-
lier avec moi. Je lui redis, ainsi qu’à Gérard
à ce jour.
temps là ? Couffignal, (devenu « président fondateur »,
gardant une sorte de « contrôle » de RE, les
Pendant ce temps-là, Roissy Entreprise (RE) réunions du bureau se faisant chez lui, à
1998 : continuait son (très) petit bonhomme de che-
min. Avec une affaire de taille ! En 95, André
Roissy), tout l’intérêt qu’il y aurait à relancer
RE sur les bases originelles et en faire LA

«Entreprendre à Toulouse, le maire de Roissy-en-France est


mis en examen sur dénonciation de Thirion,
grande association des entreprises du pôle. Il
faut que RE prenne position sur les sujets

Tremblay» ? l’un des fondateurs de Roissy Entreprise. On


sait que le maire de Roissy a été innocenté
(voir les détails dans son portrait dans BN 22).
d’actualité ou de fond du pôle, lance une
grande campagne d’adhésion, monte en
puissance, en toute indépendance. A cette
Pendant ce temps, le maire de Tremblay avait Mais les relations du coup se délitent entre la époque, le Sénateur Legrand planche sur ce
bien compris, en voyant les succès d’audien- mairie et RE. D’autant que son président fon- qui va devenir la loi sur les Communautés
75
ce du « Club des Entreprises », les avantages dateur, Gérard Couffignal, s’il n’est pas direc- aéroportuaires (voir plus bas) et les entre-
BN
qu’il pouvait espérer en retirer. Il crée de tement impliqué dans l’affaire de dénoncia- prises du pôle y seront associées. Il s’agit de 23
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devenir un acteur incontournable. Le chantier Vémars ». Clé : « Intégrale Environnement» sa Plaine de France, qui devait au début s’occu-
est devant nous. Le courant passe. J’intègre société, réalise l’étude d’impact et le dossier per du pôle de Roissy n’a rien apporté, si ce
(provisoirement, on le verra) le bureau de RE, sur l’eau de la ZA : CQFD. n’est des dépenses inutiles. Et puis, pour des
pour m’occuper de la communication de l’as- raisons certainement politiques, pour ne pas
sociation qui était devenue indigente (pas de Dans le même temps, cette année, RE publie dire politiciennes, le gouvernement « mis-
site Internet, pas de documents, rien). trois numéros d’un journal (une sorte de sous sionne » le sénateur Le Grand, à l’automne
Dans le même temps, je veux mettre Bénéfice.net, qui sert de faire-valoir aux 2003, pour lui faire un rapport sur le déve-
Bénéfice.net au service de l’association, sur anciens membres et dont le premier numéro loppement « durable » des
ces bases (j’avais déjà commencé, dans a été imprimé gratuitement par…ADP (ADP aéroports…Roissy est bien sûr dans l’œil du
divers numéros, à évoquer RE). Il faut aussi au passage, s’arrogeant le droit, sans concer- cyclone…Après avoir rencontré diverses per-
recoller les morceaux avec la commune de tation, de corriger une publicité du CEEVO sonnalités, dont votre serviteur, mais, c’est
Roissy, et singulièrement avec son maire, parue dans ce numéro, c’était grandiose !). En dommage, et il l’a reconnu, peu de maires de
André Toulouse, d’autant que lors du 10ème effet, Aéroports de Paris, ou plutôt son la région, il rédige un rapport qui servira de
anniversaire de RE, au château de fameux « département coopération » venait base à une proposition de loi. Celle-ci, votée
Montvillargennes, où Toulouse avait accepté d’adhérer à RE, Martine Vachoux ayant été rapidement juste avant les élections régio-
de venir, alors qu’il ne savait pas que Thirion, cooptée membre du bureau, (tout en « mili- nales, instituait des «Communautés aéropor-
son délateur, serait là, à la table d’à côté. tant » à « Entreprendre à Tremblay », l’asso- tuaires» autour des principaux aéroports
Ambiance… ciation présidée par le communiste Asensi, français. Elle est aujourd’hui restée lettre
Je rédige une interview de Machard, relue et comprenne qui pourra). Mais ADP, sentant le morte, mais il faut en retenir au moins que
approuvée par lui, évidemment, publiée dans roussi et ne voulant pas payer autre chose sur les 24 membres de la Communauté, 12
le BN n°18, dans laquelle il réaffirme la volon- que la cotisation de base, vient de quitter le représentaient les entreprises du pôle, direc-
té d’indépendance de RE et rend hommage bureau de RE… tement, preuve s’il en fallait de l’importance
au maire de Roissy en disant « M. Toulouse est des acteurs économiques dans la gouver-
un maire formidable ». Et là, ça devient cocas- Ca se passe comme ça à RE. Mais chacun com- nance potentielle du pôle.
se. J’aperçois quelque temps après André prendra qu’on est loin d’une grande associa-
Toulouse au cours d’une réception. Il me tion indépendante d’entreprises, tant sont
demande, fébrilement, si j’ai vu Christophe
Machard. Le message est passé, visiblement,
grandes les arrières pensées soit politiques,
soit d’affaires personnelles. Juin 2003 : Pays
j’en suis ravi, même si Gérard Couffignal
n’avait pas apprécié…Mais quelques jours de Roissy CDG
plus tard, j’apprends que la Communauté de
communes accepte de prendre en charge les
frais postaux de RE… Puis que Machard, sans
2003-2004 : Courant 2002, je rencontre Guy Tardieu,
directeur du cabinet de J.C Spinetta, PDG
concertation avec le bureau, accepte de parti-
ciper, en tant que président de RE, à une ini-
La loi sur les d’Air France, à propos de la troisième édition
de la carte Roissy 2015. Il souhaitait me ren-
tiative visant à redorer le blason du « Centre
Intercommunal de Formation », crée par la Communautés contrer aussi afin de me faire part d’un pro-
jet d’Air France visant à se préoccuper de
Communauté de communes à grands frais, et son environnement proche, c'est-à-dire du
qui, c’est de notoriété publique, bat de l’aile.
Les problèmes commencent. Ce n’est pas
aéroportuaires pôle de Roissy. Ce qui me réjouit, vous pen-
sez bien, Air France étant, et de loin, la plus
«l’esprit d’indépendance» convenu. Il s’agit Il faut relire le dossier complet que nous grande société du pôle, en pleine expansion
de plaire, sur fond d’espérance d’affaires. avions réalisé dans le BN 18 (avril 2004) pour avec la création récente de son hub de
Quelques autres incidents, des explications bien connaître cette histoire. L’Etat s’est tou- Roissy. On l’emmène déjeuner Chez
insuffisantes, voire inexistantes, et je me reti- jours intéressé (mais d’assez loin) au pôle de Américo, et le dialogue s’engage. Il voulait
re rapidement de RE, logiquement. Roissy. Outre les investissements sur lesquels mon avis. Il l’a eu. Qu’Air France, grand
Récemment, alors que chacun (enfin on ne peut pas lui reprocher grand-chose acteur économique, s’ouvre à son environ-
presque) sait que le torchon brûle entre (infrastructures, développement de CDG, nement, que demander de mieux ? Vous
Patrick Renaud, le président de Roissy Porte Paris Nord 2, maîtrise foncière -les ZAD- etc.) êtes un grand acheteur, vous pouvez faire en
de France et le maire de Vémars, qui va faire le «pôle » a fait l’objet de nombreux rapports sorte que les PME de la région soient mieux
une grande zone d’activités avec Daniel (Douffiagues, Lachenaud, etc.) essayant de informées pour pouvoir devenir vos fournis-
Compiègne, d’IMC Promotion, (devenu à régler les problèmes surtout au niveau de la seurs. Il faudrait, globalement, que les
cause de cela persona non grata à la répartition fiscale. Mais sur la «gouvernan- «riverains» de CDG ressentent un «plus», lui
Communauté de communes), Machard se sert ce» globale, rien, alors qu’on le voit bien une dis-je en substance. Il me parle de la notion
de RE pour organiser une réception pour pro- «ville nouvelle» et un EPA auraient été utiles de «Pays» qui venait d’être mise au point
mouvoir la ZA, en présence du maire de dès le début. Le SDRIF de 1994 le situe dans par Pasqua… « Pourquoi pas », lui ai-je
76 Vémars et des principaux acteurs de la mise les pôles d’envergure, mais sans réponse sur répondu, «mais n’en faites pas trop. Ne
BN
23 en œuvre de la future zone « Portes de la « gouvernance ». La création de l’EPA faites surtout pas comme ADP qui après ne
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s’être mêlé de rien pendant des années, a


voulu se mêler de tout et n’a rien fait d’uti- 2004 : la M2E (Maison de l’Entreprise et de
l’Emploi). Un Club d’entreprises avait vu le
le». J’ai eu ensuite la visite de Chantal jour il y a 5 ans, et, selon les informations
Romand, chef du «hub» d’Air France, qui
était pressentie pour diriger la future asso-
Villepinte glanées sur le site web de la M2E, il s’est res-
suscité fin 2005 et compte fusionner avec…
ciation qui allait s’appeler « Pays de Roissy
CDG » (PRCDG). Le courant n’était pas très
Dynamique, Villepinte, apprend-on à la M2E. David
Galienne, président de «Villepinte
bien passé avec elle, d’autant que quelques
jours auparavant, je recevais un coup de fil
mort-née. Développement», y voit un intérêt, vu que,
pour lui, «les limites communales ne signi-
d’une agence missionnée par Air France Sacrifiant à la mode et voyant le relatif succès
pour étudier le dossier : le responsable de fient pas grand-chose pour les entre-
de «Entreprendre à Trembla», la ville de prises…». Certes, mais on peut s’interroger
cette officine (qui avait été payée, sûrement Villepinte a créé (voir BN 17) une association
grassement par Air France) souhaitant que sur la cohérence territoriale de « Villepinte-
de chefs d’entreprise «Villepinte
je bosse gratos pour lui…J’avais déjà vu ça Dynamique», qui n’a jamais rien fait de Aulnay ». En réalité l‘opération est politique,
quelque part… concret. Sur le site de la ville, au 15/07/06, il uniquement : les entreprises sont prises en
était mentionné une future réunion le 9 otage au nom de la stratégie politique loca-
Et puis plus rien. J’ai appris par la bande que novembre… 2004 et, ce jour, ni le numéro du le des membres du SEAPFA (syndicat mixte,
l’association s’était créée en grande pompe, service économique ni le « numéro Vert » de présidé par Asensi) : c’est une réponse à
au Sofitel, puisque son DG, Claude VD ne fonctionnent. l’opération politique « Entreprendre à
Chevauché, y représentait le groupe ACCOR, Tremblay »…
en tant que président de l’association. Je
n’avais été ni informé, ni invité… Idem pour
le premier « raout » organisé ou soutenu par 2005 : Roissy
PRCDG: l’exposition « Fernandel » au Sofitel.
Développement Juin 2006 :
On va passer les détails, mais les «diri-
geants» de PRCDG ont su reprendre contact A l’automne 2005, la Communauté de com-
munes, Roissy Porte de France, qui regroupe
PLATO et les
avec moi. Entre temps, quelques initiatives,
dont RoissyMail a rendu compte, plus ou
moins intéressantes, plus ou moins utiles.
14 communes crée une association d’entre-
prises, avec Air France, Fedex, ADP, etc.
Chambres de
Mais je demande à voir et je rédige un article
encourageant dans BN sur l’assoc’… Une
Ouverte aux PME de son territoire, elle est
présidée par Christian Nahon, maire de commerce.
chose est sûre, c’est que celle-ci, qui bénéfi- Villeron et dirigée par Agnès Coudray, qui fut
cie du soutien logistique et financier direct auparavant responsable du service écono- Dernièrement, les Chambres de commerce
mique de la Communauté. de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis
d’Air France (les permanents et certaine-
ment d’autres frais sont payés par la compa- (qui appartient à la CCI de Paris) du Val
gnie) a recruté facilement parmi les maires d’Oise (qui appartient à la grande Chambre
et quelques entreprises sous traitantes d’Air
France ou voulant le devenir. Car il y a la « 2006 : Aulnay- Versailles-Val d’Oise-Yvelines) lancent, pour
cet automne, un réseau dénommé PLATO
magie » d’Air France derrière… Plusieurs de
ses manifestations ont montré, s’il le fallait, sous-Bois: (voir sur www.plato.versailles.cci.fr) dont
l’origine remonte à la Belgique, en 1998. Il
la demande de concertation et d’informa-
tion tant de la part des élus du pôle que des
entreprises. Mais l’association s’essouffle,
le Club des s’agit, si on a bien compris l’explication que
Sophie Guiot, la « chef du projet », qui est

faute de professionnalisme (malgré une par-


ticipation régulière de J.F Benon, du CEEVo)
entreprises venue nous rendre visite début juillet, de
créer un réseau auquel participeront des
se mêle des choses qui ne la regardent pas,
comme la problématique école privée
renaît, avec grandes entreprises, et des PME. Il s’agit, en
gros, de payer 1800 euros pour participer à
catholique de Louvres, controversée, ou
qu’elle ne sait pas faire, comme l’emploi. La
Villepinte ce réseau, afin de pouvoir bénéficier de
conseils et d’échanges divers…Les départe-
dernière Assemblée générale de juin der- ments concernés seront donc les 77, 93, 95.
Cette commune a depuis longtemps une
nier, peu fréquentée, était éloquente. Et Sans l’Oise donc. «C’était déjà compliqué
riche expérience de l’action en matière de
l’action et la communication « économique » développement économique et d’emploi, comme ça avec trois Chambres», m’a confié 77
restent bien en deçà des besoins. comme le montre la création et le succès de un proche du dossier… BN
23
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Une solution : fassent payer la participation à leur « réseau


». Rappelons que les CCI sont financées par
l’impôt (l’IATP) que leur payent les entre-
dérables. Elle pourra construire une véri-
table maison de l’entreprise au cœur du
pôle, et se doter des compétences humaines
une Chambre de prises. Et encore ! On apprend, tout derniè-
rement que les Conseils généraux ont été
nécessaires. Elle pourrait organiser chaque
année ce grand « salon » inter-entreprises
Commerce du sollicités pour financer ce PLATO : quelques
20 000 euros voire plus ! Le 93 (communiste)
de Roissy dont le succès international ne fait
aucun doute. Elle pourra promouvoir le terri-

pôle de Roissy ? et le 77 (socialistes) ont accepté, mais le Val


d’Oise (Droite) a refusé. Comprenne qui
pourra…En plus on apprend que l’adminis-
toire du pôle dans les grands salons interna-
tionaux comme le MIPIM ou le futur MIPIM
Asia, à Hong Kong, dans les médias…
tration du PLATO est installée gratuitement Son statut officiel lui donnera son indépen-
dans l’espèce de « pépinière » d’entreprises dance. Démocratique, il y a de grandes
On l’aura, j’espère, compris, ce (trop) long « Aéropole », gérée de fait par ADP, avec chances pour que le taux de participation
article montre bien la difficulté, pour les l’argent des collectivités locales ! Il serait aux élections d’une telle Chambre soit
entreprises de la région de Roissy d’être temps que soient rendus publics les comptes autrement plus significatif que le taux
informées, de se faire entendre, et de de cette officine, qu’on soupçonne d’avoir actuel, ridiculement bas, même si l’on a noté
coopérer entre elles, et de bénéficier ainsi hébergé dans des conditions anormales la quelques progrès aux dernières élections.
pleinement de la défunte société Sur un territoire « ramassé », cohérent
dynamique de Roissy. éditrice de «Roissy comme le pôle de Roissy, les candidats et les
Pratiquement, toutes Horizon»! électeurs seront forcément très motivés.
les tentatives de
regroupement qui Mais PLATO est loin Les 4 CCI concernées iront-elles dans ce sens
ont été faites ont été d’être suffisant. On ? Rien n’est moins sûr. Mais les entreprises
victimes de récupéra- a beau tourner le l’Etat et les collectivités locales peuvent
tion, qu’elle soit poli- problème dans pousser dans ce sens. Nous lançons le débat.
tique, personnelle, tous les sens, je ne Les prochaines élections aux CCI sont pour
institutionnelle ou vois qu’une solu- 2009. On pourrait se fixer cette date comme
territoriale, quand ce tion pour assurer à objectif pour créer la Chambre de Commerce
ne sont pas les la fois l’informa- du pôle de Roissy.
quatre réunies. Par tion, la coopération
ailleurs se pose aussi inter-entreprises et Envoyez-nous vos avis !
la question des aussi la promo- EV
moyens financiers tion/communica- eric.veillon@wanadoo.fr
pour le fonctionne- tion du pôle de
ment d’une institu- Roissy : la création
tion au service des d’une Chambre de
entreprises et de la Commerce spéci-
promotion du terri- fique au pôle. Les
toire, qui fait cruelle- CCI ont un rôle
ment défaut au pôle important défini
de Roissy. Qui paye décide… par la loi. Les difficultés seront grandes : les
Il est intéressant que ce rapide « historique » CCI sont réputées conservatrices, jalouses
des associations d’entreprises se termine de leurs territoires et de leurs avantages,
par l’initiative « PLATO » de Chambres de comme l’ont souligné deux rapports officiels
commerce. Celles-ci, on l’a souvent écrit ici, très critiques (dont le fameux rapport
ne se sont jamais préoccupées du pôle de Gérolami, que nous avons lu), parus il y a
Roissy, pourtant l’un des pôles de dévelop- une dizaine d’années et restés au fond des
pement les plus importants de France, avec tiroirs des gouvernement successifs, qui
une vocation internationale évidente. n’osent réformer vraiment le monde
Situées la plupart du temps loin du pôle «consulaire». Mais l’enjeu d’une «CCI de
(Meaux-Melun, Bobigny, Pontoise, Roissy» vaut la chandelle : avec le nombre
Beauvais), elles ne peuvent prendre en important d‘entreprises sur le pôle (qu’on
compte l’intégralité de «Roissy» en elle- peut évaluer au moins à 8500; rien que
même, à cause de leurs propres divisions Aulnay-sous-Bois en compte 3200…), le
territoriales. Si on peut se réjouir de l’initia- nombre des grandes entreprises (Air France,
78 tive PLATO même si ses objectifs sont PSA, l’Oréal, Fedex, ADP, etc…) la future CCI
BN réduits, on ne peut que déplorer que les CCI de Roissy aura des moyens financiers consi-
23

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