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La comptabilité ne retient que les facteurs de création de valeur tangible : immobilisations,

actifs circulants, actifs incorporels. L’ensemble des valeurs immatérielles est aujourd’hui
exclu du champ de la comptabilité traditionnelle. Si vous achetez un système informatique
inopérant, il sera enregistré en comptabilité pour sa valeur d’achat. Si ce dernier crée de la
valeur, il sera enregistré en comptabilité pour le même montant ! Mais dans ce deuxième
cas vous aurez enrichi votre actif immatériel “Système d’information”. Gérer l’entreprise par
le pilotage de ses actifs immatériels est donc complémentaire à l’administration financière
de celle-ci. Cela permet de suivre la création de valeur et de performance globale de
l’entreprise, au-delà de sa simple performance financière.

Les entreprises industrielles réduisent de plus en plus la quantité de capital physique et


financier mobilisée, ce qui se traduit en particulier par la sous-traitance de la production,
notamment dans les pays où les coûts de production sont les plus bas, la réduction au
maximum des stocks, voire la vente des immeubles et des terrains, pour se concentrer sur
les investissements immatériels : marketing-publicité, R&D, organisation de la distribution et
du suivi-clientèle… Dans ce modèle, l’entreprise limite au maximum son capital physique
traditionnel (bâtiments, usines, machines, équipement…) et la valeur qu’elle crée est
directement corrélée à ses actifs immatériels (brevets, savoir-faire, marques…), ceux-ci
devenant « les nouveaux actifs critiques des entreprises

Les indicateurs de valeur au sein de l’entreprise

Chaque entreprise doit trouver, en fonction de sa phase de développement, les indicateurs


les plus performants. Il n’y a pas de réponse académique prédéterminée. En réalité, les actifs
de l’entreprise sont comparables aux trois états naturels des choses : les actifs solides (les
immobilisations, par exemple), des actifs liquides (la trésorerie et l’actif circulant) et des
actifs gazeux (les actifs immatériels). Diriger son entreprise nécessite de gérer au mieux ces
trois états des actifs.

Sachant que les deux tiers de la valeur d’une entreprise reposent sur ces actifs gazeux, il est
indispensable de suivre attentivement l’évolution de la valeur immatérielle de l’entreprise.
Les actifs immatériels sont très volatils, ce qui rend leur gestion difficile. Comme ils
représentent les 2/3 de la valeur de l’entreprise, cela vaut la peine de s’y pencher. Si l’on
veut poursuivre la métaphore, il faut liquéfier puis solidifier ces actifs pour assurer leur
pérennité. Autrement dit, il faut s’assurer que les actifs immatériels ne se dégradent pas
(évaporation) et qu’ils constituent un vrai effet de levier pour la création de valeur dans
l’entreprise (par la création de cash et/ou la génération d’actifs tangibles).

La création de valeur par le capital humain et organisationnel

Puisque les actifs immatériels sont de plus en plus cruciaux pour la performance des
entreprises, les réseaux, la coopération et la circulation des connaissances prennent
également de plus en plus d’importance, aussi bien dans les entreprises qu’entre elles et
aussi bien au niveau national qu’international. Dans cet environnement extrêmement
évolutif, l’innovation est davantage induite par le marché, elle s’accélère et s’intensifie, se
rattache de plus en plus étroitement au progrès scientifique et se diffuse plus largement
dans l’ensemble de l’économie. Les technologies de l’information et de la communication
(TIC), en particulier l’Internet, ont facilité ces évolutions en réduisant nettement le coût de
l’externalisation et de la coopération avec des entreprises extérieures. Elles ont accentué la
mise en réseau de l’économie, accélérant ainsi la diffusion des savoirs codifiés et des idées.

Cela a modifié la gestion du processus de création de valeur; en effet, de plus en plus, les
entreprises dégagent leurs bénéfices non seulement en vendant un produit final, mais aussi
en morcelant la chaîne de valeur et en s’efforçant d’en rentabiliser les différents segments, à
savoir leur R&D, leur portefeuille de brevets, leurs logiciels internes, leurs marques et les
circuits de distribution.

La conjonction de trois phénomènes à savoir : la conception de l’entreprise qui met de plus


en plus l’accent sur les centres de profit, le passage de la production de masse à des produits
très différenciés incorporant davantage de connaissances, et l’innovation qui a changé de
nature – a transformé le processus de création de valeur, de sorte qu’il faut actualiser les
méthodes de mesure et les modèles conceptuels de l’investissement. Cela vaut aussi bien au
niveau macroéconomique qu’au niveau de l’entreprise.

Le capital intellectuel d'une entreprise fait donc partie intégrante de son capital immatériel
et représente le savoir qui doit/devrait être converti en profit: les inventions, le savoir en
général, les dessins et modèles, le software, les idées et les publications. Le capital
intellectuel évolue en même temps dans un domaine protégeable et dans un environnement
ouvert.

Pour extraire de la valeur du capital organisationnel et humain, il y a plusieurs possibilités


dont l’impact est plus ou moins rapide, d’une part, et certain en termes de succès, d’autre
part :

• intégrer les idées dans les affaires en cours (croissance interne) ou dans les projets
pour créer de nouveaux créneaux (via d’éventuels spin-off = croissance externe),
• utiliser les possibilités de protection défensive,
• passer des accords de licence,
• nouer des réseaux de partenariats ou d'alliance
• et vendre directement ou indirectement sa propriété industrielle.

Ainsi la création de valeur subit l’influence d’une économie qui repose de plus en plus sur le
savoir. Le processus s’est accéléré avec le développement du secteur des services,
l’intensification de la concurrence du fait de la mondialisation et de la déréglementation, et
l’émergence des nouvelles technologies de l’information. L’innovation – la mise au point et
la diffusion de nouveaux produits, procédés et modèles économiques – est l’un des piliers
d’une transformation qui a modifié l’importance relative des différents facteurs dans la
performance des entreprises et la croissance économique.
Le capital humain et organisationnel, en particulier, les compétences clés, constituent le
meilleur avantage compétitif car ils sont difficilement reproductibles.

La création de valeur par le capital relationnel

Les entreprises dépendent de partenariats pour acquérir des ressources stratégiques telles
que le savoir-faire et les compétences. Mais la capacité à créer des partenariats n’est pas
identique pour toutes. Les opportunités découlent bien souvent de ressources
complémentaires dont on dispose ou de l’effet réseau.

Il est intéressant de voir comment les sociétés utilisent leur réseau pour créer de la valeur de
façon distinctive, notamment pour acquérir des ressources permettant de créer des produits
ou services et d’entrer sur un marché. Les partenariats servent à pallier des tensions sur les
ressources et à réduire l’incertitude, mais ils sont aussi surtout configurés pour suivre une
logique de création de valeur prédéfinie.

La mesure et la valorisation du capital relationnel peuvent être déployées au travers de


différentes approches. Les tableaux de bord d’indicateurs extra-financiers analysent les
constituants de cet actif dont la pertinence repose sur leur capacité à fournir une vision
combinée de la performance, des risques et du potentiel de développement qui lui sont
attachés.

Sources

Dossier : Le contrôle de gestion du processus commercial - Marie-Ange ANDRIEUX

La Revue du FINANCIER - Évaluation financière des droits de propriété intellectuelle

L’économie de l’immatériel, La croissance de demain - Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet

http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/07/13/cercle_50229.htm

http://www.zonesmutantes.com/2012/03/09/leconomie-de-limmateriel-coeur-de-la-
mutation-industrielle/

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