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Université Moulay Ismail Faculté de Science

Département de Biologie

Master spécialisé : Environnement et Développement


durable des Territoires

GESTION RATIONNELLE DES


DECHET SOLIDES

Préparé par : Responsable:

Fatine MOUBARIK Pr. Nasser Dine ZINE

2010-2011

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SOMMAIRE
INTRODUCTION
Chapitre 21: Gestion écologiquement rationnelle des déchets solides
I. Minimiser les déchets
1. Principes d'action
2. Objectifs
II. Maximaliser la réutilisation et le recyclage écologiquement rationnels des déchets

1. Principes d'action

2 .Objectifs

III. Promouvoir l'élimination et le traitement écologiquement rationnels des déchets

1. Principes d'action

2. Objectifs

IV. Etendre les services en matière de déchets

1. Principes d'action

2. Objectifs

Situation et évolution de la gestion des déchets solides au Maroc

I. Classification des déchets :


1. Déchets ménagers
2. Déchets industriels
3. Déchets hospitaliers
4 .Déchets toxiques en quantités dispersées
5 - Déchets nucléaires
II. filières d’élimination, de traitement et de valorisation des déchets solides
1. Mise en décharge contrôlée
2. Incinération
3. Production de biogaz

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4. Compostage
5. Recyclage
III. Effort menés pour le développement de secteur de déchets solides au Maroc :
1-Compostage
2 - concession dans le secteur des déchets solides au Maroc
3-Inscription de projets dans le cadre du « Mécanisme de Développement Propre
4- Centre national d’élimination des déchets spéciaux (CNEDS)
IV. Insuffisances du secteur de déchets solides
V. Les impacts de cette situation sur l’environnement

CADRE LEGAL ET NOUVELLES APPROCHES DE GESTION


I. Concept de gestion intégrée et durable des déchets solides municipaux (GIDDS)
II. Cadre législatif et institutionnel
1. Cadre juridique
2. Cadre institutionnel
III-Programme national de gestion des déchets solides
1- Plan directeur de gestion des déchets
2- Définitions des objectifs de PNDA
3- Appui de la banque mondiale au programme du gouvernement

ETUDE DE CAS : DECHARGES CONTROLEES AU MAROC


I-Méthodologie de présélection de site de décharge d’ordures ménagères
II-Implantation d'une décharge
III-Différents types de décharges
IV-Exploitation d’une décharge Contrôlée
V-Réaménagement du site

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INTRODUCTION
Le Maroc fait face aujourd’hui à une augmentation de la quantité de ses déchets qui ne
cesse de s’accentuer. Cette situation a pour origine non seulement la croissance régulière du
nombre d’habitants, mais également l’amélioration du niveau de vie, et concerne des déchets de
nature très variée tels que les déchets des ménages, des unités industrielles, des commerces, des
activités de soins, du bâtiment, des services de nettoiement, des espaces verts, de l’agriculture,
et finalement le comportement des populations et des acteurs économiques.

La concentration urbaine s’est réalisée à une vitesse telle qu’elle a souvent dépassé la
capacité des communes à gérer cette situation ; et le développement socio-économique du pays
ne s’est pas accompagné de mesures de protection de l’environnement, notamment en ce qui
concerne le secteur de gestion des déchets solides.

Les quantités importantes de déchets produites, l’insuffisance financière, les lacunes


d’ordres organisationnel, institutionnel et de gestion, le déficit en matière de personnel qualifié,
les infrastructures insuffisantes et le faible niveau d’éducation environnementale constituent les
éléments importants de cette problématique. Il résulte de la conjugaison de ces facteurs, une
pression importante sur l’environnement qui se solde par des impacts négatifs sur la qualité de
vie, la santé publique, les ressources naturelles et le développement socio-économique.

La nécessité d’avoir un environnement de plus en plus propre et sain, a conduit au


développement de plusieurs techniques de traitement des déchets, notamment la mise en
décharge contrôlée, le compostage et l’incinération. Or ces techniques ne résolvent pas
entièrement le problème. Elles présentent entre autres des risques pour les ressources en eau par
infiltration des polluants dans la nappe phréatique et pour l’air par présence de polluants dans
les fumées en plus des résidus secondaires tels que les mâchefers et les cendres volantes. Donc,
afin de remédier à ces dangers et aux atteintes nuisibles à l'environnement il est possible
d’inerter ces polluants, qui sont riches en éléments lourds toxiques, dans une matrice vitreuse.

Ainsi, un programme national en matière de gestion écologique des déchets solides s'avère
prioritaire, et devra améliorer l'environnement et le cadre de vie des populations urbaines
et cela dans le cadre de la vision globale de développement humain.

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Chapitre 21: Gestion écologiquement rationnelle des déchets
solides
Le Royaume du Maroc montre, depuis de nombreuses années, sa volonté d’intégrer
dans sa politique nationale les fondements du « développement durable».
Le Maroc s’est engagé, dans le cadre des processus de Rio de Janeiro (1992) et de
Johannesburg (2002) et des Conventions internationales, à instaurer un développement
durable, répondant aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des
générations futures, prenant en compte les dimensions environnementale, économique et
sociale.
En 1992, lors de la Conférence de Rio dite « Sommet de la Terre », la communauté
internationale posa les principes du développement durable et affirma l’intérêt universel
en adoptant un programme dit « Agenda 21 ».
Le domaine de la gestion des déchets solides constitue une composante clé de
l'environnement et du bien être social ; l'Agenda 21 adopté à Rio avait consacré un
chapitre(chapitre 21) réservé à ce sujet. Elle a recommandé que l’action en terme de gestion des
déchets solides s'appuie sur une hiérarchie d'objectifs et soit axée sur les quatre grands
domaines d'activité suivants :
 Réduire le plus possible les déchets;
 Maximiser la réutilisation et le recyclage des déchets;
 Promouvoir le traitement et l'élimination écologiquement rationnels des déchets;
 Etendre les services en matière de déchets.

I. Minimiser les déchets

1. Principes d'action

Les modes de production et de consommation non viables accroissent à un rythme sans


précédent la quantité et la diversité des déchets ayant des effets persistants sur l'environnement.
Selon la tendance observée, la quantité de déchets pourrait doubler d'ici à la fin du siècle et être
multipliée par quatre ou cinq d'ici à l'an 2025. Le meilleur moyen d'inverser les tendances
actuelles serait que la gestion des déchets ait un caractère préventif et soit axée sur les
changements à apporter aux modes de vie et aux modes de production et de consommation.

2. Objectifs

Dans ce domaine, les objectifs sont les suivants :

a) Stabiliser ou réduire dans des délais convenus la production des déchets destinés à être
définitivement éliminés, en fixant des buts selon le poids, le volume et la composition des
déchets, et encourager la séparation des déchets pour en faciliter le recyclage et la réutilisation;

b) Renforcer les procédures utilisées pour évaluer les modifications de la quantité et de la


composition des déchets en vue de formuler des politiques opérationnelles visant à réduire le
plus possible les déchets en ayant recours à des moyens économiques ou autres de nature à

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engendrer des modifications des modes de production et de consommation allant dans le sens
de ces politiques.

II. Maximaliser la réutilisation et le recyclage écologiquement


rationnels des déchets

1. Principes d'action

L'épuisement des possibilités d'implantation de décharges traditionnelles, une


réglementation environnementale plus stricte régissant l'élimination des déchets et
l'accroissement des quantités de déchets particulièrement persistants, notamment dans les pays
industrialisés, sont trois facteurs qui ont contribué à une hausse rapide des coûts des services
d'élimination des déchets. Ces coûts pourraient doubler ou tripler d'ici la fin de la décennie.
Certaines pratiques actuelles en matière d'élimination des déchets menacent l'environnement. A
mesure que l'économie des services d'élimination des déchets se modifie, le recyclage des
déchets et la récupération des ressources deviennent de plus en plus rentables. Les futurs
programmes de gestion des déchets devraient tirer le meilleur parti de méthodes de gestion
efficaces sur le plan des ressources. Ces activités devraient être menées en conjonction avec les
programmes d'éducation du public. Il importe que les marchés des produits fabriqués à partir de
matériaux de récupération soient identifiés dans la mise au point de programmes de
réutilisation et de recyclage.

2 .Objectifs

Les objectifs dans ce domaine sont les suivants :

a) Renforcer et développer les systèmes nationaux de recyclage des déchets;

b) Créer un programme de réutilisation et de recyclage internes des déchets pour les flux
de déchets, papier compris, à l'intérieur du système des Nations Unies;

c) Mettre à disposition des informations, des techniques et des moyens d'action appropriés
pour encourager l'adoption et faciliter l'exploitation de systèmes de réutilisation et de recyclage
des déchets.

III. Promouvoir l'élimination et le traitement écologiquement


rationnels des déchets

1. Principes d'action

Même quand les déchets sont réduits au minimum, il en reste encore. Même après
traitement, tous les rejets de déchets ont un impact résiduel sur l'environnement qui les reçoit. Il
y a par conséquent de la place pour des améliorations des pratiques en matière de traitement et
d'élimination des déchets, et l'on pourrait par exemple éviter de déverser des boues résiduaires
en mer. Dans les pays en développement, le problème est plus fondamental : moins de 10 % des
déchets urbains sont traités d'une façon ou d'une autre, et seule une faible partie de ce
traitement est conforme à des normes de qualité acceptables. Le traitement et l'élimination des
matières fécales devraient se voir accorder la priorité qu'ils méritent, étant donné la menace
potentielle que ces matières représentent pour la santé de l'homme.

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2. Objectifs

L'objectif dans ce domaine est de traiter et éliminer sans danger une proportion
progressivement croissante des déchets produits.

IV. Etendre les services en matière de déchets

1. Principes d'action

A la fin du siècle, plus de 2 milliards d'habitants de la planète seront privés d'équipements


sanitaires de base, et l'on estime que la moitié de la population urbaine des pays en
développement ne disposera pas de services adéquats d'élimination des déchets solides. Jusqu'à
5,2 millions de personnes, dont 4 millions d'enfants de moins de 5 ans, meurent chaque année
de maladies liées aux déchets. Les conséquences sanitaires sont particulièrement graves pour
les pauvres des villes. Les effets sur la santé et sur l'environnement d'une mauvaise gestion des
déchets vont toutefois au-delà des établissements humains non desservis et comprennent une
contamination et une pollution de l'eau, du sol et de l'air sur une surface plus vaste. Etendre et
améliorer les services de collecte des déchets et d'élimination sans danger de ces déchets sont
indispensable pour maîtriser cette forme de pollution.

2. Objectifs

L'objectif global de ce programme est de fournir à tous, pour protéger leur santé, des
services de collecte et d'élimination des déchets sans danger pour l'environnement.

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Situation et évolution de la gestion des déchets solides au
Maroc

I. Classification des déchets :


1. Déchets ménagers :
Au Maroc, la population urbaine constitue 51 % de la population totale. Chaque commune
assure le service de nettoyage et de collecte des déchets à l’intérieur de son périmètre et la
communauté urbaine est chargée de l’élimination finale de ces déchets. La production des
déchets par habitant et par jour est très variable d’une région à une autre, et elle est en
moyenne de 0,75 kg/hab/j (plus de 5 millions de tonnes par an pour tout le territoire national).
Le taux de collecte n’est pas bien déterminé pour toutes les communes et il est également très
variable : 75 à 100%. Cette insuffisance de la collecte engendre souvent l’apparition de points
noirs dans les quartiers périphériques et les terrains vagues de la plupart des villes.
Les déchets collectés sont éliminés dans des décharges sauvages ou par enfouissement
(Rabat) ; mais en règle générale, l’élimination finale des déchets n’est pas satisfaisante sur le
plan hygiénique et environnemental.
Concernant l’option de traitement des déchets avant leur élimination au niveau des
décharges, seules six villes marocaines ont été dotées d’usines de traitement des ordures
ménagères par compostage. Parmi ces usines, certaines sont non fonctionnelles (Tétouan,
Meknès, Rabat, Casablanca et Marrakech). Le fonctionnement de l’usine située à Agadir ne
peut pas être évalué actuellement puisqu’elle est nouvelle, et encore au stade d’optimisation
des paramètres de fonctionnement.
2. Déchets industriels
Les déchets industriels sont les déchets produits par l’industrie, le commerce, l’artisanat…
Ils contiennent :

 les déchets industriels banals collectés séparément des déchets ménagers et assimilés,
mais dont les modalités et les conditions de traitement sont les mêmes que celles des
déchets ménagers et assimilés;
 les déchets industriels spéciaux sont constitués de déchets toxiques ou dangereux et
dont les caractéristiques nécessitent des modalités particulières de collecte et de
traitement;
 les déchets des chantiers "bâtiment et travaux publics" (déchets de construction,
démolition et réhabilitation remblais, déblais, déchets de terres, pierres,...).
L’industrie marocaine n’a pas atteint le stade du grand développement, et par conséquent,
les déchets industriels ne sont pas censés représenter des volumes considérables : environ 975
000 tonnes par an (déchets dangereux = 120 000 tonnes/an), dont presque la moitié est
produite au niveau de l’axe Casablanca-Mohammédia. Cependant, l’absence quasi totale d’un
traitement de ces déchets, dont la composition et la nature ne sont pas encore bien définis au
Maroc, présente de graves conséquences pour le milieu récepteur. Ainsi, des déchets solides
dangereux, comme par exemple les déchets chargés en métaux lourds, etc., sont éliminés au

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niveau des décharges publiques ou dans les cours d’eau, sans neutralisation, ni traitement
approprié.
3. Déchets hospitaliers :
Les déchets hospitaliers sont produits principalement par les infrastructures hospitalières
publiques et privées. La quantité de déchets hospitaliers produits est de 3 kg/lit/jour (4,5 pour
les hôpitaux de plus de 1000 lits) soit 38 325 tonnes/an, ce qui représente moins de 1% de
l’ensemble des déchets produits au niveau national. Ces déchets se composent de déchets à
risque (5 à 10%) et de déchets spécifiques (25 à 30%), qui représentent les déchets médicaux,
dont la production annuelle a été estimée à environ 12 000 tonnes, et de déchets ménagers ou
assimilables (60 à 65%).
Les déchets hospitaliers, notamment les déchets infectieux (déchets à risque et spécifiques),
sont très mal gérés au Maroc. En effet, l’insuffisance du cadre législatif et réglementaire
adéquat régissant la gestion des déchets en général et des déchets hospitaliers en particulier est
à l’origine d’une gestion hasardeuse qui ne répond à aucune norme en la matière.
Le traitement des déchets hospitaliers est effectué dans quelques rares installations
d’incinération in situ encore en état de marche. Ces installations sont plutôt des fours de
destruction que des incinérateurs, et par conséquent, leur impact sur la qualité de l’air (rejets
atmosphériques non traités) est néfaste. Dans les autres hôpitaux, les incinérateurs sont
généralement inexistants ou en panne depuis longtemps. D’une manière générale, les déchets
hospitaliers finissent de la même manière que les ordures ménagères et les déchets industriels
au niveau des décharges publiques, ce qui pose de sérieux problèmes de santé publique,
notamment pour les récupérateurs au niveau des décharges.
4 .Déchets toxiques en quantités dispersées
Ils sont par définition toxiques, dangereux, non assimilables et non miscibles aux ordures
ménagères banales; ils sont de composition mal connue et de propriétaire anonyme. Vu leur
diversité chimique la méthode d’élimination ne peut être unique. A titre d’exemple, on peut
citer, dans cette catégorie les déchets tels que: solvants, détergents, piles à mercure, résidus
métalliques, flacons souillés, amiante, aérosol, peinture, plomb, …
5 - Déchets nucléaires
A l’instar de l’industrie classique, l’industrie nucléaire génère un certain nombre de déchets
radioactifs de hautes activités. Les combustibles irradiés, qui sont retirés du cœur du réacteur
atomique, sont traités selon deux voies principales. La première consiste en un stockage direct
des combustibles irradiés en milieu géologique : c’est la voie de non-traitement. La seconde
consiste à isoler, au cours du traitement chimique par des solvants, les produits de fission et les
transuraniens de masse atomique supérieure à celle de l’uranium. Un déchet issu de cette étape
est une solution de produits de fission. La stabilisation de ce résidu, assurée par un procédé de
solidification par vitrification, a été mise au point par le Commissariat à l’Energie Atomique
(France). Le déchet final est dans ce cas un verre borosilicaté contenant 13% en masse d’oxyde
de produits de fission et d’oxyde d’actinides.
La gestion de ces déchets radioactifs se fait par étude de la possibilité d’un stockage de verre
massif dans des formations géologiques profondes. La sécurité d’un tel enfouissement repose
sur un concept multi-barrières (verre, barrière ouvragée de voisinage, roche hôte) devant
empêcher une solution de percolation d’arriver au contact du verre et le cas terminer limiter la
migration des radioéléments vers la biosphère.
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II. filières d’élimination, de traitement et de valorisation des déchets solides :
1. Mise en décharge contrôlée :
Afin de faire face à la problématique des décharges sauvages et à leur caractère dominant au
Maroc et dans les pays en développement de manière générale, la mise en décharge contrôlée
demeure manifestement une bonne alternative. Toutefois, cette option est loin d’être
écologiquement durable et particulièrement dans ces pays où les déchets sont très humides et
très riches en matière organique et génèrent de grands volumes de lixiviats et des émissions
quantitativement importantes de méthane. Les incendies qui peuvent survenir dans les
décharges représentent aussi un grand impact environnemental.
Lorsqu’on dépose les déchets organiques dans une décharge, les matières biodégradables
sont biochimiquement converties en méthane au lieu du CO2, produit ultime de la
biodégradation des matières organiques en compostage aérobique. Il est connu que le méthane
(CH4) a un effet en tant que gaz à effet de serre (GES) 21 fois supérieur à celui du CO2.
Actuellement, la mise en décharge des déchets constitue la filière la plus répandue à travers
le monde. Toutefois, les émissions de méthane à partir des décharges représentent une
proportion très significative des émissions totales des GES.
2. Incinération :
Brûler les déchets non recyclables permet d'en réduire le volume et de récupérer l'énergie.
Cette énergie peut ainsi servir à chauffer des logements, à produire de l'électricité et donc à
économiser les combustibles traditionnels. Les lieux de l’incinération et la façon d’incinérer
doivent être maîtrisés. Une réglementation stricte vise à limiter les atteintes à l'environnement.
Les fumées doivent être épurées afin d'éliminer les poussières, les gaz acides et les métaux
lourds.
L’incinération est une option de traitement assez répandue dans les pays à économie
avancée. En plus des investissements initiaux assez lourds, l’incinération requiert des
équipements spéciaux et une surveillance particulière. En outre, le contrôle des gaz et des
cendres est bien réglementé.
Au Maroc, le faible pouvoir calorifique des déchets ménagers qui atteint environ les 1000
Kcal/kg ne permet pas une auto – combustion à cause de la teneur en eau élevée (60 à 75%).
Dans les pays industrialisés, le pouvoir calorifique varie de 1500 à 2500 Kcal/kg.
3. Production de biogaz :
Au Maroc, depuis les années 80 du siècle dernier, on enregistre plus de 350 communes
rurales où les petits systèmes chinois ont été mis à l’essai. Ces systèmes sont très simples où
une cuve constitue le réacteur dans laquelle la matière à traiter est introduite soit de manière
continue soit discontinue. Outre la cuve de fermentation, l’installation comprend une régulation
de température et un dispositif de stockage du gaz. Ces réacteurs de type chinois ont été
construits en plusieurs millions d’exemplaires et ont une productivité de 0,15 à 0,30 m3 de
biogaz /m3 de digesteur / jour.
Ces expériences ont permis de constater plusieurs difficultés qui empêchent le développent
de ce système dont les plus importantes sont les insuffisances en matière d’équipements et

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l’absence de personnel qualifié. De là, résulte une faible production de méthane. Pour cela, il a
été recommandé de remédier à ces limitations et d’opter pour de grands digesteurs produisant
du biogaz avec un système simple de tri central. Ces unités sont susceptibles de produire des
quantités importantes de biogaz pour subvenir aux besoins des villes.
L’expérience proposée pour la ville de Tanger consistait à traiter environ 230 tonnes de
déchets après un tri initial. Ainsi, 65% de cette masse correspondent aux déchets organiques et
au papier et carton. Le reste est mis en décharge sans nuisances.
4. Compostage :
Le compostage consiste à transformer les déchets ménagers en un amendement organique à
travers la décomposition de la fraction organique. Ce processus est accompli par les micro-
organismes (bactéries, levures et champignons.) présents dans la plupart des matières
organiques. Ce processus aboutit à la formation d’un amendement organique stable de type
humus, et d’éléments minéraux assimilables par les plantes.
4-1- Intérêt de compostage :
Le compost stimule l’activité microbienne, apporte aux plantes les éléments nécessaires à
leur croissance et facilite la circulation de l’eau et de l’air dans le sol. Il permet aussi :
- La réduction du processus de l’érosion.
- Le renforcement de l’enracinement des plantes.
- L’apport des matières organiques indispensables à l’activité microbienne.
4-2-Description du procédé de compostage :
Le procédé classique de compostage comprend les phases suivantes :
 Le tri des déchets :
Le tri a pour objectif la séparation de la fraction organique composable. Cette opération peut
être effectuée soit à la source (auprès des ménages) soit au sein de l’installation de compostage
par voie manuelle ou mécanique. Le tri à la source des déchets présente un ensemble
d’avantages dont on peut citer :

 La réduction du coût d’investissement et de fonctionnement de l’installation de


compostage.
 La réduction du taux d’éléments contaminants présents dans les déchets,
notamment les métaux lourds.
 L’implication de la population dans le système de gestion des déchets.

Toutefois, la mise en place d’un système de tri à la source exige la réorganisation des
circuits de collecte et la mobilisation d’équipements et de matériels spéciaux, ainsi qu’une
participation effective des habitants et un grand effort de sensibilisation.
 La préparation mécanique des déchets :
Cette opération comprend le broyage et le criblage. Elle vise l’homogénéisation des déchets
et la réduction de leur granulométrie afin d’accélérer le processus de fermentation aérobie.

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 La fermentation :
La fermentation se fait à travers la biodégradation de la fraction organique sous l’effet de
l’action des microorganismes. Les phases de la fermentation sont :

 La phase de latence (ou phase psychrophile) qui correspond au temps nécessaire


pour la colonisation du milieu par les microorganismes ( un jour environ). Pendant cette
phase, la température s’élève légèrement pour atteindre environ 20°C.
 La phase mésophile est due à la multiplication des microbes mésophiles qui
déclenchent le processus de fermentation. Ces microorganismes dégagent de grandes
quantités de chaleur. Aux alentours de 40-45°C, les microbes mésophiles meurent.
 La phase thermophile correspond à la période d’activité d’une autre vague
microbienne. A une température de 60-70°C, les microbes thermophiles meurent à leur
tour ainsi que les germes pathogènes.
Les principaux procédés de fermentation sont les suivants :
Le procédé de fermentation lente : Les déchets subissent une dégradation naturelle à l’air libre.
Ils sont disposés en andins ; c’est à dire en tas triangulaires, isolés ou groupés, en bandes de 1 à
2 m de haut et de 4 à 5 m de base. Ces tas sont régulièrement retournés.
La fermentation semi-accélérée (Système retenu dans les UTOM au Maroc) : Cette technique
met en œuvre les principes résultant des études effectuées par de l’ANRED (Agence Nationale
pour la Récupération et l’Elimination des Déchets) et le CEMAGREF (Centre National du
Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et des Forets) en France. Après passage dans
un trommel, les déchets sont mis en fermentation dans un hangar où ils subissent 3 à 4
retournements triturateurs durant la durée du séjour qui est de l’ordre de 15 jours.
La fermentation accélérée : Après broyage, les déchets subissent une fermentation en cellules
permettant un contrôle plus strict des conditions favorables pour le bon déroulement du
processus de compostage. Parmi les procédés de fermentation accélérée les plus connus on
peut citer :

 Le biostabilisateur (SOGEA) : Les ordures ménagères sont introduites dans un


cylindre rotatif de fermentation où ils subissent un brassage et une aération continue
pendant la durée de leur transit dans le cylindre qui est de 2 à 4 jours.
 Le système BIOTANK : Il s’agit de hangars mobiles à sections trapézoïdales
qui se déplacent sur un chemin de roulement en forme d’anneau ; l’avant du hangar est
fermé et équipé à sa partie supérieure d’une trémie par laquelle les déchets sont
introduits puis mis en tas. La durée de fermentation et de 6 à 14 jours.
 L’hygiénisation (Procédé CAREL-FOUCHE) : Les ordures ménagères sont,
après tri, déversés au sommet de la tour de fermentation verticale en béton. Les déchets
repris par une vis sans fin à la base, sont recyclés au sommet de la tour. La durée du
séjour est d’environ 4 jours. L’air est extrait au sommet pour assurer l’aération de la
masse des déchets.
La maturation : La maturation dure de 2 à 6 mois. Cette phase se caractérise par :

 Une faible activité microbienne à cause de la chute du taux d’humidité et


d’oxygène.

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 La chute de la température qui se stabilise autour de 30°C.
Le compostage, du fait de la proportion importante de matière organique dans les déchets,
est considéré comme l’une des options les plus adaptées au Maroc et dans les pays en
développement de manière générale. Le processus de compostage ne permet pas seulement de
réduire la masse de déchets par le phénomène de biodégradation, mais aussi de fournir un
compost indemne d’agents pathogènes. Ce compost est un excellent produit d’amendement
organique des sols.
5. Recyclage :
Le recyclage est aussi une option qui s’associe parfaitement à la filière compostage qui, elle,
passe nécessairement par l’opération de tri.
Les matières qui se trouvent dans les déchets municipaux et qui sont susceptibles d’être
recyclées sont : papiers et cartons, verre (bouteilles et emballages), matières plastiques, textiles,
et métaux.
Les avantages du recyclage résident essentiellement dans l’économie d’énergie et la
réduction des émissions des GES. Ceci peut être illustré par les exemples suivants :
• Le recyclage du papier et carton à base de cellulose permet une réduction des émissions de
GES et donc une augmentation de la séquestration du carbone ;
• D’après des données relatées par une étude menée en Virginie, le recyclage d’une tonne de
plastique permet d’économiser l’équivalent de 3.85 barils de pétrole (1 barils est équivaut à 159
litres) ;
• Le recyclage des matières à base d’aluminium permet d’économiser 95% de l’énergie utilisée
pour la fabrication de l’aluminium en Virginie ;
• Le recyclage d’une bouteille en verre peut économiser autant d’énergie que consomme une
ampoule de 100 watts par heure.
La figure ci dessous illustre les cycles de vie de fabrication d’un produit et de son
recyclage et montre que le recyclage, contrairement aux autres voies d’élimination, permet de
générer un gain environnemental et énergétique.

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Cycle de vie du produit (A) et de recyclage du produit (B) (adapté de US-EPA)

III. Effort menés pour le développement de secteur de déchets solides au


Maroc :
III-1-COMPOSTAGE
La forte teneur en matières organiques des déchets ménagers marocains, associée aux
conditions climatiques favorables et à la présence d’un marché potentiel des amendements
organiques (lié à la vocation agricole du pays) a incité les responsables à mettre en place des
unités de compostage (UTOM) basées sur le modèle européen trop mécanisé. Toutefois, et pour
des raisons d’ordre technique, financier et environnemental, cette expérience a été vouée à
l’échec.
III-1- 1- Les Usines de Traitement des Ordures Ménagères (UTOM) :
A partir des années 60, cinq villes marocaines ont été équipées d’unités de compostage, à
savoir : Casablanca, Rabat, Marrakech, Tétouan et Mekhnès. Ces unités, créées sur la base de
modèles européens, ont fonctionné suivant le schéma ci-dessous :

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A l’exception de l’UTOM de Rabat, aucune unité n’a fonctionné plus de 6 ans ceci est lié à un
ensemble de facteurs dont notamment :
 Les contraintes techniques liées à :
• L’inadaptation du procédé technique aux caractéristiques des déchets marocains (forte
humidité) ;
• La défaillance du système de maintenance à cause de la forte mécanisation des procédés
utilisés, et l’indisponibilité des pièces de rechange sur le marché local ;
• La faible qualité de compost produit. Ce dernier contenait certains produits indésirables à
cause de l’absence d’un système de tri des déchets à la source.
 Les contraintes économiques et financières liées en particulier à de sérieuses
difficultés de recouvrement des coûts à cause de :
• Coûts d’investissement et de fonctionnement très élevés ;
• Difficulté de commercialisation du compost vu sa mauvaise qualité, et l’absence de
campagnes de vulgarisation et de sensibilisation des agriculteurs.
 Les contraintes environnementales, à savoir en particulier :
• L’absence d’un système de traitement du lixiviat ;
• Le dégagement d’odeurs nauséabondes et la prolifération d’insectes et de rongeurs
• Les mauvaises conditions hygiéniques de travail.

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III-1-2- L’optimisation de la filière de compostage :
En tenant compte des difficultés rencontrées pour le développement de ce marché, d’autres
actions ont été mises en œuvre afin de développer une filière de compostage adaptée au
contexte marocain. Les expérimentations menées à ce niveau ont abouti à la conception, par la
DGCL, d’une unité de compostage pour la ville d’Agadir ainsi que la mise en œuvre d’un
programme de développement d’une filière de compostage semi artisanale par l’ONG Enda
Maghreb.
III-1-2.1. L’unité de compostage d’Agadir :
L’unité conçue pour la ville d’Agadir est basée sur un procédé technique simplifié et moins
industriel composé des phases suivantes (Tableau):

 Mise en andins des déchets pour une fermentation aérobie lente ;


 Tri et criblage des déchets ;
 Maturation ;
 Stockage.

TABLEAU : FILIERES DE COMPOSTAGE CLASSIQUE ET ADAPTEE

Le procédé proposé pour la ville d’Agadir présente les avantages suivants :


 La présence d’objets de grande taille ce qui favorisera l’oxygénation des
andins…etc.
 L’élimination de la phase de broyage permettra d’éviter :

• La génération de grandes quantités de lixiviat ;


• Le bourrage des broyeurs grâce à la réduction, lors de la fermentation, de la teneur en
eau à raison de 50%.

 L’amélioration des conditions hygiéniques du tri grâce à la réduction du taux


d’humidité …
III-1- 2-2. Développement d’une filière semi-artisanale (ONG Enda Maghreb) :
Depuis 1996, et sur la base des enseignements tirés des anciennes unités de compostage
(UTOM), l’ONG Enda Maghreb a lancé un programme visant le développement d’une filière
semi-artisanale de compostage adaptée au contexte local (procédé simple, faible coût
d’investissement et d’exploitation).

16
Dans ce cadre, ENDA Maghreb a entrepris et a supervisé trois projets pilotes de tri
compostage des déchets ménagers, à savoir :

 La mise en place d’une unité expérimentale de tri et de compostage à Bab


Lamrissa (Salé).
 La mise en place d’une unité de tri et de compostage et d’un centre
d’enfouissement technique des refus à Tiflet.
 La mise en place d’une unité de tri et de compostage et d’une décharge contrôlée
avec des possibilités de recyclage à Oulmès.
Le compostage constitue une alternative écologique pour la valorisation des déchets
municipaux. Outre son intérêt agronomique, il permet la réduction de la quantité et de la
nocivité des déchets à éliminer, et par la suite le prolongement de la durée de vie des sites des
décharges publiques.
Afin d’assurer la durabilité et la viabilité de la filière de compostage, il serait impératif de
produire un compost de bonne qualité, et à un prix économiquement acceptable. Par ailleurs, le
procédé de traitement devrait être adapté aux spécificités du contexte local à savoir en
particulier :

 La composition des déchets municipaux ;


 Les capacités techniques et financières des communes ;
 La vocation économique de la région concernée.
En outre, d’autres mesures d’accompagnement devraient être entreprises telles que :

 Le renforcement du cadre réglementaire relatif à la gestion des déchets


(responsabilité des producteurs, normes de qualité du compost…).
 La réalisation d’études de marché afin d’évaluer les possibilités d’écoulement du
compost à produire.
 L’implication de tous les acteurs concernés par la production et l’utilisation du
compost (Départements ministériels concernés, communes, agriculteurs, ONG,
institutions scientifiques…).
 L’introduction de systèmes de tri à la source des déchets ménagers, ce qui
nécessitera une implication effective des habitants.
III-2 - concession dans le secteur des déchets solides au Maroc :
III-2-1-Collecte de déchets :
Pour pallier la problématique de collecte des déchets municipaux, le Ministère de l’Intérieur
a encouragé la concession de ce secteur au privé qui effectue des missions d’organisation et de
prestation de service : collecte des ordures ménagères, nettoiement et balayage des rues et des
voiries et évacuation des déchets (exemples : sociétés Smarcollecte puis GMF à Essaouira,
GMF dans la médina de Fès, les eaux de Marseille à Hay Hassani, Nadafa à Nador et Onyx et
SEGEDEMA respectivement à Hassan et Agdal-Riad à Rabat).
Ainsi, la concession du service de collecte s'est traduite, dans la plupart des communes qui
ont opté pour ce mode de gestion, par une amélioration sensible du niveau de service fourni,
notamment par l'éradication d'un ensemble de points noirs, et ce grâce au renforcement des
moyens humains et matériels mobilisés.

17
Toutefois, il y’a lieu de noter que la phase de collecte des déchets est assurée dans les villes
marocaines au minimum à 70 % et moyennant quelques efforts d'organisation et d'optimisation
du rendement, les communes peuvent améliorer considérablement ce taux de couverture sans
faire appel au privé. En effet, les coûts relatifs à la concession de la collecte épuisent les
budgets des collectivités locales et ne leur permet pas d’entreprendre des actions pour la
concession de l'élimination des déchets qui nécessite un savoir-faire important qui n'existe pas
chez les techniciens communaux.
III-2-2-Réalisation et exploitation des décharges contrôlée :
Plusieurs villes au Maroc ont réalisé des décharges contrôlées de déchets ménagers et
assimilés à savoir : Essaouira, Fès, Oujda, Berkane, El Jadida-Moulay Abdellah et Kénitra. La
majorité de ces décharges sont exploitées par des sociétés privées.
La mise en place de la décharge contrôlée de Rabat et ses régions (13 collectivités locales) a
été lancée également avec une gestion déléguée au secteur privé sur une période de vingt ans
avec un coût d’environ un milliard de dirhams.
Actuellement, une dizaine d’autres villes sont en phase des études ou de négociation
pour réaliser leurs décharges contrôlées.
III-3-.Inscription de projets dans le cadre du « Mécanisme de Développement
Propre » (MDP) :
Pour une gestion écologiquement rationnelle des déchets solides et dans le cadre du MDP,
plusieurs projets de réhabilitation des décharges, de récupération et de brûlage en torchère
du biogaz ont été programmés, à savoir :
• Le projet de récupération et de brûlage en torchère du méthane généré par la décharge
d’Akrach à Rabat ;
• Le projet de captage et de brûlage en torchère de biogaz de la décharge actuelle de
Marrakech dans le cadre de sa réhabilitation et l’amélioration de sa gestion.
D’autres projets de captage et de brûlage en torchère de biogaz issu des décharges ont été
lancés à travers le territoire national, c‘est le cas des anciennes décharges d’Oujda, Fès, Agadir
et Kenitra.
III-4- Centre national d’élimination des déchets spéciaux (CNEDS) :
Dans le cadre de la coopération entre le Royaume du Maroc et le Land de la Rhénanie du
Nord-Westphalie d’Allemagne, une convention a été signée le 9 octobre 2001 entre le
Ministre marocain de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de
l’Environnement et la Ministre allemande de l’Environnement pour appuyer le Maroc dans la
mise en place d’un CNEDS qui permettra d’éliminer plus de 80 % des déchets dangereux.
La 1ère phase de cette convention, à savoir l’étude du choix du site, est en cours d’exécution
par la partie marocaine (Secrétariat d’Etat chargé de l’Environnement) et elle sera suivie par
une seconde phase qui portera sur la réalisation d’une étude de faisabilité qui sera financée par
la partie allemande et qui aboutira à l’élaboration du cahier de charges pour la mise en place du
CNEDS.

IV. Insuffisances du secteur de déchets solides :

18
Malgré les efforts menés pour le développement de secteur des déchets solides, il y a des
défaillances au niveau des services de collecte, du transport, du traitement et de l'élimination
qui ont été mises en évidence. Ces défaillances sont d'origine institutionnelle, financière,
technique et/ou éducationnelle.

 L’insuffisance des études prospectives et de planification du secteur;


 L’insuffisance des infrastructures et des équipements existants de collecte et
d’élimination des déchets et le manque de motivation du personnel ;
 Le manque de professionnalisation de la filière de gestion des déchets ;
 Le manque de ressources financières propres affectées à ces services ;
 Les comportements individuels généralement peu soucieux de la propreté de la
ville, couplés au manque de responsabilité des producteurs des déchets spéciaux et
dangereux ;
 L’absence d’une politique spécifique visant le développement de la filière « tri-
recyclage-valorisation ».

V. Les impacts de cette situation sur l’environnement :


La mauvaise gestion des déchets solides au Maroc génère des impacts négatifs directs sur
la santé publique et l’environnement. Ces effets peuvent être résumés comme suit :
Pollution de l’atmosphère et dégagement des odeurs nauséabondes dues notamment aux
vapeurs de méthane provenant des décharges publiques.

Pollution chimique et biologique des ressources en eau qui deviennent un milieu


propice à la reproduction des moustiques et de la vermine, et représente ainsi une
menace pour la santé, soit directement à travers leur consommation, soit indirectement à
travers la consommation de produits agricoles irrigués avec des eaux polluées ;

Dégradation de l’esthétique de nos villes et immobilisation des terres productives en


raison de la présence de produits non biodégradables (exemple: sachets en plastique,
déchets de démolition, etc) ;

Contamination des sols par le lixiviat qui peut contenir des produits dangereux
(pesticides, métaux lourds, etc) ;

Pollution du littoral et du milieu marin ; …

19
CADRE LEGAL ET NOUVELLES APPROCHES DE
GESTION
I. Concept de gestion intégrée et durable des déchets solides municipaux
(GIDDS)
L’assiette de la gestion intégrée et durable des déchets solides (GIDDS) se base sur une
approche intégrant les dimensions environnementale, technique, sociale, socio-culturelle,
politico-légale, économique et institutionnelle et impliquant, à tous les niveaux de la filière, les
acteurs et les institutions directement ou indirectement concernés.

20
Composantes et processus d’une gestion intégrée et durable des déchets solide municipaux (Waste, 2001)

La Conférence des Nations-Unies pour l’Environnement qui s’est tenue en 1992 à Rio de
Janeiro a mis en exergue l’importance de la solution intégrée pour la gestion des déchets qui
présente une opportunité de réconciliation entre le développement et la protection de
l’environnement.

À côté du concept de GIDDS, un autre, assez adopté dans des pays développés, réside dans
la Gestion du Cycle de Vie de la matière (Life Cycle Management). En se basant sur une
hiérarchisation des modes de gestion des déchets, ce concept favorise l’approche de prévention
et de réduction des déchets à la source ainsi que les options de recyclage, de réutilisation et de
valorisation.

21
Hiérarchie de gestion des déchets adoptée par l’UE (adaptée de Antadze et al., 2004)

II. Cadre législatif et institutionnel :


1. Cadre juridique :

Le cadre juridique spécifique aux déchets solides vient d'être renforcé par les
dispositions législatives permettant de faire face à la problématique des déchets solides
ménagers, industriels, médicaux et dangereux. Il s'agit de

La loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination promulguée


récemment en 2006 par le secrétariat d’Etat chargé de l’Environnement pour une gestion
rationnelle, moderne et efficace de ce secteur en tenant compte des exigences du
développement durable et de la protection de l’environnement, ainsi que des contraintes
financières, techniques et humaines qui pourraient entraver la réalisation des objectifs
escomptés. : « tous résidus d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation,
toute substance ,matériau, produit ou plus généralement tout bien, meuble abandonné ou
que son détenteur destine à l’abandon ou à l’obligation de s’en défaire dans le but de ne pas
nuire à la collectivité et de protéger l’environnement ».

Cette loi a défini sept catégories ou types de déchets : déchets ménagers, déchets industriels,
déchets médicaux, déchets agricoles, déchets dangereux, déchets inertes et déchets ultimes.

Les apports les plus importants de cette loi se déclinent comme suit :

• Il définit les règles d’organisation des décharges existantes et appelle à leur


remplacement par des décharges contrôlées en classant ces dernières en trois
catégories distinctes en fonction des types de déchets qu’elles sont autorisées à
recevoir ;

22
• Il incite à la planification de la gestion des déchets en prévoyant l’établissement
de plans directeurs adaptés au niveau territorial et au plan des catégories de déchets :

 Un plan directeur national pour la gestion des déchets dangereux ;


 Des plans directeurs régionaux pour la gestion des déchets industriels et
médicaux non dangereux, des déchets agricoles et inertes ;
 Des plans directeurs préfectoraux ou provinciaux de gestion des déchets
ménagers et assimilés;
 Des plans communaux ou intercommunaux de gestion des déchets ménagers et
assimilés.
 Il confirme la responsabilité de la commune en matière de gestion des déchets
ménagers et assimilés ;

• Il instaure le principe d’une redevance d’enlèvement et d’élimination des déchets


ménagers et assimilés. Le conseil communal concerné fixe le taux de cette redevance
dans les formes et conditions prévues par la loi ;
• Il prévoit la possibilité de commercialisation et de réutilisation par les communes
des produits des déchets valorisés ;
• Il met en place un système de responsabilisation des générateurs des déchets
(principe du pollueur - payeur) ;
• Il fixe par voie réglementaire les délais de mise en place des installations de tri, de
traitement, d’élimination ou de valorisation des déchets ;
• Il fixe par voie réglementaire les prescriptions techniques concernant le tri,
l’emballage, la collecte, le transport, le stockage, le traitement et l’élimination
des déchets ainsi que leur classification.

Par ailleurs, d'autres dispositions législatives ayant un lien direct avec la gestion les déchets
solides peuvent être relevées notamment dans :

La loi n° 11-03 relative à la protection et la mise en valeur de l'environnement,


donnant les principes généraux de protection de l’environnement, des établissements
humains et de gestion durable des ressources naturelles.

La loi n° 12-03 relative aux études d'impact sur l'environnement constitue un des
instruments modernes permettant de faciliter l'application des mesures préventives visant
la protection de l'environnement et l'intégration des préoccupations environnementales
dans les processus de développement économique et social.

La loi 12-90 sur l’urbanisme : cette loi précise sur le Schéma Directeur d’Aménagement
Urbain qui prévoit notamment « les endroits devant servir de dépôts aux ordures ménagères
doit être, préalablement à son approbation, soumis aux conseils communaux concernés ».
Quant au plan d’aménagement prévu par la même loi, il doit définir des servitudes à établir
dans l’intérêt de l’hygiène, de la sécurité et de la salubrité publique.

La loi n° 10-95 sur l’eau promulguée en 1995, a prévu d’une manière générale la
réglementation des dépôts de déchets. Dans ce sens, elle interdit de déposer ou d’enfouir des
déchets solides dans le domaine public hydraulique. A cet effet, les Agences de Bassin

23
Hydrauliques contrôlent et surveillent les risques potentiels que représentent les décharges
publiques pour la qualité de l’eau, les rejets solides dans les cours d’eau. « Les décharges
sauvages sont des sources de pollution des ressources en eau par les lixiviats. »

La loi relative à l'air : Un texte de loi et de décret relatifs à la lutte contre la pollution de
l'atmosphère a été élaboré et promulgué par le Département de l’Environnement du MATEE.
Ce texte de loi vise l’interdiction d’émettre, de déposer, de dégager ou de rejeter dans
atmosphère des polluants au-delà des normes fixées par voie réglementaire. Les polluants visés
sont les poussières, les substances inorganiques essentiellement sous forme de poussières, les
substances inorganiques sous forme de gaz ou de vapeurs, les substances organiques sous
forme de gaz, de vapeurs ou de particules et les substances cancérigènes. « Les déchets de par
leur combustion sauvage génèrent des nuisances olfactives et la dissémination des gaz de
combustion comme gaz carbonique et e méthane. »

La charte communale du 30 Septembre 1976 portant loi n° 78/00, relative à l’organisation


des communes confie à ces dernières la compétence en matière de fourniture des services
publics locaux qui incluent le service de collecte, de transport et d’élimination des déchets
ménagers et assimilés. Les communes peuvent gérer ces services directement, en régie ou en
les confiant à des opérateurs professionnels en gestion déléguée. En vertu de l’article 37 de
cette loi, le conseil communal «fixe dans le cadre des lois et règlements en vigueur, les taux
des taxes, les tarifs des redevances et des droits divers perçus au profit de la commune ».

2. Cadre institutionnel :

Les différents ministères qui interviennent dans le domaine des déchets solides sont :

II-2-1- Ministère de l'Intérieur

Le ministère de l’Intérieur assure la tutelle hiérarchique des communes. La charte


communale pose le principe de l'autonomie des communes et des communautés urbaines en
matière de GDS. Leurs budgets et leurs investissements sont toutefois soumis au contrôle du
Ministère de l'Intérieur. Par le biais de la DGCL (DEA), le Ministère de l’Intérieur encadre
techniquement les collectivités locales du point de vue assistance technique à la gestion des
déchets, cahiers des charges des gestions déléguées, etc.

II-2-2- Ministère de la Santé

Le MS est l'autorité compétente pour la gestion des hôpitaux et des centres de soins sur tout
le territoire national. Il contrôle aussi la qualité de l'eau potable en faisant des analyses dans ses
laboratoires décentralisés. Le MSP gère directement ces déchets solides (déchets hospitaliers).

II-2-3- Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement

Par rapport aux ministères gestionnaires et malgré son engagement dans différents milieux
et secteurs d’activités, c’est un département de mission et non de gestion. Il s'occupe
principalement de la coordination, de la collecte des données, des études, de l'élaboration des
lois, de la réglementation et des normes et directives ayant trait à l'environnement.

24
II-2-4-Ministère de l’industrie et du commerce

Ce ministère est l’autorité de tutelle des activités commerciales et industrielles. A ce titre, il


a un rôle de conseil pour l’élimination de leurs déchets et pour la mise en place de filières de
valorisation.

III-Programme national de gestion des déchets solides


Le Ministère de l’Intérieur et le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de
l’Environnement ont élaboré un programme national de gestion des déchets ménagers qui vise
l’adoption d’un ensemble de mesures concrètes, modulées à moyen et à long terme sur une
période de 15 années, destinées à alléger les problèmes qui encombrent ce secteur, et qui
répond :

 Aux attentes des citoyens ;


 Aux nouvelles obligations légales et aux impératifs de préservation de
l’environnement ;
 Au développement économique et social durable.

III-1- Plan directeur de gestion des déchets :

Le plan de gestion comprendra d’abord les données actuelles sur la gestion des déchets dans
une commune, une agglomération ou une ville. Il comprendra également des investigations
futures pour la gestion économique et optimale des déchets, notamment leur traitement avec ou
sans leur recyclage préalable. C’est un document qui sera amené à être mis à jour et réorientée
au fil du temps mais dont l’utilité immédiate comme outil d’aide à la décision est indéniable.
Les grandes lignes de la méthodologie suivie pour l’élaboration du plan de gestion des déchets
sont :

Au début, il a été nécessaire de donner une présentation générale et de décrire la situation


actuelle en matière de gestion des déchets solides :

Présentation générale
 Cadres juridique et institutionnel en lien avec la gestion des déchets ;
 Cadre socioéconomique ;
Le bilan de la situation actuelle
• Collecte des données de base actuelles en matière de la gestion des déchets solides;
• Projection des quantités des déchets selon leur nature et leur origine ;

L’analyse de la situation actuelle a permis d’avoir une vue complète et par la suite de relever
les problèmes et les contraintes de la gestion des déchets solides :

Les contraintes de la gestion des déchets solides


• Contraintes réglementaires
• Contraintes financières
• Contraintes techniques
• Contraintes éducationnelles
• Impact de ces problèmes sur l’environnement

25
Après avoir formulé les besoins et les contraintes, des solutions sont proposées pour
optimiser la situation actuelle ainsi qu’une chaîne de traitement pour la gestion des déchets
solides de manière écologique et rationnelle:

Optimisation de la situation actuelle avec des précisions sur les résultats obtenus et
le coût de leurs mises en place.
• Les objectifs réglementaires
• Moyens humains et techniques ainsi que les installations nécessaires pour une gestion
rationalisée des déchets solides
• Chaînes de traitement retenues préférentiellement pour la gestion de l’ensemble des
déchets solides produits

Le cheminement suivi est schématisé dans l’organigramme suivant :

Démarche adoptée pour l'élaboration du schéma de gestion des déchets solides

III- 2- Définitions des objectifs de PNDA :

Les objectifs à atteindre dans ce secteur doivent répondre aux soucis de protection de la
santé publique, des ressources hydriques et de l’environnement en général, d'amélioration du
bien-être de la population, de la salubrité de l'espace urbain et de l'arrière-pays des
agglomérations, tout en contribuant à la professionnalisation du secteur.

La réalisation de ces objectifs permettra également de contribuer au développement du


secteur touristique et des investissements privés aussi bien nationaux qu'étrangers.

26
Il s'agit jusqu’ a 2020 de :

• Assurer la collecte et nettoiement des déchets ménagers dans les agglomérations et


atteindre un taux de collecte satisfaisant de 90%, il est actuellement de 70% environ .

• Réaliser des décharges contrôlées des déchets ménagers et assimilés au profit de toutes les
communes (100 %) ;

• Réhabiliter toutes les décharges existantes, après fermeture (100 %) ;

• Professionnaliser ce secteur dans les agglomérations présentant un intérêt économique


pour les opérateurs privés et un coût supportable pour les Communes ;

• Organiser et développer la filière de « tri-recyclage-valorisation » pour atteindre le taux


de 20 % de récupération des déchets générés, avec des actions pilotes de tri à la source.

III-3- Appui de la banque mondiale au programme du gouvernement :

Le Gouvernement du Maroc a pris d’importantes dispositions pour réformer et mieux gérer


le secteur des déchets ménagers, notamment, à travers le lancement du Programme National
des Déchets Ménagers (PNDM) estimé à 37 milliards de DH sur 15 ans.

Dans se sens, la Banque mondiale en collaboration avec le Ministère de l’’Economie et des


Finances, le Ministère de l’Intérieur et le Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau et de
l’Environnement élabore un projet d’appui au programme du gouvernement pour la réforme de
ce secteur et ce dans le cadre du Prêt de Politique de Développement (PPD) du secteur des
déchets ménagers. L’objectif de ce projet est d’appuyer le développement du secteur déchets y
compris une meilleure gouvernance du secteur, la pérennité du service, et une meilleure
performance économique, environnementale et sociale du secteur.

En parallèle, La Banque fournira aussi son appui au Maroc pour le développement et la mise
en œuvre d’un projet programmatique Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) dans
le secteur des déchets solides.

Ce projet programmatique MDP sera préparé en partenariat avec le Fonds de l’Equipement


Communal (FEC) et permettra aux collectivités locales de saisir les opportunités offertes dans
le cadre du marché carbone.

Ce projet s’inscrit dans la droite ligne de la Stratégie de Coopération de la Banque mondiale


avec le Maroc (CAS) qui accorde une importance particulière à la prise en charge des aspects
environnementaux en tant qu’élément crucial pour accélérer le développement social, la
croissance et la réduction de la pauvreté au Maroc.

Principaux axes de la réforme et résultats escomptés dans le cadre de sa mise en œuvre

Les principaux axes de la réforme

Les axes principaux de ce projet s’articuleront autour des priorités suivantes :

27
• Gouvernance du secteur en améliorant la coordination institutionnelle, en renforçant la
transparence et en encourageant le partenariat avec le secteur privé,

• Soutenabilité et durabilité des services mis en place tenant compte des capacités techniques
et financières,

• Meilleure prise en charge de la dimension environnementale et sociale.

Les principaux résultats escomptés

Axe 1 : l’amélioration de la gouvernance dans le secteur des déchets solides

 Assurer la cohérence et la visibilité de l’action gouvernementale dans le secteur des


déchets solides ;
 Promouvoir la mise en œuvre de la politique nationale en matière de déchets solides à
travers l’application de la loi 28-00 ;
 Appuyer la professionnalisation et la régulation du secteur des déchets solides ;
 Développer le cadre institutionnel approprié pour la prise en charge effective des
problèmes environnementaux locaux et globaux.

Axe 2 : La promotion de la durabilité des services de gestion des déchets

 Appuyer les communes urbaines dans la mise en œuvre du PNDM ;


 Renforcer les capacités techniques des collectivités locales pour la gestion intégrée des
services des déchets solides et dans le cadre de la décentralisation ;
 Renforcer la communication et la sensibilisation au sujet des déchets solides.

Axe 3 : L’amélioration de la prise en charge des dimensions environnementales et sociales

 Mettre à niveau le système d’étude d’impact pour répondre aux besoins du PNDM ;
 Améliorer la performance environnementale du secteur de la gestion des déchets ;
 Contribuer à la résorption des activités informelles par la création d’emplois adéquats
pour les récupérateurs.

ETUDE DE CAS : DECHARGES CONTROLEES AU


MAROC
I-Méthodologie de présélection de site de décharge d’ordures ménagères
L'identification d'un site de décharge d'ordures est basée sur une analyse multi-sectorielle où
interviennent ingénieurs, géologues, chimistes, biologistes, naturalistes, économistes,
sociologues, politologues…etc. D'autres personnes privées, ONG, institutions religieuses
peuvent être impliquées de pré ou de loin à la démarche de pré- sélection de ces sites. Depuis
peu de temps les procédures de sélection dans la planification de la gestion des déchets utilisent
des méthodes cartographiques par "éliminations successives".

28
Cette méthode permet de déterminer les zones et les surfaces qui, en raison de différents
critères, ne conviennent absolument pas, celles qui conviennent mais avec certaines restrictions,
et celles qui conviennent à l'aménagement d'une décharge. En premier lieu, les critères suivants
sont évalués :

• Critères géologiques et hydrologiques, en particulier la protection des eaux ;

• Critères d'utilisation des surfaces, y compris habitation et transport ;

• Critères de protection de la nature,

• Critères géologiques.

Outre ces critères, le promoteur doit se poser les questions suivantes :

• Qu’elle est la nature des déchets à entreposer ?

• Qu’elle est la qualité des déchets ?

• Qu’elle est la superficie du site ?

• Qu'elle sera la durée de vie du site ?

• Qu’elle est la distance du site par rapport à l'agglomération ?

La réponse à toutes ces questions jumelées aux critères d'éliminations successives permettra de
dégager les surfaces libres et de passer à l'étape suivante.

Cette étape est consacrée aux investigations sur le terrain en vue de la mise à jour des
informations cartographiées d'une part et l'évaluation des "surfaces libres" et de leur aptitude
provisoire à servir comme site de décharge d'ordures.

L'analyse de l'information recueillie sur le terrain (deuxième étape) permet une première
évaluation des "surfaces libres" et les sites pouvant être déclarés.

• Peu approprié

• Provisoirement approprié

• Non approprié.

La troisième étape consiste à faire subir aux sites provisoirement appropriés une analyse
multicritère qui permettra en tenant compte de plusieurs objectifs de faire une classification des
sites choisis (nombre total de points attribués à chaque site).

La quatrième et dernière étape doit prendre en considération en détail les aspects


géologiques et hydrogéologiques propre du site choisi et relève des missions d'étude et
d'ingénierie.

II-Implantation d'une décharge

29
Le choix d'un terrain convenable à l'implantation d'un centre de stockage doit tenir
compte de différents paramètres :

 Les caractéristiques hydrologiques et géologiques du site

Les eaux contenues dans les déchets et celles qui les traversent (les eaux pluviales) se chargent
en polluants divers. C'est ce qu’on appelle les lixiviats. Il est indispensable de prévoir
l'implantation de la décharge sur un site relativement étanche, éloigné des sources, des captages
d'eau et des nappes phréatiques. Bien évidemment, cette précaution n'exclut pas le fait qu'il
faille collecter puis traiter les lixiviats.

 L’accessibilité du site

Le site de la décharge ne doit pas être éloigné des zones de production des déchets afin de
minimiser les frais de collecte et de transport. Une distance de 15km est souvent considérée
comme un maximum. Néanmoins lorsqu'un centre de transit est exploité, elle peut être
repoussée à 50km. Mais par ailleurs, le site doit être suffisamment éloigné des habitations pour
ne pas gêner les habitants lors de l'exploitation.

 L’intégration dans le paysage

Ce souci devrait être présent à tout moment dans l’esprit des décideurs : Lors de
l'aménagement (réalisation de plantations ou de buttes de terre), lors de l'exploitation et lors de
la réhabilitation. Le devenir ultérieur (promenade, par exemple) du site doit être défini dès la
conception du projet.

 L’état général du site

La flore et la faune (présence d'espèces protégées ou rares), les monuments classés, etc.

III-Différents types de décharges


1-Décharge traditionnelle

Les déchets sont simplement épandus en couches successives (inférieures à 2 mètres) et


recouverts quotidiennement par une couche de terre ou de mâchefers de 10 à 30 cm
d'épaisseur. Le résultat ressemble à une espèce de «mille-feuille».

La capacité en tonnage d’ordure de la décharge traditionnelle est de 0,6 à 0,8 t/m3 .

2-Décharge contrôlée compactée

30
C’est le type de décharge qui s'est le plus développé ces dernières années, notamment en
raison de l'accroissement du volume et des tonnages de déchets produits et de la difficulté de
trouver des sites disponibles. Des engins spéciaux, munis à la place des roues de cylindres
comportant des dents ou des couteaux sillonnent la décharge en déchirant et compactant les
déchets sous leur passage. La capacité de la décharge compact est de 0,8 à 7 t/ m3 .

La décharge compactée avec une mise en œuvre correcte pourrait supprimer des nuisances à
savoir :

 Elimination des dégagements des ordures et des gaz

 Les envols des éléments légers

 La prolifération des mouches et des rongeurs

 Risques d’incendies supprimés.

Elle présente également les avantages suivants :

 Un meilleur emploi du volume du site

 Un tassement ultérieur sensiblement diminué

 Un meilleur aspect général

3-Décharge avec broyage préalable

Les déchets arrivant sur le site sont préalablement broyés avant d'être répandus. Cette
technique s'est développée dans les années soixante-dix. Elle consiste à broyer les ordures avant
de les mettre en décharge, la matière étant divisée en petite élément, la masse plus homogène
ne comporte pas de vide important. Le risque d’incendie est limité du fait la division des
matières et l’absence de vide pouvant former une cheminée. Le broyage réduit le volume
d’environ 50 % et le tassement dû à la fermentation de 25 %. Au total la réduction de volume
peut atteindre 75 %.La capacité de la décharge compactée est de 1 t/ m3 .

4-Mise en balle

C’est en Grande-Bretagne, à Glasgow plus précisément, que cette technique vit le jour, le
16 juillet1976. Le principe est simple. Il s'agit de compacter des déchets de faible densité et
d'en faire des balles de 1m² environ, d'une densité de1à1,1 ( on utilise une presse hydraulique
de type chambre de compression). Compte tenu de la pression, l'eau et l'air contenus dans les
déchets sont évacués. Les balles sont ensuite cerclées puis transportées sur le site et
entreposées. Le premier avantage, le plus évident, est un gain de place qui se traduit, bien
évidemment, par une durée de vie plus longue du site. En outre, l’exploitation du site sera plus
rationnelle, la mise en place des balles s'effectuant à l'aide d'un engin à fourche sans
pratiquement de limite de hauteur.

31
Néanmoins, tous les trois mètres environ, on assurera le nivellement du terrain par une
couverture de terre de 10cm. Cette gestion offre de meilleures garanties d'esthétique et de
propreté .De plus, si la mise en balle se fait dans une station de transit, il est possible de faire de
réelles économies de transport en chargeant sur un camion jusqu'à 24 tonnes de balles, ce qui
représente l'équivalent du ramassage de six camions-bennes.

Cette technique n'a pour l'instant pas intéressé les Français. Les exemples connus de ce
système sont autrichiens, britanniques, japonais et américains. Ces derniers, qui ne sont pas à
court d'idées, ont déjà imaginé des destinations diverses pour ces balles, Comme la délimitation
de terrains ou des barrières antibruit en bordure d'autoroute.

Enfin, si l'on soulève l’aspect financier, nous pourrions prendre l'exemple d'une usine
britannique construite dans un quartier d'Edimbourg. En 1990 son coût d'exploitation incluant
le fonctionnement de l'usine à balles, les amortissements, le transport des balles et la mise en
décharge, s’élevaient à 135 Dh la tonne.

Classification des sites

En ce qui concerne la perméabilité du terrain constituant les sites de décharge, on distingue 3


classes de site :

Classe I : Site imperméable qui assurent un confinement convenable des déchets et des
lixiviats et qui peuvent accueillir certains déchets spéciaux.

Classe II : Les sites semi-perméables qui assurent une migration lente de lixiviat à travers une
zone non saturée d’épaisseur suffisante et qui pourront recevoir des déchets industriels
assimilables aux ordures ménagères.

Classes III : Les sites perméables qui permettant une migration rapide du lixiviat. Des sites
peuvent convenir que pour des déchets inertes.

IV-Exploitation d’une décharge Contrôlée


Méthode des casiers ou des alvéoles

Elle consiste à découper le site en aires de forme rectangulaire de 3000 m2 à plus d’un
hectare qui constituent de petites décharges indépendantes.

Pour préparer les casiers on creuse un tranché de 25 m de largeur sur 100 m de longueur et 4 à
6 m de hauteur. La terre extraite est déposée à proximité du dépôt, elle servira à réaliser la
couverture des déchets. Le casier ainsi préparé est rempli par des couches d’ordures successives
d’épaisseur (0,5 à 1m) recouvertes quotidiennement par des matériaux inertes.

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Afin d’effectuer une exploitation continue, il est nécessaire de préparer un deuxième casier tout
en utilisant le premier réalisé, et ainsi de suite.

Le casier rempli est couvert par de la terre végétale et équipé d’un système de dégazage de
biogaz.

La couverture des déchets

La couverture ne doit pas comporter de vides, doit être faite avec des matériaux
suffisamment fins, son épaisseur doit être entre 10 et 30 cm suivant la cohésion des matériaux
et le soin apporter à son tassement.

La couverture se fait au fur et à mesure de l’exécution des couches des déchets, et doit être
effectuer dans le délai de 48 h ou mieux le jour même.

Fossés et drains

Pour éviter toute sorte de contamination de la nappe, il est nécessaire de limiter au


maximum les infiltrations d’eau dans et sous le dépôt, quel que soit le type de décharge. Deux
solutions sont envisagées :

Drainage des eaux pluviales

Pour éviter le mélange des eaux pluviales avec les déchets stockés à la décharge, il faut mettre
en place une ceinture de fossé naturelle aux alentours de la décharge pour recueillir les eaux de
ruissellement, celles-ci peuvent être évacuées en aval vers un exécutoire naturel.

Collecte des eaux de lixiviation

La collecte de ces lixiviats est généralement assurée par un réseau de drainage placé au fond du
site qu'une membrane rend étanche (géomembrane) par :

 installation d’un point bas vers lequel se dirigeront les effluents

 Installation d’un drain dans le terrain naturel (ou sur le géo-membrane)

 Installation de buses perforées (P.E.H.D. polyéthylène à haute densité), à la verticale du


point bas.

• Composition de lixiviats :

Les eaux circulent à travers les déchets se charge chimiquement et bactériologiquement. La


charge polluante varie en fonction de la composition des ordures, de l’age des déchets et des
conditions d’exploitation de la décharge.

Les lixiviats prélevés de la partie aval de la décharge présentant souvent une contamination en
éléments moyens. Tels les chlorures, les sulfates, les nitrates, l’ammoniaque, le Fer, le
manganèse et les métaux lourds.

• Traitement de lixiviats:

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Le traitement des lixiviats est directement inspiré des stations d'épuration (il est également
possible d'installer un système de lagunage). En tout état de cause, ces eaux ne pourront être
rejetées dans le milieu naturel qu'après une série d'analyse, garantissant le respect des normes
environnementales définies par La loi n° 11-03 du 12 mai 2003 relative à la protection et la
mise en valeur de l'environnement.

Le gaz biologique :

La collecte de Biogaz

Le dispositif de récupération du biogaz est constitué de puits de captage verticaux reliés entre
eux par un réseau de collecte horizontal. Le rayon d’action et en général 40 à 50 m, ce qui
correspond à un écartement de 80 à 100 m. Les puits de captage traversent toute l’épaisseur des
déchets en place. Le gaz est drainé par des tubes en PHED (polyéthylène à haute densité)
perforés et de diamètres variables.

La faible pression statique du biogaz ne permet pas d’alimenter normalement un réseau de


collecte, il est donc indispensable d’installer un système d’aspiration à l’extrémité de ce réseau.
Cependant, le dispositif de récupération du biogaz doit être complété par l’installation d’un
analyseur en continu du méthane et CO2 de façon à surveiller le pourcentage de l’un et l’autre
dans le gaz aspiré. Un système d’alarme arrêtera le suppresseur en cas de teneur en méthane
trop faible.

Dégagement de biogaz :

Les ordures ménagères déposées en décharge sont le siège d’une activité microbienne intense,
dont l’une des conséquences et dans les couches supérieures d’une décharge, la transformation
biologique s’effectue par voie aérobie. Puis, au fur et à mesure de l’enfouissement des déchets
en profondeur. Les conditions anaérobies se développent.

• Fermentation aérobie

La formation aérobie se caractérise par une très forte augmentation de la température des
déchets (de l’ordre de 60°C) après quelques jours de mise en dépôt et par la formation d’un
mélange gazeux composé de CO2, NH3 , et H2O.

(Fermentation aérobie (air) --> gaz carbonique (C02) + ammoniac (NH3) + eau)

• Fermentation anaérobie

En absence complète de l’air, en anaérobiose, une classe des micro-organismes est capable, par
un jeu combiné de réaction d’oxydoréduction, d’oxyder une partie de la matière organique en
gaz carbonique et de réduire une autre en méthane.

En décharge ce phénomène aboutit à la formation d’un gaz comprenant entre 40 et 60% de


méthane, et entre 30 et 45% de biogaz, ainsi que d'autres composés dont certains responsables
d’odeurs nauséabondes (hydrogènesulfuréH2S et mercaptans),

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(Fermentation anaérobie (eau) --> gaz carbonique (C02) +méthane (CH4) + ammoniac
(NH3) + acides organiques (odeurs nauséabondes)).

Les risques et les nuisances liés à la formation du gaz

 Odeurs nauséabondantes (dégagement de certains hydrocarbures)

 Le dépressement des plantes : les molécules de méthane, expulsant

 Absorbe l’oxygène terres végétales provoquant l’asphyxie des racines.

 Les risques d’explosions : le gaz s’accumule en poche sous la surface, si la compaction


est faible ou il peut migrer latéralement. Le problème de migration du méthane est
sérieux et peut provoquer des explosions dans des immeubles situés à proximité de sites
de décharge.

Les engins mécaniques

Chaque décharge pose un problème particulier d’emploi du matériel et le choix de ce dernier


varie en fonction de divers critère :

 Le type de décharge d’exploitation


 La technique d’exploitation
 La nature des déchets
 Le degré de compactage à atteindre
 La nature des matériaux de couverture
 La surface de travail des engins

Le rôle des engins dans une décharge :

 Epandre les déchets


 Compactage
 Ecraser les corps creux
 Mettre en place la couverture quotidienne ou finale du dépôt

V-Réaménagement du site
Il s'agit de remettre en végétation le site de la décharge en fonction de sa destination finale
(espace vert-en gazonnement-, aménagement paysager et reboisement, espace de loisirs –
terrain de sport ou parc public...). Mais avant de planter, l'exploitant doit préparer le terrain,
c'est-à-dire donner une forme de dôme à la dernière couche de déchets pour faciliter
l'écoulement des eaux de pluie, mettre en place une couche imperméable (naturelle ou
artificielle) pour limiter les infiltrations, un système de drainage des eaux de ruissellement et
enfin, une couche de terre végétale qui sera plantée. Les espèces choisies ne devront pas avoir
de racines trop profondes parce qu’elles risqueraient de traverser la couche imperméable.

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Une fois l'aménagement terminé, l'exploitant devra surveiller le site et entretenir les
équipements. La surveillance de l’exploitation implique un certain nombre de contrôle et en
particulier le contrôle permanent de la protection de la qualité des eaux.

 Sur les eaux de la nappe (par le biais des piézomètres


 Sur les eaux de la percolation ou lixiviation
 Sur les eaux de ruissellement.

RECOMMANDATOIN

Elaborer un plan national d’assainissement solide privilégiant la valorisation


maximale des déchets solides ;

Elaborer des études nationales sur l’élimination des déchets industriels et


hospitaliers et engager des actions pilotes en la matière ;

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Promouvoir les techniques de mise en décharge contrôlée, réhabiliter les
décharges existantes et exiger l’étude d’impact pour le choix de nouveaux sites ;

Mettre en place des mécanismes institutionnels et financiers mettant à


contribution l’Usager, les Collectivités Locales et l’Etat faisant appel à de
nouvelles formes de gestion des déchets notamment le recours au secteur privé ;

Associer le citoyen ainsi que les secteurs productifs aux stratégies relatives à la
gestion des déchets;

Renforcer le recyclage des déchets (le compostage) en matière de fertilisation des


terres agricoles.

BIBLIOGRAPHIE

Document: Reforme du secteur des déchets solides au Maroc « Secrétariat d’Etat


auprès du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement Chargé
de L’Eau et de L’Environnement » par M.MAKTIT.

Document: Option de gestion des déchets solides municipaux adaptées aux


contextes des pays du sud par Brahim SOUDI (IAV Hassan II) et Hamid
CHRIFI (Enda Maghreb).

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Document: Guide de présélection de site de décharge contrôlée des déchets
ménagers par Mohamed EZZOUAQ et Hassan CHOUAOUTA.

Document: La gestion des décharges. Par Dr Mohamed Samir EL BOUKHARI .

Document: Les déchets ménagers au Maroc « Ministère de l’Intérieur ».

Document: Secteur des déchets solides : Situation actuelle & perspectives de


développement « Ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Eau et de
l’Environnement, Secrétariat d'Etat chargé de l’Environnement Direction de la
Surveillance et de la Prévention des Risques ».

Document: Maroc- Programme national de gestion des déchets solides ménagers et


assimiles (PNDM).

Document: Compostage des déchets ménagers et valorisation du compost Cas des


petites et moyennes communes au Maroc. Par B. SOUDI.

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