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1 Dimension finie 2
1.1 Existence de bases . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Dimension d’un K-espace vectoriel . . . . . . 3
1.3 Rang d’une famille de vecteurs . . . . . . . . 5
Mathieu Mansuy - Professeur de Mathématiques en supérieures PCSI au Lycée Saint Louis (Paris)
mansuy.mathieu@hotmail.fr
PCSI5 Lycée Saint Louis
1 Dimension finie
Dans tout le chapitre K désignera R ou C.
Définition.
On dit qu’un K-espace vectoriel E est de dimension finie s’il admet une famille génératrice finie.
Dans le cas contraire, on dit que E est de dimension infinie.
Exemples.
Kn est de dimension finie puisqu’il admet une famille génératrice (une base) finie : sa base
canonique.
K[X] est de dimension infinie : en effet supposons avoir une famille génératrice (P1 , . . . , Pn ) de
K[X]. Alors tout polynôme serait combinaison linéaire de P1 , . . . , Pn , donc de degré ≤ m =
max(d◦ P1 , . . . , d◦ Pn ).
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie non réduit à {0}. De toute famille
génératrice finie de E, on peut extraire une base (finie) de E.
Preuve. Puisque E est de dimension finie, il existe G = (e1 , . . . , en ) une famille génératrice finie de
E. Notons :
A = {Card(F), F ⊂ G et F génératrice de E}.
La partie A de N est non vide (car contient Card(G)). Elle admet un plus petit élément p. Soit F une
famille de cardinal p contenue dans G et génératrice de E. Quitte à renuméroter, on peut supposer
que F = (e1 , . . . , ep ).
Montrons que F est une base. Elle est génératrice par définition. Montrons qu’elle est libre.
Par l’absurde, supposons (e1 , . . . , ep ) liée. Alors l’un des vecteurs de (e1 , . . . , ep ), disons ep (quitte à
les réordonner) est combinaison linéaire des autres. Ainsi ep ∈ V ect(e1 , . . . , ep−1 ).
Pour x ∈ E, il existe (λ1 , . . . , λp ) ∈ Kp tel que
p
X
x= λi ei ∈ V ect(e1 , . . . , ep−1 )
i=1
car (e1 , . . . , ep ) est génératrice et ep ∈ V ect(e1 , . . . , ep−1 ). Ainsi V ect(e1 , . . . , ep−1 ) = E et (e1 , . . . , ep−1 )
est génératrice de E donc p − 1 ∈ A, ce qui est absurde.
Ainsi (e1 , . . . , ep ) est libre et génératrice de E. C’est donc une base de E.
Comme conséquence, on a :
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie non réduit à {0}. E admet au moins une
base (finie).
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Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie non réduit à {0}. Toute famille libre de E
peut être complétée en une base de E.
Preuve. Soit L une famille libre de E. Comme E est un espace vectoriel de dimension finie, il possède
une famille génératrice finie G. Notons :
A = {Card(F)|L ⊂ F ⊂ L ∪ G et F libre }.
La partie A de N est non vide (car contient Card(L)) et majoré (par Card(L ∪ G)). Elle admet donc
un plus grand élément p ∈ N. Soit F une famille libre de E de cardinal p telle que L ⊂ F ⊂ L ∪ G.
Notons F = (e1 , . . . , ep ).
Montrons que F est une base. On sait par définition qu’elle est libre. Reste donc à montrer qu’elle
est génératrice. Pour cela on va montrer que G ⊂ V ect(e1 , ..., ep ).
Par l’absurde, supposons que G 6⊂ V ect(e1 , . . . , ep ). On a alors x ∈ G tel que x ∈ / V ect(e1 , . . . , ep ). La
famille (e1 , . . . , ep , x) est alors libre, elle contient L et est contenue dans L ∪ G (puisque x ∈ G). Ainsi
p + 1 ∈ A ce qui est absurde par définition de p.
Ainsi G ⊂ V ect(e1 , . . . , ep ) et F = (e1 , . . . , ep ) est génératrice de E. Comme elle est libre, c’est bien
une base de E.
Propriété 4
Soit G une famille génératrice de E. Si L est une famille libre de E, alors, on peut à l’aide
d’éléments de G la compléter en une base de E.
Preuve. Soit (e1 , . . . , en ) une base de E. Soit (x1 , . . . , xp ) une famille d’éléments de E avec p > n.
Xn
Pour tout i ∈ [|1, p|], on pose xi = ai,j ej .
j=1
Soit (λ1 , ..., λp ) ∈ Kp tel que λ1 x1 + ... + λp xp = 0.
p p p
! !
X X X
λi xi = 0 ⇐⇒ λi ai,1 e1 + ... + λi ai,n en = 0E
i=1
i=1p i=1
P
λi ai,1 = 0
i=1
⇐⇒ .. car (e1 , ..., en ) est une famille libre .
.
p
P
λi ai,n = 0
i=1
Ce système est homogènes et a plus d’inconnues p que d’équations n. Il admet donc une solution non
nulle (λ1 , . . . , λp ) 6= (0, . . . , 0). La famille (x1 , . . . , xp ) est donc liée.
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Propriété 5
Dans un K-espace vectoriel de dimension finie, toutes les bases ont même nombre d’éléments.
Définition.
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie non réduit à {0}. On appelle dimension de
E et on note dim(E) le cardinal de chacune de ses bases.
Exemples.
dim(Kn ) = n car admet pour base e1 = (1, 0, ..., 0), e2 = (0, 1, 0, ..., 0), ..., en = (0, 0, ..., 1).
dim(Kn [X]) = n + 1 car admet pour base (1, X, . . . , X n ).
dim(Mn,p (K)) = np admet pour base (Ei,j )1≤i≤n,1≤j≤p
Propriété 6
Soit E, F des K-espaces vectoriels de dimension finie. Alors E × F est de dimension finie,
et :
dim(E × F ) = dim(E) + dim(F ).
Preuve. Considérons (e1 , . . . , ep ) une base de E, (f1 , . . . , fq ) une base de F , et la famille B suivante :
B = ((e1 , 0F ), . . . , (ep , 0F ), (0E , f1 ), . . . , (0F , fq )).
On montre que B est une famille libre et génératrice de E × F . Ainsi B est une base finie de E × F .
E × F est donc de dimension finie, et :
dim(E × F ) = p + q = dim(E) + dim(F ).
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Propriété 7
Preuve.
(2) Soit F une famille génératrice de E de cardinal p. D’après le théorème de la base extraite, on
peut a extraire de F une base de E. Son cardinal est alors n ≤ p.
Propriété 8
Preuve.
Si (e1 , . . . , en ) est une base de E, elle est libre et génératrice (par définition).
Supposons (e1 , . . . , en ) libre. Par le théorème de la base incomplète, on peut la compléter en une
base (e1 , . . . , ep ) de E. Or p = dim(E) = n, donc (e1 , . . . , en ) = (e1 , . . . , ep ) est une base de E.
Supposons (e1 , . . . , en ) génératrice. Par le théorème de la base extraite, on peut en extraire une
base (e1 , . . . , ep ) de E. Or p = dim(E) = n, donc (e1 , . . . , en ) = (e1 , . . . , ep ) est une base de E.
Exemple. Montrer que ((0, 1, 1), (1, 0, 1), (1, 1, 0)) est une base de R3 .
Exemple. Notons Ti ∈ R[X] le i-ième polynôme de Tchebytchev. Montrons que (T0 , . . . , Tn ) est une
base de R[X].
On avait montré que deg(Ti ) = i. La famille (T0 , . . . , Tn ) est de degrés échelonnés, et donc libre.
(T0 , . . . , Tn ) est une famille de (n + 1) vecteurs dans un espace de dimension n + 1. C’est donc
une base.
Définition.
Soit (e1 , . . . , ep ) est une famille de vecteurs de E. On appelle rang de (e1 , . . . , ep ) et on note
rg(e1 , . . . , ep ) la dimension de V ect(e1 , . . . , ep ).
Remarque. Le rang est bien défini puisque V ect(e1 , . . . , ep ) est de dimension finie : il admet
(e1 , . . . , ep ) comme famille génératrice finie.
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Propriété 9
Preuve.
(1) Soit (f1 , . . . , fr ) une base de V ect(e1 , . . . , ep ) (avec r = rg(e1 , . . . , ep )). Alors (f1 , . . . , fr ) est libre
dans E, donc a moins d’éléments qu’une base de E. Ainsi r ≤ n.
De même, (e1 , . . . , ep ) est une famille génératrice de V ect(e1 , . . . , ep ), donc rg(V ect(e1 , . . . , ep )) ≤
p.
(2) Supposons (e1 , . . . , ep ) libre. Comme elle est génératrice de V ect(e1 , . . . , ep ), c’est alors une base
de V ect(e1 , . . . , ep ) et rg(e1 , . . . , ep ) = p. Réciproquement supposons que rg(e1 , . . . , ep ) = p. Alors
(e1 , . . . , ep ) est génératrice de V ect(e1 , . . . , ep ) et a autant d’éléments que dim(V ect(e1 , . . . , ep )),
donc c’en est une base. En particulier c’est une famille libre.
Nous avons quatre vecteurs dans R3 . On sait déjà que cette famille est nécessairement liée. Soit λ1 ,
λ2 , λ3 , λ4 ∈ R tels que λ1 x1 + λ2 x2 + λ3 x3 + λ4 x4 = 0. On a :
λ1 x1 + λ2 x2 + λ3 x3 + λ4 x4 = 0
λ1 − λ2 + λ4 = 0
⇐⇒ −λ1 + λ2 + λ3 = 0
λ1 − λ2 + λ3 + 2λ4 = 0
λ1 − λ2 + λ4 = 0
⇐⇒
λ3 + λ4 = 0
On obtient un système homogène, échelonné réduit. Il possède deux inconnues principales λ1 , λ3 , deux
inconnues paramètres λ2 , λ4 (on retrouve bien que cette famille est liée). On obtient alors :
pour λ2 = 1, λ4 = 0 : x2 = −x1 ;
pour λ2 = 0, λ4 = 1 : x4 = x1 + x3 .
Ainsi, on a V ect(x1 , x2 , x3 , x4 ) = V ect(x1 , x3 ). Comme la famille (x1 , x3 ) est libre (deux vecteurs
non colinéaires, ou autrement en prenant λ2 = λ4 = 0 dans le système ci-dessus), on en déduit que
rg(x1 , x2 , x3 , x4 ) = 2.
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I Pour montrer que F = E, il suffit de montrer que F est un sev de E et que dim(F ) = dim(E).
Preuve.
(1) On suppose F 6= {0E }, sinon c’est évident. Considérons la partie de N suivante :
On a A 6= ∅ car pour tout x ∈ F , x 6= 0E , (x) est une famille libre. De plus A est majorée par
dim(E), car si L est une famille libre de F , c’est une famille libre de E et donc Card(L) ≤ dim(E).
A possède donc un plus grand élément p.
Soit F une famille libre de F telle que Card(F) = p. Alors F est une famille libre. Elle est de
plus génératrice car si x ∈ F , x ∈
/ V ect(F), alors F ∪ {x} serait une famille libre de F à p + 1
éléments. Ainsi F est génératrice de F . Comme elle est libre, c’est bien une base de F . On a
finalement dim(F ) = Card(F) ≤ dim(E).
Un sous-espace vectoriel de E de dimension 2 est appelé un plan vectoriel. Ce sont les sous-
espaces vectoriels de la forme V ect(x, y) avec x, y des vecteurs non colinéaires.
Si de plus E est de dimension finie, un sous-espace vectoriel de dimension dim(E) − 1 est appelé
hyperplan de E.
Remarque. Un hyperplan du plan est une droite vectorielle. Un hyperplan de l’espace est un plan
vectoriel.
Tout sous espace vectoriel F d’un espace vectoriel E de dimension finie admet au moins un
supplémentaire.
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Preuve. Comme F est un sous-espace d’un K-espace vectoriel de dimension finie, F est de dimension
finie. Soit (e1 , . . . , ep ) une base de F . C’est une famille libre de E, donc on peut la compléter en une
base (e1 , . . . , en ) de E (par le théorème de la base incomplète). On a F = V ect(e1 , . . . , ep ), posons
G = V ect(ep+1 , . . . , en ). On a vu au chapitre précédent qu’alors F ⊕ G = E.
Propriété 12
B est génératrice de F + G :
Comme P1 et P2 ne sont pas confondues, P1 est strictement inclus dans P1 + P2 donc dim(P1 ) <
dim(P1 + P2 ).
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Propriété 14
Preuve.
et donc F ∩ G = {0}.
H ⊕ K.a = E.
En effet, on a :