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Georges Balandier
DU MÊME AUTEUR
ISBN 978-2-13-062558-2
Dépôt légal — 1re édition : 2013, septembre
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Du social par temps incertain
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Le chemin de la science
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Le chemin de la science
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Le chemin de la science
son traité des sensations. C'est l'étude renouvelée des procédés élé-
mentaires, des idées aussi, à partir desquels la connaissance se forme
grâce aux opérations mentales complexes dont les sensations sont la
cause. Elle n'ébauche pas seulement l'anticipation de la méthode
expérimentale. Le langage intervient. Il sert de fondement, de sup-
port à la pensée abstraite et réflexive, la logique linguistique est alors
naissante dans la recherche des signifiants linguistiques, dans la
reconnaissance de la nécessité d'une « langue bien faite ».
Ces brèves incursions dans le siècle aident à révéler ce qui se joue
sous l'effet des Lumières. La fonction de la philosophie, accoucheuse
des pensées nouvelles et de l'autonomie, libératrice de l'action poli-
tique. La philosophie féconde comme jamais ne le fut le travail de
l'esprit humain, engendre ce qui va se développer avec les sciences au
siècle suivant. Beaucoup naît de ces germes. L'idée de société et le
savoir qui la dissocie de la dépendance théologique, puis du psycholo-
gisme. L'économie science de la nature et de la cause des richesses, la
connaissance politique qui différencie la souveraineté (principe
de l'État) du gouvernement (forme de l'administration de l'État).
La question des langues mène à traiter de ce qui se forme après en
connaissance linguistique conceptualisée et organisée. L'instruction,
transmission des savoirs sur les choses et sur l'homme, est subordon-
née à l'éducation, acquisition des moyens de l'être-ensemble et prépa-
ration à l'état de citoyen. L'initiation démocratique en résulte,
régulièrement reprise, autant que la « transmission », passage au
savoir et à la connaissance. Ainsi, la science de l'éducation à venir
sera-t‑elle politique par nature et pour cela sous surveillance des pou-
voirs. La fin politique de l'Ancien Régime s'accompagne d'une rup-
ture totale d'où les sciences prendront toutes leur essor au siècle
suivant.
C'est Voltaire qui signale sur un mode d'abord mineur ce passage
d'un âge à l'autre, il lui donne une figure et y gagne la popularité. Il
résume le mieux, après son séjour en Angleterre et la fréquentation de
Locke, la puissance de créativité de l'époque, il marque son attache-
ment aux principes du libéralisme anglais. La variété de ses talents
s'impose, à commencer par celui de l'historien et celui de l'observa-
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teur des mœurs. On dit qu'il est « l'homme universel », mais il se veut
d'abord écrivain, diffuseur de ses propres idées philosophiques par les
« contes », également commentateur des événements du temps – dont
le tremblement de terre qui a ravagé Lisbonne en 1755. Des poèmes
aux récits, aux œuvres dramatiques, des écrits du critique aux pam-
phlets, aucun genre ne résiste à sa passion d'écrire, de déconstruire
par l'ironie et l'humour, par le service de la tolérance qui en fait une
grande figure de l'engagement à haut risque. Voltaire nous est le plus
contemporain des philosophes du XVIIIe siècle français, malgré une
part de concessions mondaines et de cynisme complice avec son
« siècle de fer ». Il est celui qui a su dénoncer, témoigner, refuser,
attaquer, et explorer ce que son temps fait être, ce qui s'annonce.
En ce sens, il est celui révélant le mieux ce qui est commun à son
siècle et au nôtre. D'abord le changement d'âge, la suite de ruptures,
d'effacements, la succession des commencements qui fera dire que
la Révolution n'est jamais « terminée ». Elle n'est pas la seule à mani-
fester la généralisation de cet état d'inachèvement, de chantier où se
pensent des formes de vie et des institutions nouvelles. Le siècle sui-
vant s'annonce, il sera celui du mouvement permanent à la recherche
d'un autre régime politique par les révolutions, d'un accroissement
du pouvoir sur le monde, la matérialité par les techniques, du pro-
grès de l'esprit humain par l'avènement des sciences et la promotion
des savoirs. Ce mouvement entretient l'exaltation de la civilisation, il
donne raison à Voltaire, non à Rousseau critique du progrès et de la
« dépravation » qu'il engendre. Une civilisation qui, pourtant, inver-
sera vite ses apparences en simulant de justifier les dominations colo-
niales modernes.
Les ressemblances avec l'époque contemporaine s'ouvrent donc
par le changement d'ère, non plus sous l'effet du « tout politique »
mais plutôt du « tout techno-scientifique », nouvel appui de l'écono-
mie financière. Un mouvement qui a conduit à une autre mondialisa-
tion grâce à la dématérialisation « numérique » du monde, propice à
une autre forme d'expansion des violences inégalitaires. C'est un
monde où les incertitudes se renforcent en s'accumulant, où rien ne
paraît tenir. Toute possibilité de faire semble se dissoudre par l'inca-
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Le chemin de la science
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Sciences du social, critique sociale
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La trilogie fondatrice
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Héritiers et dissidents
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Naissance sociologique
de l'anthropologie
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également dans les travaux des historiens. Ce que fait l'italien Piero
Camporesi qui explore l'« anthropologie nouvelle » née au lendemain
de la Renaissance. Ses essais associés composent « une anthropologie
et une théologie baroques ». La provocation du baroque reparaît ainsi
avec ses connotations d'excès, de mélange, d'étrangeté qui le fait voir
comme un paroxysme du bizarre. Il se situe dans une période de tran-
sition, entre un classicisme en déclin et un néoclassicisme exubérant
dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. C'est un temps des mélanges,
pour les arts où il caractérise une nouvelle esthétique, pour les visions
contraires du monde, de l'homme, de la vie où certains ont reconnu
une manifestation de la conscience inquiète.
Camporesi évoque « le vent de l'ivresse anatomique » sous lequel
pousse l'« atroce désir de savoir ». Il fait interroger avec passion – plus
qu'avec les moyens de la science naissante – le corps de l'homme. Il
fait pénétrer dans des zones interdites afin d'y observer le « second
univers » : la curiosité anatomique devient une découverte, une explo-
ration stupéfiante et spectaculaire, celle de la nature et de ses secrets.
L'anatomie et l'autopsie fournissent des références mentales ou cultu-
relles, elles engendrent nombre d'analogies, de métaphores, d'images,
elles alimentent de multiples jeux de correspondances. Ceux-ci lient le
symbolique au réel, le figuratif au poétique et à l'érotique. Mais une
anatomie négative s'oppose à l'autre, le corps objet d'émerveillement
est alors associé à l'immonde et à la fange. De même, dans l'anthropo-
logie baroque des aliments et de la cuisine, où les nourritures sont
définies par opposition – le fromage « maudit » opposé au lait, liquide
nourricier primordial –, par accords et désaccords. Dans les deux cas,
une frontière est tracée entre la civilisation et la barbarie, elle révèle en
même temps une « bivalence primordiale » établie entre l'humanité et
la bestialité, entre le pur et l'immonde, entre le haut et le bas.
Camporesi montre que le baroque introduit au même moment
que le nouvel art des villes et jardins une véritable « théologie végé-
tale ». Il constate que le fruit, comme la pomme de l'Eden primitif, est
un condensé d'ambivalence. L'imaginaire de la faute et de la mort,
ces obsessions de la conscience baroque, efface leur succulence par la
putrescence, les fruits se dégradent ainsi en « nourritures macabres ».
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subissent leurs moqueries, elles les conduisent à une réflexion sur des
défaillances de leur monde habituel.
Nigel Barley conclut ainsi des libres notations sur la pratique de
l'anthropologie où la part du hasard et de l'implication personnelle
est grande, où se succèdent des séquences heureuses et des phases
cauchemardesques. Il dit son choix : privilégier les rencontres avec des
« personnes » avant d'être préoccupé de généralisations, d'originalité
théoricienne 1.
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Classiques, moins classiques
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non pas une histoire mais des histoires distinctes toutes placées sous
le régime du moment de l'écriture.
L'attaque principale porte sur le récit célébré d'un indien hopi,
Don Talayesva, amérindien mais à double appartenance culturelle.
Le livre intitulé Soleil hopi est de fait une œuvre conjointe, écrite à la
demande et avec la collaboration d'un socio-anthropologue, Léo
Simmons. La critique directe et indirecte porte sur la démarche elle-
même. Elle conteste directement la sélection des matériaux et l'impli-
cation du narrateur extérieur par son exigence d'une écriture « sub-
jective ». Elle dénonce indirectement l'ambiguïté du texte : d'une part
il se veut révélateur de la pensée et des croyances indiennes, d'autre
part il se présente comme un écrit déjà scientifique dans ses apports
modernes d'esprit anthropologique.
Les anthropologues ont appris à vouloir et obtenir que l'histoire
du narrateur soit de plus en plus la sienne. L'écriture indienne se libère
en traduisant une expérience personnelle intense, une histoire collec-
tive douloureuse. La forme autobiographique est de mieux en mieux
domestiquée, les gens d'ailleurs en deviennent plus proches : leur
expérience se délocalise, se déspécifie partiellement et atteint un but
plus universel, ils écrivent pour eux-mêmes, pour leur peuple et pour
d'autres hors de leur monde. Leurs récits commencent à construire la
littérature du « tout monde », la critique littéraire les commente,
l'anthropologie y devient attentive et en reçoit sa propre critique née
sous un tout autre regard 1.
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que par les hasards des lieux publics. La ville contemporaine multiplie
les espaces neutres, fréquentés et utilisés plus que faits pour le vécu ;
ils sont presque vides d'habitants et davantage sous grande sur-
veillance. Sennett met néanmoins en opposition la ville « centrée »,
organisée et ainsi plus lisible, et la ville-espace où sont rassemblées
toutes les différences cloisonnées et méconnues, pour cela redoutées.
Un aspect reste cependant commun : le mouvement de la culture
contemporaine devient indissociable du regard porté sur la ville.
Ce regard peut alimenter une sorte de roman noir où les appa-
rences sont déconstruites. Le sociologue Mike Davis se constitue
démolisseur lorsqu'il fait de Los Angeles une « cité de quartz », non
plus le « diamant » d'une ville-monde, laboratoire du futur selon des
impressions convenues. La ville rêvée est démolie par le sociologue
pamphlétaire qui y est né, elle devient alors ce « dépotoir des rêves »
qui semble issu du catastrophisme. Davis, de fait, contemple « les
ruines de ce qui aurait pu être un autre destin », celui qui a été imaginé
et brièvement réalisé au début du siècle dernier.
Il s'attache au mythe alors construit et aujourd'hui déconstruit.
Un mythe que les luttes des classes et des races, la violence et l'émeute
ravagent, les « promoteurs du rêve » s'efforcent à l'entretenir, mais
ils engendrent leurs opposés, les « maîtres du noir ». Ceux-ci adorent
« détester L. A. », ils adorent les dénonciations de l'enfer racial et les
échecs de l'urbanisation, le cinéma de la subversion, les sous-cultures
de l'underground et des violences ethniques, et même la passion de la
science et de la technique pervertie au sein de « sectes scientifiques ».
Tout ce que les « touristes en modernité » ne veulent pas voir 1.
Ce que la cécité volontaire ou l'accoutumance consentie empêche
de voir, c'est la substitution des non-lieux contemporains aux lieux
reçus du passé, produits par une histoire particulière qui les a différen-
ciés. Marc Augé, anthropologue et écrivain, explore le parcours qui
conduit au foisonnement des non-lieux. Avec l'objectif de déchiffrer
ce que nous sommes devenus sous le régime de l'« excès » de temps,
d'espace et à l'inverse de repli sur soi.
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sont tous maintenus selon les récits sur un « versant sombre de l'indi-
vidualisme contemporain ». Toutes ces fictions ont une fonction
d'alarme, cependant que la sociologue suggère au-delà de la « spirale
du pessimisme » de commencer par le remède donné à l'indigence en
« ressources culturelles » 1.
Une autre façon de « vaincre » un instant la crise, c'est de simuler
par le retour imaginaire, ritualiste aussi, aux moments de grandeur
passés. Les lieux de mémoire sont alors propices au rappel de ces
événements, et les dates anniversaires les réitèrent sur le mode specta-
culaire avec une intensité émotionnelle. La simulation n'est pas la
solution, elle vise à compenser ce que le temps présent fait disparaître :
la relation au passé s'efface sous l'empire de l'immédiat, de l'instant et
de la vitesse ; la durée vécue s'abolit au profit de la temporalité opéra-
toire, machinelle ; l'éphémère s'établit et tire l'oubli avec lui. Dans un
même mouvement, le patrimoine (héritage culturel conservé et valo-
risé) et la commémoration (spectacle d'un moment passé réitéré par
une tradition) s'inscrivent aujourd'hui au sein d'une modernité para-
doxale. Elle engendre le recours aux traditions tout en provocant leur
disparition, elle exalte ce qui a été autrefois un moment « fort » sans
pouvoir vraiment s'en inspirer.
William Johnston, historien et sociologue de la culture, s'attache à
l'interprétation du « culte des anniversaires dans la culture contempo-
raine ». Il l'affirme : nous sommes entrés dans l'« âge des anniver-
saires », qui a engendré un véritable culte durant les années 1980 alors
que la pensée « postmoderniste » était dominante. L'anniversaire
mémoriel se banalise : « du passé emballé en paquets anniversaires ».
Son histoire remonte au XVIIIe siècle finissant avec la célébration des
figures et des événements fondateurs d'un Nouveau Régime. Depuis
cette coupure, les célébrations accompagnent les tournants, les rup-
tures, puis les nouveaux commencements d'une autre période histo-
rique. Elles aident à oublier les incertitudes quant à l'à-venir, à calmer
imaginairement certains maux sociaux quant aux épreuves du
présent.
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Temps et imaginaire
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Autour du sacré
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Autour du sacré
taire est devenue une large ouverture au sacré d'ailleurs, aux cultes qui
font croire plus par l'effet d'exotisme, la force de la grande différence
que par nécessité intérieure. Le bouddhisme, le candomblé et le spiri-
tisme brésiliens, les cultes de possession, les nouvelles religiosités du
Tiers-monde s'établissent loin de leur lieu d'origine, ils se diffusent et
se mondialisent ainsi. Ils s'accordent à une demande de sacré – floue
dans sa définition, forte dans son intensité – opposable aux impuis-
sances et incertitudes multipliées par la Grande Transformation des
sociétés contemporaines.
L'autre aspect actuel de la demande ravivée est la transformation
politique des croyances et de l'institution politique elle-même. La
nature même de cette transformation change les relations millénaires
établies entre l'Église et l'État. Il faut y voir une conséquence de la
perte des langages de protestation et d'espérance laïcisée, des « grands
récits » qui ont armé la plainte et l'insurrection des affligés. Après
l'effacement du communisme réalisé et la chute de son empire, après
l'effacement du tiers-mondisme et du messianisme tropical, après le
déforcement du syndicalisme ouvrier et la domestication par précarité
crisique, c'est le sentiment d'abandon dans un vide qui s'étend en se
renforçant. Les croyances ravivées se proposent, puis s'imposent pour
recevoir la succession. Elles rejettent la modernité sans issues, elles
recherchent la puissance du sacré originel, « fondamental » parce que
fondateur. Elles deviennent apparemment la chance du salut ici et
maintenant, elles se radicalisent par l'affirmation et l'émotion, elles se
traduisent en langage politique de l'attente, souvent en espérance d'un
autocratisme sacral et disciplinaire. C'est le risque majeur, certains
acteurs des révolutions récentes l'ont voulu sans en avoir évalué le
coût.
Le retour du sacré est un défi imposé aux spécialistes des religions
par le « grand dérangement » contemporain 1. Danièle Hervieu-Léger,
sociologue des religions, précise en quoi cette discipline déconcerte les
chercheurs. La religion se perd (elle reste « pour mémoire »), mais à
l'inverse le « religieux » se dissémine dans l'espace social tout entier.
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qu'elle soit rêvée plus que réalisée sans violence, exprime surtout le
manque de pacification du vivre-ensemble dans la différence. C'est
une demande existentielle et morale. Le retour puissant du sacré, qui
semble en errance continue dans les chantiers de la surmodernité,
exprime une recherche de sens et d'ordre. C'est un fait qui révèle les
désordres nés de la Grande Transformation contemporaine, de sa
perception et de ses maux. Ce sacré peut faire reparaître des formes et
figures anciennes sous des aspects modernes, c'est alors le temps des
« néo » qui s'ouvre, nouvelles mystiques, nouvelles religiosités, nou-
velles Églises formées par séparation antagonique. Mais ce sacré en
errance a aussi la capacité de se nourrir de l'actuel, de l'événement et
de l'inouï.
Le sacré n'est pas la religion ni son équivalent, pas plus que celle-ci
n'est définie par le seul dogme impératif des Églises. Les catégories
peuvent demeurer floues et leurs frontières perméables. Leurs lan-
gages sont en conséquence adaptables aux situations et aux stratégies
opportunistes des pouvoirs. Le religieux intervient alors comme sens
donné à la différence humaine et/ou comme marqueur de l'infériorité
irréductible. Carmen Bernand et Serge Gruzinski, spécialistes de
l'Amérique latine d'après la conquête, qui recourent conjointement à
l'anthropologie historique et à la science des religions, considèrent ce
problème. Ils se placent dans le sillage du dominicain Las Casas,
auteur vers 1550 d'une histoire apologétique montrant que les Indiens
d'Amérique ont atteint un niveau de civilisation comparable à celui de
notre Antiquité. Leur différence n'est plus celle qui sépare le civilisé
du non-civilisé, elle relève du champ religieux et de son « code », elle
renvoie à l'idolâtrie. La question devient alors celle qui opère la sépa-
ration de la vraie et des fausses religions. Selon Las Casas, l'idolâtrie
est une connaissance dévoyée par l'absence de la foi, elle brouille les
trois ordres de la connaissance, ordres naturel, divin et démoniaque.
L'idolâtrie n'est pas conciliable avec la tolérance reconnaissant l'alté-
rité, elle ruine celle-ci par le « devoir » de conversion à la religion
dominante salvatrice des âmes. Elle deviendra « mission civilisatrice »
avec les colonisations modernes.
L'idolâtrie n'est plus de ce temps, mais l'idolâtre survit dans le
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poreuses entre le Bien et le Mal, l'un et l'autre servant selon les situa-
tions et l'opportunité. Les circonstances les gouvernent non pas
l'impératif moral.
Pierre Ansart, sociologue des idéologies et de l'imaginaire social,
présente son grand parcours avec les « cliniciens des passions poli-
tiques » : de la rencontre avec Confucius jusqu'à la relecture des textes
politiques d'Aron. Un parcours conduit avec une double contrainte.
D'une part, montrer que l'espace politique est toujours « un lieu de
passions et de traitement des passions ». D'autre part, montrer que
leur étude ne peut être que celle du clinicien. Les passions politiques
ne se prêtent guère à la neutralité des observateurs et des analystes, à
commencer par leur impossibilité de se détacher de leur propre inves-
tissement passionnel.
Les premières étapes du parcours parmi les œuvres majeures de
tous les temps révèlent l'ancienneté du problème et la défiance à
l'égard des passions. Confucius recourt au formalisme des rites pour
parvenir à la conformité émotionnelle. Platon les lie à l'insatisfaction
des désirs et à l'imperfection de la Cité, il cherche à quelles conditions
elles sont empêchées d'engendrer des « troubles destructeurs ». Saint
Augustin souligne l'impossibilité de concilier les passions, même dans
la Cité céleste. De fait, leur pacification vraie « réside dans le cœur de
chacun ».
Ansart s'attarde ensuite en compagnie de deux bons cliniciens des
passions. Machiavel a fait de Florence un observatoire des passions
politiques, du Prince le bénéficiaire des leçons tirées de l'expérience et
d'une connaissance savante de la Rome antique. La démarche évite
l'intellectualisme pur, elle observe, elle dynamise les relations en jeu
– c'est‑à-dire « des relations entre les acteurs passionnés ». L'atten-
tion se porte aussi sur les moments critiques, les guerres et les révolu-
tions, qui exaspèrent les passions et s'en servent. Mais une question
récurrente surplombe l'analyse : quel est le régime qui gouverne le
mieux leurs équilibres ? Réponse, la république.
Les modernes – Marx, Tocqueville, Freud, et de Gaulle – jalonnent
le parcours, mais c'est Aron qui peut le mieux contribuer à une possible
clinique des passions. En tenant l'emploi du « spectateur engagé »,
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il est celui qui incite à choisir une politique d'équilibre, qui invite à la
conduite d'une « politique raisonnée et raisonnable ». Aron n'exa-
mine pas les passions pour elles-mêmes, mais pour leurs effets accep-
tables ou néfastes, en respectant la distance critique qui protège des
illusions. Il choisit pour fonder sa démarche deux « situations exem-
plaires », le totalitarisme nazi, le régime soviétique et sa relation aux
communismes nationaux. C'est un choix issu de l'après-guerre, de la
fragilité de la paix, de la politique des deux blocs confrontés et de la
certitude que les passions politiques servent aussi le tragique, puis
l'inhumanité. Dans le cas du totalitarisme, l'étude porte sur la genèse
du fanatisme, d'une pathologie politique. Dans le cas du soviétisme et
du communisme national, l'examen concerne surtout la fascination
exercée sur le milieu intellectuel, durant la période dite de la « guerre
froide » propice à une idéologisation extrême. Ce moment passionnel
de confrontations intellectuelles que le refroidissement des passions,
après le démantèlement de l'Union soviétique et la chute des commu-
nismes nationaux, a presque condamné à l'oubli.
Le parcours dirigé par Pierre Ansart une fois accompli, on est pris
par le doute : on demeure dans l'incertitude quant à la possibilité de
soumettre les passions politiques par la rationalité, voire quant au
risque de trop les assagir. Le doute s'accroît avec le changement d'ère
accompli par tous avant la fin du siècle dernier, avec la numérisation
généralisée et son cortège d'applications. Les passions, les affects
bougent continûment, ils se déplacent aujourd'hui du politique
(déforcé) vers l'économisme financier (tout puissant) et vers la tech-
nologie (inouïe par ses produits). L'affectivité cherche à compenser,
puis à réduire, les effets d'une société abstraite ouverte au foisonne-
ment des logiciels, des algorithmes et aux contraintes de l'urgence
sans projet suffisant éclairant le devenir 1.
Après les passions, la mémoire collective, qui donne au passé une
fonction politique actuelle : aucun peuple, aucune société, aucun
individu ne saurait être et définir son identité en état d'amnésie. On
ne peut faire table rase du passé, il dispose de retraites d'où il peut
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points de vue, les effets de lieu, la démission de l'État, les déclins, ils
mènent à un épilogue à la fois scientifique et politique. Au départ, les
espaces qui rapprochent et obligent à cohabiter, là où les « misères de
la coexistence » renforcent les « misères de chacun ». Les lieux jugés
difficiles sont vus sous des aspects émotionnels, dramatisés, que
l'image fantasmée des situations américaines entretient. C'est le « syn-
drome américain » à repousser, en voyant plutôt cette Amérique sous
l'angle de l'« utopie négative ». Le détour par l'État peut éclairer les
observations du « terrain », révéler les enchaînements qui vont de ce
centre « jusqu'aux régions les plus déshéritées du monde social ». Les
déclins obéissent à des étapes qui accompagnent l'accélération du
mouvement de l'hypermodernité sans achèvement.
Les récits de vie rassemblés et commentés par les sociologues du
groupe de recherche révèlent la vision d'en bas, le détour par l'État
s'attache à ce qui en compose une vision surplombante et une façon
d'arrogance d'en-haut. Cette vision est reprise et construite par les
médias qui en produisent les images, elle est traitée par des experts qui
transforment les problèmes personnels en problèmes de société dont
la responsabilité reste imprécise. À l'inverse, il ne faut pas se contenter
du fourre-tout des malaises sociaux mais écouter la plainte, se mettre
en pensée à la place de l'autre. Ce que Bourdieu va jusqu'à qualifier
d'« exercice spirituel par oubli de soi », non pas de méthode 1.
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une forme de guerre insidieuse contre le vivant dont elle peut garder
longtemps l'initiative. L'impuissance biotechnologique a pour opposé
la puissance expansive du mal, par la contagion le « mal court ». Sa
diffusion nourrit les peurs, les métaphores les expriment et répandent
le soupçon. En ce sens le sida a été, reste le temps d'une émission de
télévision solidaire, le plus puissant des révélateurs sociaux. Un socio-
logue, Bernard Paillard, l'a montré dans ses « carnets » de l'épidémie.
Celle-ci a transformé insidieusement les attitudes sociales, elle a
« révolutionné » les pratiques autant ou davantage que la numérisa-
tion du monde, qui en est contemporaine.
Nommée dans l'impuissance scientifique, l'épidémie a pour agent
un virus tôt identifié particulièrement pervers, qui dispose d'une
grande capacité de camouflage et d'attente, qui tue par délégation en
ruinant les défenses de l'organisme. Le mal invaincu, transmis, multi-
plié, funeste, massivement planétaire est désigné par des formules du
langage populaire : bête immonde ou nouvelle peste. Le mal provoque
d'autant plus la crainte des uns, l'effroi des autres qu'il se diffuse par
ce qui est fait pour produire de la vie, de l'amour et de la jouissance
transformé en agent de la mort.
L'« archaïque » peut resurgir dès qu'une nouvelle épidémie, mal
identifiée de surcroît, survient et s'installe. Les figures de la culpabilité
et du châtiment reparaissent : les minoritaires sexuels, les toxico-
manes, les libertins, les étrangers sont des coupables désignés ou pré-
sumés, par eux le mal est venu, par eux il s'est répandu. Le soupçon,
plus encore l'affirmation des rumeurs, engendrent la violence de la
parole, de l'évitement, de la discrimination. Les prédicateurs punis-
seurs font d'une épidémie si propice à leurs fulminations une malédic-
tion, une manifestation de la colère divine provoquée par le désordre
des mœurs, par l'érotisation généralisée des rapports sociaux.
Durant une première période, les scientifiques eux-mêmes
recourent à deux langages, l'un savant qui doit contenir les emporte-
ments de l'angoisse personnelle et les effets sociaux des phobies culpa-
bilisantes, l'autre métaphorique par les récits qui rapportent des ruses
et des esquives de l'agent pervers aidant à faire reconnaître l'extrême
gravité du mal et les limites d'une thérapeutique encore aveugle. Le
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« entrées » princières dans les villes. Alors que le premier est centré
sur l'Église, le second l'est sur le Prince comme l'a observé Machia-
vel. La dramatisation festive est alors un instrument très apparent du
pouvoir politique. Elle effectue la transposition dramatique des évé-
nements qui ont produit l'histoire, la traduction symbolique des rap-
ports sociaux et de leur ordre hiérarchique, la mise en spectacle de
l'idéologie dominante et légitimante.
L'anthropologie politique traitant du pouvoir et de ses investisse-
ments symboliques a révélé des aspects dramatiques, longtemps
méconnus dans leur forme et leur fonction. Les uns concernent le
langage – les mots du pouvoir et le pouvoir des mots –, les autres la
mise en scène du pouvoir. Le langage politique manifeste les différen-
ciations sociales (les ordres, les rangs statutaires), plus précisément la
distance séparant les gouvernants des gouvernés. Différence qui
porte jusqu'au point où la parole politique suprême ne se transmet
jamais directement, mais par des intermédiaires, des speakers. Quant
à la présentation spectaculaire, ce qui frappe d'abord, c'est le fait
que cette forme dramatique, qui exprime la vie sociale ne se dissocie
pas d'une représentation du monde, d'une cosmologie traduite en
œuvres et en pratiques rituelles ou cérémonielles. Ainsi dans
l'ancienne Chine où l'empereur doit circuler chaque jour autour d'un
édifice sacré figurant le monde, afin de maintenir l'harmonie dans le
royaume, la paix et la prospérité pour les sujets. Surtout, la leçon
anthropologique souligne à quel degré le pouvoir résulte du jeu des
différences, de leur symbolisation et de leur manifestation spectacu-
laire. De même qu'elle montre combien la puissance du rite se nourrit
des mots, des symboles, de l'imaginaire dont le mythe est le gardien.
Le sociologue Bernard Lahire présente la réalisation dramatique
du social sous deux de ses formes : l'une s'attache à l'individu
« comme produit social », jouant avec ses « dispositions et variations
individuelles », l'autre traite de la dramaturgie du pouvoir sociolo-
gique qui effectue la production de l'individu à partir des nombreux
processus sociaux. Le jeu social existe parce que l'homme est « plu-
riel », il se socialise sur des scènes multiples en y tenant des rôles. C'est
en ce sens qu'il est comparable à l'acteur dissociant ses emplois suc-
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Chroniques
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1
Sciences du social et critique sociale
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Chroniques
sociologie qui serait d'« un mauvais exemple ». Il faut bien voir que
l'enjeu n'est pas mince : choisir pour la discipline naissante le statut
scientifique le plus conforme à l'esprit des sciences alors pratiquées et
traiter du social dans une période où les luttes idéologiques, poli-
tiques et sociales sont intenses. Les deux rivaux ne se trouvent pas
dans une situation égale. Durkheim, ancien élève de l'École normale
supérieure et agrégé de philosophie, est dès le départ bénéficiaire
d'une position et de relations universitaires : âgé de moins de trente
ans, il a la charge du nouveau cours de « science sociale et pédago-
gie » à l'université de Bordeaux. Il a lié sa vie intellectuelle à la socio-
logie.
Tarde n'a ni la même formation – il a étudié le droit – ni le même
parcours professionnel ; il a une curiosité précoce qui le porte vers la
philosophie, mais il accède à la sociologie en quelque sorte par un
détour. Il a une longue carrière de juge d'instruction à Sarlat, sa ville
natale, puis est nommé directeur de la statistique judiciaire au minis-
tère de la justice – là même où Durkheim enverra son neveu Marcel
Mauss effectuer les recherches statistiques nécessaires à la rédaction
du Suicide. Gabriel Tarde est d'abord connu par ses publications
relatives à la criminologie, au droit et à la philosophie pénale, et
c'est aux Archives d'anthropologie criminelle qu'il réserve des
articles où se précise et se développe sa théorie sociologique. Son
passé de criminologue le suit, ses incursions dans les sciences et dans
de multiples disciplines déconcertent. Malgré son affirmation d'avoir
pour but la fondation d'une « sociologie pure », il reste mal localisa-
ble dans le champ des sciences sociales. Cette ambiguïté le dessert,
elle a conduit à l'oubli de son œuvre et laissé le terrain libre aux
durkheimiens.
Le retour d'intérêt est récent ; il se marque par quelques rééditions
durant ces dernières années. Mais c'est la publication des œuvres de
Tarde en cinq volumes qui signale l'événement. Elle incite à rechercher
les raisons qui justifient cette neuve curiosité pour le « plus philosophe
des sociologues ». Deux des volumes, incorporant les commentaires
de spécialistes actuels, viennent de paraître. Ils préparent complémen-
tairement à la redécouverte du socio-philosophe oublié, à l'accueil
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d'une œuvre qui peut s'accorder pour une part à la pensée du temps
présent. Dans l'un, Monadologie et sociologie, se révèle l'ancrage phi-
losophique, la constitution d'une science sociale à partir d'une méta-
physique, voire d'une cosmogonie où Tarde se laisse emporter dans
une « féérie d'idées ». Dans l'autre, Les Lois sociales, il souligne ce qui
fait le lien entre ses thèses sur l'imitation, l'opposition d'expression
universelle et la logique sociale, et donc entre trois de ses principaux
ouvrages. Il apparaît ainsi comme le briseur des barrières dressées
entre monde vivant et monde inorganique, nature et société, philoso-
phie de la nature et éthique.
Là où Durkheim sépare – le social dans sa réalité propre et son
autonomie, la sociologie en tant que savoir positif indépendant de la
philosophie –, Tarde unifie et « sociologise » l'univers car tout y fait
« société ». Il s'inscrit lui-même dans une généalogie philosophique
qui comprend Spinoza, Leibniz, Nietzsche, Bergson, son successeur
au Collège de France. Gilles Deleuze le retrouve dans un bref com-
mentaire lorsqu'il théorise les relations entre différence et répétition.
Deux des clefs de la construction tardienne d'un monde dont le social
n'est qu'une partie ou un aspect. C'est sur l'infinitésimal, sur les élé-
ments provisoirement reconnus derniers – l'atome chimique, la cel-
lule vivante, l'individu social –, dont l'exploration ne cesse de révéler
la grande complexité, et non sur les systèmes constitutifs d'ensembles,
d'organisations subordonnant ce qu'ils incorporent que Tarde établit
sa cosmogonie.
C'est là où il situe l'origine de l'inépuisable multiplicité du réel, de
la création continuée de nouveau, qui fait de la dynamique des diffé-
renciations la génératrice des choses et de leur devenir. Mais, afin de
lier ce qui apparaît sous l'aspect de la dispersion et du changement, il
recourt à deux procédés. D'une part, à ce qui a été qualifié de psycho-
morphisme universel, reportant non pas à un univers de choses, mais
de « petits êtres » qui sont des « agents » et dans les « variations infini-
tésimales » qui sont des « actions », un univers où se manifestent des
« volontés, des desseins », où opèrent des forces mesurables assimi-
lables au désir et à la croyance. C'est le passage au panpsychisme, à
l'occasion duquel Tarde laisse libre cours à son imagination, au jeu
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rée par le sociologue allemand. Sous cet aspect, Weber ne peut pas
aider à clore aujourd'hui le travail du deuil du sens.
Le Monde, 1er novembre 1996.
BIBLIOGRAPHIE
Dirk Kaesler, Max Weber, sa vie, son œuvre, son influence, Paris, Fayard,
1996.
Max Weber, Sociologie des religions, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des
sciences humaines », 1999.
Des œuvres de Max Weber, on a fait bien des usages. Les dur-
kheimiens, par l'intermédiaire de Mauss, accusaient Weber de les
« démarquer » et de se borner « à émettre des opinions ». Parmi eux,
Marcel Granet, spécialiste renommé de la Chine, inaugurait une
longue période de silence en négligeant l'apport du sociologue alle-
mand à la sociologie comparée, à la manifestation des apports liant
une éthique économique initiale à chacune des religions mondiales. Si
les traductions de l'œuvre en anglais ont été multipliées, elles ont été
souvent fautives ou tirées dans le sens d'une validation du structuro-
fonctionnalisme américain.
En France, la reconnaissance fut tardive, réticente du côté des
sociologues de la religion, brièvement polémique du côté des socio-
logues d'inspiration marxiste. Et puis l'œuvre y est devenue provo-
catrice d'orientations très diverses, l'élaboration théorique de
l'individualisme dit « méthodologique » jusqu'aux emprunts concep-
tuels de Pierre Bourdieu fondant sa sociologie de l'éducation et de la
culture, jusqu'aux diverses entreprises d'interprétation de la dérou-
tante modernité contemporaine. Max Weber a été souvent réduit au
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Chroniques
l'éthos chinois, qui valorise les capacités bien plus que la possession,
ils occupent en tant que fonctionnaires lettrés une position voulue par
le pouvoir central, ils se différencient par une « conduite de vie » et
l'aristocratisme de la culture, ils ont créé un style de vie maintenu en
longue durée.
Le confucianisme est l'éthique religieuse accordée à leur situation
et à leurs intérêts, ils le constituent en éthique dominante porteuse
d'un rationalisme bureaucratique. Et aussi pratique, car le confucia-
nisme est une éthique « intramondaine » d'adaptation au monde, à
son ordre et à ses règles. C'est par lui que la « convenance » allie
l'ordre cosmique inviolable, l'équilibre de l'empire et l'équilibre de
l'âme. La canonisation de Confucius, culte fondé sur une personnalité
historique, ne modifie pas une orientation religieuse étrangère à toute
eschatologie, à toute doctrine de salut. Par comparaison, le taoïsme
est une hétérodoxie accordée aux non-lettrés, à visée autarcique, qui
répond aux besoins religieux des masses.
Cette démarche webérienne a été critiquée : relevant d'une socio-
logie historique, elle ne périodise guère une histoire pourtant étendue
sur deux mille cinq cent ans, relevant d'une sociologie religieuse, elle
argumente en étudiant la plus « laïque » des grandes religions, rele-
vant d'une sociologie économique, elle s'attache pourtant à une civi-
lisation plus politique qu'économiste. Mais c'est repousser ainsi à
l'arrière-plan la préoccupation dominante : éclairer par un détour
deux rationalismes aux effets divergents, l'un signifiant la domina-
tion rationnelle du monde (l'occidental puritain), l'autre l'adaptation
rationnelle au monde (le chinois confucéen), l'un engendrant le capi-
talisme, l'autre lui restant étranger.
Le confucianisme a été le corpus donnant à l'empire centralisé son
assise idéologique. Il a permis, au temps du maoïsme, de maintenir en
vie à l'extérieur, notamment à Taïwan, la culture chinoise tradition-
nelle. Il devient, après avoir été perçu comme un obstacle au capita-
lisme modernisateur, un moyen de donner aux capitalismes asiatiques
une coloration différente, et à certains des autocratismes asiatiques
une légitimation culturelle. Ce qui place sous un éclairage actuel la
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Héritiers et dissidents
« LE REGAIN SOCIOLOGIQUE »
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ont valu d'être active en bien des lieux et de donner une teinture à la
culture présente. Vue de l'extérieur, elle apparaît, selon l'humeur,
comme « une science qui voudrait être » (dit Paul Veyne) ou comme
une science « éternellement jeune » par l'effet du renouvellement
incessant des problèmes (selon la formule prêtée à Max Weber).
Pierre-Jean Simon, en vingt-quatre étapes présente son parcours
de l'histoire de la sociologie – une histoire encore courte, mais
appuyée sur un très long passé. C'est un itinéraire personnel, et pour
cette raison d'autant plus formateur, menant à la « recherche des
idées toujours vivantes », qui conduisent à interroger les œuvres du
passé « à partir de l'état actuel de la sociologie ». C'est une rencontre
renouvelée avec les auteurs de la tradition, un dialogue avec les textes
abondamment présents dans un ouvrage d'aspect trompeusement
classique, une lecture qui n'exclut ni l'arbitraire – elle fait la part de
l'oubli – ni « la critique de l'héritage » nécessaire à toute pensée
vivante. Toujours, l'auteur si situe, il pratique ce qu'il dit être « un
éclectisme systématique », en laissant aller son humeur dénonciatrice
des amateurismes, du tape‑à-l'œil et des « parasociologies ».
La distinction est bien établie entre une pensée du social présente
dans toutes les sociétés et de tout temps, et une pensée sociologique
qui résulte de l'étude d'intention scientifique du social. Ce qui est
montré, c'est comment la première prépare la seconde et a une fonc-
tion cumulative de savoir. Il en naîtra une science détachée du sens
commun et des dogmatismes de l'héritage grec à celui de la Renais-
sance, de celui de la Réforme à celui du temps des Lumières. Chaque
occasion est saisie de rappeler la force des questions fortes, de mani-
fester ce mouvement d'où surgira non pas seulement la sociologie,
mais aussi l'économie (d'abord considérée comme « harmonie des
intérêts ») et l'histoire (d'abord vue comme progrès et réalisation du
pouvoir de la raison).
La sociologie annoncée, désirée, apparaît avec la rupture créée
par la Révolution « dans les décombres d'un monde passé ». Elle se
constitue d'abord à partir de la découverte que les sociétés ont la
possibilité de « changer par elles-mêmes ». Changement que Saint-
Simon – ce Jean-Baptiste de la science sociale – veut conduire par le
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BIBLIOGRAPHIE
« LE PARI DE BOURDIEU »
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BIBLIOGRAPHIE
1. Uber den Prozess der Zivilisation (1939) a été publié en traduction française
(incomplète) en deux volumes : La Civilisation des mœurs et La Dynamique de l'Occi-
dent, Paris, Calmann-Lévy, 1973, 1975.
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comme il n'en est plus. Elias est fils unique dans une famille juive
de Breslau (Wroclaw) de « bonne société » et de culture germa-
nique. Il en porte les espoirs, étudie la médecine et la philosophie ;
il atteint l'âge d'homme en ayant l'expérience de la première guerre
mondiale, de la défaite, du déclin économique familial qui le
conduit à travailler provisoirement dans une petite entreprise. Il
reprend son parcours intellectuel à Heidelberg, abandonne alors la
philosophie pour la sociologie. Cette ville en est le foyer le plus
actif : Max Weber a été le fondateur, son frère Alfred a repris
l'héritage avec moins de brillance et Marianne, sa femme, tient un
salon où les idées nouvelles sont éprouvées. Mais c'est Karl Mann-
heim, jeune rival de Weber, qui exerce sur Elias l'attrait le plus
fort. Il le suivra d'ailleurs à Francfort en qualité d'assistant
officieux, puis il y devient responsable du célèbre Institut de
recherches sociales.
Les notes biographiques livrent son témoignage sur l'Allemagne
des dernières années vingt et des premières années trente. Sur l'effer-
vescence culturelle, la fécondité créatrice durant la République de
Weimar. Sur le glissement vers la droite, l' « aigreur presque fana-
tique » des classes moyennes et supérieures, la montée de la violence
armée qui entraînent l'effondrement de l'État et la progression du
pouvoir hitlérien. La « conscience qu'une catastrophe allait survenir »
se forme cependant avec retard. En 1933, Mannheim, pourtant déca-
peur de tous les vernis idéologiques, effaceur des apparences et des
illusions, affirme encore que « toute cette histoire avec Hitler ne
durera pas plus de six semaines ».
C'est cette même année que Norbert Elias choisit l'exil ; conscient
du danger montant et assuré quant à sa « mission » : travailler à une
connaissance de la société « aussi réaliste que possible », faire du
sociologue un « chasseur de mythes », refuser les idées dominantes,
les modes et parvenir à « voir des relations que d'autres ne voient
pas ». Commence l'errance à la recherche d'un lieu de travail, en
Suisse, en France, puis en Angleterre, où Elias s'établit pour une
période de quarante ans. Non seulement, il y rédige son livre le plus
important – où sont considérés le « procès de civilisation » de
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comme « un objet existant » qui est donné à voir. Toute société est
une société des individus, des réseaux d'interrelations et d'interdépen-
dances, des multiples imbrications des « je » et des « nous ». De là, le
double rejet de l'individualisme (même wébérien ou méthodologique)
et de son contraire, le holisme (la société, unité organique supra-
individuelle). Deux notions centrales marquent la position. Celle de
configuration, qui permet de penser le monde social comme un tissu
de relations où s'effectue le contrôle des impulsions et des affects, où
la personne entière est engagée dans des rapports à la fois d'alliance
et d'affrontement. Celle d'habitus social, qui désigne l'empreinte, la
« marque spécifique » partagée avec les autres membres de la société,
à partir de quoi se façonnent les « caractères personnels ». Et les deux
notions s'appliquent à tous les niveaux d'intégration à toutes les
échelles selon lesquelles se constituent les rapports humains.
L'approche s'effectue en termes de mouvements, de décalages et
de processus sociaux « à long terme ». Tout en affirmant la nature
« intégralement sociale » de l'homme, Elias souligne l'effet des ten-
sions, des pouvoirs inégaux propres à chaque configuration ; il en
résulte une marge d'exercice de la liberté, un champ de possibles
ouvert aux individus. Dans la longue durée, il est identifié une corré-
lation entre le processus d'individualisation et le processus de civilisa-
tion. La montée de l'individualisme s'effectue en Occident à partir de
la Renaissance, elle s'accélère – et entraîne une autre économie psy-
chique, une autre commande des comportements individuels – avec
l'avènement de l'État moderne et la différenciation toujours plus
poussée et plus complexe des fonctions vers des « niveaux supérieurs
d'intégration » ; cependant que le pouvoir se déplace d'un niveau à
l'autre. Les dépendances réciproques deviennent plus denses, avec cet
effet paradoxal que les individus en acquièrent une conscience plus
forte de leur autonomie.
L'œuvre est ouverte ; on ne peut, dans la brièveté, en retracer tous
les cheminements et en signaler les avancées risquées. C'est son
ampleur qu'il faut souligner ; la manifestation d'un devenir où les
hommes sont constamment producteurs de leurs relations et d'eux-
mêmes, une évolution accomplie dans une « direction qu'aucun indi-
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BIBLIOGRAPHIE
1. Qu'est-ce que la sociologie ? a été publié aux éditions Pandora en 1981. D'autres
publications ont été prévues en traduction française, notamment : Involvement and
Detachment, publié en anglais en 1987.
2. L'ouvrage consacré au « procès de civilisation » a été publié en traduction
française (incomplète) en deux volumes : La Civilisation des mœurs et La Dynamique de
l'Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1973 et 1975. Les traductions d'autres ouvrages ont
suivi : comme pour le présent livre, les présentations de Roger Chartier composent une
excellente introduction à la connaissance de l'œuvre.
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n'a rien à voir avec les idéaux confrontés mais avec les luttes pour
l'hégémonie. Aucune instance extérieure n'existe, qui pourrait limiter
la rivalité des plus puissants. Ce n'est pas une incitation à accepter la
fatalité, mais au contraire, face à ces risques et à tous les autres, une
injonction à ne pas admettre que nous ayons « atteint le point de non-
retour ».
Le Monde, 28 mai 1993.
BIBLIOGRAPHIE
« L'ŒUVRE REVISITÉE »
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1. Trois rééditions chez Fayard : Défection et prise de parole (1995), Bonheur privé,
action publique(1995), Deux siècles de réthorique réactionnaire (1992).
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tion relative et une déception spécifique, qui pousse les acteurs vers le
moment suivant. Aux tranquilles années cinquante succèdent les tur-
bulentes années soixante, puis les années du retour à la passivité, qui
appellent maintenant celles d'une reprise du mouvement. Hirschman
revient à la question du bonheur dans son dernier livre, lorsqu'il envi-
sage l'expérience du marché et les « mésinterprétations » du bonheur
qu'elle peut engendrer, en détachant notamment les conditions de la
liberté politique qui lui sont nécessaires.
Dans Défection et prise de parole, c'est la considération du déclin
et du « mécontentement » qui trouve sa place dans l'analyse écono-
mique, sociale et politique. L'étude porte sur les deux moyens dont
dispose le public afin d'exprimer son insatisfaction. D'une part, « la
défection », qui s'exprime par le retrait de la clientèle s'il s'agit d'une
entreprise, ou le désengagement s'il s'agit d'une institution. D'autre
part, la « prise de parole » qui nourrit l'action contestataire menée de
l'intérieur. L'une des options peut empêcher l'autre de se développer,
elles sont « en relation inverse », mais la tendance commune est la
production d'effets de réforme. Hirschman, après avoir appliqué ce
mécanisme à des situations très diverses, le complique par une étude
nouvelle : celle de la disparition de la République démocratique alle-
mande. En ce cas, la défection, l'exil privé finissent par ne plus
contrarier la prise de parole (la protestation publique), toutes deux
s'additionnent en « un puissant mouvement civique et victorieux ».
Deux siècles de rhétorique réactionnaire explore l'univers souvent
trompeur du discours par lequel, depuis deux siècles, on a combattu
les réformes politiques et sociales. C'est l'évaluation critique des pen-
seurs et hommes politiques qui se sont successivement opposés aux
idées libérales de la Révolution française et à l'affirmation des droits
de l'homme et du citoyen, à la démocratie et au suffrage universel,
puis à l'avènement de l'État-providence. Trois domaines d'argumen-
tation sont ainsi éclairés ; la thèse de « l'effet pervers » : toute tenta-
tive de réformer l'ordre social produit généralement des résultats non
désirés ; la thèse de « l'inanité » : l'action humaine est impuissante à
modifier l'univers social ; et celle de la « mise en péril » : une nouvelle
réforme peut menacer un acquis antérieur obtenu de haute lutte.
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Hésiode qui porte sur le monde et la société le regard « d'en bas », qui
valorise le travail, introduit la considération du mal et du juste, met de
la distance entre les hommes et les dieux. Avec la poésie lyrique, un
nouveau saut est accompli, l'individu devient le centre et le mythe a
moins d'emprise, le jeu des circonstances et le sens de la déraison
apparaissent, les problèmes de la Cité et les valeurs impliquées
trouvent leur place. C'est avec la naissance de la philosophie que la
rupture s'effectue : le philosophe « parle contre le mystère », il ne res-
pecte plus le secret des dieux et propose une nouvelle forme d'appré-
hension du monde.
Yves Barel retrace les étapes de ce déplacement du lieu de produc-
tion du sens, constate les hésitations à trancher « le débat entre l'auto-
référence et la transcendance », à abandonner une part de l'héritage
mystique et ésotérique. Il recherche dans la pensée du politique, et
dans la pratique politique, le moment où la Cité-État peut aussi se
définir en l'absence de la transcendance.
L'invention du politique en Grèce est indissociable de l'invention
de la démocratie, c'est donc sur celle-ci que l'attention se portera.
Un pamphlet de la fin du Ve siècle, attribué à Xénophon puis au
sophiste Critias, soumet déjà la démocratie directe à l'épreuve cor-
rosive de la critique. Son titre : La Constitution d'Athènes. L'his-
torien italien Luciano Canfora vient d'en donner une nouvelle
publication et un commentaire. Ici, tout est vu dans une optique
politique, tout est rapporté au peuple et à sa loi. Et le paradoxe se
retrouve : la démocratie est récusée, mais il est constaté qu'elle est
bien organisée et défendue par les Athéniens ; la logique du système
introduit l'égalité et les réjouissances, mais au détriment de la
liberté. Vieux débat, argumentation souvent reprise, mais aujour-
d'hui plus que jamais l'idée démocratique nourrit une passion
neuve.
Le Monde, 22 décembre 1989.
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Héritiers et dissidents
BIBLIOGRAPHIE
4
Naissance sociologique
de l'anthropologie
« LE NEVEU DE DURKHEIM »
Ils ont fondé ensemble la sociologie française, ils lui ont donné
son centre intellectuel – le groupe de L'Année sociologique – et ses
assises universitaires et scientifiques. Durkheim, l'oncle, et Mauss, le
neveu, sont à la fois indissolublement liés et profondément diffé-
rents. « Je t'ai formé », rappelle le premier, cependant que le second,
qui « ne veut pas être mené de force », ne cessera jamais de pour-
suivre la discussion avec l'« oncle » longtemps après la disparition de
celui-ci. Leurs ennemis les ont associés dans une même attaque en
dénonçant les périls du sociologisme ravageur de la philosophie,
diffuseur du socialisme et de l'irréligion. Certains de leurs amis les
ont moqués, dont Bouglé évoquant le « Parti sociologique unifié ».
Mauss a longtemps été une sorte de méconnu illustre. Son œuvre
immense, diverse, reste dispersée jusqu'au moment où paraissent
Sociologie et anthropologie (en 1950, année même de sa mort) et les
trois volumes intitulés Œuvres, organisés et présentés par Victor
Karady à la fin des années 1960 1. Son influence s'exerçait par une
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intellectuelle », il en est l'un des acteurs majeurs par son œuvre, son
enseignement, ses influences et ses emballements de polémiste.
Cette biographie révèle une époque où savoir, culture, politique
et morale pouvaient s'associer. Au prix de vives passions publiques
– qui n'épargnaient pas la « secte » des sociologues –, Mauss a su
répliquer en faisant le choix de « l'action indirecte par la science » et
de l'engagement politique, très tôt malgré les mises en garde de Dur-
kheim, soucieux d'incarner seulement la « figure sociale du savant ».
Marcel Fournier fait un double portrait, intellectuel et politique. Le
second constitue pour une part une révélation. Mauss n'a pas hésité
à se jeter dans la « chaudière de la sorcière », selon sa propre expres-
sion. Il a accompagné le mouvement socialiste, depuis le temps de
Jaurès jusqu'à celui de Blum. Il a combattu dès l'affaire Dreyfus où il
apporte son soutien à Zola. Il n'a pas rechigné au service de la
plume : il fut journaliste à L'Humanité, collabora au Populaire et à
plusieurs publications militantes. Il participa à l'action coopérative,
ce moyen de préparer la société nouvelle, jusqu'à fonder une coopé-
rative socialiste, « La boulangerie ».
Mauss a payé d'un prix élevé son engagement. Pour l'économiste
Charles Rist, il est « essentiellement un politicien qui n'a rien produit
de lui-même ». Cette appréciation totalement fausse et mesquine révèle
l'emportement des passions partisanes. Mauss, tout autant et mieux
que Durkheim, a établi ces disciplines qu'il jugeait indissociables : la
sociologie, l'ethnologie et l'anthropologie. Il les a marquées du sceau
d'une École dont il fut le « grand semeur d'idées », hors de tout dogma-
tisme. Il leur a donné une méthode qu'il exigeait, bien davantage que
la soumission aux faits et la production de généralisations prudentes et
successives, la capacité de mettre en œuvre une grande diversité de
savoirs. Il ouvrit bien des passages, d'une question à une autre, d'une
science à une autre dont l'apport était estimé nécessaire. Mauss n'eut
pas la pratique de l'observation directe, mais il n'ignora aucune des
œuvres qui la restituaient. C'est l'exploration des textes qui lui permet-
tait de rassembler ses « matériaux » et d'ouvrir ses « chantiers ».
Sa célébrité s'est établie sur un travail qui a fini par remplir une
fonction initiatique dans la formation des anthropologues et des
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BIBLIOGRAPHIE
Mary Catherine Bateson, Regard sur mes parents. Une évocation de Mar-
garet Mead et Gregory Bateson, traduit de l'anglais par Jean-Pierre
Simon et Yves Coleman, Paris, Seuil, 1989.
Gregory Bateson et Mary Catherine Bateson, La Peur des anges, traduit de
l'anglais par Christian Cler et Jean-Luc Giribone, Paris, Seuil, 1989.
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BIBLIOGRAPHIE
« L'ANTHROPOLOGUE CONFESSÉ 1 »
1. À propos des entretiens accordés par Jack Goody, publiés en 1996, et de mon
article « L'anthropologue confessé », Le Monde des livres, 7 juin 1996.
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« À FLEUR DE MOTS »
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« LA PROVOCATION DU BAROQUE »
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Classiques, moins classiques
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D'un coup, les structures reprennent vie. Elles sont faites de rela-
tions changeantes entre les catégories ; elles portent en elles (et la
traitent) la contradiction ; elles s'adaptent aux situations et aux
conjonctures, jusqu'au point de donner l'impression que les règles
sont improvisées. Les pratiques sociales ne sont plus liées aux signifi-
cations dans un rapport de servitude. Il y a du jeu, donc de l'histoire.
Sahlins se fait l'annonciateur d'une anthropologie structurale et histo-
rique, sa position se rapproche de celle d'une anthropologie qualifiée
de dynamiste. Il veut provoquer l'éclatement du concept d'Histoire à
partir de l'expérience anthropologique. À cultures différentes, histori-
cités différentes : le pluralisme prévaut. C'est à une nouvelle alliance
que l'anthropologie et l'histoire se trouvent conviées, une alliance à
conclure hors des malentendus.
Le Monde, 30 juin 1989.
BIBLIOGRAPHIE
Marshall Sahlins, Des îles dans l'histoire, traduit de l'anglais par un collectif
de l'EHESS dirigé par Jacques Revel, Paris, Gallimard/Seuil, 1989.
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« LA LENTEUR PERDUE »
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1. Citons, parmi les ouvrages de Pierre Sansot : Poétique de la ville, Paris, Klincksiek,
1973 ; Variations paysagères, Paris, Klincksiek, 1980 ; Les Formes sensibles de la vie
sociale, Paris, Puf, 1985 ; Le rugby est une fête, Paris, Plon, 1990 ; Les Gens de peu, Paris,
Puf, 1991. Et une suite de confidences et réflexions sur l'acte d'écriture, sur les « papiers »
et le foisonnement de l'écrit : Papiers rêvés, papiers enfuis, Saint-Clément-de-Rivière, Fata
Morgana, 1992.
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« LIEUX ET NON-LIEUX »
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que l'on avait autrefois des lieux semblent-elles être maintenant des
« opérations mentales tout à fait indistinctes » ? Pourquoi cette crainte
de s'exposer, qui multiplie dans nos villes les espaces « neutrali-
sants », écrans opposés à la « menace du contact social » ? Ce qui est
recherché, c'est l'ensemble des conditions qui ne feraient plus de la
ville une « cage de fer » – image empruntée à Max Weber – emprison-
nant la vie moderne.
La quête est audacieuse, éclairée par une culture multiple, conduite
dans les villes du passé et dans celles de la modernité – et notamment
New York. Elle allie la traversée des savoirs à la découverte des lieux
de vie quotidienne que permet le parcours libre, attentif, curieux de
tout, des rues des grandes cités. Elle organise des rencontres, celle des
auteurs et des textes, celle des gens qui traduisent en paroles leurs
pratiques de la ville. Elle permet d'accompagner Le Corbusier et Fer-
nand Léger lors de leur séjour new-yorkais ; le premier rêve de la ville
comme d'un « merveilleux jouet mécanique », d'un « urbanisme
lisse », capable d'abolir le temps historique ; le second s'engage dans
la vie de la cité, il en accepte « le caractère fragmenté », il y trouve le
monde « humano-mécanique » qui paraît à l'origine de son œuvre.
Une marche en compagnie d'Hannah Arendt fait découvrir
« l'exilé obligé de transcender ses rêves de foyer », contraint à deve-
nir « le citadin typique » parce qu'il lui faut « mener sa vie en termes
plus impersonnels ». Le commerce entretenu avec James Baldwin
montre comment la ville lui a permis de briser avec rage la clôture de
sa condition de Noir américain, de se « tourner vers l'extérieur » et
de convertir la différence en une stimulation créative. Il s'est exposé
afin de pouvoir exister.
Ce sont là quelques rencontres notoires, parmi bien d'autres. Elles
enrichissent une argumentation dont les thèmes majeurs sont traités
par élargissements successifs. L'opposition de l'intérieur – centre de la
vie spirituelle, refuge, foyer, espace privé – et de l'extérieur – domaine
des activités, des pouvoirs, des affrontements et de tous les risques – a
traversé les siècles. Elle fait aujourd'hui des espaces neutres, fré-
quentés, utilisés mais non associés au vécu, des séparations protec-
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trices ; en somme, des « lieux sûrs » parce qu'ils sont vides, dépourvus
d'habitants, propice au contrôle des faiseurs d'ordre.
Parallèlement, Richard Sennett considère l'opposition de l'unité
et de la diversité, de la ville organisée, centrée, et ainsi plus lisible, et
de la ville en tant qu'espace où se concentrent toutes les différences,
fragmentées, « cloisonnées » et mésinterprétées parce que redoutées.
L'architecture unifiante née de la modernité, des technologies et des
matériaux propices à plus de transparence n'a pas entraîné l'efface-
ment de l'opposition. New York, « ville des différences par excel-
lence », se développe en les maintenant sur des scènes séparées.
Avec un talent servi par l'érudition et la sensibilité de l'écrivain,
Richard Sennett relie l'évolution de notre culture au regard que
l'homme porte sur la ville. Celui des modernes d'aujourd'hui est
aveuglé – il ne permet plus de rien voir ni savoir de ceux qui peuplent
les villes – et apeuré – il révèle la crainte obsessionnelle de « s'expo-
ser ». Il faut la vaincre, se tourner vers l'extérieur, ne pas fuir la diffé-
rence et refuser le confort néfaste de l'attachement à ce qui est
permanent.
Le Monde, 24 avril 1992.
BIBLIOGRAPHIE
« FICTIONS DE CRISE »
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BIBLIOGRAPHIE
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Autour du sacré
« L'OMBRE DE DIEU ? »
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« LE PRIX DE LA TRANSCENDANCE »
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« L'INCOMMODE M. STRAUSS »
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pas à se détacher des valeurs afin de s'en tenir aux seuls faits, mais, au
contraire, à les partager afin de « comprendre de l'intérieur », de prati-
quer la « compréhension bienveillante ». D'une certaine façon, Leo
Strauss pratique la lecture du social ainsi qu'il pratique la lecture des
grands penseurs, avec la politique comme horizon.
Dévoiler l'engagement et les croyances des autres requiert la pro-
fondeur de son « propre engagement ».– avec la réserve d'une capacité
critique qui ne tient pas à la distance établie pour garantir l'objecti-
vité, mais à l'usage de la critique rationnelle révélant la fausseté de ce
qui est compris avec bienveillance. Celle-ci fait place à une sorte de
passion ravageuse lorsque Leo Strauss considère l'héritage occidental
« en danger ». Il met en cause l'irruption incessante du nouveau, la
spécialisation toujours plus poussée, l'universalisme postulé sans pas-
sion véritable, le pluralisme culturel banalisant le conformisme. C'est
se placer en courant contraire pour retrouver des certitudes et des
vertus plus anciennes.
Leo Strauss invite à la redécouverte de la civilisation occidentale
« dans son intégrité prémoderne ». Il en appelle à un humanisme revi-
goré, à une exigence d'éthique – « reine des sciences sociales » – et de
moralité capable de faire prévaloir la justice sur la puissance. L'usage
réactionnaire de son œuvre est possible, on l'a accusé d'être le fonda-
teur d'une sorte de culte fondamentaliste qui corrige l'absence de
croyance en Dieu et en la loi naturelle. Il faut opposer à ce risque réel
l'incontestable attachement à la démocratie, exprimé en refusant de
la flatter ; ce par quoi Leo Strauss contribue à la défense de l'esprit
démocratique et au réveil des passions civiques. Cette leçon-là adou-
cit les désaccords.
Le Monde, 24 septembre 1993.
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à part, d'une autre taille : aucun système philosophique n'a, autant que
le sien, « exercé une influence aussi forte sur la vie politique ». Mais sa
conception de l'Histoire et de l'État fait de celui-ci « l'essence même de
la vie historique », « la réalité suprême et parfaite » ; et surtout, alors
que sa pensée semblait être le triomphe de la Raison, elle a contribué à
« déchaîner inconsciemment les pouvoirs les plus irrationnels ».
À des « situations désespérées », il a été répondu par des « moyens
désespérés », qui ont transformé le mythe en un instrument de « réar-
mement mental » et contribué à ce que la puissance du désir collectif
puisse s'incarner dans un chef. Cassirer tire une leçon pour tous les
temps : dès que les forces intellectuelles, éthiques et artistiques fai-
blissent, « le chaos revient ». La menace reparaît, ici, ailleurs et, en ce
sens, cet enseignement retrouve toute sa vigueur ; même si l'on doute
que le gouvernement de la Raison puisse dissiper toutes les illusions
néfastes, et que le politique se maintienne sans une part de contribu-
tion du mythe, de l'imaginaire et des passions.
Le Monde, 29 janvier 1993.
BIBLIOGRAPHIE
« LA DÉMOCRATIE, PRÉCISÉMENT »
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Chroniques
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Pierre Ansart, Les Cliniciens des passions politiques, Paris, Seuil, 1997.
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Défis et risques
« LA PUISSANCE APPRIVOISÉE »
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Défis et risques
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Chroniques
plexes ». Il relève les possibilités de « jouer avec les interstices entre les
institutions, les lois, les ordres sociaux, les traditions ou les identités »,
d'échapper à l'enfermement et aux pièges du « consentement caché ».
Il demande que soit « modéré tout enthousiasme pour une icône :
identité ethnique, utopie technique, État de droit ou société préré-
glée ». Aux techniques de la puissance, il oppose celles de la civilité.
Celle-ci ne se substitue pas à la critique sociale tempérée ou radi-
calisée. Elle est d'une autre sorte, qui se révèle mal définissable et
impose pourtant sa présence, sa force, afin qu'il y ait du social et
qu'il « tienne ». Elle résulte du constat que « nous sommes toujours
pour quelque chose » dans ce qui advient. Elle est une aptitude, une
vigilance, une capacité modératrice, une faculté de « civiliser » tout
ce qui est astreinte d'ordre. La civilité, c'est ce qui nourrit les « résis-
tances multiples » du corps social, ce qui conduit à la reconnaissance
des limites et, ainsi, à ne pas laisser les « instances de toute culture »
dévoyer leur propre force. Denis Duclos identifie des pièges et des
stratégies possibles, en considérant la civilité dans ses rapports à
l'identité et aux images qu'elle met en œuvre, à la loi et à l'ordre
qu'elle définit, à la science et aux techniques et aux formes d'organi-
sation qu'elle dote de nouveaux moyens.
L'identité est manifestée dans ce qu'elle a de paradoxal : elle répond
à une nécessité, à un « besoin », mais elle peut entraîner un renforce-
ment simplificateur et « déclencher les agressions de la puissance ». Le
travail de la civilité, sans nier ou occulter l'affirmation identitaire,
consiste à réinscrire celle-ci « dans les limites d'un usage négocié, sans
subir ses dérives spontanées ». Après l'identité, la loi, entendue dans
son acception large comme ce qui, par « convention », « organise les
hommes en fixant leurs implications mutuelles » – dans les domaines
du politique, du juridique et de l'économique. La règle conventionnelle
s'exprime par des contraintes, « à la fois nécessaires et sources de déri-
ves que la civilité doit tempérer ». Celle-ci le peut en jouant sur ce que
la « convention » implique d'arbitraire, d'ambiguïté et de contradic-
tion, et sur l'incapacité de tout régler qui concède des espaces à la
transgression, à l'initiative et au droit de se tenir en dehors.
La science contribue à entretenir l'illusion de la maîtrise, l'image
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Chroniques
« DIRE LE SIDA »
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Défis et risques
1. Michaël Pollak, qui est mort du sida en 1992, a publié Les Homosexuels et le Sida
(Paris, Métailié, 1988).
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Défis et risques
« L'EXPLORATEUR DE VISAGES »
Le visage est « une terre que l'on est jamais las d'explorer », Carl
Dreyer l'affirme avec la compétence du métier et la force de la pas-
sion ; une terre qui est aussi une matière animée de l'intérieur. La
double métaphore exprime les deux aspects du visage, celui que lui
impose le rapport social et celui que lui donne la montée des senti-
ments, des émotions et des passions. David Le Breton, à la recherches
des significations, des valeurs, des imaginaires associés aux visages
fait également de celui-ci un lieu qui est dit « le plus humain de
l'homme ». Il le considère alors comme une « scène » où la vie inté-
rieure de la personne se donne à voir, avec ses ambiguïtés et ses ruses.
Explorateurs de visages, il nous entraîne dans le plus fascinant des
parcours. Et tout d'abord dans le mouvement d'une histoire qui
conduit à « l'invention du visage ». Il faut que l'individu se différencie
du collectif, que le corps soit reconnu avec sa valeur propre – et non
plus en tant qu'abri précaire de l'âme – pour que le visage acquiert lui
aussi toute sa valeur. Il se singularise ; il indique les différences, celles
qui sont d'ordre physique et celles qui tiennent à la condition. Le
portrait, dès lors qu'il est une représentation détachée de toute réfé-
rence religieuse, assure en quelque sorte sa « célébration sociale »,
après avoir été le mémorial par lequel les puissants inscrivent leur
présence dans la durée. Bien plus tard, la photographie permet l'avè-
nement d'une « démocratie du visage » ; elle donne à chacun un autre
accès à sa propre image et à son histoire personnelle jalonnée de sou-
venirs, elle contribue à la reconnaissance de son identité.
La passion de lire le visage est ancienne, bien antérieure à la
découverte des multiples particularités individuelles qu'il révèle. Les
Grecs – Aristote, Pythagore, Hippocrate – ont tenté d'associer la
définition des caractères humains, la première élaboration d'une
caractérologie, à l'observation des traits du visage. Au Moyen Âge,
la physiognomonie s'allie à la recherche des signes et des analogies
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Défis et risques
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
Adorno, Theodor W., 229 Bergson, Henri, 17, 110, 119, 133, 305
Al-Fârâbî, 264 Bernand, Carmen, 71, 252, 255
Althusser, Louis, 12 Bernard, Claude, 11
Ansart, Pierre, 87-88, 280-282 Berque, Jacques, 69, 251
Arendt, Hannah, 233 Bloch, Marc, 179
Aristote, 3, 70, 79, 250, 265, 297 Bloch, Maurice, 67, 246-248
Aron, Raymond, 16, 21, 80, 87-88, Bloom, Allan, 266
126, 143, 264, 269, 280-281 Boas, Franz, 171
Atlan, Henri, 273 Boltanski, Luc, 107-108, 300, 302-304
Augé, Marc, 59, 231-232, 234, 262-263 Bouglé, Célestin, 166
Augustin (saint), 281 Bourdieu, Pierre, 21-23, 81, 92-93, 110-
Averroès, 70, 250 111, 129, 145-149, 287, 289, 305-
Avicenne, 70, 250
306, 308
Bourg, Dominique, 45, 199, 201-202
Bachelard, Gaston, 110, 225, 305 Bourne, Randolphe, 122
Baechler, Jean, 84-85, 276-277, 279 Bouveresse, Jacques, 305
Bailly, Jean-Christophe, 67, 244-245 Breytenbach, Breyten, 122
Baldwin, James, 233 Brossat, Alain, 89, 285
Barel, Yves, 26-28, 160-164 Brown, Richard, 20, 140-141, 178, 224
Barley, Nigel, 42-44, 192-197
Brumble, David, 52, 217-220
Bastide, Roger, 34-37, 169-170, 174-
Buber, Martin, 122
176
Bataille, Georges, 30
Bateson, Gregory, 32, 34, 156, 170-174 Caillois, Roger, 30
Bateson, Mary Catherine, 33, 170-171, Cameron, James, 99
174 Camporesi, Pietro, 40, 187-191
Beauvoir, Simone de, 122 Camus, Albert, 122
Benda, Julien, 13, 121 Camus, Dominique, 254
Benedict, Ruth, 171, 173, 179 Canfora, Luciano, 164
Bergé, Christine, 74, 257-259 Carlyle, Thomas, 82, 274
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Index
Heidegger, Martin, 80, 210, 266, 268, Luhmann, Niklas, 27-28, 107, 303
270 Lukács, Georg, 17, 134
Héraclite, 3
Hervieu-Léger, Danièle, 65-66, 245 Machiavel, 3, 77, 79, 87, 109, 264, 266,
Hippocrate, 297 274, 281
Hirschman, Albert O., 25-26, 157-160 Mahomet, 249
Hobbes, Thomas, 4, 264-265 Maïmonide, 70, 78, 250, 264
Hobsbawn, Eric, 178 Malinowski, Bronislaw, 37, 177
Hölderlin, Friedrich, 64, 242 Malraux, André, 294
Homère, 38, 163, 180 Mancini, Silva, 211
Hume, David, 4 Manent, Pierre, 264
Mannheim, Karl, 150
Johnston, William, 62-63, 238-241 Marcuse, Herbert, 122
Joyce, James, 220 Marineau, René, 136
Jung, 256 Marsile de Padoue, 266
Marx, Karl, 15, 22, 87, 92, 125-126,
Kaesler, Dirk, 126 128, 143, 178, 280
Kant, Emmanuel, 144, 264, 272 Mauss, Marcel, 15, 29-32, 34-37, 49, 81,
Karady, Victor, 30, 166 103, 118, 120, 126, 129, 166-170, 175
Kardec, Allan, 74, 257 Mead, Margaret, 32-34, 170-174, 179
Ki-Zerbo, Joseph, 199 Merleau-Ponty, 110, 305
Kôbô, Abé, 299 Métraux, Alfred, 30
Kroeber, Alfred Louis, 175 Miquel, André, 70, 249-251
Kuhn, Thomas, 143 Momaday, Scott, 220
Montaigne, 3
Montesquieu, 4, 12, 79, 267
Laburthe-Tolra, Philippe, 169-170 Moreno, 135-136
Lahire, Bernard, 109-111, 304, 306- Morin, Edgar, 22
309, 311
Las Casas, 71, 252-253
Lawrence, 220 Napoléon III, 19, 138
Le Breton, David, 104-105, 297-300 Nietzsche, Friedrich, 15, 58, 64, 67,
Leach, Edmund, 37 119, 126, 226, 242, 266
Leiris, Michel, 30
Lejeune, Philippe, 216 Orwell, George, 122
Lévi-Strauss, Claude, 4, 22, 30-31, 34,
207 Pahre, Robert, 143-144
Lévy-Bruhl, 82, 273 Paillard, Bernard, 100-101, 295-296
Le Play, Frédéric, 19, 138 Pangle, Thomas, 269
Locke, John, 4, 7, 79, 267 Parsons, Talcott, 28, 126, 178
Louis, Michel, 205 Passeron, Jean-Claude, 127-128
Louis XVI, 56 Paulme, Denise, 30, 184
Lourau, René, 140-141 Péguy, Charles, 29, 167
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1. Le chemin de la science . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2. Sciences du social, critique sociale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3. La trilogie fondatrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
4. Héritiers et dissidents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
5. Naissance sociologique de l'anthropologie . . . . . . . . . . . . 29
6. Classiques, moins classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
7. Temps et imaginaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
8. Autour du sacré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
9. Figures du politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
10. Défis et risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
11. Fin du parcours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
II. CHRONIQUES
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Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313
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