You are on page 1of 50

ÉNERGIES

Ti301 - Conversion de l’énergie électrique

Généralités sur les machines


électriques tournantes

Réf. Internet : 42250

Actualisation permanente sur


www.techniques-ingenieur.fr
Tec h n ique s de l ’I n gé ni eur
La plus impor tante ressource documentaire scientifique
et technique en français

Une information fiable, claire et actualisée


Validés par un comité scientifique et mis à jour en permanence sur Internet,
les articles Techniques de l’Ingénieur s’adressent à tous les ingénieurs et
scientifiques, en poste ou en formation.
Outil d’accompagnement de la formation et de la carrière des ingénieurs,
les ressources documentaires Techniques de l’Ingénieur constituent le socle
commun de connaissances des acteurs de la recherche et de l’industrie.

Les meilleurs experts techniques et scientifiques


Plus de 200 conseillers scientifiques et 3 500 auteurs, industriels, chercheurs,
professeurs collaborent pour faire de Techniques de l’Ingénieur l’éditeur
scientifique et technique de référence.
Les meilleurs spécialistes sont réunis pour constituer une base de
connaissances inégalée, vous former et vous accompagner dans vos projets.

Une collection 100 % en ligne


• Accessibles sur www.techniques-ingenieur.fr, les dernières nouveautés et
actualisations de votre ressource documentaire
• Les articles téléchargeables en version PDF

Des services associés


Rendez-vous sur votre espace « Mon compte » en ligne pour retrouver la liste
des services associés à vos droits d’accès et les utiliser.

 Des services associés


Pour toute information, le service clientèle reste à votre disposition :
Tél : 01 53 35 20 20 l Fax : 01 53 26 79 18 l Mail : infos.clients@teching.com

III
Cet ouvrage fait par tie de
Conversion de l’énergie électrique
(Réf. Internet ti301)
composé de  :

Électrotechnique générale Réf. Internet : 42333

Réseaux électriques linéaires Réf. Internet : 42258

Mesures et essais en électrotechnique Réf. Internet : 42247

Matériaux magnétiques en électrotechnique Réf. Internet : 42259

Matériaux isolants en électrotechnique Réf. Internet : 42255

Matériaux conducteurs et plasmas Réf. Internet : 42251

Composants passifs et transformateurs statiques Réf. Internet : 42246

Outils d'analyse en électronique de puissance et métrologie Réf. Internet : 42278

Composants actifs en électronique de puissance Réf. Internet : 42245

Convertisseurs électriques et applications Réf. Internet : 42253

Accumulateurs d'énergie Réf. Internet : 42243

Généralités sur les machines électriques tournantes Réf. Internet : 42250

Différents types de machines électriques tournantes Réf. Internet : 42249

Machines électriques tournantes : conception, construction et Réf. Internet : 42252

commande

Systèmes électriques pour énergies renouvelables Réf. Internet : 42248

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

IV
Cet ouvrage fait par tie de
Conversion de l’énergie électrique
(Réf. Internet ti301)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Bruno ALLARD
Professeur des Universités, Département de Génie Électrique de l'INSA de
Lyon, Directeur et chercheur au laboratoire Ampère, CNRS UMR 5005

François COSTA
Agrégé en Génie électrique, Docteur ès Sciences Physiques, Professeur des
universités à l'IUFM de Créteil, Chercheur au SATIE/ENS-Cachan

Éric LABOURÉ
Professeur des Universités (Université Paris Sud - IUT de Cachan)

Thierry LUBIN
Maître de conférences - HDR à l'Université de Lorraine. Chercheur au
laboratoire GREEN de Nancy

Frédéric MAZALEYRAT
Professeur à l'ENS de Cachan, chercheur au SATIE-ENS Cachan (Systèmes et
applications des technologies de l'information et de l'énergie-École normale
supérieure de Cachan)

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Hamid BEN AHMED


Pour les articles : D3412 – D3414

Yves BERTIN
Pour les articles : D3460 – D3462

Pierre-Emmanuel CAVAREC
Pour les articles : D3412 – D3414

Albert FOGGIA
Pour l’article : D3440

Bernard MULTON
Pour les articles : D3412 – D3414

Bertrand NOGARÈDE
Pour les articles : D3410 – D3411

Jacques SAINT-MICHEL
Pour l’article : D3420

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

VI
Généralités sur les machines électriques tournantes
(Réf. Internet 42250)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Machines tournantes  : conversion électromécanique de l'énergie D3410 9

Machines tournantes : principes et constitution D3411 13

Actionneurs électromagnétiques. Classiication topologique D3412 19

Actionneurs électromagnétiques. Performances comparées D3414 25

Bobinage des machines tournantes à courant alternatif D3420 29

Méthodes de calcul des inductances de fuites D3440 35

Refroidissement des machines électriques tournantes D3460 39

Refroidissement des machines tournantes. Études paramétriques D3462 45

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

VII
 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQP

Machines tournantes : conversion


électromécanique de l’énergie

par Bertrand NOGAREDE


Professeur des Universités
Docteur de l’Institut National Polytechnique de Toulouse
Responsable du groupe Machines et Mécanisme Électroactifs du LEEI
(UMR-CNRS N° 5828) de l’ENSEEIHT/INPT – Toulouse

1. Éléments de thermo-dynamique des systèmes


électromécaniques ................................................................................. — 2
1.1 Postulats et hypothèses de travail ............................................................. — 2
1.2 Expressions élémentaires du travail et de la chaleur ............................... — 3
1.3 Équilibre des systèmes électromécaniques .............................................. — 4
1.3.1 Principes de conservation et d’évolution ......................................... — 4
1.3.2 Notion de potentiel thermodynamique ............................................ — 6
1.3.3 Forces et couples en régime quasi statique ..................................... — 7
1.4 Électrodynamique des systèmes en mouvement :
approche variationnelle .............................................................................. — 9
1.4.1 Variables électromécaniques généralisées ...................................... — 9
1.4.2 Principe de moindre action................................................................ — 10
1.4.3 Équations de Lagrange ...................................................................... — 10
2. Procédés élémentaires de conversion électromécanique
de l’énergie ................................................................................................ — 12
2.1 Classification des phénomènes d’interaction exploitables...................... — 12
2.2 Interaction par effets magnétiques ............................................................ — 12
2.3 Interaction par effets électriques................................................................ — 15
2.4 Interaction par effet de couplage électroélastique ................................... — 15
2.5 Interaction par effet de couplage magnétoélastique................................ — 16
2.6 Autres procédés d’interaction .................................................................... — 17
2.6.1 Interaction électromécanique dans les liquides............................... — 18
2.6.2 Interaction par effets thermoélastiques ou électrochimiques ........ — 18
2.7 Comparaison des effets exploitables en termes d’efforts
et de puissances spécifiques ...................................................................... — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 19

i, depuis l’avènement des premiers dispositifs opérationnels de conversion


S électromécanique de l’énergie, le champ d’application des machines élec-
triques n’a cessé de s’élargir, ce mouvement subit une véritable explosion
durant le dernier quart du vingtième siècle. En effet, outre le développement des
applications traditionnelles de l’électricité à base de moteurs ou de générateurs
(traction ferroviaire, production d’énergie, laminage...), c’est plus généralement
au sein des systèmes électriques modernes que actionneurs et capteurs électro-
mécaniques trouvent désormais leurs débouchés les plus novateurs [équipe-
ments de l’automobile : par exemple, une Citroën DS 21 « Pallas » modèle 1968
comporte moins de 10 actionneurs électromécaniques (moteurs à collecteur
pour la plupart), tandis qu’une XM V6 « Exclusive » des années 1990 en compte
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPP

plus de 50 (relais non compris), dont 30 sont affectés aux fonctions de contrôle
du moteur ; avionique ; bureautique ; domotique...]. Ainsi, alors que l’utilisation

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 410 − 1


r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQP

MACHINES TOURNANTES : CONVERSION ÉLECTROMÉCANIQUE DE L’ÉNERGIE ____________________________________________________________________

des possibilités offertes par l’électricité a longtemps consisté à « adapter » des


solutions à vocation générique (le moteur « universel » illustre de manière parti-
culièrement claire cette philosophie), la diversification des besoins de même
que les performances requises, face aux défis technologiques du moment
(aéronau-tique et espace, trains à grande vitesse, microchirurgie...), insufflent
une dynamique nouvelle dans le domaine des machines et actionneurs électro-
mécaniques : la fonction induit désormais spécifiquement l’organe. Ce schéma
prend ainsi un sens particulièrement aigu à l’ère des « microsystèmes » dont le
succès repose sur l’intégration, à une échelle submillimétrique, d’actionneurs et
de capteurs réalisés et exploités de manière collective.
Le présent article propose un tour d’horizon des différentes solutions tech-
nologiques en présence. Si une présentation exhaustive des structures exploi-
tées à ce jour reste relativement illusoire, l’exposé vise plutôt à dégager les
concepts de base sur lesquels repose la conception des machines et actionneurs
modernes. Dans ce premier fascicule, après avoir mis en place le formalisme
énergétique général qui caractérise, d’un point de vue phénoménologique, la
transformation électromécanique de l’énergie, les différents phénomènes phy-
siques susceptibles de concourir à cette transformation sont logiquement intro-
duits.
L’article « Machines électriques tournantes. Conversion électromécanique de
l’énergie » fait l’objet de deux fascicules :
D 3 410 Machines tournantes : conversion électromécanique de l’énergie.
D 3 411 Machines tournantes : principes et constitution.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter à l’autre fascicule.

1. Éléments de thermo-
dynamique des systèmes Interaction
électro-
électromécaniques δWelec
magnéto-
mécanique

1.1 Postulats et hypothèses de travail

De par son caractère fédérateur vis-à-vis des différents domaines


de la physique, le point de vue thermodynamique offre une base (δmec )
(S
(Selec )
puissante et générique pour formaliser le problème de la conver- δWmec
sion électromécanique de l’énergie. Ainsi, conformément au (Me )
schéma donné sur la figure 1, les convertisseurs étudiés seront δQ
considérés, de manière générale, comme des systèmes fermés
capables d’assurer un transfert d’énergie entre des générateurs et Selec sources électriques
des récepteurs de nature électrique et mécanique, grâce à l’exploita- générateurs ou récepteurs
Smec sources mécaniques
tion d’un ou plusieurs phénomènes d’interaction électro-magnéto-
Me milieu extérieur
mécanique. Dans le contexte de la thermodynamique classique, un
tel système est caractérisé par un ensemble de paramètres macro- δWelec , δWmec énergie reçue sous forme de travail
scopiques (de natures scalaire, vectorielle ou tensorielle) parmi les- (électrique et mécanique)
quels on peut distinguer les paramètres externes, ou paramètres δQ énergie reçue sous forme de chaleur
observables directement déterminés par la position, au sens large,
des corps extérieurs (volume, allongement, charge électrique…),
des paramètres internes liés à la position et au mouvement des Figure 1 – Schéma fonctionnel général d’un convertisseur
sous-ensembles constituant le système lui-même (pression, éner- électromécanique
gie, aimantation…). Les paramètres internes peuvent être soit à
caractère intensif, lorsqu’ils sont indépendants de la quantité de
matière ou de particules mises en jeu (température, champ électri-
que…), soit à caractère extensif, ou additif, dans le cas contraire L’état du système, c’est-à-dire la forme de son existence, est défini
(énergie, quantité de mouvement…). par l’ensemble des paramètres macroscopiques indépendants. Les
grandeurs qui sont indépendantes de l’évolution antérieure du sys-
Nota : remarquons que, en fonction des conditions d’exploitation du système et des
impositions dont il fait l’objet, une même grandeur physique peut être tantôt considérée tème, et donc entièrement déterminées par son état à un instant
comme un paramètre externe ou comme un paramètre interne. donné, sont appelées fonctions d’état.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 410 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

QP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQP

_____________________________________________________________________ MACHINES TOURNANTES : CONVERSION ÉLECTROMÉCANIQUE DE L’ÉNERGIE

■ L’état d’équilibre thermodynamique est atteint lorsque, d’une conséquent, si l’on fait tendre cette vitesse vers zéro, leur travail
part, les paramètres du système ne varient pas avec le temps, ce qui peut être négligé devant celui des autres forces (infiniment petit du
définit un état stationnaire (ou état de régime permanent), et que, second ordre). On pourra ainsi définir dans ce deuxième cas une
d’autre part, il ne subsiste aucun flux d’énergie stationnaire entre- transformation limite réversible.
tenu par une source extérieure quelconque. En vertu du premier
postulat de la thermodynamique, le système isolé passe nécessaire- ■ Soulignons ici que, dans le cadre de l’étude des convertisseurs
ment par un tel état et ne peut le quitter spontanément. Dès lors, d’énergie, les notions de transformations quasi statique, réversible
écarté de sa position d’équilibre puis laissé libre d’évoluer par lui- limite, ou idéale, revêtent une importance considérable (§ 1.3), dans la
même, le système y revient nécessairement au bout d’un temps mesure où elles permettent d’accéder aux valeurs limites maximales
appelé temps de relaxation. des grandeurs caractéristiques de la conversion d’énergie réalisée (tra-
vail fourni, rendement, forces maximales développées…).
Le deuxième postulat de la thermodynamique stipule que, à
l’équilibre thermodynamique, tous les paramètres internes sont En ce qui concerne, enfin, les hypothèses spécifiques aux phéno-
fonction des paramètres externes et de la température. L’état instan- mènes électromagnétiques intervenant dans les systèmes considé-
tané du système peut alors être complètement caractérisé par un rés, ils seront classiquement supposés s’opérer dans le cadre de
nombre minimal de paramètres indépendants appelés paramètres l’approximation des états quasi stationnaires. Ainsi, les phénomè-
d’état. Les paramètres externes étant définis par la position des nes d’induction électromagnétique liés à la loi de Faraday seront
corps extérieurs, les grandeurs d’état associées à l’équilibre thermo- pris en compte tout en négligeant le couplage électromagnétique
dynamique excluent les paramètres de vitesse dont la définition dont résultent les phénomènes de propagation associés. On exclut
repose sur la connaissance de la position du système à deux ins- de ce fait du présent article le cas marginal de dispositifs électromé-
tants différents. Notons ici que la caractérisation de l’état du sys- caniques qui exploiteraient les effets de la pression de radiation
tème en mouvement nécessitera généralement de considérer un jeu électromagnétique !
de variables plus complet définissant conjointement la position et la
vitesse généralisée du système à chaque instant (§ 1.4).
1.2 Expressions élémentaires du travail
■ Lorsqu’une transformation est constituée d’une suite continue
d’états d’équilibre, elle sera dite quasi statique ou équilibrée. Les et de la chaleur
paramètres du système varient alors de manière infiniment lente
par rapport à leur vitesse moyenne de variation lors de la relaxation. Les paramètres externes caractérisent l’action du milieu exté-
Soulignons que les transformations quasi statiques sont nécessai- rieur sur le système ; ils permettent donc de définir les échanges
rement des transformations réversibles, c’est-à-dire des processus d’énergie résultant du travail accompli par les sources extérieures.
constitués d’une suite d’états d’équilibre dont le sens d’évolution Ainsi, si n paramètres externes qj subissent une variation infiniment
peut être renversé à partir d’une action infiniment petite sur les petite dqj, le travail reçu par le système s’exprimera alors de
paramètres externes (§ 1.3.1). En effet, l’état du système étant défini manière générale par (on adopte ici la convention de sommation sur
à chaque instant par la température et les paramètres externes les indices répétés) :
(deuxième postulat), une variation infinitésimale sur ces derniers
δ W = f a j dq j ( j = 1, …, n ) (1)
opérée en sens inverse du sens de la transformation directe permet-
tra de revenir à l’état initial sans modification des corps extérieurs. où faj désigne la force généralisée, paramètre conjugué de la coor-
Le travail et la chaleur échangés prendront alors des valeurs oppo- donnée qj, qu’applique la source extérieure sur le système.
sées à celles obtenues au cours de la transformation directe.
A l’équilibre, ce paramètre externe s’identifie à un paramètre
■ Lorsque le système possède une énergie cinétique macrosco-
interne à caractère généralement intensif correspondant à la force
pique, ce qui est généralement le cas des systèmes électroméca-
généralisée noté fj. Par conséquent, en vertu du deuxième postulat,
niques, les transformations qu’il subit ne peuvent être réversibles
les forces généralisées sont, à l’équilibre ou durant toute transfor-
puisque la notion d’état d’équilibre thermodynamique suppose le
mation quasi statique, fonctions des paramètres externes et de la
repos mécanique. Néanmoins, une décomposition judicieuse du
température. Les relations correspondantes sont alors dénommées
système peut permettre d’isoler des sous-ensembles macrosco-
équations d’état du système.
piques (éventuellement des volumes élémentaires) qui sont chacun
au repos dans un référentiel convenablement choisi et sont, par Exemple : pour la charge d’un condensateur à travers une résis-
conséquent, à même de subir des transformations réversibles tance, le travail élémentaire fourni par le générateur extérieur s’expri-
dans ces référentiels (notion d’état local). De telles transformations me, dans le cas général, par :
seront dites idéales dans la suite de l’article. L’interaction entre un
δ W = va d qC (2)
système de champs magnétiques tournants, stationnaires dans un
référentiel tournant synchrone du champ, pourra ainsi être considé- avec δ W ( J ) travail élémentaire fourni par le générateur,
rée sous certaines conditions comme le fruit d’une transformation
va(V) tension appliquée par le générateur,
idéale ([D 3 411] §1).
qC(C) charge électrique traversant le générateur et accumulée
■ Remarquons que les transformations réelles sont toujours irré- dans le condensateur.
versibles en raison de l’existence de phénomènes dissipatifs tels
A l’équilibre, la tension va (force généralisée externe) s’identifie à la
que le frottement, l’effet Joule, l’hystérésis magnétique… qui ren-
tension vC aux bornes du condensateur (force généralisée interne).
dent impossible le renversement de l’échange énergétique corres-
Cette identité reste vraie au cours d’une charge infiniment lente obte-
pondant.
nue en contrôlant le générateur de manière telle que le courant reste
Dans le cas des phénomènes dissipatifs à caractère hystérétique, infiniment petit ; la puissance dissipée par effet Joule, infiniment petit
comme le frottement solide, cette irréversibilité demeure même du second ordre, peut en effet être négligée devant la quantité du pre-
lorsque l’on considère des transformations limites infiniment mier ordre que constitue la puissance fournie par le générateur. La trans-
lentes : les forces dissipatives sont des valeurs non-infiniment peti- formation obtenue correspond alors à une transformation limite
tes qui s’inversent avec la vitesse, de sorte que les travaux corres- réversible que l’on peut également qualifier de processus quasi statique.
pondants (infiniment petits du même ordre que celui des autres Quant à l’équation d’état du système, elle s’écrit classiquement :
forces) ne peuvent changer de signe lorsque l’on inverse le sens de
la transformation. q
v C = -----C-
C
En revanche, dans le cas du frottement visqueux et des phénomè-
nes associés tels que l’effet Joule, les forces de frottement, fonc- avec C (F)capacité du condensateur (éventuellement fonc-tion de la
tions quadratiques des vitesses, s’annulent avec la vitesse. Par charge et de la température).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 410 − 3

QQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQP

MACHINES TOURNANTES : CONVERSION ÉLECTROMÉCANIQUE DE L’ÉNERGIE ____________________________________________________________________

(0) continu qui le compose. Les expressions élémentaires correspon-


Tableau 1 – Expressions élémentaires du travail dantes sont ainsi rassemblées dans le tableau 1.
et de la chaleur dans le cas d’une transformation S’agissant des apports effectués sous forme électromagnétique
[11] [12], l’évaluation du flux du vecteur de Poynting à travers la sur-
quasi statique et paramètres d’état associés face délimitant le volume élémentaire considéré conduit à distin-
Énergie Expression locale Expression guer le travail résultant de la variation des paramètres gouvernant le
apportée sous globale champ électrique :
forme de
δ W elec = E i d D i
1
E i d D i = d  --- ε 0 E i  + E i d P i
2 de celui résultant de la variation des paramètres associées au
travail 2 champ magnétique :



« électrique » va d qC




δWelec Travail d’excitation Travail de


du champ électrique polarisation
dans le vide électrique
δ W mag = H i d B i
(D = ε 0 E + P ) Notons que la part de ces travaux spécifiquement associée aux phé-
nomènes de polarisation des milieux diélectriques ou magnétiques
1 en présence doit être évaluée en soustrayant des expressions précé-
H i d B i = d  --- µ 0 H i  + H i d J i
2
travail 2 dentes l’énergie d’excitation du champ dans le vide.
ia d ϕ


« magnétique » Par conséquent, il pourra parfois être judicieux d’effectuer un






δWmag Travail d’excitation Travail de


du champ magnétique polarisation
dans le vide magnétique
choix de variables plus adapté en considérant, à la place des varia-
tions du déplacement électrique D ou du champ magnétique B, les
(B = µ 0 H + J ) variations de la polarisation électrique P ou de la polarisation
Translation : magnétique J elles-mêmes.
travail fa i d u i
« mécanique » TikdSik S’agissant des contributions d’origine mécanique, elles résultent,
δWmec Rotation : outre les effets du champ de gravitation extérieur, du travail des for-
γa0xi dαi ces de contrainte interne lors de la déformation quasi statique d’un
chaleur Θ dσ Θ dΣ volume élémentaire du corps :
δQ
Nomenclature : δ W mec = T ik d S ik
Ei (V.m–1) : composantes du vecteur champ électrique E
Dès lors, l’intégration de ces différents termes volumiques éten-
Di (C.m–2) : composantes du vecteur déplacement électrique D
due à tout l’espace occupé par le système permet d’accéder, moyen-
Pi (C.m–2) : composantes du vecteur polarisation électrique P nant l’introduction des lois générales qui le gouvernent et des
–1
Hi (A.m ) : composantes du pseudo-vecteur excitation magnétique H conditions aux frontières, aux expressions du travail impliquant les
Bi (T) : composantes du pseudo-vecteur champ magnétique B paramètres caractéristiques de son fonctionnement à l’échelle glo-
Ji (T) : composantes du pseudo-vecteur polarisation magnétique J bale (tableau 1).
Tik (N.m–2) : composantes du tenseur de contrainte T
Sik : composantes du tenseur de déformation relative S ■ Quant aux échanges s’opérant sous forme de chaleur, il apparaît
Θ (K) : température que la quantité élémentaire de chaleur reçue par le système durant
σ (J.K–1.m–3) : entropie volumique une transformation quasi statique s’exprime, comme le travail, sous
va (V) : tension appliquée
la forme du produit d’une grandeur à caractère intensif, la tempéra-
ture, par la variation de la coordonnée qui lui est conjuguée, l’entro-
qC (C) : charge électrique
pie (§ 1.3.1).
ia (A) : courant électrique
ϕ (Wb) : flux magnétique
fai (N) : composantes du vecteur force appliquée
ui (m) : composantes du vecteur déplacement 1.3 Équilibre des systèmes
γa0xi (N.m) : moment du couple appliqué électromécaniques
αi (rad) : angle de rotation (par rapport à l’axe Oxi)
Σ (J.K–1) : entropie totale

ε0
1
: permittivité du vide (= ---------- .10 –9 F/m) 1.3.1 Principes de conservation et d’évolution
36 π
µ0 : perméabilité du vide (= 4π.10 –7 H/m) Les systèmes électromécaniques considérés étant fermés a priori,
Nota : les composantes vectorielles ou tensorielles indiquées ci-dessus se rapportent à l’étude phénoménologique de leur équilibre et de leur évolution
un système d’axes orthonormés (Ox1, Ox2, Ox3). Les termes énergétiques sont écrits en peut être appréhendée de manière générale à partir des deux pre-
adoptant la convention de sommation sur les indices répétés, les indices i, k variant de 1 à 3.
miers principes de la thermodynamique [1]. Un énoncé synthétique
de ces deux principes est rappelé dans le tableau 2.
■ Notons que l’expression différentielle définissant le travail ne Ainsi, tandis que le premier principe consiste en une loi de
constitue pas une forme différentielle totale exacte d’une fonction conservation, englobant, en un seul et même concept, l’énergie, les
des paramètres d’état du système, l’évaluation du travail reçu au notions de travail et de chaleur, l’inégalité définissant la formulation
cours d’une transformation quelconque dépendant du chemin du second principe en fait une loi d’évolution : la production d’entro-
emprunté entre les états initiaux et finaux (et non simplement des pie donne le sens de toute transformation spontanée et indique en
points extrêmes du trajet considéré, comme ce serait le cas pour cela « la flèche du temps ».
l’évaluation de la variation d’une fonction d’état). L’entropie produite pouvant être considérée comme une mesure
Dans le cas des systèmes électromécaniques, les échanges éner- du degré d’irréversibilité de la transformation, les états d’équilibre,
gétiques peuvent a priori être effectués sous forme électromagné- de même que les processus quasi statiques, seront caractérisés par
tique, mécanique ou thermique. Ces échanges peuvent être évalués une production d’entropie nulle :
soit à l’échelle globale du système pris dans son ensemble, soit à
l’échelle locale en isolant une partie élémentaire du milieu supposé δ σp = 0

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 410 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

QR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQQ

Machines tournantes :
principes et constitution

par Bertrand NOGAREDE


Professeur des Universités
Docteur de l’Institut National Polytechnique de Toulouse
Responsable du groupe Machines et Mécanismes Électroactifs du LEEI
(UMR-CNRS n° 5828) de l’ENSEEIHT/INPT – Toulouse

1. Machines tournantes à interaction de champs magnétiques ..... D 3 411 – 2


1.1 Modes de création des champs magnétiques tournants ......................... — 2
1.2 Conversion d’énergie par interaction de champs et de moments
magnétiques tournants ............................................................................... — 6
1.3 Structures à moments magnétiques produits .......................................... — 7
1.4 Structures à moments magnétiques induits ............................................. — 10
1.5 Notion de commutation .............................................................................. — 13
2. Éléments constitutifs des parties actives et matériaux utilisés — 13
2.1 Circuits magnétiques et sources de champ .............................................. — 13
2.2 Conducteurs et supraconducteurs ............................................................. — 16
2.3 Matériaux électroactifs................................................................................ — 16
3. Conception des convertisseurs électromécaniques ...................... — 17
3.1 Principales étapes du processus de conception ....................................... — 18
3.2 Différents niveaux méthodologiques en présence ................................... — 18
3.3 Du concept à la structure dimensionnée :
« conception par optimisation »................................................................. — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 22

arallèlement à la diversification en termes d’application, le champ des solu-


P tions techniques exploitables en conversion électromécanique de l’énergie
s’est sensiblement enrichi. Il est clair que les progrès accomplis dans le domaine
de l'électronique de puissance constituent un facteur déterminant quant au déve-
loppement de structures électromécaniques répondant de manière de plus en
plus souple et efficace aux cahiers des charges visés (variation de vitesse, gestion
des réversibilités énergétiques …). Si ces progrès concernent initialement des
structures classiques, à effet magnétique, le développement de nouveaux maté-
riaux dotés de performances et de fonctionnalités accrues (matériaux magnéti-
ques composites, supraconducteurs, « électroactifs » tels que les céramiques
piézoélectriques et les alliages magnétostrictifs …) conduit aujourd’hui à un élar-
gissement sensible des principes mêmes grâce auxquels la conversion d’énergie
peut s’opérer.
Compte tenu de la large prédominance dont elle bénéficie, la famille des
machines tournantes à interaction de champs magnétiques fait ici l’objet d’une
étude spécifique : sur la base d’une approche analytique originale, les principes
élémentaires classiquement exploités en sont globalement étudiés et caractéri-
sés. Face aux aspects techniques qui sous-tendent la conception des structures
considérées, quelques données et tendances relatives aux principales familles
de matériaux utilisés sont alors proposées, avant que ne soient finalement abor-
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPQ

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 411 − 1

QS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQQ

MACHINES TOURNANTES : PRINCIPES ET CONSTITUTION ____________________________________________________________________________________

dés les aspects méthodologiques liés au dimensionnement optimal d’une struc-


ture satisfaisant à un jeu de spécifications et de critères donnés.
L’article « Machines électriques tournantes. Conversion électromécanique de l’énergie » fait
l’objet de deux fascicules :
D 3410 Machines tournantes : conversion électromécanique de l’énergie
D 3411 Machines tournantes : principes et constitution
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter à l’autre fascicule.

1. Machines tournantes aimanté perpendiculairement à son axe de révolution et placé au


centre d’une cavité cylindrique délimitée à sa périphérie par une
à interaction de champs zone de perméabilité supposée infinie (culasse idéale). La longueur
de la cavité étant grande devant son rayon d’alésage, les effets
magnétiques d’extrémités seront négligés. L’énergie magnétique libérée par
l’aimant est alors confinée dans le volume de la cavité.
La répartition du champ magnétique dans ce volume est régie par
les équations de la magnétostatique données par :
Les machines tournantes à effets magnétiques constituent de
toute évidence la famille de convertisseurs électromécaniques div B = 0
ayant bénéficié des plus larges développements, tant du point de 
vue des applications concernées (du micromoteur de montre à  (ce qui permet de poser B = rot A , où A désigne le potentiel

l’alternateur de centrale nucléaire !), que des architectures électro-  vecteur assujetti au choix : div A = 0)
mécaniques exploitées et des choix technologiques associés. Face 
aux diverses solutions en présence pour transformer, à l’aide de  rot H = j = 0
 (en l’absence de densité de courant j )
sources magnétiques interagissant au sein d’une structure rotative,
de l’énergie électrique en énergie mécanique (fonctionnement en
moteur) ou, réciproquement, de l’énergie mécanique en énergie
électrique (fonctionnement en générateur), il est clair que le concept
de « champ magnétique tournant » joue un rôle primordial. Aussi,
bien que cette notion ne permette pas à elle seule une présentation
exhaustive et détaillée de toutes les structures exploitées à ce jour Culasse magnétique de grande perméabilité
(cf. les articles spécialisés du présent traité), les principes fonda- (µ & ) H = 0 dans le volume de la culasse)
mentaux sur lesquels reposent leur fonctionnement et leur concep-
tion sont ici introduits en examinant les procédés élémentaires
d’interaction entre des moments et des champs magnétiques tour- y
nants dans une cavité cylindrique.
À cette fin, l’étude présentée s’appuie sur l’analyse d’une struc- uθ ur
ture idéalisée de machine tournante qui offre la possibilité d’une
J M e z'
approche par résolution analytique des équations du champ en
deux dimensions. Afin de simplifier les développements théoriques,
et sans restreindre leur généralité, le cas d’une architecture bipo- θ α x
laire sera plus particulièrement considéré. La théorie développée x' O
permet alors d’accéder à une caractérisation fonctionnelle des struc-
tures de base (conformément aux présentations à base de schémas z a
équivalents classiquement proposées), tout en offrant l’intérêt de
tenir compte explicitement des dimensions et caractéristiques des
objets considérés [1]. Elle constitue de ce fait une bonne introduc-
tion à la conception et au prédimensionnement des machines élec-
triques tournantes. y'

Aimant de polarisation J uniforme

1.1 Modes de création des champs


a rayon d'alésage de la cavité
magnétiques tournants e entrefer équivalent
Oz axe de révolution
Ox axe polaire de référence
Oy axe de polarisation magnétique
1.1.1 Champ produit par un aimant tournant dans
M, ur , uθ repère local
une cavité cylindrique

Considérons la structure magnétique schématisée sur la figure 1, Figure 1 – Structure aimantée bipolaire
constituée d’un aimant de polarisation magnétique J uniforme, à noyau uniformément polarisé

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 411 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

QT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQQ

_____________________________________________________________________________________ MACHINES TOURNANTES : PRINCIPES ET CONSTITUTION

En introduisant, en outre, la loi constitutive du milieu aimanté, sur H θ s’écrit (en remarquant que la constante ν 2 est nécessaire-
donnée de manière générale par : ment nulle pour assurer le caractère fini de A lorsque r tend vers 0) :
B = µ0H + J (1) Bθ – Jθ
( H θ ) r = a =  ------------------ = –k = 0 (3)
et en remarquant, d’autre part, que le rotationnel de J, supposé uni-  µ0  r = a
forme, est nul dans tout le volume de l’aimant, l’équation générale
gouvernant la répartition du champ magnétique dans l’ensemble du (en l’absence de courant superficiel de densité k = ku z , u z dési-
domaine considéré (aimant et entrefer compris), s’écrit finalement : gnant le vecteur unitaire orientant l’axe Oz). Soit :
∆A = 0 (2) ∂A
( B θ ) r = a = –  ------- = ( Jθ ) = – J sin ( θ – α ) (4)
où ∆ désigne l’opérateur laplacien.  ∂r  r = a r=a

avec J(T) : intensité de la polarisation magnétique du milieu,


Le milieu aimanté considéré ici a trait de manière générale à α(rad) : angle entre l’axe de polarisation Oy et l’axe de
un corps dont la polarisation magnétique J peut être formelle- référence Ox,
ment décomposée en un terme de polarisation spontanée et un
a(m) : rayon d’alésage de la cavité.
terme de polarisation induite qui dépend du champ H. Dans la
mesure où cette dépendance peut être supposée linéaire (sur la Par conséquent, on obtient finalement :
plage de fonctionnement utile de l’aimant), la prise en compte
du terme de polarisation induite revient à corriger la perméa- A ( r, θ ) = rJ sin ( θ – α )
bilité apparente du milieu.
d’où
Dans le cas des aimants permanents, on sera ainsi souvent
amené à considérer une loi constitutive de la forme : 1 ∂A
B r = --- ------- = J cos ( θ – α )
B = µ 0 µ p H + Jr r ∂θ
( 0< r < a )
∂A
avec µp : perméabilité relative de recul de l’aimant B θ = – ------- = – J sin ( θ – α )
∂r
(légèrement supérieure à 1 pour les aimants les plus
performants), Le champ magnétique apparaît alors comme un champ uniforme
Jr(T) : polarisation rémanente de l’aimant. s’identifiant à la polarisation magnétique de l’aimant (B = J), tandis
que le champ H est identiquement nul.

En vertu des hypothèses formulées au début de ce paragraphe, le ■ Dans le cas où l’on tient compte de l’entrefer mécanique séparant
système peut être considéré comme « invariant par translation » la surface de l’aimant de la culasse de perméabilité infinie, les deux
selon l’axe Oz, si bien que seule la composante selon Oz de A est jeux de constantes associées aux expressions du potentiel vecteur
non nulle (le problème se ramène alors à un calcul du champ B en dans les deux zones formant le domaine d’étude (l’aimant et l’entre-
deux dimensions dans un plan perpendiculaire à l’axe Oz). L’équa- fer) sont identifiés distinctement, grâce aux conditions de passage
tion vectorielle (2) se réduit dans ce cas à une équation scalaire qui relatives aux deux interfaces correspondantes. Il vient dans ce cas :
s’écrit, en coordonnées cylindriques (cf. figure 1) : — dans l’aimant ( 0 < r < a – e ) :

2 2 x
∂ A 1 ∂A 1 ∂ A
---------2- + --- ------- + ----2- ---------2- = 0 A ( r, θ ) = 1 – x e  1 – -----e- rJ sin ( θ – α )
r ∂r r ∂θ 2
∂r
d’où :
où A désigne la composante du potentiel vecteur selon l’axe Oz.
Le rayon d’alésage définissant la cavité étant constant (alésage x
sans éléments saillants ou encoches), une solution de cette équa- B r = 1 – x e  1 – -----e- J cos ( θ – α )
2
tion est donnée par :
x

B θ = 1 – x e  1 – -----e- J sin ( θ – α )
2

q –q
A ( r, θ ) = ( ν 1 q r + ν 2 q r ) ( ν 3 q cos qθ + ν 4 q sin qθ ) pour 0< r < a
q=1 — dans l’entrefer ( a – e < r < a )

où q, ν 1 q , ν 2 q , ν 3 q , et ν 4 q désignent des constantes réelles. 1 a 2


A ( r, θ ) = --- ( 1 – x e ) 1 +  --- rJ sin ( θ – α )
2

Cette expression fait apparaître les contributions relatives aux dif- 2 r


férents harmoniques d’espace, de rang q, contenus dans la distribu-
tion des sources du champ. Lorsque ces sources sont à répartition d’où :
sinusoïdale, seuls les termes relatifs au rang d’harmonique corres-
1 a 2
B r = --- ( 1 – x e ) 1 +  --- J cos ( θ – α )
pondant sont à considérer, q s’identifiant alors au nombre de paires 2
de pôles de la structure magnétique. 2 r
Dans le cas particulier de la structure bipolaire à aimant unifor- 1 a 2
B θ = – --- ( 1 – x e ) 1 –  --- J sin ( θ – α )
2
mément polarisé (les composantes radiales et tangentielles de la 2 r
polarisation sont des fonctions harmoniques en θ), le problème se
réduira ainsi à la détermination des constantes relatives au rang avec e (m) : épaisseur de l’entrefer mécanique,
q = 1. Celles-ci seront identifiées en considérant les conditions de e
xe : coefficient d’entrefer relatif  x e = --- .
passage auxquelles sont assujetties la composante normale de B et  a
la composante tangentielle de H au niveau des interfaces du
● La présence de l’entrefer conduit ainsi, dans le volume de
domaine (interface aimant-entrefer ou entrefer-culasse).
l’aimant, à l’apparition d’un champ H à caractère démagnétisant qui
■ Considérant, dans un premier temps, le cas particulier où réduit d’autant l’intensité B du champ à répartition uniforme dans le
l’aimant remplit toute la cavité (entrefer e négligé), la condition volume de l’aimant que l’entrefer augmente :

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 411 − 3

QU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQQ

MACHINES TOURNANTES : PRINCIPES ET CONSTITUTION ____________________________________________________________________________________

— lorsque l’entrefer relatif tend vers 1 (cas limite d’un aimant


cylindrique fonctionnant dans l’air loin de tout corps magnétique), Conducteur Culasse magnétique statorique
le niveau de champ obtenu dans l’aimant et, par conséquent, le flux ( « aller » ou « retour »)
magnétique utile, sont réduits de moitié par rapport au cas idéal
obtenu pour e = 0 ;
— dans le cas où e reste petit devant a (les entrefers mécaniques y
relatifs mis en jeu dans les machines électriques sont généralement e
de l’ordre de quelques pourcent du rayon d’alésage), cette réduction
est proportionnelle, en première approximation, à la valeur de z'
l’entrefer relatif.
En ce qui concerne le champ dans l’entrefer, sa distribution non α x
uniforme est cependant caractérisée par une variation sinusoïdale x' O a
de ses composantes radiales et tangentielles le long d’un rayon r
donné. Notons, en outre, que l’amplitude de la composante tangen- z
tielle de B est un infiniment petit du premier ordre par rapport à xe,
tandis que l’amplitude de la composante radiale pourra être assimi-
lée en première approximation à l’intensité de polarisation J. y'

■ Dès lors, lorsque l’aimant subit une rotation autour de son axe de
révolution à vitesse constante [ α = Ωt + β 0 ] , le champ tournant qui
Nappe de conducteurs
en résulte se manifeste, dans le cas de la géométrie considérée, par superficiels équivalents
une évolution sinusoïdale, en quadrature de phase, des composantes
radiales et tangentielles de B (ou de H ) en un point d’observation
Têtes de bobine
donné de la cavité. Il sera par conséquent souvent judicieux d’adop-
(représentation partielle) Noyau magnétique intérieur
ter une représentation de ce champ sous forme complexe en posant :
B = ( B r + j B θ ) exp ( jθ ) (5)
a structure classique b structure idéalisée
a à bobinages logés b à bobinages superficiels
Exemple : B = J exp [ j ( Ωt + β 0 ) ] dans le cas où e est négligeable a dans des encoches b (distribution sinusoïdale
devant a. a des conducteurs)

a rayon d'alésage de la cavité


1.1.2 Champ produit par une distribution e entrefer équivalent
sinusoïdale de courants superficiels Oy axe magnétique de la bobine

Dans le calcul du champ développé au paragraphe 1.1.1, il est Figure 2 – Structure schématique d’une armature bobinée bipolaire
intéressant de noter que la source magnétique constituée par
l’aimant à polarisation uniforme intervient simplement par le biais avec i ( A ) : courant instantané parcourant le bobinage,
de la condition de passage que satisfait le champ d’excitation au
niveau de l’interface aimant-entrefer. Cette condition traduit ainsi le c (conducteurs.m –1) : fonction de répartition angulaire des
fait que l’aimant considéré est formellement équivalent à une den- conducteurs,
sité de courants superficiels distribués à la surface du cylindre de C (conducteurs.m –1) : valeur maximale de la densité linéique
rayon a – e (l’aimant ayant été remplacé par un milieu de perméa- des conducteurs.
bilité µ 0 ), selon une loi définie par :
Le signe de c rend compte de l’orientation « aller », c > 0, ou
« retour », c < 0, des conducteurs selon Oz.
J 
k ( θ, α ) = – -----θ- = K sin ( θ – α )  ● Dans le cas particulier où l’enroulement à distribution sinusoï-
µ0  dale est accolé à l’alésage, le volume de la cavité, de perméabilité
 (6)
J  µ0, sera donc le siège d’un champ uniforme dont l’intensité a pour
où : K = ------
µ0  valeur instantanée µ 0 Ci ( t ) .

Notons que, α étant constant, la circulation d’un courant alternatif
–1
avec k ( A.m ) : densité linéique de courants superficiels équivalente, dans le bobinage conduit à la production d’un champ de direction
–1
K ( A.m ) : amplitude de la densité linéique de courants fixe dont la polarité s’inverse périodiquement. Ce type de champ est
(charge linéique). ainsi qualifié de champ pulsant. Il est intéressant de constater qu’un
tel champ peut se décomposer en deux champs tournants de même
■ Par conséquent, comme l’illustre la figure 2b, si l’on considère intensité et animés de vitesse de rotation opposées (§ 1.2).
inversement le champ produit par une distribution sinusoïdale de Le courant étant défini par :
conducteurs (répartis au niveau du rayon a – e ), constituant une
bobine d’axe Oy parcourus par un courant donné, le champ magné- i ( t ) = I cos ( ωt + β )
tique produit sera identique, en tout point de la cavité, à celui avec I ( A ) : amplitude du courant,
qu’engendrerait, conformément aux expressions précédemment
établies (§ 1.1), un milieu aimanté de polarisation équivalente J eq ω (rad.s –1) : pulsation,
donnée par : β (rad) : phase à l’origine,
J eq = µ 0 K = µ 0 C i (7) l’expression du champ sous forme complexe se décompose en effet
selon :
le bobinage étant défini par la fonction de répartition des conduc- B = µ 0 Ci exp ( j α ) 
teurs : 
µ0 C I µ0 C I  (8)
= ------------- exp [ j ( ωt + α + β ) ] + ------------- exp [ – j ( ωt – α + β ) ] 
c ( θ ) = C sin ( θ – α ) 2 2 

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 411 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

QV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQQ

_____________________________________________________________________________________ MACHINES TOURNANTES : PRINCIPES ET CONSTITUTION

D’un point de vue énergétique, convenant de privilégier une que, les gains obtenus demeureront limités par la saturation
expression fonction du courant i (ou, à l’échelle locale, du champ magnétique du noyau ou des éléments ferromagnétiques consti-
d’excitation H), l’équilibre (isotherme) du système est caractérisé tuant la structure (pour les alliages ferreux classiquement utilisés,
par une enthalpie libre généralisée ([D 3 410], § 1.3.2) dont la partie cette limite se situe aux alentours de 1,5 T).
magnétique, étendue au domaine ( 9 c ) de la cavité, s’écrit :
■ Remarquons enfin que, dans la plupart des structures de machi-
H 2
µ0 H 2  nes électriques, l’entrefer est encore réduit grâce à l’implantation
∫∫B ∫ ∫
B
G mag = – ⋅ dH d 9 = – ------------- d9 = – --------- d9  d’encoches au sein desquelles les conducteurs constituant le bobi-
2 2 µ0 
9c 0 ( 9c ) ( 9c )
 (9) nage sont partiellement noyés, comme l’illustre la figure 2a. Ainsi
 découplé de l’épaisseur effective du bobinage, l’entrefer mis en jeu
1 2 2 2 
= – --- π a hµ 0 C i se voit alors le plus souvent limité par des considérations d’ordre
2  technologique (tolérances mécaniques).
avec h(m) : longueur de la cavité selon l’axe Oz. Comparée à la situation idéale considérée dans la théorie déve-
L’expression des grandeurs globales caractéristiques de la struc- loppée, cette configuration introduit de sérieuses différences quant
ture, exprimées en fonction des données géométriques du pro- à l’essence même des phénomènes physiques effectivement mis en
blème, s’obtiennent par dérivation du potentiel par rapport à la jeu : les courants logés dans les encoches ne baignent pas directe-
coordonnée généralisée correspondante. Dès lors, le flux magnéti- ment dans le champ magnétique d’entrefer, de sorte que les forces
que est donné par : engendrées s’exercent non pas directement sur les conducteurs
∂ G mag mais sur les dents du circuit ferromagnétique.
ϕ = –  ------------------ = , p i (10) Cependant, du point de vue des grandeurs caractéristiques globa-
∂i
les (énergie, couple …), les raisonnements relatifs à la structure de
2 2 bobinage idéalisée permettent d’appréhender avec une bonne
où : , p = π a hµ 0 C
approximation les principaux effets exploités dans les machines
avec ϕ ( Wb ) : flux magnétique embrassé par la bobine, électriques. En outre, la possibilité d’une détermination analytique
, p ( H ) : inductance propre de la bobine. du champ dans la structure offre l’avantage d’aboutir à une modéli-
D’un point de vue quantitatif, avec l’équivalence « aimantation- sation directement paramétrée en fonction des dimensions et carac-
courant » précédemment introduite (en [D 3 410], § 2.2), soulignons téristiques physiques des dispositifs étudiés.
que, si des intensités de champ de l’ordre de 1T sont aujourd’hui
couramment obtenues à l’aide d’aimants permanents (§ 2), l’accès à 1.1.3 Champ produit par un système de bobines
de tels niveaux de champ par le biais de bobines « à air » reste alimentées par des courants polyphasés
inconcevable dans le contexte de dispositifs non supraconducteurs.
Les densités de courant admissibles dans les dispositifs bobinés En vertu de la linéarité des équations du champ résolues au
sont en effet nécessairement limités par les échauffements internes paragraphe 1.1.2, l’action combinée de deux enroulements à distri-
dus notamment à la dissipation thermique par effet Joule. bution sinusoïdale (E1) et (E2) accolés à la paroi d’une cavité cylindri-
Exemple : dans le cas du bobinage considéré (bien que bénéficiant que remplie d’un milieu homogène et isotrope conduit à un champ
d’une culasse extérieure ferromagnétique), l’obtention d’un champ de résultant uniforme, défini dans le plan complexe par :
1 T dans le volume de la cavité nécessiterait une densité linéique de B = B 1 + B 2 = µC 1 i 1 exp ( j α 1 ) + µC 2 i 2 exp ( j α 2 ) (11)
courant d’amplitude
–1 avec µ(H.m –1) : perméabilité magnétique absolue du
K = Ci = 1 × µ 0 = 796.103 A.m –1, milieu remplissant la cavité,
soit 10 à 20 fois plus que les valeurs de charges linéiques maximales Ck(conducteurs.m –1) : densités linéiques maximales associées
classiquement adoptées dans les machines électriques tournantes. à l’enroulement k ( k ∈ { 1, 2 } ) ,
● Considérant plus précisément le cas de l’alésage cylindrique,
αk(rad) : angle entre l’axe Oxk de la bobine k et
des niveaux de champs significatifs peuvent néanmoins être obte- l’axe de référence Ox,
nus grâce à l’augmentation de la perméabilité magnétique globale ik(A) : courant instantané parcourant la bo-
de la cavité. Pour ce faire, la solution généralement adoptée dans les bine k .
machines électriques tournantes consiste à implanter à l’intérieur Si les axes Ox1 et Ox2 des deux enroulements sont distincts
de l’alésage un noyau cylindrique concentrique de forte perméabi- (exp(jα1) et exp(jα2) jouent alors le rôle d’une « base » dans le plan
lité (culasse intérieure), laissant apparaître un « entrefer » de faible complexe), il apparaît ainsi que le champ résultant peut être
épaisseur au sein duquel le champ est sensiblement augmenté contrôlé, tant en intensité qu’en direction, en jouant sur les courants
(figure 2b). On montre alors, dans le cas d’un noyau central de per- d’alimentation i1 et i2.
méabilité quasi infinie (imposant une condition du type Hθ = 0 pour
r = a – e dans les calculs de champ précédents), que l’enthalpie libre Considérant, en particulier, le cas où les deux enroulements sont
magnétique caractérisant le dispositif est augmentée dans un rap- bobinés de manière identique (C1 = C2 = C) suivant des axes ortho-
π
port d’autant plus grand que l’entrefer relatif xe est petit. Lorsque xe gonaux  α 2 = α 1 + --- , et supposant en outre une alimentation par
tend vers 0, ce rapport admet une limite remarquable égale à 1/xe.  2
L’introduction du noyau revient ainsi formellement à multiplier la des courants alternatifs sinusoïdaux équilibrés en quadrature de
perméabilité initiale de la cavité (µ0) par le facteur 1/xe. phase définis par :
Nota : soulignons ici que, au-delà du coefficient remarquable qui affecte les grandeurs
 i 1 = I cos ωt
globales, la présence du noyau déforme fortement le champ magnétique dans la cavité, de 
sorte que, si la répartition uniforme est conservée à l’intérieur du noyau, le champ dans  i 2 = I sin ωt
l’entrefer est réparti de manière essentiellement radiale (les lignes de champ s’échappent
du noyau selon des directions perpendiculaires à sa surface). le champ résultant s’exprime alors par :
Par conséquent, comparés aux grandeurs obtenues sans noyau, B = µC ( i 1 + j i 2 ) exp j α 1 = µC I exp j ( ωt + α 1 ) (12)
les flux et inductances relatifs aux bobinages implantés dans l’entre-
fer seront augmentés dans ce même rapport, de même que l’inten- Par conséquent, la combinaison de deux champs uniformes de
sité maximale du champ magnétique dans l’entrefer. Notons même intensité, pulsants dans des directions perpendiculaires, en
cependant que cette augmentation reste tributaire d’un comporte- quadrature de phase, revient à produire dans la cavité un champ
ment linéaire des matériaux magnétiques utilisés. Ainsi, en prati- tournant uniforme d’amplitude µCI constante. Si l’armature dipha-

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 411 − 5

QW
QX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQR

Actionneurs électromagnétiques
Classification topologique
par Pierre-Emmanuel CAVAREC
Ingénieur Supélec
Agrégé de génie électrique, docteur de l’École normale supérieure (ENS) de Cachan
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)

Hamid BEN AHMED


Ingénieur, docteur de l’université de Paris-VI
Maître de conférences, ENS de Cachan, antenne de Bretagne
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)

et Bernard MULTON
Agrégé de génie électrique, docteur de l’université de Paris-VI
Professeur des universités, ENS de Cachan, antenne de Bretagne
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)

1. Critères simples........................................................................................ D 3 412 - 2


1.1 Définition d’un actionneur électromagnétique ......................................... — 2
1.2 Sources d’excitation .................................................................................... — 2
1.2.1 Excitation produite ou induite ........................................................... — 3
1.2.2 Excitation de type aimantation ou courant ...................................... — 3
1.2.3 Nature dissipative de l’excitation ...................................................... — 4
1.3 Bobinages de puissance ............................................................................. — 4
1.3.1 Polarité magnétique du bobinage ..................................................... — 4
1.3.2 Constitution des bobinages ............................................................... — 5
1.3.3 Cycle de conversion lié au bobinage monophasé ........................... — 6
1.4 Autres critères sur les sources de puissance et d’excitation ................... — 8
1.4.1 Localisation de la source.................................................................... — 8
1.4.2 Polarité du champ magnétique d’entrefer ........................................ — 8
1.4.3 Trajet du flux d’entrefer...................................................................... — 8
1.4.4 Source fixe ou mobile ........................................................................ — 10
1.5 Alimentation électrique............................................................................... — 10
1.5.1 Fréquence d’alimentation .................................................................. — 10
1.5.2 Alimentations à vitesse variable ....................................................... — 10
1.5.3 Systèmes de commutation ................................................................ — 10
1.6 Architecture mécanique .............................................................................. — 11
1.6.1 Disposition de la partie mobile par rapport à la partie fixe............. — 11
1.6.2 Type de mouvement........................................................................... — 11
1.6.3 Forme de la surface d’entrefer .......................................................... — 11
2. Critères composés ................................................................................... — 11
2.1 Catégories d’excitation................................................................................ — 11
2.1.1 Excitation synchrone .......................................................................... — 12
2.1.2 Excitation asynchrone ........................................................................ — 12
2.1.3 Excitation asynchrone généralisée.................................................... — 12
2.1.4 Polyexcitations .................................................................................... — 13
2.2 Couplage ...................................................................................................... — 14
2.2.1 Couplage polaire................................................................................. — 14
2.2.2 Couplage dentaire .............................................................................. — 14
3. Classifications........................................................................................... — 16
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPT

Bibliographie ...................................................................................................... — 21

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 3 412 − 1

QY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQR

ACTIONNEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES ____________________________________________________________________________________________________

ien que de nouvelles solutions émergent (piézo-électriques, magnétostric-


B tives, voire électrostatiques dans les très faibles dimensions), les action-
neurs électromagnétiques occupent toujours, et probablement encore pour
longtemps, une place prépondérante dans la conversion – réversible – électro-
mécanique d’énergie.
Au-delà des actionneurs dits conventionnels, bénéficiant d’une maturité
technologique et d’une diffusion scientifique importantes (machines à courant
continu à collecteur, synchrones à rotor bobiné, asynchrones à cage
d’écureuil...), une très grande diversité d’actionneurs, dits non conventionnels,
coexistent et se développent toujours. Ils répondent généralement à des exigen-
ces particulières et ne sont pas standardisés. Leur fonctionnement est également
souvent méconnu et leur potentiel encore plus mystérieux. On les trouve notam-
ment dans les applications de très grande diffusion (souvent de faible
puissance : inférieure au kilowatt) telles que l’électroménager grand public, la
domotique, l’automobile ou les jouets et dans celles exigeant de hautes perfor-
mances. Leur évolution a été accélérée grâce aux formidables développements
de l’électronique de puissance (notamment ses possibilités de « haute
fréquence ») et de l’électronique microprogrammable.
Une classification de ces différents actionneurs paraît, au premier abord,
risquée, sinon impossible, d’autant que leurs topologies sont très nombreuses
et très variées. Néanmoins, après une analyse approfondie de différents action-
neurs existants ou faisant l’objet de travaux de recherche, la mise en avant de
critères fondamentaux topologiques, liés notamment au type de bobinage de
puissance (d’alimentation), au mode d’alimentation, au mouvement généré,
s’est révélée possible.
L’article s’inscrit dans la continuité des articles [D 3 410] et [D 3 411] traitant,
d’une part, des principes de conversion électromécanique d’énergie et, d’autre
part, de la constitution des machines tournantes, sous-entendues conventionnel-
les. Bien sûr, tous les mouvements, linéaires ou autres, seront considérés ici.
Suite à la classification des actionneurs présentée ici, un autre article [D 3 414]
compare leurs performances respectives.

1. Critères simples d’interface est appelée entrefer. L’une des deux, fixe par rapport au
référentiel choisi, est dite le stator, l’autre est dite le rotor ou le
mobile suivant le type de déplacement généré.
Nota : dans le cas particulier des actionneurs magnétohydrodynamiques (MHD), l’une
des deux parties est fluide. On se situe ici à la limite de la notion d’actionneur électroméca-
1.1 Définition d’un actionneur nique. Cependant, l’analogie de comportement avec les actionneurs, à partie mobile
solide, nous amène à les citer.
électromagnétique
À chaque stade de la conversion, des pertes apparaissent : pertes
électriques, pertes magnétiques et pertes mécaniques.
La conversion électromécanique du point de vue énergétique est
Un actionneur électromagnétique est un système capable de schématisée sur la figure 1.
convertir de l’énergie électrique en énergie mécanique via une
étape intermédiaire magnétique. Cette particularité lui confère Les critères fondamentaux de classification (figure 2) peuvent se
un caractère réversible fondamental, à l’inverse de certains définir à partir de la figure 1. Ces critères sont liés aux sources
actionneurs thermodynamiques ou hydrauliques. magnétiques (de création de champ magnétique), à l’architecture
mécanique et, enfin, à l’alimentation électrique. Nous dégagerons
également des critères composés correspondant à des combinai-
Nota : cette définition exclut les freins à courant de Foucault qui convertissent de l’éner-
sons des critères fondamentaux.
gie mécanique en énergie magnétique puis thermique mais qui sont dissipatifs et non
réversibles.
Dans un actionneur électrique, la conversion d’énergie est fon-
dée, d’une façon générale, sur l’interaction d’au moins deux sources 1.2 Sources d’excitation
de champ magnétique : un bobinage de puissance, car obtenu à par-
tir d’un circuit électrique, véhiculant l’énergie électrique destinée à
la conversion, et une source magnétique d’excitation qui, si toute- Rappelons que la source d’excitation magnétique est le système
fois elle est alimentée, n’absorbe que ses propres pertes. qui permet de créer une variation du flux dans le bobinage de puis-
D’autre part, la conversion électromécanique nécessite d’avoir au sance en fonction de la position mécanique. On peut en dégager les
moins deux parties en mouvement relatif entre lesquelles la zone différentes caractéristiques.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 412 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

RP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQR

___________________________________________________________________________________________________ ACTIONNEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

1 Bobinage
Pertes
d'excitation 3
2

Source magnétique
d'excitation
3 2
Bobinage Énergie Énergie
de puissance magnétique mécanique 1

Stator à 6 dents
Pertes Pertes Pertes Rotor à 4 dents
électriques magnétiques mécaniques
a structure triphasée 6-4 à réluctance variable à double saillance

Figure 1 – Conversion d’énergie dans les actionneurs Capteur à effet Hall


électromagnétiques
Bobinage

Source

+

d'excitation
Bobinage Critères
de puissance composés b moteur à courant continu sans balai à rotor extérieur [27]

Actionneurs Autres critères


électromagnétiques sur les sources Figure 3 – Structures à couplage polaire à pôles saillants

Alimentation
électrique
Architecture
mécanique

Figure 2 – Critères fondamentaux de classification des actionneurs


électromagnétiques

1.2.1 Excitation produite ou induite

Concernant les sources magnétiques d’excitation, la première dis-


tinction se trouve dans l’origine du champ. On peut ainsi définir
deux catégories d’excitation.
Phase 1
■ Excitation produite : on parle d’excitation produite (ou de champ Phase 2
produit) lorsqu’elle est créée de façon indépendante du champ Phase 3
magnétique de puissance. On trouve, dans cette catégorie, les sour-
ces magnétiques d’excitation produites dans les actionneurs à
aimants permanents (figure 3b) et les actionneurs à excitation bobi- Figure 4 – Coupe d’une machine synchrone triphasée à rotor lisse
née (figure 4). bobiné (4 pôles, 3 encoches par pôle et par phase)
■ Excitation induite : on parle d’excitation induite lorsque le champ
magnétique résulte des effets magnétodynamiques (courants de ■ Courant : le champ magnétique d’excitation est de type courant
Foucault ou induits : cas de la machine asynchrone, voir [D 3 563]), lorsqu’il utilise les courants électriques. Les excitations de type cou-
ou par effet d’induction magnétique (cas de la machine à réluctance rant regroupent les excitations bobinées classiques (figure 4), les
variable pure, figure 3a). excitations par supraconducteurs, les excitations par courants
induits (dans un bobinage en court-circuit [D 3 563] ou dans un
matériau massif conducteur, figure 5).
1.2.2 Excitation de type aimantation ou courant

Deux types de phénomènes physiques sont mis en jeu pour créer


1.2.3 Nature dissipative de l’excitation
le champ magnétique d’excitation.
On peut également ajouter un critère supplémentaire quant à la
■ Aimantation : le champ magnétique d’excitation est de type nature fondamentalement dissipative ou non de la source d’excita-
aimantation lorsqu’il utilise les propriétés des matériaux ferromag- tion.
nétiques. Les excitations de type aimantation regroupent les excita-
tions par aimants permanents (figure 3b), les excitations par ■ Excitation non dissipative : une source non dissipative est une
réluctance variable (figure 3a) [23] et les excitations par hystérésis source pouvant fonctionner sans créer de pertes. On trouve de telles
[14]. excitations dans les machines à aimants permanents (figure 3b), les

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 3 412 − 3

RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQR

ACTIONNEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES ____________________________________________________________________________________________________

■ Bobinages unipolaires : les machines à bobinage unipolaire


(figure 7) se caractérisent par un bobinage unique divisé en deux
Bobinage parties, une partie mobile et une partie fixe. Les deux parties sont
inducteur
monophasé
reliées électriquement par deux contacts glissants imposant un tra-
jet privilégié au courant. Lorsque ce bobinage est placé dans un
champ homogène (d’où la qualification d’unipolaire) et que ce bobi-
nage est alimenté, des forces de Laplace (s’il n’y a pas de parties
ferromagnétiques) antagonistes s’appliquent entre les deux parties
mobiles. Il n’y a pas de variation de courant dans les bobinages.
Deux familles de bobinages unipolaires peuvent être distinguées
suivant la nature physique de la partie mobile.
● Bobinages homopolaires : la partie mobile est un conducteur
Projectile solide. On trouve ici les actionneurs, type roue de Barlow, des lan-
induit
ceurs électromagnétiques et certains générateurs d’énergie impul-
sionnels [1] (figure 8). La figure 8 montre une des rares machines à
Figure 5 – Lanceur électromagnétique à induction bobinage homopolaire à avoir trouvé un débouché applicatif ; il
s’agit de la machine de Poirson, génératrice de forts courants
(10 000 A sous 8 V à 2 000 tr/min avec un rendement de 88 %) [2].
● Bobinages magnétohydrodynamiques (MHD) : la partie mobile
est fluide. On trouve dans cette catégorie les actionneurs de bateaux
Produite ou induite expérimentaux (le fluide est l’eau de mer), de métal en fusion et les
générateurs électriques de conversion MHD (le fluide est le plasma)
[32].
Source d'excitation Aimantation ou courant
Tous ces « bobinages » sont « massifs » et ne permettent pas
d’ajuster le nombre de spires des bobinages multipolaires dont il est
Dissipative ou non question ci-après. En outre, ils nécessitent impérativement des
contacts glissants (solides ou liquides). Ces particularités consti-
tuent souvent des inconvénients majeurs qui ont sévèrement limité
Figure 6 – Types de sources magnétiques d’excitation leur champ d’application.

machines à réluctance variable (figure 3a) et les machines supra-


conductrices. Couple mécanique Courant I
Champ magnétique
■ Excitation dissipative : une source dissipative se trouve dans les uniforme B
machines à excitation bobinée (figure 4 et [D 3 563]), non supra- B B
conductrice, ainsi que dans les machines à hystérésis.
Source
électrique
On peut synthétiser les critères sur la source d’excitation
Contacts électriques
comme indiqué sur la figure 6. périphériques

Nota : on verra au paragraphe 2.1 une classification des différentes sources magnéti-
Couple mécanique
ques d’excitation. de réaction

Figure 7 – Principe de fonctionnement d’un bobinage unipolaire


1.3 Bobinages de puissance

Les bobinages de puissance représentent l’autre source de champ Couronnes de balai glissant
magnétique. Ils échangent de l’énergie électrique avec l’extérieur du
système.

Nous appelons bobinage de puissance l’ensemble des enrou-


lements (éventuellement un seul) se trouvant à l’interface avec
la source d’énergie électrique et transférant l’énergie dans un
sens ou dans l’autre, selon le mode de fonctionnement (action-
neur ou générateur électrique).

+ –

1.3.1 Polarité magnétique du bobinage


Bobinages d'excitation
Le bobinage peut être qualifié d’unipolaire (c’est-à-dire un seul
pôle Nord ou Sud dans l’entrefer) ou de multipolaire (c’est-à-dire au
moins une paire de pôles). Figure 8 – Machine à bobinage homopolaire, dite machine de Poirson

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 412 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQR

___________________________________________________________________________________________________ ACTIONNEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES

■ Bobinages multipolaires : à l’inverse des précédentes, les machi-


nes à bobinages multipolaires sont basées sur la variation du flux
magnétique vu par un bobinage. Il est donc nécessaire d’y associer Bobine Pièces polaires
des variations de courant dans les bobinages pour obtenir des for- Entrefer mobile en acier doux
ces magnétiques utiles. La très grande majorité des actionneurs
électromagnétiques se trouve dans cette catégorie.
Par la suite, nous ne nous intéresserons plus qu’à cette famille ;
nous verrons notamment que ces bobinages multipolaires peuvent Aimant
être qualifiés d’homopolaires ou d’hétéropolaires selon leur agen-
cement. Cela a souvent contribué à créer une ambiguïté, lorsque
l’on parle de machine homopolaire, d’où nos choix de terminologie.
Axe de symétrie

1.3.2 Constitution des bobinages


Figure 9 – Haut-parleur à bobine mobile
1.3.2.1 Nombre de phases
On entend ici le terme « phase » au sens large : une phase est
composée d’enroulements de puissance pour lesquels toutes les
grandeurs électriques associées sont normalement identiques à
chaque instant. Bobinage
monophasé
Exemple : dans un moteur à courant continu à collecteur, le nom- Aimants
bre de phases peut être égal au nombre de lames du collecteur. permanents

Le terme « monophasé » concerne donc directement le bobinage


de puissance (c’est-à-dire après le convertisseur éventuel). On dis-
tingue, parmi les bobinages multipolaires, les bobinages monopha-
sés et les bobinages polyphasés.
■ Bobinages monophasés : cette catégorie regroupe les haut-
parleurs (figure 9), les vibreurs (figure 10) et de nombreux petits
moteurs monophasés synchrones (figure 11) ou asynchrones
(figure 12). Figure 10 – Moteur linéaire à mouvement alternatif (d’après [26])
■ Bobinages polyphasés : on retrouve, entre autres, dans cette
catégorie, les machines classiques de moyenne (figure 13) et forte
puissance (figure 4).
On appelle aussi souvent « machines monophasées » des machi- Bobinage
nes dont l’alimentation électrique est monophasée mais dont le de puissance
bobinage comprend plus d’une phase. C’est le cas, par exemple, des
machines asynchrones à phase auxiliaire et condensateur de
déphasage. Leurs bobinages sont en réalité diphasés. Stator
Il faut souligner qu’un actionneur multipolaire réellement mono-
phasé possède, par nature, un couple très pulsé (le couple s’annule Rotor, source d'excitation
lorsque le courant s’annule). Cela pose notamment un problème au à aimants
démarrage. Pratiquement, ce problème peut trouver une solution
grâce à une position de détente particulière (moteurs à aimants per-
manents) ou à la présence d’une ou de plusieurs bagues de court-
Figure 11 – Moteur à bobinage de puissance déporté : moteur Lavet
circuit dans l’entrefer (moteurs asynchrones shaded poles ou à
utilisé dans les montres à aiguilles (d’après [34])
bobines écrans, ou encore spires de Frager, figure 12). Ces derniè-
res constituent en réalité une phase supplémentaire alimentée par
induction à partir de la phase principale.

1.3.2.2 Répartition des phases Bobine


inductrice
Parmi les bobinages polyphasés, la répartition des phases entre
elles est un nouveau critère.
■ Bobinages à phases réparties : ils regroupent notamment tous
les moteurs à champ tournant (génératrices synchrones –
figure 14a –, moteurs asynchrones triphasés [D 3 563]...). On rap- Culasse
pelle que les bobinages à phases réparties sont les bobinages pour
lesquels les différentes phases créent des champs superposés dans
l’entrefer. Ces bobinages permettent la création des champs Entrefer
tournants (moteurs rotatifs) ou glissants (moteurs linéaires). La
figure 14 montre des actionneurs à bobinages de puissance à pha- Rotor
ses réparties. Bagues de
court-circuit
■ Bobinages à phases juxtaposées : on les trouve dans les moteurs
à réluctance variable à double saillance (figure 3a) et dans les
moteurs synchrones à aimants de surface à bobinage concentrique Figure 12 – Moteur monophasé shaded poles

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 3 412 − 5

RS
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQT

Actionneurs électromagnétiques
Performances comparées
par Pierre-Emmanuel CAVAREC
Ingénieur Supélec
Agrégé de génie électrique, docteur de l’École normale supérieure (ENS) de Cachan
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)
Hamid BEN AHMED
Ingénieur, docteur de l’université de Paris-VI
Maître de conférences, ENS de Cachan, antenne de Bretagne
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)
et Bernard MULTON
Agrégé de génie électrique, docteur de l’université de Paris-VI
Professeur des universités, ENS de Cachan, antenne de Bretagne
Laboratoire SATIE (UMR CNRS 8029)

1. Couple électromagnétique .................................................................... D 3 414 - 3


1.1 Calcul ............................................................................................................ — 3
1.2 Densité linéique de courant ........................................................................ — 3
1.3 Excursion du flux d’excitation .................................................................... — 7
1.4 Lois de similitude pour le couple ............................................................... — 11
2. Autres critères .......................................................................................... — 13
2.1 Inductance du bobinage de puissance ...................................................... — 13
2.2 Pertes de l’actionneur.................................................................................. — 13
2.3 Vitesse périphérique maximale.................................................................. — 13
2.4 Ondulation de l’effort .................................................................................. — 14
2.5 Coût de l’actionneur .................................................................................... — 14
2.6 Autres performances................................................................................... — 14
3. Résumé des comparaisons .................................................................... — 14
4. Conclusion ................................................................................................. — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

L es critères de classification définis dans « Actionneurs électromagnétiques.


Classifications topologiques » [D 3 412] permettent de distinguer, d’un point
de vue structurel, les différents actionneurs. Ces critères portent sur cinq
domaines :
— la source d’excitation (moteur synchrone, moteur asynchrone...) ;
— le bobinage de puissance (champ tournant, bobinage global) ;
— les autres critères liés aux sources magnétiques (champ homopolaire,
source déportée) ;
— l’alimentation électrique (alimentation à fréquence fixe, commutateur
mécanique...) ;
— l’architecture mécanique (structure cylindrique, tournante...).
La très grande diversité des architectures ne simplifie pas le travail des
concepteurs. Lors du choix d’une topologie, de nombreux facteurs intervien-
nent. Certains sont directement imposés par le cahier des charges :
— la nature du déplacement (linéaire, rotatif...) ;
— le nombre de phases de l’actionneur ;
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@RPPT

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 3 414 − 1

RU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQT

ACTION N EURS ÉLECTROM AGN ÉTIQUES ____________________________________________________________________________________________________

— la fréquence d’alimentation (fréquence variable ou fréquence fixe) et le type


de commande (alimentation en boucle ouverte ou en boucle fermée).
Il reste cependant de nombreux domaines à définir. C’est le cas de la source
de l’excitation ou du bobinage de puissance. Pour ceux-là, les éléments de
comparaison sont :
— le couple électromagnétique ;
— l’encombrement ou la masse ;
— le coût de l’actionneur ;
— la vitesse maximale de rotation ;
— le rendement, etc.
Parmi ces éléments de comparaison, le couple électromagnétique (ou la force
pour les actionneurs linéaires) et l’encombrement (ou la masse) tiennent une
place prépondérante dans un dimensionnement. Nous allons donc établir une
comparaison simplifiée entre les différentes familles d’actionneurs, sur la base
de ces éléments. Pour pouvoir comparer les performances des différents
actionneurs électromagnétiques en terme de couple, nous allons établir des
lois de similitude [1]. Ces lois permettent d’estimer l’évolution des performan-
ces d’un actionneur en fonction d’une grandeur caractéristique ᐉ *. Nous aver-
tissons cependant le lecteur de l’objectif plus qualitatif que quantitatif de ces
analyses, nécessairement globales donc insuffisamment précises.
Dans cette comparaison, les actionneurs unipolaires seront laissés à l’écart.
En effet, ces actionneurs, qui n’ont qu’une seule « spire » électrique (autant de
contacts glissants que de spires), sont soumis à des forces électromotrices très
faibles. Pour obtenir des performances satisfaisantes, ils doivent donc être ali-
mentés par des courants de très grande intensité. C’est notamment la raison
pour laquelle on en a souvent fait des générateurs très basse tension, très fort
courant. Cela est extrêmement problématique car ces courants doivent tra-
verser les contacts glissants entre les deux parties mobiles. C’est la principale
raison qui explique leur très faible développement.

Notations et symboles Notations et Symboles

Symbole Unité Désignation Symbole Unité Désignation

AL A/m Densité linéique de courant Sbob m2 Surface bobinable


B T Induction magnétique Scu m2 Surface de conducteur

C N·m Couple Sth m2 Surface de refroidissement


t s Temps
e m Entrefer
T K Température
F N Force
Vcu m3 Volume du cuivre
H A/m Champ magnétique
W J Énergie
I A Intensité
γ rad Position angulaire dans
Jcu A/m2 Densité de courant l’entrefer
dans les conducteurs γcu J · K–1 · m–3 Capacité thermique volumique
du bobinage
k Coefficient
ϕ rad Déphasage
Lcu m Longueur des conducteurs
Φ Wb Flux
Lµ H Inductance du bobinage
de puissance µ0 H/m Perméabilité du vide
(4π · 10–7 H/m)
n Nombre de tours
ρcu Ω·m Résistivité du cuivre
p Nombre de paires de pôles τ m Pas
Pcu W Pertes Joule ξth W· K–1 · m–2 Coefficient thermique
de refroidissement surfacique
r m Rayon d’entrefer par unité de température
R m Rayon extérieur η Rendement

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 414 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQT

___________________________________________________________________________________________________ ACTION N EURS ÉLECTROM AGN ÉTIQUES

1. Couple électromagnétique Φ

1.1 Calcul
∆ Wm
Dans les actionneurs électromagnétiques, il est possible d’expri-
mer la force appliquée dans l’entrefer entre les deux parties
mobiles [2] [3] par : nImax
∆W m a courant monodirectionnel : deux cycles par paire de pôles
F = ---------------
- (1)
τ
avec ∆Wm l’énergie électromagnétique convertie à chaque pas τ. Φ
Dans le plan flux/ampères-tours, l’énergie convertie est repré-
sentée par un cycle (figure 1).
On a alors : ∆W m
∆W m = k f ⋅ ∆nI ⋅ ∆ Φ e ⋅ cos ( ϕ ) (2)

avec kf un coefficient de forme lié aux formes d’onde du cou-


rant et du flux et au mode de conversion électroméca- nImax
nique,
∆nI l’excursion des ampères-tours appliqués sur un pas
polaire,
∆Φ e l’excursion du flux d’excitation total de l’actionneur,
ϕ le déphasage entre le courant d’alimentation et la déri- ∆nI
vée du flux d’excitation par rapport à la position.
Notons que, pour maximiser l’énergie convertie, il faut maximi- b courant bidirectionnel : un cycle par paire de pôles
ser l’expression ∆Φe · cos (ϕ ). Le déphasage optimal ϕ , c’est-à-dire
celui permettant d’obtenir l’effort maximal, à pertes Joule don- Figure 2 – Cycles de conversion pour un actionneur à réluctance
nées, est de 0 pour les excitations produites (aimants permanents, variable non saturé
excitation bobinée) et de π/4 pour les excitations induites (réluc-
tance variable, excitation asynchrone).
Pour la suite, on considérera le courant comme sinusoïdal, Dans un actionneur tournant, le couple est obtenu grâce à la
centré (ϕ = 0). relation :
C = F · r = k f · r · ∆A L · ∆Φe · cos (ϕ ) (6)
Pour les actionneurs à réluctance variable, le pas est double,
mais l’énergie convertie est deux fois plus grande. L’expression de avec r le rayon d’entrefer.
l’effort est donc la même (figure 2).
Dans la suite, on aura la relation :
Pour maximiser le couple, il faut donc :
∆n I ⬇ 2 · n I max (3) — maximiser la variation de la densité linéique de courant
∆A L ;
On peut utiliser l’excursion de densité linéique de courant ∆A L :
— maximiser la variation du flux d’excitation ∆Φe cos (ϕ ) ;
∆n I — maximiser le rayon d’entrefer r.
∆A L = ------------- (4)
τ
On obtient alors l’expression de la force : Le dernier critère étant généralement plus ou moins directement
imposé par les contraintes d’encombrement, nous n’analyserons
F = k f · ∆A L · ∆Φe · cos (ϕ ) (5) que les deux premiers.

1.2 Densité linéique de courant


Φ
1.2.1 Relations
Les lois de similitude sont utilisées pour faire des comparaisons
∆Φe rapides entre différents types d’actionneurs. L’idée de base est
nI d’établir des règles, aussi réalistes que possible, donnant l’évo-
∆ Wm lution des performances de l’actionneur en fonction d’une dimen-
sion ᐉ* caractéristique de l’actionneur. Pour pouvoir établir des
lois de similitude, on se place dans le cas classique des action-
neurs rotatifs cylindriques.
∆n I La densité linéique de courant est égale aux ampères-tours
maximaux par pôle, ∆n I, divisés par le pas de l’actionneur τ
[équation (4)] :
Figure 1 – Cycle de conversion pour un déphasage ␸ nul ∆A L = ∆n I/ τ

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur D 3 414 − 3

RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTQT

ACTION N EURS ÉLECTROM AGN ÉTIQUES ____________________________________________________________________________________________________

À partir des relations (8) et (9), on peut exprimer la densité


Sbob linéique de courant :
k rem ⋅ J cu ⋅ ( R – r ) ⋅ 2πr
+J
∆A L = ------------------------------------------------------------------
- (10)
+J –J τp
+J –J
R
+J –J 1.2.2 Types de couplages

+J Rotor r –J Nous avons distingué dans [D 3 412] deux types de couplages :


le couplage polaire et le couplage dentaire.
+J –J
■ Actionneurs à couplage polaire : les dimensions du bobinage de
+J –J puissance (donc les ampères-tours n I par pôle) sont proportion-
nelles au pas τ .
+J –J
–J
D’autre part, le pas τ ne dépend que du nombre de paires de
pôles p, dans une structure cylindrique :
Stator
τ = 2πr /p (11)

Figure 3 – Espace bobinable S bob dans un actionneur cylindrique ■ Actionneurs à couplage dentaire : une telle relation entre la
classique à une paire de pôles dimension du bobinage de puissance et le pas τ n’existe pas. Les
dimensions du bobinage de puissance sont indépendantes du pas.
En règle générale, le pas optimal τ , qui maximise l’effort, est direc-
tement proportionnel à l’entrefer :
Dans les actionneurs cylindriques, les ampères-tours maximaux
par pôle sont : τ = ke · e (12)
J cu ⋅ S cu
n I max = ------------------------
- (7) Pour donner un ordre de grandeur, la valeur qui maximise
2p l’effort est ke ≈ 15.
avec S cu la section totale de conducteur (cuivre) dans une coupe
de l’actionneur,
p le nombre de paires de pôles, 1.2.3 Lois de similitude à densité
J cu la densité de courant dans les conducteurs. de courant limitée ou constante
Avec une alimentation symétrique, la variation des ampères- On peut avoir une densité de courant Jcu indépendante des
tours est donnée par l’équation (3) : dimensions dans deux situations typiques : les actionneurs à fonc-
tionnement très impulsionnel et les actionneurs à refroidissement
∆nI ≈ 2 · n I max au cœur du bobinage.
D’où la variation de densité linéique de courant : ■ Actionneurs à fonctionnement très impulsionnel : on n’atteint
jamais le régime permanent. L’échauffement peut être considéré, en
S cu ⋅ J cu
∆A L = ------------------------
- (8) première approximation, comme adiabatique. Les pertes Joule sont
τp « stockées » dans la capacité thermique du bobinage.
On définit alors l’espace bobinable par pôle (cela concerne le On a alors la relation donnant les pertes Joule admissibles dans
bobinage de puissance) comme le montre la figure 3. le conducteur :
On définit k fer-bob comme la proportion de la culasse statorique Pcu = γ cu · V cu · (dT/dt ) = γ cu · Vcu · (∆T/∆t ) (13)
occupée par les encoches :
S bob avec V cu le volume total des conducteurs du bobinage de puis-
k fer-bob = ----------------------------------
- sance,
( R – r ) ⋅ 2πr
∆T l’augmentation de la température admissible dans le
avec R le rayon extérieur de l’actionneur, bobinage,
r le rayon d’entrefer de l’actionneur. ∆t le temps de fonctionnement en régime impulsionnel,
D’autre part, on peut définir k b le coefficient de bobinage des γ cu la capacité thermique volumique du bobinage (produit
encoches : de la chaleur massique par la masse volumique).
S cu Or les pertes Joule peuvent s’exprimer comme suit :
k b = -------------
-
S bob
2
P cu = ρ cu ⋅ J cu ⋅ V cu (14)
On a alors :
k rem = k fer-bob · k b avec ρ cu la résistivité du cuivre (1,8 · 10– 8 Ω · m à 25 °C).
avec k rem le rapport entre la section de conducteur et la section D’où l’expression de la densité de courant :
totale statorique.
On a alors la section totale de conducteur : J cu = ( γ cu / ρ cu ) ⋅ ( ∆T / ∆t ) (15)
Scu = k rem · (R – r ) · 2πr (9) Nota : cette formule ne tient pas compte de la variation de la résistance du conducteur
en fonction de la température. En réalité, pour les matériaux conducteurs conventionnels,
Le coefficient k rem dépend principalement des niveaux d’induc- la résistance augmente avec la température.
tion dans l’entrefer et dans la culasse. Si cette induction est faible, Pour une température maximale et un temps de fonctionnement
k rem est proche de 1. Si cette induction est proche de l’induction donné, la densité de courant est indépendante du volume de
de saturation du matériau magnétique, k rem diminue fortement. conducteur.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 414 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTRP

Bobinage des machines tournantes


à courant alternatif

par Jacques SAINT-MICHEL


Directeur Scientifique Moteurs Leroy Somer

1. Champ magnétique produit par un enroulement ........................... D 3 420 - 2


1.1 Cas d’une spire unique................................................................................ — 2
1.2 Cas d’un enroulement réparti..................................................................... — 3
1.3 Schémas de bobinage................................................................................. — 3
1.4 Bobinages multipolarités ............................................................................ — 4
2. Champ produit par un bobinage triphasé ......................................... — 5
2.1 Généralités ................................................................................................... — 5
2.2 Théorème du champ tournant.................................................................... — 5
2.3 Influence qualitative des harmoniques d’espace...................................... — 7
3. Analyse quantitative des propriétés des bobinages...................... — 8
3.1 Force magnétomotrice produite par les bobinages ................................. — 8
3.2 Décomposition harmonique de l’onde de FMM ....................................... — 9
3.2.1 FMM d’une spire à pas diamétral...................................................... — 9
3.2.2 FMM pour la phase considérée ......................................................... — 9
3.2.3 Contribution des deux autres phases à la FMM .............................. — 12
3.2.4 FMM produite par l’ensemble des trois phases............................... — 12
3.3 Coefficients de bobinage globaux.............................................................. — 13
4. Étude comparative de divers types de bobinages réguliers ........ — 13
4.1 Bobinages à pas diamétral ......................................................................... — 13
4.2 Bobinages à pas raccourci .......................................................................... — 14
4.3 Bobinages répartis....................................................................................... — 15
5. Bobinages non réguliers ........................................................................ — 16
5.1 Bobinages à trous........................................................................................ — 16
5.2 Bobinages à nombre fractionnaire d’encoches par pôle et phase .......... — 17
6. Compléments sur les bobinages à double polarité ........................ — 17
6.1 Couplage Dahlander.................................................................................... — 17
6.2 Autres possibilités de polarités multiples ................................................. — 18
7. Atténuation des harmoniques de denture ........................................ — 19
7.1 Généralités ................................................................................................... — 19
7.2 Détermination du vrillage optimal ............................................................. — 20
7.3 Influence de l’inclinaison sur le dimensionnement des machines.......... — 21
8. Réalisation pratique des bobinages.................................................... — 21
8.1 Isolation du bobinage.................................................................................. — 22
8.2 Insertion du bobinage dans la machine .................................................... — 23

et article traite des bobinages polyphasés des machines tournantes à


C courant alternatif. Dans un but de simplification, on s’est limité au cas des
enroulements triphasés qui sont de loin les plus répandus. Les développe-
ments théoriques, largement détaillés, pourront cependant être facilement
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPQ

généralisés par les lecteurs qui le souhaitent à tout autre nombre de phases.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 420 − 1

RY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTRP

BOBINAGE DES MACHINES TOURNANTES À COURANT ALTERNATIF _____________________________________________________________________________

Les bobinages décrits ici sont ceux que l’on rencontre au stator des machines
synchrones et asynchrones, ainsi qu’au rotor des machines asynchrones à
bagues. Ils sont destinés à créer, lorsqu’on les alimente par un système de ten-
sions ou de courants triphasés, un champ magnétique tournant. On pourrait
naturellement transposer les mêmes principes à des schémas développés à
plat, pour créer un champ magnétique glissant, utilisable dans des moteurs
linéaires par exemple.
Les aspects qualitatifs, puis quantitatifs, et enfin pratiques sont successivement
abordés. Pour une meilleure compréhension, la plupart des schémas sont
représentés développés, de manière à simplifier la représentation des
connexions frontales. Quant au schéma en coupe, il se présente de manière
générale comme sur la figure A.

Stator

Rotor Entrefer

Pas dentaire

Figure A – Machine
tournante à courant
alternatif : coupe

1. Champ magnétique appelées têtes de bobine ; ces trajets aériens correspondent aux flux
de fuite.
produit par un enroulement Le champ principal qui se développe autour de l’entrefer pré-
sente la même répartition spatiale dans n’importe quelle coupe du
circuit magnétique par un plan perpendiculaire à l’axe, tout au
Considérons le circuit magnétique d’une machine bipolaire, moins hors des parties proches des extrémités. Les lignes d’induc-
ayant, pour fixer les idées, 18 encoches au stator et un rotor lisse. tion traversent l’entrefer radialement lorsque le fer n’est pas
L’entrefer e est supposé très faible devant le pas polaire : saturé, ce que nous supposerons dans un premier temps, étant
entendu, en outre, que les effets perturbateurs des ouvertures
e << π R d’encoche ne sont pas pris en compte. La courbe B (θ ) de l’induc-
tion correspondante est alors de forme pratiquement rectangulaire
R étant le rayon moyen de l’entrefer ; l’ouverture d’encoche, du (figure 1) et, en vertu du théorème d’Ampère, d’amplitude :
même ordre de grandeur que l’entrefer, est faible devant le pas
dentaire de telle sorte que ces ouvertures ne perturbent pas µ0 i
localement le champ. B = ---------- (1)
2e
avec µ0 perméabilité du vide (= 4π · 10–7 H/m).

1.1 Cas d’une spire unique


■ Examinons tout d’abord le cas d’une seule spire logée dans deux B
encoches diamétralement opposées, soit dans notre cas les enco-
ches 1 et 10 par exemple. Parcourue par un courant i , elle crée un
champ magnétique qui se développe :
— en majeure partie, dans le circuit magnétique en traversant 0 π 2π
θ
l’entrefer, et qui constitue le flux utile ;
— accessoirement, dans les encoches, où se trouvent les
conducteurs rectilignes d’aller et de retour du courant, ainsi que dans
l’air, de part et d’autre du fer autour des connexions frontales Figure 1 – Induction dans l’entrefer

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 420 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

SP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTRP

_____________________________________________________________________________ BOBINAGE DES MACHINES TOURNANTES À COURANT ALTERNATIF

Par raison de symétrie, B est nul au niveau des encoches


contenant la spire unique parcourue par le courant i .
■ Considérons maintenant une spire, de pas diamétral, portée par
le rotor et située à sa périphérie, décalée en outre d’un angle
arbitraire α par rapport à la spire statorique. Elle encercle un flux,
créé par le courant i , qui a pour valeur :

E
α+π
Φ = B(θ) R L dθ
α

où L est la longueur axiale du fer.


Ce flux est une fonction triangulaire de la position relative α du 0 π 2π
i /6 i /6
rotor par rapport au stator. Il en va bien sûr de même pour
l’inductance mutuelle Msr entre les deux spires. Cette inductance
mutuelle, image du couplage magnétique stator/rotor, n’est donc Figure 2 – Enroulement réparti
pas une fonction sinusoïdale de la position angulaire alors que
c’est, comme on le verra plus loin, ce que l’on cherche générale-
ment à obtenir. Pour qu’il en soit ainsi, il faudrait que la courbe
B (θ ) soit elle-même sinusoïdale.
B

1.2 Cas d’un enroulement réparti


Pour obtenir une courbe B (θ ) de l’induction d’entrefer plus
proche de sa sinusoïde fondamentale que la courbe rectangulaire 0 π 2π θ
précédente, on doit remplacer la spire unique par un enroulement
réparti formé de plusieurs spires en série logées dans des enco-
ches consécutives.
Supposons, en effet, que cet enroulement réparti soit constitué
par exemple de 6 spires de pas diamétral, placées dans 6 encoches Figure 3 – Induction résultant du bobinage de la figure 2
consécutives par pas polaire. Pour conserver le même nombre
total d’ampères-tours par pôle, chaque spire, en série avec les
autres, est parcourue par un courant d’intensité i /6. Le schéma du faire mieux encore que dans l’exemple de la figure 2, en particulier
bobinage ainsi réalisé est représenté développé sur la figure 2. en logeant, dans les différentes encoches, des nombres de
La courbe B (θ ) présente une forme en escalier (figure 3), avec conducteurs différents et judicieusement choisis, ou en adoptant
des marches de hauteur µ 0 i /6 e et de largeur γ égale au pas des pas de bobinage différents. Ces points seront traités ultérieu-
2π rement (§ 3).
d’encochage, soit ici --------- .
18
Cette courbe B (θ ) en escalier est visiblement plus proche de son
terme fondamental que la courbe rectangulaire antérieure 1.3 Schémas de bobinage
(figure 1), mais il paraît également clair que ce terme fondamental
est plus faible. Ces points seront analysés en détail et quantifiés Revenons à la répartition en escalier de l’induction dans l’entre-
dans les paragraphes suivants. fer. Il est évident qu’elle ne dépend que de la répartition des
Le taux d’harmoniques peut être maîtrisé, dans une certaine conducteurs dans les encoches et du nombre d’encoches. En par-
mesure, en utilisant plus ou moins d’encoches par pôle, influant ticulier, elle n’est en rien influencée par la manière dont sont réali-
ainsi sur le nombre et la hauteur des marches. On peut surtout sées les connexions frontales.
influer notablement sur le taux d’harmoniques en faisant varier la Ainsi, les cinq schémas de bobinage de la figure 4 :
largeur des paliers inférieur et supérieur de l’onde, ce que l’on — bobinage imbriqué diamétral à pôles conséquents (figure 4a ),
obtient aisément en jouant sur l’étalement spatial du bobinage — bobinage concentrique à pôles conséquents (figure 4b ),
(nombre d’encoches bobinées par pôle). On montre que le taux — bobinage concentrique à pôles non conséquents (figure 4c ),
global est le plus faible lorsque les encoches actives sont groupées — bobinage imbriqué diamétral à pôles non conséquents
sur un arc voisin de 2/3 du pas polaire, cas illustré ci-dessus. Cette (figure 4d ),
propriété est souvent utilisée en pratique. — bobinage imbriqué raccourci à pôles non conséquents
Les marches de la courbe B (θ ) correspondent aux harmoniques (figure 4e ),
dits de denture, liés à la quasi-nécessité de répartir les conducteurs sont, du point de vue de la création du flux dans la machine, stric-
dans des encoches pour des raisons électrotechniques, thermiques tement équivalents.
et mécaniques essentiellement. Pour que leur influence, en général
très néfaste, disparaisse des courbes de flux ou d’inductance Comme on peut le voir, ces schémas ne diffèrent que par la
mutuelle, la meilleure solution consiste à incliner ou, plus exacte- répartition et la longueur des têtes de bobines. Ces dernières
ment, à vriller les encoches par rapport à l’axe de la machine d’un n’affectent que :
angle proche du pas dentaire. La courbe d’inductance mutuelle — la masse du cuivre utilisé, et donc directement le coût ;
stator/rotor prend alors une forme trapézoïdale pure. On peut dès — les chutes ohmiques et le flux de fuite des connexions fron-
lors, avec une approximation raisonnable, qu’on sera du reste à tales, donc le rendement ;
même de chiffrer, confondre la courbe avec son terme fondamen- — le refroidissement de ces connexions, qui est souvent un cri-
tal. On a ainsi constitué ce que nous appellerons pour la suite un tère important ;
enroulement « convenablement réparti ». Cette notion est impor- — enfin, la facilité de mise en œuvre de manière industrielle
tante car on s’y référera souvent. Il est évidemment possible de ainsi que la facilité d’isolation.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 420 − 3

SQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTRP

BOBINAGE DES MACHINES TOURNANTES À COURANT ALTERNATIF _____________________________________________________________________________

a bobinage imbriqué diamétral à pôles conséquents b bobinage concentrique à pôles conséquents

c bobinage concentrique à pôles non conséquents d bobinage imbriqué diamétral à pôles non conséquents

e bobinage imbriqué raccourci à pôles non conséquents

Figure 4 – Schémas de bobinage : exemples

Le choix du schéma à utiliser dans une machine peut ainsi être nage, ainsi que des répartitions irrégulières (nombre fractionnaire
lourd de conséquences et il convient de le déterminer en toute d’encoches par pôle et par phase) comme on le verra dans le
connaissance de cause. Certains d’entre eux n’ont été présentés ici paragraphe 5.2.
qu’à titre anecdotique et dans un seul souci didactique car ils ne
sont jamais utilisés ; c’est en particulier le cas de l’imbriqué diamé-
tral, qu’il soit à pôles conséquents (figure 4a ) ou non (figure 4d ), 1.4 Bobinages multipolarités
car il est difficile à mettre en œuvre, comme tous les bobinages
imbriqués, et est fort consommateur de cuivre. Les autres sont Il est tout à fait possible, grâce à un couplage adéquat des
couramment utilisés, encore que le concentrique à pôles connexions de mise en série des groupes de bobines, de changer
conséquents (figure 4b ), fort consommateur de cuivre lui aussi, le nombre de pôles magnétiques produit par un enroulement
doive être dans la mesure du possible évité, bien qu’il se prête très donné.
facilement à l’insertion mécanisée, au profit du concentrique à
pôles non conséquents (figure 4c ). Quant à l’imbriqué raccourci ■ Sur la figure 5b, les deux groupes de bobines sont électrique-
(figure 4 e ), son domaine de prédilection se situe dans les ment en parallèle. Le champ produit est bipolaire. On remarquera
machines à moyenne tension, car il permet de réaliser des bobines que les bobines ont, pour ce champ bipolaire, un pas d’enroulement
toutes identiques avec une répartition parfaitement régulière des raccourci de moitié par rapport au pas diamétral ; cela conduit donc
têtes de bobines. De plus, il autorise n’importe quel pas de bobi- à un « trou » dans la répartition des conducteurs.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 420 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTRP

_____________________________________________________________________________ BOBINAGE DES MACHINES TOURNANTES À COURANT ALTERNATIF

Axe phase 1''

Axe phase 1

a champ tétrapolaire

Axe phase 1'

Figure 6 – Moteur asynchrone à rotor bobiné : schéma en coupe

La figure 6 représente très schématiquement un moteur asyn-


chrone à rotor bobiné. Dans ce type de moteur, chaque armature,
b champ bipolaire stator et rotor, porte un bobinage triphasé, ici par exemple bipo-
laire, répartis respectivement dans 18 encoches au stator et 12 au
rotor. Ces enroulements sont du même type, à bobines identiques,
Figure 5 – Bobinages multipolarités imbriqué deux étages, répartis sur 2/3 du pas polaire (pas de
bobinage = 2/3 du pas diamétral). Chaque encoche contient ainsi
deux faisceaux superposés appartenant chacun à deux phases dif-
■ Sur la figure 5a, au contraire, les groupes de bobines sont férentes.
électriquement en série. Le champ produit est ainsi tétrapolaire,
Dans les schémas développés qui suivent on représentera, par
mais cette fois le pas d’enroulement est diamétral pour cette
convention, en traits pleins les conducteurs situés près de l’entre-
polarité.
fer et en tirets ceux situés en fond d’encoches. Dans le schéma en
coupe, les conducteurs parcourus par le courant de la phase 1 ont
Cette propriété intéressante de possibilité de reconnection été noircis.
des bobinages est largement utilisée dans les moteurs dits à Conformément aux schémas de la figure 7, les phases du stator
deux vitesses, ou ce qui revient au même à double polarité, ont pour repère 1, 1’ et 1’’ et celles du rotor 2, 2’ et 2’’.
sous le nom de couplage Dahlander (§ 6.1), qui permet de Afin de simplifier les représentations schématiques, on repré-
réaliser au choix 2 p ou 4 p pôles (p étant le nombre de paires de sente symboliquement chaque phase par une spire moyenne de
pôles). pas diamétral donnant, par son axe magnétique, la direction géné-
rale du flux qu’elle produit lorsqu’elle est parcourue par un courant
positif. La figure 8 montre cette représentation simplifiée des
phases et courants positifs, en supposant les phases au stator et au
2. Champ produit rotor alignées. On pourrait d’ailleurs se contenter de représenter
seulement les axes magnétiques.
par un bobinage triphasé Lorsque le circuit magnétique n’est pas saturé, chacune des
phases du stator ou du rotor, convenablement répartie au sens du
paragraphe 1.1, produit, dans l’entrefer, un flux à répartition
pratiquement sinusoïdale avec une induction maximale, dans l’axe
2.1 Généralités de la phase qui la crée, proportionnelle au courant.
Au cours du paragraphe 1.1 nous nous sommes limités au cas
de bobinages monophasés. Nous traiterons ici le cas des bobi-
nages polyphasés et plus particulièrement triphasés.
2.2 Théorème du champ tournant
Supposons, dans un premier temps, que le stator est seul
Un bobinage triphasé est en fait constitué de la juxtaposition alimenté par des courants triphasés équilibrés. Ces courants sont
de trois bobinages monophasés identiques, décalés angulaire- par définition tels que :

ment les uns par rapport aux autres d’un angle de --------- radians i 1 = I S cos ( θ 1 ) 
3 
2π 

électriques, soit --------- radians géométriques pour un champ

3 1
i 1′ = I S cos θ 1 – ---------
3 2 

(2)
bipolaire, --------- pour un champ tétrapolaire, et ainsi de suite, et 4π 
6
2
1
i ″1 = I S cos θ 1 – ---------
3 2 
donc, de manière plus synthétique, --- du pas polaire.
3 θ 1 étant pour l’instant un paramètre arbitraire.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 420 − 5

SS
ST
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTTP

Méthodes de calcul des inductances


de fuites

par Albert FOGGIA


Professeur, Institut National Polytechnique de Grenoble

1. Méthodes analytiques de calcul des inductances de fuites......... D 3 440 - 3


1.1 Généralités .................................................................................................... — 3
1.2 Encoches rectangulaires avec plusieurs conducteurs............................... — 3
1.3 Encoches trapézoïdales................................................................................ — 6
1.4 Encoches de forme quelconque.................................................................. — 6
1.5 Encoche rectangulaire avec un conducteur massif ................................... — 6
1.6 Encoches rectangulaires semi-fermées...................................................... — 9
1.7 Encoches circulaires..................................................................................... — 10
1.8 Encoches de forme quelconque. Moteurs à double cage......................... — 11
1.9 Flux de fuites différentiel ............................................................................. — 11
1.10 Flux de fuites d’inclinaison .......................................................................... — 13
1.11 Flux de fuites des têtes de bobines............................................................. — 13
1.12 Conclusion sur les méthodes analytiques.................................................. — 14
2. Méthodes numériques d’éléments finis ............................................. — 14
2.1 Généralités .................................................................................................... — 14
2.2 Répartition bidimensionnelle de fuites....................................................... — 14
2.3 Têtes de bobines .......................................................................................... — 18
2.4 Fuites totales d’une machine....................................................................... — 19
2.5 Méthodologie d’établissement du schéma équivalent d’une machine
électrique en utilisant une méthode numérique d’éléments finis............ — 19
3. Conclusion .................................................................................................. — 20
Références bibliographiques .......................................................................... — 20

L a connaissance des inductances de fuites est nécessaire à la prédétermi-


nation des caractéristiques électromécaniques des machines électriques.
Ces inductances de fuites interviennent dans les schémas équivalents et sont
indispensables dans l’étude de l’association entre la machine et la source d’ali-
mentation. Cette dernière n’est pas seulement le réseau, de puissance pratique-
ment infinie et à fréquence constante ; c’est souvent une source à fréquence
variable, pilotée par des lois de commande imposées par la structure de la
machine et la nature de la charge.
Ces quelques considérations montrent l’importance qu’il faut attacher à la pré-
détermination convenable des fuites dans les machines électriques.
■ Avant d’aborder le calcul proprement dit, il faut définir la notion de flux de
fuites. Nous appellerons flux de fuites, tout flux qui ne participe pas directe-
ment à la conversion électromécanique. Le flux de fuites d’une machine
comporte plusieurs termes selon la région de l’espace où il se développe. C’est
ainsi que nous distinguerons les fuites d’encoches, les fuites différentielles, les
fuites zigzag, les fuites des têtes de bobines… Chacun de ces flux définit une
inductance dont la valeur dépend de la géométrie de la zone concernée.
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@QYYY

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 440 - 1

SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTTP

MÉTHODES DE CALCUL DES INDUCTANCES DE FUITES ________________________________________________________________________________________

L’ensemble de ces fuites interviennent dans les schémas équivalents et sont la


cause de chutes de tension plus ou moins grandes.

En règle générale, les flux de fuites empruntent un trajet aérien relativement


important. On peut admettre que la valeur des inductances correspondantes est
très peu affectée par l’état magnétique de la machine et qu’elle demeure
constante quel que soit le régime de fonctionnement.

■ Le calcul des inductances de fuites n’est pas toujours facile. Il suppose


connu le trajet des lignes d’induction. Dans certains cas de géométrie simple, on
peut effectuer un calcul qui aboutit à une expression analytique, fonction des
dimensions géométriques de la région étudiée. C’est le cas, par exemple, des
encoches de forme rectangulaire comportant des conducteurs divisés ou mas-
sifs. Les expressions obtenues servent alors à la prédétermination des caracté-
ristiques de la machine, en fonction de sa géométrie ; elles servent également à
optimiser celle-ci en tenant compte des contraintes technico-économiques
imposées par l’utilisateur.

Lorsque le trajet des lignes d’induction n’est pas connu, il est indispensable
d’effectuer des hypothèses simplificatrices qui, associées à des essais de valida-
tion en laboratoire, aboutissent à des expressions analytiques empiriques dont
la précision est suffisante pour la plupart des applications pratiques. Dans les
paragraphes qui suivent, on développera l’essentiel de ces méthodes, ce qui fera
l’objet de la première partie de notre article.

Depuis quelques années, les techniques numériques de résolution des équa-


tions de Maxwell par éléments finis ont connu un essor considérable. De nos
jours, les constructeurs de matériel électrique utilisent couramment les logiciels
d’éléments finis pour prédéterminer les performances des machines qu’ils
construisent ou qu’ils utilisent. Il nous a donc semblé important de montrer com-
ment ces logiciels peuvent être utilisés pour le calcul des fuites dans les machi-
nes électriques. Nous consacrerons une partie importante des paragraphes
suivants à la détermination numérique des inductances de fuites. Ce sera la
deuxième partie de notre article.

Nomenclature
B induction magnétique h dimension d’encoches
D diamètre d’entrefer œe inductance de fuites dans l’encoche
E champ électrique p nombre de paires de pôles
H champ magnétique q nombre de phases
I courant t temps
J densité de courant td pas dentaire
L longueur des conducteurs F flux
N nombre de conducteurs 1+j
b paramètre = -----------
NS nombre de spires par phase d
P puissance active d épaisseur de peau
Q puissance réactive m, m0 perméabilité d’un matériau, du vide
Xm réactance magnétisante r résistivité
a ouverture d’encoche s conductivité
b largeur d’une barre rectangulaire t demi-pas polaire
e entrefer w pulsation de la source

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 440 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTTP

________________________________________________________________________________________ MÉTHODES DE CALCUL DES INDUCTANCES DE FUITES

1. Méthodes analytiques y
de calcul des inductances h3 x
h2 x
de fuites H

M
N
1.1 Généralités +

I
Le calcul des inductances de fuites est toujours difficile à effec-
tuer. En effet, aux problèmes posés par la géométrie complexe de la h1 x
machine vient s’ajouter le comportement non linéaire des matériaux x
0
magnétiques, imposé par les conditions de fonctionnement de la
machine. On peut donc conclure à l’impossibilité d’effectuer un b
calcul analytique. Cependant, malgré toutes ces difficultés et en
adoptant une démarche simplificatrice, on obtient des résultats suf-
fisamment précis pour être utilisés dans un calcul de dimensionne- H
NI
ment de machines électriques. Cette démarche a été adoptée dans
h2 – h1
le passé et de très nombreux articles ont été publiés. Dans les para-
graphes qui suivent, nous exposerons les hypothèses simplificatri-
ces habituelles et nous les appliquerons à des géométries usuelles
de machines.
0 h1 h2 h3 y

Figure 1 – Géométrie d’une enchoche rectangulaire et répartition


1.2 Encoches rectangulaires du champ magnétique le long de l’encoche
avec plusieurs conducteurs
magnétique dans l’encoche. À partir du flux ou de l’énergie stockée,
1.2.1 Hypothèses on en déduit la valeur de l’inductance de fuites.
La figure 2 représente la géométrie de l’encoche étudiée. Nous
Nous nous intéresserons au cas de l’encoche ouverte représentée nous proposons de calculer le champ magnétique H au point M
figure 1. Elle est utilisée dans un circuit magnétique massif ou situé à la distance y du fond de l’encoche. Pour cela, il faut définir un
feuilleté et comporte un faisceau de N conducteurs parcourus par un contour fermé le long duquel nous calculerons la circulation de H.
courant I. Cette forme d’encoche se rencontre dans les machines de Ce contour, représenté en (c) figure 2, est composé d’une équiflux
forte puissance. dans l’encoche, le segment AB, qui se referme dans le circuit
Avant tout calcul, il est important d’avoir une idée de la forme des magnétique.
lignes équiflux ou équiflux. Dans l’air, elles sont perpendiculaires
Si H désigne le champ magnétique au point M, alors la circulation
aux faces de l’encoche et elles se referment, dans le fer, en formant
de H le long du segment AB est égale à bH.
un contour fermé entourant les conducteurs comme le montre la
figure 1. Le flux ainsi défini ne traverse pas l’entrefer de la machine. D’autre part, puisque la perméabilité du circuit magnétique est
Il constitue le flux de fuite d’encoches que nous nous proposons infinie, le champ magnétique est nul partout dans le fer. On peut
de calculer. En pratique, les dimensions de l’encoche sont telles que donc écrire :
l’on peut admettre :
b < < h2

Il en résulte alors que les équiflux dans l’encoche sont des seg-
(1)
òH(c)
dœ = bH ( y ) (2)

ments de droites perpendiculaires aux deux côtés parallèles de


l’encoche. avec dœ élément d’intégration le long du contour c.

■ Nous admettons en première approximation que le champ H, ■ Le contour (c) embrasse un courant I qu’il faut calculer. Si l’enco-
dans l’encoche, est parallèle à l’axe des abscisses et qu’il ne dépend che comporte N conducteurs parcourus par un courant I, tout se
que de la seule variable y. Ce sera notre première hypothèse. passe comme si on avait une nappe de courant uniformément répar-
tie le long du faisceau de conducteurs. Ainsi, au point M, le contour
■ Le circuit magnétique a également une influence sur la valeur des (c) entoure un courant égal à :
flux de fuites. Nous admettrons que le circuit magnétique n’est pas
saturé et que sa perméabilité est infinie. Ce sera notre seconde
0 si 0 < y < h1 ü
hypothèse. ï
NI ï
Nous pouvons maintenant calculer les flux et les inductances de ------------------ ( y Ð h 1 ) si h1 < y < h2 ý (3)
fuites correspondantes. h2 Ð h1 ï
NI si h2 < y < h3 ï
þ
1.2.2 Méthodologie de calcul La densité de courant moyenne le long de l’encoche est représen-
tée figure 3.
Le calcul des flux et des inductances de fuites d’encoche s’effec-
tue en appliquant le théorème d’Ampère pour obtenir le champ ■ Le théorème d’Ampère conduit alors à écrire

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 440 - 3

SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTTP

MÉTHODES DE CALCUL DES INDUCTANCES DE FUITES ________________________________________________________________________________________

— enfin, il est constant au-dessus de la nappe de courant jusqu’à


y l’entrefer ;
b
h3 — au-delà, la répartition de H est bidimensionnelle et ne peut plus
h2 s’exprimer aussi simplement.

■ Après avoir calculé H, on peut en déduire le flux vu par les


M conducteurs. Le flux élémentaire dF est égal à :
D B
y H
N
d F = m 0 H ( y ) L d y ------------------ ( y Ð h 1 ) (6)
h2 Ð h1

dans laquelle L désigne la longueur des conducteurs et m0 la per-


méabilité du vide.
+
Le flux qui traverse la partie bobinée est donc, d’après la
I relation (4), égal à :

h2
N I y Ð h1 N

h1
F1 =
ò h1
m 0 -------- ------------------ L d y ------------------ ( y Ð h 1 )
b h2 Ð h1 h2 Ð h1

soit :
0
(c)
N2 I
Figure 2 – Calcul du champ magnétique au point M F 1 = m 0 ----------- ( h 2 Ð h 1 ) L (7)
3b

À ce flux, il convient d’ajouter le flux qui se développe au-dessus


des conducteurs ; on a, d’après la relation (5) :
Densité
de courant h3
moyenne NI
NI
F2 =
ò h2
m 0 -------- L d y N
b
b (h2 – h1 )
y h3 Ð h2
0 h1 h2 h3 F 2 = m 0 N 2 I ------------------ L (8)
b
H
NI
Compte tenu de l’hypothèse de linéarité, le flux total F à travers
h2 – h1
l’encoche est alors :

F = F 1 + F2
y
0 h1 h2 h3 soit :

N I h2 Ð h1 2
Figure 3 – Variation de la densité de courant et du champ F = m 0 ----------- æè ------------------
- + ( h 3 Ð h 2 )ö L
ø
(9)
magnétique le long de l’encoche b 3

Il s’ensuit que l’inductance de fuites d’encoche est définie par :


— pour h1 < y < h2 :
F
œ e = ----
NI I
bH ( y ) = ------------------ ( y Ð h 1 )
h2 Ð h1
m0 N 2 h2 Ð h1
æ ------------------
N I y Ð h1 soit : œ e = -------------- - + ( h 3 Ð h 2 )ö L (10)
soit : H ( y ) = -------- ------------------ (4) b è 3 ø
b h2 Ð h1
■ Ce même résultat aurait pu être obtenu au moyen de l’énergie
— pour y > h2 : électromagnétique W stockée dans l’encoche. En effet, on peut
écrire :
NI
H ( y ) = -------- (5)
b 1
d W = --- m 0 H 2 d V
On peut donc résumer la variation du champ H par les courbes de 2
la figure 3. On peut alors remarquer que :
où dV représente un volume élémentaire de l’encoche où est
— le champ H est nul en fond d’encoche, car il est nul dans le fer
stockée l’énergie dW.
et parce qu’il n’y a pas de conducteurs dans la zone occupée par
l’isolant, comprise en 0 et h1 ; On a d’après la figure 4 :
— ensuite, le champ varie linéairement dans la zone parcourue
par des courants ; dV = Lb dy

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 440 - 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

SX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVP

Refroidissement des machines


électriques tournantes

par Yves BERTIN


Maître de conférences
Laboratoire d’études thermiques (LET)
École Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotechnique (ENSMA) de Poitiers

1. Lois générales de transmission de la chaleur.................................. D 3 460 - 3


1.1 Transmission de la chaleur par conduction .............................................. — 3
1.2 Transmission de la chaleur par convection ............................................... — 5
1.3 Transmission de la chaleur par rayonnement........................................... — 5
2. Conduction de la chaleur dans la structure
d’une machine tournante....................................................................... — 6
2.1 Exemples simples d’application................................................................. — 6
2.2 Transfert de chaleur radial en régime stationnaire dans un stator simplifié — 7
2.3 Représentation d’éléments hétérogènes................................................... — 9
2.4 Interfaces et contacts entre organes .......................................................... — 10
2.5 Matériaux : quelques données ................................................................... — 10
3. Transfert convectif dans une machine tournante .......................... — 12
3.1 Paramètres caractéristiques du transfert convectif .................................. — 12
3.2 Convection forcée en canal fixe ................................................................. — 14
3.3 Convection forcée en espace annulaire étroit........................................... — 16
3.4 Convection forcée en canal rotorique axial............................................... — 18
3.5 Convection forcée au voisinage des têtes de bobines ............................. — 18
3.6 Relations et remarques complémentaires................................................. — 19
3.7 Fluides : quelques données ........................................................................ — 19
4. Conclusion ................................................................................................. — 20
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. D 3 460

ne machine électrique tournante est le siège de dissipations de différentes


U origines. Elles sont largement distribuées dans sa structure et, plus rare-
ment, dans le fluide de refroidissement lui-même (machine à grande vitesse de
rotation). Le dimensionnement thermique d’une machine électrique, c’est-à-dire
le calcul du champ de température et la détermination des voies d’évacuation de
la chaleur, fait appel à des lois générales et à des relations particulières que cet
article vise à synthétiser. Quelques données thermophysiques concernant les
matériaux et les fluides rencontrés dans ce contexte sont apportées. Notons que
cet article fait largement appel à des références des Techniques de l’Ingénieur
précisées dans le texte.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYY

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 460 − 1

SY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVP

REFROIDISSEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES TOURNANTES ________________________________________________________________________________

Notations et symboles
Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition
a m2.s–1 diffusivité thermique ri m rayon intérieur
c J.kg–1.K–1 capacité thermique massique rm m rayon logarithmique moyen
cp J.kg–1.K–1 capacité thermique massique R K.W–1 résistance thermique
à pression constante
Dh m diamètre hydraulique Ra nombre de Rayleigh
e m épaisseur de l’ailette ou largeur Re nombre de Reynolds
de l’entrefer (suivant le contexte)
f rapport de forme de la section Ro nombre de Rossby
F coefficient de frottement S m2 section du canal ou de l’ailette
(suivant le contexte)
Fg facteur géométrique de l’espace annulaire Si , S j m2 aire des surfaces i et j
Fij facteur de forme entre i et j t s temps
g m2.s–1 accélération de la pesanteur T K température
G W.K–1 conductance thermique Ta nombre de Taylor
Gr nombre de Grashof Tm K température moyenne de mélange
du fluide
h W.m–2.K–1 coefficient de transfert de chaleur V m.s–1 vitesse
par convection
H m excentricité du canal α facteur d’absorption de la surface
< m hauteur ou diamètre géométrique β K–1 coefficient d’expansion thermique
L m longueur de l’ailette ε facteur d’émission de la surface
Lm m longueur d’établissement dynamique γ proportion volumique des constituants
du bobinage
Lth m longueur d’établissement thermique ϕ W.m–2 flux surfacique
n normale à la surface λ W.m–1.K–1 conductivité thermique
N tr.mn–1 vitesse de rotation µ Pa.s viscosité dynamique
Nu nombre de Nusselt ν m2.s–1 viscosité cinématique
p W.m–3 production volumique de chaleur ρ kg.m–3 masse volumique ou facteur de réflexion
(suivant le contexte)
P m périmètre mouillé ou de la section ρc J.m–3.K–1 capacité thermique volumique
de l’ailette (suivant le contexte)
P Pa pression σ W.m–2.K–4 constante de Stefan-Boltzmann ;
σ = 5,67032.10–8 W.m–2.K–4
Pr nombre de Prandtl ω rad.s–1 vitesse angulaire
Q J quantité de chaleur Φ W flux de chaleur
re m rayon extérieur

Liste des indices


a axial eff effective m mélange ou mécanique
(suivant contexte)
b bobinage f fluide p paroi
c courbure h hydraulique ref référence
ca carter i surface i s solide
ou isolant (suivant contexte)
co couronne j surface j th thermique
cr critique

Liste des exposants


ext extérieur int intérieur m, n constantes
f fer j joule

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 460 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

TP
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVP

_______________________________________________________________________________ REFROIDISSEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES TOURNANTES

1. Lois générales 1.1 Transmission de la chaleur


par conduction
de transmission
de la chaleur Ce mode de transfert nécessite un support matériel. Il opère dans
l’ensemble de la structure de la machine ainsi que dans le fluide de
refroidissement, en particulier au voisinage des parois de chacun
L’évacuation des différentes sources de chaleur dont une machine des organes d’une machine [BE 8 200].
électrique est le siège s’effectue grâce aux trois modes de transfert
(figure 1) :
— le transfert de chaleur par conduction dans la structure de la
1.1.1 Loi de Fourier
machine ;
Le flux thermique dΦ est défini comme étant la quantité de
— le transfert de chaleur par rayonnement entre chacune des chaleur dQ (joule) qui traverse une section dS pendant l’unité de
parois de la structure et l’environnement ; temps. Il s’exprime donc en watts. On peut définir le vecteur densité
— le transfert de chaleur par convection, externe ou interne, natu-
relle ou forcée, suivant la technologie de refroidissement employée. de flux thermique ϕ en tout point de la surface. Il caractérise en
On distingue principalement deux types de machines du point de chaque point du milieu la direction, le sens et l’intensité du flux ther-
vue de la technologie du refroidissement : les machines dites fer- mique (figure 4) :
mées (figure 2) et les machines ouvertes (figure 3).
dΦ = ϕ ⋅ n dS (1)
La loi de Fourier stipule que le vecteur densité de flux thermique
est proportionnel au gradient local de la température T. Elle s’écrit
comme suit :
Rayonnement
ϕ = – λ ⋅ grad T (2)
Convection naturelle
Le paramètre λ (W.m–1.K–1) ainsi introduit représente la conduc-
tivité thermique du matériau. Le signe – est justifié afin de respecter
le second principe de thermodynamique (la chaleur diffuse des
régions chaudes vers les régions froides).
Ventilateur
intégré La conductivité thermique est une caractéristique d’un matériau
solidaire homogène et isotrope. Elle dépend en général sensiblement de la
de l’arbre température. Pour les matériaux métalliques, la valeur de cette
Convection forcée grandeur physique passe par un maximum qui se situe entre quel-
ques kelvins et 200 K selon les matériaux, puis décroît avec la
température après ce maximum à quelques exceptions près
(l’uranium, le tantale et le manganèse par exemple [14]) et ceci
jusqu’au point de fusion. Par contre, celle des alliages ferreux
Collecteur mécanique utilisés pour les tôles de machines croît avec la température mais de
manière faible, voire négligeable, sur les plages de températures
Conduction par la bride usuelles rencontrées dans les machines. Pour ces plages de tempé-
ratures, cette dépendance peut être également négligée pour les
Figure 1 – Modes de refroidissement alliages d’aluminium ou pour le cuivre. La conductivité thermique
des liquides est d’une manière générale plus faible que celle des
solides. Celle des gaz est souvent très faible et sa dépendance avec
la température est également relativement marquée.
La loi de Fourier peut se généraliser aux corps qui ne peuvent être
considérés comme isotropes en envisageant alors un tenseur de
Boîte à bornes
Carcasse conductivité thermique. Celui-ci est diagonal lorsqu’il est exprimé
Ventilateur relativement au repère des directions principales.

1.1.2 Équation de la chaleur


Tête de Stator
bobine Dans un volume V immobile délimité par une surface S, la tempé-
Rotor
Air rature dépend des variables d’espace (x, y, z ) et du temps t. En
Arbre froid tenant compte de la quantité de chaleur créée dans ce volume, celle
qui y pénètre et celle qui est nécessaire à la variation de la tempéra-
Palier ture et après avoir effectué le bilan d’énergie dans ce volume, il
vient :
∂T
ρc ------- = div ( λ grad T ) + p (3)
∂t
avec c (J.kg–1.K–1) capacité thermique massique,
Ailettes de ventilation ρ (kg.m–3) masse volumique,
Air chaud ρc (J.m–3.K–1) capacité thermique volumique,
Air froid
p (W.m–3) production volumique de chaleur repré-
sentant ici les pertes engendrées dans la
Figure 2 – Circuit de ventilation d’un moteur fermé machine tournante.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 460 − 3

TQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVP

REFROIDISSEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES TOURNANTES ________________________________________________________________________________

Boîte à bornes

Carcasse
Cage rotorique Tête de bobine

Stator

Ventilateur
Rotor

Arbre
Palier

a moteur asynchrone à ventilation axiale Air froid

Carcasse

Stator

Tête de bobine Cage rotorique


Rotor

Arbre

Évents de ventilation

Palier

b moteur asynchrone à ventilation radiale

Air chaud
Figure 3 – Circuit de ventilation
Air froid
d’un moteur ouvert

Dans le cas particulier d’un matériau anisotrope dont on peut


n ϕ admettre que sa conductivité thermique est indépendante de la
température, l’équation (3) devient alors :
dS
∂T ∂ 2T ∂ 2T ∂ 2T
M ρc ------- =  λ x ----------
- + λ y ----------- + λ z ---------2-  + p (4)
∂t ∂x 2 ∂y 2 ∂z 

Si x, y et z repèrent les directions principales, le tenseur est


Figure 4 – Densité de flux thermique constitué des trois valeurs de conductivité λx , λy , λz.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 3 460 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

TR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVP

_______________________________________________________________________________ REFROIDISSEMENT DES MACHINES ÉLECTRIQUES TOURNANTES

Plus simplement, si le milieu est homogène et n’est pas le siège Tp dans le solide s = Tp dans le fluide f
de production de chaleur, on obtient :
∂T ∂T
ϕ p = h ( T p – Tm ) = λ s ------- = λ f -------
1 ∂T ∂n ∂n
--- ------- = ∆ T (5)
a ∂t
avec λs , λf conductivité thermique du solide et du fluide
où a (m2.s–1) diffusivité thermique est définie par : respectivement.
La valeur du coefficient de transfert convectif dépend de la confi-
λ guration et de la nature du régime de l’écoulement, de la vitesse et
a = ------
ρc des propriétés thermophysiques du fluide et indirectement de la
température (§ 3).
Souvent, seule l’analyse du comportement thermique en régime
permanent d’une machine est nécessaire. Il s’agit de résoudre
alors :
p
∆ T + --- = 0 (6) 1.3 Transmission de la chaleur
λ par rayonnement
L’équation générale de la chaleur doit satisfaire aux conditions sur
les frontières du domaine considéré. Ces conditions sont liées aux Ce mode de transfert induit le plus souvent des conséquences
caractéristiques de la liaison aux milieux environnants (contact avec mineures voire négligeables à l’intérieur des machines électriques
un solide, fluide en présence, échange radiatif...). En outre, sa réso- tournantes. Par contre, sa contribution ne peut pas être négligée au
lution nécessite la connaissance de la répartition des températures premier abord, quand les surfaces en vis-à-vis du rotor et du stator
dans l’ensemble du système étudié au moment initial de l’analyse. dans la région de l’entrefer d’une machine sont portées à des
niveaux de température assez différents (différence de 100 °C, par
exemple). Par ailleurs, les parois externes du système peuvent
contribuer également au refroidissement de la machine par voie
1.2 Transmission de la chaleur radiative.
par convection Quelques remarques et des relations applicables dans le contexte
des machines électriques tournantes peuvent être rappelées ici.
Pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter à l’article spécia-
lisé [A 1 520].
Afin d’assurer le refroidissement d’une machine tournante, on
dispose du fluide proche de la machine, de l’air en général qui, Une fraction de l’énergie radiative reçue par une paroi d’une
s’échauffant au contact des parois du carter, des flasques, de machine est absorbée ; la fraction restante est réfléchie, ici en
l’arbre..., va voir sa masse volumique varier. Cette variation sous général de manière diffuse. Les surfaces des parois des différents
l’effet des différences de température induit un mouvement à organes d’une machine peuvent être considérées comme grises,
vitesse modérée. Il s’agit là de convection naturelle [A 1 540]. Si, au diffuses et opaques. Le facteur d’émission ε et le facteur d’absorp-
contraire, on impose une vitesse de déplacement au fluide pour tion α sont alors égaux et indépendants de la longueur d’onde et de
assurer une circulation d’air, d’eau, d’hydrogène, par exemple dans la direction d’émission ou d’incidence. Le facteur de réflexion ρ est
des canaux internes de la machine, il s’agit de convection forcée. le complément à l’unité du facteur d’émission.
Quand les conséquences mécaniques d’une vitesse imposée et de la ε=α=1–ρ (8)
variation de la masse volumique sont comparables, on parle alors
de convection mixte. Examinons trois cas simples où on effectue le bilan de flux radiatif
échangé entre des surfaces.
Un calcul exact des transferts de chaleur par convection néces-
site, a priori, la résolution d’équations aux dérivées partielles non 1er cas : flux surfacique ϕ, perdu par une surface grise à la tempé-
linéaires et couplées. Cette approche n’est pas encore envisageable rature Ts vers un environnement de grande dimension considéré
à l’échelle d’une machine tournante complète à cause notamment comme un corps noir dont les parois sont à la température Te . Il
des ressources informatiques nécessaires et n’est pas non plus peut s’agir, par exemple, de la surface externe du carter peint. La
toujours indispensable. On préfère généralement modéliser les relation propre à décrire ce flux surfacique s’établit en effectuant le
transferts de chaleur par convection par l’intermédiaire d’une rela- bilan entre le flux de chaleur émis par la surface et le flux, en prove-
tion linéaire entre flux et température qui s’écrit : nance des parois de l’environnement, incident et absorbé par celle-
ci. Dans le contexte des machines électriques, les plages de tempé-
ϕp = h ( T p – T m ) (7) rature rencontrées sont peu étendues et l’on peut considérer que le
facteur d’émission des matériaux utilisés en est indépendant. Ainsi,
avec h (W.m–2.K–1) coefficient de transfert de chaleur par on peut écrire :
convection,
ϕ = εσ ( T s4 – T e4 ) (9)
p indice désignant la paroi,
Tm (K) température unique globalisant la répar- avec ε facteur d’émission de surface,
tition de température dans l’ensemble du
volume de fluide considéré dans les σ constante de Stefan-Boltzmann
situations d’écoulement interne. Elle est (5,67032.10–8 W.m–2.K–4),
alors appelée température moyenne de T température exprimée en kelvins.
mélange (pour la situation d’écoulement 2e cas : flux surfacique ϕ, perdu par une surface grise i au profit
externe, c’est la température du fluide en d’une surface grise j voisine l’entourant totalement. Il s’agit, par
amont de la configuration traitée qui est exemple, des parois du stator et du rotor dans l’entrefer. Si le
généralement considérée). facteur de réflexion d’une des surfaces est notable (ρ > 0,1), il est
Deux hypothèses viennent compléter cette loi au voisinage de la nécessaire de considérer les réflexions multiples du rayonnement
paroi. Elles portent sur la continuité de la température et du flux de qui opèrent entre les parois. Le tableau 1 fournit des valeurs appro-
chaleur à la paroi. chées pour les propriétés radiatives de quelques matériaux et

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 460 − 5

TS
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVR

Refroidissement des machines


tournantes. Études paramétriques

par Yves BERTIN


Maître de conférences
Laboratoire d’Études Thermiques (LET)
École Nationale Supérieure de Mécanique et d’Aérotechnique (ENSMA) de Poitiers

1. Calcul et optimisation thermique par voie de modélisation


numérique .................................................................................................. D 3 462 – 2
2. Comportement thermique d’une machine ouverte ........................ — 3
2.1 Présentation de la machine et de ses caractéristiques ............................ — 3
2.1.1 Propriétés thermophysiques ............................................................. — 3
2.1.2 Dissipations thermiques .................................................................... — 4
2.1.3 Caractéristiques de la boucle de refroidissement ........................... — 4
2.2 Comportement thermique de la machine à la charge nominale ............. — 5
2.3 Analyse de quelques voies d’optimisation thermique ............................. — 7
2.3.1 Sensibilités des températures caractéristiques aux propriétés
thermophysiques des matériaux ...................................................... — 7
2.3.2 Sensibilités des températures caractéristiques aux échanges
convectifs ............................................................................................ — 8
2.3.3 Sensibilités des températures caractéristiques aux débits d’air .... — 8
2.3.4 Sensibilités des températures caractéristiques aux différentes
sources de dissipations...................................................................... — 9
3. Comportement thermique d’une machine fermée ......................... — 11
3.1 Présentation synthétique de la machine et de ses caractéristiques
modélisées ................................................................................................... — 11
3.2 Comportement thermique de la machine pour deux situations
classiques..................................................................................................... — 12
3.2.1 Analyse thermique de l’essai à vide ................................................. — 12
3.2.2 Analyse thermique de l’essai à la charge nominale ........................ — 14
4. Conclusions ............................................................................................... — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 17

a conception des machines électriques tournantes doit assurer que le dimen-


L sionnement effectué, en considérant des objectifs électriques, satisfait éga-
lement aux contraintes thermiques. Il s’agit d’effectuer le calcul du champ
détaillé des températures afin de vérifier son adéquation avec l’échauffement
autorisé [1]. Celui-ci est, en particulier, régi par l’isolant de bobinage qualifié par
sa classe [4]. Il est indispensable également de déterminer et de classer précisé-
ment les voies d’évacuation de la chaleur et de mesurer le rôle respectif de cha-
cun des modes de transfert dans la gestion des flux de chaleur évacués.
Le dossier [D 3 460] effectue un large inventaire des lois générales, des corré-
lations de convection adaptées et fournit quelques données thermophysiques
concernant les matériaux et les fluides usuels rencontrés dans ce contexte.
p。イオエゥッョ@Z@ョッカ・ュ「イ・@RPPV

Afin d’illustrer concrètement l’application de ces informations, le lecteur trou-


vera ici des exemples de résultats d’études thermiques de machines électriques
ouvertes et fermées typiques dont les comportements sont, du point de vue ther-
mique, radicalement différents. Ces résultats sont issus de modélisations

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 3 462 − 1

TU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVR

REFROIDISSEMENT DES MACHINES TOURNANTES. ÉTUDES PARAMÉTRIQUES _____________________________________________________________________

numériques tridimensionnelles validées par confrontation avec des essais expé-


rimentaux dédiés, effectués sur des machines finement instrumentées [10] [12]
[13]. Les machines électriques sur lesquelles s’appuient les analyses présentées
sont deux moteurs asynchrones à rotor à cage, l’un ouvert à ventilation axiale et
l’autre fermé refroidi par une ventilation externe. Ces moteurs couvrent un nom-
bre important de structures de moteur et leur champ d’application est vaste. Les
conclusions tirées de ces analyses peuvent être relativement facilement
transposables.

1. Calcul et optimisation
(0)

Notations et Symboles
Symbole Unité Définition thermique par voie
c (J ⋅ kg–1 ⋅ K–1) Capacité thermique massique de modélisation numérique
cp (J ⋅ kg–1 ⋅ K–1) Capacité thermique massique
à pression constante
G (W ⋅ K–1) Conductance thermique Calculer la distribution de température, mettre en évidence les
paramètres qui gouvernent celle de zones critiques et, éventuelle-
h (W ⋅ m–2 ⋅ K–1) Coefficient de transfert
de chaleur par convection ment, optimiser le circuit de refroidissement pour respecter les
contraintes et les normes imposées n’est pas envisageable analyti-
kg ⋅ s–1
·
m Débit-masse quement même si des réseaux analogues très simplifiés peuvent
N (tr ⋅ min–1) Vitesse de rotation dégager de bons ordres de grandeur en première approche. De
Q (m3 ⋅ h–1) Débit-volume manière générale, une description complète du système électrique
étudié, de son environnement proche et des sources et des trans-
P (W) Pertes
ferts de chaleur dont il est le siège, passe par une approche de
p mm eau Pression modélisation numérique [6]. Les logiciels de calcul de champ font
R (K ⋅ W–1) Résistance thermique aujourd’hui partie de la panoplie de l’ingénieur de conception et
Ro Nombre de Rossby sont, de ce fait, assez couramment utilisés en bureau d’études.

T (K) Température En ce qui concerne l’analyse électromagnétique et thermique des


Tm (K) Température moyenne machines électriques et donc en particulier des moteurs asynchrones,
de mélange du fluide on recourt le plus souvent à la méthode des éléments finis qui est la
V (m ⋅ s–1) Vitesse base des progiciels FLUX2DT et FLUX3DT très utilisés chez les
constructeurs de matériel électrique. Cette approche est particulière-
λ (W ⋅ m–1 ⋅ K–1) Conductivité thermique
ment bien adaptée lorsque la description du ou des fluides de refroi-
ρ (kg ⋅ m–3) Masse volumique dissement reste limitée à des conditions limites mixtes, la valeur du
ρc (J ⋅ m–3 ⋅ K–1) Capacité thermique coefficient d’échange convectif est alors tirée de l’application de
volumique corrélations. Si le circuit du fluide est représenté et si un calcul de
Φ (W) Flux de chaleur pertes de charge et de distribution de débits est envisagé, un réseau
analogue équivalent et la méthode nodale peuvent alors très bien
Indices
être adoptés pour modéliser ce type de système. Enfin, si le fluide
a Axial nécessite une description fine et dédiée une approche de type CFD
e Entrefer (Computational Fluid Dynamic : Dynamique liquide informatique)
s Stator peut être envisagée. Les ressources informatiques n’autorisent pas
encore le traitement simultané de modèles représentatifs des phé-
r Rotor nomènes magnétique, électrique, mécanique et thermique avec le
T Total même degré de finesse ; les temps caractéristiques propres à cha-
Exposants cun de ces phénomènes, ainsi que les discrétisations qui sont néces-
saires, sont en effet très différents.
cd Conduction
cv Convection Dans ce dossier, l’objectif est d’apprécier précisément les influences
f Transport fluide des paramètres constitutifs des machines traitées sur les variables
thermiques ; aussi, seul le calcul du champ de température et de flux
PFR Pertes fer rotoriques de chaleur dans la structure et macroscopiquement dans le fluide
PFS Pertes fer statoriques est réalisé pendant que les autres grandeurs électriques, mécani-
PJR Pertes Joule rotoriques ques et magnétiques restent figées. Pour cela, différents réseaux
analogues validés, correspondant à une discrétisation tridimension-
PJS Pertes Joule statoriques
nelle suffisante, sont utilisés pour réaliser de pareilles études para-
Pmeca Pertes mécaniques métriques.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


D 3 462 − 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

TV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVR

____________________________________________________________________ REFROIDISSEMENT DES MACHINES TOURNANTES. ÉTUDES PARAMÉTRIQUES

2. Comportement thermique Le stator est monté dans un carter en aluminium. À l’interface de


ces deux éléments, des canaux axiaux sont présents pour assurer la
d’une machine ouverte circulation d’air nécessaire au refroidissement. Le nombre et les
dimensions de ces canaux sont très variables d’une machine
ouverte à une autre. Pour l’exemple traité, la moitié de la surface
périphérique du stator est baigné par l’air qui circule dans cette
zone. Entre les deux organes principaux du moteur existe un espace
2.1 Présentation de la machine annulaire très étroit (e = 0,65 mm), l’entrefer, qui permet également
une circulation d’air sous un débit faible, mais a priori idéalement
et de ses caractéristiques situé. Par ailleurs et comme la plupart des machines de moyenne et
de forte puissance, le rotor est également pourvu de canaux de
refroidissement. Ici, il s’agit de 20 canaux axiaux de section cylindri-
La première machine électrique abordée est un moteur asyn- que excentrés de l’axe de rotation de ce moteur. Le débit d’air est
chrone à ventilation axiale. Ces moteurs couvrent un nombre impor- assuré par un ventilateur monté en bout d’arbre. Après son passage
dans les canaux de la machine, l’air guidé par un capot extérieur
tant de structure de moteur et leur champ d’application est vaste. adapté vient finir son action en refroidissant les différentes ailettes
Celui retenu pour ce dossier est de technologie classique (voir dos- externes du carter. Globalement, l’air circule dans une boucle
sier [D 3 460 figure 3], de taille moyenne, équipé d’un rotor à cage et interne de refroidissement relativement complexe. Elle est, ici,
pouvant fournir une puissance mécanique de 132 kW pour une constituée principalement de trois circuits en parallèle, les canaux
vitesse de rotation proche de 1 500 tr ⋅ min–1. Les spécifications de statoriques, les canaux rotoriques et l’entrefer, et de deux régions en
ses performances obéissent à des normes internationales [1]. Seul amont et en aval de ces canaux où la mécanique du fluide et les
transferts de chaleur sont délicats à caractériser et à modéliser
un fonctionnement en régime stabilisé est appréhendé. Le stator autour des obstacles que constituent les têtes de bobines.
(figures 1 et 2) est formé d’un empilage de tôles vernies dont les
encoches découpées abritent le bobinage triphasé. Les fils de cuivre Les données nécessaires au calcul thermique de ce moteur
de ce bobinage sont assemblés aux extrémités du stator pour for- peuvent être classées en quatre catégories :
mer les chignons encore appelés têtes de bobine. Le rotor (figures 1
— les données géométriques et dimensionnelles, elles résultent
et 2) est également formé d’un empilage de tôles dont les encoches d’un dimensionnement électrotechnique et ne varient pas pour les
contiennent une cage formée de barres nues (non isolées) en alumi- analyses relatées dans ce dossier ;
nium, court-circuitées par deux anneaux eux-mêmes pourvues
— les propriétés thermophysiques des matériaux, données par la
d’ailettes. littérature ou bien tirées d’essais spécifiques ;
— les valeurs et localisations des différentes dissipations ther-
miques – les pertes –, issues de calcul aux éléments finis ou bien
d’expérimentation sur plate-forme et de bilans globaux ;
Carter
— et les caractéristiques globales, moyennes ou locales de la
Canaux statoriques
boucle de refroidissement, telles que le débit du fluide, les résistances
ou les caractéristiques aérauliques et les coefficients de transfert
convectif en particulier ; caractéristiques déduites de mesures direc-
tes, de la littérature et de corrélations de convection quand elles
existent.

Canaux
2.1.1 Propriétés thermophysiques
rotoriques
Entrefer Rotor Les empilages de tôles sont considérés macroscopiquement ani-
sotropes. Le bobinage de fils est également simplifié dans sa
Stator représentation ; il est globalisé, homogénéisé pour être décrit finale-
ment par seulement deux valeurs de conductivités thermiques,
l’une suivant l’axe des fils, l’autre se rapportant à la direction radiale.
Ces deux valeurs sont tirées des courbes exposées dans le dossier
Figure 1 – Coupe radiale du moteur [D 3 460]. Le tableau 1 résume les valeurs adoptées ici ainsi que
celles se rapportant aux matériaux homogènes.
(0)

Tableau 1 – Conductivité thermique et conductivité


thermique équivalente (en W ⋅ m–1 ⋅ K–1)
40 encoches Bobinage suivant l’axe principal ...................... 285
Canal Bobinage suivant le plan radial ........................ 6,5
rotorique
Isolant + interface (épaisseur = 0,6 mm) .......... 0,21
48 encoches Empilage stator suivant le plan radial ............. 23,7
a élément de coupe b élément de coupe Empilage stator suivant l’axe principal ........... 3,7
du stator du rotor
Empilage rotor suivant le plan radial ............... 45
Figure 2 – Détails du stator et du rotor Empilage rotor suivant l’axe principal ............. 9

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. D 3 462 − 3

TW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
dSTVR

REFROIDISSEMENT DES MACHINES TOURNANTES. ÉTUDES PARAMÉTRIQUES _____________________________________________________________________

Les résistances de contact existant entre les différents organes 2.1.3 Caractéristiques de la boucle
associés, respectivement entre le stator et le carter, entre l’empilage de refroidissement
du rotor et la cage d’écureuil et entre ce même empilage et l’arbre
du moteur, sont identifiées par recalage de modèles numériques
Ce moteur est ouvert. L’appréhension de la boucle interne de
dédiés et à partir de mesures de températures effectuées au voisi- convection est donc primordiale. Ce moteur est équipé d’un ventila-
nage de ces interfaces sur le moteur considéré [10]. Les valeurs des teur en bout d’arbre qui provoque un écoulement d’air frais à l’inté-
conductances surfaciques issues de cette étape sont rappelées dans rieur de trois principaux canaux parallèles :
l’encadré 1. On peut noter une valeur relativement faible de la
— les canaux de section quasi rectangulaire situés entre le stator
conductance entre le stator et le carter, quasiment équivalente à
et le carter ;
celle qu’occasionnerait une lame d’air d’épaisseur voisine de
0,1 mm dans les mêmes conditions de température. Pour des — l’entrefer – espace annulaire ;
machines de plus petite taille et pour lesquelles l’assemblage est — les canaux cylindriques traversant l’empilage de tôles du rotor.
automatisé, on peut obtenir des valeurs de conductances nettement
plus élevées. De plus, l’air qui circule dans ces canaux baigne les chignons et
peut passer entre les espaces existant entre ces faisceaux de
conducteurs sortant du stator ; il baigne également les couronnes
Encadré 1 – Valeurs des conductances surfaciques court-circuit du rotor lesquelles sont munies d’ailettes. Finalement,
l’air est guidé à l’extérieur par un capot pour contribuer finalement
● Contact entre l’empilement de tôles du stator et le carter : au refroidissement du carter. Dans une modélisation qui passe par
une représentation nodale, la convection intervient par l’intermé-
Gcontact ≅ 400 W ⋅ m–2 ⋅ K–1 diaire de condition limite dite mixte où le coefficient d’échange
● Contact entre l’empilement de tôles du rotor et la cage convectif est renseigné par l’application de corrélations spécifiques.
d’écureuil en alliage d’aluminium : Le calcul de l’échauffement progressif de l’air est effectué grâce à la
Gcontact ≅ 3 400 W ⋅ m–2 ⋅ K–1 description de son parcours au moyen d’un réseau fluidique détaillé
[10]. Aucune résolution fine de la mécanique du fluide dans le
● Contact entre la feuille d’isolant de bobinage et l’empile- moteur n’est effectuée ici, mais le débit global et séparé dans cha-
ment de tôles du stator : cun des canaux a été mesuré précisément pour cette machine [9]
Gcontact ≅ 1 100 W ⋅ m–2 ⋅ K–1 pour pouvoir installer dans le modèle numérique un réseau fluidi-
que précis. Afin de situer quelques ordres de grandeurs, l’encadré 2
précise ces débits à la vitesse de rotation nominale et aux conditions
Par ailleurs, l’élément névralgique du moteur, l’isolant de bobi- normales.
nage, est à la fois en contact imparfait avec les tôles du stator et avec
les fils du bobinage. Par voie expérimentale également, cette inter- Encadré 2 – Valeurs des principaux débits
face – contacts et isolant – a été caractérisée globalement. On peut dans le cadre de notre exemple
retenir en première approche que le contact imparfait induit une
résistance thermique de l’ordre de grandeur de celle occasionnée ● Débit-volume total = 1 146 m3 ⋅ h–1
par l’isolant lui-même. ● Débit-volume (canaux statoriques) = 760 m3 ⋅ h–1
(Vitesse moyenne = 15 m ⋅ s–1)
3
● Débit-volume (entrefer) = 56 m ⋅ h
–1

2.1.2 Dissipations thermiques (Vitesse moyenne = 14 m ⋅ s–1)


3
● Débit-volume (canaux rotoriques) = 330 m ⋅ h
–1
(Vitesse moyenne = 18,5 m ⋅ s–1)
Les dissipations thermiques prises en compte pour l’ensemble
des évaluations fournies ci-après (§ 2.2 et § 2.3) correspondent aux
pertes classiquement provoquées par effet Joule dans le bobinage Les corrélations de convection retenues pour ces trois situations
du stator et dans la cage d’écureuil, par circulation de courants de peuvent être tirées de [D 3 460]. L’écoulement qui circule dans les
Foucault dans l’empilage du stator, et à celles liées aux effets de canaux statoriques est turbulent et l’effet d’entrée sur les échanges
aux parois est important, les régimes mécanique et thermique
peau localisées à la périphérie du rotor et aux pertes d’origine méca-
n’étant pas encore établis en sortie des canaux. Dans l’entrefer et
nique principalement situées aux paliers de ce moteur. Elles sont compte tenu de la relative faiblesse du débit, l’écoulement reste
estimées pour un fonctionnement au point nominal à pleine charge laminaire et globalement hélicoïdal. L’écoulement peut être considéré
et à une vitesse de rotation N de 1 470 tr/min. Les différentes valeurs turbulent dans les canaux rotoriques et une corrélation établie en
de ces dissipations sont résumées dans le tableau 2. s’appuyant sur le nombre de Rossby [9] permet de chiffrer le coeffi-
cient d’échange convectif. Par ailleurs, les valeurs des coefficients
(0) d’échange entre les chignons et l’air à leur voisinage ont été identi-
fiées par recalage de deux modèles thermiques spécialisés à partir
de résultats de mesures effectuées lors d’une expérience dédiée. En
Tableau 2 – Dissipations dans le moteur au point effet, il n’existe pas de corrélations adaptées pour la modélisation
de fonctionnement nominal (en W) des échanges dans cette région. Le lecteur est invité à se reporter en
[10] pour de plus amples détails sur les différents développements,
Pertes Joule statoriques .................................. 4 225 évaluations et résultats identifiés concernant cette machine spécifi-
Pertes Joule rotoriques..................................... 3 315 que. En résumé et pour situer là encore des ordres de grandeur, les
valeurs moyennes des coefficients d’échange dans les trois canaux
Perte fer statoriques.......................................... 2 500 principaux, à la surface externe du carter ainsi que celles identifiées
Pertes rotoriques par effet de peau ................ 1 300 au niveau des surfaces latérales des deux chignons sont données
dans le tableau 3. La figure 3 permet de repérer ces surfaces des
Pertes mécaniques ............................................ 1 100 chignons ainsi que le trajet fluidique voisin associé.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


D 3 462 − 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

TX
GAGNEZ DU TEMPS ET SÉCURISEZ VOS PROJETS
EN UTILISANT UNE SOURCE ACTUALISÉE ET FIABLE

Techniques de l’Ingénieur propose la plus importante


collection documentaire technique et scientifique
en français !
Grâce à vos droits d’accès, retrouvez l’ensemble
des articles et fiches pratiques de votre offre,
leurs compléments et mises à jour,
et bénéficiez des services inclus.

   
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES

 + de 350 000 utilisateurs


 + de 10 000 articles de référence
 + de 80 offres
 15 domaines d’expertise
Automatique - Robotique Innovation
Biomédical - Pharma Matériaux
Construction et travaux publics Mécanique
Électronique - Photonique Mesures - Analyses
Énergies Procédés chimie - Bio - Agro
Environnement - Sécurité Sciences fondamentales
Génie industriel Technologies de l’information
Ingénierie des transports

Pour des offres toujours plus adaptées à votre métier,


découvrez les offres dédiées à votre secteur d’activité

Depuis plus de 70 ans, Techniques de l’Ingénieur est la source


d’informations de référence des bureaux d’études,
de la R&D et de l’innovation.

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur

  
ACCÈS

Accès illimité Téléchargement des articles Consultation sur tous


aux articles en HTML au format PDF les supports numériques
Enrichis et mis à jour pendant Pour un usage en toute liberté Des contenus optimisés
toute la durée de la souscription pour ordinateurs, tablettes et mobiles

 
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES

Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue


Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter des articles 45 000 termes en français, anglais,
et scientifiques vous répondent en dehors de votre offre espagnol et allemand

 
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires

*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.

ILS NOUS FONT CONFIANCE

www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com

You might also like