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Toute référence à cet article doit porter la mention : Magnier S, Lupoglazoff JM et Casasoprana A. Affections de l’artère pulmonaire. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Cardiologie, 11-312-A-10, 2000, 15 p.
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En présence d’une HTAP, la courbe de vélocité du flux pulmonaire à l’appréciation exacte de l’état du lit vasculaire pulmonaire. Si les
se modifie. La vélocité du flux maximal pulmonaire ne se modifie chiffres des pressions et des résistances sont élevés, il importe de
pas en cas d’élévation des PAP et des résistances artérielles déterminer si ces modifications sont réversibles ou s’il existe une
pulmonaires. Cependant, le pic de vélocité est plus précoce et le artériolite pulmonaire fixée.
flux peut être le siège d’une encoche mésosystolique. La mesure Des épreuves dynamiques (test d’effort) [23] ou pharmacodynamiques
directe de la PAP en l’absence d’obstruction peut être obtenue en (hyperoxie, NO, prostacycline et, autrefois, plusieurs vasodila-
présence d’une insuffisance tricuspide ; selon l’équation de tateurs) [4, 61] tentent une approche plus fine du degré de réversibilité
Bernouilli, le gradient de pression systolique VD-OD est quatre fois des lésions obstructives artériolaires pulmonaires.
la valeur au carré du pic de vélocité maximal de régurgitation, et la
Le test d’effort peut être utilisé pour suivre la réponse au
pression systolique ventriculaire droite et artérielle pulmonaire est
traitement [60] et permet de préciser les caractéristiques de la
mesurée par ce gradient, additionnée à la pression auriculaire droite.
limitation à l’effort avec une réduction de la consommation
Cette dernière est basse en l’absence de pathologie du cœur droit,
maximale d’oxygène et une réponse ventilatoire à l’effort
estimée de 10 à 15 mmHg. La vélocité maximale du flux de
augmentée. Le test de marche de 6 minutes complète les données
régurgitation tricuspide est au mieux enregistrée en incidence
hémodynamiques de repos et donne une appréciation du pronostic
apicale et la pression OD intervient peu si l’alignement est bon. À
de survie à long terme. Le test d’hyperoxie est sans danger, sauf en
l’état normal, elle n’excède pas 2 à 2,5 m/s. D’excellentes
cas d’hypercapnie chronique. S’il fait baisser la PAP par rapport à la
corrélations existent entre la mesure de la PAP par cette technique et
pression systémique, il traduit la réversibilité de l’HTAP.
les données du cathétérisme [48]. L’insuffisance tricuspide est très
fréquente chez l’enfant et en cas d’HTAP. Ce test, peu précis, a été supplanté dans les 15 dernières années par
Les travaux de Heatle ont montré qu’à partir de la vélocité du flux les épreuves pharmacodynamiques utilisant autrefois des
de régurgitation pulmonaire, fréquente à l’état physiologique et dans vasodilatateurs tels que la tolazoline, l’hydralazine, le diazoxide et
les HTAP, il était possible d’évaluer les PAPd, et ainsi d’approcher la phentolamine. De nombreuses publications en ont fait état, avec
le niveau des résistances pulmonaires. La vélocité maximale en des molécules, d’effets variables sur les pressions et les RAP, et les
protodiastole du flux de régurgitation pulmonaire est d’autant plus travaux plus récents sur le mécanisme endothélial de l’HTAP ont
élevée que les pressions pulmonaires sont élevées, et permet une conduit à utiliser, pour ces tests, le NO inhalé, les prostaglandines et
bonne évaluation de la PAPd. La fuite pulmonaire est retrouvée dans les inhibiteurs calciques (nifédipine, diltiazem). Les mécanismes
plus de 80 % des HTAP, recueillie au doppler à codage couleur dans exacts de l’HTAP ne sont pas encore tous connus, et les effets de ces
l’infundibulum pulmonaire ; la PAP systolique (PAPs) est estimée différentes drogues sur le lit vasculaire pulmonaire ne sont pas
en se servant d’une formule empirique utilisée pour le calcul de la univoques et peuvent être fonction de l’affection cardiaque ou
pression artérielle moyenne (PAPm) : pulmonaire responsable de l’HTAP.
PAPm = (1/3 × PAPs) +(2/3 × PAPd)
¶ Biopsie pulmonaire
d’où
PAPs = 3 PAPm − 2 PAPd Elle reste actuellement le procédé qui apparaît le moins incertain
En pratique, le chiffre de PAPs calculé par la fuite tricuspide est pour établir la réversibilité des lésions du lit artériolaire pulmonaire,
supérieur à celui calculé par l’insuffisance pulmonaire. En revanche, les lésions retrouvées sur un fragment de poumon étant en règle
un chiffre de pression pulmonaire mesuré sur l’insuffisance représentatives de l’ensemble du lit vasculaire pulmonaire.
pulmonaire plus élevé que sur l’insuffisance tricuspide doit inciter à Bien que l’histologie pulmonaire, et en particulier artériolaire
reprendre cette dernière mesure avec une meilleure enveloppe de pulmonaire, permette de caractériser le niveau de l’atteinte
fuite tricuspide. artériolaire pulmonaire, la biopsie pulmonaire comporte un risque
La fiabilité de la mesure des pressions pulmonaires au doppler, et cette étude des structures artériolaires n’est que d’un faible apport
notamment systoliques, est largement admise. Si une erreur en regard des informations cliniques et hémodynamiques, invasives
d’appréciation de ± 7 mmHg (OD) peut être négligée pour une ou non.
pression systolique de l’ordre de 35 mmHg, elle l’est difficilement Son indication n’est pas retenue en routine dans le bilan des HTP et
pour une pression diastolique et moyenne de 15 mmHg, d’où une n’est discutée qu’en situation spécifique, faisant évoquer notamment
précision moindre pour ces dernières. une éventuelle vascularite inflammatoire.
¶ Imagerie de résonance magnétique et scanner Les modifications anatomopathologiques de l’arbre artériel
pulmonaire dans l’HTAP ont été étudiées en détail par Heath et
en haute résolution
Edwards [36], auteurs d’une classification de ces lésions, confirmée
Ces techniques non invasives permettent d’évaluer les morphologies par les travaux de Wagenvoort [95, 96]. Cette classification établit six
ventriculaire et auriculaire droites, la morphologie artérielle stades évolutifs (fig 2) :
pulmonaire et la fonction ventriculaire droite.
– stade 1 : c’est le stade de la persistance du « type fœtal » des
Le scanner thoracique en haute résolution permet en outre
vaisseaux pulmonaires ; les lésions intéressent les artérioles et les
l’évaluation du parenchyme pulmonaire et détecte la présence d’une
artères musculaires ; il apparaît alors une extension distale de la
éventuelle maladie veino-occlusive pulmonaire.
média des artères vasculaires vers les artérioles ; cette média
La valeur de ces techniques d’imagerie dans le suivi des patients s’épaissit, atteignant 25 % du diamètre externe du vaisseau ;
ayant une pathologie hypertensive artérielle pulmonaire n’est pas l’adventice devient épaisse et fibreuse ;
encore établie.
– stade 2 : l’hypertrophie de la média s’associe, au niveau des petites
¶ Scintigraphie pulmonaire [78]
artères musculaires (inférieures à 300 µm), à une prolifération
Elle permet de visualiser des irrégularités de distribution du traceur cellulaire de l’intima dont l’importance peut conduire à l’obstruction
en cas de maladie veino-occlusive, et de plus importants défauts de du vaisseau ;
perfusion pulmonaire en cas de maladie thromboembolique – stade 3 : il se caractérise par l’apparition de la fibrose intimale
artérielle pulmonaire. réalisant le stade de l’« occlusion vasculaire fibreuse progressive »,
La scintigraphie de perfusion doit être couplée à une scintigraphie où la progression de la fibrose intimale se fait des petites artères
de ventilation. musculaires vers l’arrière, à l’origine du vaisseau, et s’accompagne,
lorsqu’elle est très développée, d’une rupture de la lame élastique
¶ Épreuves pharmacodynamiques interne. À un stade 3 évolué, la fibrose intimale aboutit à l’occlusion
La mesure par cathétérisme droit de la PAP et le calcul des des artères musculaires et des artérioles ; à ce stade, l’hypertrophie
résistances vasculaires pulmonaires à l’état de base ne suffisent pas de la média atteint sa valeur maximale et, plus tardivement,
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A *
B *
C
2 Classification de Heath et Edwards.
A. Stade 1. B. Stade 2. C. Stade 3.
apparaissent des lésions d’amincissement secondaire de cette couche Le tissu pulmonaire est lui-même analysé en précisant la source du
musculaire, annonçant des lésions de dilatation qui caractérisent les prélèvement (post mortem, poumon entier ou biopsie), le siège du
stades 4, 5 et 6 de cette classification ; prélèvement, la préparation et le mode de fixation du tissu. Une
quantification de l’atteinte artérielle pulmonaire peut être faite.
– stade 4 : ce stade est caractérisé par l’existence de lésions de
dilatation de type plexiforme, où les artérioles forment des sacs dont
les parois sont fragiles, constituées d’une seule couche de muscle Hypertension artérielle pulmonaire
entre deux lames élastiques mal définies ; des canaux aux parois
minces naissent de ces sacs dilatés et se terminent en capillaires qui primitive
aboutissent aux parois alvéolaires ;
L’HTAPP est un syndrome clinique, anatomique et hémodynamique
– stade 5 : les lésions de dilatation de type plexiforme ou dont l’étiologie n’est pas connue à ce jour.
angiomatoïde caverneux sont nombreuses et s’accompagnent d’une Le premier cas documenté a été publié par Dresdale en 1951 [25], bien
hémosidérose pulmonaire ; le poumon a un aspect très vasculaire qu’il y ait plus d’un siècle Romberg [81] ait rapporté l’observation
recouvert de vaisseaux de type sinusoïde ; d’un patient ayant une insuffisance cardiaque droite où l’autopsie
– stade 6 : peu de patients porteurs d’une maladie pulmonaire ne montrait aucune évidence d’artériosclérose pulmonaire. En 1967,
hypertensive atteignent ce stade d’« artérite nécrosante », où les une épidémie d’HTAPP en Europe est attribuée à l’utilisation
artères musculaires sont le siège d’une nécrose fibrinoïde, étendue d’anorexigènes contenant du fumarate d’aminorex. En 1973,
accompagnée parfois d’une réaction inflammatoire faite surtout de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise, à la lumière de
leucocytes polynucléaires neutrophiles avec peu d’éosinophiles. cette augmentation des cas d’HTAPP, une réunion internationale qui
Cette classification a constitué une référence, notamment dans permet de revoir et discuter les mécanismes physiopathologiques et
l’évaluation pronostique des cardiopathies congénitales, les lésions épidémiologiques de l’HTAPP. En 1994, le groupe international
d’artériolite pulmonaire étant réversibles jusqu’au stade 3 inclus et, d’étude sur l’HTAPP clarifie le rôle des réducteurs d’appétit dans ce
pour quelques auteurs, le stade 4 est susceptible d’un certain degré syndrome. Les 25 dernières années sont marquées par une meilleure
de réversibilité. compréhension de la pathologie, de la pathobiologie des facteurs de
risque et de la génétique de la maladie. Les progrès thérapeutiques
Les corrélations entre les étiologies ou la maladie hypertensive avec l’apparition de la prostacycline dominent cette dernière période
pulmonaire et les aspects histologiques font apparaître que : en améliorant le pronostic de cette affection.
– l’hypoxémie conduit à un grade 1 ;
– les obstacles gauches sont longtemps responsables d’un grade 1 DÉFINITION
réversible ; L’HTAPP se caractérise par une élévation soutenue des pressions
– dans les cardiopathies malformatives avec shunt gauche-droite, artérielles pulmonaires sans cause démontrable [41, 82]. Les critères
les lésions sont d’autant plus marquées que le shunt est important, diagnostiques retenus par l’Institut national du registre des maladies
la pression partielle en oxygène du sang artériel pulmonaire élevée sont une PAPm supérieure ou égale à 25 mmHg au repos et/ou à
et la durée d’évolution plus longue. plus de 30 mmHg à l’exercice. Cette définition hémodynamique
implique une PCP bloquée normale inférieure ou, au plus, égale à
Les progrès dans la compréhension des mécanismes cellulaires 12 mmHg. Ces critères excluent toute association à une éventuelle
(notamment endothéliaux) de l’HTAP conduisent à modifier maladie valvulaire gauche, une atteinte myocardique ou une
l’utilisation de la classification de Heath et Edwards, parfois cardiopathie malformative. Sont également éliminées les affections
restrictive, et à préférer une analyse histologique plus descriptive respiratoires, la maladie thromboembolique et les connectivites
que normative [65] , à la lumière des informations cliniques et [30, 66]
.
hémodynamiques. Les différentes structures sont examinées. Au
niveau des vaisseaux, la lumière vasculaire est décrite et la présence
de thrombi anciens ou récents notée. ÉTIOLOGIE, ÉPIDÉMIOLOGIE, FACTEURS CLINIQUES
Les composants du vaisseau sont analysés avec, au niveau de L’HTAPP est une maladie rare dont aucune cause précise n’a pu
l’endothélium, la cellule endothéliale et de petites cellules être démontrée [19].
musculaires, ainsi que le tissu de soutien (élastine, collagène, Son incidence [1, 83] est de 1/500 000 habitants, selon une étude
mucopolysaccharides). Au niveau de la média est étudiée la multicentrique européenne récente, identique aux États-Unis. La
distribution musculaire excentrique ou concentrique, les composants prévalence féminine [10] est une donnée habituelle, bien que variable,
cellulaires et le tissu de soutien ; au niveau de l’adventice, le type de avec un sex-ratio de 1,7/1 aux États-Unis (extrêmes : 1,3-3,5). Cette
composants cellulaires (fibroblastes) et le tissu de soutien. Des prévalence féminine est particulièrement nette dans la race noire.
lésions vasculaires complexes peuvent être présentes, telles que Le pic de fréquence du diagnostic de la maladie se situe à 36 ans,
dilatations complexes, lésions plexiformes, nécrose fibrinoïde, mais la maladie peut se voir à tout âge ; la moyenne d’âge au
artérite, hémosidérose et granulomes. La présence de cellules diagnostic est légèrement plus élevée chez l’homme que chez la
inflammatoires, leur type et leur siège sont notés. femme.
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Les formes familiales [46] d’HTAPP sont retrouvées dans 6 à 10 % des GÉNÉTIQUE ET PHYSIOPATHOLOGIE DE L’HTAPP
cas. Le développement de la maladie dans ces formes est identique Le locus du gène atteint dans les formes familiales d’HTAPP a été
à celui des formes sporadiques, avec cependant une apparition des identifié sur le chromosome 2q31-32. La faible pénétrance de ce gène
symptômes de plus en plus jeune dans les générations explique la probabilité de 10 à 20 % de développer la maladie.
successivement atteintes. Ce phénomène d’anticipation génétique est Quand une personne dans la famille a développé une HTAPP, la
caractéristique de la forme familiale de la maladie. probabilité pour un autre membre de la famille de développer la
Si la cause de l’HTAPP n’est pas connue, l’apparition de celle-ci maladie est estimée de 0,6 à 1,2 % [47]. Si deux personnes sont
serait facilitée par des facteurs de risque, pour une part certains, atteintes, ce risque s’élève de 5 à 10 %. La physiopathologie de
pour d’autres possibles, et pour les derniers peu probables. De façon l’HTAPP reste peu claire, mais fait intervenir deux éléments :
certaine, la prise d’aminorex, de fenfluramine, de dexfenfluramine l’obstruction de la lumière vasculaire par prolifération fibreuse de
[1, 30, 83]
et de certaines huiles de colza frelatées augmente le risque l’intima et musculaire de la média d’une part, et d’autre part la
d’HTAPP. vasoconstriction. Ces deux éléments impliquent un dérèglement de
la croissance et de la différenciation musculaire, et un déséquilibre
La prise d’anorexigènes multiplie ce risque par 6, et par 20 si cette au niveau de la cellule endothéliale entre facteurs vasoconstricteurs
prise a dépassé 3 mois, consécutifs ou non. Les conséquences et vasodilatateurs [16]. Des études immunohistochimiques suggèrent
tardives de ces traitements sur plusieurs mois ou années ne sont pas que l’expression endothéliale des NOS est diminuée dans les AP des
encore connues, mais la fenfluramine a été retirée du marché en patients atteints d’HTAPP et l’excrétion urinaire des métabolites de
France. La prise d’anorexigènes est retrouvée chez 3 à 7 % des la prostacycline est également basse chez ces patients. Inversement,
patients ayant une HTAPP. En 1981, l’HTAPP a été rapportée comme les concentrations en endothéline-1 (ET1) sont particulièrement
une complication qui a touché 20 000 personnes en Espagne [31, 41] élevées dans les AP de ces patients. Le thromboxane A 2 ,
après consommation d’huile de colza frelatée (toxic-oil syndrome). vasoconstricteur, activateur des plaquettes, a été retrouvé augmenté
Les symptômes initiaux ont été marqués par un syndrome dans le sang et dans les urines des patients atteints d’HTAPP. La
inflammatoire avec pneumopathie interstitielle transitoire et, 2 à présence de stimuli vasoconstricteurs chez ces patients favoriserait
3 mois plus tard, apparition, surtout chez les femmes, dans 2 à 3 % la prolifération du muscle lisse artériolaire, modification précoce de
des cas, d’un syndrome de Raynaud et d’une HTAPP, dont certains l’histologie artériolaire pulmonaire.
cas ont été décrits au sein d’une même famille.
L’association d’une sérologie du virus de l’immunodéficience ANATOMOPATHOLOGIE
humaine (VIH) positive [52, 64, 88] au développement d’une HTAPP est Au sein des HTAPP, trois types principaux d’altérations vasculaires
connue depuis 1987. L’HTAPP se développe indépendamment du sont décrits [65, 75] :
stade de l’immunosuppression et de l’évolution clinique de
l’infection à VIH. L’existence d’une sérologie positive au VIH a été – l’artériopathie pulmonaire plexogénique : cet aspect n’est pas
notée chez 8 % d’une série française de 125 patients [10] suivis pour spécifique de l’HTAPP. Il associe une hypertrophie de la média par
une HTAPP. La survie des patients ayant une sérologie positive n’est prolifération et augmentation de la taille des cellules musculaires
pas différente de ceux dont la sérologie est négative. lisses, une fibrose concentrique de l’intima qui réduit la lumière
vasculaire par prolifération cellulaire essentiellement de
Le risque de développement d’une HTAPP est probable avec la prise myofibroblastes, et des lésions plexiformes qui traduisent un stade
d’amphétamines ou de L-tryptophane, l’hypertension portale et les avancé de la maladie avec une lumière vasculaire remplacée par un
maladies du tissu collagène. entrecroisement de canaux séparés par du tissu fibreux. En certains
La prévalence de l’HTAPP est augmentée dans les cirrhoses, points, il peut être noté des dilatations vasculaires dans les zones où
démontrée dans des séries autopsiques où elle est retrouvée chez l’hypertrophie de la média est absente. Peuvent se constituer en
0,73 % environ des cirrhotiques, avec comme facteur favorisant la outre des lésions de nécroses fibrinoïdes avec destruction des
présence d’un shunt portosystémique, spontané ou chirurgical. Le structures pariétales et constitution de caillots dans la lumière
mécanisme essentiel et probable de ce facteur, mais non démontré, vasculaire. Cette forme est retrouvée chez 30 à 60 % des HTAPP ;
est peut-être la présence de substances vasoactives en excès, non ou – l’artériopathie pulmonaire thrombotique ne comporte pas de lésions
incomplètement métabolisées du fait de l’absence de passage plexiformes et se caractérise par une prolifération intimale avec
hépatique. Le rôle évoqué de l’hyperdébit et d’éventuelles embolies fibrose et la présence de thrombi d’âge différent dans la lumière
pulmonaires répétées n’a pas été confirmé. Dans une série française vasculaire, parfois recanalisés. Les thrombi sont probablement dus à
de 125 patients suivis pour HTAPP, 13 % avaient une cirrhose. Le une thrombose vasculaire in situ. Cette forme intéresse 40 à 50 %
délai entre l’apparition des signes de cirrhose et des signes d’HTAPP des HTAPP [15, 28] ;
est de 4,8 ans, avec un âge moyen de 40 ans et une prédominance – la maladie veino-occlusive se définit par une fibrose intimale diffuse
masculine. des veines et des veinules possiblement due à une thrombose locale
L’association de l’HTAPP à des maladies systémiques a fait discuter avec recanalisation des thrombi. Une atteinte artériolaire s’associe à
un mécanisme auto-immun. Le syndrome de Raynaud [77] est l’atteinte retrouvée dans de nombreux cas. Beaucoup plus rare, elle
retrouvé chez près de 10 % des patients, essentiellement des femmes est retrouvée chez moins de 10 % des patients avec HTAPP ;
atteintes d’HTAPP. La positivité des facteurs antinucléaires à taux – plus récemment, une nouvelle entité a été décrite : l’héman-
modéré est retrouvée chez 25 % des patients. Le mécanisme du giomatose pulmonaire [49], très rare, caractérisée par une prolifération
développement de l’HTAPP dans ces pathologies n’est pas de capillaires dans l’interstitum pulmonaire. Ces vaisseaux infiltrent
clairement connu. Ce développement est particulièrement fréquent les parois des veines pulmonaires entraînant l’HTAPP.
dans la sclérodermie, le lupus érythémateux disséminé, le syndrome
de Sjögren et apparentés. Il est plus rare dans la polymyosite, la
dermatomyosite et la polyarthrite rhumatoïde. Enfin, l’association SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC CLINIQUE
HTAPP et dysfonction thyroïdienne a été signalée avec un taux L’obstacle principal à un diagnostic clinique précoce est lié au peu
inhabituellement élevé, dans ces pathologies, d’anticorps de spécificité des signes fonctionnels initiaux et, lors de l’apparition
antithyroïdiens. Le risque d’HTAPP est possible lors de la prise de de ceux-ci, la maladie est le plus souvent déjà évoluée. Le délai
méta-amphétamines, de cocaïne ou d’agents chimiothérapeutiques, moyen entre l’apparition des symptômes et le diagnostic de la
ainsi que lors de la grossesse ou d’HTA systémique. Le rôle des maladie est de 2 ans et, chez 10 % des patients, ce délai peut
traitements antidépresseurs, œstrogéniques ou contraceptifs, atteindre 3 ans.
l’obésité et le tabac n’a pas été prouvé comme constituant des Le plus souvent, dans 60 % des cas, les patients consultent pour une
facteurs de risque d’HTAPP. dyspnée qui s’aggrave progressivement. La fatigabilité est un signe
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vasodilatateur est elle-même imprécise, car on ne peut pas tenir faisant passer d’une solution d’attente de transplantation cœur-
compte de la variabilité hémodynamique spontanée de la maladie. poumons à une alternative à cette dernière. Les effets secondaires
Parmi les vasodilatateurs testés : prostacycline, isoprostérénol, de cette thérapeutique sont liés au produit, telles les douleurs
trinitrine, diltiazem, phentolamine, hydralazine [9, 61, 62, 86, 87]. La osseuses et articulaires, la diarrhée et les éruptions. Les
prostacycline ou isoprostérénol, vasodilatateur endogène, a l’effet le complications plus graves sont en rapport avec la nécessité d’un
plus puissant chez les répondeurs, provoquant une baisse des cathéter central. La perfusion de prostacycline permet une nette
résistances vasculaires pulmonaires, une chute significative de la amélioration fonctionnelle, avec augmentation des capacités à
pression artérielle systémique, et une augmentation significative du l’exercice et contrôle des symptômes cliniques. Habituellement, la
débit cardiaque et de la fréquence cardiaque. La PAPm reste stable. PAP se modifie peu [51].
La réponse à la prostacycline a un effet prédictif sur l’existence d’une La posologie initiale est déterminée lors du cathétérisme, puis
composante réversible de la maladie artériolaire pulmonaire. augmentée régulièrement avec le temps. Le mécanisme des besoins
Le NO inhalé [ 5 3 , 5 4 ] a une demi-vie courte. Inactivé par accrus en prostacycline avec le temps n’est pas connu, mais peut
l’hémoglobine, il n’agit que sur les artérioles pulmonaires. Il a une être lié à une accélération de la dégradation du produit et de la
action reproductible. Il est donné sous forme gazeuse, inhalé à raison production endogène de thromboxane vasoconstricteur [98] . La
de 10 à 20 ppm (parts par million) pendant 15 à 20 minutes. Il ne perfusion de prostacycline est contre-indiquée chez les patients
fait pas varier le débit cardiaque et diminue la fréquence cardiaque. ayant une maladie veino-occlusive, en raison du risque d’œdème
Les inhibiteurs calciques sont également testés en cours pulmonaire. La prostacycline a des propriétés d’inhibition
d’exploration [73, 74], leur prescription thérapeutique pouvant être faite d’agrégation plaquettaire et d’adhésion leucocytaire à l’endothélium
par voie orale. Les plus utilisés sont la nifédipine et le diltiazem. vasculaire. Les patients mis sous prostacycline sont aux stades III
L’effet souhaité est une réduction de la PAP, sans chute du débit ou IV de la New York Heart Association (NYHA), sans amélioration
cardiaque, mais ces produits s’accompagnent souvent, du fait de par le traitement conventionnel et/ou non répondeurs aux
leur mécanisme d’action, d’une baisse des résistances systémiques. inhibiteurs calciques. Des études sont encore nécessaires pour
Le cathétérisme cardiaque dans l’HTAPP est indispensable, clarifier le mécanisme d’action de la prostacycline sur le tissu
essentiellement pour évaluer les possibilités thérapeutiques. Il est cardiaque et vasculaire. Une meilleure compréhension de ces
cependant grevé [13], dans ce contexte, d’une mortalité évaluée de 5 à mécanismes devrait permettre de prévoir la dose optimale efficace
10 %, d’autant plus élevée que l’examen est prolongé et que le pour les patients. Des formes d’administration de prostacycline par
patient est porteur d’un patent foramen ovale. Les accidents sévères voie sous-cutanée, inhalée ou orale, sont en attente.
peuvent survenir au cours de l’examen ou dans les heures qui
suivent, et en l’absence d’opacification angiographique. Le • Monoxyde d’azote
mécanisme de ces accidents n’est pas parfaitement connu, Par son métabolisme, le NO est un puissant et sélectif vasodilatateur
probablement multifactoriel. artériel pulmonaire, mais qui ne peut être administré qu’en
inhalation, limitant son utilisation de façon chronique, avec des
¶ Biopsie pulmonaire effets dans la durée encore mal connus.
Cet examen non dénué de risques est très rarement nécessaire au
diagnostic d’HTAPP et n’est prescrit qu’en cas d’incertitude Traitements associés
diagnostique.
• Traitement anticoagulant
TRAITEMENT DE L’HTAPP Il est recommandé, en raison du risque accru de thromboses in situ,
L’HTAPP n’a pas de traitement curateur. Des rémissions spontanées confirmé par les études anatomopathologiques montrant des
ont été rapportées, mais sont exceptionnelles, pouvant se rencontrer thromboses extensives dans les petits vaisseaux pulmonaires et dans
chez les patients ayant pris des anorexigènes et après arrêt de cette les gros troncs, en l’absence de maladie thromboembolique [15, 28].
thérapeutique. Ces 15 dernières années ont été marquées par les Quelques études font état de l’amélioration de la survie des patients
progrès des thérapeutiques vasodilatatrices médicales dans cette porteurs d’HTAPP, sous anticoagulants au long cours.
affection [22, 29]. L’anticoagulant de choix est la warfarine, prescrite par voie orale
pour maintenir l’international normalized ratio (INR) entre 2 et 3.
¶ Traitement médical
• Traitement de l’insuffisance cardiaque
Vasodilatateurs
Sont indiqués les diurétiques lors de poussées d’insuffisance
Ce sont essentiellement les inhibiteurs calciques, le NO et la cardiaque, plus volontiers sous forme d’épargnants potassiques à
prostacycline par voie veineuse continue, après test lors du l’effet plus progressif.
cathétérisme de la réponse à ces différents produits.
Seuls les troubles du rythme auriculaire bénéficient des glycosides
• Inhibiteurs calciques tonicardiaques. Le maintien d’une systole auriculaire en rythme
sinusal est indispensable au remplissage diastolique du VG, souvent
Les inhibiteurs calciques peuvent être prescrits par voie orale, sous limité par la dilatation des cavités droites.
la forme essentiellement de nifédipine, nicardipine et, plus rarement,
le diltiazem. Leur efficacité chez les répondeurs a été confirmée par L’oxygénothérapie améliore la tolérance de l’effort, mais a un effet
une survie de 94 % à 5 ans contre 55 % chez les non-répondeurs. limité lors d’un shunt droite-gauche par un foramen ovale réouvert.
Mais 30 % des patients répondent en aigu au NO et à la
prostacycline, et 10 % d’entre eux seulement aux inhibiteurs ¶ Traitements chirurgicaux
calciques. Des doses supérieures aux posologies prescrites dans
l’HTA systémique sont nécessaires et la sensibilité individuelle est Atrioseptostomie
très variable. L’arrêt brutal des inhibiteurs calciques peut être Par méthode interventionnelle par cathétérisme, cette création de
responsable d’un effet rebond sur l’HTAPP, et fatal. Les patients avec communication interauriculaire a été proposée dans quelques
hypotension, débit cardiaque abaissé ou désaturation systémique, observations. Cette méthode est en cours d’évaluation, indiquée en
ne peuvent bénéficier de ce traitement [76]. cas de syncopes non contrôlées, d’insuffisance cardiaque réfractaire,
en attente de transplantation avec échappement au traitement
• Prostacycline médical maximal, et en l’absence d’autre possibilité thérapeutique.
Chez les répondeurs en aigu, la perfusion continue par cathéter Les candidats à la septostomie doivent avoir une saturation artérielle
central de prostacycline a maintenant montré son efficacité, en la de base supérieure à 90 % et le bénéfice de ce geste est attendu pour
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induit une augmentation du débit pulmonaire, puis, en fonction de NO, et par l’oxygène. Certains cas justifient l’indication d’une
l’importance de cette augmentation, une élévation des pressions biopsie pulmonaire préopératoire. Celle-ci ne permet pas toujours
ventriculaire droite et artérielle pulmonaire. Les facteurs d’affirmer avec certitude la réversibilité des lésions, le prélèvement
pathogéniques des lésions artériolaires pulmonaires ne sont pas tous en un site n’étant pas le reflet complet du lit artériolaire pulmonaire.
connus, faisant intervenir un probable facteur génétique et des
mécanismes cellulaires [67, 68]. Les lésions artériolaires pulmonaires ¶ Cardiopathies cyanogènes
font intervenir l’élévation de la PAP, la gêne fonctionnelle ou
organique au retour veineux pulmonaire, l’augmentation du débit Elles sont susceptibles de se compliquer d’une HTAP avec lésions
pulmonaire, l’hyperoxie du sang artériel pulmonaire, le temps et des obstructives artériolaires pulmonaires, même lorsqu’il existe une
facteurs génétiques probables. L’hypoxie du sang artériel systémique sténose, voire une atrésie, sur la voie artérielle pulmonaire.
et l’hyperviscosité sanguine des cardiopathies cyanogènes jouent Les facteurs du développement des lésions histologiques sont
également un rôle [94]. multiples et parfois mal expliqués. Ceux-ci comprennent
Les travaux de M Rabinovitch [69] ont permis de distinguer à la l’augmentation du débit pulmonaire, l’hyperoxie du sang artériel
biopsie pulmonaire trois stades d’altération du lit vasculaire pulmonaire, le rôle des anastomoses bronchiques systémico-
pulmonaire, corrélés avec les données hémodynamiques. pulmonaires avec du sang désaturé et l’obstacle fonctionnel au
retour veineux pulmonaire massif.
– Le stade A se caractérise par une expansion anormale du tissu
musculaire dans les petites AP périphériques. Transposition des gros vaisseaux
– Le stade B associe à cette expansion musculaire une hypertrophie Sans communication interventriculaire (CIV) ou canal artériel
de la média des artères normalement muscularisées. Le mécanisme perméable, la transposition vasculaire peut se compliquer
de cette hypertrophie est mal connu ; elle s’accompagne d’une d’artériolite pulmonaire obstructive chez 8 % des enfants [43, 59]. Chez
dégradation de la lame élastique interne facilitant peut-être le les patients ayant une CIV large associée ou un canal artériel
transfert de facteurs de croissance mitogènes pour le muscle lisse. perméable, le risque de développement d’une artériolite pulmonaire
– Au stade C, l’hypertrophie musculaire s’aggrave d’une densité et obstructive atteint 40 %, celle-ci pouvant être très précoce, dès l’âge
d’un calibre artériels qui se réduisent. Ce stade, au-delà de l’âge de de 3 mois. Les facteurs de la vulnérabilité artériolaire pulmonaire,
2 ans, peut être irréversible. dans ces cas, ne sont pas clairs, faisant intervenir outre l’hyperdébit,
la circulation bronchique, la polyglobulie et la « toxicité » pour
¶ « Shunts » gauche-droite unidirectionnels l’endothélium vasculaire du sang très oxygéné [43, 59]. Les lésions
histologiques intimales sont particulièrement excentriques,
Communication interauriculaire s’accompagnant de microthrombi. Ce risque évolutif des
transpositions vasculaires a conduit à proposer une chirurgie très
L’élévation des RAP dans la communication interauriculaire est rare précoce dans les premières semaines de vie.
(6 %) et le plus souvent tardive, après 20 ans, plus fréquente chez la
femme que chez l’homme, dans le rapport 4/1. Cette évolution peut Tronc artériel commun
également, de façon exceptionnelle, se voir chez le nourrisson et
l’enfant jeune [38, 92]. Comme dans la transposition des gros vaisseaux avec CIV, le lit
Cependant, l’absence d’HTAP chez la grande majorité des sujets vasculaire pulmonaire est exposé à un risque précoce de
porteurs de communication interauriculaire est attribuée à la développement d’artériolite obstructive en règle avant l’âge de 1 an,
dilatation des AP proximales élastiques. Les variations individuelles justifiant une chirurgie réparatrice dans les premiers mois de vie.
de réponse artérielle pulmonaire à un shunt gauche-droite Les cardiopathies cyanogènes vieillies, à poumons protégés par une
auriculaire ne sont pas totalement expliquées, probablement sténose ou une atrésie pulmonaire, sont susceptibles de se
multifactorielles et faisant peut-être intervenir un facteur génétique. compliquer d’artériolite pulmonaire obstructive. Celle-ci peut être
Chez l’enfant, ces formes font intervenir la possibilité d’une maladie favorisée par une chirurgie palliative d’anastomose
vasculaire autonome ou la persistance d’une circulation pulmonaire systémicopulmonaire faite dans la petite enfance, avec un risque
de type fœtal. L’élévation des résistances artérielles pulmonaires d’autant plus important que l’anastomose est généreuse (atrésie
dans la communication interauriculaire contre-indique la fermeture pulmonaire avec CIV). Outre les possibles anastomoses, d’autres
chirurgicale du défaut septal. facteurs peuvent intervenir, tels le développement d’une circulation
collatérale systémicopulmonaire, les thromboses distales, la
Communication interventriculaire, canal artériel, polyglobulie et les anomalies du retour veineux pulmonaire par
fistule aortopulmonaire, canal atrioventriculaire obstacle mitral ou dysfonction myocardique (double discordance)
avec CIV et fuite auriculoventriculaire systémique.
Ces patients développent une HTAP plus rapidement et plus
fréquemment que ceux atteints d’un shunt gauche-droite
¶ Cardiopathies malformatives gauches
auriculaire [20]. Les lésions artériolaires pulmonaires ont été décrites
dans la classification de Heath et Edwards [36], comportant aux stades Les cardiopathies gauches malformatives peuvent déterminer une
initiaux une hypertrophie de la média, puis une prolifération HTAP. Ce sont essentiellement les obstacles auriculaire gauche,
intimale, et enfin des lésions plexiformes. Dans le canal mitral et sur la voie d’éjection aortique. À l’exception du
atrioventriculaire complet, la prolifération intimale est plus sévère rétrécissement mitral malformatif pouvant être rapidement évolutif,
et plus précoce chez l’enfant, présente parfois dès les premiers mois les autres obstacles peuvent déterminer une HTAP qui reste
de vie, et plus rapide chez les enfants trisomiques atteints, dans 40 % longtemps réversible avec, histologiquement, des lésions
des cas, de cette malformation [39]. d’hypertrophie de la média et de prolifération intimale modérée.
L’artériolite pulmonaire obstructive se développe dans 8 à 10 % des
communications interventriculaires isolées et est exceptionnellement
irréversible avant l’âge de 2 ans. Le risque de développement de CARDIOPATHIES ACQUISES
l’HTAP avec artériolite obstructive dans les shunts gauche-droite à Les cardiopathies gauches acquises, responsables d’une HTAP, sont
l’étage artériel apparaît plus important que dans les communications les valvulopathies fuyantes et sténosantes, les valvulopathies
interventriculaires isolées. Le caractère définitif et fixé des lésions aortiques et les atteintes par augmentation des pressions de
artériolaires pulmonaires, contre-indiquant la fermeture chirurgicale remplissage ventriculaire gauche [35]. Ces différentes pathologies
des shunts gauche-droite post-tricuspidiens, est difficile à prévoir peuvent déterminer une HTAP postcapillaire avec des lésions
par l’exploration hémodynamique, même si parfois celle-ci est histologiques modérées et longtemps réversibles. La sténose mitrale
complétée par des épreuves pharmacodynamiques, notamment au serrée rhumatismale, rencontrée chez l’enfant souvent encore jeune
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en pays d’endémie rhumatismale, peut déterminer une HTAP récidivantes, mais dans 30 % des cas, il n’est retrouvé aucun
sévère, avec des lésions histologiques plus sévères qu’à obstacle antécédent précis de manifestations thromboemboliques. Parfois
identique chez un adulte. Ces lésions se situent au niveau capillaire existent, lors de la première consultation, des signes d’insuffisance
et dans les vaisseaux immédiatement proximaux et distaux du lit cardiaque droite. L’examen clinique est initialement peu informatif.
capillaire. Les vaisseaux à parois épaissies sont noyés dans du tissu La radiographie pulmonaire apporte des signes indirects d’HTAP,
conjonctif qui enveloppe et comprime les branches vasculaires avec une saillie du tronc pulmonaire, une dilatation des branches
périphériques. proximales et parfois une artère lobaire inférieure droite dilatée se
L’hypertrophie artérielle pulmonaire, secondaire aux cardiopathies terminant en « queue de radis ». L’ECG montre une onde P ample,
malformatives ou acquises, expose, lors de la chirurgie, quand elle avec un aspect de surcharge ventriculaire droite.
est possible en l’absence d’artériolite obstructive évoluée, au risque L’échographie cardiaque permet au doppler de chiffrer, sur la
postopératoire immédiat de crises d’HTAP. Celles-ci sont définies vélocité du flux d’insuffisance tricuspide, le niveau de l’HTAP et
habituellement par une élévation brutale de la PAPs à plus de 75 % d’apprécier le retentissement ventriculaire et auriculaire droits de
de la pression artérielle systémique [12, 97]. Ces crises surviennent celle-ci [57].
précocement après chirurgie correctrice, entre la fin de la circulation
extracorporelle et les tout premiers jours postopératoires. Elles sont ¶ Diagnostic
imprévisibles. Les facteurs intervenant dans le déclenchement de la
vasoconstriction artériolaire sont mieux appréhendés avec, pendant Il repose sur le cathétérisme, complété par une angiographie
l’intervention, un rôle de circulation extracorporelle responsable pulmonaire.
d’altération de l’endothélium vasculaire, et des cellules sanguines L’exploration hémodynamique confirme l’HTAP précapillaire élevée,
responsables de la libération de substances vasoactives. En parfois de niveau systémique. L’élévation de la pression moyenne
postopératoire immédiat, l’hypoxie alvéolaire et toute cause auriculaire droite atteste d’une mauvaise adaptation du VD. L’IC au
d’élévation des cathécholamines endogènes constituent des facteurs stade évolué est diminué et les RAP totales peuvent atteindre des
favorisant la vasoconstriction artériolaire. Le traitement a pour but chiffres supérieurs à 20 unités/m_.
de supprimer les facteurs aggravants (sédation, lutte contre la L’angiographie pulmonaire sélective permet d’affirmer les
douleur, curarisation, équilibre ionique, maintien d’une normoxie obstructions multiples d’origine embolique. Au niveau des gros
alvéolaire par la ventilation) et d’agir directement sur la troncs, elle donne des images de sténoses, parfois excentrées. Les
vasoconstriction artériolaire. Les drogues les plus régulièrement oblitérations distales au-delà des branches sous-segmentaires sont
efficaces sont l’oxygène, le NO et la prostacycline [84]. rarement visibles, se manifestant alors seulement par des zones
avasculaires avec un prolongement du temps artériel et un retard
HYPERTENSION ARTÉRIELLE PULMONAIRE d’opacification capillaire.
THROMBOEMBOLIQUE La scintigraphie pulmonaire, à condition qu’il n’y ait pas de
L’HTAP dans le cœur pulmonaire embolique survient quand pathologie bronchopulmonaire associée, objective la présence de
l’obstruction ampute le lit vasculaire pulmonaire de 60 % de sa troubles de distribution sanguine, sous forme de zones avasculaires
surface, et le tableau réalisé est alors celui du cœur pulmonaire disséminées et souvent bilatérales. Dans certains cas difficiles, une
chronique embolique. angioscopie pulmonaire [42] ou une échographie endovasculaire ont
Dans les suites d’une embolie pulmonaire aiguë, l’évolution été proposées. Les explorations fonctionnelles respiratoires
naturelle des caillots est de disparaître en 3 à 6 mois [24]. Dans 0,1 % confirment l’absence de pathologie respiratoire pouvant expliquer
des cas, et pour des raisons inconnues, les caillots persistent et l’HTAP et montrent, à l’analyse des gaz du sang artériel, une
conduisent à la constitution d’une HTAP. Le cœur pulmonaire hypoxémie et une hypocapnie. Le bilan diagnostique est complété
embolique est maintenant accessible, dans certains cas, à un par une angiographie veineuse des membres inférieurs et cave, et
traitement chirurgical. L’HTAP postembolique est rare chez les par une recherche d’anomalie de l’hémostase (déficit en protéines C,
patients ayant des antécédents d’embolies pulmonaires, mais plus S, antithrombine III, ou en plasminogène) ou la présence d’un
fréquente chez les patients associant la survenue d’embolies anticoagulant circulant.
pulmonaires à une maladie cardiaque ou respiratoire [56]. Le point
de départ embolique est, dans 75 % des cas, d’origine phlébitique, ¶ Évolution et pronostic
chez l’adulte au-delà de la quatrième décennie. Les facteurs Le pronostic de l’HTAP postembolique est sévère, mais très variable
favorisant la survenue de l’HTAP sont l’importance de l’embolie d’un patient à l’autre. Des survies prolongées à 10 ans de
pulmonaire initiale, la récidive de l’accident embolique et la l’apparition des symptômes ont été décrites, ainsi que certaines
présence d’une pathologie cardiaque ou pulmonaire associée. améliorations peut-être en rapport avec des fibrinolyses endogènes.
On distingue deux formes anatomopathologiques : L’évolution se fait habituellement cependant vers un tableau
– les thromboembolies pulmonaires chroniques des gros troncs d’insuffisance cardiaque droite progressive, parfois interrompue par
artériels pulmonaires : les thrombi d’âges différents, chamois, un accident terminal brutal.
oblitèrent la lumière artérielle pulmonaire, parfois incorporés à la
paroi sous forme de zone de fibrose intimale excentrée ; ces formes ¶ Traitement
peuvent être accessibles à une désobstruction chirurgicale par
Il est préventif par le traitement des embolies pulmonaires et la
thromboendartériectomie ;
prévention des récidives par dépistage des thromboses veineuses.
– les thromboembolies pulmonaires chroniques distales de Comme les autres formes d’HTAP, l’hypertension
topographie artériolaire sont moins bien individualisées ; ces thromboembolique contre-indique la prescription d’œstro-
embolies sont souvent reperméabilisées par des capillaires progestatifs.
néoformés induisant des lésions de type plexiforme, posant le Le traitement médical repose sur l’anticoagulation au long cours par
problème du diagnostic différentiel avec certaines formes d’HTAPP. des antivitamines K pour maintenir un international normalized ratio
(INR) entre 2 et 3. L’interruption systématique de la veine cave
¶ Clinique
inférieure est encore discutée, proposée par certains uniquement en
Le tableau clinique est celui d’une HTAP avec une dyspnée non cas de thromboses veineuses des membres inférieurs. Cette dernière
obstructive progressivement aggravée. Parfois, au stade d’HTP est partielle, ne réduisant pas le débit cardiaque. Enfin, deux
évoluée, peuvent survenir des syncopes ou lipothymies d’effort, et possibilités thérapeutiques chirurgicales s’offrent à certains patients :
rarement des hémoptysies. L’anamnèse est importante à préciser, la thromboendartériectomie pulmonaire et la transplantation
notamment à la recherche de phlébites ou pneumopathies pulmonaire. La thromboendartériectomie pulmonaire peut conduire
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un « click » d’éjection pulmonaire. L’ECG n’est pas contributif, 1,4, et d’un rapport de l’anneau pulmonaire à l’anneau aortique
même en présence d’un bloc incomplet droit sans spécificité. supérieur à 1,5 [8].
L’anomalie suspectée radiologiquement ne justifie plus L’évolution se fait sans complication, avec un pronostic excellent
d’explorations invasives depuis l’utilisation en routine de
autorisant une vie sans limitations.
l’échographie cardiaque et du doppler, où le diagnostic est retenu
en l’absence d’anomalie intracardiaque de sténose pulmonaire Dans les formes où une anomalie du tissu élastique est évoquée,
valvulaire significative, et en présence d’un rapport du diamètre de une surveillance est nécessaire, car peut se développer un anévrisme
l’AP à la bifurcation au diamètre de l’aorte à l’anneau supérieur à artériel pulmonaire, mais alors associé à d’autres lésions artérielles.
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