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SEANCE 1 : 21 SEPTEMBRE 2018 — INTRODUCTION DU COURS – POLICE, SECURITE, ÉTAT-NATION

Les questions de sécurité sont liées à la construction des Etats Nation. Le développement des logiques, des techniques de la sécurité qui s’inscrivent dans la durée, ainsi
revenir sur la genèse de ces sécurités va permettre d’éclairer les politiques de la sécurité actuelle.
Au niveau de la conceptualisation politique, on peut distinguer deux ruptures significatives.

 La première a lieu entre la seconde moitié du XVIIe et le début du XVIIIe siècle.


Elle est associée à l’idée de la sécurité comme « un objectif commun aux individus, groupes et États », matérialisé par le tissage de liens entre ces trois catégories. Pour
Friedrich Leibniz, « la définition de l’État [...], ce que le latin appelle la République, c’est une [...] société dont l’objectif commun est la sécurité » Dans cette tradition, l’État
n’est ni le référent ni, pour le formuler autrement, le sujet ultime de la sécurité, encore moins une fin en soi.

 La Révolution française marque la deuxième rupture


En faisant de la sécurité un domaine réservé de l’État, protégé par la force des moyens militaires et/ou diplomatiques.
Dès la révolution française la sécurité renvoie à l’Etat.
Les fonctions ou prérogatives régaliennes incombant traditionnellement à l’Etat sont regroupées autour de quatre pôles :
 Assurer la sécurité extérieure du territoire par la diplomatie et les forces armées ;
 Maintenir la sécurité intérieure par l’utilisation de la police ;
 Définir les principes du droit et organiser le système judiciaire ;
 Détenir des leviers d’action économique, notamment par le monopole de l’émission de monnaie.

C’est cette dernière fonction qui est la plus « élastique » en fonction des périodes de notre histoire. La France se caractérise par une longue tradition d’intervention de la
puissance publique dans la vie collective de nos concitoyens, notamment dans le domaine économique, et ce depuis l’ancien régime (manufactures royales, monopoles
d’état, mesures de protection douanières...)
Pierre Rosanvallon rappelle « qu’une des fonctions fondamentales de l’État, c’est d’être (...) un instituteur du social. L’État, historiquement, a donné forme aussi à
la société. Comment ? Tout simplement en lui donnant des équivalents généraux »

Dans le sillage de Thomas Hobbes, Adam Smith est le principal auteur à avoir plaidé en faveur d’un tel décentrement de la sécurité de son axe libéral, en la réorientant
dans deux sens : l’État devient l’acteur principal « chargé de protéger la société de la violence et de l’invasion des autres sociétés » et, de manière plus radicale, la
liberté des individus est soumise à la sécurité de l’État qui, pour l’assurer, doit recruter une armée.
En définitive, la sécurité, « l’idée maîtresse de la tradition libérale », est devenue une condition de l’État et les individus sont sécurisés si et seulement si 1’État est
sécurisé. Il devient donc possible de soutenir que la Révolution française n’a fait qu’amplifier et renforcer la tendance selon laquelle « la sécurité des individus devait
être subsumée, en tant qu’épigramme politique, à la sécurité de la nation » 

Pour Adam Smith l'Etat, la puissance publique, a pour rôle de "protéger chacun contre les autres", autrement dit, de faire respecter la liberté et la sécurité de la personne
et des biens des citoyens Pour lui la liberté des individus est soumise à la sécurité de l’Etat.
Le rôle de l'Etat dans la pensée d’Adam Smith est triple :
 L’Etat assure les fonctions régaliennes (armée, police, justice)
 L’Etat définit le cadre des lois, garantit les droits de propriété indispensables au bon fonctionnement des marchés, et le respect des règles de concurrence.
 L’Etat a un rôle clé dans le maintien des infrastructures nécessaires à la vie économique et à la croissance des nations

Par la suite, l’État se verra investi, en vertu d’un contrat social, du monopole de l’action sécuritaire. Avec Jean-Jacques Rousseau, la sécurité deviendra « le problème
fondamental auquel l’institution étatique doit apporter une solution » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social in Œuvres complètes.
Au cours du 19eme et 20eme les Etats ont monopolisés la gestion de la sécurité intérieure. Les Etats se sont appropriés les questions de sécurité. Toutes ces compétences
sont détenues par les autorités donc étatisation des questions de sécurité. L’Etat assure un monopole dans la sécu des personnes et des biens et cette sécurité est
comprise dans un sens large car implique la protection sociale. Ce monopole s’est construit progressivement.
Quand on veut caractériser l’Etat on se réfère à Weber dans le Savant et le Politique, Max Weber forge le concept politique de violence légitime. Il définit en effet l’Etat
comme l’institution détenant le monopole de l’usage légitime de la force physique :

« Un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné » (citations de Max Weber)

Le terme important de cette définition est « légitime ». Car si des personnes ou des groupes peuvent faire usage de la violence, elle n’est en aucun cas légitime. Seul l’Etat
est habilité à utiliser la violence sans qu’on puisse lui en dénier la légitimité. Cela fait partie de ses prérogatives légales. Même quand l’Etat autorise les individus à user de
la violence (cas de la légitime défense), les individus tiennent cette légitimité de l’Etat, sous forme de délégation

L’identification des menaces extérieures est, pour un État, un exercice qui s’inscrit généralement dans le cadre d’une stratégie visant à assurer la protection de sa
population, de son territoire, de ses valeurs et de ses intérêts. C’est sur la base de menaces préalablement définies que se construisent les outils d’une politique de
sécurité et de défense. Selon les théories réalistes des relations internationales, l’acteur étatique cherche à assurer sa survie et à défendre ses intérêts nationaux en
appliquant une logique rationnelle. C’est la situation objective dans laquelle il se trouve qui lui dicte ses choix stratégiques. En revanche, dans une perspective
constructiviste, la définition des menaces est liée aux perceptions et aux images émanant de l’acteur étatique ; les stratégies de sécurité sont alors élaborées en fonction
non pas d’une réalité objective mais de la perception, forcément subjective, que l’État a de cette « réalité ».

L’Etat a acquis un monopole sur le contrôle des déplacements des individus, des mobilités des individus.

Comment la construction progressive de ces deux monopoles à participé à la construction des Etat nation et explique le lien entre police, sécurité et Etat nation mais
explique également les dynamiques de construction des politiques de sécurité européennes ?

I) MONOPOLE DU CONTROLE DES MOBILITES

Les Etats ont cherché à monopoliser la capacité d'autoriser les déplacements de personnes et à établir sans ambiguïté leur identité afin de renforcer leur autorité pour de
nombreuses raisons révélant ainsi la nature ambiguë des Etats modernes, qui à la fois protègent et dominent.

Ceci passe notamment :

 Par l'instauration du service militaire, les impôts, et le travail ;


 Par la facilitation de l'application du droit ;
 Par le contrôle de la " fuite de cerveaux " (c'est-à-dire, la limitation des départs afin de prévenir la perte de travailleurs très qualifiés) ;
 La limitation d'accès à des aires déclarées " interdites ", pour des raisons de " sécurité " ou pour protéger les personnes d'un danger inattendu et inconnu ;
 Par la surveillance et la maîtrise des " éléments indésirables " en raison de leur caractère ethnique, national, racial, économique, religieux, idéologique ou médical ;
 Par la surveillance de la croissance, de la distribution spatiale et de la composition sociale des populations à l'intérieur des territoires.

Deux auteurs ont traité le sujet :

 TORPEY « L’invention du passeport » :


« Afin de distinguer les individus qui ont le droit de sortir ou d'entrer sur leur territoire de ceux qui ne jouissent pas de ce droit les états ont élaboré des systèmes
d'identification fort complexes dont le passeport constitue le noyau John Torpey démontre que les «papiers » tels que les passeports les passeports internes et
d'autres mécanismes de contrôle ont joué un rôle déterminant pour distinguer les citoyens des non-citoyens Il explique comment le concept de citoyenneté a été
utilisé pour fixer droits et sanctions dans le domaine de la liberté des biens de l'impôt et des prestations sociales S'intéressant aux Etats-Unis et à l'Europe
occidentale il aborde la période allant de la Révolution française à l'ère napoléonienne la Guerre Civile américaine la révolution industrielle britannique l'Italie
avant la Première Guerre mondiale le Troisième Reich et au-delà Cette étude originale articule théorie et données empiriques pour se demander comment et
pourquoi les états ont obtenu le droit exclusif d'autoriser et de réguler les déplacements »

 Noiriel Gérard. Surveiller les déplacements ou identifier les personnes ? Contribution à l'histoire du passeport en France de la Ie à la IIIe République.
In: Genèses, 30, 1998. Emigrés, vagabonds, passeports, sous la direction de Jean Leroy. pp. 77-100.
L’Etat ne contrôle pas tous les déplacements des individus. L’autorité qui permet de restreindre les déplacements, l’Etat a acquis cette autorité face à d’autres acteurs
potentiels : économique et religieux. C’est une manière pour l’Etat d’étreindre sa population c’est à dire la contrôler, la surveiller et la rendre la plus productive possible.
Enfin, l'autorité chargée de la régulation des déplacements devint une des caractéristiques principales du système international dans son ensemble - en d'autres termes,
des Etats-nations agissant de concert pour renforcer leurs intérêts par le contrôle de ceux qui vont et qui viennent.
Un Etat qui exercerait aujourd'hui un contrôle étatique strict des déplacements internes, et plus particulièrement à l'égard de certaines classes sociales " négativement
privilégiées ", peut raisonnablement être qualifié d'autoritaire. L'Union soviétique, l'Allemagne nazie, l'Afrique du Sud au temps de l'Apartheid, et la Chine communiste (du
moins avant les années 1980) illustrent parfaitement cette affirmation.

La création du système moderne de passeports et l'utilisation de systèmes semblables dans plusieurs pays - résultat d'une construction bureaucratique lente et
soutenue qui a duré des siècles - a donc annoncé l'aube d'une nouvelle ère dans les affaires humaines, celle de la monopolisation avec succès par chaque Etat, et par le
système étatique international dans son ensemble, de l'autorité légitime de consentir aux déplacements à l'intérieur et au-delà de leurs juridictions.
Evidemment, il ne s'agit pas ici d'affirmer que les migrations internationales non autorisées n'existent pas, mais plutôt qu'un tel phénomène est précisément " illégal " ;
c'est-à-dire lorsque l'on parle de migration " illégale " (souvent " sans documents ") on se réfère au monopole exercé par l'Etat sur les moyens légitimes de circulation.
Les déplacements " internes " - un concept inutile et anachronique avant le développement des Etats modernes et du système étatique - désigne un mouvement à
l'intérieur d'Etats nationaux ou d'" Etats-nations ".
Des témoignages historiques indiquent clairement qu'étaient considérés généralement comme " étrangers ", et ceci jusqu'au XIXè siècle, ceux qui venaient de la province
voisine ou d'autres " pays ".

A) SORTIR DE L’ESPACE LOCAL : L’INVENTION DU PASSEPORT

Le passeport, en tant que document autorisant des individus à se déplacer est une réalité qui, en France en tout cas, est aussi ancienne que l'État, puisqu'il était déjà en
usage à l'époque de Louis XI1. Néanmoins, c'est seulement à partir de la Première Guerre mondiale que le passeport est devenu une « pièce certifiant l'identité, délivrée
par la préfecture à un ressortissant pour lui permettre de se rendre à l’étranger », selon la définition qu'en donne le Petit Robert. Il y a un peu plus d'un siècle, Littré
voyait dans le «passe-port» (notez le trait d'union) «la permission de passer en des lieux où autrement on ne pourrait aller»; permission accordée «par l'autorité et
garantissant la liberté et la sûreté de ceux qui voyagent».

La Révolution française a imposé une nouvelle définition de l'État, fondée sur le principe de la « souveraineté du peuple ». Pour donner un contenu pratique à cette
notion abstraite, les agents et les représentants de ce nouvel État avaient besoin d'instruments leur permettant d'acquérir, dans un premier temps, la maîtrise du territoire
national, en tant qu'espace d'exercice de la souveraineté du peuple.

D'où l'importance qu'ils accordent au passeport, principal moyen dont dispose l'administration à l'époque, pour maîtriser les déplacements des individus. Sous la IIIe
République, c'est l'État-nation en tant que communauté de membres qui est privilégié. Dès lors comme le montre clairement la définition du Robert, le passeport doit
remplir une nouvelle fonction « matérialiser » : l'appartenance des individus à cette communauté (la nation) en garantissant leur identité personnelle.

Sous l’ancien régime le contrôle de l’Etat s’exerce du souverain sur ses sujets : relation d’Homme à Homme. Contexte où l’implantation humaine est majoritairement
rurale et où les individus sont peu mobiles ce qui en fait une société très cloisonnée et l’espace de référence est local.

En France la création du passeport en 1792 : passeport à l’intérieur tout citoyen de + de 15 ans qui quitte son département doit être doté du passeport intérieur car
sinon problème de responsabilité, afin de savoir qui est responsable de la protection de cet individu ?
C’est la révolution française qui remettra en vigueur la possession d’un passeport pour l’intérieur le 1er janvier 1792, la loi du 10 vendémiaire de l’an IV (2 septembre
1796) le rendra obligatoire pour toute personne voyageant hors des limites du canton. Quelques modifications seront apportées tout au long de la première moitié du
19ème mais le document restera en vigueur jusqu’en 1860 puis tombera, petit à petit, en désuétude.
La révolution industrielle, les facilités de déplacement y sont pour beaucoup. Il sera rétabli pendant la guerre de 1870, définitivement abandonné à la fin du 19ème sans
que la loi de l’an IV ne soit supprimée officiellement.
L’idée est que le pouvoir s’exerce dans une relation d’interconnaissance. La personne qui a le pouvoir, connait le sujet et dès qu’on sort de cet espace il faut trouver une
autre solution pour contrôler les individus. Elles permettent une vision un peu plus précise de nos ancêtres grâce à une description physique aussi fidèle que possible. Un
passeport est individuel mais peut comporter, sur celui du mari, l’indication de sa femme, de ses enfants de moins de seize ans qui voyagent avec lui. Projection de
l’identité d’un individu sur un document administratif. Fixe l’identité des personnes avec des catégories décidées par l’Administration. C’est ce que Noiriel appelle
l’identité de papier, document qui permet d’identifier une personne physique avec une personne sociale sans marquer son corps (pas de marquage corporelle mais
document administratif qui atteste de l’identité de la personne). Avant le 19eme ce processus est hétérogène. Chaque administration décide des infos pertinentes qui
doivent figurer sur ce document. Au 19ème l’Administration a une institution qui harmonise ces critères.

Les frontières locales (départemental) sont des frontières pertinentes à cette époque, permet le contrôle des mobilités qui est une manière de gérer les populations
pauvres. A cette époque ce sont les communautés locales d’origine qui sont responsable de la charité. Quand ces individus sorte de leur communauté local se pose le
problème de leur prise en charge. Les préfets délivrent des passeports spécifiques pour les indigents et leur impose leur trajet (=lieu de séjour et itinéraire obligatoire).
Ces individus doivent être constamment sous surveillance.

B) LE DEVELOPPEMENT DE L’IDENTIFICATION

L'usage des passeports pour l'intérieur fut peu à peu abandonné à partir de 1860.
C'est en raison de la multiplication des voyages avec la création du chemin de fer et des foules qui voulaient circuler à travers l'Europe que la France supprima passeports
et visas, son exemple étant suivi par les autres nations. Le contrôle des passeports abandonné pour ceux qui utilise les chemins de fers et les voitures et en 1890 on
supprime les passeports pour indigents (=pauvres).
On passe à une identification des personnes en raison de caractéristique qui leur sont propres. Les personnes visées en priorité sont les criminels récidivistes et les
étrangers. On commence à systématiser des mesures du corps des personnes (anthropométrie) qu’on associe peu à peu à la photo et à la prise d’empreinte digitale.

Anthropométrie : (1) Mesures pratiquées sur l'homme en vue de déterminer quantitativement ses caractères morphologiques (stature, face, crâne, membres, etc.), soit
individuels, soit de groupes, et suivant le sexe, l'âge, le lieu, l'époque, etc. (2) Ensemble de mesures morphologiques pratiquées directement ou indirectement sur un
suspect ou un prévenu en vue de faciliter l'identification du délinquant par le tribunal

En 1912, est créée le carnet anthropométrique pour les nomades français et étrangers.
Dès 1914, tous les étrangers doivent se munir d’un titre de séjour et à partir d’avril 1917 ils doivent détenir une carte d’identité d’étranger.
Le fait de créer ces documents d’identité rend possible les contrôles d’identité par la police qui ont lieu hors des cas de flagrant délit.

Le rétablissement des passeports en Europe et en Amérique du Nord autour de la Première Guerre mondiale participe à la fois du durcissement des politiques
d'immigration, dont témoignent les Alien Restriction Acts en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, et des mesures d'urgence adoptées en temps de guerre, notamment
pour lutter contre les désertions. Désormais, tout voyageur, qu'il soit touriste, étudiant, réfugié, immigrant ou émigrant en transit, est tenu de se munir d'un document
indiquant sa nationalité et portant sa photographie, il doit obtenir un visa de départ visé par les autorités aux frontières et peut être contrôlé à tout moment lors de son
séjour. Dans le cadre de la Société des Nations, une série de conférences internationales, comme à Paris en 1920 ou à Genève en 1926, fixe les principes du système des
passeports et visas et conduit à une uniformisation des documents sous la forme de livret broché, muni d'une couverture cartonnée de couleur, parfois couverte de tissu
et portant les insignes de la nation émettrice (Torpey, 2000).

CONCLUSION DU MONOPOLE DU CONTROLE DES MOBILITES :

Pour l’Etat contrôler la population c’est contrôler ceux qui se déplacent. Ceux qui font l’objet d’un contrôle strict sont les indigents (pauvres) on leur associe surveillance
et secours. La charité est associée à une surveillance de l’Etat sur ces individus. A partir du moment où l’espace devient national, les populations que l’Etat choisit de
surveiller change de nature car ce qui importe c’est leurs caractéristiques propres. Au moment où se construit l’espace national, l’Etat nation se renforce, on constate une
construction progressive de ce monopole. Après 1945, le paradoxe soulevé par la présence de l'étranger sur le territoire d'un État dont il n'a pas la nationalité a été résolu
en partie grâce à l'utilisation des moyens d'identification mis au service des administrations en charge du droit des étrangers. Pour vérifier l'état légal de toute résidence
sur le sol national, des travailleurs ou des réfugiés, les « logiques de police », qui existaient depuis l'entre-deux-guerres, ont été renforcées par un dispositif d'autorisation
du séjour fondé sur un examen attentif des identités et des dossiers personnels (Spire, 2005)

Une obligation de déclaration de résidence intervient en 1947 et les données enregistrées sont confiées aux préfectures qui exercent localement le contrôle sur les
étrangers. Un examen régulier et local des dossiers permet aux autorités de procéder au refoulement ou à la réorientation des travailleurs jugés « inaptes » ou «
inadaptables » et facilite les expulsions des étrangers lorsqu'ils représentent une « menace pour l'ordre public ». Cette notion étant particulièrement malléable, un
soupçon permanent pèse sur les étrangers dont le comportement est surveillé tout particulièrement.

Sur le plan international, l'institutionnalisation de l'Espace Schengen en 1997 a entraîné la création d'un visa Schengen obligatoire pour pénétrer dans l'un des pays
signataires. Un fichier des demandeurs de visa, conservé dans le système d'information Schengen (SIS) créé en 1990, centralise les dossiers et peut être consulté à
partir de tous les centres émetteurs de visas et en particulier les consulats situés hors d'Europe. Une barrière administrative est donc désormais érigée à l'échelle
européenne pour contrôler individuellement les migrants et réguler les flux migratoires sur un continent assimilé à une « forteresse » (Bigo et Guild, 2003).

II) MONOPOLE DE L’USAGE LEGITIME DE LA FORCE PHYSIQUE

La police exerce le monopole de la force physique à l’intérieur du territoire.

A) LA DEFINITION DE LA POLICE

Ce terme de police avait au 17ème siècle un sens plus large que le sens que l’on connait aujourd'hui. Au 17 eme ce terme désignait toutes les règles et outils qui permettent
aux pouvoirs de réguler l’activité des hommes. Un des signes de cette définition très large est la publication en 1707 d’un traité de la police par Nicolas Delamare,
développement des savoirs afin de maitriser les territoires et la population. La première force de police est la lieutenance générale. En 1767 ce sont les objectifs
d’observation des lois et la réformation des meurtres. Le sens du mot « police » s’est rétrécie au cours des siècles. Depuis le 19ème siècle, le terme de police signifie la lutte
contre la criminalité et pour l’ordre public cad avec des objectifs de préservation de l’ordre et de garantie de la sécurité. Aujourd'hui le terme de police a plrs
significations :

- L’institution : organisation centrale dont les agents sont des fonctionnaires et qui sont des professionnels.

- Le fait de faire la police = fonctions de police « le policing » assurer par des acteurs qui ne sont pas forcément de la police nationale cela peut être des acteurs
privés ou des citoyens volontaires.

En France on a plusieurs organisations qui exerce le « policing » équivalent de « gendarmerie », police nationale, municipale, les acteurs privées et établissement de
sécurité privée. Donc on va parler de force de police.

B) L’HISTOIRE DES FORCES DE POLICE

Avant le 19ème siècle il y avait des personnes en charge de la résolution des conflits et de la lutte contre les déviances. Il y a une distinction entre les espaces ruraux et les
espaces urbains. En ville cette tâche de police était confiée à l’administration et aux notables en charge de l’admin de la ville. Les cibles étaient principalement le
vagabondage. Ces personnes n’étaient pas professionnalisées donc pas de formation professionnelle dans l’ensemble du territoire chaque notable local se chargeait du
recrutement et du financement de ces polices. Dans les campagnes la centralisation est plus précoce. La marée chaussée est créée en 1536. Ces forces militaires n’avait
pas les moyens de s’occuper de tous et donc majoritairement pris en charge par les villages.

La première police centralisée est une police qui est chargée de contrôler les mobilités. Le tournant à lieu au 19ème siècle donc institutionnalisation des forces de police
expliquer par plusieurs facteurs : phénomène démographique économique et sociale lié à la transformation industrielle qui ont un impact sur les populations rurales,
ainsi on constate une densification des villes et apparition du prolétariat et développement des migrations international. Les mécanismes qui fonctionnaient au niveau
local ne peuvent plus fonctionner face à ces transformations. Il y a aussi un facteur technique. La police spéciale des chemins de fers a été créée en 1923, est l’ancêtre
des renseignement généraux.
Cette institutionnalisation fait face à une résistance face à l’élite urbaine qui est opposé à la création de ces forces de police professionnelles car il faut la financer et
donc il faut augmenter les impôts et en plus il va y avoir un tiers qui va s’introduire dans le fonctionnement de ces fonctions de police. A cette époque la tension est
entre les forces locales et les forces centrales nationales.

Dans certains pays les forces de police sont organiser de manière régionale. La centralisation des forces de police en France est très progressive car la police ne deviendra
nationale qu’en 1941 via la loi DARLAN qui dispose que la police urbaine est assurée par la police nationale.

Il y a 3 caractéristiques communes des forces police moderne :

- La monopolisation ce sont des agents payés par l’autorité publique ainsi l’Etat a le monopole sur la police

- La spécialisation c’est la police qui a des missions liées à l’exercice de la force, il y a une distinction qui apparait entre force civile et militaire et c’est à cette
époque que les forces militaires se retire des révoltes populaires aujourd'hui appelé le maintien de l’ordre

- La professionnalisation c’est le fait de professionnaliser les agents de force de police par le recrutement et l’instauration de concours, par la formation et par des
règles qui vont définir les critères d’avancement de carrière. Elle est liée à la montée en puissance de savoir expert dans la gestion de ces politiques ainsi on va
reconnaitre à ces forces de police une expertise en matière de sécurité.

Ce processus est tendanciel donc pas accompli. Les polices dans les contextes coloniaux ne correspondaient pas du tout à ce trio (monopolisation, spécialisation,
professionnalisation). La police coloniale a recours aux institutions des société traditionnelle.

La distinction entre police civile et militaire ne se réalise pas notamment dans la gestion des foules, il n’y a pas de volonté de réduire la violence à l’encontre des
populations colonisées.

Dans la monopolisation progressive des forces de police par l’Etat central il y a un enjeu entre les locaux et l’espace national central. A un moment l’Etat central s’est
imposé face aux élites locales.

Le caractère public ou privée de ces forces de police il est dans un premier temps privé mais peu à peu ça devient une prérogative de l’autorité publique. Mais même
encore aujourd'hui la place des acteurs privées dans la question de la sécurité est très importante.

La répartition des pouvoirs entre police civile et police militaire il y a une phase de spécialisation dans le domaine militaire, il est question de sécurité extérieure et en
matière de police civile question de sécurité intérieure mais cette distinction ne marche pas.

CONCLUSION

L’histoire de cette monopolisation progressive est pétrie de dynamique qui vont nous intéresser tout au long du cours.
Concernant l’articulation des échelles : dans la monopolisation des forces de polices, il y a une concurrence entre le niveau central et local , a un moment
l’état central s’est imposé face au élite locale, la tension existe toujours.
La question du caractère public ou privée de ces forces de police: dans un premier temps elles sont privées puis progressivement elles deviennent
publiques, mais la question des acteurs privées est actuellement très importante; cette tension entre la gestion du monopole de la force de police existe
toujours.
La répartition des pouvoirs entre police civile et police militaire : phase de spécialisation avec une distinction entre l’idée que les militaires vont s’occuper des affaires
extérieures et la police civile les affaires intérieures, mais on voit que ne c’est pas le cas aujourd’hui car il y a la gendarmerie qui est une police militaire.
Concernant la construction des Etats nation, cette construction s’est faite progressivement mais dans des tensions qui existent toujours a l’heure actuelle. On peut
identifier des tensions qui sont encore présentes aujourd’hui et qui permettent de comprendre le dvlpt des enjeux de sécurité, que ce soit au niveau national ou au niveau
européen.
Ce monopole de l’Etat central s’est fait progressivement :

Pour le monopole de contrôle des mobilités et le monopole de la force physique, ce sont des monopoles qui sont tendanciels car les tensions existent
toujours d’où la monopolisation.

Sur la question des contrôles de mobilité cela est claire, elle est centrale pour comprendre les enjeux de la sécurité en Europe car le développement de la
sécurité au niveau européen (de décider de coopérer au niveau européen et définir des règles commune) est lié à la circulation des personnes puisqu’elles
ont été légitimées lors de la création de la liberté de circulation avec l’espace Schengen. Les Etats membres ont finalement accepté ce que les locaux
voulaient faire donc arrêter de contrôle les identités et pour cela, ils ont surélevé cela au niveau Européen. La question du contrôle de mobilité est centrale
pour comprendre les politiques européens.

En ce qui concerne le monopole de la violence, avec la construction européenne on va retrouver ce même type de tension entre l’UE et les Etat membres,
entre souveraineté étatique et politique européennes, on le voit par exemple avec l’agence EUROPOL qui ne remplace pas la police nationale mais qui permet
une coopération avec la police nationale au niveau européen.
Pour l’agence FRONTEX (pour contrôler les frontières extérieures) cela fonctionnait dans un premier temps comme EUROPOL, mettre en commun mais il
y a eu un tournant car l’agence FRONTEX peut maintenant recruter ses propres agents et de ce fait la question de la souveraineté des Etats se pose car ces
agents pourront intervenir sur le territoire national.

Second élément la phase de spécialisation, depuis les années 90, il y a une question de fusion entre les affaires intérieures et extérieures car depuis la
Guerre Froide, l'idée qui émergent est celle où les deux forces doivent faire face aux mêmes types de menace (le terrorisme, le crime organisé, la corruption
et les mafias, le trafic des stupéfiant).
L’un des facteurs du brouillage entre sécurité intérieure et extérieure est l’effacement progressif des frontières territoriales et notamment dans le cadre
européen avec l’espace Schengen. Derrière l’idée d’un dépassement territorial, il y a l’idée que les menaces sont transnationales et que les limites nationales
ne peuvent pas faire grand-chose.

Avec cet effacement de la limite territoriale dans le traitement de la sécurité, on comprend qu’il y a un brouillage entre acteurs de la sécurité intérieure et
acteurs de la sécurité extérieure et on le voit dans les actions des militaires car absence de conquête de territoire et moins de conflit interétatique, cela
fait que de nouvelles taches sont apparues comme les luttes contre le terrorisme et des opérations de polices internationales de maintien de la paix.
Autre exemple, l’institutionnalisation du plan vigipirate au militaire. A l’inverse on voit une militarisation de la police civile notamment dans les
équipements des policiers qui évoluent vers des équipements militaires.
En ce que qui concerne la politique européenne, avec le problème d’interne et externe, des questions de sécurité vont être traitées via des relations
diplomatiques et la délégation à des états voisins hors UE sur des questions de sécurité ou interventions des forces de sécurité européenne en dehors du
territoire de l’UE.

Les tensions qu’on a identité dans la monopolisation de la violence par l’Etat, on peut les retrouver en matière de politique européenne :

 Première tension entre les échelles de gouvernement locale/ nationale dans un cas et nationale/européenne dans un autre.
 Deuxième élément, la sécurité intérieure et sécurité extérieure
 Dernière élément, la question entre public et privé car dimension importante dans la monopolisation par l’Etat central. Mais au niveau européen,
on observe le meme type de tension, avec la délégation a des scté privées des missions de sécurité comme par exemple la gestion des prisons ou
des centre de détention pour étrangers, la gestion des délivrance des visas mais aussi l’organisation d’un véritable marché de la sécurité (ex: FRONTEX
qui a vraiment participer à la structuration d’un marché des technologies et des instruments du contrôle des frontières).
SEANCE 2 : 28 SEPTEMBRE 2018 — DES DEBUTS DE L’INTERNATIONALISATION DE LA COOPERATION POLICIERE AUX ACCORDS
DE SCHENGEN
Comment ces acteurs de la sécurité sont sortis des espaces nationaux pour intervenir dans l’espace international ?
Ce passage du national à l’international c’est la première partie.

L’INTERNATIONALISATION DE LA COOPERATION POLICIERE

1.UNE COOPERATION MARQUEE PAR DES OBJECTIFS POLITIQUES

Dès le 19ème siècle, il y a déjà des initiatives qui vise à rencontrer les policiers des pays voisins. C’est la thèse développe par Mathieu Deflem (professeur
américain au Kenyon College, Purdue University, and the University of South Carolina, spécialiste de la coopération policière internationale) où il revient
sur la coopération policière, donc les prémisses d’Interpol. La thèse de Mathieu Deflem, est que la coopération policière international n’a pu se
développer qu’à partir du moment où les forces de police ont été suffisamment structurées au niveau national. Elle devait avoir acquis une certaine
forme d’autonomie par rapport au pouvoir politique. D’après lui, c’est à partir de ce moment-là que les policiers sont sortis du système national pour
rencontrer les autres pays. Aujourd’hui, la coopération policière a principalement pour objet l’échange d’informations.

Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, contexte politiquement très actif, la principale préoccupation est de surveiller les activités politiques de
leurs adversaires, elle va principalement concerner la police de renseignement. Le but est de surveiller, les mouvements ouvriers, les anarchistes et les
socio-démocrates. A cette époque, la coopération policière n’est pas institutionnalisée, elle n’a principalement qu’une portée politique. La plupart des
échanges d’informations se font de policier à policier. Il y a la tentative déjà d’élaborer des fiches de recherches, des fiches communes et qui puissent
circuler d’une police nationale à une autre.

Des tentatives de structurés cette coopération, en 1851, est créée l’union des polices des Etats allemands, pour surveiller les activités politiques. On
est dans le contexte post 1848 où il y eu de nombreuses révolutions politiques européennes. En 1889, il y a une conférence contre l’anarchisme, à Rome,
dans laquelle 21 pays participent.

C’est au début du 20ème siècle qu’il y a une accélération de cette internationalisation, ce n’est pas forcément un succès. Il n’y a pas de structure. Mais la
répétition de ces rencontres produit l’idée qu’il y a un intérêt à prendre en compte la question policière au niveau international. On voit émerger une
scène internationale dans de multiples domaines d’activités (sphère juridique, scientifique, politique. Finalement l’internationalisation des policiers suit
cette émergence.

Cela produit de l’interconnaissance, les policiers qui se rencontre commence à se connaitre puis une culture commune policière se construit.
L’idée d’une expertise policière qui peut être échanger et qui peut avoir de l’intérêt pour les polices nationales.

2.LA CREATION DE L’INTERNATIONAL CRIMINAL POLICE

La première rencontre internationale qui n’avait pas pour objectif la surveillance politique a lieu en 1914 à Monaco c’est le premier Congrès de la
police judiciaire international, organisé par le prince de Monaco, qui rassemble 23 pays. Seulement, on voit que c’est juste avant la première guerre
mondiale qui ne va donc pas aboutir sur quelque chose de très concret. Cette rencontre est encore dans une perspective du 19 ème siècle pour laquelle des
diplomates se sont rencontrés. Donc ces rencontres sont constituées de policiers mais aussi de diplomates et de juristes.

C’est seulement en 1923, qu’à lieu la création de la Commission internationale de la Police criminelle, c’est une organisation crée à Vienne et
représente l’aboutissement des efforts de coopération qui se sont effectués tout au long du 19 ème siècle. Ce congrès rassemble principalement des
policiers contrairement à l’autre. Cette commission devient un des lieux de la centralisation des informations policières notamment concernant les
personnes recherchées. C’est organisé à l’initiative du chef de la police de Vienne donc l’aspect politique s’efface d’autant plus. Ces policiers
revendiquent une expertise et se place au-dessus des conflits politiques

Cela reste un réseau de coopération des pouvoirs internationaux de police. Au début, il n’y a pas de reconnaissance officielle. Les participants ne sont
pas reconnus individuellement pas les Etats. Mais la structure n’est pas reconnue en tant que telle. Beaucoup de policiers ont demandé la reconnaissance
par le biais de la SDN qui a refusé. Ancêtre des Nations Unies, la Société des Nations, proposée par le président américain Thomas Woodrow Wilson, voit
le jour en 1919, au lendemain de la première guerre mondiale. Son but est de maintenir la paix dans le monde, en résolvant les conflits par la négociation
et l'arbitrage

Chaque année cette organisation se réunissait en conférence, les échanges d’informations vont être de plus en plus structurés, il va y avoir des moyens
de communications spécifiques, un réseau de radio, des publications et des réunions régulières.

Concernant les activités, c’est vraiment l’échange d’information, il n’y a pas d’enquêtes menées collectivement. Mais il y a cette idée qu’on va créer des
formes de communications notamment pour les personnes recherchées. A force de se rencontrer et d’échanger, va émerger au sein de cette orga l’idée
que cette internationalisation est vraiment nécessaire parce qu’il y a l’émergence de l’internationalisation du crime suite à la première guerre mondiale.
Des criminels qui profite des progrès (transport, communication). Par exemple : La fabrication de faux papiers, de fausse monnaie.

Ces policiers dans leurs activités de coopération, ils cherchent une efficacité, en ce sens, les règles relatives à l’extradition semblent être un frein à leur
activité, dès les premiers textes, les policiers se plaignent. En 1930, lors d’une conférence, ils décident de ne plus appliquer ce système d’extradition et
qu’il pourrait arrêter des personnes sur le seul fondement des informations donné un policier.

On assiste au développement de ces logiques policières expertes qui sont déconnecté du système politique, et vont créer un savoir commun propre, des
outils spécifiques.

3. INTERPOL

En 1942, suite à l’anschluss, le siège est transféré à Berlin, suite à la seconde guerre mondiale de nombreux pays se retirent, mais les affaires reprennent
en 1946 à l’initiative France, Belgique, RU et pays scandinaves. Le siège est transféré à Paris. C’est en 1956, que cette organisation devient INTERPOL.

Le siège a été déplacé en 1989 à Lyon

Interpol est décrit comme une orga informelle qui a une structure dirigée par les policiers pour les policiers et qui a un rapport informel avec les
gouvernements. Ce sont toujours que des échanges d’informations.

Décision prise en 1946 de faire une distinction entre les infractions de droit commun et les infractions à caractère politique,
 Art 3 de l’OIPC « Toute activité ou intervention dans des questions ou affaires présentant un caractère politique, militaire, religieux ou racial est
rigoureusement interdite à l’Organisation. »

Pour s’autonomiser, ils ont fait cette distinction.

Apres l’attentat pendant les Jeux Olympiques, sachant que le congrès d’Interpol devait s’organiser une semaine après au même endroit, la question du
terrorisme a été traité par Interpol. C’est en 1983 que le congrès d’Interpol se penche sur la question. Mais c’est en 1984 qu’une résolution est adoptée
et qui définit le terrorisme. Redéfinit le cadre d’intervention de cette orga et efface cette distinction entre criminalité et terrorisme. C’est seulement à
partir de l’attentat du 11 septembre qu’Interpol efface cette distinction et assume les questions terroristes.

Cette coopération internationale se fait de façon progressive avec une autonomisation par rapport au pouvoir politique :
 La question des échelles : la souveraineté des Etats et des forces policières sont conservés, l’exclusion du caractère politique : manière de
ne pas s’immiscer dans les affaires nationales
 La spécialisation : au niveau international élaboration des techniques de com, des méthodes d’identification, d’une vision commune
rendue nécessaire par rapport à l’émergence du crime international
 Ces monopolisations des forces de polices

4. LA CONSTITUTION D’UN CHAMP DE LA SECURITE INTERIEURE EN EUROPE

Daniel Bigot « police en réseaux : l’expérience européenne »

Dans les années 70, la coopération internationale au sein d’Interpol est limitée sur la question du terrorisme. Et pour répondre à la volonté des policiers
nationaux de se rassembler là-dessus. De multiples groupes de travail vont se constituer au niveau européen pour répondre à ce besoin. Dans ces groupes
il va se développer un échange d’information, puisqu’on touche à des questions de terrorisme, les infos échangés sont beaucoup plus confidentielles.

Au niveau européen se passe la même chose qu’au niveau inter mais plus vite, les policiers rentrent en contact, échanges des infos, savoir-faire,
pratique. De la même manière qu’au niveau inter, se construit des relations de confiances. Bigot disait qu’a l’époque, l’enjeux des policiers doit aller au-
delà du national mais en deçà de l’international.

Les Etats veulent travailler entre Etats européennes, ils sont chargés de missions particulièrement selon leurs domaines : policiers chargées contre la
lutte, gendarmes, douaniers. Dans ces clubs, il y a gros rôle de confiance entre personnes de clubs particuliers. Les échanges d’informations concernent
des personnes, mais aussi des échanges sur les technologies, les savoir-faire.

Daniel Bigot, essaye de faire une recension de l’émergence de ces groupes de travail, mais c’est compliqué. Ces groupes sont spécialisés sur certaines
questions. Pour les décrire, Daniel Bigot, parle d’un champ de la sécurité. Le mot champ se réfère au travail de Pierre Bourdieu, ce dernier disait que le
champ est un microcosme social qui est relativement autonome par rapport à la société. Au sein de la société il y a plusieurs champs, chaque champ est
régi par des règles spécifiques et des logiques qui lui sont propres. Pour les personnes extérieures au champ ces pratiques paraissent illusoires. Mais
cette logique est incorporée par les personnes appartenant à un champ. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’au sein de ces champs autonomes, les individus au
sein de ce champ participent au conflit et ces conflits sont structurés en fonction des capitaux que chaque individu détient dans ce champ
spécifique.

Appliquer au champ de la sécurité : pour lui, l’ensemble de ces groupes de travail constitue un ensemble social qui a une forme d’autonomie, ça
voudrait dire que cette espace transcende la question internationale et nationale. Cette espace sociale est constituée de toutes les interactions entre les
individus donc la police. Bigot montre qu’a constitution de ce champ autonome va permettre de rencontrer des policiers français pouvait rencontrer
d’autre policiers français alors qu’avant ça ne se serait jamais passer parce qu’ils avaient leurs organisations propres. Ces individus appartiennent à des
ordres différents au niveau au national, mais quand ils participent à cette orga au sein de ces clubs, leurs interactions est déconnecté de ces ordres
hiérarchiques.

Pour bigot, c’est un espace social mais un champ de force, ce n’est pas un espace pacifié, il s’exprime au sein de ce champ de la rivalité et une
compétition. Ce qu’il dit c’est que ces compétitions, ces échanges, etc… vont avoir pour conséquences l’émergence d’une homogénéité dans les
représentations et une même définition de la menace.

Un des groupes les plus connus, c’est le groupe de TREVI qui est créer en 1976, pour travailler sur les questions de terrorismes. TREVI est le plus
connu parce qu’il est rattaché a une structure de négociation européenne officielle, c’est la coopération politique européenne, structure de ce qui
est la PESC. Ce groupe de travail va inclure des policiers mais aussi des hauts fonctionnaires issus des ministères des Etats membres. D’abord les
questions de terrorismes mais ensuite des sous-groupes se sont créés. Au sein de ce groupe est discuté l’envoi des officiers de liaison. Ce sont des
policiers nationaux qui vont être détachés soit dans les ambassades, soit dans les services de police de leurs voisins.

Les effets de la constitution de ce champ : effet de multi positionnement, ces policiers appartient a plusieurs clubs en même temps et vont participer à
la circulation des modes de raisonnements, des techniques, etc… et leur circulation a un deuxième effet, ce sont des personnes qui vont changer de
thématique de travail (ex : terrorisme puis stupéfiants). Ces échanges vont avoir le même effet qu’au niveau international, émergence d’une
représentation commune et une définition partagée de la menace.

DE LA LIBRE CIRCULATION DES TRAVAILLEURS A LIBRE CIRCULATION DES CITOYENS

1. DEUX CONCEPTIONS DE LA REGULATION DE LA CIRCULATION AU NIVEAU EUROPEEN

Pour ce qui est de la libre circulation :


 Art 3 du traité de Rome : possibilité de se déplacer
 Art 48 du traité Rome : lié à une question de non-discrimination et des règles qui régissent l’accès au travail

Mais problème pour définir le travailleur communautaire.

Travailleur communautaire : Travailleur d’un Etat membre qui travaille dans un autre Etat membre.

Principe de non-discrimination sur le marché du travail.

C’est cette conception sur laquelle on va le plus légiférer. On peut l’attribuer à 2 éléments :

 C’est dans la continuité de la manière dont la construction européenne c’est développé la construction européenne qui donne les bases d’un
marché commun. Cette conception de la libre circulation est en lien avec la construction d’un marché du travail européen.
 C’est lié à une volonté de ne pas entrer en contradiction avec des politiques d’immigration nationales, on parle de l’accès au marché du travail
pour les ressortissants des Etats membres

Les politiques d’immigration de l’époque : ordonnance de novembre 1945, relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers, dans cette
ordonnance il est stipulé que l’ensemble des étrangers doivent être traités sur le même pied d’égalité sauf que derrière ces ambitions, la manière dont
les lois sur l’immigration ont été appliqué ont fait une différenciation très importante entre les étrangers des pays européens et l’immigration post
colonial.
Des travaux ont montré en se fondant sur les traités des préfectures que les ressortissants européens avaient été favorisé. Finalement, donner plus
de droit aux ressortissants européens c’est dans la lignée de la politique d’immigration, c’est une manière d’avaliser et de légaliser des pratiques qui
tendaient déjà à favoriser les Etats membres. En France il y a un décalage entre l’adoption de ce principe (non-discrimination selon la nationalité sur le
marché du travail) et la transposition en droit interne puisqu’elle a lieu en France en 1964.
Ce qui est intéressant c’est que quand on regarde la législation au niveau européen il y a de nombreuses évolutions dans les années 70 montre que leur
droit à la libre circulation est de plus en plus détaché du statut du travailleur.

En 1968, la libre circulation liée à l’accès au marché du travail est rendue possible aux travailleurs mais aussi à leur conjoint, ascendant, descendant.

En 1970, ce droit est étendu aux retraités, maladie professionnelle ou victime d’accident du travail. Le lien entre statut de travailleur et libre circulation
se distant mais existe toujours. Le changement de conception s’effectue dans les années 1980.

2. LE TOURNANT DES ANNEES 1980


Ce tournant va être déclenché par une série d’évènement qui a priori n’ont rien a voir. C’est plutôt l’effet d’un décalage entre la volonté de créer un
marché européen et le fait qu’il y a toujours des frontières. Tout va se jouer en février 1984, lorsque les douaniers français/italiens se mettent en grève
au tunnel du Mont-Blanc pour leur mauvaise condition de travail par la multiplication des camions, cela a pour effet que les camionneurs se mettent en
grève aussi. Entrave répéter aux entraves au droit de la circulation sous le tunnel. Ils veulent franchir plus facilement la frontière et négocie des
conditions de travail plus favorables.

Face à cette situation, l’information fait la Une du journal Le Monde pendant 8 jours. Cette mobilisation prend une ampleur nationale. Cette mobilisation
s’étend sur l’ensemble du territoire français, blocage aux frontières. Et c’est ensuite les autres Etats membre qui se mobilisent. Le commissaire
responsable des affaires intérieures réaffirme que la fluidité des marchandises est primordiale dans la construction du marché européen. Ce qui faut
savoir c’est qu’en 1984, il y avait des négociations dans le cadre de la CEE qui a abouti et qui favoriser le franchissement des frontières des marchandises
mais une réticence des Etats membres pour l’appliquer. Donc elle est remise à l’ordre du jour. Le ministère des finances va également être impliquer,
quelques mois plus tard certains Etats membres vont signer les accords de Schengen qui prévoit le libre franchissement des frontières non pas pour les
marchandises mais pour les personnes.

1er accord entre la France et l’Allemagne, le 13 juillet 1984 : qui met en place un contrôle différencié cad que les ressortissants communautaires
peuvent mettre un disque vert sur leur pare-brise et franchir la frontière sans contrôle.

Dans le cadre de Schengen, le Benelux (Belgique, Pays Bas, Luxembourg) décide de s’associer. Le 14 juin 1985, l’accord de Schengen est adopté. Ce
système du disque vert est étendu aux frontières que partagent ces 5 Etats. La grande différence avec le premier accord, dès 85 on commence a discuter
le fait d’ouvrir le droit que les ressortissants des autres Etats membres puissent franchir les frontières librement.

Ces accords de Schengen est passé inaperçu. Mais en réalité, on est face à un tournant dont la manière où on conçoit la libre circulation, c’est la Logique
de libre franchissement des frontières qui va gagner de l’importance. Ces négociations de libre franchissement avaient également lieu entre les 12 Etats
de la CEE, mais négociation qui prenait beaucoup trop de temps. Mais face au blocus des camionneurs les Etats ont décider de négocier dans un cadre
plus réduit.

3. L’ADOPTION DE LA LOGIQUE DE FLUX : LE LIBRE ACCES AU TERRITOIRE

Ce changement de conception de libre circulation n’est pas uniquement lié à la question policière ou de sécurité dans un premier temps. Dans les années
1980 on est dans un contexte de relance de la construction européenne. Les négociations au sein de la CEE vise à donner un caractère plus politique à
cette espace. On ne va pas construire seulement un marché commun mais aussi une politique commune. Ces négociations se déroulent notamment dans
le cadre de la négociation de l’Acte unique (1986). Dès cette époque, il y a une volonté de promouvoir l’identité et l’image de la CEE auprès des
citoyens. C’est l’idée qu’on va développer un référent européen qui dépasse le niveau national notamment grâce à la définition d’un territoire commun.
C’est a la même période que le programme d’ERASMUS est mis en place. Ce mouvement va être confirmé avec l’adoption en 1992, du traité de
Maastricht où va être développé la notion de citoyenneté européenne. Le but est d’impliqué les citoyens dans le processus d’intégration. On leur donne 4
droits spécifiques attaché à cette notion de citoyenneté :

 Liberté de circulation et de séjour sur le territoire de m’union


 Le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et au Parlement européen
 Protection diplomatique et consulaire
 Droit de pétition devant le Parlement européen et le recours au médiateur européen

A cette période qu’émerge cette idée qu’on va construire un espace politique grâce à l’implication des citoyens européens. C’est dans cette perspective
qu’on leur donne des droits, dont la liberté de circulation. Mais a partir du moment où on pense la libre circulation comme l’accès au territoire c’est là où
il y a une transformation des enjeux. C’est à partir de ce moment-là que les acteurs de la sécurité qui avait été délaissé vont se saisir de la question de la
libre circulation.
En faisant référence à une rhétorique : la libre circulation va favoriser l’immigration clandestine, les trafics donc la criminalité donc la criminalité
organisée. Donc il faut mettre en place des mesures compensatoires.
Après 1985, QUATRE groupes de travails vont se constitués pour négocier la mise en application des accords de Schengen (négociation hors
communautaire) mais au fur et à mesure d’autres Etats vont se rajouter dont l’Italie et l’Espagne.
Donc entre 1985 et 1990, ces groupes de travail vont se réunir très régulièrement, environ 50 fois par an. Christophe Bigot décrit les différents groupes
de travail :

 Groupe 1 sécurité et police : stupéfiant, armes et munitions, renseignement et sécurité, ad hoc dit « juriste » : douane, police et
surveillance des frontières
 Groupe 2 circulation transfrontalière : droit des étrangers, visas, asiles, contrôles aux frontières
 Groupe 3 transports
 Groupe 4 douanes et circulation des marchandises

Ce ne sont plus des groupes comme avant, il va y avoir un mélange entre les acteurs de terrain (policiers) et hauts fonctionnaires qui sont à même
d’influencer la politique, c’est assez original.

Bigot décrit qu’au sein de ses groupes s’impose une rhétorique de continuum de sécurité c’est l’idée que l’on va associer la criminalité organisée, le trafic
de drogue, d’armes, le terrorisme et l’immigration clandestine parce qu’elles ont un caractère transnational. Finalement, dans ces groupes de travail.
Tous ces phénomènes sont mis sur le même plan, et la manière de traiter cette question c’est la même, elle est revendiquée par le même type d’acteurs. Il
y a un lien établit entre criminalité et immigration.

Ces négociations aboutissent et la convention d’application de l’accord de Schengen est adopté le 19 juin 1990 et cette convention prévoit en plus de la
libre circulation pour les Etats tiers, elle prévoit surtout des mesures compensatoires. On parle des accords de Schengen mais la convention
d’application est différente parce qu’elle aborde des questions complètement nouvelles notamment en matière d’immigration. Cette convention
prévoit un visa Schengen, l’Etat responsable de la demande d’asile et la condition de circulation des membres d’Etats tiers à l’intérieure de territoire
européen. Les mesures compensatoires sont relatives à la coopération policière, à l’échange des données des fichiers de polices, création SIS (système
information Schengen) qui regroupe les personnes recherchées parce qu’ils appartiennent à des orga criminelles et des étrangers qui font face à un refus
d’admission.
Le 31 décembre 1992 pour la mise en œuvre mais ils n’ont pas réussi donc la mise en place de la convention de Schengen c’est le 26 mars 1995.

CONCLUSION

CONCLUSION de la partie 2nd partie : On renforce les frontières extérieures de ce territoire euro. Il y a une coopération judiciaire et policière qui prend
comme forme l’échange de données et la création d’un fichier d’infos européen.

CONCLUSION de la SEANCE 2 : Au niveau européen on passe d’un espace de marché où les acteurs de la sécu était marginalisés cad ils discutaient entre
eux mais d’une manière informelle à un espace avec un projet politique plus affirmé qui implique une dimension territoriale plus importante et où les
questions de la mobilité vont se poser de manière cruciale ce qui va permettre à ces acteurs d’investir des arènes plus centrales. Si on ouvre les frontières
la criminalité va augmenter le contrôle de la mobilité permet d’assurer la sécurité. Derrière l’idée de déficit de sécurité : si on arrête de contrôler la
mobilité il y aura des problèmes de sécurité.
SEANCE 3 : 5 OCTOBRE 2018 — L’EVOLUTION INSTITUTIONNELLE ET LES EFFETS DES TRAITES

Les grandes étapes de l’institutionnalisation.

Qu’est-ce que le triangle institutionnel au niveau européen ? Conseil européen, Commission européenne et Parlement européen sont des institutions européennes.

Le traité de Rome du 25 mars 1957 crée la communauté européenne et la libre circulation des personnes est présentes et donc associées au capitaux et services il n’a pas
de notion de sécurité intérieure.

L’acte unique en février 1986 prévoit la création d’un marché intérieur avec la libre circulation des personnes mais la diff c’est que les EM se mettent d’accord sur la date
de mise en œuvre de cette libre circulation cad 1991.

En matière de sécurité intérieure on a un principe de pyramide inversée :

 On a une coopération en dehors de tout cadre institutionnel (accord SCHENGEN et TREVI)


 Une institutionnalisation partielle = se fait grâce au traité de Maastricht en février 1992, on va développer des outils malléables que le droit international c’est à
dire des outils juridiques ni nationaux ni internationaux car une partie de ces actions vont être inclus dans les traités.
 L’émergence d’un cadre juridique plus contraignant autour du tryptique : liberté, sécurité et justice = traité d’Amsterdam en octobre 1997 et traité de Nice en
février 2001, il y a un approfondissement de la coopération mais réticence de certains EM donc plrs vitesses.

LA COOPERATION INFORMELLE EN MATIERE DE SECURITE INTERIEURE

A) LES AVANCEES

Ministre de l’intérieur, experts → groupe de travail → TREVI → pas de réunions régulières → discussion sont techniques, les experts vont avancer sur des questions mais
besoin de faire valider leur décision par les hauts fonctionnaires donc réunions à la DDE des praticiens (→ experts). Ces réunions prod une culture admin commune au
sein des admin nationales. Au sein de ses groupes pas de décision juridique contraignante donc les discussions ont pour objectif d’échanger des infos.

SCHENGEN : négociations intergouvernementales en 1985 en vue de l’adoption de la convention en 1990 mais se prolonge car convention entre en vigueur qu’en 1995

 Voir séance 2 la responsabilité du gouvernement français dit que Schengen est un laboratoire d’essai.

En février 1986 est adopté l’acte unique → fait sortir de l’ombre la question de la libre circulation question d’asile et immigration « ad hoc immigration » en octobre
1986 pour questions d’asile et d’immigration.

La Convention de Dublin en 1990 qui concerne l’asile et déter l’Etat membre responsable de l’examen de la demande d’asile. Les EM décident de négocier dans le cadre
des 12 (→ communautaire) qui est une convention internationale mais doit être ratifié et donc entre en vigueur en sept 1997. Le contrôle des parlements à lieu a
posteriori.

B) LES ECHECS

1) Le convention sur les frontières extérieures


La convention foncière extérieure à pour but d’harmoniser le contrôle aux frontières extérieure de la CEE et vue que les négociations avaient lieu dans le cadre
communautaire et pas Schengen donc on ne parlait pas de la libre circulation mais au moment de signer l’Espagne et le Royaume Uni ne se mettent pas d’accord et
malheureusement la convention est abandonnée.

2) La coopération judiciaire
Article 220 du traité de Rome → va limiter à la dimension civile et donc liée à la protection des personnes et sté commerciale
Décembre 1977 → proposition de création d’un espace judiciaire européen.
En 1982, → Badinter proposition de création d’une cour pénale européenne mais les négociations échouent.
C) VERS UNE COMMUNAUTARISATION : LE CONSEIL DE LUXEMBOURG

Le chancelier allemand propose lors du conseil euro du Luxembourg en juin 1991.

1ère proposition → le traité en préparation communautarise les questions d’asile et d’immigration cad il veut aller plus loin que ce qui se passe dans le cadre de
Schengen et veut harmoniser les règles d’asile et d’immigration → il veut déconnecter ces questions de la libre circulation.

2ème proposition → création d’EUROPOL qui est la police européenne

 La question de la sécurité intérieure n’est plus liée à la libre circulation.


 Ces propositions sont légitimisées comme étant des questions qui devraient être traitées dans le cadre communautaire.

CONCLUSION I :

Cette coopération se fait dans un cadre peu institutionnalisé donc dans un cadre de ce qui se passait dans les années 70/80 dans des groups de négociations dans ce cadre
la commission euro n’a pas droit à l’initiative. Cela aboutit à d’outil juridique de droit international qui sont conditionnée à la ratification des parlements nationaux. La
proposition allemande de juin 1991 d’aller vers une communautarisation va recevoir du positif des Etats Membres et permet de travailler sur ces questions avant
l’adoption du traité de Maastricht.

II) L’INSTITUTIONNALISATION PARTIELLE : LE TRAITE DE MAASTRICHT

→ → → Signé le 7 février 1992 et entré en vigueur le 1er novembre 1993.

Les avancées du traités : citoyenneté et euro et on passe de la CEE à l’UE on intègre CEE,CECA et EURATOM et on crée l’UE.

A) Structure institutionnelle

Cadre institutionnel commun : niveau d’intégration différent grâce à sa structure en pilier cad 1er pilier éco, 2ème pilier politique étrangère et sécu commune, 3ème
justice et affaire intérieure au sein de ce pilier niveau d’intégration différent et manière de prendre des décisions différentes.

Le pilier qui nous intéresse est le 3ème : décision prise au sein du Conseil des ministres à l’unanimité.

B) Objectif

Réticence des EM en termes de souveraineté : la dynamique de communautarisation s’oppose aux questions de souveraineté car pour eux ces questions doivent rester
en priorité traité par les EM car elles symbolisent le pouvoir régalien. Ce traité résulte de ces contradictions. Les questions de justice et affaires intérieures sont
marginales dans les négociations.

Ce traité est une situation de compromis → objectif de ce traité → concerne uniquement la mise en place de libre circulation des personnes. La coopération de sécurité
intérieure n’est légitime que parce que ça permet la libre circulation des personnes.

C) Outils législatifs

Ils reprennent des outils élaborer pour des négociations dans le 2ème pilier mais adapté au 3ème pilier. Ces outils sont des actions communes car ils sont adaptés à des
négociations de 2ème pilier mais pas pour objectif d’être contraignante. Il va donc avoir une ambiguïté sur leur caractère contraignant. Et c’est de cette manière que les EM
vont éviter d’adapter leur législation à ces positions communes.

D) Procédure de décision
Décision à l’unanimité. La commission est présente OR avant pas présente mais elle partage son droit d’initiative avec les EM. En matière de coopération policière
douanière et judicaire pénale la commission n’a pas le droit d’initiative. Le Parlement euro est inclus de manière légère car il y a une obligation d’infos du parlement de la
part des EM. La CJCE, les EM adoptent des conventions internationales et peuvent choisir si la CJCE sera compétente.
E) Programme de travail

Ce sont souvent les mêmes fonctionnaires qui vont investir les groupes de travail communautaire mais dans un nv cadre (le COREPER = comité des rpz permanent =
structure de négociation dans le cadre communautaire).

Ces questions de sécu intérieure sont intégrées dans les traités alors qu’elles avaient été traitées dans le cadre hors gouvernementale.

Schengen est entrée en vigueur mars 1995.

III) VERS UN ESPACE DE LIBERTE, DE SECURITE ET DE JUSTICE

A) LE TRAITE D’AMSTERDAM

Visa, asile, immigration, la coopération judiciaire civile et privée sont transféré dans le 2ème pilier. Les questions coopération judiciaire pénale reste dans le 3ème pillier.

Article 2 des dispositions communes du TUE = il y a un triple changement :

 L’espace → souligne la continuité territoriale de l’UE


 La sécurité de la justice est considérée comme un domaine propre
 La liberté, la sécu et la justice sont 3 éléments indissociables

Ce traité introduit une distinction entre sécurité intérieure et libre circulation.

Intégration dans le traité de l’accord de Schengen et la convention d’application et des protocoles d’adhésion des EM. La CJCE devient compétente dans cette matière et les
groupes de négociations Schengen se fondent avec les autres.

Il y a la création au niveau communautaire d’une géométrie inédite car certain EM ne sont membre de Schengen : RU et Irlande, le Danemark. Les nouveaux Etats Membres
doivent accepter les accords Schengen s’ils veulent adhérer à l’UE.

Unanimité puis possibilité au bout de 5 ans de codécider. Mais possibilité d’adopter des normes contraignantes et le CJCE est compétente.

La commission est en co-inititative, le parlement est toujours consulté et les pvrs de la CJCE sont renforcés de manière limité à la discrétion des EM.

B) LE CONSEIL DE TAMPERE

Le Conseil européen a tenu à Tampere, les 15 et 16 octobre 1999 est une réunion spéciale consacrée à la création d'un espace de liberté, de sécurité et de justice dans
l'Union européenne. Les travaux ont débuté par un échange de vues avec Mme Nicole Fontaine, Présidente du Parlement européen, sur les principaux thèmes de
discussion. C’est pas une réunion de ministres. C’est une réunion qui rassemble les chefs d’Etats, elle est moins technique et plus politique et symboliquement plus
importante donc les chefs d’Etats considère qu’il est nécessaire de consacrer leur réunion uniquement aux questions de liberté, sécurité et justice. Ce conseil est évoqué
souvent quand on parle de la structuration au niveau euro.

Les débats sont publics → volonté de marquer une rupture avec les pratiques de négociation opaque, l’ouverture au public permet d’affirmer que les Etats n’ont rien a
caché et que leur discussion concerne les citoyens. Ce conseil va avoir une répercussion importante.
Programme de travail : 1999 à 2004 consacré a la politique européenne commune en matière d’asile et immigration ; volonté de mettre en place euro de justice ; la lutte
contre la criminalité à l’échelle de l’UE et dans ce cadre les activités d’EUROPOL commence en juillet 1999 ; l’idée que cette question de la sécu intérieure va impliquer une
action extérieure plus forte, elles doivent être incluses dans les négociations avec les Etats tiers, il est question d’ externalisation des questions de sécurité.

L'un des objectifs essentiels des travaux de l'Union, dans les années à venir, devant être de renforcer la politique étrangère et de sécurité commune, notamment en
développant une politique européenne de sécurité et de défense, le Conseil européen attend du nouveau Secrétaire général du Conseil et Haut Représentant pour la PESC,
M. Javier Solana, qu'il apporte à cet égard une contribution majeure. M. Solana pourra compter, dans l'exercice de ses compétences, sur le plein appui du Conseil européen,
conformément à l'article 18, paragraphe 3, du traité, afin de pouvoir s'acquitter pleinement de ses tâches. Il lui incombera notamment de coopérer avec la présidence pour
veiller à ce que les délibérations et l'action en matière de politique étrangère et de sécurité soient menées avec efficacité, en vue d'assurer continuité et cohérence, compte
tenu des intérêts communs de l'Union.

Le Conseil européen est fermement décidé à renforcer la lutte contre les formes graves de criminalité organisée et transnationale. Un niveau élevé de sécurité dans
l’espace de liberté, de sécurité et de justice suppose une approche efficace et globale de la lutte contre toutes les formes de criminalité. Il faut parvenir à mettre en place
de manière équilibrée à l’échelle de l’Union des mesures de lutte contre la criminalité tout en protégeant la liberté des particuliers et des opérateurs économiques et les
droits que leur reconnaît la loi.

2) LES EFFETS DU 11 SEPTEMBRE 2001

Les attentats du 11 septembre 2001 → ont donné lieu à une réaction des Etats Membre →les ministres de l’intérieur et de la justice se réunissent le 20 septembre 2001
en sachant qu’il y a eu un conseil européen extraordinaire le lendemain → réaction euro. La commission présente des propositions en réaction aux attentats →concerne la
définition du terrorisme et la mise en place du mandat d’arrêt européen ET une extension du mandat d’EUROPOL au forme grave de la criminalité internationale fut
adopté en décembre 2001. Cette mobilisation a des effets concrets car EUROJUST (agence de coopération en matière judiciaire au niveau euro) est créée en décembre
2001.

Depuis le début de la coopération judiciaire la question qui revient c’est l’extradition.


Remet en cause la souveraineté → on reconnait la manière de fonctionner du système judiciaire de l’autre Etat Membre.
C’est en réaction des attentats que le mandat d’arrêt euro est adopté. On ne parle plus d’extradition mais de mandat d’arrêt donc on le transforme en décision judiciaire.

Securitization → on va traiter une question sociale par un biais uniquement sécuritaire → immigration ne sera plus traité que pour une question de sécurité (Christina
Boswell).

Le 11 septembre 2001 a-t-il eu des effets de securitization au niveau euro ? il y a bien une tendance à associer ces éléments mais cette asso ne date pas des attentats
mais s’inscrivent dans une longue durée et préexiste aux attentats et la réaction des EM à ceux-ci. Boswell va observer l’utilisation de mesure qui avait pour but de lutte
contre l’immigration pour la lutte antiterroriste.

En 2005 on autorise EUROPOL et EUROJUST a avoir accès aux systèmes infos Schegen SIS (→fichier crée au moment de la création de l’espace Schengen pour
connecter les fichiers nationaux des EM sur les questions d’immigration des personnes qui se sont vues refuser l’entrée ou interdite de séjour dans un EM).

Donc utilisation d’outil qui servait à l’immigration pour le terrorisme. Le lien entre terrorisme et immigration n’est pas intro à ce moment mais idée que les données sur
les étrangers vont lutter contre le terrorisme.

Les attentats de Madrid en 2004 → autre décision dans le programme de la HAG → utilisation du SIS et le VIS (= fichier qui met en relation les infos sur les visas) pour
des fins de lutte antiterroriste.

C) LA QUESTION DE L’ELARGISSEMENT ET LE TRAITE DE NICE

1) LE TRAITE DE NICE, SON BUT :


Le traité signé à Nice le 26 février 2001, seulement trois ans et demi après la signature du traité d'Amsterdam, n'aspirait pas à donner une nouvelle impulsion au
processus d'intégration européenne, mais simplement de préparer les institutions de la Communauté/Union européenne de fonctionner avec les représentants de dix
nouveaux États membres. Le traité de Nice, qui est actuellement en vigueur, a révisé le traité d'Amsterdam concernant notamment quatre thèmes institutionnels : le
remplacement de l'unanimité par la majorité qualifiée dans les procédures de décision, les coopérations renforcées de certains États membres, la pondération des voix au
Conseil et la taille et la composition de la Commission. Il prépare institutionnellement l’élargissement de l’UE. Négociations avec 10 pays pour leur adhésion.

On va changer le TUE pour pouvoir l’adapter et adapter ses institutions à l’élargissement et l’augmentation du nombre d’Etats Membre

Le traité de Nice a été mis en vigueur le 1er février 2003. Sous le nom de la ville où il a été signé, le traité de Nice, comme les traités abrogés de Maastricht et
d'Amsterdam, englobait en fait deux traités : celui sur l'Union européenne (TUE) et celui instituant la Communauté européenne (TCE), avec une nouvelle
numérotation de leurs articles. Comme nous le verrons dans la section suivante, le traité de Lisbonne a remplacé le TCE par le traité sur le fonctionnement de l'UE (TFUE).
En 2004 adhésion de nombreux pays de l’est.

2) LE CONTEXTE DES NEGOCIATIONS D’ADHESION AU TRAITE DE NICE

Les questions de liberté, sécurité et justice ont pour la 1ère fois une place centrale dans ces négociations pré adhésion cad de la même manière que les EM qui décident
d’adhérer à l’UE ils doivent accepter l’accord Schengen ils doivent accepter des mesures de sécurité intérieure (=étape des acquis de la JAI) au moment de leur adhésion. La
négociation porte sur les mesures transitoires cad comment on va s’adapter peu à peu à ces acquis.

Plusieurs matières négociées :

 L’existence d’une capacité admin et judiciaire → ces candidats doivent avoir un système judiciaire et compétent
 Doivent accepter la coopération judiciaire civile et pénale
 Accepté les normes en matière de visas et immigration décidées au niveau européen
 Adhérer à la Convention de Genève de 1951 et mettre en place au niveau national un système d’asile cad avec une admin qui est chargé de l’examen des demandes
d’asile et de la délivrance des statuts de réfugiés
 Accepté la Convention EUROPOL → coopération policière
 La lutte contre la corruption et le crime organisé → capacité des EM a exécuter les décisions judiciaires
 Question du renforcement du ctrl aux frontières extérieures

Les Etats Membres sont conscients que ces questions sont onéreuses et donc ils vont mettre en place des programmes de financement pour aider ces Etats à atteindre les
exigences en matière de justice et d’affaires intérieures. Le programme PHARE est donc crée. Entre 2000 et 2006, 1,5 milliards d’€ par an et majorité ira dans le
renforcement des frontières extérieures.

Au moment de la signature du traité d’adhésion ils vont créer un fond spécial de 858 M d’euros qui va spécialement servir au renforcement des frontières extérieures.

3) LA CONSTRUCTION D’UNE MENACE TRANSNATIONALE

Emergence d’une criminalité organisé transnationale. Cette rhétorique a émergé à la chute du mur de Berlin comme une manière de comprendre l’évolution des questions
de sécurité. A la fin de la guerre froide l’idée que les questions de sécurité ne sont plus liées à l’affrontement entre 2 blocs va reconfigurer la manière de concevoir les
questions de sécurité internationale.

Gilles Favarel-Garrigues →cette réthorique explose au moment des attentats du 11 septembre 2001. Il y a une explosion de ce terme dans les 90’s dans des ouvrages et
revues→ centre de recherche spécialisé qui se créé. L’effondrement des Etats communistes a conduit à une extension des marchés de la criminalité et du trafic et a
permis à ces criminels de trouver de nouvelles opportunités d’investissement dans l’ancien bloc de l’est. La perspective de l’élargissement à l’est est liée à cette peur de
favoriser l’augmentation de la criminalité dans l’opinion publique. Gilles va étudier les personnes qui promeuvent cette menace cad vont l’étudier et insister sur le
caractère dangereux de la menace. Ces acteurs sont pour beaucoup d’anciens spécialistes de la menace soviet → ces experts vont changer de thématiques et vont se
spécialiser sur la criminalité organisée → participe à légitimer cette menace.
Le problème c’est qu’il y a énormément d’écrit mais une seule source d’information qui est uniquement policière. Il est compliqué de donner du crédit à une menace si on
a une seule source d’infos. Il est compliqué d’avoir des infos précises sur cette criminalité organisée.

Idée de ne pas nier ce phénomène mais c’est de montrer que si ce sont des acteurs de la sécurité qui sont eux-mêmes en charge de lutter contre cette menace et participe à
la défense cela représente un problème.

LE TRAITE DE LISBONNE

Adopté en 2009. Au moment de la négociation les législateurs avait fait de l’espace liberté, sécurité et justice une priorité.

Disparition de la structure en pilier et communautarisation des questions de liberté, sécu et justice cad on passe à la procédure législative ordinaire : le conseil décide à la
majorité qualifiée ; la codécision avec le parlement euro. Les EM conservent le droit d’initiative (→ créer de nouvelles législation) et le partage avec la commission.

 Si la proposition de législation vient d’un Etat Membre la majorité qualifiée est de 75%.
 Alors que si c’est la commission c’est seulement 65%.

La commission a un rôle renforcé car introduit des recours en manquement à l’égard des EM qui n’aurait pas respecter des dispo en matière de liberté, sécurité et justice.
La CJUE est compétente sur l’ensemble des matières → délai d’application de 5 ans en ce qui concerne la coopération policière et judiciaire pénale.

IV) LA QUESTION DU DEFICIT DEMOCRATIQUE

A) L’IMPORTANCE DES ADMINISTRATIONS NATIONALES

Gallya Lahav et Virgine Guiraudon → les administrations nationales : allemande, française et pays bas → ces administrations ont volontairement délégué leur pouvoir
sur les questions de sécurité intérieure au niveau européen afin d’éviter des blocages au niveau national.

Les hauts fonctionnaires se retrouvent dans les 90’s en difficulté pour passer des législations en matière migratoire ,c’est la jurisprudence qui va bloquer le
développement qu’ils souhaitent. Selon elles, fin des 90’s les hauts fonctionnaires de ces 3 pays décident de déléguer au niveau européen ces questions de politique
migratoire pour éviter les formes de veto qui pouvaient exister au niveau national. Mais enfaite ça ne change rien parce que c’est les mêmes acteurs qui seront au niveau
européen.

Parlement euro a gagné de plus en plus de pouvoirs. Mais sur ces questions, les exécutifs nationaux ont dû garder la main en choisissant d’intervenir au niveau euro. En ce
sens on peut dire que la construction d’un espace de libé, sécurité et justice n’a pas altérer la capacité des Etats à ctrl les questions de sécurité intérieure.

B) LE ROLE DES PARLEMENTS

Le rôle des parlements nationaux sur ces questions : le pouvoir législatif n’a pas été dépossédé de sa capacité à légiférer en matière de sécurité intérieure par cette
construction d’un espace de liberté, sécu et justice euro.

Angela TACEA → regarde la manière dont les parlements nationaux interviennent sur les questions de sécurité intérieure au niveau euro. Il y a un rôle de contrôle
introduit dans le traité de Lisbonne. Ce rôle des parlements nationaux concerne :
- L’évaluation d’EUROPOL et d’EUROJUST
- La possibilité de déclencher un mécanisme d’alerte précoce (→permet à des parlements nationaux de contester des législations qui sont en négociation au niveau
euro)

La majorité des parlements nationaux, qui a permis de constituer les gouvernements des Etats membre rare que ces parlements se déclare contre les décisions du
gouvernement de la même majorité qu’eux au niveau européen. Pouvoir de contrôler limiter sur ces questions.

CONCLUSION DE LA SEANCE 3
Le monopole de l’Etat sur les questions de sécu s’est fait progressivement et à plusieurs dimensions. Une de ces dimensions, c’est la question de la tension entre les
échelles. Qui a l’autorité ? qui a la légitimité pour prendre des décisions en matière de sécurité ?
En 24 ans les modes de coopérations en matière de sécu intérieure sont devenues bcp plus institutionnel. Inclut dans des modes de fonctionnement communautaires avec
l’intégration d’institutions euro. Ces questions ont une place plus importante au cours du temps et validé par le traité de Lisbonne. Mais, on voit bien qu’il y a des
transferts de souveraineté au niveau national et euro mais 1 constante c’est que les acteurs : policiers et hauts fonctionnaires impliqués dans les négociations depuis les
80’s ont pu conserver un rôle important dans la prise de décisions et négociations.
SEANCE 4 : 12 OCTOBRE 2018 — LA COOPERATION POLICIERE EUROPEENNE
Entamée dans les années 1970 au sein de l'Union européenne, la coopération policière a surtout pris son élan avec le traité de Lisbonne et la suppression du troisième
pilier (JAI). Elle s'appuie sur son outil principal, Europol (l'Office européen de police) mais est également très liée à la coopération douanière, la coopération judiciaire en
matière pénale, le volet extérieur de l'espace de liberté, de sécurité et de justice, le respect des droits fondamentaux ou encore la protection des données personnelles

I) COOPERATION POLICIERE AU SEIN D’EUROPOL:

La structure pérenne au niveau européen (EUROPOL) cette structure EUROPOL est de même naturel que la coopération policière dans le cadre des accords internationaux.

Est-ce qu’il s’agit d’une agence inter européen ou a acquis des caractéristiques supra nationales ? Cad est-ce avec la création de cette agence, on va au-delà du simple
échange d’information. Est-ce que Europol est un relai entre les services nationaux de police ou est-ce que cette agence correspond à la création au niveau européen d’une
structure autonome par rapport aux polices nationales. On s’intéresse au développement d’Europol, à son fonctionnement, ses activités et à l’extension de domaine
d’activité d’Europol.

A- LE DEVELOPPEMENT D’EUROPOL

Ce n'est que le 26 juillet 1995 que la convention Europol est signée, et l'office n'entame réellement ses activités qu'en 1999, avec des compétences renforcées par le traité
d'Amsterdam. Pour autant, la coopération policière a avancé en parallèle depuis la création de l'espace Schengen en 1985. L'acquis Schengen en matière de coopération
policière est ainsi repris par le traité d'Amsterdam mais au titre du troisième pilier, qui n'est pas "communautarisé" mais reste intergouvernemental.

1. LES TENDANCES

Les agences ne résultent pas des acteurs policiers et les praticiens qui auraient voulu crée cette agence donc pas une création qui résulte du processus bottom-up.

Le Chancelier Helmut Kohl, le premier, évoqua en 1988 la création d'une " sorte de police fédérale européenne " sur le modèle du FBI américain. Dès lors deux
conceptions s'opposèrent. La première, défendue par l'Allemagne et par les Pays-Bas notamment, visait à conférer à Europol des compétences opérationnelles tout en
l'intégrant dans le cadre institutionnel communautaire. La seconde, soutenue par la France et le Royaume-Uni, limitait au contraire le rôle d'Europol à un système
d'information mutuel régi par les principes de la coopération intergouvernementale. Ces oppositions expliquent pour une large part la lenteur de la maturation du
projet Europol. Les négociations sur la convention Europol engagées depuis 1991 n'ont ainsi abouti que le 26 juillet 1995.
Il avait le modèle allemand c’est-à-dire une police fédérale. Pour comprendre le mode de fonctionnement de cette agence, un des reproches que l’on fait à cette agence,
elle ne correspond pas aux besoins de ces policiers.
Le progressif élargissement des activités d’Europol et l’idée qu’on est passé sur une focalisation sur un certain type de criminalité et que peu à peu, Europol s’est intéressé
de plus en plus à des types de criminalité en Europe. Cette évolution s’est faite de façon incrémentale, par à cout et sur le mode réactif.

La coopération policière se passe en Europe avec des groupes comme Trevi. Au sein de ces groupes, il y a eu des propositions pour aller vers la structuration d’une
coopération policière. Les proposions émergés venaient des britanniques qui en 1989 avait proposé la création d’une unité centrale de renseignement sur les stupéfiants.
Cette proposition n’avait pas abouti, reflète l’activité criminelle qui intéresse la coopération policière. La lutte du trafic de drogue est centrale. Ces policiers et hauts
fonctionnaires, le plus loin dans la structuration policière c’est l’idée qu’on allait rendre plus pérenne les structures d’envoie d’officier de liaison.
Ils sont envoyés dans leurs propres ambassades et servent de lien et font la dimension sécurité de la diplomatie dans cet état. Parfois ils sont envoyés dans des services
des autres états membres (des services policiers.) Grâce à ces policiers de liaisons ont eu lieu ces coopérations policières. Il n’avait pas un intérêt très développé, ce que
l’on appelle « un cout politique » il se saisit de cette question pour montrer sa volonté de s’engager dans la construction européenne.
La création d’office de coopération policière c’est une manière de montrer qu’il y a plus d’Europe (91)
En1992 : le traité de Maastricht, Europol est mentionné. Mais de manière très peu claire, c’est à dire sans précision de la structure.

→Ça se joue quelques années plus tard.

2. AVANT EUROPOL

Helmut Khol voulait la création d’une structure assez étoffée avec des compétences opérationnels (ex : mener des enquêtes au niveau européen.) et intervenir directement
dans un état membre pour faire une interpellation comme sur le modèle du FBI. C’est une structure qui se trouve au-dessus des états et qui ont compétence pour
intervenir dans chacun des états. Face à cette vision des choses, il y en a entre défendu par la France et le RU.

FRANCE ET ROYAUME UNI : Ils souhaitent une structure légère et plus souple et viennent en appui aux forces de police nationale.

Le 3 janvier 1994 i l y a une structure qui est créé « EUROPOL DRUG UNIT » qui est une structure centré sur les questions de trafic de drogue international, et les
activités sont les échanges et analyses de renseignement en matière de stupéfiant, ou alors de blanchiment d’argent lié à la drogue, ou alors d’organisation criminelle dont
les activités sont liés principalement lié à la drogue.

La structure première crée, sont relativement limités. Pourquoi ?

- Pour ne pas porter atteinte aux formes de coopération qui existe déjà.
- Les échanges d’information qui contiennent des données personnelles deviennent problématique. Il faut en ce sens respecter la législation nationale. (la
convention Europol n’a pas encore été adopté, elle est toujours en négociation)
- Cette première structure est le fruit de contradiction entre la volonté politique d’aller vite, et des éléments plus pratiques et pragmatique qui font que la solution
qui est trouvé pour satisfaire les deux éléments et de limité la coopération d’un secteur de l’activité criminelle.

3. CREATION D’EUROPOL

Les négociations aboutissent, la convention Europol est adoptée. La structure à cette époque-là n’est pas encore une agence, on parle d’office centrale de la coopération
centrale de la commission européenne. Ça devient une agence seulement en 2010.
Europol sera constitué à la fois d’analyste cad des personnes qui vont être recruté par l’office lui-même. Un personnel permanent qui est autonome des corps de polices
nationaux. Ce personnel permanent ce sont des personnes qui ont des chargés d’étude et qui ont une vision pro-active du travail de policier.
Ce sont des personnes du staff recrutés par Europol, il y aura des officiers de liaisons qui proviennent des polices nationales et qui seront envoyés à Europol.
L’objectif sera de faire le lien entre les activités d’Europol est les activités de la police nationale et de leurs propres services.
Ils seront dans une logique plus réactive, cad qu’ils seront considéré par leurs propres services de police comme moyen d’obtenir des informations sur des enquêtes en
cours. On retrouve ces deux visions, on crée quelque chose pour faciliter le relai entre les différentes polices nationaux.
Cela entre en vigueur en 1er janvier 1999 et doit être ratifié par tous les Etats, et les activités commencent en juillet 1999.
Les activités ne sont pas limitées seulement au trafic de drogue.

B. LE FONCTIONNEMENT D’EUROPOL

1. Objectif : On améliore la coopération et la question du terrorisme a longtemps été exclu du champ d’activité. On élargie le type d’activité mais autre élément. Ex : les
infractions de droits communs et tout ce qui relève de la sécurité publique et ce qui relève des infractions quotidiennes. On n’est pas en train de crée une police qui va
tout prendre en compte mais seulement des infractions qui seront transnationales. L’idée c’est que Europol se répartie les rôles entre les services nationaux et les servies
de coopérations européennes et le caractère est l’activité transnationale de criminalité.

2. Domaines : Les domaines traités sont larges : Prévention et lutte contre le terrorisme /Trafic de stupéfiant/Trafic des êtres humains /Filière de l’immigration
clandestine /trafic illicite de matière radioactive et nucléaire /trafic illicite de véhicule /nouveauté depuis 95 : faux monnaie de l’euro /Blanchiment (activités financières
illégales)/ Lutte contre la :cybercriminalité

3. Organisation : On comprend que chaque règle a été élaboré à ces objectifs contradictoire entre le projet de la simple coopération et les objectifs de réglementation des
activités transnationaux. Chaque service de police doit créer une structure « une unité nationale d’Europol » qui va être le point de contact entre Europol et les services
nationaux. Ces officiers de liaisons continue à faire une coopération bilatéral.

En France c’est la Gendarmerie, la police nationale et la douane. La mission est principalement d’analyser les informations qu’Europol reçoit et de la gestion de base de
donné.
Depuis 2010 Europol est devenu une agence européenne, ça modifie sa manière de fonctionner.
Depuis le début : Il y a un conseil d’administration composé d’un représentant par chacun des Etat membre.

Depuis que c’est une agence : il y a également une représentant de la commission européenne.

Vote avant 2010 : Il se faisait à l’unanimité

Depuis 2010 : Il se fait à la majorité.

Ces membres du CA sont des représentants de police nationaux.

Ça peut poser problème : comme ce sont des praticiens ils vont défendre des positions au sein du conseil qu’il ne défendra pas car ils ont un profil technique et non
politique. Cela crée parfois des désaccords.

La forme de contrôle qu’exerce les états membres sur Europol est par ce CA car ils ont un membre, et puis, ce CA est chargé de rédiger un rapport d’activité qui doit
envoyer au Conseil des ministres/justice et affaire intérieur. Il y a un bien un contrôle du politique sur ces activités techniques. Depuis que c’est une agence européenne,
le parlement européen doit aussi recevoir ce rapport.
L’envoie des officiers de liaisons se fait sur la base du volontariat. Des états membres vont envoyer de nombreux de policiers de liaisons alors que d’autres envoie le strict
minimum.

 Le budget est contrôlé par la commission, par le conseil et le parlement européen.


 Les effectifs permanents du parlement européen.
 Le rapport de travail/activités par un groupe de travail parlementaire composé de représentant des parlements nationaux

Le conseil des ministres nomme le directeur, et quand les décisions en matière de coopération policière posaient des pbs car il y avait des enjeux de dispute entre états
membres pour déterminer qui était le directeur.
Le parlement européen est désormais depuis Lisbonne en co-décision pour toute modification de la convention ou des règles qui concerne Europol.
Il y a join supervisory body composé des représentations des états membres ce sont des personnes qui appartient à des agences de la protection des données personnels.

4. Prérogatives et activités

Trois activités principales :

- Gestion de l’information pertinente (collecté, de stocker, traiter, analyser, échanger des informations concernant des enquêtes en cours.) que l’on appelle des
informations opérationnelles. Un des rôles d’Europol est de faire le lien entre des enquêtes en cours de différent états membres, ils vont se rendre compte qu’en
allemande et France des policiers sont en train d’enquêter.
- Un parage d’expertise ; procédure d’enquête sur les aspects techniques et scientifique des enquêtes.

- Partage d’analyse : dans ce contexte, l’analyse est liée qu’on va pas donner des informations opérationnels qui vont permettre d’arrêter quelqu’un, mais grâce aux
infos qu’Europol rassemble ça ça lui permettre d’avoir une analyse qualificative de certains formes de criminalité.

- Soutiens des états membres : lorsqu’ils mettent en place des équipes communes d’enquête comme capable de constituer des équipes transnationales composé
d’agents de police nationales dans une même enquête.

Ils font de la formation alors même qu’il existe déjà une agence qui s’appelle Sépol crée en 2005 et qui vise à assurer la coopération en matière de formation des
policiers au niveau européen. Mais qui fonctionne sous la forme d’un réseau d’institut de formation d’un réseau et qui se fait dépasser par Europol qui assure ses
propres formations. Europol coopère avec d’autres agences européennes en matière d’échange de donnée ect.
 Europol conseille l’évolution des politiques de sécurité. Il réprime le faux monnayage de l’euro.
5. Evolution des moyens d’Europol (schéma) : De plus, concernant le budget, il a augmenté. En 1999, c’était de 19 millions, et 2015 on a arrive à 95 millions.

C. LES ACTIVITES LIES A L’ECHANGE D’INFORMATION

1) PRODUCTION DE CONNAISSANCE - INTELLIGENCE LED POLICING.

Les analyses reposent sur le renseignement « intelligence » et la source de ces informations ce sont des informateurs qui vont donner des informations qui ne concernent
pas quelqu’un en particulier. Elles ne sont pas forcément à caractère personnel. Ce sont des informations sur des développement dites de développement qui se
spéciale par ex dans le trafic de voiture.
On parle d’intelligence led policing, c’est de l’activité de police mené par le renseignement. C’est pro actif, c’est a dire on n’est pas dans une logique ou il y a la
constatation d’une infraction et on enquête et on va considérer qu’il y a un rapport sur différents types d’activités criminel.
Europol centralise une très grande masse d’information et extraire cette analyse de manière pertinente.
Europol est lié à son histoire comme le trafic de drogue qui est une activité qui a été développement depuis le début de l’unité de drogue Europol avant même la
convention. Ils vont se spécialiser et produire des rapports sur le marché de la cocaïne ou de l’héroïne.

Ce ne sont pas des données opérationnelles, mais ça peut être des données opérationnelles : ex, criminalité organisée.
En matière de fraude financier (carte bancaire, blanchiment d’argent, priorité intellectuel, intellectuel, toutes ces questions est une expertise à Europol, ce qui est
intéressant est de voir comment Europol pourrit ce type d’analyse et de concevoir la manière dont les policiers vont travailler.

Cela va influencer sur la manière de penser de l’activité policière au niveau national.


ex : question de l’immigration traité par Europol, agence de coopération policière de lutte contre l’immigration irrégulière (qu’on considère comme de la criminalité !) et
nourrissent les forces de polices nationales

2) LA PRODUCTION DE PREUVE - BASE DE DONNEES

Il s’agit de données opérationnelles c'est-à-dire qui concernent une enquête criminelle en cours (données souvent à caractère personnel).

Comment Europol acquiert des données ?

 Europol peut interroger des bases de données nationales

 Les unités nationales Europol ont l’obligation de transférer les informations pertinentes à Europol : doit prendre en compte les législations nationales en
matière de protection des données personnelles

 Europol peut avoir accès à des systèmes d’information européens (SIS, VIS, Eurodac)
EURODAC : fichier constitué des données biométriques des demandeurs d’asile. La règle de détermination de l’Etat Membre en charge de l’examen d’une demande
d’asile est le premier pays dans lequel le demandeur d’asile a mis le pieds.
Ce fichier d’information a été créé et est nourri, à la fois des services nationaux en charge des demandeurs d’asile, mais, ce sont des données prélevées sur des personnes
qui franchissent, de manière irrégulière, les frontières extérieures.
Ces données n’ont rien à voir avec la criminalité. Néanmoins, Europol peut les consulter (fichiers importants en informations pertinentes, i.e empreintes digitales)

FRONTEX : Frontex aide les États membres de l’UE et les pays associés à l’espace Schengen à gérer leurs frontières extérieures. Elle contribue également à
harmoniser les contrôles aux frontières au sein de l’UE. Elle facilite la coopération entre les autorités de surveillance des frontières dans les différents pays de
l’UE, en leur fournissant une expertise et un soutien technique.

Comment Europol met à disposition les données ?


• Par le système d’information Europol : regroupe toutes les données relatives aux infractions : les unités nationales Europol, les officiers de liaison, les agents
Europol y ont accès.

L’un des objectifs de ce fichier = détecter des correspondances entre des données provenant de ≠ EM.

En 2015, 86 000 personnes et 300 000 objets y sont enregistrées

Via SIENA (système d’échange sécurisé d’information) : système de communication sécurisé permettant des échanges d’information rapides liés ) la criminalité. Ces
échanges peuvent avoir lieu entre Europol et les EM (et même certains Etats tiers ayant conclu des accords avec Europol.

Via le système « hit no hit » : lorsqu’un policier d’un EM veut fournir une information à Europol, il est informé directement si elle est déjà enregistrée dans l’un des
fichiers Europol.

Il y a une évolution pour que l’accès à ces données ne soit pas uniquement possible par les unités nationales Europol. Depuis le 3 ème protocole Europol (2003 >> 2007), le
système d’information Europol n’est pas seulement accessible aux unités nationales et aux offices centraux, mais à d’autres types d’acteurs compétents au niveau
national.

Europol participe à nourrir d’autres types de fichier, not. douanier :

EU customs information systems : information des organisations douanières sur les données traitant du trafic et de la contrebande.

3) LES PROBLEMES LIES A CES DONNEES

Pour fonctionner de manière efficace, ces systèmes doivent être alimentés par les EM. Mais il arrive souvent que les autorités nationales soient réticentes à
transmettre des informations opérationnelles à Europol (not. par manque de confiance).

Moins ils nourrissent ces systèmes, moins ils les trouvent utiles, moins ils les nourrissent (cercle vicieux). Néanmoins, cela reflète une des dynamiques selon laquelle la
création de ces agences part d’un projet politique.

La dimension qualitative de ces données : ce sont des données à caractère personnel d’enquête en cours (personnes pas encore condamnées). Dès lors, la crédibilité des
informations contenues dans les fichiers dépend de la nature du travail policier effectué au niveau national.

Conclusion de l’utilisation de données au niveau d’Europol : on va au-delà d’un échange d’informations au service d’une enquête en cours menée par un service de
police national. Dès lors, on peut dire qu’Europol est une forme de coopération allant au-delà des groupes de coopérations policière existant dans les années 70.

D. LES ACTIVITES OPERATIONNELLES - LES EQUIPES COMMUNES D’ENQUETE

Structures mises en place en 2002 : enquêtes menées par une personne originaire d’un service de police d’un EM pouvant associer des représentants d’Europol mais
également d’Eurojust et Olaf (agence de coopération en matière de lutte contre la fraude).
C’est depuis le deuxième protocole d’amendement de la Convention Europol adopté en nov. 2002 et entré en vigueur en avril 2007 que les agents d’Europol peuvent
participer aux équipes communes d’enquête. Au-delà de ça, Europol peut demander à un Etat d’ouvrir une enquête.

E. L’EXTENSION DES DOMAINES D’ACTIVITE D’EUROPOL

 La lutte contre le terrorisme : le 9/11 a eu des effets sur les formes de coopération.

Effet d’accélération de la coopération. Néanmoins, ces éléments étaient déjà présents puisque dès 1997, alors même que la Convention Europol n’était pas ratifiée, un
groupe de préparation à la lutte a été mise en place afin de réfléchir au rôle que pouvait avoir Europol en matière d’anti-terrorisme.

Le Traité d’Amsterdam (1999) prévoit une extension des prérogatives d’Europol en matière d’anti-terrorisme.

—> Juste après les attaques 9/11, il y a eu des accélérations :

 création d’un centre opérationnel Europol : centre de veille ouvert 24/24 pour échanger des informations.
 création de la task force sur la lutte contre le terrorisme (15 nov. 2001) constituée d’experts en renseignements et d’officiers de liaisons provenant des services
de renseignements des EM.

Evaluation de la menace sur les risques terroristes.

 en juin 2002, le Conseil adopte le principe de la création d’équipes conjointes d’enquête en matière de terrorisme : constituées d’acteurs de la sécurité issus des
EM.

De plus, c’est dans ce contexte qu’est adopté, le mandat d’arrêt européen.

Cet élargissement est contrarié par les réticences des EM à fournir des informations. Ces réticences sont liées au type d’information que la task nécessite :
informations opérationnelles.

La task force continue de nourrir les EM avec des analyses de risque et de menace.

Le fait qu’Europol ne fournisse que des informations à caractère général a des effets sur le type d’informations que les EM fournissent à Europol qui sont souvent de
caractère général.
Même s’il arrive que les services de police des EM utilisent des informations provenant d’Europol, ils interviennent de manière unilatérale, sans solliciter l’aide des agents
d’Europol.

 La lutte contre la cybercriminalité :


 cf. « Cyber crime as a fragmented policy field in the context of the area of freedom, security and justice » Carrapico H. et B. Farrand
 Criminalité utilisant des réseaux d’information, l’objectif étant souvent de récupérer des données à caractère personnel.

Au niveau Européen, il y a un intérêt pour ce type de criminalité depuis les 80’s : tentatives de la part du COE et de l’OCDE de réguler et de lutter contre cette forme de
criminalité.

Même du côté de la CEE, alors qu’elle n’avait pas de compétence en matière de sécurité, il y avait un intérêt pour cette forme de criminalité qui était traitée comme une
question de protection de l’information et des technologies de communication.

 Enjeux économiques liés à l’espionnage commercial et industriel.

Fin 90’s, cette question a été traitée comme une question de sécurité : il y a une volonté politique de la part des ministres des télécommunications et de la culture et de
l’audiovisuel qui se réunissent en avril 1996 et mettent à l’agenda, cette question de la cybercriminalité.
A partir de 1996, toutes les instituons euro vont s’intéresser à cette question : le Conseil, le Pt.
Autre type de préoccupation not. en matière de pédopornographie et d’exploitation sexuelle des mineurs.

 Forme de criminalité très vite associée au développement d’internet.


 Création au sein d’Europol de groupes spécialisés sur cette question + rapports d’analyse sur la question de la cybercriminalité.

Cette question a émergé de manière très importante au niveau euro plus qu’au niveau national. Un des signes de cette émergence est que la coopération en matière de
lutte contre la cybercriminalité est entravée par le fait que seuls certains EM ont des services spécialisés sur ces questions (Autriche, Fr., All, Italie, Esp., P-B, R-U)

Il y a aussi des problemes de cohérences des législations nationales : impossibilité de poursuivre de personnes arrêtées dans le cadre des coopérations policières
car il n’y a pas de législation adéquate dans le pays en question.

Europol a créé un centre spécialisé en 2013 (European cybercrime center) qui a pour objectif de produire ce type d’analyses, de former les services de police
nationaux et de faire la rechercher de developpement.

§2 - LES EFFETS DE LA COOPERATION POLICIERE SUR LES FORCES DE POLICE NATIONALE


Ces formes de coopération policière vont avoir des effets sur de multiples éléments not. les structures policières, les pratiques des policiers et les
personnels policiers.

 Les effets sur les structures policières


 Deux dynamiques =

 Dynamique de centralisation : pour fonctionner, ces structures demandent aux EM de créer des organes de liaison.

 la coopération policière européenne a des effets de centralisation sur les organisations policières nationales puisque via ces organes, vont circuler
des informations.
 Il y a un dépassement de ces structures centralisées puisqu’il y a des branches entières des appareils policiers qui vont être concernées par
cette coopération policière.

 Dynamique de coopération :

 Les outils et technologies à dispositions vont avoir des effets notamment : L’accès aux fichiers d’information européen.
 L’office centrale en charge des immigrations irrégulières est également en contact avec Europol.
 Par ailleurs, depuis l’EEV des accords de Schengen, il y a des formes de coopération policière et douanière au niveau local qui sont
transfrontalières créées par des accords bilatéraux entre les EM = centre de coopération policière et douanier (CCPD).
 Dans ces centres, sont rassemblés pour chacun de ces deux Etats, l’ensemble des forces de sécurité pour ces deux terrains.

B. LES EFFETS SUR LES PRATIQUES DES POLICIERS

Patrouilles communes des services de police dans chaque côté des frontières, en matière criminelle, l’accès au fichier européen a eu des effets sur la
manière dont les enquêtes étaient menées. Par ailleurs, Europol a aussi eu une influence sur des techniques d’enquête et notamment les opérations
« UNDERCOVER » développé récemment notamment car elles avaient été valorisées par Europol.

Ensuite, cette coopération ne prend pas forcément une dimension européenne (n’implique pas forcément Europol, Eurojust ..) mais facilite la
coopération bilatérale entre services de police sans passer par les services chargés de la coopération euro ou internationale.

C. LES EFFETS SUR LES PERSONNELS POLICIERS


Est-ce que les carrières transnationales européennes sont limitées à certain nombre de personnes ?

De manière générale, en France, faiblesse des carrières européenne de policiers.

CONCLUSION :

la création de l’office d’Europol a constitué l’apparition d’une certaine forme d’autonomie au niveau euro (effectifs spécifiques à ces agences qui ne
sont pas envoyés par les EM), il y a un renforcement notamment de son budget et la participation à des activités opérationnelles dans le cadre des
équipes communes d’enquêtes qui participent à la défense de nouveaux problèmes, à développer un intérêt pur de nouvelles formes de criminalité
comme par ex., la cybercriminalité. Ce renforcement de la coopération policière au niveau euro a aussi des effets, à la fois sur les structures des
services policiers, sur leur pratique et sur leur carrière.

SEANCE 5 : 19 OCTOBRE 2018 — LA COOPERATION JUDICIAIRE EN MATIERE PENALE

Que sait on sur la coopération judiciaire en matière pénale au niveau européen ?

 On parle ici d’un contexte institutionnel qui se trouve dans le troisième pilier tout comme la coopération policière.
 Cette coopération s’est installée dans le milieu européen au moment du Traité de Maastricht. Elle demeure dans le troisième pilier après le trait d’Amsterdam.
 C’est seulement au moment du Traité de Lisbonne, a la surpression des piliers, que cette matière n’est plus traité sur le mode de l’intergouvernemental.

Au-delà de ces évolutions institutionnelles, deux choses ressortent:

 les acteurs derrière ce processus d’institutionnalisation. L’idée c’est d’entrer dans la logique des acteurs, comprendre leurs intérêts, leurs pratiques, leurs
représentations. Il ne faut pas considérer ces évolutions comme un processus naturel. Ça correspond au fait de ne pas seulement prendre en compte la dimension
juridique, mais aussi la dimension sociale et politique. Donc comprendre que la coopération judiciaire en matière pénale aujourd’hui est le fruit d’une compétition
entre acteurs qui portaient des intérêts divergents, qui avaient des visions opposées de celle-ci.

Finalement, il faut faire une sociologie de la fabrication du droit pénal européen à partir des années 1990.

 La manière dont le droit pénal est apparu comme un élément essentiel dans la construction de ce domaine de la sécurité intérieure au niveau européen. C’est à
dire que la sécurité intérieure contient beaucoup d’élément différents ; mais il faut voir qu’à cette coopération policière s’est ajoutée une coopération judiciaire en
matière pénale. A l’origine, l’exercice du pouvoir judiciaire, c’est une prérogative souveraine. Il faut donc voire comment il a été possible de penser cette
coopération.

I/ LES PREMISSES DE LA COOPERATION JUDICIAIRE EN MATIERE PENALE:

A/ DES INITIATIVES POUR HARMONISER LE DROIT PENAL DES ETATS MEMBRES:

Quels sont les premiers projets de coopération européenne ? En sachant qu’ils se caractérisent par le fait qu’il faut harmoniser le droit national des Etats.

1/ L’APPEL DE GENÈVE :

C’est une tribune qui est faite lors de la publication d’un ouvrage et surtout l’organisation de la conférence de presse. Le 1er octobre 1996 à Genève, où sept magistrats
des différents EM se réunissent pour lancer un appel car il s’agit pour eux de pousser un cri d’alarme.
Ces magistrats dénoncent le développement de la Criminalité Organisée Transnationales et le croisement des systèmes nationaux qui les empêchent de poursuivre ce
genre de criminalité (notamment blanchiment d’argent).
 Ils mettent en avant le péril de la démocratie. Ces magistrats se prononcent en faveur de la création d’un véritable espace judiciaire européen.
 Ils associent les activités de blanchiment d’argent et de corruption à la figure de COT.

Qui sont ces juges? Cf. Un suisse, trois italiens, un Belge, deux Espagnols, un français. Ces juges ont une certaines notoriété de part la gestion de gros dossiers médiatisés
qui justement ont trait à cette COT.
Ces juges se sont rencontrés dans le cadre d’affaire menées par un magistrat italien. C’est une série d’enquête, menée au début des années 90 qui visait des affaires de
corruption et financement illicite de partis politiques.
Il existe des commissions rogatoires internationale: où pour les besoins d’une enquête, un magistrat national peut demander à un autre d’un autre Etat des
informations.

Derrière la référence à la COT dans l’appel de Genève, il y a pour les magistrats, une manière de revendiquer l’indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique.
Cela signifie que le système judiciaire devrait pourvoir mener des enquêtes sur le système judiciaire.
Or ces magistrats de l’appel, veulent avoir un fort un impact sur l’opinion du public et c’est beaucoup plus fédérateur de parler de la COT que de l’indépendance du
pouvoir judiciaire.

Le magistrat français enquêtait sur des cas de financement occulte de partis politiques, notamment socialiste et RPR, et il a souhaité obtenir des informations de la
part de son collègue suisse. Il a engagé un politique prévu dans la convention de Schengen, qui lui permet de faire une commission rotatoire internationale. L’intérêt est
qu’au lieu de passer par tout un schéma et faire valider cette demande de commission rogatoire par la diplomatie, cela permet d’envoyer la demande directement.
 C’est une coopération beaucoup plus rapide et directe.
Mais le ministre de la justice français de l’époque, RPR, envoie une lettre à son homologue suisse, en lui disant de respecter la procédure habituelle, et donc de refuser la
procédure d’urgence pourtant prévue par la Convention de Schengen. S’oppose donc ici un pouvoir judiciaire et un pouvoir politique.

Ce sont ces types d’entraves qui empêchent les magistrats nationaux de coopérer et qui vont les inciter à se mobiliser pour lancer cet appel de Genève.

3/ LE RÉSEAU CORPUS JURIS; LA COMMISSION ET LE PARLEMENT EUROPÉEN:

C’est un autre réseau « corpus juris » qui se mobilise à la même période. Il est composé de membres du Parlement européen (élus); plus particulièrement des élus qui
appartiennent à la commission du contrôle budgétaire. Des membres de la commission européenne, plus particulièrement commission générale de contrôle du parquet
financier. Et aussi des personnes qui appartiennent à l’Unité pour la Coordination de la Lutte Anti Fraude (UCLAF); unité créée en 1988 avec pour objectifs de lutter contre
toutes les fraudes qui concentrent les intérêts financiers de la communauté européenne; lutter contre le détournement des subventions européennes.

Il est possible de remarquer que tous ces acteurs ont un lien avec le budget européen.

Ce réseau va pouvoir mettre en place ce qu’ils ont appelé le corpus juris, c’est l’idée de pouvoir instaurer un corpus juridique en matière pénale, qui vise à protéger les
intérêts financiers de l’UE.Dans ce cadre ils sont en faveur de la création d’un procureur général européen qui aurait des pouvoirs d’investigation.
Pour la commission et le Parlement Européen c’est une manière de revendiquer une communautarisation en matière pénale alors même que normalement ils n’ont aucun
pouvoir sur la question.

 Ils légitiment cette revendication par l’argument de la protection du budget européen.


 Le Parlement et la Commission sont très marginaux sur cette question.
 Ils vont donc aller chercher les magistrats ayant signé l’appel de Genève, pour pouvoir légitimer cette demande.

Et donc par exemple ils vont les inviter à intervenir au Parlement européen. L’idée est de rassembler toutes les personnes qui revendiquent à cette époque la création d’un
espace judiciaire européen. L’idée de la commission est de faire une brèche dans le troisième pilier pour s’y introduire.

Pour les magistrats de l’appel de Genève c’est une opportunité de communication et publicité de leur appel. Ils répondent à l’invitation : leur mobilisation étant surtout
motivée par une autonomie par rapport au pouvoir politique. A l’inverse la Commission et Parlement européen, veulent rendre légitime leur participation à la prise de
décision en matière pénale. Ce sont des initiatives prises au même moment dans les années 90 mais qui ne vont pas être retenues. Plus ou moins un échec. A partir du
Conseil de Tempéré, entièrement dédier aux questions de sécurité et libertés, au cours duquel c’est finalement l’idée de la création de ? Qui va être retenue.
Mais le fait que ce soit des acteurs marginaux, et nationaux, qui aient des propositions très ambitieuses, va faire qu’en face les EM vont se mobiliser et vont devoir réagir.

B/ LA COOPERATION ENTRE MAGISTRATS:

1/ LES PREMIERS INSTRUMENTS DE LA COOPÉRATION:

Ils sont adoptés en 96 et 98: création de magistrats de liaison (avril 1996 action commune); et le réseau judiciaire européen (action commune juillet 1998).
Il faut vraiment comprendre ces types de coopération sur le même mode que la coopération policière: les échanges d’informations entre autorités des EM.
Pour les magistrats de liaison, ce sont des nationaux envoyés dans d’autre juridiction d’EM
C’est au sein des juridictions nationales que seront désignés certains magistrats en charge des questions d’entraide européenne.
Ce sont des coopérations horizontales, qui fonctionne en réseau et en bilatéral la plupart du temps.

2/ SPÉCIALISATION ET SOCIALISATION EN MATIÈRE DE COOPÉRATION EUROPÉENNE:

Un espace de socialisation va émerger au niveau européen et va contribuer à cette institutionnalisation de la coopération judiciaire en matière pénale.

Il faut, pour comprendre, revenir au traité de Maastricht, mis en oeuvre en 1993, pour réagir à la création du troisième pilier, les institutions européennes vont devoir
s’adapter (les questions de sécurité n’étant autrefois pas traité dans le cadre l’union européenne). Les institutions vont alors devoir recruter de nouvelles personnes
spécialisées; notamment au sein du secrétariat général du conseil. Il s’agit de l’administration grosso modo du conseil européen.

Cette administration va créer une direction « justice et affaires intérieures ». A ce moment là, vont arriver au niveau européen, tout un tas d’acteurs. Par exemple Charles
Helsen, chargé depuis 30 des affaires justices et sécurité intérieure au ministère de la justice luxembourgeois, et c’est à ce titre qu’il avait contribué à la création du
groupe de Trévis.

Autre Exemple Hans Nilsen, juge suédois en poste au Conseil de l’Europe depuis 10 ans.

Ces hauts fonctionnaires étaient familiers des instances européennes, mais jusqu’à présent leur ancrage était national. Avec la création de la direction justice et affaires
intérieures, une nouvelle opportunité s’ouvre et ces personnes vont alors avoir un ancrage directement au niveau européen.

Plus généralement l’institutionnalisation de la coopération judiciaire au niveau européen, va avoir de l’influence sur le type d’acteur qui participe et va contribuer à créer
cet espace de socialisation au niveau européen.

Deux profils ce dégagent:

 Personne ayant occupé des postes en institutions internationales


 Personnes ayant une expérience de terrain, magistrats, qui exercent dans juridictions nationales, et qui se sont intéressés dans le cadre de leur activité de
magistrat, à la coopération européenne.

Quand on est un magistrat qui exerce près du grande zone frontalière ou portuaires, il y a plus de chance qu’il y ait des affaires internationales qui arrivent. C’est aussi le
hasard des permanences.

Autre élément, les magistrats qui se sont d’eux mêmes spécialisés en droit international; ce sont les premiers à s’être intéressés à la coopération européenne. Ils se sont
formés aux règles de coopération qui existent; quels sont les moyens à leur disposition; et ils se sont également formés aux principales caractéristiques des systèmes
judiciaires de leurs voisins.

Quels sont les types d’emplois que ces personnes vont occuper?

 Soit dans les ministères nationaux, les postes qui sont en lien avec la commission européenne, mais aussi des postes dans les représentations nationales au niveau
européen (administration qui dépendent des EM, qui sont à BXL et qui travaillent sur les questions européennes).
 Soit au sein de l’administration européenne (commission, dans l’OELAF).
Les magistrats nationaux qui vont coopérer régulièrement avec leurs collègues.

Toute ces personnes vont se croiser er se rencontrer dans des espaces de négociations ; et malgré la diversité des postes qu’ils occupent, peu à peu vont émerger des
représentations communes :

 Tout d’abord tout ces acteurs sont d’accord sur le fait que la coopération policière s’est développée plus rapidement que la coopération judiciaire et cela créer un
déséquilibre ; et ils souhaitent que le pouvoir judiciaire, comme en interne, puisse encadrer l’action des forces de l’ordre.
 D’autre part, ils se rejoignent sur une vision pragmatique. Il faut une mise en place progressive de cette coopération, il faut mettre en place des formes de
coopérations concrètes. Cette vision s’oppose principalement à la méthode communautaire promue par la commission, ces acteurs se caractérisent par l’idée qu’ils
souhaitent que les EM gardent la main sur ces questions : ils ne veulent pas une communautarisation trop rapide.

Pour eux, l’harmonisation des législations nationales viendra après : il faut d’abord les instruments.

Il faut rattraper les avancées autour de la coopération policière d’une part, et on défend un approche pragmatique.

L’autre éléments qui émergent du mouvement de socialisation. C’est la notion de savoir-faire commun, spécifique au niveau européen. Ce sont des règles qui ne leur ont
pas été inculqué au moment de leur formation ; et parce qu’ils ont participer à la coopération Européenne, ils ont acquis des savoirs faire spécifiques à cet espace de
coopération: ils vont mettre en avance le « relationnel » ou l’idée qu’il faut savoir dépasser les pratiques nationales. Les négociations européennes ont donc des règles
spécifiques. Et par leur expérience dans cet espace de négociation, il y a donc certains codes, certaines règles à respecter, pour pouvoir réussir les négociations.
 Finalement du fait de leur position, ces personnes sont un peu des intermédiaires entre les espaces nationaux et supra nationaux.

Un autre élément qui va permettre de donner une unité à cet espace de coopération, c’est la reconnaissance de l’expertise de ces acteurs en matière de coopération
judiciaire. On légitime les savoirs spécifiques qu’ils ont acquis par la légitimation. Celle-ci passe par des publications académiques. Ils vont s’imposer comme les experts
de ces questions, même au niveau académique.
 Finalement il est important de comprendre que ce sont des acteurs à la fois dans les espaces politiques, les ministères, les parties politiques ; dans les espaces
judiciaires, beaucoup sont magistrats; mais également académique.

Et à force de circuler entre ces postes et de participer aux négociations, il y a des formes d’interconnaissances entre ces personnes qui participent à cet espace de
socialisation.

Le fait que ces personnes acquièrent ses représentations communes, va avoir des effets sur les textes adoptés. En effet la dimension pragmatique va être privilégier, et
donc ce seront des dispositifs qui privilégient les arrestations et la punition au détriment d’une harmonisation des procédures pénales.

II/ VERS UNE INSTITUTIONNALISATION DE LA COOPERATION JUDICIAIRE EN MATIERE PENALE:

A/LA CREATION D’EUROJUST ET DES INSTRUMENTS DE COOPERATION:

1) EUROJUST

L’idée de la nécessite de la coopération judiciaire et de la création d’Eurojust est ancienne et intrinsèquement liée à la création de la coopération policière (dès le moment
de la création d’EUROPOL). Ce qui va précipiter la création de cette agence c’est le contexte ainsi que plusieurs éléments déclencheurs :

Alors qu’en 1997, le Conseil de l’UE se réunit à Dublin, et quelques jours avant, une journaliste qui menait une enquête sur le trafic de stupéfiant est assassinée. Au même
moment, il y a une grande affaire de réseau de pornographique. On est donc dans un contexte qui mets la question de la COT à l’agenda du conseil qui a lieu en Irlande en
97.
Alors, pendant ce Conseil est formulé l’objectif de créer une unité de coopération judiciaire. Cette proposition échoue et la coopération policière est favorisée. En tout
cas c’est la COT qui va légitimer ces besoins de coopérations. Au cours de ce Conseil, il y a la création d’un groupe de travail en matière de coopération judiciaire pénale:
on n’est pas prêt pour la création mais pour les discussions.
La création de ce groupe de travail est en lien avec l’idée qu’au sein de l’UE des nouvelles opportunités de postes vont s’ouvrir; cela va encourager les institutions
permanentes des EM à faire venir des spécialistes de la question judiciaire.

La création d’EUROJUST est décidé au cours du Conseil de Tempéré en 99. Ce sont des personnes spécialisées qui ont beaucoup d’expérience en matière judiciaire et qui
ont un agenda politique. A Tempéré ils repèrent toutes les délégations des EM qui vont avoir la présidence dans les années à venir; ils vont les voir (Belgique, France,
Portugal, Suède) et les convainquent de la nécessité de créer EUROJUST.
Avant même qu’un texte soit adopté pour la création de cette agence, il va y avoir une première unité appelée PRO EUROJUST, hébergée justement au sein du Conseil, dès
2000.

L’idée de créer une agence avant même qu’il y ait un texte qui l’officialise, et de commencer à travailler, c’est exactement le même processus que la création d’EUROPOL.
La création d’EUROJUST arrive finalement par une décision de février 2002, et entre en vigueur le 6 mars 2002. Enfin le 10 décembre 2002, EUROJUST commence à
travailler à La Haye.
Dans la création de cette agence, c’est la conception pragmatique de la coopération judiciaire qui domine. Son objectif est d’améliorer la coordination entre procureurs et
enquêteurs nationaux qui travaillent sur des dossiers de criminalité transfrontalière grave, et donc même si il y a un objectif de coordination sur le long terme. On peut
commencer à travailler sans harmoniser les droits nationaux.

2) LE MANDAT D’ARRÊT EUROPÉEN

Il s’agit d’une procédure spécifique d’extradition entre les EM; qui fait suite à de nombreuses tentatives échouées d’adopter des dispositions en matière d’extradition.

Ce MAE est le signe de la reconnaissance mutuelle, par les EM de décisions juridiques qui ont lieu dans un pays étranger. C’est à dire que les juridictions nationales
reconnaissent les jugements des instances étrangères, c’est tout à fait nouveau en matière pénale. Il existait déjà en matière commerciale et civile en revanche.

C’est la décision prise en juin 2002. Contexte, ressortissant Kurde recherché par les autorités allemande, et trouvé en Italie grâce au système d’information de Schengen.
Les autorités allemandes se retrouvent embarrassée vis à vis de cet arrestation, car un grand enjeux diplomatique; et refusent l’extradition. Ça produit une prise de
conscience selon laquelle le système actuel ne fonctionne pas. Et Lors du Conseil de Tempéré, est inscrit également le projet de travailler sur une nouvelle procédure
d’extradition.

La commission commence à préparer un projet en juin 2001; les négociateurs de la commission prévoyaient des négociations sur ce type de sujet, de 2 ans. Mais entre
temps ont lieu les attentats du 11 septembre et ceux ci vont accélérer radicalement les négociations.

Quels étaient les objets des négociations?

 Tout d’abord les procédures étaient très longue. Avec le MAE, les ME disposent de trois mois après l’arrestation pour décider d’autoriser ou non l’extradition.
 Autre chose; jusque là c’était les pouvoirs politiques, les ministres, qui prenaient les décisions. Avec le mandat d’arrêt européen, ce sont les juges.
 Ensuite, jusqu’à présent, l’extradition pouvait être refusée en fonction de la nationalité. Avec le MAE le critère de la nationalité ne peut plus être un critère de
refus.
 Elément technique important pour l’extradition c’est la double incrimination; mais problème car de nombreuse disparités de règles. Les EM vont se mettre d’accord
sur une liste de 32 infractions pour lesquelles l’exécution d’extradition sera automatique.

Certains éléments vont accepter des extraditions avec des dates limites d’arrestation: par exemple en France, refus pour des faits antérieurs au 1er novembre 1993. Date
choisie en fonction des Brigades Rouges, années 70 en Italie, Terroristes d’extrême gauche, et un grand nombre d’entre eux se sont réfugiés en France, et aux cours des
années 80 a été décidé de manière informelle la doctrine Mitterrand, selon laquelle la France refuserait les extraditions des anciens Brigades Rouges hors crimes de sang.
Cela Concernés environ 300 personnes; et par cette dates la France s’assurait qu’il ne serait pas possible de remettre en question cette doctrine.

On voit donc bien les aspects extrêmement politiques des négociations.

B/ LE FONCTIONNEMENT D’EUROJUST
1) LA STRUCTURE:

Le projet d’Eurojust s’oppose de manière très claire au projet de la commission. Et donc la forme choisie est intergouvernementale. Sa structure tourne
autour de ce qu’on appelait le « collège » qui est composé d’un représentant par EM, qui se réunit deux fois par semaine, et où les décisions sont prises à
la majorité des 2/3.
Il est à la fois le conseil d’administration de l’agence et aussi le lieu central du travail complet de celle ci.
Les membres sont des magistrats nationaux, payés par les EM et qui peuvent avoir une petite équipe, relativement limitée. Les compétences de ces
magistrats, la nature de leurs pouvoirs judiciaires est définie par les Etats Membres. Cela va varier en fonction.
Par exemple certains vont avoir la capacité de déclencher des poursuites ou d’émettre des commissions rogatoires internationales, et d’autre n’auront pas
de pouvoir décisionnel. Dans tous les cas, ces magistrats n’ont pas de contrôle direct sur les poursuites et les enquêtes des autorités judiciaires
nationales.
Cela démontre bien le caractère intergouvernemental.

2) LES ACTIVITES

LES COMPETENCES D’ EUROJUS

 Ce sont les formes graves de Criminalité Organisée.

Dans le cadre d’Eurojust, c’est la même liste que dans celui d’Europol. Elles sont précisée dans la décision de criminalité : la criminalité informatique, la
fraude et la corruption, le blanchiment des produits du crime, la criminalité au détriment de l’environnement, la participation à une organisation
criminelle. Eurojust intervient en générale quand l’infraction sort du cadre de la coopération bilatérale pour laquelle il existe déjà des outils de
coopération.

UNE PRESTATION DE SERVICE :

Seules les autorités nationales peuvent saisir Eurojust de manière contraignante. C’est à dire que le rôle d’Eurojust est opérationnel, mais ce sont toujours
les EM qui prennent les décisions. Finalement Eurojust peut être considéré comme un prestataire de service pour les EM. Donc son activité dépend de la
manière dont les autorités judiciaires nationales vont s’en saisir.
Ainsi, en général, les autorités nationales vont se tourner vers Eurojust lorsqu’elles sont bloquées sur une enquête ou lorsqu’elles doivent passer à une
coopération multilatérale.
Les difficultés sont les problèmes de connaissances ; les magistrats des juridictions nationales ne connaissent pas forcément les champs européens ;
mais aussi les magistrats nationaux sont souvent pris dans des délais très courts de traitement des Affaires et considèrent que ces formes de
coopérations sont très lentes.
Autre difficulté, c’est que les magistrats sont attachés à leur indépendance et ont l’habitude de traiter seuls leurs affaires.
Depuis 2009, Eurojust a acquis de nouveau pouvoir par rapport aux EM et peut solliciter les autorités nationales pour qu’elles enquêtent sur une affaire et
se coordonnent avec d’autre autorités. Les magistrats d’Eurojust se considèrent un peu comme des ambassadeurs de leur système judiciaire national.
LE TRAVAIL DE TRADUCTION:

Par exemple un Mandat d’arrêt produit par les autorités françaises, ne peut pas être accepté par l’Espagne ou le RU en fonction des motivations, qui n’ont
pas le même statut dans les procédures, selon les EM. L’action des magistrats d’Eurojust va consister à requalifier cet éléments problématiques pour
pouvoir l’utiliser dans un autre EM.
L’eurojust peut aussi choisir quelle juridictions nationales sera plus efficace pour mener l’enquête. C’est ce type de connaissance que les magistrats
d’eurojust vont essayer de valoriser auprès des juridictions nationales. Eviter les actes bureaucratiques pour aller vers plus d’efficacité. Ils sont à la
recherche du cercle vertueux selon lequel plus les autorités judiciaires nationales auront recours à eurojust, plus ils seront efficaces et contribueront à
l’avancement d’eurojust.

L’idée n’est vraiment pas l’harmonisation des législations nationales mais l’efficacité.

LES EQUIPES COMMUNES D’ENQUETE:

Eurojust a vraiment un rôle d’encouragement, pour créer ces équipes communes d’enquête. L’agence apporte un soutien administratif et financier pour créer ces équipes
communes d’enquêtes et donc des enquêtes transnationales. Eurojust va vraiment devenir un lieu central pour favoriser ces enquêtes transnationales.

LE BUDGET ET BILAN ET DE L’ACTIVITE:

 Le budget d’Eurojust dépend du budget communautaire ; et comme l’était Europol il est en augmentation. 48 millions d’euros en 2017.
 En 2002 il y avait environ 200 cas traités par Eurojust, tandis qu’en 2011 ils étaient au nombre de 1441.
 Le personnel d’Eurojust a augmenté, l’ensemble des magistrats ont un adjoint et un assistant. Evidemment le nombre de magistrat à suivi les
élargissent successif de l’UE.

CONCLUSION :

Derrière l’institutionnalisation progressive de la coopération judiciaire au niveau européen, il y a des nombreux projets qui n’ont pas aboutis. Tout n’a
pas été naturellement vers la coopération telle qu’elle en place aujourd’hui. Ces formes de coopérations sont le résultats de motivation d’acteur qui
défendaient des logiques et des visions différentes. Ce qui s’est imposé c’est une forme intergouvernementale de coopération avec un poids très
important des autorités nationales.

Le financement et le soutien logistique de la coopération montre que cela devient une possibilité plus accessible pour les magistrats nationaux.

Les projets qui pourraient paraître pour des échecs ont finalement eu une influence sur le développement de cette institutionnalisation: soit un
encouragement, soit parce que la construction de cette coopération est toujours en cours. Preuve en est que le projet de création d’un parquet européen
est inscrit dans le traité de Lisbonne.
SEANCE 6 : 26 OCTOBRE 2018 — LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET LES CONSEQUENCES DU 11 SEPTEMBRE 2001

Ces attaques ont eu des conséquences importantes sur la manière dont les q° de sécurités sont traitées. A partir de ce moment, les q° de lutte contre le terrorisme sont
devenues centrales.

Cette question du terrorisme a été élevée au rang de nouvelle menace, en termes de sécurité mais aussi une menace idéologique : représenterait un défi aux démocraties
libérales, aux DH, aux libertés civiles, à l’Etat de droit.

Pourtant jusqu’à présent, le 11 septembre a été une fenêtre d’opportunité pour adopter des mesures plus rapidement, mais qui en réalité était déjà en négociation.

Dans quelle mesure ces attentats et les conséquences ont suscité une réaction ?
En quoi cette réaction s’inscrit dans la continuité de la politique de lutte contre le terrorisme des Etats ?

Jusqu’à ces attentats, la menace qui était le principal moteur pour la coopération au niveau européen : c’était la CO. Après les attentats, cette figure de la CO est éclipsée
par les enjeux de terrorisme. Elle ne disparait pas mais cette nouvelle lutte devient un des moteurs principaux de la coopération en matière de sécurité intérieure.

Pour cette séance on ne peut pas limiter l’analyse au niveau européen ; il faut examiner la situation aussi aux États-Unis. On ne peut comprendre les décisions qui sont
prises au niveau européen si on n’a pas en tête le contexte politique des États-Unis et les mesures adoptées. Par ailleurs, une partie des décisions prises au niveau
européen sont des mesures de coopération avec les États-Unis.

La lutte contre le terrorisme et les évolutions des politiques de lutte depuis septembre 2001 résonnent fortement avec les thèmes du cours, puisqu’elles mettent en jeu les
deux monopoles principaux : le monopole de l’exercice de la violence physique et le monopole du contrôle des mobilités. On va voir aujourd'hui que ces politiques
mettent en jeu des formes de transnationalisation, d’internationalisation.

I DES ELEMENTS DE CONTEXTE

Pour bien comprendre les types de réponse apportés à ces attentats il faut revenir sur le contexte historique : prendre en compte les attentats du 11 septembre 2001, mais
aussi ceux de Madrid le 11 mars 2004 et de Londres le 7 juillet 2005.

A – LES FAITS

Le 11 septembre il y a 4 attentats perpétrés en moins de 2h dans la matinée, par des membres du réseau Al-Qaïda qui visent des bâtiments avec une portée symbolique
importante à NYC et Washington. Ces attentats font 2977 morts.

19 terroristes détournent 4 avions de ligne ; 2 de ces avions sont projetés sur les Tours jumelles et un 3ème s’écrase sur le siège du département de la défense à
Washington.
Ce qui est particulier c’est qu’ils ont été vécus par un grand nombre de personnes non présents quasiment en temps réel présence des médias très rapides. Des centaines
de millions de téléspectateurs ont assisté à ces attentats, notamment le second avion. Cette circonstance a provoqué un choc psychologique considérable. C’est la
première fois qu’un tel attentat d’une telle ampleur a une telle portée médiatique, qui plus est en direct.
Le Pst des États-Unis – G. W. Bush – déclare dès ce moment la guerre contre le terrorisme. Et qui dès le mois d’octobre / novembre 2001 organise une intervention
militaire en Afghanistan, lieu où se trouvait Ben Laden, avec le Canada, le RU et la France.
Cette intervention a dès résultat apparemment très rapide, puisque dès 2001 le régime des talibans est défait et le président Karzaï est installé au pouvoir.

Le 11 janvier 2002 le camp de Guantanamo est ouvert à Cuba et est destiné à enfermer ce que les autorités américaines vont appeler « les ennemis combattants ».

Par ailleurs, à partir du 20 mars 2003 il y a une intervention militaire en Irak par une coalition menée par les États-Unis, contre le parti Bass de Saddam Hussein en Irak et
qui est justifié par l’administration Bush par la supposée découverte d’arme de destruction massive et par des soupçons de soutien du régime aux terroristes.
B – LA NOTION DE TERRORISME

1) HISTORIQUE

Le mot de terrorisme apparaît en français pour la 1ère fois dans le dictionnaire de l’Académie française en 1798 : il désigne alors le type de gouvernement qui a prévalu
sous la Révolution française de 1793 à 1794 le régime de la Terreur. Ce régime est initié par le Comité de salut public sous l’influence de Robespierre et qui avait pour
objectif de combattre les ennemis intérieurs afin d’inhiber les opposants à la révolution.

Le mot se transforme au cours du 19ème et 20ème siècle : aujourd'hui c’est une violence politique contestataire et subversive. L’acte terroriste est systématiquement
assimilé à l’acte anti-État, car il dispute à l’Etat l’usage de la violence. Dans les années 80/90, il y a un tournant dans la manière dont on va définir et qualifié le terrorisme,
puisque les méthodes même évoluent on passe de stratégie d’assassinats ciblés (ex : Jean Jaurès) à des attentats de masse, notamment à la bombe, contre des
populations civiles dans des lieux publics et qui ont pour objectifs de provoque un maximum de dégâts sans que l’Etat ne soit visé directement.

2) LA QUESTION DE L’EXCEPTION

Le terrorisme en soit ne correspond pas à une réalité objective c’est toujours l’Etat, les pouvoirs publics qui qualifient les actes / les personnes / les organisations de
terroristes.

Exemple : l’Allemagne nazie utilisait ce terme pour désigner les résistants ; Y. Arafat était considéré comme un terroriste jusqu’à ce qu’il devienne Pst de l’autorité
Palestinienne ;

D’ailleurs aucun groupe clandestin ne se qualifie lui-même de terroristes : ils s’appellent combattants de la liberté, nationalistes, combattants de l’islam, etc.

Mais la notion du terrorisme touche directement au monopole d’exercice de la violence par l’Etat, le type de réponse apportée par l’Etat au terrorisme sont à la mesure
de l’importance pour l’Etat de conserver ce monopole. C’est pour cette raison que le type de réponse apporté par les Etats en matière de terrorisme font référence à
l’exception. C’est une menace exceptionnelle qui justifie le recours à des mesures exceptionnelles, qui vont à l’encontre des règles que les Etats ont eux-mêmes définis.

Ces mesures exceptionnelles sont présentées comme la seule alternative. L’adoption de ces mesures s’accompagne de rhétorique spécifique qui va légitimer l’adoption de
ces exceptions.

LA LOGIQUE DU PIRE : SUSPICION ET SURVEILLANCE

A – LE SCENARIO DU PIRE

C’est la rhétorique qui va justifier la prise de nouvelles mesures.


C’est l’idée que cet attentat du 11 septembre n’est surement pas le dernier.
Nouvelle menace et face à cette menace, la logique policière criminelle traditionnelle (après que le crime ait été commis) n’est pas efficace. On favorise une nouvelle forme
de policing qui se caractérise par sa pro-activité et sa prévention, mais pas comme s’attaquant aux raisons structurelles du développement du terrorisme. C’est la
prévention au sens d’agir avant que l’ennemi n’agisse. Cela implique une logique de suspicion et d’urgence, puisque le danger est toujours présenté comme imminent.

Ces logiques de suspicion et d’urgence se traduisent par deux types d’activités qui vont se développer à partir des attentats :

- Activités de surveillance l’idée que le futur peut être simulé à partir d’une connaissance des données du présent et du passé. Par exemple les données sur un type
de criminalité. Cela nécessite de recueillir énormément d’informations pour pouvoir dessiner des profils à risque et simuler des actes présents ou futurs. Ces
activités de surveillance s’opposent clairement à la présomption d’innocence, parfois à la liberté d’opinion et crée un climat de suspicion généralisé.

- Traçabilité des individus : le déplacement des individus doit pouvoir être identifié. On est sur une modalité qui pousse à l’extrême le contrôle des mobilités.

Il y a donc une transformation des activités des services de sécurité après les attentats du 11 septembre.
B – LES PRATIQUES DES SERVICES DU RENSEIGNEMENT

Quels ont été les effets des attentats de 2001 sur les pratiques de ces agents de renseignement dans ces 3 pays (France, RU et Espagne) ?

 L’impact des attentats


 L’évolution des méthodes d’enquête

Ces attentats représentent un tournant pour les agents : c’est la 1ère fois qu’en temps de paix, sur un territoire d’un Etat occidental, une violence entraîne un si grand
nombre de victime. Dans la perception de la violence, cet attentat crée une sorte de seuil.

Par ailleurs les groupes à l’origine des attentats sont assez différents des groupes sur lesquels ces agents enquêtent traditionnellement. L’organisation de ces groupes ne
s’appuient pas sur des revendications nationalistes ou de classe. L’idéologie des groupes terroristes reposent sur la haine de l’Occident, la volonté de restaurer l’islam
dans sa splendeur avec la promotion de la mort du martyr dans le djihad.

La différence avec les autres groupes c’est que l’idée de ces groupes terroriste est d’infliger de dommages massifs sur les civils, sans que des négociations ne soient
engagées. Et cela ça va déstabiliser les services de renseignement. Ces groupes n’ont pas de base territoriale et pas de volonté de négociation.

Pour ces acteurs du renseignement, il y a une vraie transformation de la menace, ils ne sont pas face au même type d’activité. Ces policiers vont revendiquer la mise en
place de moyens d’exception qu’ils soient policiers ou judiciaire. Par ailleurs ils vont porter une attention soutenue aux communautés musulmanes qui vont devenir, à
leurs yeux, toutes suspectes. Elles sont suspectes de faire primer une identité islamique sur une identité nationale.

Dans un 1er temps les services de renseignement vont contrôler des lieux en utilisant des méthodes de travail de milieu fermé : écoutes, filatures ; ils vont surveiller des
mosquées, des prêches, des associations culturelles = tous les espaces où ils pensent pouvoir trouver des « intégristes ». ces techniques sont classiques dans les services
de renseignement, mais ce qui va changer est qu’ils vont développer des méthodes proactives car ils sont face à cet ennemi qu’il qualifie « d’anonyme et sans visage ».

Pourquoi ? Pas de négociation, pas de porte-parole ; mais surtout dans la perception de ces agents, les terroristes ont la capacité de se cacher en pleine lumière, d’être vu
mais pas remarqué. C’est-à-dire qu’ils soupçonnent les terroristes de participer à ces activités cultuelles, de prêches, ils les surveillent, les voient mais ne les identifie pas
précisément. Leur but est de repérer les personnes susceptibles de rejoindre les rangs terroristes. Pour cela ils vont élaborer des profils-types démarche proactive : à
partir de données réelles, statistiques, établies grâce à des trajectoires individuelles de personnes qui ont été identifiées comme terroristes. À partir de ces données
statistiques, ils regardent qu’elles sont les trajectoires types et définissent un profil type leur idée c’est que grâce à cette définition, ils pourront détecter les individus
avant qu’ils commettent l’infraction ou le délit.

Exemple de profil : les convertis – capacité qu’ils prêtent à ces personnes de se fondre dans la communauté nationale.

Ces pratiques ont pour conséquence de jeter un soupçon sur une bonne partie de la communauté musulmane, en liant les pratiques religieuses ou activités culturelles à
un potentiel terroriste. Ils introduisent une confusion entre la revendication d’expression d’une foi et une volonté de participer à des activités terroristes.

Il y a chez ces enquêteurs l’idée qu’ils font face à un ennemi qui sait se fondre parmi la communauté nationale et qui est extrêmement organisé, qui avance masqué.

Cf discours de ce gros fatigué d’Y. Bertrand devant le Sénat qui avait soutenu que le port du foulard à l’école était influencé par des organisations structurées ; il ne voit
pas ces comportements comme des comportements individuels, comme une expression personnelle de la foi, mais comme des instructions données par des chefs de
réseau clandestin.

Cette logique se traduit par une pratique concrète : les agents de renseignements développent la « stratégie du filet » / du « coup de pied dans la fourmilière » ,
arrestations larges d’individus dont on pense qu’ils peuvent être liés à des réseaux terroristes. L’idée est de déstabiliser les réseaux et tant pis si une partie de ces
prévenus sont innocentés par la suite. L’article de Bonnelli montre que le rapport entre le nb d’arrestations et d’inculpations est disproportionné.

Donc au-delà d’une stricte évolution du droit, cela a eu pour conséquence de conforter et de légitimer un univers de pratiques, de représentations, qui constituent des
formes d’exceptions dans des régimes politiques pourtant libéraux. Olivier Deltombe parle de « pratiques illibérales dans des régimes libéraux ».
C – LA LUTTE CONTRE LE FINANCEMENT DU TERRORISME

Suite au 11 septembre, les méthodes de lutte contre le terrorisme vont être encouragées au niveau européen et international. On va assister à l’autorisation d’un outil de
lutte contre la Criminalité Organisé pour combattre le terrorisme.

GAFI – Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux : il est créé en 1989 dans le cadre du G7. Cette structure intergouvernementale a été initialement
chargée de lutter contre le blanchiment d’argent ; dans un premier temps lié aux activités de trafic de drogues, puis élargi à toutes les formes de criminalité.

Les 29 et 30 octobre 2001, une réunion extraordinaire est organisée au sein de l’organisation pour étendre son mandat aux questions de financement du terro. L’idée de
base du GAFI est de priver les groupements criminels de ce qui caractérise, a priori, leur motivation : le profit.

En 2001, il est décidé d’utiliser les outils et d’appliquer cette logique aux groupes terroristes. Il y aurait un parallèle entre CO et terrorisme. GW Bush dit par exemple que «
Al Quaida est au terrorisme, ce que la mafia est au crime », et donc il y a le même présupposé qu’en attaquant le financement du terrorisme on va remettre en question
ses capacités d’actions.

En pratique le GAFI et la lutte contre le blanchiment d’argent repose sur le travail conjoint d’autorités étatiques et d’acteurs privés du secteur financier et bancaire vise à
déléguer aux acteurs privés le soin de signaler des transactions qui leur paraissent suspectes.

Exemple : institutions financières, casino, prestataire de services, avocats, notaires qui doivent coopérer avec l’Etat au risque de poursuites judiciaires ou d’un impact sur
leur réputation.

Cette logique va être appliquée au terrorisme mais ça pose plusieurs problèmes. Contrairement à d’autres activités, faire du profit, gagner de l’argent c’est seulement un
objectif secondaire. Parfois ces organisations peuvent avoir des impacts très importants sans forcément avoir levé beaucoup de fonds. Par ailleurs les sources de
financement ne sont pas forcément illégales ; des donations peuvent être issues d’activités licites. C’est l’inverse du blanchiment d’argent le problème n’est pas l’origine
des fonds mais sa destination≈ noircissement d’argent.

Le fait que le GAFI s’intéresse au terrorisme va avoir des conséquences même sur le blanchiment d’argent → cela va transformer leur manière de travailler. Donc ces
acteurs privés doivent définir de nouvelles cibles, notamment des organisations caritatives ou des organismes à but non lucratif.

C’est là où on va retrouver cette logique de prévention et de prévisibilité : à ce moment ces acteurs privés vont avoir pour responsabilité une surveillance des transactions
financières dans le but de prévenir des attaques logique d’anticipation ; repérer les acteurs pertinents.

Cela pose un problème car ce sont les acteurs privés qui doivent dénoncer ces transactions ; or on est dans des conflits de loyauté : dilemme entre respect le secret
bancaire, le secret pro par exemple et l’obligation de coopérer avec les autorités publiques.

Pour les blanchiments, il y a des profil-types de personnes ou de transactions à risque et si une personne correspond, les acteurs privés sont avertis et peuvent en référer
aux autorités. Mais face au terrorisme, l’argent a une origine licite ; le financement terroriste est radicalement différent, car les fonds ne sont pas criminels. En termes de
détection et d’établissement des profils c’est un gros défi pour les acteurs privés. Mais surtout le risque principal de ces activités, c’est le risque de discrimination.

Exemple : en 2004, les comptes bancaires de 2 associations britanniques d’aide au peuple palestinien ont été fermés, alors même qu’elles ne figuraient sur aucune liste de
suspects identifiés ; et que les deux banques qui ont fermé ces comptes n’ont jamais accordé d’explications sur les raisons de la fermeture de ces comptes.

Cette logique d’anticipation vient donc des pratiques même des acteurs. On a voulu élargir aux activités terroriste un outil qui préexistait, comme si c’était le même type
de travail ; alors qu’en réalité conséquences importantes sur les pratiques, changement dans la logique d’anticipation et de prédiction avec risques de discrimination
importants et délégation aux acteurs privés de la charge de cette surveillance.
CONCLUSION :

Les attentats du 11 septembre ne correspondent pas à une transformation radicale de la logique de surveillance et de suspicion – qui existait auparavant – mais ces
logiques ont été fortement renforcées. Renforcées dans les pratiques des acteurs, mais également parce qu’on leur a donné les moyens techniques et légaux ; mais aussi
car il est de plus en plus difficile de contester ce type de pratique. Face à l’idée d’une menace exceptionnelle, il est compliqué de remettre en question le développement
de ces pratiques. De ce fait, les effets se ressentent aussi sur la fréquence des changements législatifs pour les responsables politiques il faut éviter le pire, éviter de
nouveaux attentats ; donc ils ne peuvent pas revenir en arrière sur des mesures de renforcement de la sécurité qui aurait déjà été prises = effet de piquet. Il y a donc une
accumulation de règles qui génèrent des tensions, notamment en matière de respect des droits fondamentaux. Il y a un dilemme entre garantir la sécurité collective et
respecter les règles de droit.

TRANSFORMATIONS DES LOGIQUES DE SECURITE

On s’intéresse aux nouvelles mesures adoptées et aux pratiques qui vont se développer hors du droit.
Et ces types de pratiques vont s’exercer autour des deux monopoles : de la violence légitime et du contrôle des mobilités.

A – LES MESURES QUI CONCERNENT L’EXERCICE ETATIQUE DE LA VIOLENCE

Au lendemain des attentats du 11/09, Bush se déclare en guerre contre le terrorisme et cela va avoir des csq très directes sur les actions mises en œuvre sur
l’administration américaine. Tout d’abord la mise à l’écart de la dimension judiciaire ; et une accentuation de l’unilatéralisme. La logique proactive va être appliquée à des
domaines qui étaient, jusqu’à présent, régulés par le DI. Le recours à la violence étatique va devenir un enjeu fondamental dans la lutte contre le terro et un enjeu de
relations internationales.

1) Création d’une nouvelle catégorie du droit : unlawful enemy combatant

Cette catégorie du droit a été créée dans un contexte particulier : celui de la création du camp de Guantanamo. Ce camp a été créé dans une zone militarisé étasunienne
sur l’île de Cuba, 121 km2 au sud de l’île qui a été cédé en 1903. Cette zone militarisée qui appartient aux US est sur l’île de Cuba, isolée, à l’abri des mobilisations de
citoyens américains et à l’abri de l’application de la législation des États-Unis.

Dans ce camp sont enfermés des prisonniers capturés en Afghanistan ou au Pakistan capturés lors des opérations militaires, ou livrés par les autorités. En avril 2006 il y
avait 560 personnes et en janvier 2010, il y en avait 192 – 1 an après que le Président Obama ait fixé par décret la fermeture du camp.

Dans ce camp sont enfermés des personnes qui ont été arrêtées sur un territoire étranger. En DI si une personne st capturée pendant un conflit, si elle est combattante
c’est un prisonnier de guerre et est protégée à ce titre par la 3ème convention de Genève. Et si elle n’est pas combattante, c’est un civil protégé par la 4ème convention de
Genève.

Or ici, ces personnes on ne leur reconnaît ni leur statut de terroriste, ni le statut de prisonnier de guerre : ils ont le statut de combattants ennemis, un statut créé par une
directive signée directement par Bush, dans un mémorandum sur le traitement humain des détenus talibans et d’Al Quaida. Ce statut de combattants ennemis illégaux
existait déjà d’une certaine manière dans la JP de la USSC : terme déjà utilisé en 1942 pour refuser le traitement de prisonniers de guerre des membres de forces armées
allemandes. Ce qui avait justifié leur traitement spécifique, c’est qu’ils se faisaient passer pour des civils.

Mais pour les personnes de Guantanamo il n’y a pas eu de jugement  donc pour correspondre au statut de combattants illégaux, il aurait fallu les juger pour
déterminer s’ils étaient bien des combattants tout en ne se distinguant pas de la population civile. Mais c’est là où cette logique proactive va jouer et que l’obsession pour
le renseignement va conduire à la création de ce statut qui permet aux autorités américaines d’échapper à l’application du DI et notamment aux conventions de Genève.

Dans la 3ème convention il est stipulé que les prisonniers de guerre ne sont pas tenus de déclarer leur civilité et leur grade et ne peuvent pas être interrogés pour
recueillir des renseignements (article 17). Donc le statut créé par les autorités américaines va permettre de mettre en place des techniques d’interrogatoires contraires aux
conventions internationales et au droit américain lui-même (autorisation de la torture).
Cette utilisation de la torture est documentée à partir de 2006 grâce aux témoignages des détenus, avocats et ONG qui rendent compte de graves humiliations et
privations. Exemple : privation de sommeil ; coups ; utilisation de la clim avec des t° extrêmes ;

Donc dans le contexte post- 11/09 il y a l’émergence de nouvelles pratiques qui ont lieu hors du cadre légal et international.

2) Détention extrajudiciaire illimitée en Europe

Au RU on assiste à une superposition de normes et à une complexification du droit en matière de lutte contre le terrorisme et notamment le fait que le secrétaire d’Etat
chargé des affaires intérieures peut placer en détention tout étranger soupçonné de participer à une activité terroriste, pour une durée indéterminée si son expulsion
du sol britannique est impossible procédure d’enfermement sans jugement, ce qui est donc contraire à l’art. 5 de la CEDH, mais cette mesure est justifiée par la
reconnaissance d’un Etat d’urgence menaçant la nation.

En vertu de cette disposition, après les attentats de Londres – en juillet 2005 – il y a une accélération des détentions. Cette mesure concernait le droit des étrangers mais
l’ont utilisé à des fins de lutte contre le terrorisme. On voit ici le lien très fort qui est fait entre les questions d’immigration et de lutte contre le terrorisme.

3) Implication des services de sécurité nationaux : le cas Abu Omar

C’est le cas d’une disparition mystérieuse d’un réfugié politique égyptien, le 17 février 2003. Alors qu’il se rendait à la mosquée, Omar est interpellé par deux agents de
la CIA, habillés comme des policiers italiens, qui lui demandent ses papiers, lui appliquent un spray anesthésiant et l’embarquent dans un mini van. Il est transféré dans
une base américaines militaire au Nord de Venise, puis en Allemagne et enfin, il est renvoyé en Egypte. Le 20 juillet 2004 il est relâché par les autorités égyptiennes à
condition de ne pas quitter l’Egypte et de ne pas parler à la presse.

Le 8 mai il appelle sa femme en Italie ainsi qu’un ami italien. Lors de cet appel il décrit les formes de tortures dont il a été victime par les formes de torture par les
autorités égyptiennes.

Exemple : musique si fort qu’il est devenu sourd ; passage d’une pièce très chaude à très froide ; décharges électriques, etc.

Il est arrêté le 12 mai 2004 jusqu’en 2016. Or les deux personnes qu’il appelle en mai avait été placés sur écoutes par un procureur italien qui enquêtait sur sa
disparition. Abu Omar était connu des services de renseignements italiens car il avait un profil-type : militant d’un groupe issu des Frères musulmans, incarcérés à ce titre
en Egypte, engagé dans de multiples terrains de lutte en Afghanistan, etc.

Donc le procureur apprend qu’il a été enlevé par des agents de la CIA et renvoyé en Egypte.

Ce n’est pas un cas isolé ; c’est un cas typique de ce qu’on a appelé des restitutions extraordinaires aller chercher quelqu’un par la force, sans se préoccuper de
l’autorisation des autorités locales, sans mandat d’arrêt. C’est de la police à distance, avec un enlèvement extrajudiciaire et dans une certaine mesure, une forme de sous-
traitance de la torture. Cette affaire arrive à un moment où on commence à obtenir des révélations sur des prisons secrètes de la CIA. Leur existence a été révélée par
Amnesty International en 2005 et finalement reconnues par Bush en septembre 2006.

Ce ne sont pas les autorités qui l’ont enlevé et torturé mais on est dans une forme de coopération, dans un contexte particulier ; car les agents de la CIA n’étaient pas
assez discrets pour que l’Italie ne soit pas au courant. L’Etat italien a toujours nié connaitre cette opération.

4) Formalisation de la coopération entre l’UE et les États-Unis

Dans ce contexte, il y a également le développement de nouveaux accords entre les États-Unis et l’UE en matière de coopération policière et de
coopération judiciaire. C’est le cas notamment avec Eurojuste ; alors même qu’il n’est pas créé, et sous sa forme provisoire, un accord est passé avec les
autorités américaines qui désigne un magistrat de liaison basé à Paris et qui sera responsable des relations avec Eurojust.

Un autre accord est signé avec Europol, le 6 décembre 2002, et qui concerne l’échange de données sur le terrorisme et le blanchiment de capitaux. Ils
prévoient aussi l’échange d’officiers de liaison. Pour Europol c’est la 1ère fois qu’il y a un accord avec un Etat tiers, qui n’est pas candidat à l’adhésion à
l’UE. Au moment de la signature, on est encore sur une structure en pilier donc le Parlement n’est pas en codécision ; les parlements nationaux doivent
ratifier l’accord mais n’ont pas le temps d’étudier vraiment cet accord.

Troisièmement, en matière d’extradition, en juin 2003 est signé un accord ; mais le conseil JAI propose dès le 20 septembre 2001 d’engager des
négociations avec les États-Unis pour renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme.

En 2003 est signé un accord sur l’extradition et l’entraide judiciaire. Cet accord pose plusieurs questions : la 1ère question c’est la peine de mort
(extradition à condition qu’on n’exécute pas la peine de mort) ; blocage des extraditions en cas de violations des DH ; et enfin sur les dispositions
relatives à la protection des données personnelles, pb plus général, car les États- Unis ont un cadre législatif moins contraignant et protecteur en matière
de données personnelles.

Il faut comprendre que ces accords, au lendemain du 11 septembre, permettant aux institutions de l’Union de parler d’une seule voix. Cela peut
expliquer l’empressement des institutions européennes à signer ces accords.

Ce n’est pas tant le contenu de l’accord mais le principe qu’il y ait un accord sur ces questions avec les États-Unis.

 On voit bien que ces mesures concernent directement l’exercice de la violence légitime par les Etats.
 Il y a un brouillage entre la question de la sécurité intérieure et la question de la sécurité extérieure.

Qui a le monopole de la violence légitime ? Car dans le cas d’Abu Omar par exemple, il y avait 3 autorités étatiques impliquées.

De manière générale, tous les accords en matière judiciaire posent des questions sur l’exercice de la violence légitimes des États-Unis, dont tout le monde
sait à l’époque qu’il s’exercice hors du DI.

B – LES MESURES QUI CONCERNENT LE CONTROLE DES MOBILITES ET L’ECHANGE DES DONNEES

Avec le développement de cette logique proactive devient très importante via le développement d’outils technologiques, pour recueillir ces
renseignements. Une des stratégies de la lutte contre le terrorisme, c’est de non pas seulement viser les individus des agents terroristes mais aussi leurs
déplacements, et produire de l’information sur ces déplacements.
Le recours à l’outil technique informatique prend 4 formes :

 Le marquage – documents avec des informations, fichage ;


 Recueil des traces, les capteurs ;
 Inscription des informations dans des registres, création de bases numériques ;
 Mise à disposition de cette information ;

1) Les mesures unilatérales des États-Unis


Au lendemain du 11 septembre, il y a une transformation radicale de l’administration en charge des questions de sécurité : création du department of homeland security.
Dans ce département on rassemble de nombreuses autres administrations dispersées jusqu’à présents mais rassemblées dans cette administration – notamment sur le
contrôle des mobilités et des marchandises.

C’est dans le cadre de cette administration que les Usa vont développer de nouveaux outils pour avoir des informations sur les voyageurs qui entrent sur leur territoire.
Une première base de données est créée en 2002 « US visit » et concerne tous les voyageurs internationaux qui ont besoins de visa. Depuis 2008, l’ESTA concerne tous les
voyageurs, qu’ils aient besoin ou non de visa. Tout voyageur doit s’enregistrer 72h avant son départ et le système lui-même envoie une confirmation d’accès au territoire.
2) La généralisation de la biométrie

En mai 2002, une nouvelle législation est adoptée aux États-Unis et oblige les citoyens de 27 pays - la plupart européens – qui sont exemptés de visa d’avoir des
passeports biométriques pour entrer sur le territoire des États-Unis. Comme les visas sont déjà biométriques, ils veulent que l’ensemble des visiteurs aient des données de
voyages qui contiennent des données biométriques. Du côté de l’UE le 13 décembre 2004, le Conseil des ministres des affaires étrangères, rend obligatoire les
passeports avec données biométriques. Cette idée de la transformation des papiers d’identité pour y inclure des données biométriques, n’est pas une idée nouvelle : dès
1998 il y avait cette idée que les visa devaient inclure de type de données.

3) L’accord PNR
L’ambition des autorités étasunienne est de mettre en place un système pour filtrer les passagers avant qu’ils arrivent dans le territoire pour évaluer le risque avant leur
arrivée. En novembre 2001, ils adoptent une loi qui exige de tous les transporteurs aériens de fournir des informations sur toutes les personnes qui prennent des vols à
destination, au départ ou même au-dessus des États-Unis.

Ces renseignements sont fournis aux douanes américaines, quelles que soient la nationalité des passagers ou des compagnies aériennes. En cas de refus, lourdes sanctions
financières à l’égard de ces compagnies, ainsi que l’interdiction de se poser dans les aéroports américains. Le souci c’est que ça entre en contradiction avec des
législations nationales et internationales sur les données personnelles.

Elles se tournent vers la Commission européenne et lui demande de négocier directement avec les États-Unis – elle parvient à faire suspendre l’application du PNR
jusqu’en mars 2003. Mais ces négociations n’aboutissent pas en mars 2003, un accord est signé en mars 2004 : 34 types d’informations peuvent être fournies aux
douanes américaines. L’idée est qu’elles ne peuvent être fournies uniquement pour combattre le terrorisme et d’autres types de criminalités transnationales.

L’autre point c’est que ces informations pourront être communiquées à d’autres types d’institutions américaines et pas seulement les douanes.

Combien de temps ces données sont-elles conservées ? Le Parlement européen saisi la CJUE qui annule cet accord. La discussion porte moins sur a protection des données
personnels que sur la compétence de la Commission pour signer ce type d’accord. Un nouvel accord est finalement signé en juillet 2007.

Dans cette approche américaine de sécurité frontalière il y a cette idée qu’on peut filtrer les personnes avant qu’elles n’entrent sur le territoire, grâce à ce système
d’information informatique. Il y a encore cette idée qu’on associe déplacement et terrorisme. Il y a donc des enjeux qui se posent sur le monopole des contrôles des
mobilités contradiction des compagnies aériennes entre suivre la législation des États-Unis et suivre les législations nationales ou européennes sur la protection
des données

CONCLUSION

Pour comprendre les enjeux de la lutte contre le terrorisme il faut comprendre ce qu’il s’est passé dans les négociations avec les États-Unis. Il y a plus une forme de
coopération transatlantique que purement européenne.
On n’observe non pas un changement radical de paradigme sur la manière dont on conçoit la lutte contre le terrorisme. Mais des mesures sont quand même adoptées sur
le mode de l’exception. De part, les effets de piquet, il est compliqué de revenir en arrière une fois que ces mesures ont été adoptées.
Par ailleurs il devient de plus en plus difficile de distinguer les enjeux de sécurité intérieure et les enjeux de sécurité extérieure.
On continue de créer des clivages entre les individus : dont certains sont déviants. Certains verraient leurs droits respecter et d’autres se verrait appliquer des mesures
exceptionnelles peu respectueuses des libertés fondamentales.

Par ailleurs il y a une évolution vis-à-vis du seuil de tolérance par rapport à la protection nationale et le recours à la violence légitime : ce seuil d’acceptation a été baissé
acceptation plus importante de l’idée que l’Etat va pouvoir exercer cette violence légitime sans que les individus ne soient protégés par le droit international ou national.
Enfin, concernant le monopole sur les contrôles des mobilités, il y a le développement d’outils qui visent la traçabilité des déplacements des individus : outils techniques,
biométriques. Ces outils ne sont pas nouveaux, mais il est clair que les attentats du 11/09 et les conséquences ont agi comme une fenêtre d’opportunité pour le
développement de ces nouvelles technologies.
SEANCE 7 : 8 NOVEMBRE 2018 — LES POLITIQUES D’ASILE EUROPEENNES

Question prenant les devants de l’actualité politique nationale et européenne. Enjeu de comprendre les politiques menées au niveau européen. Approche socio-historique
des enjeux liés aux questions migratoires au niveau européen.

Peut-on parler de politique d’asile ? Parler de politique d’asile reviendrait à émettre un paradoxe. Le droit d’asile est défini par le droit international, convention de
Genève. Ce droit d’asile peut paraitre comme inconditionnel et non soumis à une politique particulière. Derrière la definition commune du DI la protection accordée à des
personnes demandant l’asile dépend de variables politiques :

- Contexte géopolitique/relation internationales : la reconnaissance de la persécution qu’à subi une personne et l’accueil de cette personne par un état dépend des
relations que cet état entretien avec le pays d’origine de cette personne

- Politiques d’immigration : les réfugiés dépendent d’un droit spécifique, le droit international et ont donc un statut exceptionnel parmi l’ensemble des personnes qui
migrent. Dans de nombreux Etats leur situation est traitée par des administrations spécifiques. En FR l’OFPRA dépend du MAE par ex. Ce statut spécifique est de plus
en plus considéré comme un obstacle aux politiques migratoires et à leur répression.

Pourquoi parler des politiques d’asile dans un cours comme le nôtre ? au moment de l’adoption de l’accord de Schengen et de la convention de Schengen les questions
d’asile et d’immigration ont été traitées comme des question de sécurité. Depuis le début au niveau européen les qu° d’immigration et d’asile sont considérées ensemble.

L’asile a été posé comme condition à la liberté de circulation et les instruments mis en place sont utilisés de manière croissante pour lutter contre l’immigration
irrégulière.

SECTION 1 : UNE HISTOIRE POLITIQUE ET SOCIALE DU DROIT D’ASILE

§1 : HISTORIQUE D’UNE DEFINITION INSCRITE DANS LE DROIT INTERNATIONAL

A) LE PASSEPORT NANSEN

Entre deux-guerres : développement massif de population. En 1926 on comptait 9millions de réfugiés. Une partie de cette population était constituée de Russe fuyant la
Révolution. Questions des réfugiés liées à la question des apatrides (nationale et protection d’aucun état nation). On a donc des gros pbs qui se posent parce que ces
déplacements forcés avaient des effets décisifs sur ces populations qui n’étaient sous la R de personne. Une proposition émane de la Croix Rouge en faveur de la création
d’un Haut-commissariat des réfugiés dans le cadre de la SDN (Société des nations) avec comme objectif de donner un statut à ces réfugiés, les alloués à un état, les mettre
sous sa R, leur donner les moyens de travailler et leur fournir une aide humanitaire plus directe.

La première mesure est la création des passeports Nansen en 1922. On va vouloir donc délivrer des papiers d’identité. Développe la thématique sur le contrôle des
mobilités. Face à une situation où on l’on a une population qui n’est rattaché à aucun état-nation, la première mesure est d’identifier ces personnes. La délivrance de ces
passeports se fait sur base collective et non individuelle. Ce passeport n’est délivré qu’à certain groupes nationaux. C’est le cas des russes blancs (russes tzaristes).

 En 1924, on délivre ce type de passeport aux Arméniens.


 En 1928 on le délivre aux assyriens, assyro-chaldéens et aux turcs.
 On donne donc le passeport qu’à des groupes.

Ces passeports sont des papiers d’identité mais ne garantissent pas l’accès au territoire des états-nations. Les états restent décisionnaires en la matière. Ce système reste
relativement fragile.

Pour les conventions ayant élargi les groupes nationaux détenteurs de passeport il y a eu de moins en moins d’état qui les ont ratissés. L’Allemagne et surtout l’Allemagne
nazi reste membre de la SDN. A partir de 1933 quand des juifs fuient l’Allemagne nazi les états européens sont réticents à utiliser ces passeports parce qu’ils craignent de
froisser l’Allemagne. Les relations diplomatiques vont donc avoir un effet direct sur la protection accordée à des personnes persécutées ou subissant des déplacements
forcés. La FR et le RU ferment leurs frontières à ces réfugiés et acceptent seulement d’ê un pays transite.

Dans les années 30, les états continuent de limiter l’accès à leur territoire aux populations qui fuient des régimes autoritaires notamment des juifs et allemands mais aussi
les espagnols (en 1939) qui ont été enfermés dans des camps dans le sud de la FR.

B) La convention de Genève

Après la WWII, on estime qu’il y avait de 40 à 65 millions de personnes déplacées. Face à cette situation et après la création de l’ONU est signée et adoptée la Convention
de Genève en 1951. Cette première version de la Convention autorise les états signataires à limiter leur protection au réfugiés européens. Ce que fait la Fr en 1952
quand elle transpose la convention ds son droit interne. Cette première version de la protection internationale ne vise que les évènements survenus avant le 1er janvier
1951. Protocole ayant amendé la convention, le protocole de NY signé en 1967 et faisant tomber ces restrictions : élargi aux réfugiés du monde entier et cesse de viser
uniquement les persécutions du passé. Ratifié par la FR en 1971.

Définition du terme de réfugié : ce terme s’applique à toute personne qui craignant avec raison d’ê persécuté du fait de sa race, de sa religion de sa nationalité de son
appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la
protection de ce pays.

 Ce statut de réfugié vise des personnes directement persécutées. La question centrale est celle de la protection d’un état-nation.

Comme toute définition cette définition n’est pas neutre. Elle est le fruit des rapports de force existants au moment de sa négociation en 1951 et reflète la victoire des
états occidentaux sur les états socialistes. Pour ces états le pb à résoudre c’est celui de la violence politique. Au cœur de cette def on a la notion de persécution. Elle
permet aux états occidentaux de se faire les héros de la liberté politique des citoyens dans des gouvernement autoritaires ou tyranniques. Manière de se positionner par
rapport au bloc de l’Est. On aurait pu imaginer que cette protection puisse ê attribuée sur des critères sociaux. MAIS c’est plutôt la liberté politique qui est mise en avant.

Cette définition laisse une grande part à l’interprétation et est centrée sur le caractère individuel des persécutions. Ce caractère est le nœud de cette capacité des états à
interpréter le texte international. Bcp de population qui fuient les zones de combat ne vont pas pvr correspondre à cette def. Pour ces populations la solution c’est la
signature de convention spécifiques. Ex : convention de l’organisation de l’unité africaine en 1969 ou la convention de Carthagène en 1984.

Dès le début on a en tête que les populations déplacées vont ê gérées par le HCR (haut-commissariat aux réfugiés) qui va créer des camps de réfugiés sur place. La solution
adoptée pour ces déplacements de population c’est la délégation de la gestion de ces réfugiés à un organe de l’ONU qui crée des camps de réfugiés.

C) LA FIGURE DE L’OPPOSANT AU REGIME TOTALITAIRE

Commission des recours des réfugiés qui s’appelle maintenant la cour nationale des droits d’asile.

Exemples de la manière dont l’OFPRA a traité des pbs de réfugiés :

- Cas des exilés hongrois : en 1956 constituent cette figure exemplaire du réfugié défendant la liberté politique dans un contexte autoritaire et qui
pour des convictions personnelles doit fuir son pays. Extrait d’un rapport de l’OFPRA : derrière cette figure de réfugié qui fui un régime autoritaire,
dans les faits les motivations politiques sont rares. Face à cette situation on constate que la persécution individuelle est difficile à prouver. La
question du passeport pas en règle est importante, cela veut dire que les personnes n’ont pas de protection. Les questions d’asile croisent les
questions d’immigration. L’accueil de ces réfugiés hongrois croise des enjeux de diplomatie internationale. C’est une manière de renforcer la
dissidence du régime communiste hongrois pour le légitimer.

- La figure du réfugié sud-est asiatique : accueillis à la fin des années 70 et au début des années 80 « boat people ». Ces populations qui fuient le
nouveau régime indochinois communiste mis en place après la décolonisation, la Fr met en place un système d’accueil très volontariste en organisant
le transfert de ces populations qui étaient ds des camps de réfugiés en Thaïlande. Les autorités françaises se rendent danss les camps de réfugiés,
examiné les demandes des réfugiés sur des critères qui n’ont rien avoir avec la définition de la convention de Genève (les services rendus à
l’administration française, la connaissance de la langue fr, la qualification pro…). Taux de reconnaissance du statut de réfugié avoisinant les 100%.
L’OFPRA va fermer les yeux sur une série de fraudes documentaires. Pourtant dans les années 80 la question de la fraude devient centrale dans
l’argumentaire dvpé par l’OFPRA pour refuser le statut de réfugié aux ressortissants congolais.

Derrière cette image du réfugié comme un opposant politique les discours d’aujourd’hui opposent très souvent cette figure d’un vrai réfugié à une figure
émergeant dans les années 90 du faux demandeur d’asile. Quand on regarde les pratiques de l’OFPRA on se rend compte que la situation des personnes
qui ont sollicité cette protection est similaire. Ce n’est pas la situation des demandeurs qui est différente mais la manière dont cette situation a été traitée
par l’administration. Elle change en fonction de variables de relations internationales et de diplomatie et donc de positionnement de la Fr par rapport à la
Hongrie ou par rapport à une ancienne colonie.

BILAN :

 Il faut déterminer quel état se porte garant de ces individus.


 Importance du contexte géopolitique : dans l’après WWII importance de la GF et de l’affrontement entre les 2 blocs. Cette figure du réfugié
politique défendant des idéaux libéraux dans le contexte autoritaire est lié au contexte d’affrontement entre bloc communiste et occidental.
 Importance des politiques d’immigration : la convention de Genève restreint l’accès à la protection aux personnes en Europe.
 Caractère individuel de la persécution : ce critère est appliqué de manière différenciée.
 Idée qu’il faut allouer les individus à un états dans un système international ù il n’est pas imaginable qu’un individu n’appartienne pas à un état,
solution : passeport Nansen.

§2 : LE TOURNANT DES ANNEES 90, L’EXEMPLE DE LA FR

Tournant dans ces politiques d’asile pour une raison centrale : chute du mur de Berlin et fin de la Guerre Froide. Le soutien aux réfugiés perd son
essence. L’ensemble des états européens depuis les années 70 ont stoppé l’immigration de travail. Les années 80-90 vont voir émerger des politiques
d’immigration de plus en plus restrictives. C’est dans ce contexte qu’au sein des administrations chargées des questions d’asile ce statut de réfugié va ê
perçu de manière croissante comme la dernière voie légale d’entrée sur le territoire. Obtenir ou demander la protection internationale constituerait un
moyen détourné pour les migrants éco d’atteindre leur but.

A) Adopter des mesures restrictives

Un des premiers enjeux est de faire baisser le nbre des demandes d’asile. On observe une augmentation importante du nbre de demandeurs d’asile à
partir de la fin des années 80. En France en 1984 il y avait 22 000 demandeurs d’asile alors qu’en 1989 : 61 400. Cette augmentation de demandeurs
inquiète les autorités. Un des premiers objectifs est de faire descendre ce nbre.

 Interdiction faite aux demandeurs d’asile de travailler. Idée que les demandeurs d’asile le demandent pour travailler. Si on les empêche de travailler ils
ne demanderont pas l’asile. Les moyens de l’OFPRA et de la CRR sont renforcés. Les procédures vont ê fortement raccourcies. On veut décourager les faux
demandeurs d’asile. MAIS l’autre idée c’est que comme les délais d’obtention de réponse de la part de l’OFPRA étaient très élevées finalement les
personnes s’installaient sur le territoire il devenait plus compliqué de les expulser en cas de rejet de leur demande d’asile. Refuser l’accès au marché du
travail est une manière de précariser les conditions de séjour pour rendre plus facile la potentielle expulsion en cas de refus. Les demandeurs d’asile vont
recevoir une allocation d’attente (tout le long de la procédure, 1 à 2ans).

Le nombre de demandeur d’asile revient à 26 000.

Il y a une augmentation des demandeurs d’asile. L’accès à un séjour régulier en Fr est plus facile.
 Autre élément important : mesures de contrôle des frontières. L’idée c’est qu’en Fr on ne peut pas reprocher à un demandeur d’asile d’ê entré de
manière irrégulière sur le territoire. Ce n’est pas un obstacle à l’obtention d’un statut de réfugié. Il est devenu de plus en plus difficile d’atteindre le
territoire européen et français sans avoir l’autorisation adéquate. Effet sur les demandeurs d’asile qui veulent accès au territoire.

Faire baisser le taux de reconnaissance : pourcentage de personnes qui obtiennent le statut par rapport au nbre des demandeurs d’asile. Une des
manières trouvées c’est de définir une des catégories, celle des demandes manifestement infondées. Si la demande est jugée comme manifestement
infondée la procédure va être spécifique, la demande pourra ê refusée sans que le demandeur ne puisse ê auditionné. Procédure d’asile à la frontière
concernent les personnes arrivant aux frontières qui n’ont pas les papiers nécessaires et qui demandent l’asile.

Rendre le statut moins protecteur : multiplication de statuts intermédiaires ou dérogatoires à la convention de Genève. C’est l’asile territoriale institué
en Fr en 1998. Il est remplacé par la protection subsidiaire. Cette notion est aussi dans les règles adoptées au niveau européen. Elle concerne des
personnes ne pouvant pas ê reconnues comme réfugiées mais qu’on ne peut pas renvoyer dans leur pays d’origine. La question de la persécution
individuelle va jouer. Les personnes n’ont pas pu démontrer qu’elles étaient victime de persécution individuelle mais leur pays d’origine est dans une
situation de crise ou de guerre. Cette protection est moins protectrice puisqu’elle ne donne lieu qu’à la délivrance d’un permis de séjour de 1an. La
situation dans le pays d’origine est réévaluée chaque année.

B) Les évolutions des chiffres de l’asile

 En 1973 il y avait 1373 demandes et le taux de reconnaissance était de 85%.


 En 1985 on passe en 19 000 demandes avec un taux de reconnaissance 85%.
 En 2003 on a 54 000 demandes avec un taux de reconnaissance de 14,5%.

SECTION 2 : LA CONSTRUCTION D’UN REGIME D’ASILE EUROPEEN COMMUN

Tous les EM étaient signataires de la convention de Genève du protocole de NY MAIS plusieurs facteurs vont contribuer à l’européanisation des politiques
d’asile : la politisation de la question d’asile, l’échec de la gestion des questions d’asile par des organisations internationales tel que le HCR, la
perspective de l’ouverture de frontières interne de l’espace interne

La question de l’asile a été incluse dans les négociations sur les mesures compensatoires à la liberté de circulation. Dès le début cette question de l’asile a
été perçu comme une question de sécurité.

§1 : LA DISTRIBUTION DES DEMANDEURS D’ASILE COMME MESURE COMPENSATOIRE A LA LIBERTE DE CIRCULATION

A) La convention de Dublin dans le contexte de la « crise » de l’asile en Europe

Les politiques d’asile européenne se caractérisent pas des mesures qui ont pour but de lutter contre un phénomène perçu comme un danger. La signature
de la convention de Dublin en 1990, entrée en vigueur en 1997, elle prévoit la détermination de l’état R de l’examen de la demande d’asile. Instauration
d’un principe d’unicité de l’état R de la demande d’asile. Au sein des communautés européennes un demandeur d’asile ne peut déposer sa demande que
dans un seul état. Cette convention est adoptée en ayant comme objectif de régler 3 types de pbs :

- Les migrations secondaires : correspond à l’idée que la fin des contrôles au frontière permet au demandeur d’asile de voyager au sein de l’UE et de
choisir l’état dans lequel ils veulent déposer leur demande d’asile. « Asylum shopping ». Au niveau européen cette notion est présente depuis les
années 90.
- La peur que les demandeurs d’asile déposent des demandes d’asile dans les différents EM
- Idée est d’éviter qu’il y ait des demandeurs d’asile sur orbite, personne ayant demandé leur demande d’asile dans plusieurs états et aucun état ne
se met d’accord sur la R du demandeur d’asile. Ces personnes peuvent être sur orbite et donc ne seront rattaché à aucun état. La question centrale
c’est de déterminer quel est l’état protecteur.

Deux principe :

- Un seul EM est R de la demande d’asile : unicité de l’état compétent


- Objectifs pouvant déterminer l’état compétent

6 critères :

- Regroupement familial concernant les demandeurs d’asile dont certains membres de leur famille auraient obtenu le statut de réfugié ds un des
EM
- Le demandeur d’asile dépose sa demande d’asile où il a déjà un permis de séjour
- Il dépose sa demande d’asile dans un état où il a obtenu un visa
- Le demandeur d’asile dépose sa demande dans l’endroit où il est entré irrégulièrement
- S’il est entré légalement sur le territoire national
- Si aucun des autres critères ne fonctionne, l’endroit où il se trouve

B) Les conditions d’adoption de la convention de Dublin

Cette période est au cœur du moment où le nbre de demandeurs d’asile augmente (années 90). Les négociateurs sont les mêmes fonctionnaires
précédemment vus : fonctionnaires des ministères nationaux intérieur et de la justice qui défendent la conception de l’asile et de l’immigration comme
une question de sécurité et qui étaient à la fois du côté européen et du coté national. Ils avaient la possibilité de dire que la réforme du droit d’asile au
niveau national est une nécessité si l’on veut adopter les textes européens. Si on veut accepter la liberté de circulation au sein de l’espace européen il faut
rendre les pays moins attractifs pour les demandeurs d’asile. Cette conception de shopping du demandeur d’asile va être au cœur des raisonnements
nationaux et européens. On est dans la perspective d’ouvrir les frontières.

La situation en Allemagne : elle est face à un nbre important de demandeurs d’asile. Ce que revendique l’Allemagne c’est l’idée de dire qu’il n’y a pas de
raison qu’on ne se répartisse par les demandeurs d’asile entre EM. C’est ce que l’on appelle le « partage du fardeau » - burden sharing. Cette idée
correspond à la manière dont au niveau national les autorités allemandes gèrent la question d’asile.

A partir de la fin de la WWII en Allemagne de l’W, en 1946, on fait face à une gde proportion de personnes déplacées. On doit absorber à peu près 10
millions de personnes. Chaque land crée son propre ministère des réfugiés pour les répartir sur l’ensemble des länders. Cette dispersion est un
comprendre ds un contexte où l’Allemagne est une république fédérale avec partage des ressources. Tous les citoyens allemands doivent avoir accès au
même type de SP. En Allemagne la conception des politiques d’immigration est très régulée. Ils sont dans une perspective où ils considèrent
l’immigration comme un apport de main d’œuvre et donc les populations qu’ils font venir arrivent dans des programmes réguliers et ciblés pour
répondre à des besoins économiques précis et les travailleurs émigrés sont très contrôlés.

Dans le fonctionnement général de ce système on a des mécanismes de redistribution et l’immigration est perçue comme quelque chose qu’il faut réguler
fortement.
Jusque dans les années 70 ce système ne concerne que les personnes ayant obtenu le statut de réfugié et toutes les demandes se faisaient en Bavière. En
1974 ce système est modifié et ces sont les demandeurs d’asile qui sont répartis sur l’ensemble des länders. Une personne dépositaire d’une demande
d’asile en Allemagne sera allouée à un land, elle sera hébergée dans un centre et ne choisira pas son lieu de vie. Si elle veut sortir du land il faudra qu’elle
demande une autorisation.

Proposition en 1995 pour que la demande d’asile ne se fasse pas sur les 6 critères mais en fonction de la population de chaque EM.

§2 : LES POLITIQUES D’ASILE AU SERVICE DU CONTROLE DE L’IMMIGRATION IRREGULIERE

A) Les grandes étapes de la construction du régime d’asile européen commun

Traité de Maastricht : création du 3ème pilier dans lequel sont traitées les questions d’immigration et d’asile

Traité d’Amsterdam : ces questions sont transférées dans le premier pilier, càd qu’elles ne sont plus traitées uniquement par le prisme de la sécurité
intérieure. Emerge à cette époque la volonté de définir une politique d’immigration commune au niveau européen. Cette politique d’immigration
commune repose sur deux principes :

 Harmonisation des législations nationales


 Mise en place de mécanismes de solidarité de coopération entre EM

L’objectif est de parvenir à une meilleure gérance des flux migratoires européens. Une série de mesures vont être adoptées dans une phase
d’harmonisation qui se déroule de 1999 (conseil de Tempéré durant lequel les chefs de gouvernement appellent à la création d’un régime d’asile
européen) à 2004.

La communautarisation de la convention de Dublin avec adoption du règlement dit Dublin 2 en 2003. On reprend les mêmes principes de
distribution des demandeurs d’asile et de traitement de la demande d’asile. A aucun moment la garantie de l’unité familiale n’est définie comme un
fondement de la désignation de l’état compétent. Cette convention ne s’appliquera pas seulement aux personnes dépendant de la convention de Genève
mais celle aussi profitant des protections subsidiaires.

Règlement EURODAC datant de décembre 2000. Ce règlement crée le système EURODAC de comparaison d’empreintes digitales. Ce système vise à
recenser centraliser et comparer les empreintes digitales de 3 catégories de personnes :

- Les demandeurs d’asile


- Les personnes interpellées alors qu’elles franchissaient illégalement la frontière
- Les personnes en situation irrégulière sur le territoire

Unité centrale à Bruxelles qui va centraliser ces infos. L’idée c’est de vérifier lorsqu’une personne vient demander l’asile de vérifier si ses empreintes sont
déjà ds le dossier et de demander à l’état d’enregistrer la demande d’asile. Ce règlement c’est la condition pour appliquer le règlement Dublin. Cela évite
de d’avoir plusieurs demandes d’asile.

- Directive adoptée en 2004 sur la définition commune du statut de réfugié et la notion de protection subsidiaire.
- Directive sur la procédure d’octroi et de retrait du statut de réfugié adoptée en 2005
- Directive sur les conditions d’accueil des demandeurs d’asile en 2003.

Deuxième phase commence en 2009-2013 : voit la révision de ces directives et notamment de Dublin 2. Règlement Dublin 3 adopté en juin 2013.
Règlement EURODAC nouveau en juin 2013 une des modifications introduites ici c’est le fait qu’Europol et des autorités désignées par les EM pourront
accéder aux données contenus ds EURODAC à des fins répressives sur des infractions terroristes et des infraction pénales
B) L’échec du fonctionnement de la répartition des demandeurs d’asile

Malgré les nbreuses révisions de ce règlement Dublin le principe de base de Dublin n’est pas remis en question. On va distribuer les demandes d’asile
entre les EM à partir des 6 critères dvpés. Cela n’a pas été remis en question. Les limites et pb mis en lumière par les institutions européennes elles-
mêmes depuis les années 200 sur le fonctionnement de ce système Dublin restent les mêmes.

Les problemes de mise en œuvre du point de vu des états :

Cela a posé pb puisque ce système suppose un niveau de coopération élevé entre EM. Commission européenne écrit un rapport en juin 2001 : il
faudrait en moyenne 17 mois pour procéder à ces transferts. 50% des transferts étaient effectifs. Il y avait 50% seulement des demandes de transferts qui
étaient effectuées. En 1998-1999 on avait environ 655 000 demandes déposées et finalement seulement 10 900 transferts effectués.  Taux de 1,7%.
Les chiffres n’ont pas vraiment évolué, on a une stagnation de 2005 à 2015. En 2012 ces requêtes Dublin ne représentent que 12% des demandes d’asile
déposées en UE.

Rapport publié par le bureau européen d’appui en juillet 2014 disait qu’entre 2013 l’Allemagne a envoyé en Grèce 2600 personnes et la Grèce a renvoyé
en Allemagne autour de 6 personnes sur le critère familial.

3 types de personnes sont enregistrées dans EURODAC. On a très peu d’incitation pour les EM à enregistrer les personnes entrées et franchissant les
frontières de manière irrégulières. Dans un rapport publié par EURODAC en 2006 il y avait seulement 41 000 personnes qui étaient enregistrées au titre
de la catégorie 2. Or les entrées régulières sur l’ensemble du territoire de l’UE sont peu.

Zone d’attentes : centre de détention dans lesquelles les personnes sont restreintes pour attendre la décision.

Les évolutions générales de la politique ne font que renforcer le pb puisque les politiques en matière d’immigration au niveau européen ont eu pour seul
objectif de renforcer le contrôle aux frontières. C’est les frontières aériennes qui ont été les plus renforcées. L’accès au territoire européen devient de
plus en plus limité. Ces mesures ont pour effet de concentrer l’arrivée des demandeurs d’asile ds certains EM. Il y a des contradiction internes ds la
manière dont on pense les politiques d’immigration européennes. Concentration des demandeurs d’asile ds certains EM et critère de demande d’asile
renforce le déséquilibre. Ce sont donc des raisons structurelles au fait que ce système de répartition de fonctionne pas.

2) Les problèmes du point de vue des demandeurs

 Longueur de la procédure
 Ne pas pouvoir choisir le pays
 Ne pas pouvoir vivre avec sa famille

Les demandeurs d’asiles choisissent l’EM dans lequel ils veulent demander l’asile. Une demande d’asile recevra le même type de réponse quel que soit l’EM dans lequel elle
l’a déposé. Les EM sont censé appliquer de la même manière la convention de Genève. Or ce n’est pas le cas. En 2014 le taux de reconnaissance en première instance varie
en Europe de 4 à 88%. En Bulgarie et à Malte on a un taux élevé et en Grèce il est très bas (4%), Hongrie (8%). Ce n’est pas seulement les demandeurs d’asile qui font ce
constat mais les institutions européennes elles-mêmes puisque la CEDH a reconnu par une décision du 21 janvier 2011 que les autorités belges avaient violées l’art 3 de
la convention en prenant une décision de remise à la Grèce car elle savait ou devait savoir qu’il n’avait aucune garantie de voir sa demande d’asile sérieusement par les
autorités grecques.

Par une décision de déc. 2011 la CJUE a jugé que les EM avaient l’obligation de ne pas renvoyé un demandeur d’asile vers un EM lorsque le système d’asile de celui-ci
connait des défaillances systémiques et qu’il y a donc des motifs sérieux et avérés de croire que le demandeur courra un risque réel d’être soumis à des traitements
inhumains et dégradants.
Face à cette situation la plupart des demandeurs d’asile vont changer de stratégie et avoir une stratégie d’évitement des administrations des états ds lesquels ils ne
veulent pas demander l’asile. Ou par ex fait que les personnes vont se mutiler pour affecter leur empreinte digitale. Cela précarise leur parcours administratif.
SEANCE 8 : 9 NOVEMBRE 2018 — LE CONTROLE DES FRONTIERES EUROPEENNES

L'Union européenne s’est constituée en entité politique à partir du moment où l’ensemble des dirigeants européens ont admis qu’elle devait être plus qu’un «
marché commun ». Le traité de Maastricht signé le 7 février 1992 et entré en vigueur le 1er novembre 1993 a été crucial pour mettre en place une politique de
libre circulation des personnes (et pas simplement des travailleurs) et faire advenir une citoyenneté européenne protégeant les Européens dans le monde et leur
donnant les mêmes droits dans toute l’Europe lorsqu’ils quittent leur territoire national. Cette politique, menée par la Commission européenne a été constante
depuis le rapport Adonnino des années 1990, transformant l’Union européenne en plus grande place d’échange mondial de la circulation des personnes et des
services et l’inscrivant tellement dans notre quotidien qu’elle apparaît désormais comme un « fait de vie » allant de soi.

Les frontières internes sont entre deux états de l’espace Schengen alors que les frontières extérieures sont celles avec des Etats qui ne sont pas dans l’espace Schengen
donc un aéroport est considéré comme une frontière extérieure.

I/ LE MESURES QUI VISENT A L’HARMONISATION DES CONTROLES AUX FRONTIERES

A. HARMONISATION DES CONTROLES AUX FRONTIERES - LE CODE FRONTIERES SCHENGEN

Le code est adopté en 2006 mais il est transformé en règlement en 2016 et ce code donne les instructions sur les conditions que doivent remplir tout ressortissant d’état
tiers pour entrer sur le territoire européen.

=> Pour les courts séjours (de 90 jours max).

Ces conditions : avoir document de voyage, un visa, ne pas être enregistré dans le SIS, ne pas être considéré comme une menace a l’OP dans aucun des EM; apporter les
justifications des moyens de subsistances durant le séjour.
Ce code définit également les contrôles qui doivent être effectués par les autorités nationales aux postes frontières.

=> Idée est que quelque soit le poste frontière où l’on passe, on aura le même contrôle et cela implique la consultation du SIS mais également du VIS.

Depuis 2017, il y a un nouveau règlement qui est en place et qui met en place un système entrée/sortie et qui oblige les autorités a enregistrer toutes les personnes
ressortissantes d’Etat tiers qui ont besoin de visa ou pas.

Ce code définit aussi les conditions des contrôles hors des postes frontières CAD par exemple si une personne est arrêtée a une frontière terrestre de l’espace Schengen,
quelles sont les démarches que les autorités vont avoir à faire pour le contrôler.

B.LA POLICE A DISTANCE - CONTROLER L’ACCES AU TERRITOIRE

1. Le visa Schengen - visa de court séjour

Depuis la signature de la convention Schengen, les EM ont eu l’intention d’harmoniser les visas de court séjour CAD les visas de 90j max. Il existe 3 principes :

- Aucun ressortissant d’un état tiers ne peut obtenir l’accès au territoire Schengen s’il est susceptible de représenter un risque pour la sécurité d’un des
Etats et c’est de la que va être créé le SIS qui va permettre a chaque autorité nationale de vérifier que cette personne n’est pas recherchée en Europe.
Chaque état membre est responsable des personnes qu’il laisse entrer sur le territoire par leur frontière mais ils sont responsable pour l’ensemble du territoire
euro
- Les visas obtenus par un Etat membre sont valides sur l’ensemble du territoire
- Les individus qui ont ce visa peuvent se déplacer sur le territoire pendant 3 mois sans faire face a des contrôles aux frontières internes

Le premier règlement en matière de visa est adopté en 1995 et un second en 1999 mais dans ces règlements les EM ne se mettent d’accord que sur la liste des
ressortissants qui sont soumis a l’obligation de visa (liste noire).
En 2001, il y a un nouveau règlement et là il créait cette liste noire et une liste blanche, liste des états qui sont dispensés de visa.
La définition de cette liste a demandé beaucoup de négociations et le résultat est l’addition de la liste noire qui a beaucoup augmenté.
=> L’effet de l’harmonisation : c’est que les ressortissants de plus de pays doivent demander un visa.
En 2009 a été adopté un code communautaire des visas qui vise a harmoniser la procédure et les conditions de la délivrance des visas; puisque l’idée est que c’est un visa
Schengen et donc peu importe où on le demande la procédure doit être la même et le résultat aussi.

=> Il y a quand même des disparités

2. La délégation a des acteurs privés - les sanctions transporteurs

Cette question des sanctions transporteurs correspond a des sanctions nationales. C’est le cas dans les années 80 en Allemagne, Belgique.

Le principe : si une personne est interpellée a la frontière alors qu’elle tente de franchir celle-ci irrégulièrement, les autorités peuvent se retourner contre le transporteur
et lui imposer des sanctions (sanctions pénales dans certains pays) et imposer de prendre a sa charge l’expulsion de cette personne. On retrouve cela à l’art 26 de la
convention Schengen qui prévoit que les compagnies de transport doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour que les étrangers d’état tiers soient en possession
des docs nécessaire pour entrer dans l’espace Schengen

Adoption d’une directive qui définit un maximum et un minimum pour les sanctions financières et qui précise que le ré-acheminement des personnes en situation
irrégulière est a la charge des compagnie de transport.
On délègue aux acteurs privés le soin de contrôler les ressortissants des états tiers qui souhaitent entrer sur le territoire Schengen. Donc en plus des contrôles effectués
par les autorités des états membres, il y a des contrôles des acteurs privés qui vont porter sur le fait de savoir s’ils ont les documents nécessaires et le caractère réel ou
falsifié de ce doucement.
On peut parler de police a distance, idée que le contrôle ne se fait pas a la frontière nationale physique terrestre, mais se fait dans le pays de départ, contrôle en amont.
De plus on parle de contrôle a distance car on délègue ce contrôle aux acteurs privés.
C. LA DETENTION ET LES EXPULSIONS

De manière générale, la détention des étrangers est une mesure qui s’est imposée a tous les EM, les premiers centres de rétention administratif en France sont créés en
1981 et ce sont multipliés et la durée de la rétention a aussi augmenté, on passe de 7 jours a 45 jours.
Au niveau européen, il y a eu une harmonisation des conditions de détention et d’expulsion avec la directive “retour” en 2008, cette directive fixe comme durée max
d’enfermement 18 mois.
La signature d’accord de réadmission entre l’UE et des Etats tiers, ces accords permettent aux états d’effectuer les expulsions, cad qu’un état ne peut pas expulser un
ressortissant d’un état tiers s’il n’a pas l’autorisation de cette état tiers. Ces accords prévoit les conditions réadmission.
 Depuis les années 2000, l’UE signe des accords de réadmission
 Cette harmonisation contribue a transformer le contrôle frontalier a un contrôle a distance. Les frontières vont prendre une forme différente selon les personnes
qui les franchissent et le type de frontières.
 Principalement, ces pratiques ont un effet de dissuasion et cette frontière s’étend puisque la volonté des EM de contrôler l’immigration et de signer les accords de
réadmission, elle va imprégner les relations avec les états tiers; ces accords vont été mis dans la balance pour des négociations qui ne portent pas sur des
questions d’immigration.

II/ MESURES QUI VISENT A AMELIORER LA COOPERATION ENTRE ETATS MEMBRES

A/ LES FICHIERS ET BASES DE DONNEES

Au niveau européen, une des contradiction que les autorités doivent gérer c’est cette idée de mondialisation et d’échange mais en même temps ces autorités ont une
volonté très forte de contrôler l’immigration ; pour gérer cette contradiction, a été dvlpé des frontières intelligentes : idée qu’on va dvlper un ensemble d’instruments qui
vont permettre aux frontières de jouer un rôle de filtre et donc de pouvoir a la fois avoir des échanges nombreux et une détection des menaces.

Le principal outil au niveau euro est le SIS


1/ Le SIS

Il est utilisé par les policiers, douaniers et les autorités judiciaires; il contient des signalements sur des personnes et des objets.

Pour les personnes

 Les personnes recherchées a des fins d’extradition


 Les étrangers qui sont recherchées a des fins de non admission
 Les personnes disparues ou personnes misent sous protection
 Les personnes recherchées dans le cadre d’une procédure judiciaire
 Les personnes qui doivent être mises sous surveillance

Pour les objets :

 Objets volés
 Objets égarés
 Objets détournés

Ces données sont recueillies lors des contrôles aux frontières, lors des contrôles par les forces de police a l’intérieur du territoire, au moment de la délivrance des visas,
au moment de la délivrance de titre de séjour.

Le 1er mai 2007, 18 millions de données avaient déjà été mises dans SIS mais sur ces 18 millions seulement 1/10e concernaient des personnes.

=> permettre de faire le lien entre les fichiers nationaux

Le SIS a été réformé par un règlement en 2006, le SIS II adopté pour prendre en compte l’élargissement et pour effectuer une transformation de la nature des données car
maintenant il contient des données biométriques.

Finalement avec la création de ce système, on a la création d’actes juridiques proprement européen car il y a un effet immédiat du fait qu’il y a une conséquence
immédiate en Europe avec le refus d’entrée ou le refus de visa => Ce refus s’impose a l’autorité qui consulte le fichier.

2/ Le VIS

C’est le système d’information sur le visa créé en 2004; ce VIS est a mettre en lien avec le visa Schengen car il permet de donner un visa par une autorité nationale qui sera
reconnu par l’ensemble des EM.

Il a été mis en place pour 2 objectif :

 Eviter la fraude documentaire : pour cela dans ce fichier, il y a des données biométriques qui sont prises dans le consulat lors de la demande du visa et sont
contrôlées lors du passage aux frontières
 Eviter le visa shopping : idée que comme les conditions de délivrance de visa diffère selon les états membres, les ressortissants des états tiers vont sélectionner
les états qui donnent plus facilement les visas et ils font aussi faire plusieurs demandes sauf que la demande sera mis sur le système donc impossible de faire
plusieurs demandes
Sa mise en oeuvre a été compliquée car la mise en réseau est assez complexe. L’entrée en vigueur pour les ressortissants d’Afrique du Nord en 2011 et le reste du monde
en 2015. Cette base de données contient énormément de données, elle ne contient pas que les visas en cours.

3/ Les fichiers de passagers

Système API = données de tous les enregistrements et embarquements des passagers qui se rendent sur le territoire européen, adopté par une directive en 2004. Données
fournies par les compagnies aériennes sous peine de sanction ; ces données ne sont conservées que 24h, elles concernent toutes les données que l’on fournit a la
compagnie.
En 2016, une autre directive est adoptée pour l’utilisation de PNR et en France ces deux types d’informations sont traités dans le même fichier.

 On a une mise en commun des données recueillies par chaque EM et cette mise en commun produit des effets sur la nature de la frontière. On est face a
des instruments qui permettent d’effectuer un contrôle a distance, les données des personnes sont enregistrées avant même qu’elles franchissent le
territoire européen.
 On peut parler de deterritorialisation

B/ L’AGENCE FRONTEX

Jusqu’en 2016 , agence de coopération opérationnelle aux frontière extérieures des états membres et maintenant c’est l’agence de garde-frontières et de garde cotes.

1/ LE DEVELOPPEMENT DE L’AGENCE FRONTEX

a/ La création de l’agence

La création de l’agence est le fruit de négociations entre EM mais surtout d’une forte coalition entre des EM et la commission européennes, des acteurs en faveur d’une
communautarisation du contrôle des frontières extérieures et pour qui les mesures ne suffisent pas et souhaitent mettre des mécanismes opérationnelles.

Qui sont ses états membres ?

 Les Etats de premières frontière : vont chercher dans la communautarisation des contrôles aux frontières extérieures, un soutient et une coopération pour
assurer ce contrôle. Ce sont les pays du sud de l’Europe.
 Les Etats qui sont souvent de seconde frontière : la France, Allemagne, Pays Bas
 La commission qui est pour une plus forte intégration de ces questions frontalières et au cours des années 90, elle va financer des activités qui ont pour objectif
de créer une communauté d’experts des frontières extérieures.

En 2002, le conseil adopte le plan pour la gestion des frontières extérieurs des EM de l’UE et ce plan prévoit la création d’une instance commune de praticiens des
frontières extérieures, elle est composée des chefs de garde frontières nationaux.

Cette instance va chipoter des centres, qui vont être créés a la même époque, qui seront spécialisés sur tout le territoire européen.

Finalement ces centres et instance commune vont être les prémices de la création de l’agence Frontex qui est créée par un règlement d’octobre 2004 et commence ses
activités en 2005 en fusionnant ces différents centres.

=> Le siège est a Varsovie avec un directeur d’agence qui est praticien des frontières et il y a un conseil d’administration composé des chefs de corps de gardes frontières
des EM et deux membres de la commission

Activités de frontex :

 Développe et fournie des formations


 L’analyse du risque : identification des retours migratoires empruntés par les personnes qui tentent d’entrer sur le territoire et cela permet de détecter les
endroits où il y aura de fortes influences pour dvlper plus de moyens de contrôle
 Activité principale : organiser des opérations aux endroits de la frontière extérieure où c’est jugé nécessaire.
 Participe a l’organisation d’opérations d’expulsion et donc de la coordination des différentes autorités des EM pour mettre en commun les ressources pour pouvoir
expulser plus de personnes.

Lorsque Frontex décide d’organiser une opération d’expulsion, elle organise l’envoie d’experts nationaux, les personnes dépendent des corps nationaux de gardes
frontières ou de police au contrôles. Frontex a des personnes qui dépendent de l’agence mais la plupart des personnes déployées sont appartiennent aux corps nationaux.
Lors de ces opérations ces personnes vont se dédier a plusieurs activités : identification des personnes (pays de nationalité ou de provenance); détecter de faux
documents.

b/ La croissance de l’agence

Le budget de l’agence est en croissance très importante:

 En 2005 c’est 6,3 millions,


 En 2010 c’était de 87 millions d’euros,
 En 2015 c’est 114 millions d’euros,
 En 2018 on est passé a 320 millions d’euros.

Le personnel au siège de Varsovie :

 En 2005, 20 employés
 En 2009, 226 employés
 En 2018, 600 employés (1500 personnes sur le terrain par frontex)

=> Croissance exponentielle en termes de budget et de personnel même si une partie de ce personnel est national

=> Le budget est voté par le parlement pour permettre de le contrôler, budget communautaire

En 2007, le règlement frontex est amendé et création des Équipes d'intervention rapide aux frontières (RABIT) qui sont un soutient aux autorités nationales mais ne
peuvent pas prendre de décision de non admission. Premier déploiement dans la région d’Evros en novembre 2010.

Il a également été amendé en 2014 pour renforcer l’autonomie de l’agence car l’un des enjeux de l’agence est que ses activités ne dépendent que de la bonne volonté des
EM. L’agence veut renforcer la contrainte faite aux EM de participer aux opérations.

En 2016, le règlement est encore modifié avec la création de ce corps européen de garde frontières et de garde cotes. Cette modification permet a l’agence d’intervenir
directement a une frontière sans avoir l’obligation de l’autorisation de l’EM en question. Et renforce l’obligation des EM vis a vis de l’agence sur la fourniture des
équipements.

2/ L’ANALYSE DE RISQUE

a/ Une analyse prédictive des entrées dans l’UE

Cette analyse de crise provient du centre spécialisé créé par les finlandais avant la création de l’agence, l’idée de risque revient a considérer, comprendre l’état d’esprit de
ces gardes frontières car l’immigration est un risque.
Mais parler de risque est une manière de dire qu’on a une prise sur la situation, une capacité a agir sur une menace. => Intelligence Led Policy mais adaptée aux questions
migratoires A partir de données, Frontex élabore une analyse statiquement fondée des flux de personnes qui entrent sur le territoire de l’UE.
Elle produit une analyse des risques pour faire une analyse prédictive des flux pour déterminer le lieu des opérations.
Ces données viennent des EM, lors des opérations menées par Frontex, par les autres agences européennes comme EUROPOL ou EUROJUST ou OLAF.
=> Frontex va rassembler l’ensemble de ces données pour créer un outil d’aide a la décision

b/ Un outil d’aide a la décision

L’analyse de risque est présentée dès le début des activités de cette agence comme la base de prise de décisions au sein de l’agence.
L’analyse de risque a été conçue comme une manière de légitimer les lieux de ces opérations. Penser comme un instrument pour répartir de manière juste, légitime le
budget communautaire. Cela permet une certaine autonomie car les décisions sont prises en interne et le conseil d’administration est composé de chefs de gardes
frontières.

c/ Comment ces analyses sont-elles produites ?

Dans chaque EM, les états vont designer une structure responsable de collecter les données et les transmettre a Frontex; en France c’est l’OCRIEST : lieu d’interactions
entre les autorités françaises et Frontex; rassemble des données des polices aux frontières mais également par la gendarmerie, douaniers et l’ensemble de la police
nationale.

Cet office ne fait que de transmettre les infos, il y a un travail de reformulation et d’analyse et donc tout l’enjeu est de transformer des données statistiques (ex: les
données que la PAF va recueillir lors des contrôles aux frontières) en flux (identifier des routes migratoires).

=> Toute l’analyse de risque est considérée par aire géographique et chaque aire géographique va être associée a une route migratoire.

III/ LES EFFETS DE CES POLITIQUES DE CONTROLE RENFORCE

A/ LE DEPLACEMENT DES LIEUX DE PASSAGE

Les opérations menées par l’agence Frontex vont être dans des endroits particulièrement a risque donc des endroits où l’état ne peut pas intervenir seul. En même temps
Frontex produit des effets en coupant pendant un temps un flux migratoire.

On observe au cours du temps que ces opérations vont avoir pour objectif de déplacer les lieux de franchissement des frontières et trajectoire migratoire. Finalement les
opérations menées par Frontex sont les plus visibles.

Une des conséquences, on n’observe pas une diminution de tentative de passage de frontière mais les lieux de franchissement de ses frontières ont été modifiés au cours
du temps.

B/ L’AUGMENTATION DES DIFFICULTES - L’EPAISSEUR TEMPORELLE DE LA FRONTIERE

Les difficultés peuvent aussi être le temps passé pour franchir les frontières d’où l’épaisseur temporelle.

C/ LES MORTS AUX FRONTIERES

Depuis 2016, l’OIM a commencé un décompte de ces morts aux frontières. Prise de conscience dans l’opinion publique du caractère mortel de ces frontières surtout en
avril 2015 avec le chalutier de 800 personnes où peu de monde a pu être sauvé.

Ce n’est pas quelque chose de nouveau, cela existe depuis plusieurs années et on peut identifier une corrélation entre le renforcement du contrôle au frontière et le
nombre de morts aux frontières.

Il n’y a pas de décompte officiel, seulement des données issues d’associations. L’augmentation des chiffre correspond a l’augmentation des intérêts que l’on porte a ces
questions. Mais on peut aussi percevoir les effets sur les flux migratoires.

CONCLUSION :

=> Il y a des dimensions fortement nationales mais il y a des avancées d’outil/instrument communes qui conduisent a faire de l’UE un centre politique décisionnaire en
matière de contrôle des mobilités.

=> Ces politiques ont une influence sur la nature même des frontières, on peut parler d’épaisseur de la frontière notamment avec les pratiques a distance.
SEANCE 9 : 16 NOVEMBRE 2018 — LE CAS DU CONTROLE AUX FRONTIERES MARITIMES ET LA « CRISE » DE 2015

Analyser les mesures adoptées à partir de 2005 avec la crise des migrants et centrer le focus sur les frontières maritimes. Il faut considérer ces mesures dans une
perspective socio historique. Prendre en compte la logique des acteurs qui ont adoptés les mesures en 2015. Idée est de décoder ce qui s’est passé pdt une période ou tout
nous parait exceptionnel : le nbre de personnes qui arrivent sur le territoire euro et les décisions prises en 2015. 2 dimensions :

 Comprendre les relations entre les EM = dans quelle mesure on est dans un phénomène de transfert de souveraineté des EM vers l’UE + dans quelle mesure les
politique adoptées en 2015 nous renseigne sur ces transformations institutionnelles et idée que c’est l’UE qui s’impose sur les questions de contrôle frontalier et
migratoire
 Contenu des politiques adoptées = dimension humanitaire et sécuritaire ces 2 termes qui paraissent opposés sont souvent associés et que l’un dépend de
l’autre dans les politiques euro en matière de contrôle frontalier

Pourquoi on parle d’une « crise » ? A cause de l’ampleur de l’augmentation du nbre d’arrivée sur le territoire euro. Calculer le nbre d’entrée est difficile car les chiffres
viennent des autorités mais ceux qui entrent irrégulièrement ne passent pas par les autorités. On a aussi parlé de crise face aux réactions des Etats membres. Si dans un
1er temps les EM du Sud de l’Europe et de l’Est laissent leur frontières ouvertes « route des Balkans », cette route va être au cours de l’été 2015 être fermée et à l’automne
2015 un certain nbre d’EM vont rétablir le ctrl aux frontières intérieures (cad à l’intérieur de l’espace Schengen). On a donc parlé de crise de Schengen et une crise des
institutions euro qui ne sont pas capable de mettre en place des mécanismes de coopération pour faire face à ces arrivées.

I) LA REACTION DE L’UE A LA CRISE : SOLIDARITE OU DELEGATION ?

A) LA RELOCALISATION

1) Le principe de fonctionnement

Dès mai 2015, la commission euro fait une prop de mettre en place cette relocalisation avec pour pcp l’idée qu’on va trier les migrants dès qu’ils arrivent sur le territoire
euro, sélectionné les demandeurs d’asile et se les repartir entre les EM. Les EM sont plutôt d’accord sur le pcp = soutenir les Etats de 1ère frontières dans le tri des
migrants mais c’est plus chaud par rapport aux critères de répartition des ddeurs d’asile entre les EM. Plrs critères sont evoqués : le PIB, la population, le taux de
chômage… Mais une très forte opposition de la part des EM de se voir imposer des quotas. Dans la procédure de relocalisation : seule les syriens et les érythréens peuvent
être relocalisés.

2) Le bilan

En septembre 2015 est adopté par le Conseil, une répartition sur base volontaire des demandeurs d’asile = 23 EM s’engagent à accueillir 160 000 demandeurs d’asile sur 2
ans. C’est un nbre inférieur au nombre de demandeurs d’asile qui se trouvait déjà alors en Grèce. 1 an après la mise en place de la relocalisation moins de 6 000
demandeurs d’asile avait été transférés depuis la Grèce vers l’Italie. Le 31 mai 2018, selon la Commission euro = 34 689 demandeurs d’asile avait été relocalisés mais
l’objectif était 160 000, en sachant que cette relocalisation s’est faite de manière disproportionnée entre les EM, certains n’ont même pas acceptés des demandeurs. Il est
difficile de voir la mise en œuvre de ces engagements.

B) L’APPROCHE « HOTSPOT »

1) Le principe de fonctionnement

Ce que propose la Commission en sept 2015 c’est un tri aux frontières extérieures : approche hotspot --> mise en place en Italie et en Grèce. Idée c’est que les EM de 1ère
frontières vont recevoir un soutien de l’UE pour gérer l’afflux de migrants = ce soutien va être formuler grâce à FRONTEX, EUROPOL, EUROJUST et EASO et un soutien
opérationnel sur l’enregistrement, la prise d’empreinte, l’identification, le recueil de témoignages et un soutien en matière d’expulsion. Cette approche est présentée
comme un lieu de tri mais aussi un pt d’accès au droit : c’est là que les réfugiés vont pouvoir faire valoir leurs droits.
Pour FRONTEX son rôle est de fournir des experts en filtrage c’est a dire FRONTEX va envoyer des membres de gardes-frontières nationaux pour pvr identifier et
enregistrer les migrants dans la base de données EURODAC (=base de données créée pour le fonctionnement de la convention de Dublin). Aide aussi pour l’expulsion. Ils
ont envoyés 473 personnes en Grèce et 87 en Italie.

Pour EASO = membres vont apporter un appui à l’enregistrement des personnes identifiées comme demandeurs d’asile aide à la formulation et dépôt de la demande
d’asile. Envoie 230 personnes en Grèce et 11 en Italie.

Pour EUROPOL et EUROJUST = lutte contre le trafic de migrants = collecte d’infos avec pour objectif de démanteler des réseaux de passeurs et de trafiquants de migrants.

2) En Italie : la priorité à l’identification

Le 1er hotspot crée à Lampedusa en 2015. Puis après création de 4 autres dans des ports italiens en avril 2016 = il rpz une capacité de 1 600 places. La priorité est à
l’identification et dans ce contexte la question des demandes d’asile n’est pas une priorité. Le fait que quand les personnes arrivent dans les hotspots en Italie ils doivent
remplir un questionnaire et doivent expliquer les raisons pour lesquels ils se sont rendus en Europe. Ils ont le choix entre : pauvreté, regroupement familial, travail ou
autres raisons. Tout est fait pour que ce tri a pour conséquences de classer le plus grand nombre de personnes dans la catégorie migrant économique.

En ce qui concerne l’identification, c’est le souci des autorités italiennes et euro = identification et enregistrement des personnes arrivant en Italie irrégulièrement. Ces
hotspots on été créé dans des lieux où il y avait des capacités d’accueil. Ces lieux ne correspondes pas forcément aux endroits où les personnes débarquent. La proportion
des migrants débarquant dans les lieux de hotspots est de 30%. Les autorités italiennes vont donc créer des hotspot flottant = commence la procédure d’identification des
migrants à bord des navires qui ont interceptés les migrants. Idée que personne ne puisse échapper à ce processus d’identification.

Les témoignage recueillis par Amnesty International montrent qu’il y a eu recours à la menace, torture pour obliger les migrants à donner leur empreinte digitale. Un
rapport de la Commission euro remis en décembre 2015 demande à l’Italie de « créer un cadre légal plus solide pour réaliser les activités dans les hotspots et pour
permettre l’utilisation de la force pour prélever les empreintes ».

S’ils sont reconnus comme des migrants économiques = si les autorités italiennes considèrent que ces personnes peuvent être expulsées elles seront placés en détention
avant de l’être.

Pour ces personnes la différence avant et après 2015 c’est qu’elles ont leurs empreintes enregistrées dans la base de données EURODAC.

3) En Grèce : l’enfermement et la prise en main de l’asile par l’UE

En Grèce, à partir de septembre 2015 les hotspots sont créés : le 1er sur l’île de Lesbos. Ces hotspots sont présentés comme des lieux d’accueil et d’enregistrement des
migrants. En juin 2016, il y avait 7 450 places et ce nbre de places est en décalage total avec le nbre de personnes qui arrivent et qui sont déjà présentes sur place.

Intervention de l’EASO = elle prend les décisions en Grèce car les autorités grecques vont suivre les ordres de EASO sans poser de questions. A la fois, l’entretien, la
décision sur l’admissibilité va être fait par qlq1 de l’agence. Les autorités grecques ne vont faire qu’enregistrer les décisions prises par le personnel de l’agence. L’admin
grecque en charge des demandeurs d’asiles est en difficulté.

Signature en mars 2016 d’un accord avec la Turquie = déclaration UE/Turquie destinée à mettre fin à l’immigration irrégulière de la Turquie vers l’UE. L’accord pévoit
que aucun migrant qui débarquent après le 20 mars 2016 ne pourra déposer une demande d’asile. La Turquie s’engage à accepter le retour de tt ceux qui ne sont pas des
demandeurs d’asile. Le principe 1 pour 1 = pour chaque syrien renvoyé en Turquie au départ des îles grecques sera réinstallé un syrien demandeurs d’asile en Europe
externalisation de l’asile en Turquie c’est le HCR qui a la charge de l’examen des demandeurs d’asile = si HCR reconnait le statut de demandeur d’asile à qlq1 cette
personne sera renvoyé vers un pays qui peut le prendre comme demandeurs d’asile. Cet accord à un effet décisif sur le nbre d’arrivée en Grèce. L’effet aussi a été de
bloquer les migrants sur les îles grecques.

En juillet 2016, il y a une tentative de coup d’état en Turquie et elle décide de geler l’accord avec l’UE et donc il y aura peu d’expulsion de la Grèce vers la Turquie.
Aujourd'hui il y a environ 13 000 personnes bloquées dans les îles grecques.
Les conditions de détention de ces hotspots sont souvent dénoncés et notamment car aucune réglementation euro ne régit le statut de ces centres. L’absence de statut
officiel de ces lieux d’enfermement a pour csq que cette détention peut être illimitée. Il n’y a pas non plus de normes sur l’hygiène que doit fournir l’Etat.
CONCLUSION I :

Est-ce qu’on est face à une crise de l’UE ? On peut s’interroger sur les politiques qui préexistaient et celles qui ont pour objectif la répartition des
demandeurs d’asile dans les EM. Pourtant le système de relocalisation est un système alternatif de distribution de demandeurs d’asile entre les EM. Mais
les EM ont jugés que dans une situation de crise il fallait suspendre la réglementation du Règlement de Dublin et fixer de nvlles règles de répartition des
demandeurs d’asile sur le territoire euro. Le règlement de Dublin n’est pas adapté car les renvois de Dublin vers la Grèce sont suspendus + l’Italie et le
Grèce sont réticentes à enregistrer les empreintes digitales des personnes qui rentraient irrégulièrement sur leur territoire. C’est la mise en place des
hotspots qui veut permettre l’enregistrement systématique dans EURODAC des personnes qui franchissent illégalement la frontière euro.

L’idée que EURODAC et Dublin va permettre une meilleure répartition des demandeurs d’asile sur le territoire euro va continuer avec les hotspots. La
suspension des transferts Dublin/Grèce va poser des questions et donc depuis mars 2017 les transferts ont repris. La relocalisation n’a fonctionné qu’un
temps et on revient à des outils des 90’s et notamment la convention de Dublin et la répartition des demandeurs d’asile selon l’endroit où ils sont entrés
sur le territoire euro. L’intervention de FRONTEX et EASO montre un renforcement des institutions euro. On a assisté au renforcement des institutions
euro et à une pression plus importante qui s’est exercée sur les pays de 1ère frontières. C’est plutôt une crise de la solidarité entre les EM car à chaque
fois qu’on demande une répartition volontaire des demandeurs d’asile entre les EM cela ne fonctionne pas.

II) LA SPECIFICITE DES CONTROLES AUX FRONTIERES MARITIMES

A) LE SPECTACLE DE LA FRONTIERE : LA CONSTRUCTION DE L’URGENCE

L’urgence, la crise est un mode de gestion de la frontière. C’est un mode qui s’est imposé aux frontières extérieures de l’UE.

1) L’EXEMPLE DE LAMPEDUSA EN ITALIE

Lampedusa est devenue l’emblème de la frontière extérieure de l’UE. Qu’est-ce qui explique qu’elle le soit devenue ? Son emplacement géographique tout
d’abord mais pas seulement car les frontières n’ont pas uniquement une dimension géographique mais également une dimension sociale et historique.

Dans les 90’s le système des patrouilles en mer n’est pas dev et il n’existe aucune structure d’accueil pour les migrants sur l’île. Donc les personnes qui
tente de rejoindre l’UE par la mer, n’arrivent pas eux-mêmes sur Lempedusa et cherche refuge là où ils peuvent. Après ils prennent le ferry pour la Sicile.
En 1995, il y a eu 1 227 enregistrées, en 1996 on passe à 2 778 personnes et c’est cette date qu’on ouvre le 1er centre d’accueil sur Lempedusa. Ce centre
va progressivement s’institutionnaliser avec l’introduction dans la loi italienne de dispositions sur la détention d’étrangers. Ces lois vont s’inscrirent
dans le phénomène européen de l’institutionnalisation de cet instrument de pol° publique. Ce centre a une capacité max de 186 places et c’est parce que
ce centre existe que l’île de Lempedusa va être utilisé comme le lieu de concentration de ttes personnes interceptées en mer. Pour les autorités c’est bcp
plus simple d’avoir cette population sur une seule île et c’est la seule qui dispose d’un centre d’accueil. Les services de sécurité qui font les interceptions
vont se concentrer à Lempedusa.

En décembre 2003, l’Italie passe un accord avec la Tunisie et il est prévu que les autorités tunisiennes contrôle les départs dans les mers tunisiennes. Ca
a un effet important sur le nbre de départ et les personnes vont se déplacer en Lybie pour tenter la traversée et Lempedusa est sur le chemin de la
traversée entre la Lybie et la Sicile.

Ça va avoir un impact sur la composition de la population de cette île : l’activité principale de l’île va devenir la frontière alors qu’avant c’était le
tourisme et la pêche. Le fait qu’il y ait plus de personnes détenues impliquent qu’il y a plus de personnes qui travaillent dans le centre de détention, plus
d’ONG, de médecins….

C’est ce qu’on appelle « le spectacle de la frontière » avec de nombreux protagonistes : ceux qui font de cette île une île frontière.
Lempedusa en raison de la création de ce centre en 1996, les autorités décident de concentrer ttes leurs activités liées à la frontières sur cette île.
Lempedusa devient un lieu pratique et symbolique du contrôle frontalier pour tte une série d’acteurs.

Le gouvernement italien joue sur les transferts qui vont être effectués entre l’île et le continent pour rendre plus ou moins visible cette frontière et
rendre urgente ou en crise la situation frontalière. Le gvt italien va adopté des stratégies différentes et notamment en 2008, quand Berlusconi est au pvr
et que les arrivées commencent à augmenter, il annonce qu’il arrête le transfert vers le continent. Il y a donc une accumulation de migrants sur l’île donc
surpopulation et mécontentement des habitants de l’île. A la même époque, Berlusconi essaye de faire peser les négociations en raison de la crise.

En 2011 suite à la chute du président tunisien, bcp tentent de rejoindre l’Europe et donc il y a de nbreuses arrivées à Lempedusa et Berlusconi refuse de
rouvrir le centre de rétention qui avait été fermé et surtout il décide de faire des transferts vers le continent très ralenti. Il y a tt de suite une
surpopulation et Berlusconi cherche à attirer l’attention des autres EM pour négocier un soutien de la part e l’UE dans la gestion de la frontière extérieure.
La mise en scène de l’urgence et la crise avait pour objectif de faire pression sur les autres EM pour obtenir du soutien et des moyens.

2) En Grèce : une gestion sous le signe de l’urgence depuis les années 2000

Jusqu’au début des 90’s la Grèce est un pays d’émigration : plus de personnes qui partent plutôt qui arrivent = avec l’arrivée des Albanais ce pays devient
un pays d’immigration. Face à cette arrivée, dès 1991 on adopte une loi qui permet d’expulser directement les étrangers en situation irrégulière. La
manière pour les autorités grecques de gérer l’immigration est d’expulser pdt ttes les 90’s. Dans les années 2000 il y a une transformation de l’origine
des migrants qui arrivent en Grèce = pour la plupart ce sont des ressortissants des pays du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Asie. Face à ça les autorités
grecques ne peuvent plus utiliser les instruments qu’elle utilisait avant = pas d’accord de réadmission.

Il y a une nvlle série de loi : institue la détention des étrangers en situation irrégulière comme le principe mode de gestion du contrôle frontalier.

En 2001, adoption d’une loi qui punit de prison l’entrée illégale sur le territoire. Tt au long des années 2000 la gestion du contrôle frontalier repose sur
ces modes de gestion adoptés en temps de crise. Il y a une installation dans la gestion de crise.

CONCLUSION A :

L’urgence est une caractéristique essentielle du contrôle de la frontière. On peut imaginer que l’augmentation du nbre de syriens qui arrivent en Europe
n’est pas une surprise pour les autorités euro car il y avait déjà eu énormément de déplacement de population avant 2015. En 2013, 1M de syriens
avaient quittés leur pays et en 2014 c’est 3M. Ces personnes étaient accueillis dans des pays frontaliers ou dans des camps gérés par le HCR. Il est
difficile d’imaginer que personne au sein des institutions euro ou nationales n’aurait pu prédire qu’en 2015 bcp de personnes allaient arrivés. C’est
uniquement quand la situation est devenue intenable qu’il y a eu une réaction des autorités euro .

B) L’ARTICULATION ENTRE DIMENSION SECURITAIRE ET HUMANITAIRE

2 manières d’appréhender les questions migratoires = ces 2 dimensions sont complémentaires, connectées. La question de sauver des vies est liée à la sécurité.

1) LES OPERATIONS DE CONTROLE ET DE SAUVETAGE

Une des modalités du discours humanitaire sur l’immigration = les contrôles sont mis en place à la frontière afin d’éviter les morts aux frontières. Il faut
protéger les migrants de leur propre volonté de tenter la traversée = manière de rendre les migrants irresponsables.

Opération Mare Nostrum = mise en place par la marine italienne en réaction à 2 naufrages en octobre 2013 au large de Lempedusa qui entraine 300 morts.
Ils vont patrouiller dans les eaux territoriales italiennes mais également dans les eaux internationales. Cette opération permet de sauver des vies et de
contrôler les frontières. La communication des autorités italiennes sur l’aspect humanitaire de cette opération et qu’elle intervient dans les eaux
internationales et que donc ça augmentent les chances de sauver des gens. Cette dimension de sauvetage n’est pas nouvelle = c’est une obligation du
droit international et plus spécifiquement pour le ctrl frontalier en mer il y a le pcp de non refoulement (=Conv de Genève de 1951 et dans Protocole de
New-York). Les opé de ctrl frontaliers ne peuvent pas mener à ramener directmeent les personnes interceptées sur les côtes africaines. Les autorités euro
sont tenues d’examiner les potentielles dde d’asile des personnes qu’elles interceptent avant de les expulser.

La dimension de ctrl est aussi importante que la dimension humanitaire. Ces 2 dimensions sont présentes et se nourrissent d’une autre puisqu’il y a
l’idée qu’il y a une protection pour aller sauver des vies mais l’objectif principal est de garantir un ctrl frontalier

Opération TRITON prend le relais de l’opé Mare Nostrum et est dirigée par FRONTEX et agit que dans les eaux territoriales italiennes. A partir de mai 2015
les ressources disponibles pour FRONTEX sont triplées.

2) LA LUTTE CONTRE LES PASSEURS

Opération EUNAVFOR Med = opération militaire qui vise à lutter contre le trafic d’être humain en méditerannée. La décision est prise le 23 avril 2015 par
le Conseil et l’opé commence le 22 juin 2015. Le mandat de cette opé est de mettre fin au modèle éco des trafiquants en méditerannée centrale en
identifiant, en capturant et en détruisant les embarcations qui sont utilisées par les trafiquants. Le budget est de 11M d’euros et c’est prévu pour 1 an
mais après prolongé jusqu’à décembre 2018. Les EM participent à leur frais en plus du budget et la zone d’intervention est plus grande car les forces de
sécurités peuvent intervenir aussi dans les eaux territoriales lybiennes, italiennes et internationales. Elle a été définit grâce à une autre opération mise en
place par l’UE au large de la Somalie pour lutter contre la piraterie. C’est la même idée derrière. On prend les mêmes acteurs et on prend le même
principe : l’immigration est organisée par des réseaux de criminels, il faut détruire leur modèle économique donc on détruit leurs embarcations.

En sept 2015, cette opération EUNAVFOR Med devient l’opération SOPHIA.

En nov 2017, 119 passeurs avaient été arrêtés et remis à la justice italienne. Dans cette opération les dimensions sécuritaires et humanitaires sont
entrelacés car la lutte contre les passeurs permet de s’attaquer aux criminels mais également sauver les personnes à la merci de ces réseaux. Idée que les
migrants sont les victimes de ces réseaux de passeurs = manière de minoriser les migrants et les voir qu’à travers ce prisme de la victime. Ils subissent la
migration car ils sont victimes de trafic.

La frontière humanitaire est aussi une frontière où il y a une disproportion, une relation asymétrique entre des personnes sans défense et sur lesquels les
institutions étatiques ont un pvr de vie et de mort.

CONCLUSION SEANCE 9 :

C’est une crise de la solidarité entre les EM : tout les mécanismes mis en place et qui repose sur une répartition volontaire des demandeurs d’asile
entre les EM fonctionnent mal. Mais les institutions euro ont été renforcés ainsi que leur rôle. L’enregistrement systématique des empreintes digitales des
personnes qui arrivent par la frontière maritime renforce des mécanismes anciens et notamment le règlement de Dublin. Les institutions euro sont
renforcées et ce sont les Etats de 1ère frontières auxquels ont a délégué la gestion de cette crise. Les notions sécurité et humanitaire qui peuvent
paraitres opposés sont finalement les 2 phases de la gestion des frontières extérieures de l’UE. Le ctrl aux frontières maritimes est marqué par ces
notions.
SEANCE 10 : 23 NOVEMBRE 2018 — LA DIMENSION EXTERIEURE DES POLITIQUES DE SECURITE EUROPEENNES

Avec le traité de Maastricht, en 1992, les membres de l’UE ont commencé à envisager la possibilité d'une "politique extérieure et de sécurité commune". Certes, ils
n'avaient pas la naïveté de penser que la PESC allait être mise en œuvre aussitôt, et cela d'autant moins que certaines avancées ont coïncidé avec la désintégration de l'ex-
Yougoslavie. Le désaccord général qui s'en est suivi, non seulement entre Yougoslaves, mais entre Européens membres ou non de l'Union européenne, membres ou non de
l'OTAN, proches ou non des Américains ou des Russes, a été considéré comme une démonstration de l'incapacité des Européens, injustement car ils n'étaient pour rien
dans la façon dont la Yougoslavie avait vécu depuis 1945.

L'opinion a gardé la mémoire d'une sorte d'affirmation un peu prétentieuse de l'Union européenne de l'époque, de sa capacité à avoir une politique étrangère commune et,
en même temps, d'une incapacité immédiatement démontrée de la politique étrangère européenne en formation.

Après une longue période sans avancées spéciales, mais avec des désaccords grandissants entre les positions françaises et britanniques

 (pour ces derniers ; l'Union européenne n'a pas à avoir de compétence en matière de défense et de sécurité, l'OTAN devant jouer ce rôle ; alors que les Français
continuent à parler d'un Europe de la défense capable de se construire en dehors de l'OTAN),

on aboutit en 1998 au compromis de Saint-Malo, les Britanniques reconnaissant que l'Union européenne a vocation à développer une certaine capacité en matière de
défense, dès lors que cela se passe dans le parapluie général de l'Alliance atlantique et sans faire double emploi, et les Français reconnaissant qu'on ne peut pas agir hors
de l'OTAN.

I/ LES DEUX ASPECTS DE LA DIMENSION EXTERNE DES QUESTIONS D’IMMIGRATION

Au niveau euro, il y a deux types de mesures encouragées :

- L’externalisation d’outils traditionnel du contrôle migratoire : renforcement des contrôles aux frontières extérieures ,lutte contre les réseaux de passeurs et
négociations d’accord de réadmission en vue de facilité les expulsions.
- Les mesures préventives : agir sur les facteurs qui influence les décisions d’immigrés, les causes d’immigration.

A/ L’externalisation

En matière d’externalisation, deux types d’instruments :

- L’exportation d’instrument de contrôle vers les pays d’origine et de transit des migrants : Toutes les mesures qui visent a mettre en place un contrôle a distance
des frontières : le plus éloigné possible du territoire euro (adoption de visa, les sanctions transporteurs, l’envoie d’officiers de liaison). Cependant ces mesures
peuvent être plus large car peuvent permettre de renforcer les capacité administratives de contrôles frontaliers des pays de départ et de transit.

- Instruments qui permettent de facilité les expulsions: d’une part des étranges en situation irrégulières (accord de réadmission) et puis des instruments qui
facilitent les expulsions des demandeur d’asile avec l’adoption de l’Etat tiers sur qui permet a un EM de ne pas examiner une demande d’asile et de renvoyer le
demandeur dans un pays tiers qui est considéré comme sur et n’as lequel le demandeur pourra demander une protection internationale.

B/ Les approches préventives

1/ Le lien entre immigration et dvlpt

Depuis les années 60 , en France, la question du lien a été travaillé au sein de l’administration et notamment dans une perspective coloniale et post colonial avec l’idée que
le dvlpt des pays de migrants pourrait constitué un frein a l’immigration puisque l’idée est que l’immigration serait du a un retard de dvlpt de ces états.

Autre type de politiques ont été adopté au niveau internationale ou national, les politiques de lutte contre la fuite des cerveau idée que la persistance du sous dvlpt de ces
états d’origine est perdu comme la conséquence d’un type précis de migration donc la fuite des cerveaux.
Autre type, les remises, transfert d’argent ou encore les transferts de compétence des migrants vers leurs pays d’origine qui sont considéré comme source potentiel de
dvlpt.

Tournant dans les années 90, avec l’importance du corolle migratoire des EM et de l’union, ce lien va prendre une nouvelle dimension puisqu’il va s’agir de promouvoir
des projets de dvlpt en lien avec l’immigration et l’objectif de limiter l’immigration et plus précisément c’est l’introduction d’un conditionnalité pour l’aide au dvlpt :
l’aide au dvlpt sera une contrepartie dans les négociations pour des accords de maitrise des flux migratoires.

2/ La protection dans les régions d’origine des réfugiés

Ce type de mesure concerne les réfugiés et donc autre source de migrations : personnes en recherche de protection internationale en fuite de conflit.

Idée est d’adopter des mesures de protection mais pas dans les EM mais dans les régions d’origine des réfugiés.

Plusieurs facteurs qui expliquent qui été promu au niveau euro : les états membres constatent les effets négatifs du renforcement du contrôle aux frontières notamment le
retour croissant aux passeurs et le fait que les routes vers l’UE deviennent de plus en plus dangereuses. Les pays nordiques et les Pays bas ont promu ce type de solution
préventive a l’immigration.

C’est la fin de la guerre froide qui a joué un rôle puisqu’on est passé d’une vision où les Etats ne faisaient qu’accueillir les demandeurs a une vison ou les états qui
agissent directement sur les lieux du conflit et donc c’est tout le dvlpt des initiales multilatérales en lien avec la gestion post conflit ou de prévention des conflits ou
toutes les opérations de maintien de la paix.

=> Toutes ces opérations impliquent les OI notamment le HCR.

II/ LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL FAVORISE L’ADOPTION DE MESURES D’EXTERNALISATION

A/ Dans les années 90

Des le début des années 90, les institutions euro ont tenté de promouvoir cet aspect extérieurs. La commission publie en 1991 une communication et qui promu les
question de l’immigration dans le cadre de la politique extérieur de la CEE.

En 1992, le conseil adopte une décision dans le même sens lors d’Edimbourg.

Par exemple en décembre 1998, lors du conseil de Vienne, plan d’action qui est adopté avec deux objectifs : évaluer la situation des pays d’origine et le dvlpt de
campagnes d’information dans les pays de transit pour décourager l’immigration.

Les acteurs du domaine des affaires extérieures et du dvlpt au niveau des instituions euro sont assez réticents introduire des objectifs en matière de contrôle des flux
dans leurs activités.

Cette opposition s’appuie sur 3 types de crainte :

 Ces acteurs craignent que si on adopte des mesures en flux migratoires, on se concentre que sur certaines régions (origine des migrants) mais qui ne
correspondent pas forcement aux objectifs de la CEE.
 Ils craignent qu’on cible un certain type de personne susceptible d’immigré mais qui ne sont pas forcement les plus vulnérables et donc craignent qu’on remette
en question des politique de dvlpt car de nombreuses études montre que le dvlpt a des effets d’immigration car ce dvlpt entraine une restructuration de
l’économie qui augmente l’immigration.
 Acteurs qui sont dans des relations diplomatiques avec des états tiers et donc pensent qu’ils font avoir des conséquences négatives sur leurs relations.

Pendant toute cette décennie il y a des intentions formulés au sein du 3e piliers alors que ces questions de dvlpt et relations extérieures sont dans le 1er et 2e piliers.

B/ Apres le conseil de Tempéré


1/ Des transformations institutionnelles

Les conclusions de ce conseil sont plus claires en la matière car elles reconnaissent la nécessité de recourir aux instruments de la sécurité commune (PESC) pour les
objectifs de justice et d’affaires intérieures (JAI).

=> Désormais la politique de la JAI fait partie des objectifs de la PESC.

Dans cette perspective d’élargissement le dvlpt de la coopération policière et judiciaire en matière de contrôle aux frontières et de flux migratoires va se concentrer avec
les futurs EM qui vont devoir se conformer aux acquis euro en la matière.

La même années 1999, traité Amsterdam avec le passage du 3e piliers au 1e piliers des questions. L’entrée en vigueur de se traité correspond a la création d’une direction
générale justice et affaire intérieur au sein de la commission européenne. A la commission et la JAI obtiennent plus de compétences et le premier pilier c’est également là
où sont décidés les politiques de dvlpt.

Ces transformations vont permettre aux états de mieux se positionner notamment en 2002 avec le conseil de FRIRA ,le renforcement de la coopération dans le domaine JAI
est affirmé comme un objectif majeur et donc cela ne toujours pas que les questions d’immigrations car touche aussi le blanchiment d’argent, CO, la lutte contre les stups.

Conseil de Séville en 2002 où il est décidé que chaque futur accord d’association et de coopération devra inclure une clause sur la gestion conjointe des flux migratoire et
la réadmission obligatoire en cas d’immigration illégale.

2/ Le conflit entre les directions générales de la commission

Suite a l’opposition des acteurs du dvlpt et des affaires extérieurs a l’introduction d’objectifs de maitrise des flux.

Au niveau de la commission, les acteurs qui vont s’intéresser de dimension extérieurs de la sécurité intérieur et de l’immigration sont des fonctionnaires qui relèvent de la
direction de la justice et affaire intérieur (DGJAI), il y a peu de coopération avec le s fonctionnaires en charge des affaires extérieures et de dvlpt. La vision de ces
fonctionnaire de la DGJAI est très censé sur le contrôle et puis ce sont des personnes issues des ministres de l’intérieur et de la justice Ave peu de connaissance sur les
relations diplomatiques d’on les tensions avec la commission et les pays tiers.

Ces conflits vont avoir pour conséquence que les mesures adoptés seront des mesures d’externalisation et non pas des mesures préventives parce que les fonctionnaires
d’affaires extérieures et de dvlpt n’ont pas envie de dvlpt des mesures préventives.

Evolution dans les années 2000 et ces fonctionnaires vont se saisir de ces questions dans leurs intérêt s et pour porter un positionnement qui insiste sur des mesures de
dvlpt qui ne sont pas uniquement tourné vers le contrôle et qui nécessite de prendre en compte le point de vue des pays tiers et donc adopter des mesures un peu plus
souple.

Ex: en 2002 jusqu’a 2004 plan d’action mené au Maroc et prévoyait une dépense pour fixer la population en créant de l’emploi dans des régions sources d’immigration =>
mesure préventive.

3/ Des difficultés pour l’adoption de mesure d’externalisation

Pour les fonctionnaires de la JAI la difficulté est le manque d’intérêt pour les états tiers de signer des accords de réadmission et renforcement de leur contrôle frontalier.
En matière de JAI il y a assez peu de levier.

Les raisons :

Principalement ce sont les fonctionnaire de la JAI qui négocient et donc ces fonctionnaires ne sont pas compétent dans les matières qui pourraient intéresser les Etats tiers

=> ex: en matière d’accès au marché du travail des EM ou de migrations régulières car cela relève de la politique des EM et non pas de l’UE.
De plus, les états membres ont dvlpé ces politiques d’externalisation de façon bilatérale sans passé par les instituions euro et don il existe de nombreux accord bilatéraux
informels ou technique entre les ministres nationaux et les Etats tiers.

=> Les EM ne poussent pas vraiment dans les activités des institutions.

C/ Les trois pistes de l’externalisation

1/ Les accords de réadmission

Grace au dvlpt spécifiquement dédiés a cette logique d’externalisation et de procédure de réadmission avec des instruments financiers dédiés a ces activités.

Notamment en 2001, ligne budget spécifiquement dédié a ces question de négociations de ces outils d’externalisation.

Ensuite programme “AENEAS” en 2004 pour 2 ans avec 250 millions d’euros et ce programme va servir aux fonctionnaires de la DGJAI a fournir en échange d’accord avec
les pays tiers, un soutient a ces pays tiers pour améliorer la gestion des flux migratoires.

2007 a 2013, il devient “le programme émigration et asile”. Ces programmes sont coordonnés conjointement entre la DGJAI et la DG relations extérieures de la
commission.

A partir de 2007 on va créer des fonds spécifiques aux affaires extérieures avec le programme SOLID qui va se décomposé en plusieurs types de fond : un pour les
frotneiçes extérieures, un pour le retour,, un pour les réfugiés et un pour la réintégration des ressortissant d’un état tiers. Ce programme de 2007 a 2013 on lui affecte 4
milliards d’euro, uniquement a la JAI mais ce sont des dépenses qui doivent être validées par les EM.

=> La DGJAI gagne en autonomie

=> La conditionnalité ne concerne pas les politique de dvlpt mais cette conditionnalité concerne des financement du contrôle migratoire lui même.

Autre type de levier : les compromis plus flexible “les partenariats pour la mobilité” proposé par la commission à partir de 2007 en réaction aux blocages des
négociations des accords de réadmission.

Particularité : ces partenariats sont sur base volontaire des EM, ils ne sont pas contraignants et leur permettent d’obtenir des financements de l’UE pour de la coopération
avec des Etats tiers en matière de contrôle migratoire.

Pour la commission cela permet d’introduire des mesures en matière d’ouverture de marché du travail des EM ce qui n’était pas possible de faire en matière
communautaire car là on est dans un mode intergouvernementale.

=> Donc la commission peut offrir aux états tiers des mesures sur lesquelles elle n’est pas compétente. Pour les pays tiers cela n’est pas une contrainte car cela est assez
flexible.

2/ Transfert de politique publique dans le cadre de la PEV

La PEV = politique euro de voisinage lancée en 2003 visant a favoriser la stabilité, sécurité, prospérité dans les pays les plus proches de l’UE. 16 états impliquées : Algérie,
Arménie, Azerbaijan, belarus, Egypte, Georgie, Israel, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Ukraine.

Ce sont des relations bilatérales entre l’UE et les Etats tiers, pas de négociations de régions a régions.

Va se dvlper des réseaux entre des fonctionnaires des ministères de la justice qui vont intervenir dans ces états qui vont participer a la PEV avec le soutient de la
commission.

CE sont des politiques qui prévoient de la coopération opérationnelles entre acteurs de la sécurité en matière de contrôle d’immigration et contrôle aux frontières et des
jumelages entre les EM et états tiers.
Au niveau pratique : la PEV va être gérée via des plans d’actions par pays qui vont devoir le principal cadre des relations entre l’UE et ces Etats.

La procédure :la commission rédige un rapport sur les dimension large économique sociale et sécurité, identifie un programme de travail et un plan d’action; ce plan
d’action est négocié avec le pays tiers et le conseil et puis les fonctionnaire de la PESC. Ensuite ces plans sont envoyés au parlement.

=> ex : le premier plan conclue est avec le Maroc en 2003, ce plan prévoyait des mesures conjointes de contrôle aux frontières, formation des fonctionnaires en charge de
l’immigration et en plus de ce soutien, un soutien pour l’adoption de reforme législatives et institutionnelles.

3/ L’européanisation des organisations internationales

Deux OI : HCR et OIM. Ces OI vont impliqué dans ces politiques d’externalisation et vont être impliqué de deux manières différentes :

- Consiste a réorganiser les activités pour qu’elles constituent un complément aux activités dvlpés dans le cadre de l’UE;
- Elles vont agir comme des sous traitant de fait des politiques migratoires de l’UE.

Pour la première stratégie :

 HCR:

Par exemple, le HCR va jusqu’au traité d’Amsterdam va avoir des activités assez informelles concernant les question d’asile au niveau euro; l’influence de HCR qui va sur
une défense des demandes d’asile est relativement limité mais autres domaines où il a essayer de jouer un rôle de contre poids notamment dans le processus d’adhésion
des pays d’Europe centrale et de l’Est car il est eu un rôle centrale pour mettre en place le système d’asile dans ces pays.

Finalement l’intervention du HCR même si elle se faisait al a image des activités de l’union euro a contribuer a l’objectif qui était de faire de ces pays futur EM non plus
des pays de transit mais des pays de destination.

Le HCR va vraiment participer aux mesures préventives pour assurer la protection internationale des demandeurs d’asile dans leur pays d’origine avec la signature de la
convention PLUS en 2003 entre le HCR et la commission qui vise a promouvoir la réinstallation auprès des EM.

La réinstallation : procédure selon laquelle les demandeurs d’asile vont demande l’asile auprès du HCR et s’ils obtiennent ce statut, ils vont être réinstaller dans un états
occidentaux et plus marginalement en Europe.

 OIM:

Pour l’OMI, mis en place en 1951 et cette structure avait pour but d’assurer un suivit humanitaire et logistique des migrants et depuis 1989 que l’OIM a élargit ses
compétences et pendant très longtemps l’OIM n’était pas une organisation qui dépendait de l’ONU c’est seulement depuis 2016.

Depuis 1989 et au cours des années 2000 que cette OI a connu une croissance importante : budget en 1998 218 millions de Dollars et en 2005 1 millards. En 1998 1100
personnes qui y travaillent, en 2005, 5000. EN 98 elle intervenait dans 118 pays, en 2005 c’est 280.

Le type d’activité qu’elle va dvlper c’st en s’appuyant sur de l’aide directe données par les Etats pour organiser le retour volontaire des migrants, pour organiser des
campagnes d’information dans les pays d’origine; mettre en place de programme d’urgence dans des situations post conflit. Elle est a l’origine de la promotion de
dialogue politiques entre l’Europe et l’Afrique sur les questions d’immigration.

La seconde stratégie :

Ce sont des activités financier directement par le budget communautaire et vont faire de ces OI des sous traitant dans al mise en oeuvre des politiques européennes.

Ex: intervention du HCR au moment du processus d’adhésion, en fait cette intervention a également été réalisée dans le cadre d’un financement euro “PHARE”.

De manière générale OIM et HCR vont être les organisations qui vont recevoir la moitié des financement, a elle deux, en matière de JAIL. La moitié des projets sont mis en
place par ces deux OI.
Le mode de fonctionnement :

 l’OIM, 95% de son budget est affecté a des projets précis. Cela est important car quand on finance un structure : soit on la finance et elle choisi ses activité ou bien
le financement est affecté a l’accomplissement d’un certain projet (moins d’autonomie dans la définition de ces projets). L’OIM ne sert qu’a effectuer des activités
commandées par les Etats.

 Plus un état contribue, plus il aurait une influence sur cette OI. En 2004 la commission était le 3e grands donneurs du HCR qui fonctionne pareil.

L’implication de ces OI pour l’UE a plusieurs avantages puisque de cette manière on peut profiter de l’expertise des réseaux et des procédures des OI et par ailleurs se sont
des organisations internationale donc une plus grande neutralité.

III/ DES POLITIQUES QUI RECONFIGURENT LES TERRITOIRES

A/ LA DEFINITION DU VOISIN

1/ La création de zones tampon

Idée de montrer que cette dimension extérieure porte une représentation des relations entre l’UE et son voisinage et ce depuis les années 90.

En 1998, la présidence autrichienne a remis un document stratégique sur cette dimension extérieure de la sécurité et dans cette note elle donne une vision des choses, des
relations avec le voisinage qui va marquer le dvlpt de cette dimension extérieur de cette politique de sécurité. Notamment ce que propose cette présidence : définir trois
zones tampons autour de la zone Schengen qui concerne les états qui vont entrer dans l’UE. Donc les système de contrôles frontaliers doivent être améliorés, état qui ne
sont pas forcement producteur d’immigration mais vont devoir accepter une part de responsabilité sur le contrôle et l’asile.

Le 2e cercle concerne les entres voisin mais qui n’ont pas vocation a entrer dans l’UE; ils doivent se concentrer sur les questions de contrôles frontaliers et de lutte contre
les passeurs

3e cercle : Afrique, moyen orient, Chine où il s’agit de lutter contre les causes de l’immigration, stabilisé les population et accepter les expulsions en signant les accords
de réadmission.

Cette représentation des voisins de l’UE va marquer l’ensemble des acteurs et marquer une influence sur eux, une influence différenciée selon les cercles.

2/ La politique européenne de voisinage

Base juridique :

 Article 8 du traité sur l’Union européenne ;


 Titre V du traité sur l’Union européenne (action extérieure);
 Articles 206 et 207 (commerce) et articles 216 à 219 (accords internationaux) du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

La Politique européenne de voisinage (PEV) encadre les relations entre l'Union européenne et 16 pays qui partagent une frontière maritime ou terrestre avec l’UE. Au moyen
d'une aide financière et d'une coopération politique et technique avec ces pays, elle vise à établir un espace de prospérité et de bon voisinage. « Tout sauf les institutions
», disait Romano Prodi, ancien Président de la Commission européenne, à propos de la Politique Européenne de Voisinage (PEV). « Tout » ? Une question qu’il convient de
poser en revenant sur la naissance et les enjeux d’une telle politique. En 2003, l’Union européenne est sur le point de s’élargir à dix nouveaux Etats membres et, vu de
Bruxelles, une question se pose : qu’y a-t-il au loin ? En effet, la préoccupation d’une frontière partagée avec un certain nombre de pays jugés « instables » comme la
Moldavie ou la Biélorussie a poussé les Européens à penser leur nouvel environnement

La Politique européenne de voisinage a été conçue lors du Conseil européen de Stockholm (23 et 24 mars 2001) en perspective de l'élargissement de l'Union européenne de
2004 à dix nouveaux États membres, afin d'éviter l'apparition de nouvelles lignes de partage en Europeet commence en 2003 Avec une communication de la commission
“l’Europe élargit, voisinage”.
L’enjeu central est la caractérisation des états voisins de l’UE mais aussi des futurs voisin de l’UE car on est dans u processus d’élargissement.

=> L’UE veut dvlper les relations avec les états mais sans la perspective de leurs adhésion.

 « Plus qu’un partenariat, moins qu’une adhésion »

Eviter la création de nouvelles frontières, voilà quel était le leitmotiv des instances européennes. Comme le souligne Julien Jeandesboz, deux visions avaient alors
tendance à s’affronter au sein du leadership européen : d’une part, une vision qui envisageait le voisinage de l’Union européenne élargie avant tout comme une
périphérie à maîtriser (en termes de lutte contre l’immigration illégale, le terrorisme, etc.), d’autre part une vision plus inclusive défendue par l’entourage de
Romano Prodi qui voulait « étendre la zone de stabilité sans élargissement immédiat de l’UE »

Des le début, il y a deux types de discours qui vont marquer et vouloir orienter cette politique de voisinage :

- Une vision qui envisageait le voisinage de l’Union européenne élargie avant tout comme une périphérie à maîtriser (en termes de lutte contre l’immigration illégale, le
terrorisme, etc.), C’est cette vision qui s’est imposée dans un premier temps, suivant une logique que l’on pourrait résumer ainsi : « plus qu’un partenariat, moins
qu’une adhésion ». La PEV a ainsi été pensée comme un cadre unique par lequel l’Union européenne pourrait établir une relation de confiance avec ses voisins. Elle ne
se substitue pas aux instruments déjà existants alors comme les Accords de Coopération et de Partenariat ou les Accords d’Association que l’UE a déjà signés avec un
certain nombre de ses voisins. Romano Prodi : il s’agit de déterminer un projet politique et qui a pour but de servie la stabilité, la sécurité et la prospérité. Cette
conception repose sur l’idée qu’on va partager avec les voisins des valeurs communes notamment les 4 libertés propres a l’UE : circulation des biens, capitaux,
marchandises et personnes.=> Les états n’intègrent pas l’UE mais peuvent participer de manière privilégié aux échanges et a plus long terme a ces 4 libertés. Cette
politique a pour objectif d’assurer la sécurité du territoire européen.

- Une vision plus inclusive défendue par l’entourage de Romano Prodi qui voulait « étendre la zone de stabilité sans élargissement immédiat de l’UE ».

=> Les questions de sécurité vont se diffuser dans l’ensemble des coopération entre l’UE et son voisinage et cela dans une version qui associe les questions d’immigration
et de sécurité.

Pourtant, comme Jeandesboz l’a bien montré, la première tendance à une vision plus sécuritaire de la PEV l’a finalement emporté. En effet, dans l’après 11 septembre 2001
et compte-tenu des nouvelles préoccupations européennes en matière de lutte contre le terrorisme et de contrôle de l’immigration illégale, il semble que le Conseil des
Ministres de l’UE – au départ relativement peu influent au moment de la création de la PEV – a tenu à reprendre les choses en main.

En effet, la Commission européenne avait, dans un premier temps, joué un rôle moteur dans la mise en place de cette politique. Le Conseil a alors demandé à prendre
toute sa place et à donner son accord à chaque étape des négociations avec les pays tiers. Ces accords forment le socle de la PEV, même si elle ne s’étend pas à tous les
pays avec lesquels l’UE a ce type d’accords : le Caucase n’est intégré dans la PEV qu’en 2005 et les républiques d’Asie centrale ne sont à ce jour pas concernées.

La PEV a aussi stimulé la signature de nouveaux Accords d’Association avec d’autres pays du bassin méditerranéen : l’Algérie en 2005 et le Liban en 2006.

Qui sont les voisins de l’UE ?

Pour participer à la PEV, les pays voisins doivent remplir trois conditions :

- partager une frontière terrestre ou maritime avec l’UE ;


- ne pas avoir vocation à adhérer à l’UE. De ce fait, ne sont concernés ni la Turquie dont le statut de candidat a été reconnu en décembre 1999, ni les Balkans
auxquels s’applique, en attendant leur intégration, la politique de stabilisation et d’association avec des accords à la clé ;
- avoir conclu avec Bruxelles un accord de partenariat et de coopération (ex-URSS) ou un accord d’association (pays méditerranéens).

Originalité de la politique européenne de voisinage

Elle repose sur trois éléments :


 Son vaste champ géographique, à l’Est et au Sud de l’Europe.

 La contractualisation des relations de l’Union européenne avec les pays partenaires. Les plans d’action nationaux, qui sont les instruments centraux de la politique
de voisinage, sont négociés avec chaque pays et adoptés conjointement pour une période minimale de trois ans. Ils prévoient un calendrier de réformes à court,
moyen et long terme, ainsi que des indicateurs de résultat et constituent la feuille de route des priorités à mettre en œuvre. Les sept premiers plans d’action ont
d’ores et déjà été adoptés en février 2005, puis trois avec les pays du Caucase du Sud en novembre 2006.

 Une démarche conditionnelle : l’assistance européenne sera d’autant plus importante que les réformes auxquelles se seront engagés les partenaires dans les
domaines prioritaires destinés à les rapprocher des valeurs de l’Union européenne (réformes économiques, respect des droits de l’homme, démocratie, Etat de
droit, gouvernance, lutte contre le terrorisme, non prolifération des armes de destruction massive, efforts en vue du règlement pacifique des conflits régionaux,
migrations...), seront effectivement mises en œuvre.

La conditionnalité concerne le financement mais aussi la coopération technique ainsi que la participation aux programmes européens.

Les principales mesures envisagées par l'Union européenne sont les suivantes :

 relations commerciales préférentielles et ouverture du marché,


 application des règles du marché intérieur dans ces pays,
 mise en place d’une politique relative aux migrations légales et aux mouvements transfrontaliers de personnes,
 coopération renforcée afin de prévenir et combattre les menaces terroristes,
 implication plus grande de l'UE dans la prévention des conflits et la gestion des crises,
 promotion des droits de l'homme, de la coopération culturelle,
 intégration des nouveaux voisins dans les réseaux transeuropéens de transports, d'énergie et de télécommunications de l'UE et dans l'espace
européen de recherche

B/ LES ACCORDS REGIONAUX EURO-AFRICAIN

1/ Le processus euro-méditerranéen

Partenariat EUROMED ou processus de Barcelone qui définit un cadre ode relation économique, sociale entre l’UE et les Etats de la rive sud.
Lancé en 1995 lors d’une conférence des ministres des affaires étrangères a Barcelone et dans le cadre de ce partenariat, la question migratoire est
centrale et elle est orienté vers du contrôle migratoire et vers la conditionnalité de toute coopération a ce contrôle migratoire.

2/ L’accord de Cotonou

Accord signé en 2000 avec 79 pays dont 48 pays d’Afrique subsaharienne. Cet accord a des objectifs très larges en visant a réduire et éradiquer la
pauvreté et contribuer a l’intégration à l’économie mondiale de ces pays.

Mais au sein de cet accord, il y a une disposition qui prévoit l’obligation du retour et la réadmission de leur citoyen présent sur le territoire d’un EM mais
aussi les migrants qui auraient juste transiter par leur territoire.

Cet accord implique un budget pour mettre ne place ces coopérations donc la question de la coopération de ces états aux contrôles migratoires est une
condition pour l’aide au dévot qui va être fourni par les Etats de l’UE. Budget de 13 milliards d’euro.
3/ Le processus de Khartoum

Inauguré en 2014, qui est destiné a la coopération politique entre les Etats qui sont concernés par la route migratoire de la Corne de l’Afrique vers l’UE.
Ce processus est orienté sur les questions d’immigration visant à mettre ne place un dialogue continue pour améliorer la coopération dans le domaine
d’immigration et de mobilité.
Dans le cadre de ce processus a été organisé en 2015 le Sommet de la Vallée pour définir u cadre d’actions concrets avec la mise en fond fiduciaire
d’urgence qui s’élève a 1,9milliards d’euro. Il est prévu la formation des forces de polices et des gardes-frontières, la diffusion du système biométrique
de traçabilité des personnes, le don de matériels pour les contrôles migratoires.

4/ La cas du Niger

Niger, l’un des pays les plus pauvres de la planète mais des plus stable. Dans un contexte a partir de 2010/2011 avec la dégradation du Sahel mais également le
rapatriement de plusieurs milliers de migrants ouest africain qui travaillent en Libye par l’OIM. En 2012, env. 114 000 Nigérians ont été rapatriés de la Libye vers le Niger.
Autre élément contextuel, le dvlpt des activités de FRONTEX et qui va contribuer a couper la route migratoire qui passait par le Maroc pour aller aux Iles Canaries.
A cela s’ajoute ne 2012, le conflit au Mali qui a pour conséquence le déplacement de réfugiés vers le Niger. Ces réfugiés sont accueillis par le HCR dans les camps de
réfugiés.
 La situation sécuritaire a été troublée et ce pays est devenu un pays de transit pour aller en Libye et en Europe.

Face a cette situation, l’UE a réagi et a fait du Niger le lieu d’un très fort interventionnisme, ce qui est également lié au fait qu’après 2011, l’UE perd l’un de ces
interlocuteurs privilégiés en matière migratoire qui était Kadafi.

 Le plan de la Vallet sur les 1,9 milliards d’euro, le Niger va récupère 230 millions d’euro.

L’autre forme d’intervention de l’UE au Niger c’est l’organisation d’une mission de coopération policière européenne, EUCAP. Cette opération sont budget = 26,3 millions
d’euros.

Les effets de cette interventionnisme :

 Législative : en 2015 le Niger adopte une nouvelle loi sur le trafic illicite de migrants, la loi pénalise le transport et l’hébergement de migrants irréguliers ( les
personnes a qui ont prêtent l’intention de franchir les frontières).
A Partir de la mise en œuvre de la loi, au delà D’Agadez, tout migrant est considéré comme irrégulier.
=> La multiplication de ces obstacles n’a pas eu de conséquences sur le nombres de personnes qui arrivent en Libye
 Le renforcement des forces de police et de la chaine judiciaire : action de la mission EUCAP qui depuis 2012 a vu son mandat s’élargir, dans un premier temps elle
avait pour objectif la lutte contre le terrorisme et c’est en 2012 que cela s’est élargie aux questions migratoires (formation et dotation matériel).
La mise en place d’une équipe conjointe de coopération, 6 millions d’euros dans le cadre du fond fiduciaire d’urgence du sommet de la Vallet, cette équipe
rassemble des policiers espagnoles, français et nigérians avec l’objectif de démanteler le trafic de migrants.
L’intervention de FRONTEX qui intervient uniquement pour recueillir de l’informations dans le but d’élaborer l’analyse de risque en déterminant ou sont les
risques migratoires en directions de l’UE.
Des programmes bilatéraux avec des sociétés semi publiques française et allemandes

=> On voit bien que toutes les thématiques se trouvent dans cet état : brouillages intérieurs et extérieurs.

CONCLUSION

Avec le développement, plusieurs instrument de coopération mis en place au niveau euro et que la création de instrument de financement a été un
moment clé dans le déblocage de l’externalisation permettant aux fonctionnaire de la JAIL d’avoir une autonomie de la définition externe de la JAIL: avec
coopération directe et envoie de policier et une influence normative.
SEANCE 11 : 28 NOVEMBRE 2018 — LA PRIVATISATION DES ENJEUX DE LA SECURITE EUROPEENNE

L’IMPLICATION D’ACTEURS PRIVES DANS LES ENJEUX DE LA SECURITE EN EUROPE


 Question centrale des études sur la sécurité.

Intervention accrue et croissante d’acteurs privées dans la construction mais aussi dans la mise en œuvre de la sécurité.
D’une certaine manière, ce sujet est une exploration de l’externalisation des missions de sécurité.
Cette question n’est pas spécifique aux politiques de sécurités en Europe. On le retrouve dans un grand nombre de société européennes voire mondiales.
Il y a un tournant dans les années 70 avec une accélération de l’implication des acteurs privés (agence de sécurité, vidéosurveillance, garde du corps…).
Est ce qu’on assiste à un phénomène de privatisation de la sécurité au même titre qu’on peut l’observer dans le domaine du transport par exemple.
L’idée est de voir les formes que prennent ces implications croissantes des acteurs privés dans la lutte contre le terrorisme et le contrôle aux frontières.

I/CARACTERISER L’IMPLICATION CROISSANTE D’ACTEURS PRIVES DANS LES POLITIQUES DE SECURITE:

A/ Retour sur des déléguaitons historiques de l’exercice de la violence à des acteurs privés:

Préroagtive des puissances publiques, notamment pour l’exercice de la violence physique. La délégation de cette prérogative de violence à des acteurs privés, a eu pour
objet de renforcer les Etats.

1/ LES CORSAIRES:

Ils sont souvent opposés aux pirates, puisque contrairement à eux, ils agissent sous l’autorité d’un Etat. Il faut comprendre qu’ils vont avoir une importance décisive dans
la puissance navale des Etats. Cette distinction entre pirates et corsaires est beaucoup plus fluide à première vue. Puisque une même personne peut passer d’un statut à
l’autre, en fonction du point de vue adopté ou en fonction de contexte.

Cette délégation à des acteurs privés démontre déjà d’une forme de fluidité entre des acteurs complètement privés et des acteurs qui agissent aux noms d’un Etat.

2/ LES COMPAGNIES MARCHANDES:

 Compagnie marchande, créée à l’initiative des Etats, pour des activités marchandes et coloniales. Le fonctionnement différait d’une compagnie à l’autre. Moyen
pour des Etats d’étendre leur pouvoir politique à de nouveaux Etats.
 Déjà très anciennement, il y a eu des moments d’interaction entre sphère publique et sphère privée: interpénétration.
 Il y a des formes d’hybridation entre intérêts publics et intérêts privés.

B/ LA DEMONOPOLISATION DE LA SECURITE AU PROFITS D’ENTREPRISES PRIVE AU NIVEAU NATIONAL:

Quant est il aujourd’hui, sur les territoires nationaux, du développement des acteurs privés dans la sécurité.

C’est un mouvement généralisé des sociétés contemporaines; beaucoup de secteurs sont concernés. En 2004, en France, on comptait par exemple 100 000 agents
d’entreprise de sécurité privés, et dans le même temps il y avait 230 000 policier nationaux, et 118 000 policier municipaux.

 31% étaient donc des acteurs privés.


 A titre comparatif, en grande Bretagne, le taux est de 86% d’acteurs privés; Suède 59%.
 La moyenne de l’UE étant de 43%.

En France la législation a accompagné se développement, notamment avec toutes les lois liées à la lutte contre le terrorisme qui ont introduit des fouilles obligatoires à
l’entrée de bâtiment publique.
 En 2001 une nouvelle loi est introduite pour ces entreprises, qui permet l’inspection visuelle des bagages à mains.
 18% du chiffre d’affaire de ces entreprises corresponds ainsi à la commande publique.
Il y a bien une interaction des acteurs privés et de la sphère publique.
L’activité des acteurs privés étant justifiée par la commande publique.
Des CT vont également avoir recours à des consultants privés pour établir des diagnostiques locaux de sécurité. Les acteurs privés interviennent également pour
influencer la décision des acteurs territoriaux.
Avec le développement de la vidéo surveillance, et de manière générale de la surveillance de lieux privés ; ces entreprises constituent une interface susceptible d’appeler
ou non la police.
Les assurances par exemple, vont orienter les acteurs privés dans leur recours ou non à la police.

 Le système judiciaires n’est pas privatisé, mais les firmes qui protègent ou assurent ;
 influent le comportement des plaintes et l’alimentent.
 On observe encore l’interpénétration entre les sphères publiques et privées.

Mais ceci dans un mouvement beaucoup plus large, celui de la démonopolisation de l’usage légitime de la force. Cette dernière ce fait également vers le niveau européen.
L’idée est que la production de sécurité est affectée par la législation européenne, nationale et les acteurs qui prennent des décisions et des actions concrètes peuvent très
bien être des acteurs supra étatique, étatique, ou tout autre type d’organisme public ou privé.

La mise en œuvre est elle aussi effectuée par des acteurs privés ou publiques.

Plus que d’implication, on peut parler d’imbrication entre des sphères privées et publiques en matière de sécurité.

De manière générale, l’Etat central n’apparaît plus comme l’unique garant de la sécurité.

II/ L’IMPLICATION DU SECTEUR BANCAIRE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

3 types de mesures mises en place: l’imposition de sanctions économiques ciblées (liste noire); la communication transnationale de donnée personnelle; et la délégation à
des acteurs privés de prérogatives policières.

A/ L’instrumentalisation du secteur bancaire dans la lutte contre le terrorisme:

1/ La liste noire des personnes présumées liées à Al qaida:

Après les attentats du 11 septembre, l’ONU adopté une résolution qui créée cette liste noire. Ce sont des personnes dont les avoirs vont être gelés. Cette résolution est
transposée dans le droit européen par un règlement adopté en 2002. C’est une action concrète qui permet aux acteurs politiques de communiquer sur la lutte contre le
terrorisme. C’est donc une mesure très facilement quantifiable.
Mais il y a eu des nombreux problèmes au niveau de l’application;

On utilise des mesures propres au secteur bancaire pour lutter contre le terrorisme.

2/ L’affaire Swift:

SWIFT est une entreprise qui facilite les transactions entre les entreprises bancaires.

Après les attentats du 11 septembre le Trésor américain a demandé à une entreprise d’avoir accès à des informations concernant transactions. Cette affaire s’est fait de
façon très discrète, sans que le Congrès ne soit mis au courant.
Encore une fois c’est une forme de délégation relativement simple et qui ne demande pas une intervention accrue de la sphère publique.

B. LE POLICING DES ACTEURS BANCAIRES:


1/ Les dispositions légales en France et en Europe:

Cette implication des acteurs bancaires dans la lutte contre le terrorisme, se fait à travers la lutte contre le blanchiment. Cette dernière a été institutionnalisée par une
réunion du G7 en 1989 qui a donné naissance au GAFIC. Ce dernier produit des normes en matière de lutte contre le blanchiment.

Dans un premier temps l’objectif des GAFI c’est de s’occuper de la question des drogues illicites. Puis sont champ d’action s’est élargie à d’autre activité de CO, et plus
tard au terrorisme.

En Europe la première directive est adoptée en juin 1991. En France c’est en 1993; alors que l’incrimination de blanchiment ne concernait que les trafics de drogue à cette
date, elle s’est élargie à la CO. Et en 1996 s’est encore élargies aux produits résultants de toutes les infractions pénales.

« Le blanchiment est le fait de faciliter par tout moyen, la justification mensongère de l’origine des fonds ou des revenus de l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant
procuré à celui ci un profit direct ou indirect. Constitue également un blanchiment le fait d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation
ou de conversion de produits directs ou indirects d’un crime ou d’un délit. »

La responsabilité des banques pouvant être engagées à partir de 96, celles ci vont s’engager dans la lutte contre le blanchiment.

On a l’exemple clair de mesures répressives qui ont pour conséquences l’engagement d’acteurs privés dans des missions de sécurité. C’est par exemple le cas des
compagnies aériennes qui vont s’assurer que rentrent dans leur avions que des personnes qui sont en règle.

En 2001 une nouvelle directive est adoptée, elle élargie les produits concernés: ajoute tous les produits générés par tous les délits graves. Mais aussi tous les secteurs
concernés exposés au risque de blanchiment, même les entreprises non financières.

Autre directive en 2005 qui suit le même mouvement: le blanchiment concerne les activités liées à toutes les infractions réprimées par une sanctions d’emprisonnement
max de 1 an ou plus.

Il y a l’établissement d’une notion de « personne politiquement exposée », ce sont des personnes qui occupent ou ont occupé des fonctions publiques importantes, liées à
un pouvoir de décision significatif et susceptible d’être la cible ou à l’origine de corruption.
Les banques vont devoir adopter des procédures spécifiques concernant leurs avoirs et leurs opérations.
Dernière directive en 2018, elle a principalement pour objectif de renforcer l’échange de données et l’accès des AP aux données constituées par le secteur bancaire. Elle a
aussi pour objet d’élargir encore une fois le nombre d’acteurs privés concernés (conseillers fiscaux, experts comptables, agents immobiliers, commerce de l’art…).
L’ensemble des flux financiers sont sous surveillances, et ces politiques impliquent un nombre croissant d’acteurs, qui ont un nombre croissant de critère et d’éléments à
surveiller.
 Les acteurs privés tiennent donc un rôle de premier plan dans la surveillance.
 Ce sont pourtant des acteurs qui traditionnellement sont liés par des logiques commerciales. Notamment dans le secteur bancaire, un des éléments importants est
la confidentialité.
On voit bien la tension entre la logique commerciale et l’importance de mission de sécurité.
Ça va avoir une importance sur l’acceptation ou non d’une logique bancaire, ou de l’ouverture d’un compte par exemple.
Si il y a des opérations bancaires douteuse, on doit monter une dossier TRACFIN. Cette cellule décide ou non d’alerter l’autorité judiciaire.
Autre acteur la commission bancaire, qui vérifie que les établissements bancaires ont adaptés des dispositifs adaptés pour mettre en oeuvre des dispositifs anti
blanchiment.

 Les banques peuvent beaucoup faire appelle aux policiers.


 Cela envoie un message à l’Etat, mais permets aussi d’obtenir une partie de son réseaux.
 Mais c’est aussi une manière de se prémunir en cas de crise, sanction ou condamnation.

Pour les banques l’objectif est clair, c’est se protéger contre un risque de condamnation.

Obligation de connaître le client va paraître comme un avantage pour les banques. Notamment un avantage commercial. Les acteurs bancaires ne parviennent à détecter
sur les cibles les plus exposés, des activités de petite délinquance.
Il y a eu un hybridation entre les mondes de sécurité et de commerce.

Aujourd’hui, ce qui était une contrainte a été intégré comme un outil des activités bancaires et du suivi de l’activité bancaire. Au delà de cette hybridation, on a vu la
naissance d’un nouveau métier. C’est un nouveau secteur d’activité avec des formations spécifiques (à la fois en interne et en externe).

Le principal instrument avec lequel on peut déterminer les profils à risque est un logiciel de surveillance très coûteux: analysant les données et les flux financiers associés
à un client. D’autres type de logiciel permettent d’élaborer des profils types: ils permettent notamment de gérer les listes noires, avec un vrai marché de produit
informatique qui permettent une collecte d’information.

3/Le travail de profilage

Ils doivent rendre des comptes à deux institutions = TRACFIN et la commission bancaire. Ils transmettent les dossiers des clients qui leur paraissent suspects. Plusieurs
manières permettent de déterminer si un dossier est suspect, comme avoir recours à des mesures comme la liste noire pour repérer les clients en questions. Cela implique
une mise à jour constante de ces informations.

Ensuite ils effectuent un travail de profilage qui consiste en le fit d’analyser des données et en déterminer des profils. On accumule des données par exemple sur les
activités terroristes pour élaborer un profil type de terroriste. Il y a un aspect prédictif de ces activités policières. C’est ce type de pratique qui est mis en place aussi dans
le système bancaire avec des techniques d’analyse comportemental pour détecter des fonctionnements inhabituels = on observe des comptes pour y repérer des
comportements inhabituels. On arrive à déterminer cela en établissant des profils types, on associe donc des caractéristiques propres à une personne à un comportement
bancaire normal ou anormal. Ces outils sont aussi utilisés pour la lutte contre le blanchiment et la lutte contre le terrorisme.

Mais d’autres critères peuvent être dégagés comme le montant de la transaction ou le secteur d’activité de la personne surveillée.
La définition de ces critères pose problème en matière de discrimination et en matière d’efficacité.
Les profils sont déterminés par de l’information recueillies par des activités criminelles avérées. Mais ces critères sont parfois trop larges pour être pertinents. Un critère
peut parfois concerner énormément de personne, qui ne sont pas forcément impliquées dans des activités bancaires douteuses. Ce qui peut poser problème par rapport à
la protection de la vie privée des personnes à partir desquelles on établit des profils.

III/ L’IMPLICATION DES ACTEURS PRIVES DANS LE CONTROLE FRONTALIER

A/ La création d’arènes de dialogue entre industrie sécuritaire et acteurs européens dans le contrôle frontalier

Depuis les années 90/2000, les contrôles aux frontières extérieures de l’UE ont été renforcés + augmentation des moyens consacrés à cette politique. Toutes ces mesures
impliquent des acteurs privés. Ce développement ne s’est pas fait tout seul, il n’a pas eu lieu naturellement. En effet, on n’est pas dans une situation où il y a eu une offre
de la puissance publique auquel les acteurs privés auraient répondu. Ces acteurs privés ont été impliqués dès le début dans la formulation du problème frontalier, dans
les années 90.

Dans les années 2000 se développe un dialogue entre l’UE et l’industrie d’armement sur les questions de sécurité. Plusieurs arènes sont créées. Une première est créée en
2003 : Group of personalities of security rechearch. En 2005 est ensuite crée le European security réserve adisory bord. Ils rassemblement des directeurs d’entreprise
d’armement et de sécurité, fonctionnaires de la commission européenne et du secrétariat du conseil, et membres spécialisés sur la question de sécurité. Ces groupes de T
se concentrent sur la sécurité frontalière, la lutte contre le terrorisme et la CO, création d’infrastructure critiques, et le rétablissement de la sécurité en cas de crise.

Une autre initiative a lieu en 2007 car la commission publie une communication sur le dialogue public/privé, sur la recherche et l’innovation en matière de sécurité. Cette
communication est le résultat de la coopération entre deux directions générales de la commission (DG entreprise et industrie + DG justice, liberté, sécurité). Au même
moment, est créé un autre espace de rencontre à savoir l’European security research and inovation forum, avec des chefs d’entreprises, fonctionnaires nationaux,
ministère de l’intérieur, police. On souhaite proposer un agenda européen pour la recherche et l’innovation en matière de sécurité afin d’orienter les instructions
européennes, gouvernements nationaux et le secteur privé pour les années à venir. Ils élaborent aussi des programmes de recherche comme le programme PASR qui avait
un budget de 44 millions d’euros et 1/3 des projets de ce programme a été menée par des grandes entreprises de sécurité. Elles ont été choisies car elles opèrent
directement auprès d’acteurs européens ou nationaux. C’est dans ce sens qu’on n’est pas dans un cas où les autorités européennes ont mis en place ces projets pour
ensuite faire appel à des acteurs privés, car dès le début ces acteurs privés sont impliqués dès le début dans ces politiques de sécurité frontalière.
B/Le marché de la sécurité frontalière

1/La délégation du contrôle

Ces acteurs de la sécurité frontalière font face à un problème technique et la solution à ces contrôles frontaliers, est technique et technologique. Une première manière
d’intervention pour ces acteurs est la délégation de ces activités. Ex : les compagnies aériennes vont apprêter des avions pour des expulsions. Ex : détention des étrangers
en situation irrégulière. La gestion des centres des détentions dépend des EM. Au RU, cette gestion est privatisée. En France, dans ces centres sont toujours présent la
police ou la gendarmerie mais tout ce qui entoure les activités organisées dans ces centres (ménage, repas, …) est géré par des entreprises privées.

2/La délégation de la construction des infrastructures du contrôle

Un système de surveillance des frontières espagnoles a été créé en 2002. Il a d’abord été concentré sur le détroit de Gibraltar. Des stations de détections ont été
construites tout au long de la cote, par une entreprise privée à savoir INDRA. Ensuite elle est venue pour notamment fournir des radars mobiles, mettre à disposition des
patrouilleurs.
Cela a des effets sur les routes migratoires, car en 2008 les mêmes dispositifs sont mis en place sur les côtes sénégalaise, des canaris.

3/Le financement des activités de R&D

C’est activités de recherche et d’innovation sont centrales chez Frontex. Art 3 du règlement de 2016 de Frontex y fait notamment référence. Les relevés de recherche et
d’innovation sont centralisés dans cette agence, qui sont ensuite utilisée par celle-ci. Le règlement de 2018 qui a transformé Frontex, implique la création d’un comité
consultatif sur l’innovation.

Cette idée que la solution au contrôle financier se trouve dans l’innovation technique a eu des conséquences importantes. Il y a par exemple eu des effets sur la
dépendance commerciale = dès lors qu’on a recours à des firmes privées, alors on continue à faire appel à elle dans les autres contrats. En 2011, Eurosur a été mis en place
au niveau Européen. Il a pour objectif de renforcer la surveillance aux frontières maritimes extérieures de l’UE par le biais de balise flottante avec des caméras infra rouge
et des détecteurs de son sous l’eau. Cela permet de détecter des embarcations.

La commission européenne participe de l’organisation de ces forums mais aussi au financement direct du développement des nouvelles technologies. Elle le fait en ce
moment pour le projet PARUS qui implique SAGEM, EADS, D’assaut aviation pour élaborer des stratégies d’exploitation des drones pour le contrôle et la surveillance aux
frontières.

CONCLUSION GENERALE

Au tournant du millénaire, le problème reste entier. L’Union européenne semble capable d’exercer une certaine influence internationale en usant d’instruments politiques
et économiques : son poids économique et commercial donne à ses prises de position politiques une certaine portée. Mais cette influence a des limites. L’UE est dépourvue
d’une véritable capacité de coercition, elle a échoué à gérer les grandes crises, dans les Balkans ou au Proche-Orient. Elle est une « puissance douce », pour reprendre
l’expression popularisée par Joseph Nye, ce qui ne saurait suffire dans un contexte où les menaces, plus diffuses et diversifiées, nécessitent toujours une réponse
militaire. La mise au point d’une PESD permettrait donc de combler cette lacune. Une Politique européenne de sécurité et de défense est mise au point, au sein de la PESC
dont elle constitue la composante militaire. La PESD va prendre le relais de l’UEO, que les Européens n’ont pas su utiliser dans le sens indiqué par le traité sur l’Union, à
savoir en tant que bras armé de l’Union européenne. L’objet de la PESD n’est pas d’assurer la défense du territoire européen, qui relève des politiques nationales de
défense et de l’OTAN, et qui ne compte pas parmi les missions (de Petersberg) inscrites à l’article 17-2 du traité UE. Il s’agit uniquement de permettre à l’Union de peser
pour la gestion des crises. Sans instrument militaire spécifique, l’UE n’a pas pu imposer les solutions qu’elle avait avancées lors du conflit bosniaque, laissant les Etats-
Unis mettre un terme au conflit sur la base d’accords (Dayton-Paris) largement inspirés par les propositions européennes (plan Juppé-Kinkel).

Forte de la PESD, sera-t-elle capable de résoudre les crises de l’après-guerre froide ?

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