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Crimes de guerre
à l'Otan
CRIMES DE GUERRE
À L'OTAN
© Edition°1, 2000, Paris.
Tous droits de publication, de traduction,
de reproduction réservés, pour tous pays.
CRIMES DE GUERRE
À L'OTAN
« Plus on estime les officiers de renseignement, moins on les écoute, et
lorsqu'ils offrent leurs souvenirs, on ne s'intéresse qu'à leurs trous de mémoire. ...
e n'ai jamais été un traître, foi de saint-cyrien. Je n'ai jamais été pro
JSerbe et encore moins pro-Milosevic que je considère lui aussi
comme un criminel de guerre. Je n'ai jamais été, non plus, pro
Musulman et jamais sympathisant nazi comme ont pu le prétendre mes
détracteurs qui m'ont jugé, sans m'entendre, sur de simples propos
rapportés par une presse désinformée.
J'étais tout simplement un officier des services de renseignement
français depuis quinze ans, fonctionnaire au service de mon pays et
n'obéissant à aucun alignement politique autre que celui qu'on
m'ordonnait. L'Otan avait pour mission de faire plier les Serbes au
besoin en les intoxiquant. Pour cela on utilise notamment des
méthodes qui consistent à accrocher l'agent d'en face avec des
éléments faux ou authentiques, mais sans réelles conséquences. On a
une certaine latitude. Le tout étant de parvenir à ses fins sans aller trop
loin, et surtout sans se faire prendre.
En 1998, en tentant d'infiltrer les Serbes, je suis allé trop loin et
je me suis fait prendre. Ce sont les risques du métier et je les assume.
Mais là, j'ai été lâché par ma hiérarchie, accusé par mon ministre
de tutelle, et enfoncé par certains responsables de l'Otan. C'est ce qui
m'a décidé à écrire ce livre. Puisqu'on m'accuse de trahison,« crime it
que je n'ai pas commis, je n'hésite pas à révéler ceux de certains de
mes accusateurs.
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N-B : Le récit qui suit n'est pas un roman d'espionnage. j'ai relaté
ici le plus sincèrement possible, et en évitant les trous de mémoires
qu'évoque André Frossard, des événements récents qui mettent en
œuvre des personnages vivants, réels et dont beaucoup sont encore en
activité.J'ai donc pris soin de maquiller leurs noms, afin de préserver
leur anonymat. Ils se reconnaîtront sans doute et si d'aucuns voulaient
jouer les plaideurs, qu'ils sachent que je dispose de tous les éléments
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RELEVER L'ONU
EN BOSNIE-HERZÉGOVINE
CHA PITRE PREMIER
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A UGMENTEE
A U CORPS DE RÉACT I O N RAPIDE D E L' O T A N
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force des troupes de l'ONU, en juin 1995. Il tenait tous les matins une
réunion de coordination. Il nous y donnait les ordres et directives pour
le déploiement vers la zone de mission, mais commentait aussi les
nouvelles qui lui parvenaient de « là-bas ». Un matin, il nous annonça
que la direction du renseignement militaire américain avait rapporté
que des observateurs avaient identifié des « gardiens de la révolution »
iraniens à Zenica, en Bosnie centrale.
Je réagis avec étonnement: les gardiens de la révolution étaient
un mouvement islamiste iranien, certes, mais en délicatesse avec le
pouvoir iranien du moment. Beaucoup d'entre eux avaient même dû
quitter l'Iran. Leur présence risquait de compliquer la situation, qui
était déjà une bouteille d'encre, dans les milieux islamiques et
islamistes en Bosnie centrale. S'il y avait vraiment des gardiens de la
révolution à Zenica, avec qui allaient-ils marcher ? Ils étaient à la fois
Chiites et opposés aux Iraniens gouvernementaux. Allaient-ils travailler
avec les Pakistanais, et avec lesquels ? J'imaginais difficilement ces
excités se contenter de « faire de l'humanitaire ». Ils avaient plutôt
montré jusqu'à présent leur aptitude singulière à dissimuler des armes
et des munitions dans des caisses de médicaments ou de nourriture.
Du temps de l'ONU, en 1994, les militaires français de l'aéroport de
Sarajevo avaient intercepté un Boeing 747 iranien qui venait
officiellement livrer une cargaison de ravitaillement à des ONG
musulmanes. Ils y avaient trouvé plusieurs milliers de kalachnikovs et
des centaines de milliers de cartouches . . . La presse avait mentionné
l'incident, mais assez brièvement.
Je fis part de mes doutes au colonel et à son adjoint devant les
autres officiers présents, dont le Turc.
Après la réunion, l'adjoint vint me voir:
« Je n'ai pas voulu parler devant votre chef recherche, qui est
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serions trente dans l'avion qui acheminait aussi deux Land Rover et du
fret. Le général Sylvester et quelques éléments du bureau
renseignement étaient du voyage. Nous devions garder à portée de
main une musette contenant entre autres choses nos « diggers », à ce
que nous dit le sous-officier avionneur britannique. Nous avons
échangé des regards intrigués, un Américain et moi. « Digger » cela
pourrait se traduire par« creusoir ». À tout hasard, j'ai demandé au
« Brit » ce qu'il entendait par ce mot manifestement détourné de son
sens premier. En fait, il s'agissait des couverts qui accompagnent la
gamelle réglementaire. L'Américain et moi avions pensé à ces pelles
pliantes qui équipent les fantassins. Nous fûmes rassurés de
comprendre que nous n'aurions pas besoin d'utiliser de pelle pliante
dans un avion de transport de la Royal Air Force.
Une fois nos bagages embarqués dans les camions, il ne nous
restait plus qu'à attendre les cars qui devaient nous conduire à
Bruggen. Nous avons profité du délai pour prendre un petit déjeuner
copieux. Le chef de la mission militaire française était venu nous dire
au revoir. Une solide camaraderie s'était installée entre nous deux, et
c'est avec émotion que je le quittai après quelques semaines intenses
passées ensemble.
Il nous fallut attendre 9 heures du matin avant de partir dans des
cars civils que le corps de réaction rapide de l'Otan avait loués pour
nous acheminer vers l'aéroport militaire de Bruggen.
Nous aurions dû décoller vers 10 heures du matin mais le temps
passait et rien ne venait. Des C130 décollaient sans arrêt. Puis d'autres
commencèrent à se poser vers 11 h 30.
Tous ces contretemps résultaient du cafouillage phénoménal du
pont aérien américain de la veille. Enfin, un C 130 de la Royal Air Force
s'arrêta sur le parking devant nous. Nous y sommes montés, en rang
comme des chenilles processionnaires.
Après m'être faufilé tant bien que mal entre les banquettes et les
Land Rover semi-blindées, je m'installai contre une grosse sergente
anglaise qui sirotait une bière brune.
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Le voyage dura cinq heures, dans les vibrations de l'air gelé sur la
coque de l'avion. Malgré les odeurs de naphte qui descendaient des
radiateurs dans les vagues d'air qui chauffaient la cabine, je pus dormir
une partie du trajet.
On nous avait donné un casse-croûte avant le décollage. En
milieu de voyage, j'ai sacrifié au rite du déjeuner. Je n'avais pas pris
avec moi de réchaud de campagne, aussi ai-je dû me contenter de café
soluble froid. Des soldats britanniques, rodés aux opérations
lointaines, s'étaient préparé une cuisine qui sentait bon le mouton et
les légumes, en s'installant sur le capot de la Land Rover la plus à
l'arrière de la soute. Je me sentais vraiment plus proche des soldats
britanniques que des GI's aseptisés qui trimbalaient leur équipement
de tortues Ninjas en ayant peur de tout, des microbes, des maladies,
des aumôniers, du sida, et surtout de la fantaisie.
Au bout de cinq heures, mes oreilles commencèrent à se boucher.
L'avion descendait vers Sarajevo. Je déglutissais de temps en temps
pour me soulager les tympans.
C HA P IT R E 3
L'ARRIVÉE DA NS LE CHAOS
'L avion se posa, dans le hurlement des turbines qui le freinaient sur
la piste humide et froide. Les moteurs s'arrêtèrent et la tranche
arrière de la carlingue s'ouvrit, laissant entrer des rafales grises et
aigres. Dans l'ouverture je pouvais voir la lumière de la fin d'après-midi
de ce 17 décembre 1995 sur le tarmac dévasté de l'aéroport yougoslave
- devenu bosniaque. Nous avons débarqué un à un après avoir
récupéré nos bagages sur les palettes.
Le ciel était lourd et bas. Il roulait des nuages de neige gris et sales
qui s'accrochaient aux montagnes entourant la cuvette de Sarajevo. Les
quartiers qui entouraient l'aéroport étaient sombres, sans lumière. Les
façades éventrées ne laissaient pas deviner de signes de vie.
De temps à autre, des rafales haineuses de kalachnikovs se
perdaient dans les rafales de vent humide et glacial. Parfois, la voix
lente et cadencée d'une mitrailleuse lourde ou d'un canon mitrailleur
arrivait à réveiller vaguement les échos étouffés par la brume au prix
d'une courte décharge asthmatique.
Notre convoi se mit en route à la nuit vers Kiseljak, en zone
croate. Au cours du trajet, nous avons traversé des villages où l'on nous
bombardait de boules de neige hargneuses. Le long de la route, dans
une obscurité moite, opaque et collante, des piétons chargés de sacs
ramenaient chez eux qui une pitance étique, qui du bois mort et
trempé. Aux tourbillons de neige crasseuse et fondante que charriait le
vent s'ajoutaient les projections d'eau noire, sale et glacée, que
soulevaient au passage les roues de nos véhicules ; et les pauvres
piétons voyaient la misère du froid trempé qui les pénétrait jusqu'aux
os s'ajouter aux souffrances de leur condition de réfugiés dans leur
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propre pays. Leur colère contre les privilégiés que nous étions à leurs
yeux était alors bien compréhensible.
L'hôtel Dalmacija avait accueilli le commandement des forces de
l'ONU pour la Bosnie-Herzégovine, puis le commandement de la force
de réaction rapide de l'ONU. À notre arrivée, l'hôtel était plein. Le
personnel de la force de réaction rapide des Nations unies quittait peu
à peu le site et laissait chaque jour des places supplémentaires au
détachement avancé du PC du corps de réaction rapide de l'Otan.
Il nous a fallu nous organiser rapidement pour travailler le plus
efficacement possible malgré le manque de place. Le bâtiment était
d'un style « bétonosoviétique » prétentieux. Construit sur une colline
qu'il écrasait de sa masse insolente, il bénéficiait d'une source d'eau
chaude au débit tel que ni l'eau chaude ni le chauffage ne nous ont
manqué pendant le mois que nous y sommes restés. Mais que ce soit
pour vivre ou pour travailler, nous étions les uns sur les autres.
Les premiers jours, nous n'avions pas le droit de sortir du
complexe, sauf pour des raisons de service. Nous portions alors le
casque et le gilet pare-éclats.
Au dehors, la nuit, nous entendions parfois claquer un coup de
feu ou une rafale de kalachnikov. Il n'y avait aucune raison guerrière à
ces dépenses de poudre, puisque la région était entièrement croate.
Mais l'ennui des gens était tel que de temps en temps un« pochetron »
qui avait arrosé son oisiveté ou ses malheurs à l'eau-de-vie de prune
était pris d'une frénésie d'utiliser son arme, sans souci des balles qui
finissent toujours par retomber.
L'une des premières mesures de police civile des accords de
Dayton serait de faire rentrer les kalachnikovs et les mitrailleuses dans
les armureries et les dépôts militaires. En attendant, le commandement
du corps de réaction rapide de l'Otan voulait à tout prix éviter les
accidents dus aux projectiles perdus.
Je retrouvai avec plaisir le colonel Core, mon chef écossais, et
George Tuebowl, mon alter ego anglais, qui étaient installés depuis
quelques jours à Kiseljak. Le colonel français que j'avais rencontré à
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devinais glaciales s'abattaient sur un sol boueux avec des bruits mous.
Des arbres grinçaient sous les rafales de vent, et aucun animal ne se
faisait entendre.
On n'entendait pas non plus le grondement caractéristique d'une
ville, fait de bruits de moteurs, de klaxons, du brouhaha d'une foule.
D'ailleurs, quels bruits auraient pu monter d'une ville qui semblait
morte ? On pouvait voir, çà et là, quelques lumières électriques qui
perçaient les façades. Mais les habitants avaient souvent masqué leurs
fenêtres. Instruits par l'expérience ils avaient compris le danger qu'il y
a à se découper dans la lumière lorsque des tueurs, à cent cinquante
deutsche marks le cadavre, guettent les cibles de plus en plus rares.
Parce que les maniaques du fusil à lunette tuaient tout ce qui se
présentait. Peu importait la « nationalité » du tireur ou de la cible. En
danger de paix, les terroristes du monde entier n'ont qu'un seul but :
tuer, le plus lâchement du monde, pour faire régner l'insécurité. Les
assassins résiduels de la ville de Sarajevo continuaient à appartenir à
toutes les factions, avec une légère prédominance des Serbes et des
Musulmans. De temps en temps, on entendait des échanges de coups
de feu dans le brouillard. lls semblaient se répondre, comme si les
gens se tiraient dessus sans se voir, par habitude, stupidement.
Laissant nos voitures à la garde des Gurkhas, nous avons marché
jusqu'à ce qui avait été l'entrée officielle du public au stade couvert. Au
premier abord, la moquette synthétique, le guichet d'accueil éclairé au
groupe électrogène et les employés yougoslaves laissaient penser que
ces installations magnifiques étaient à nouveau en état. Mais, le hall
franchi, nous avons touché du doigt la triste réalité. Ce qui avait été
une série de courts de tennis, de terrains de handball ou de volley-ball,
couverts par une voûte moderniste, n'était plus qu'un champ de
ruines. Des camions militaires et des maisons de chantier se serraient
sur les parcelles les moins boueuses. Les sapeurs des travaux du génie
se démenaient pour tenter de rendre habitable le sous-sol du grand
gymnase. Comme les sapeurs de la Bérézina, leurs efforts se heurtaient
à l'obstination des éléments inflexibles quoique liquides.
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fin� contre les hordes de « l'Année Rouge » mais auraient bien du mal
à être utiles dans une opération d'imposition de la paix en une région
où la fenneté doit impérativement avoir pour corollaires la finesse
politique et l'adaptabilité.
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un officier de grande classe qui avait l'expérience des zones les plus
tordues où l'on avait envoyé la Légion étrangère au cours de la
décennie. Il avait fait au Cambodge un travail dont la France peut être
fière, dans un environnement politique particulièrement délicat.
La brigade française de Sarajevo avait un bureau renseignement
qui fonctionnait bien, même si celui de la division laissait encore à
désirer. Aussi, ni le général-adjoint français au corps de réaction rapide
de l'Otan, ni les Français du bureau renseignement n'étions inquiets
sur la réussite de la prise de contrôle de la ville.
Le 20 décembre 1995, vers 6 heures du matin, le cirque avait
commencé. Le commandant en chef du corps de réaction rapide de
l'Otan avait fait prévenir les factions par leurs prétendus chefs : il leur
fallait ouvrir tous les check points pour 8 heures du matin au plus tard,
sinon les troupes de l'IFOR les détruirait en force. L'IFOR
(Implementation FORce) était la force de mise en œuvre des accords
de Dayton. Elle comportait de la marine, de l'aviation et son armée de
terre était le corps de réaction rapide de l'Otan, entièrement déployé
en Bosnie-Herzégovine.
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par un trait d'une épaisseur telle qu'il représentait deux cents mètres
sur le terrain. C'était inexploitable. D'autant qu'il était évident que les
militaires allaient devoir faire appliquer les « fumosités » des
diplomates et que la première action qu'il allait falloir entreprendre
serait de matérialiser cette ligne sur le terrain par un bornage précis.
Immanquablement, ce bornage allait mettre en évidence des
stupidités dont certaines nous sautaient déjà aux yeux : dans la région
de Sarajevo, par exemple, un virage de route de montagne quittait la
zone croato-musulrnane pour entrer dans la zone serbe et revenait en
zone croato-musulrnane après un parcours de trois cents mètres.
Comme on ne pouvait accéder à ce virage qu'en venant de la zone
croato-musulrnane, il était évident que les Serbes ne feraient rien pour
entretenir ce tronçon de route. Et si les Croato-Musulrnans se mettaient
en tête de l'entretenir, les Serbes les accuseraient de vouloir s'en
emparer et étaient bien capables d'y faire venir de l'infanterie de
montagne pour « défendre leur terre sacrée » et couper ainsi cette
route, en interdisant son utilisation pourtant indispensable . . .
Une fois arrivés en Bosnie, nous avions reçu les cartes
« définitives » de cette nouvelle ligne qui coupait de fait la Bosnie en
deux pays. Aux termes des accords de Dayton, l'IEBL ne devait être
qu'une ligne administrative, comme des limites de départements ou de
provinces en France, par exemple, ou comme les limites d'États aux
États-Unis. En fait ce fut rapidement une vraie frontière, dans l'esprit
des Bosniaques de toutes factions.
Les accords de Dayton assuraient en principe la libre circulation
des personnes et des biens sur tout le territoire de la République
fédérale. Car la Bosnie-Herzégovine était devenue une République
fédérale, avec sa capitale, Sarajevo, et ses capitales d'entités. La
Republika Srpska, République des Serbes de Bosnie, avait sa capitale à
Pale, et Sarajevo, la capitale fédérale, était aussi le siège du
gouvernement de la Fédération croato-musulrnane.
Mais il restait la sensible question de Mostar. Lieu d'affrontements
extrêmement durs entre Croates et Musulmans, Mostar était la capitale
emblématique de la République disparue d'Herzeg-Bosna. Les Croates se
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sentaient frustrés de n'avoir pas, eux a�i, une capitale au même titre que
les Serbes et les Musulmans. Les � de Dayton avaient floué les Croates
de Bosnie d'une capitale, et leurs dirigeants ne les en avaient pas avertis.
Les négociations de Dayton s'étaient tenues, en fait, entre
Américains et négociateurs plus ou moins représentatifs des factions
bosniaques. Elles s'étaient déroulées de façon hermétique et les alliés
des Américains avaient été mis devant le fait accompli, au même titre
que les peuples concernés de Bosnie-Herzégovine.
Nos équipes de renseignement humain nous rendirent
rapidement compte du criant déficit d'information qui entourait la
réalité des accords de Dayton, aux yeux des peuples yougoslaves de
Bosnie. Les légendes les plus folles couraient.
Par exemple, une source nous informa de ce que Praca serait
minée et ses habitants prêts à la faire sauter. Ils avaient entendu dire
qu'aux termes des accords de Dayton la petite ville serbe allait passer
sous administration musulmane.
La source, un militaire français, avait été touchée par le caractère
paisible et champêtre de ce village du fond d'une vallée de montagne
des Alpes Dinariques, avec ses maisons de bois coquettes aux balcons
ornés de fleurs d'hiver, aux tas de bois soigneusement alignés sur les
trottoirs sous des appentis de bardeaux.
Que cette ville, comme d'autres, passe sous le contrôle de la
Fédération ne signifiait pas l'exode de ses habitants serbes, dans
l'esprit des diplomates occidentaux. Pas plus que le fait que Sarajevo
échappe totalement à la Republika Srpska ne signifiait la nécessité pour
les Serbes de la ville de s 'en aller. Mais il s'agissait là de raisonnement
de technocrates de la diplomatie, qui faisaient abstraction, comme tous
les technocrates, des réactions humaines. Une fois de plus pollués par
les idées américaines, ces diplomates prétendaient croire en Bosnie
Herzégovine à une happy end, digne d'un film hollywoodien à l'eau de
rose, où les personnages se tombent dans les bras en se pardonnant
généreusement sur le perron d'une église baptiste en bois du Middle
West, sous le sourire paternaliste de l'oncle Sam.
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George Tuebowl et vous, et qu'il n'a rien d'autre à faire que vous
donner du renseignement analysé, et surtout ne s'occuper de rien. »
Une fois les nouveaux documents remis, je quittai la salle pour
retourner au travail. L'Américain vint me voir, désolé et s'excusant.
Je mesurais combien il devait être dur pour lui de s'être fait
réprimander alors qu'il avait cru bien faire. Je tentai donc de le
rassurer, mais il voulait à tout prix se dédouaner.
« Tu comprends, il s'agit d'une analyse de la Direction du
renseignement militaire américain. Ses données sont certaines, on peut
leur faire confiance. »
J'expliquai à mon camarade américain d'où venait en réalité
l'information que lui avaient envoyée les gens du Pentagone.
Il admettait difficilement que la France ait fourni du
renseignement aux États-Unis. C'était pour lui un peu comme s'il avait
entendu dire qu'un œuf avait pondu une poule. Mais j'insistai en lui
expliquant que les Anglais et nous étions dans la région depuis
longtemps, ce qui n'était pas le cas des Américains ; en plus, nos gens
savaient se faire discrets, à la différence des gens de la CIA que l'on
repérait immédiatement, avec leurs véhicules et leur allure si typique.
Mon Américain sourit, un peu gêné. Après plus d'un an passé en
Europe, il commençait à distinguer quelques subtilités comportementales.
Il vit que je ne lui en voulais pas, que mon amitié pour les
Américains restait intacte mais qu'elle ne bousculerait pas ma
conscience professionnelle.
L'opération Bullfrog du 13e Régiment de dragons parachutistes
sur Zenica était lancée depuis quelques jours lorsque nous avons enfin
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parallèle. Lorsque j'y entrais, mon cicérone répétait sur le même ton
monocorde la même phrase. Elle disait que j'étais un visiteur autorisé
et que j'étais habilité à accéder aux informations « Secret Otan »
Ça ne servait à rien, puisque les écrans des ordinateurs étaient
noirs. En revanche, avec l'air béat d'admiration d'un pauvre demeuré,
je posai des questions ineptes pour tout officier normalement
constitué d'une armée européenne. Il fallait montrer mon ignorance
admirative devant le déploiement « BillGatesien » qui s'étalait devant
moi. On se serait cru au SICOB, version bureautique moderne. Ce qui
m'intéressa le plus, en fait, ce fut l'affichage des décalages horaires
auprès de chaque machine. On y rappelait la correspondance entre
l'heure locale de Bosnie-Herzégovine et celle de Rheindahlen. Il me
paraissait également normal de pouvoir rester conscient du décalage
horaire avec Washington, et les étiquettes ne manquaient pas de le
rappeler. Pourtant, près d'une machine, le bandeau de papier
autocollant rappelait le décalage avec Honolulu et celui avec le Japon
et la Corée. Manifestement, cette cellule nationale de renseignement
avait une compétence territoriale étendue.
Comme je quittais « Fort Alamo », je vis devant moi, sortant de
« notre » immeuble, notre chef de bureau et son adjoint. Je leur
expliquai d'où je venais. Ils me félicitèrent de cette visite, marque de
confiance de la part des Américains. En retour, je leur fis part des
observations que j'avais faites sous les tentes américaines. Le colonel était
agacé à l'idée que du renseignement autre que celui validé par l'Otan
allait, à l'évidence, sortir d'Iljidl.a. Il faut dire que ce serait en fonction du
renseignement qui parviendrait aux nations que se prendraient, au siège
de l'Otan à Bruxelles, les décisions politiques qui influeraient ensuite sur
la conduite des opérations futures. Il ne fallait pas que le renseignement
soit biaisé dans le sens exclusif des intérêts nationaux américains.
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quand nous voulions, puisque nous lui avions déjà annoncé notre
visite, pour une prise de contact de routine.
Doug était un jeune type d'une trentaine d'années. Il appartenait
à une unité spécialisée de la Direction américaine du renseignement
militaire et disposait d'équipes de recherche capables de faire ce que
faisait celle du 13e Régiment de dragons parachutistes. Il se présenta
comme n'ayant pas de grade militaire et, d'ailleurs, il ne portait pas de
galons. Ses ordres étaient simples : il dépendait de la division
américaine et non du corps d'armée. Notre officier opérations fut au
moins aussi net
« Les Français ont mis à notre disposition quatre équipes du
13 Régiment de dragons parachutistes. Ces équipes travaillent sous
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M I S S I O N COUVERTE À Z E N I CA
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séparation que j'ai évoqué plus haut pouvaient signifier pour les ONG
des changements d'interlocuteurs officiels.
En matière de renseignement, il fallait aller plus loin, et sous
prétexte de continuer le travail commencé dans l'aide au retour vers la
paix, volet principal des accords de Dayton, les gens de la section de
l'unité de contre-renseignement voulaient découvrir ce que cachaient
certains bureaux et organismes. Parce que tout n'était pas très
transparent et quelques personnes qui faisaient œuvre humanitaire ici
s'étaient illustrées très différemment ailleurs.
C'est là que j'intervenais. Ma connaissance de nombreux aspects
de l'Islam, mais aussi de ses dérives terroristes, était connue des
Britanniques de l'unité de contre-renseignement du corps de réaction
rapide de l'Otan puisque je leur avais fait des traductions commentées
des documents qu'ils m'avaient confiés.
Je partis donc pour Vitez le samedi 10 février 1996. Le lieutenant
colonel américain, chef de la section de l'unité de contre
renseignement de Vitez, voulait à tout prix conduire la Land Rover,
parce qu'elle avait le volant à droite. Le sous-officier britannique lui
laissa donc les commandes. Tout en conduisant, l'Américain chercha à
trop en savoir sur moi, à mon goût. Les questions appelant les
mensonges, je lui servis une« légende �, selon le terme employé dans
les milieux du renseignement, où je minimisais ma connaissance de la
question du terrorisme islamique dans les Balkans. J'étais certes
arabisant, mais ma présence au corps de réaction rapide de l'Otan
n'avait rien à voir avec cela. j'étais officier de renseignement d'état
major de formation, ce qui était vrai, et je n'étais là que pour cela et
parce que j'étais angliciste.
Si c'était ce qui avait présidé à ma sélection par l'état-major
français, on sait que mon affectation à la cellule de synthèse par le
colonel Core reposait bien sur ma connaissance du dossier de la
question islamiste en Bosnie-Herzégovine.
La section de contre-renseignement de Vitez était installée dans le
dispositif d'un bataillon de transmissions et de guerre électronique
britannique. Dans la cour d'une école sans élèves, les sapeurs
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- C'est un Séoudien . . .
- Oui, c'est ce que disent nos papiers, mais je crois que nous
allons faire des découvertes. Le Jordanien de ce matin était un
Palestinien, mais Séoudien, cela ne veut rien dire. Il y a de nombreuses
tribus et de nombreux clans qui sont en compétition dans les allées du
pouvoir. Il peut être intéressant de découvrir de quelle tendance est le
directeur. Il suffit de me déposer devant le centre, et moi je vous
rejoins ensuite à une heure que vous m'aurez indiquée, et là où vous
m'aurez dit. »
Nous nous sommes mis d'accord pour nous retrouver à l'hôtel
international, à 16 heures. L'Américain ne savait plus exactement où
était le Centre islamique des Balkans, et j'étais bien incapable de le lui
indiquer. Mais, après avoir un peu tourné, la Land Rover me déposa
devant l'ancien cinéma.
Il faisait presque doux, j'avais ouvert ma veste en Gore-Tex. Mon
pistolet, porté haut sur le ceinturon était camouflé sur mes reins. Avec
mon béret et mon manteau ouvert, je faisais vraiment « pépère » qui
tue le temps. Je n'avais rien à voir avec une de ces « bêtes de combat »
qui font la une de Terre Magazine.
Je traversai la rue alors que la Land Rover démarrait, hésitante. La
grande porte vitrée de l'entrée du Centre était fermée. À travers, je
pouvais voir déambuler des jeunes gens et filles en tenues islamiques
d'inspiration nettement mecquoise. D'une loge de concierge jaillit un
homme aux traits typiquement yougoslaves. Trapu, brun, moustachu,
il avait l'air avenant d'un bouledogue réveillé en plein premier
sommeil. À jeun pour des raisons religieuses, il semblait en vouloir à
son patron d'être si strict avec des principes qu'il n'avait jamais
appliqués du temps du titisme. Il ouvrit la porte, la franchit et la
referma à clé derrière lui. Il m'aboya quelque chose en serbo-croate. Je
restai coi un moment, puis je lui parlai français. « Bonjour, est-ce que
vous comprenez le français ? »
Il aurait pu avoir été déménageur en pays francophone avant le
guerre. Devant son air méditatif; j'ai essayé l'allemand, et en désespoir
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L'immeuble Promet,
siège de la subversion iranienne dans la région
I:après-midi qui suivit notre visite dans le guêpier d'Orasac, nous
retournâmes dans le nid de frelons de Zenica. Toujours des insectes, et
toujours pas de miel. Nous commencions à avoir bien cerné les lieux de
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familier. Tout était là. La guérite, les poteaux légers qui avaient soutenu
la ligne téléphonique de campagne.
Il faisait doux et beau. C'était surprenant au mois de février. Les
dernières plaques de neige fondaient doucement sous les haies,
mouillant les champs de couleur verte tendre et vive à la fois.
raubépine qui bordait la route se piquetait de bourgeons vert clair qui
annonçaient le printemps.
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là, cela voudrait dire que les islamistes avaient l'intention de réactiver
le village militaire dès que la situation le rendrait possible.
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peine plus de vingt ans. Il allait parler quand l'autre lui dit en me
montrant : « Il parle très bien l'arabe.
-Et pourquoi parles-tu l'arabe ?
- Parce que je l'ai appris.
- Pour quoi faire ?
- Parce que cela m'intéresse, et pour pouvoir coopérer avec les
pays arabes . . .
- Tu parles, c'est plutôt pour faire l a guerre aux croyants . . .
- Je n'ai jamais fait la guerre aux croyants, ce sont les groupes
islamistes armés qui font la guerre aux croyants. . . »
Les autres arrivaient. En passant devant un grand panneau jaune
près des voitures, je reconnus celui que les dragons m'avaient décrit.
Ils n'avaient pas pu en rapporter d'image et c'est avec une curiosité
que j'avais du mal à dissimuler que je l'ai déchiffré. Dessus, on pouvait
lire une inscription qui signifiait : « Engagez-vous dans la Guerre Sainte
pour Dieu, la Jihad (guerre sainte) est un droit. Bienvenue à tous les
moudjahidin (les combattants de la guerre sainte). »
Voilà au moins qui avait le mérite de la clarté. Non seulement le
hameau avait bien abrité des moudjahidin mais encore les habitants
résiduels, d'origine étrangère, perpétuaient le souvenir de cette période.
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nos sources nous avaient indiqué depuis quelques jours des atterrissages
d'avions, la nuit, sur la base aérienne qui était censée être désaffectée.
Après quelques heures de négociations entre l'état-major de
l'Otan et les représentants nationaux américains, la patrouille française
reçut l'ordre de rebrousser chemin. À contrecœur, notre général
britannique avait pris cette décision diplomatique. La patrouille
pourrait revenir le surlendemain.
Cela nous avait un peu énervés. Mais comme nous avions des
équipes de recherche dans la région, nous les avons envoyées pour
s'informer discrètement. Nos sources évoquèrent des avions gris, sans
numéro d'immatriculation, et à quatre turbopropulseurs. Un ou deux
appareils. La description nous fit penser à des avions de transport
tactique C130 comme ceux qu'utilise la CIA.
Pendant le court délai qui leur était accordé pour disparaître, des
gens en civil embarquèrent dans l'avion une grande quantité de
matériel pédagogique. Les tableaux de papier, les rétroprojecteurs
voisinaient avec les projecteurs de télévision et les ordinateurs
d'instruction. Puis, le ou les appareils repartirent vers on ne sait où.
Pourtant, en réfléchissant, et en en discutant entre nous avec les
têtes du bureau renseignement, nous avons conclu que ce ou ces
appareils avaient été pris dans le plan de vol de l'Otan. Tout l'espace
aérien était strictement surveillé parce que les factions n'avaient le
droit ni de faire voler des aéronefs, ni de faire fonctionner les radars
des stations de missiles antiaériens.
Donc les avions qui étaient venus à Visoko sur l'aérodrome
étaient nécessairement passés dans l'espace aérien. À ce moment-là
tout mouvement devait être intégré dans ce que l'on appelle un ATO,
air tasking order. Il s'agit d'un plan de vol militaire dans lequel sont
inscrits même les rares avions civils qui peuvent se présenter dans
l'espace aérien : ceux de l'ONU ou de la Croix-Rouge, par exemple.
Forcément, les tours de contrôle et les autorités du
commandement aérien de la région Sud de l'Otan, basées en Italie, et
qui sont tous aux mains des Américains de l'Otan, ont eu connaissance
de ces mouvements. Un ou deux C130 de plus ou de moins, ce n'est
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pas grand-chose, mais soit ils avaient déposé un plan de vol pour
VlSOko, ce qui ne pouvait que paraître suspect l'aérodrome étant fermé,
soit ils s'étaient détournés de leur plan de vol, mais cela ne pouvait se
faire qu'avec la complicité des gens de service au contrôle aérien à ce
moment-là. Et le contrôle aérien militaire de la zone était entièrement
sous la coupe des Américains de Vicenza, en Italie.
En interrogeant nos sources, nous acquîmes la conviction qu'ils
s'agissait de gens de la société d'instruction AMI, cette société que la
CIA avait constituée pour réaliser le programme de réarmement de la
Fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine. Les instructeurs
américains seraient venus commencer les préparatifs du programme
d'instruction et de l'armée de la Fédération. Si c'était le cas, cela voulait
dire que ces gens, envoyés par Washington, l'avaient été en violation
flagrante avec les accords de Dayton. Nous étions alors au mois de
janvier 1996, et la coopération étrangère militaire ne pourrait revenir
en Bosnie-Herzégovine qu'au début du mois de juillet 1996.
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dont nous souhaitions qu'il soit, autant que faire se pouvait, démarqué
de tout a priori envers une faction ou l'autre.
Plusieurs fois, nous avions dû refuser d'introduire dans cette
synthèse des affirmations de la cellule nationale de renseignement
américaine parce qu'elles n'étaient appuyées sur aucun renseignement
objectif venant du théâtre de Bosnie-Herzégovine. Faute d'en trouver
des traces ou manifestations sur le terrain, nous étions obligés de les
considérer comme des tentatives d'orientation partisane d'un
document périodique dont la qualité était reconnue jusqu'au siège des
Nations unies à New York.
La qualité que les destinataires reconnaissaient à cette synthèse
reposait en particulier sur son impartialité et sur le fait que toutes ses
conclusions s'appuyaient sur une liste de faits contrôlés et joints en
annexe au texte principal. Le rédaction, revue par notre chef de
bureau, n'édulcorait rien, mais laissait dans l'ombre ce qu'il n'était pas
encore bienvenu de diffuser. C'est le général commandant le corps de
réaction rapide de l'Otan qui signait l'envoi, après en avoir lui-même
contrôlé une dernière fois le contenu. Il considérait que la qualité de
cette synthèse périodique lui donnait son poids politique.
L'absence d'un vrai responsable du renseignement américain, à la
discussion préalable à la mise au propre de la version « document de
travail» de ce papier important, était un désaveu du Pentagone à toute
forme d'objectivité en matière de renseignement politico-militaire sur
la Bosnie-Herzégovine.
Manifestement, il en coûtait à Wdshington de devoir se plier à des
règles, même si elles avaient été concoctées par le Département d'État.
Nous fîmes une petite « réunion de nuisibles » dans le bureau de notre
chef britannique du bureau renseignement. Il fallait que nous agissions de
façon à pouvoir contrecarrer « l'agenda national américain», si celui-ci
entravait la mission de l'IFOR. Si cette force mise sur pied pour faire
appliquer les accords de Dayton était à base de pays de l'Otan, elle
comportait aussi de très actifs anciens membres du Pacte de V.U-SOvie, dont
des Russes, des Slovaques et des Ukrainiens. 'frès présents sur le terrain et
très bien renseignés, ils seraient en mesure de dénoncer tous les « abus de
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est très facile à enlever d'un coup de pouce tout en pointant l'arme,
quand on est droitier.
Et soudain tout se passa comme dans un songe. Sur ma droite à
une dizaine de mètres, j'entendis le bruit de ferraillage caractéristique
de l'armement d'une kalachnikov. Je pointais mon arme en effaçant la
sûreté, quand la lune se découvrit entre les nuages. Je vis alors une
ombre près d'un arbre. On aurait dit une silhouette de tireur debout,
comme elles sont peintes sur nos cibles d'entraînement. Mais là, c'était
un homme. Vivant. Qui allait me tuer. Mais qui ne tirait pas. Les
appareils de visée de mon arme, que j'avais rendus plus visibles avec
du blanc de correcteur pour dactylo, me disaient que si je tirais je le
tuais. Alors pourquoi ai-je dépointé mon arme vers un mètre de son
pied gauche ? Au moment où je tirai, la balle leva une gerbe de neige
poudreuse au lieu de s'enfoncer bêtement dans la terre. Sans doute
avait-elle frappé une souche ou une grosse pierre. L'homme laissa
tomber la « kalach » et s'enfonça dans le bois sans courir.
Je voyais l'arme abandonnée se découper sur la neige, au bord du
petit talus qui surplombait la piste forestière. Je la pris et j'en enlevai le
chargeur. Puis, je manœuvrai la culasse. Une cartouche jaillit de la
chambre. ]'appuyai sur la détente. Le claquement caractéristique du
système de percussion me démontra que l'arme fonctionnait. Donc
c'était bien délibérément que le Yougoslave n'avait pas tiré . . . Je n'en
fus que plus heureux d'avoir détourné mon arme ostensiblement. Et
lui, pourquoi, au lieu de tirer, a-t-il laissé tomber son arme ? Sans doute
en avait-il assez de tuer, ou peut-être s'était-il dit qu'il valait mieux
éviter de courir des risques de représailles, après le déploiement en
force des troupes de l'Otan dans le coin. Il était parti sans courir, je
crois donc qu'il avait compris que j'aurais trouvé criminel de le tuer.
Aujourd'hui, je suis heureux que les choses aient tourné ainsi. Cette
anecdote restera pour moi un de ces bons souvenirs qui peuvent
naître, même dans la stupidité d'une guerre.
Mon premier mouvement fut de repartir à la poursuite des
véhicules avec mon « trophée ». Mais je me ravisai. S'ils avaient entendu
le coup de feu que j'avais tiré en direction du porteur de kalachnikov,
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culture de la torture sur des individus interrogés par des gens qui ne
l'appliquent pas.
Nous avions décidé d'interroger Porsaleh en dernier. Avant le
début des interrogatoires, j'avais demandé à la cantonade qui parlait
l'arabe panni les prisonniers. Silence de mort. Puis Porsaleh se leva et
nous dit en anglais qu'ils connaissaient tous l'arabe grâce au Coran,
mais qu'ils n'utiliseraient que leurs langues pour nous répondre. Il
parlait donc au nom de tous. Il faudrait aborder son interrogatoire avec
le maximum d'infonnations venant des autres prisonniers.
Nous avions installé la salle d'interrogatoire : une table, des
chaises dans une chambre au second étage. Les prisonniers devaient
donc monter l'escalier, escortés par des commandos dont ils avaient pu
goûter l'efficacité en début d'après-midi. La chambre d'interrogatoire
était séparée de l'escalier par un petit couloir. Ce qui s'y passait restait
donc très mystérieux.
Le premier, le plus jeune, était terrorisé en entrant dans la pièce.
Il se présenta comme l'imam du village agricole, mais il était incapable
de lire l'arabe couramment. Drôle d'imam. Il s'attendait à être torturé,
mais les coups n'arrivaient jamais. Il commença à répondre à nos
questions et, grâce à la technique du fil sur lequel on tire, il finit par
nous dire beaucoup trop de choses pour pouvoir continuer à mentir
sur la nature réelle des activités qui se tramaient ici à Pogorelica.
Alors il eut peur d'avoir trop parlé, et donc peur des réactions de
ses camarades. Nous avions décidé de séparer ceux qui avaient été
interrogé des autres, pour éviter qu'ils ne décrivent les conditions
d'interrogatoire. Pour cela nous les faisions redescendre dans la grande
pièce du rez-de-chaussée, à la vue des autres, mais séparés, avec
interdiction de communiquer. À son retour, le jeune imam était si pâle
et si défait que ses compagnons se demandèrent sans doute ce que
nous savions appliquer comme traitement qui avait mis leur complice
dans un état pareil sans laisser de traces. . . Nous avons appliqué le
même traitement à tous. Comme tous nous en avaient trop dit pour
leur gré, aucun ne voulait montrer qu'il avait été lâche. Ils étaient d'une
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LES C O N S É Q U E N C E S P OL I T I Q U E S
DE L ' O P É RATION GRO USE
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corps. Les corps martyrisés par les monstres que l'on trouve dans tous
les camps, c'est dans des puits, dans des grottes, voire dans des silos à
riz qu'on les trouve. Pas dans des cimetières provisoires où les tombes
sont bien séparées et repérées par les survivants . . .
Ainsi, pour tenter de peser sur nos activités, nous reçûmes un
jour par le canal américain une information selon laquelle les Serbes
étaient en train de vider les fosses communes pour faire disparaître les
traces des assassinats qu'ils avaient commis sur les hommes de
Srebrenica. Renseignements pris, dans la région de Zvomik, deux
tombes d'un cimetière provisoire, situé près d'un tunnel désaffecté,
avaient été vidées, une nuit.
On nous demandait de mobiliser les équipes de recherche du
bureau renseignement pour surveiller les « charniers ». Le colonel Core
refusa en disant que si les Américains voulaient mettre des moyens de
surveillance des fosses communes, ils n'avaient qu'à utiliser leurs
moyens aériens de surveillance du sol, ou des troupes d'infanterie du
secteur de Tuzla, des troupes américaines, donc . . .
Et, à partir de ce moment-là, un avion automatique américain
« Predator » survola les fosses communes, les jours où le vent n'était
pas trop violent. Personne ne vint plus les vider, alors que le
« Predator » ne volait pas la nuit. Mais ceux qui voulaient récupérer des
corps avant la fête annuelle serbe des cimetières avaient ramené leurs
défunts chez eux.
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Du CYN I S M E
AUX C RI M E S D E G U E RRE
C HAPITRE 10
D ' U N E M I S S I O N À L'AU T R E
'
J
ai quitté le territoire par un avion militaire, avec tout mon paquetage et
des quantités de photos à faire développer. J'avais engrangé une
expérience professionnelle inestimable.Au moment où j'allais rejoindre
des instances politico-militaires multinationales, il me semblait que mes
connaissances de l'ONU, de la guerre et des interpositions, couronnée par
cette mission exaltante et instructive en Bosnie-Herzégovine pourraient
être mise à profit par le général dont j'allais être le chef de cabinet. J'avais
déjà tenu ce poste pour un général dans un commandement opérationnel,
en temps de guerre comme en temps de paix.
Je n'eus que le temps de faire un saut à la force d'action rapide.
J'y signai ma notation annuelle qui, une fois de plus, me laissait bon
espoir d'avancement, le moment venu, puis je partis en stage
préparatoire à ma mission à l'Otan. Ce stage de quinze jours présentait
des aspects intéressants, surtout sur les plans pratique et administratif
En ce qui concernait la connaissance du milieu et du poste à tenir,
personne ne put bien me renseigner. Le milieu je le connaissais et le
métier de chef de cabinet varie d'un général à l'autre, et personne ne
peut en parler s'il ne l'a pas exercé.
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LE G RAND BAZAR
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déjà las.
- Non, Monsieur le ministre, répondit l'aide de camp, habitué.
Celui-ci est important. . . »
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La pression américaine
pour promouvoir les sinistres missiles Tomahawk
Ces missiles ont été mis au point, dans les années soixante-dix,
pour porter une arme nucléaire de théâtre jusqu'à un cylindre de dix
mètres de haut sur soixante mètres de rayon, situé à 400 km du
lanceur. Ils pèsent le poids d'un avion de tourisme. Même chargés avec
de l'explosif conventionnel, ils ne sont absolument pas conçus pour
faire du tir sur des objectifs militaires ponctuels dans une ville. S'en
servir dans une opération d'imposition de la paix est donc criminel.
Au cours de l'année 1997, plusieurs articles de la presse militaire
spécialisée que nous recevions à l'Otan s'étaient faits l'écho d'un
différend entre le Pentagone et le Congrès américain. Appuyés par les
fabricants de missiles, les gens du Pentagone avaient tenté d'obtenir
du Congrès le financement de l'acquisition de missiles de croisières
mieux adaptés que les Tomahawks à d'éventuelles « frappes
chirurgicales». Devant le coût des programmes, le Congrès refusait. Il
fallait d'abord financer le coût de la réduction de l'armement
stratégique qu'imposaient les négociations START des Américains avec
les Russes. Aux termes de ces accords, il fallait démanteler, entre autres
types d'équipement, un certain nombre de missiles de croisière
Tomahawk, suivant un calendrier en cours d'exécution. Mais démonter
des missiles de croisière déjà payés sur les budgets antérieurs est une
dépense réellement stupide. Il vaut mieux les tirer. Cela fait un
exercice pour les militaires et ne coûte plus rien au budget.
Alors, nous avons commencé à recevoir, dès janvier 1998, des
rapports de renseignement américains sur l'Iraq. Selon ces rapports,
les Iraquiens non seulement ne respectaient pas les résolutions de
l'ONU, mais encore se remettaient à présenter un danger pour les pays
voisins de la zone. On sentait monter une nouvelle épreuve de force.
Mais l'Iraq n'est pas dans la zone de compétence de l'Otan et ces
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des Français fut nette : pas question. Les seuls moyens que l'on aurait
pu envoyer étaient des gendarmes mobiles, on en avait besoin en
France. Après quelques réunions houleuses, Clark obtint des
propositions de carabiniers italiens ainsi que de forces de l'Amérique
du Sud, pour venir faire du maintien de l'ordre à la SFOR.
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Toutes ces mines sont jolies, équipées d'un petit parachute et attirent
les enfants qui n'ont souvent qu'une idée, s'en servir comme jouets.
Lors de la guerre du Golfe, elles nous ont causé la mort ou
l'amputation des seules pertes que nous, Français, ayons eu à déplorer.
Et ce sont nos avions qui les avaient tirées. Elles tuent encore, de nos
jours, dans le sud de l'Iraq.
Suivant les mcxlèles, les cluster bombs dispersent entre cent et trois
cent mines, environ. Après explosion d'une moitié d'entre elles, qui font
d'énormes dégâts, il en reste donc entre cinquante et cent cinquante, tapies
sur le terrain, pour chaque bombe tirée d'un avion. Et à la différence des
mines posées par les militaires de l'anne du Génie, les mines aérodispersées
sont épandues au hasard, sans plan de pose. Il est donc impossible de les
retrouver, sauf au prix de longues et dangereuses recherches.
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ce rôle de conseil, encore faut-il avoir servi ailleurs que dans les
ministères.
L'emploi de la force brutale suppose une formation morale
préalable, qu'on enseigne à Saint-Cyr-Coëtquidan, à Brest ou à Salon
de-Provence, à Saint-Maixent ou dans les écoles d'armes, sous le nom
de « formation militaire générale ». C'est, en fait, la formation
indispensable à conduire des opérations de guerre, c'est-à-dire à la
limite de la morale, sans perdre son âme. Et cette formation militaire
générale n'est pas dispensée dans les écoles ou les universités qui
forment nos dirigeants civils.
Dans cet exercice du non-droit qu'est la guerre, l'honneur des
militaires français - et britanniques - a toujours été de savoir que
lorsqu'une balle pénètre dans un corps, la douleur est la même, le
sang est de la même couleur et les ravages sur les familles sont les
mêmes, quel que soit le bord auquel appartient la victime.
Nombre de nos politiciens sont totalement hermétiques à ces vérités
de base. Ils gèrent des crises, c'est-à-dire leurs carrières. Et pendant tout
le temps où ils « gèrent », les peuples souffrent. Ils s'en moquent car pour
eux la notion de population a remplacé celle de peuple. Le nombre
abstrait a remplacé les hommes avec leurs cultures, leurs aspirations, leurs
joies, leurs peines, leurs rires et surtout le regard des enfants.
La question yougoslave devenait préoccupante. Ceux des officiers
qui ne vivaient pas dans les nuages se doutaient que nous allions vers la
réédition de l'affaire de Bosnie-Herzégovine. Les Européens s'étaient
retirés d'Albanie après l'opération Alba, mais la situation y était encore
très instable. Les manifestations d'Albanais du Kosovo se &.isaient de plus
en plus nombreuses, à Bruxelles, et nous présumions que, comme pour
toutes les autres crises de l'éclatement de la Yougoslavie, les
gouvernements répondraient à l'émotion de leurs opinions publiques. Le
poids du principe d'ingérence humanitaire nous était connu, ainsi que
son incompatibilité avec les rares règles écrites du droit international.
Sur le plan militaire, pour éviter toute surprise, le général
américain, commandant suprême des forces alliées en Europe,
préparait avec son état-major des plans d'opérations pour intervenir au
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La rencontre
Le mois de juillet est chargé d'échéances protocolaires, à l'Otan.
Le 4 juillet est la fête nationale américaine, le 14 est celle des Français,
mais aussi celle de la ville de Liège qui fête traditionnellement la fête
nationale française, et le 21 juillet est la fête nationale belge.
À la mi-juillet, mon téléphone sonna. Il s'agissait d'un M. Jovan
Milanovic qui se présenta comme le premier conseiller de l'ambassade
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tous ses « boys » brûlaient d'aller « casser du Serbe », et que pour eux
c'était comme de « participer à la finale du Superball ».
Pendant ce temps-là, les divers groupes de contact se heurtaient à
des fins de non-recevoir de la part de Slobodan Milosevic. Il refusait de
céder, protestant du bon droit des Serbes sur le Kosovo. Un jour de
septembre, le président yougoslave déclara aux négociateurs que si l'Otan
bombardait ses troupes, il viderait le Kosovo de ses habitants de culture
albanaise. Lorsque le général Wtroth me répéta cela, qu'un rapporteur
avait annoncé lors d'une réunion, il avait un air mi-inquiet, mi-incrédule.
D'après ce que j'ai lu dans la presse, en octobre 1998, alors que
j'étais en cellule au Mont Valérien, Milosevic a répété ces propos au
général Short qui venait montrer au président serbe, pour tenter de le
convaincre, les plans détaillés des frappes que préparait l'Otan.
Bre� sans tenter même de réfléchir à ce que cela peut signifier
pour les femmes, les enfants, les vieillards sur lesquels l'enfer allait se
déchaîner, des responsables politiques de démocraties soucieuses des
« droits de l'homme » envisageaient délibérément de frapper des cibles
humaines et matérielles civiles. Conseillés par des militaires qui, pour
la majeure partie d'entre eux, n'avaient jamais vu le feu ailleurs que
dans les « caisses à sable » des écoles de guerre, des dirigeants
politiques envisageaient de violer délibérément les conventions de
Genève qui interdisent à toute partie à un conflit de s'en prendre à la
population civile et aux biens d'intérêt civil. Ils étaient prêts à couper
à tout un pays ses sources d'alimentation en eau et électricité, ses
moyens de communications, de chauffage. Et ceci au début de l'hiver
balkanique que nous étions bien peu nombreux, au quartier général de
l'Otan, à avoir connu. . .
C HAPIT R E 14
L'AFFAIRE S E N O U E
,
J
avais parlé d e l'évolution des Balkans avec l'officier opérations, sur
un mode fort général, et nous avions conclu que nous allions au
massacre si Milosevic ne cédait pas aux pressions des divers groupes de
contact. Je participais d'une oreille lasse aux réunions de la
représentation militaire parce qu'on y parlait de manière trop cynique,
à mon gré, de ce qui se préparait.
}'avais en charge la préparation du dîner officiel des femmes des
chefs d'états-majors qui devait avoir lieu en novembre 1998.
Traditionnellement, ces dames qui accompagnent leurs maris à
Bruxelles partagent un dîner organisé par deux nations. Cette fois-ci, il
revenait à la France et à l'Allemagne, c'est-à-dire à mon homologue
allemand et moi-même, de préparer ces « agapes •.
Ceci venait en plus de mes autres responsabilités et le dossier des
opérations n'était pas directement de mon ressort.
Je ne suivais donc pas en détail ce qui se tramait envers la
Yougoslavie. Je savais que les groupes de contact n'aboutissaient à rien,
malgré la menace de frappes sur les forces yougoslaves au cas où
Slobodan Milosevic s'entêterait dans sa position intransigeante.
M. Milanovic, le diplomate yougoslave, ne reprenait pas contact
avec nous et je pensais qu'il avait abandonné ses tentatives de rencontre
avec le général Wiroth. Puis, un jour, nous reçûmes par courrier un
document qui était une thèse de sciences politiques de l'université de
Belgrade visant à établir le bien-fondé de la présence serbe au Kosovo.
Cette thèse est connue dans les milieux spécialisés, comme je le
découvris plus tard, mais moi je n'en avais pas eu connaissance. C'est
dire que ma vision de la question du Kosovo était moins que partisane.
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La faute
En fait, je conduisais une opération d'intoxication comme cela
m'était déjà arrivé, dans le passé. Dans ce genre d'affaire, il faut être
très prudent parce qu'on est obligé d'utiliser des informations réelles
pour en faire passer de fausses. Donc, il faut en dire assez, sans en dire
trop. Ce que je disais n'était pas utilisable par les Serbes, comme cela a
été confirmé par le ministre de la Défense, en novembre 1998, dans ses
communications à la presse.
Une autre précaution à prendre dans ce genre d'affaire est de
s'assurer d'être dûment mandaté et, dans ce domaine, on peut fauter
de deux manières : agir de sa propre initiative, ou ne pas demander
d'ordre écrit. Si cela tourne mal, sans ordre écrit on n'est pas mandaté
parce qu'on vous lâche.
Or, en milieu interallié, et en manipulant du màlériel » commun et
i(
non national, les chances sont nombreuses que les choses tournent mal.
Si j'avais été mandaté officiellement pour faire ce que j'étais en
train de faire, cela m'aurait valu une lettre de félicitations de plus . . .
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L'ARRESTAT I ON
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promesse que j'ai faite à mon juge d'instruction, et ceci bien que
cenains acteurs qui, eux, auraient dû se taire, aient commis la
forfaiture de donner ou de vendre à la presse des passages entiers de
mes dépositions de l'enquête préliminaire.
Toutefois, je préciserai un point primordial que l'on retrouve
dans l'enquête préliminaire et dans le début de l'instruction.
Les officiers de police m'ont posé de nombreuses questions, m'ont
parfois reproché d'être trop disert, mais il y a une chose qu'ils ont eu
soin de ne pas me demander : leur recopier de mémoire ce fameux
papier que j'avais donné à mon contact serbe. Je pensais que le
commissaire du contre-espionnage, qui était présent dans les locaux de
la sécurité militaire et que je revis d'ailleurs dans une cellule de garde à
vue de la DST où il était venu me voir, l'avait transmis à ses subordonnés.
Cela devait d'ailleurs intéresser fortement l'officier de police
judiciaire qui dirigeait mon interrogatoire, puisque lorsque j'eus fini de
signer toutes mes dépositions il me demanda, « pour sa culture
personnelle » de lui faire une copie de ce que j'avais donné à mon
contact serbe. Il prit la demi-feuille, l'examina et me dit d'un air
étonné : « C'est tout ? ». Puis, il la rangea dans un tiroir de son bureau.
Le juge d'instruction de la quatorzième section du parquet de
Paris ne m'a jamais demandé non plus de lui faire copie de ce papier,
qui me paraissait pourtant essentiel dans l'enquête. Et comme il n'était
pas joint au dossier, j'ai pris sur moi de le lui envoyer depuis la prison,
pour qu'il figure dans les pièces. En effet, comment évaluer le
préjudice que j'ai causé, si l'on ne me demandait pas ce que j'avais
donné comme information secrète à Milanovic ?
Y avait-il eu des consignes gouvernementales pour qu'on ne me
demande pas officiellement ce papier dont le ministère de la Défense
avait connaissance de façon interne ? J'en suis personnellement
convaincu. L'affaire judiciaire a été pipée dès avant l'enquête
préliminaire. Avec le recul et les contacts que j'ai pu renouer, depuis
ma sortie provisoire de la prison de la Santé, j'ai maintenant la
conviction de ce que je suis bien la victime d'un nouveau coup tordu
d'un gouvernement de la ve République contre l'un de ses lampistes.
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été trouvé pour faire baisser les stocks de missiles de croisière, ce qui
plaçait la Maison Blanche en position d'exemple dans les négociations
START, face aux Russes.
Il est évident que, dans ce cas, Washington ne pouvait pas
admettre une action qui leur était étrangère et qui risquait de
convaincre les Serbes de se plier aux exigences de la communauté
internationale, rendant par là les bombardements inutiles.
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En prison
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Le ministère de la Défense
a désinformé la presse et n'a pas respecté la justice
On m'a présenté comme un traître, or je n'ai pas trahi mes
camarades de tant d'années de combats en Orient, en Afrique et dans
les Balkans, que ces camarades soient français ou alliés. On a dit et écrit
que j'étais pro-serbe. Or, non seulement c'est faux mais, en plus, les
enquêtes ont établi que j'ai agi seul, sans être rémunéré par mon
contact et sans sympathie pro-serbe. Donnant implicitement par-là
consistance à ma position, que j'affirme depuis le début de mes contacts
avec les divers enquêteurs qui se sont penchés sur mon dossier : mon
action n'a en rien gêné celle de l'Otan, parce qu'elle allait dans le même
sens que celle des négociateurs des différents groupes de contact. Et si
elle peut constituer une faute professionnelle, elle n'a jamais nui aux
intérêts fondamentaux de la France, contrairement à ce qu'a tenté de
faire croire le ministre de la Défense à la justice.
M. Jean-Luc Heysse, dans l'émission« Synergie » sur France Inter,
au début du mois de novembre 1998, m'a traité de nazi et de
collaborateur du« nouvel Hitler » - encore un ! -, Slobodan Milosevic.
Affirmation qui ne tient pas debout. J'ai répondu plus haut à ce
fantasme, et je tiens à souligner que j'ai gardé, par atavisme familial,
tout d'abord mon amour pour la France, mais aussi ma passion pour
les pays arabes, l'ancienne Indochine, la Grande-Bretagne et les États
Unis. En fait, j'ai été élevé sous trois drapeaux, celui de la France, et
ceux de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
En matière de croyances politiques ou religieuses, je respecte les gens
sincères. Et lorsque leurs convictions dilferent des miennes, non seulement
cela n'empêche pas l'amitié, mais encore cela« rafraîchit l'âme ».
Rien de nazi là-dedans, ni dans mes états de service. Malgré les
propos diffamatoires que différents médias ont eus, à mon sujet, je me
suis toujours refusé à quelque action que ce soit contre la presse. Je la
côtoie depuis trop longtemps, sur les divers théâtres d'opérations où
je suis passé, et je sais que son travail repose sur des informations qui
sont toujours difficiles à obtenir. Je sais aussi que les journalistes ont
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Avertissement 9
Première partie
Relever l'ONU en Bosnie-Herzégovine
Chapitre premier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Du mandat de l'ONU à celui de l'IFOR, ou comment
l'Administration Clinton a marginalisé l'ONU et l'Europe
La, gume a des lois qui s'imposent même aux vainqueurs - La, guerre
civile internationalisée, nouveau type d'affrontement - Déjà les
premiers indices de manipulation de l'information - La, FAR seprépare
à travailler avec l'Otan - La, guerre des Balkans me « tombe dessus »
- Le spectre du parti pris commence à planer sur l'engagement
militaire - Uneforce au commandement multinational, et européen
- De vieux colonels ontpeur d'affronter la réalité internationale
Chapitre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Augmentee au corps de réaction rapide de l'Otan
Premiers contacts avec le]-STARS, ce mouton à cinq pattes que la
société Raytheon voudrait vendre à l'Otan - L'anglais, langue de
travail «plurielle » - On décide d'exploiter au mieux mes
compétences en matière de renseignement - Le rigide général
américain Sylvester -Je dois « jouer des coudes » face à Sylvester
- Les Français ne sont pas pro-Serbes - La rédaction « politique »
d'un ordre d'opération conduit à un échec cuisant - Un
déploiement rendu « cafouilleux » par les errements américains
Chapitre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
L'arrivée dans le chaos
Un pays dévasté par une gume civile acharnée - Les check points, ces
chancres détestés - Situation inquiétante sur tous les plans à Sarajevo
- La, coopération multinationale dans le renseignement - Rivalités
dans le renseignement militaire français - La Direction du
renseignement militaire a enflé trop vite - Un exemple criant, le
« parachuté » de la division française - Inquiétude sur les capacités du
bureau renseignement de la division Salamandre - Nous craignons
que Paris ne reçoive qu'un renseignement partiel - Une division,
organisée différemment, des unités de l'Otan - Une organisation en
fonction des besoins - Revoilà le]-STARS, et son inutilité pour notre
opération - Priorité au renseignement humain - Une première
opération déterminante de nos équipes de renseignement
Chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Le cadre de l'action se précise
Un transfert d'autoritéferme qui donne le ton aux/actions de la guerre
civile - '/butfinit par sepayer un jour - Les accords de Dayton, pur
produit de technocrates manichéens - Faire taire les armes, d'abord
- Fairepartir lesforces étrangères, une des missions qu'imposaient les
accords de Dayton - Le Pentagone commence ses opérations
d'intoxication de l'Otan - La chaîne de renseignement de l'Otan contre
les manipulations du Pentagone-Le général Sylvester tente d'améliorer
son emprise sur nos activités - Les Français ont reçu l'ordre d'être
loyaux à l'Otan - Une visite instructive à la cellule nationale de
renseignement américaine- Un Américain à la loyauté rassurante-Les
Américains et la « guerre à zéro mort » - Le Pentagone essaie de nous
empêcher de travaüler sérieusement-Manipulations du renseignement
allié et guerre économique contre l'Europe et l'euro - Nous intoxiquer
pour que nous nous laissionsfléchir- Sus à l'euro, sus à l'ONU
Chapitre 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
L'opération Grouse
Il est temps d'en révéler davantage maintenant : tentatives
américainespou� nous « tenir en laisse » - Les Américains utilisent
nos sources - A notre tour d'intoxiquer le Pentagone - Une
opération délicate mais indispensable - Les Français nous refusent
des photos aériennes - Les Américains nous donnent des photos
aériennes fa/si.fiées - Heureusement, les Britanniques étaient là
- L'opération Grouse doit être multinationale - Nous décidons
d'êtreprudents vis-à-vis des gens du renseignement américain
Chapitre 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Mission couverte à Zenica
Une mission de renseignement sous couvert de liaison auprès des
ONG - Dans le quartier des ONG iraniennes - Un Jordanien bien
accueillant - Le Centre islamique des Balkans - Les dissensions entre
islamistespourraient compliquer l'application des accords de Dayton
- Un Centre islamiq_ue qui a gardé sa mauvaise réputation - Nous
commençons à fouiller dans les « nids de guêpes » - L'immeuble
Prome� siège de la subversion iranienne dans la région
Chapitre 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
Dans le guêpier d'Orasac
C'est la Fédération croato-musulmane qui protège le village - Un
hameau qui n'a pas cessé d'être militaire, malgré les accords de
Dayton - Dans la gueule du loup - Un vieil Arabe moins perdu
qu 'il n'en a l'air, et une police fédérale menaçante - Bienvenue
aux combattants de la Guerre Sainte musulmane - Conclusions à
chaud sur la visite d'Orasac : la Fédération se sent soutenue par
pluspuissant que l'IFOR - La CM. viole les accords de Dayton - Le
chefde la cellule nationale de renseignement américaine délaisse
son vrai rôle auprès de l'Otan - Ce que nous avons trouvé au bout
dufil crée une ambiance inconfortable
Chapitre 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
L'opération Grouse tourne mal
Il a fallu dégager en force les équipes du 13e Régiment de dragons
parachutistes - Je ne tue pas un porteur de kalachnikov - Le
président Alija Izetbegovic nous fait menacer - Interrogatoires
efficaces sans torture - Un bilan important, militaire etpolitique
- Le gouvernement d'Alija Izetbegovic libère les terroristes
Chapitre 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Les conséquences politiques de l'opération Grouse
L'opération Grouse a été compromise - Des équipes de recherche
américaines qui ne sontpas au niveau - La guerre larvée entre la CL4.
et l'Otan prend une autre tournure - Le Pentagone tente des
manipulationspolitiques sur lesfosses communes et les PICG -Fin de
mission en Bosnie-Herzégovine, maisje reste dans la sphère de l'Otan
Seconde partie
Du cynisme aux crimes de guerre
Chapitre 10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
D'une mission à l'autre
Beaucoup d'apriori sur l'Otan et « les Anglo-saxons » - L'Otan : un
organisme ruineux au rôle discutable
Chapitre 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
Le grand bazar
Une désorganisation qui reflète celle qu'on trouve à Paris - Le souci
deplaire étouffe l'efficacité - Les « petits chefs » ne sontpas les moins
ambitieux - Le ministère exhibe ses différends avec le chefdesArmées
Chapitre 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
La machine américaine
Des moyens américains complémentaires et redoutablement
efficaces - Un exemple de la gabegie otanienne : le système]-STARS
revient en négociation -La pression américaine pourpromouvoir
les sinistres missiles 1bmahawk -La guerre des Balkans est la vraie
préoccupation - Le général Clark veut des forces de maintien de
l'ordre - La concurrence entre l'armée de terre et la gendarmerie
françaises dans le domaine des opérations extérieures - Une
nouvelle opération seprépare dans les Balkans -Les monstrueuses
bombes àfragmentation -Lespays riches se sont gardé le droit de
répandre des mines
Chapitre 13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Un certain M. Jovan Milanovic
Militaires, diplomates, que chacun reste à sa place - La rencontre
- La préparation d'une opération criminelle
Chapitre 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
L'affaire se noue
Une opération d'intoxication - La faute - Un document reproduit
à plus de 400 exemplaires
Chapitre 15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
I:arrestation
Des points bien curieux dans le lancement des procédures - Une
manipulation gouvernementale - Ce sont des Américains qui m'ont
dénoncé - Washington voulait tirer des missiles Tomahawk, en
1998 - Dans le grand cirque de la justice - Inculpé du crime de
trahison - En prison - Je n'ai jamais eu l'esprit partisan - Le
ministère de la Défense a désinformé la presse et n'a pas respecté la
justice -Des garants de lajustice bien muets et bien aveugles - Une
affaire politique qui masque de graves dysfonctionnements de
l'administration
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Mes raisons d'agir - Milosevic annonçait des représailles contre les
Kosovars si l'Otan le bombardait - L'horreur de la campagne de
Yougoslavie - Des armes mal utilisées - Des soldats coutumiers des
bavures - Une absence de vraieformationprofessionnelle -La légende
des avions furtifs - Les prévisions les plus pessimistes se vérifient
- Washington gagnant sur toute la ligne. . . - . . . grâce à la défaite de
l'Otan - Dollar américain contre euro - Rien n'est réglé, le combat
continue -Le cynisme enpolitique est une attitude dictatoriale
Impression réalisée sur CAMERONpar
BRODARD ET TAUPIN
La Flèche
Imprimé en France
Dépôt légal : juin 2000
N° d'édition : 28/00 - N° d'impression : 2613
49-1244-0
ISBN : 2-86391-991-l
Crimes de guerre à l'Otan
En 1 998, le commandant Bunel a été accusé de trahison en faveur des Serbes.
Lâché par ses supérieurs et accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, il révèle
ceux de certains de ses accusateurs. Son témoignage est accablant, ses
révélations sont bouleversantes
• Des dirigeants de pays membres de l'Otan ont accepté des compromis
aggravant les difficultés de leurs propres troupes ou des peuples auxquels ils
venaient en aide.
• La CIA a organisé des opérations d'intoxication mettant en danger la vie des
soldats de l'Otan.
• Les Européens ont laissé Washington armer �es factions, en violation avec lss
efforts de l'Union européenne, pour réduire les armements sur le continent.
• Des dirigeants français sont revenus sur leurs engagements au Kosovo, au
nom d'intérêts corporatistes ou partisans.
• Des hauts fonctionnaires français du ministère de la Défense ont remis en
cause les directives du président de la République, chef des armées.
• Des représentants nationaux à l'Otan ont choisi des cibles civiles et décidé
d'utiliser, pour des raisons économiques, des armes surpuissantes, inadaptées
aux missions définies.
Un document choc qui pose les questions clés. La France doit-elle continuer de
payer 1 6% du budget de fonctionnement de l'Otan ? Cette organisation est-elle
toujours adaptée aux réalités de notre monde contemporain ?
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49 1244 0
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