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et la sociologie / par M.
Léon Duguit,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Duguit, Léon (1859-1928). Le droit constitutionnel et la sociologie / par M. Léon Duguit,.... 1889.
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DROIT CONSTITUTIONNEL
ET
LA SOCIOLOGIE
l'An
M. LÉON DUCIU'IT
PARIS
ARMAND COLIN ET C" , ÉDITEURS
1889
LE DROIT CONSTITUTIONNEL
ET LA SOCIOLOGIE
I) Depuis que ces pages sont écrites, la Cliaml>re a ajourné à une époque
indéterminée le projet de révision; et le suffrage universel, le 22 septembre et
le li <>clol>re, parait avoir condamné pour longtemps les doctrines révisionistes.
4 I.K IIHOIT CONSTITI; ri(»NNi;i. HT I.A SOC I o LOI; I K.
I I)<'|>uis ij11> (.- p:i;çes sont écrites, nue oircuhiire ministérielle du I-' j:ui-
vii-r ISSU consulte Ifs Facultés de province sur un projet de réforme qui tend
à ebririr renseignement dos r'nculté> de droit: et le léeret du Jl juillet dernier
;i rédi.it, pour les étudiants eu licence l'enseignement du droit romain et de
l'histoire du droit et élendu les études de droit, public.
(2 TAIM:, //*.S nr/</iiirs tir la i'run'r loittt'in/itintiut'. t. 1. L'Attrirn rêijintf,
liv. III. cli. m.
I.K DliOlT CONSTITI TIONNKI. KT l..\ SOCIOI.Oi; I K. :;
Il
qui résultent des actions que les corps organisés, agrégés, exercent
les uns sur les autres ou sur les corps inorganisés (2). » Ce sont
en un mot les phénomènes qui s'accomplissent, dans les sociétés
animales, ei principalement ceux qui se produisent dans les plus
ljXmis citons PU enl ier le passade de YEs/iril tirs luis, oii Montesquieu
semble avoir ini instant entrevu la grande idée moderne dn déterminisme
universel :« I.eslois, danslasi^nilieatioii lapins étendue, sont les rapports nt'ers-
sairosqui dérivent de la nalure des choses,et dans ce sens tous les êtres ont leurs
lois, la divinité a ses lois, le monde; inntériel a ses lois, les intelligences supé-
rieures à riionnue oui leurs lois, les bétes ont leurs lois, l'homme à ses lois. »
i Liv. I. eh. i.)
i\ Hir.i'.Ki'.T SpKNcrcrc. Lns /irr.niin-s prinriprs traduction Gazelles 1, p. 2Si.
8 M- DROIT C.ONSTITl'TIONNKI. KT LA SOf.lOLOC IK.
III
Ti Y. 1'. JANI'.T, he.i élwles sociales eonlrni/ioriiines {lleri/r inlern. île l'enxri-
(I I,. I. rli.i.
LE DROIT CONSTITUTIONNEL ET LA SOCIOLOGIE. 13
(1) FONSEQRIVB, Essai sur le libre arbitre, Paris, 1887. LKVY-BRUHI., Le libre
arbitre {Revue bleue, 1888, t. II, p. 813).
(2) HERBERT SPENCER, Introduction à la science sociale (traduction frapçaise),
p. iii et suïT.
14 LE DROIT CONSTITUTIONNEL ET LA SOCIOLOGIE.
donc pas une science positive. Que cette difficulté ne nous arrête
point. A l'heure actuelle, les sciences qui sont le mieux établies,
dont personne ne conteste la réalité positive, n'arrivent qu'à une
précision tout à fait imparfaite. Tout le monde connaît le vague
et l'incertitude des prévisions météorologiques; la météorologie
est cependant une branche de la science physique. La biologie
n'est point encore arrivée à prévoir d'une manière certaine les
différentes phases de la vie organique des individus. Qu'on n'ou-
blie pas en outre que la sociologie positive date d'hier, que les
phénomènes sociaux sont très nombreux et très complexes et
que nous ne les connaissons encore que très imparfaitement.
Dans l'état actuel des choses, c'est faire à la sociologie un procès
injuste que de lui reprocher l'insuffisance de ses prévisions.
Qu'on lui accorde quelque crédit, et dans un avenir prochain la
connaissance intime des lois sociales nous permettra de formuler
des prévisions certaines et à longue échéance.
IV
1) «Tout organisme,ilil. Han'.kel, est ou bien une cellule ou bien une collec-
tivité, un état l'orme de cellules étroite mont unies. Dans tout organisme, l'en-
semble (les Cormes et des phénomènes vitaux est simplement le résultat, général
des formes et des phénomènes vitaux de toutes les cellules composant l'orga-
nisme. » (lliiluirr île lu rri'ulinn îles e'rf.i iin/iiiiiiri. Trud. I.etourneati, :ic édit.,
Paris. 1SHV, p. 2.',)..
(2; Ke.:-:>.\\^/?.'.'.';.';'.'. .'•-."•/.../'."/«(/«ve»/.',,;«(•<• lirri/r ,,/,,!,tsnpha/uf.l. X\U. p.Mil•.
•— PiatuiKii, Les Colonies animales et la forma tiun des organismes. 18S1.
Pans,
1(1 I.K DKOIT CONSTITUTlUNNIil. Kl I.A SOC. lu I.Oll \E.
sont donc dos phénomènes vitaux et, connue eux. doivent être
déterminés.
D'autre part, les facteurs essentiels, qui produisent les phé-
nomènes sociaux, sont exactement les mêmes que ceux qui pro-
duisent les phénomènes du monde organique. Trois facteurs
principaux agissent sur le développement organique des indi-
vidus : la lutte pour la vie, l'adaptation au milieu et l'hérédité.
Or ces trois facteurs sont précisément ceux qui ont une action
essentielle surle développement social. Plus spécialement cet
organe social, qu'on appelle l'Ktal. naît et se développe sous
Llinjlucnce de la lutte pour la vie, de l'adaptation au milieu dans
leguelil est placé", et de l'hérédité. La lutte pour la vie : c'est
sous 1 empiré de cette nécessité que les sociétés se constituent,
que leurs organes se forment et se développent, particulière-
ment l'Etat, organe de défense et de sécurité; dans toutes les
sociétés primitives, c'est la de se défendre contre les
nécessité
hordes voisines, contre les éléments, contre les bêtes féroces,
c'est la nécessité d'assurer la subsistance de fous par la con-
quête ou la chasse, qui fait désigner un chef; cette désignation
d'un chef commun, c'est la première ébauche de l'Ktat. Dans
les sociétés développées, les gouvernements ne sont point orga-
nisés d'après le système considéré comme rationnellement le
meilleur: et si telle société est monarchique, aristocratique ou
démocratique, c'est toujours sous l'empire des nécessités de
l'existence qu'elle revêt l'une de ces formes; elle ne peut en avoir
une autre, sous peine de décroître et de disparaître. L'adaptation
au milieu, nous la constatons à tous les instants de la vie so-
ciale; toute société se modèle sur le milieu dans lequel elle est
placée ; les organes sociaux, comme les organes individuels, su-
bissent toujours l'influence des éléments qui les entourent. Nous
en voyons un exemple frappant en étudiant le gouvernement
de la société française au moyen âge : elle vit, si l'on peut ainsi
parler, dans un milieu romain et canonique, qui agit puissam-
ment sur ses tendances et sa l'orme politique. Knfin l'hérédité
intervient non moins activement dans le développement social :
les sociétés procèdent les unes des autres comme les individus;
et les caractères sociaux se transmettent héréditairement comme
les caractères individuels. L'histoire politique de l'ancienne France
nous en fournit la preuve convaincante : héritière directe de la
société romaine, elle a essentiellement le caractère romain;
et ses institutions politiques se rattachent directement aux lois
de la Rome imnériale.
I.I-: niioir (.ONSTIITTIONNEI. t:r i..\ SOCIOLOT.IK. n
(I On discute souvent le point île savoir si l'histoire est une science. Non
assurément, l'histoire narrative, les recherches d'érudition pure ne constituent
point uni; science. Mais elle est bien une science l'histoire ijui a
pour but de
oVrerminei. les lois .lu social : l'histoire n'est alors que la sociolo-
ihivclonjiement
gie tf!/imniii/ue..[\'. BOUKIIEAT, l/hixloirr ?l /C.V histnrii'iix, l'atis. I.S8S.
18 I.K DltOIT CHNSTrnTIONNKL HT LA SOCIO l.n<; [ L.
respiration de l'individu; le
système nervo-inotcur maintient la
cohésion des différentes parties du tout et imprime la direction
à l'ensemble. Le physiologiste étudie séparément le fonctionne-
ment de chacun de ces systèmes et formule les lois de leurs phé-
nomènes.
De même, dans les sociétés qui sont relativement développées,
nous retrouvons ces deux grands organes, et les deux catégories
de phénomènes qui s'y rapportent. C'est d'abord le système diges-
tif, le système circulo-rcspiratoire, qui assure la nutrition du
politique. Nous constatons aussi dans les sociétés comme chez les
individus une série
de phénomènes relatifs au maintien de la co-
hésion des différentes parties et à la direction de l'ensemble ; ce
sont les phénomènes qui se rapportent à la conservation du
VI
il n'y a dune point d'art social, ou du moins cet art social sera
totalement impuissant; et l'on comprend la formule célèbre de
l'économie politique orthodoxe : /.nixsez faire, laissrz />«".«';, qui
est la
négalion de tout art politique. » L'objection est sérieuse
assurément. Les conditions du milieu restant les mêmes, rien ne