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Fichetechniqu
technique
LE MARAÎCHAGE EN
AGRICULTURE BIOLOGIQUE :
QUELQUES PRINCIPES DE BASE
Par Catherine Mazollier (GRAB)
La fiche technique “le maraîchage en agriculture biologique : quelques principes de base” a été un
tel succès qu’elle est maintenant épuisée, alors qu’elle est encore demandée. Afin que l’information
ne se perde pas, nous la proposons ici intégralement à nos lecteurs, sous forme d’un article.

Les principales règles Il convient d’assurer des conditions cielle du sol ainsi que les amendements
de l’agriculture idéales d’enracinement afin d’exploiter au organiques ;
biologique maximum le potentiel du sol. Contraire- - éviter la formation d’une semelle de
ment au conventionnel, les engrais labour (choisir des outils à dents, à
solubles ne pourront pas être utilisés griffes, à disques...) ;
L’agriculture biologique est un mode de pour corriger d’éventuelles carences - limiter le nombre de passages avec du
production alternatif basé sur l’exploita- induites par certaines conditions défavo- matériel lourd afin d’éviter le tassement
tion respectueuse de la nature. rables de sol : obstacles mécaniques, qui a un impact négatif sur la structure
C’est une démarche globale fondée sur un asphyxie, tassements… du sol et sur son activité biologique ;
ensemble de principes : - travailler au moment propice (terre pas
- préserver la fertilité du sol : nourrir le sol Il est donc conseillé d’éviter les sols trop
difficiles, ou d’orienter le choix des produc- trop humide, ni trop sèche).
pour nourrir la plante ;
tions selon le type de sol : La fertilité du sol
- éviter la pollution de l’environnement et
- sols trop lourds : souvent froids, risque
le gaspillage des ressources ; Le diagnostic de la fertilité repose sur une
d’asphyxie et de mauvaise prospection
- préserver la flore et la faune du sol et de étude globale : type et profondeur du sol,
racinaire ;
l’atmosphère ; état hydrique, nature de la matière orga-
- sols trop légers : réserves minérales
- assurer une croissance équilibrée de la nique (stabiIité, activité, biomasse...), disponi-
faibles et risque de lessivage, mais sols
plante en choisissant des conditions de bilités en minéraux ...
favorables aux carottes, mâches.
culture adaptées ; Différentes méthodes sont à la disposition
- sols caillouteux : souvent chauds, mais à
- produire des aliments de qualité. de l’agriculteur (analyse de sol classique,
éviter pour les légumes-racines ;
méthode Hérody...).
L’agriculture biologique impose notam- - sols contaminés (nématodes, Scléroti-
ment une réflexion accrue sur les choix des nia) : problèmes difficiles à résoudre en La fertilisation
productions ainsi que des observations agriculture biologique. Le raisonnement de la fertilisation en
régulières des plantes et de leur environ- agriculture biologique requiert une très
Le travail du sol
nement. bonne information sur les produits. La
• En maraîchage biologique, l’emploi plus
fertilisation repose sur l’utilisation de
Le sol systématique des amendements orga-
fumier composté. En complément ou en
niques et des engrais verts devra per-
remplacement de celui-ci, on utilise éga-
Assurer l’enracinement des plantes sur mettre une amélioration notable de la
lement des amendements et engrais
un volume maximal de sol actif et sain. structure du sol. Mais ces efforts doivent
organique “du commerce” auxquels
être complétés par un travail du sol adap-
La nature du sol té aux caractéristiques du sol et visant à
s’ajoutent des engrais minéraux d’origine
Lors d’un projet de conversion d’une naturelle (voir encadré page suivante).
favoriser la prospection racinaire.
exploitation en maraîchage biologique, la Enfin, les cultures d’engrais verts vien-
nature du sol est un critère déterminant • Quelques principes nent compléter ces différentes
dans le choix de la parcelle. La connais- Les façons culturales préconisées sont méthodes. La fertilisation en cours de
sance des caractéristiques physiques du celles qui confèrent au sol une structure cuIture est en général peu compatible
sol est décisive pour préciser les condi- physique adaptée tout en préservant l’ac- avec la culture biologique : les engrais
tions de disponibilité et de migration des tivité microbienne du sol : solubles habituellement utilisés en
éléments nutritifs : la réalisation de pro- - ameublir et aérer le sol en évitant d’en- conventionnel ne sont pas autorisés. De
fils et d’analyses est donc indispensable. fouir en profondeur la couche superfi- plus, l’apport des engrais organiques ou

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minéraux en poudre sur le rang de cultu- Les engrais verts systèmes radiculaires différents ;
re est malaisée (notamment en cas Ils ont de nombreux effets bénéfiques : - alterner des cultures avec des besoins
d’emploi d’un paillage). Il faut donc mobilisation et remise à disposition des minéraux différents, correspondant en
considérer le sol comme l’unique “pour- éléments nutritifs, stimulation de la vie général à des développements végétatifs
voyeur” de minéraux, grâce à son humus microbienne, amélioration de la struc- différents (légumes racines ou tuber-
et aux apports d’amendements et d’en- ture du sol. Ils contribuent également à cules, légumes feuilles, légumes fruits et
grais réalisés avant la culture. Cependant, réduire les pertes d’azote par lessivage graines) ;
la libération des minéraux dépend de et donc le taux de nitrates des eaux - maintenir les terres propres grâce à l’al-
nombreux facteurs. C’est là que réside souterraines. Ils imposent cependant ternance de cultures faisant appel à des
l’une des difficultés en maraîchage biolo- une disponibilité suffisamment longue techniques différentes de lutte contre
gique : l’adéquation de la disponibilité et des parcelles et induisent parfois cer- les adventices (paillage, désherbage, sar-
des besoins, notamment en azote. taines contraintes, notamment pour clage...) ;
l’enfouissement. - assurer la fertilisation de fond sur une
Ainsi, en tomate et aubergine sous abris :
Les engrais verts les plus courants : tête de rotation, qui sera une culture
- en début de culture, de trop fortes libé-
graminées (sorgho fourrager...), légu- gourmande et supportant des apports de
rations d’azote peuvent entraîner l’em-
mineuses (féverole, lupin...), crucifères masse en amendements organiques,
ballement des plantes : risques accrus de
(moutarde, colza, radis fourrager...). éventuellement peu décomposés : Sola-
Botrytis et de coulures de fruit, accen-
nacées, Cucurbitacées, choux, Chénopo-
tués en conditions froides et en culture
Les principaux engrais et diacées... ;
greffée ;
- en période de récolte, des manques
amendements autorisés - placer en fin de rotation les cultures exi-
• Amendements et engrais organiques geant la matière organique sous forme
d’azote pourront provoquer des pertes
fumiers et composts (végétaux et animaux) d’un compost très évolué.
de rendement et de calibre (contrôle
éventuel du niveau d’azote du sol au lisiers et fientes de volailles (sauf ceux • La pratique des rotations a pour corol-
nitratest). provenant d’élevages hors sol) marc de laire la diversité des cultures, souvent pos-
raisin et vinasses sible en maraîchage biologique en raison
guano et tourteaux farines de de la dominance de la vente directe qui
plumes/poils/os, algues impose une large gamme de produits.
• engrais minéraux
patentkali : sulfate de potasse et de • Elle a cependant ses limites et ses incon-
magnésie vénients :
kiesérite : sulfate de magnésie - une grande diversité des cultures impose-
phosphate naturels tendres ra au maraîcher un savoir-faire très large
carbonate de calcium (dolomie, craie…) sur Ies techniques de production, le choix
Engrais vert sous abri : sorgho fourrager oligo-éléments, poudre de roche. des variétés, les problèmes sanitaires
(connaissances des ravageurs et de leurs
auxiliaires)... Le maraîcher est parfois
La rotation des isolé et doit alors acquérir seul l’ensemble
cultures des connaissances nécessaires ;
- certains parasites ou pathogènes du sol
sont inféodés à de nombreuses espèces
• Elle consiste à alterner les familles bota- et la rotation n’est alors par une répon-
niques lors de la succession des cultures : se satisfaisante.
Solanacées : aubergine, tomate, poivron, Ainsi les nématodes Méloïdogyne, fréquents
Engrais vert : phacélie pomme de terre, en sol sableux et secs, se conservent dans le
Cucurbitacées : melon, concombre, corni- sol jusqu’à 10 ans et attaquent de nom-
chon, courgette, breuses cultures : Solanacées (tomate,
Chénopodiacées : épinard, blette, aubergine, poivron), Cucurbitacées (melon,
Crucifères : chou, brocoli, radis, concombre, courgette), Composées
Ombellifères : carotte, céleri, fenouil, (salades).
Composées : laitue, chicorée...
• Elle répond à différents objectifs : La protection des
- limiter la concentration des parasites
cultures
et pathogènes sur la parcelle, souvent
responsables de problèmes de fatigue
des sols ; Les problèmes sanitaires constituent
- prospecter le sol à différentes profon- la cause principale de pertes de
Engrais vert : vesce avoine deurs en alternant des plantes avant des récoltes en maraîchage biologique :

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Protection des cultures en maraîchage biologique permet de conférer des résistances aux
Les principaux produits autorisés maladies et parasites de sol (fusariose,
Contre maladies Cuivre sous forme d’hydroxyde, d’oxychlorure,d’oxyde ou nématodes…).
de Sulfate de Cuivre. • Variétés résistantes ou tolérantes
Soufre (mouillable ou pour poudrage)
Elles constituent un moyen préventif effi-
Contre Insectes Roténone et Pyrèthre, savon noir.
cace contre différentes maladies, virus et
Bactéries (Bacillus thuringiensis)
insectes : Oïdium (melon, concombre,
Virus (polyédrose) contre Noctuelles
Auxiliaires courgette), Alternaria (carotte), mildiou
Contre limaces Anti-limace métaldéhyde (uniquement en pièges) (laitue, radis, épinard…), virus (courgette),
pucerons (melon, salade)...
• Protection physique
La couverture des cultures par les voiles
(bâches) permet de prévenir l’attaque par
certains insectes : pucerons (melon, cour-
gette, salade…), mouche de la carotte,
teigne du poireau... La pose des voiles en
serres au niveau des ouvrants (pépinières
ou cultures) permettra de limiter les
Acariens : dégâts sur melon Solarisation sous tunnel
risques de viroses transmises par puce-
Certains ravageurs et maladies peuvent est efficace sur de nombreux champi-
rons ou thrips.
largement pénaliser le rendement : gnons du sol et préserve la microflore
insectes du sol, pucerons, araignées utile du sol. • Contrôle et piégeages des
populations
rouges, noctuelles, mildiou, pythium, La désinfection vapeur, coûteuse et
Ils permettent d’évaluer les populations
virus... Or, en agriculture biologique, les non sélective, se justifie notamment
de ravageurs et d’auxiliaires, et de
moyens de lutte directe autorisés par le dans des sols fortement contaminés
déclencher les lâchers d’auxiliaires.
cahier des charges européen sont très limi- (nématodes).
tés (voir liste). De plus, leur action est sur- • Travail du sol Conduite des cultures
tout préventive (Soufre et Cuivre) ou à Il peut permettre de limiter certains • Gestion du climat
spectre trop large (Pyrèthre et Roténone parasites du sol. Ainsi, en période estiva- Sous abris, la maîtrise du climat est un
également toxiques contre les auxiliaires). le le travail du sol pourra remonter les facteur déterminant. L’aération des
Le cuivre et le métaldéhyde sont suscep- taupins en surface et assurer une des- serres est déterminante pour limiter les
tibles d’être interdits à partir de 2002. truction partielle des populations par excès d’hygrométrie, et restreindre ainsi
dessication. Par ailleurs, un travail de sol le développement de maladies fongiques,
favorisant un bon enracinement permet- notamment en période froide et peu
La prévention, tra de limiter les problèmes sanitaires. lumineuse : Botrytis et Cladosporiose sur
mode d’emploi • Calendrier de culture tomate, mildiou sur laitue et
Il faut éviter des cultures de contre-sai- concombre… À l’inverse, en période chau-
La prévention est le maître mot du son afin de ne pas créer des situations de et sèche, les bassinages favoriseront
maraîchage biologique. C’est l’essence favorables aux pathogènes Botrytis de la l’installation de certains auxiliaires et limi-
même de la démarche suivie en agricultu- tomate, sclérotinia, mildiou … Le teront l’activité des ravageurs correspon-
re biologique; elle impose une très bonne manque de lumière, les températures dants : Orius contre thrips (poivron), Phy-
compétence qui, on l’a évoqué, n’est pas trop basses et les hygrométries exces- toséilus contre araignées rouges…
toujours acquise en raison de la multipli- sives seront toujours pénalisants pour • Gestion de l’irrigation
cité des cultures, donc des ravageurs et de les cultures : croissance lente, tissus fra- Une conduite raisonnée des irrigations
leurs auxiliaires naturels. Elle exige aussi giles, risques d’asphyxie ou de gel. est vitale : le manque d’eau favorisera les
du temps pour l’observation régulière et • Densité de culture araignées (tomate, melon, courgette...),
minutieuse des cultures. La réduction de densité est souvent les excès d’eaux favoriseront les patho-
déterminante dans la réduction des gènes du sol (Pythium, Sclérotinia).
Techniques de culture
risques sanitaires : pourritures du des- • Gestion de la fertilisation
Des conditions de culture assurant une
sous en salades, Mildiou en radis, Alter- Certains excès ou carences ont parfois
bonne croissance des plantes limiteront le
naria en carotte... ). des incidences sur l’état sanitaire : l’ex-
développement des maladies :
• Greffage cès d’azote semble provoquer un déve-
• Désinfection du sol Comme en conventionnel, le recours au loppement accru des pucerons; il favori-
La solarisation est une technique greffage est une pratique assez fréquen- se également le Botrytis et la moelle
simple et peu coûteuse. Surtout réali- te en maraîchage biologique sous abris. noire sur tomate, ainsi que le Botrytis, le
sable dans la moitié Sud de la France, elle Ainsi, en melon, tomate, aubergine, il Rhizoctonia et les nécroses sur salades.

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Mesures préventives Mesures curatives légumes plantés (oignon, poireau,
chou...) imposent l’association de diffé-
Rotation des cultures et Désherbage thermique
rentes opérations de désherbages ther-
Entretien des bordures Désherbage mécanique : sarcleuse,
miques et mécaniques, avec des posi-
Faux semis + désherbage thermique brosseuse, herse étrille
tionnements ajustés des différentes
Paillage Désherbage manuel techniques. Les légumes plantés impo-
Désinfection vapeur seront les mêmes associations, sauf
Solarisation (moitié Sud de la France) lorsque le paillage est utilisable (salades,
melon, courgette, tomate, concombre...).
Préservation et introduction
• Elle induit des coûts élevés :
des auxiliaires
- en main d’œuvre (désherbage manuel)
Il faut privilégier les méthodes permet-
- en matériel : en particulier, les désher-
tant d’instaurer un équilibre entre auxi-
bages mécaniques et thermiques impo-
liaires et ravageurs. Il faut également
seront à la fois un choix adapté du
consacrer du temps à l’observation des
matériel de semis ou plantation (semis
populations, fonction essentielle du en ligne en radis) et l’investissement du
métier de maraîcher en agriculture matériel de désherbage.
biologique.
• Préservation
Quelques conséquences
- Maintien de la faune auxiliaire : haies
de la conversion à
et bordures florales
Les haies constituent non seulement des
l’agriculture biologique
brise-vents, mais aussi des refuges natu-
rels pour les oiseaux et insectes utiles. • Rendements souvent inférieurs au
Les fleurs sont essentielles comme conventionnel (pertes parfois
sources de nourriture pour de nombreux notables par des problèmes sani-
auxiliaires des cultures car ils sont égale- Lutte contre pucerons : plantes-relais taires ou d’enherbement).
ment consommateurs de nectar (Hymé- est utile lorsque la faune autochtone est • Coûts de production supérieurs :
noptères sur Ombellifères notamment, absente, insuffisante ou en retard dans notamment la main d’œuvre et le
larves de certains chrysopes sur Compo- son installation par rapport au ravageur matériel de désherbage, les fertili-
sées) et de pollen (coccinelle). visé. Ainsi, contre pucerons, on obtient de sants, la protection phytosanitaire
Les zones florales peuvent être établies bons résultats avec l’introduction d’Aphi- en cas d’achat d’auxiliaires...
le long des chemins, autour des parcelles dius, par des lâchers ou par l’installation • Temps de travail supérieur pour le
ou entre les serres. La diversité des de plantes relais en début de culture. contrôle des cultures : davantage de
espèces permettra d’étaler la période de cultures, observations plus longues
floraison et d’attirer une large gamme La maîtrise des de l’état sanitaire, de la présence des
d’insectes utiles : Ombellifères (carotte), adventices ravageurs et auxiliaires.
Composées (achillée), Légumineuses • Peu de références technico-écono-
(trèfle), Labiacées (menthe), phacélie… Le renoncement aux désherbants est la miques et d’assistance technique.
mesure la plus significative lors de la • Travail revalorisé car plus intéressant
- Traitements insecticides
reconversion. La maîtrise des adven- et moins dangereux (pas de traite-
La roténone et les pyrèthres sont des
tices devient en effet une préoccupa- ments phytosanitaires…)
insecticides polyvalents donc toxiques
tion importante et requiert notam- • Marché encore porteur (prix souvent
pour la faune auxiliaire : il convient
ment des besoins élevés en main supérieurs au conventionnel mais
d’éviter les traitements généralisés et
d’œuvre. avenir incertain sur cette tendance et
de privilégier les interventions localisées
marché parfois aléatoire à certaines
sur foyers, sauf en cas de risques La maîtrise des adventices périodes.
importants (périodes de vols, forte
fait intervenir des moyens • Contribution au respect de l’environ-
pression dans l’environnement…). En
complémentaires nement. ■
revanche, le Bacillus thuringiensis est
sélectif des chenilles ; il est donc sans Remerciements à:
• Elle impose des stratégies différenciées
effet nocif pour les auxiliaires, ainsi que G. Rocques et Y. Tachoire (agriculteurs bio-
selon les groupes de cultures, notam-
pour les poissons, abeilles et le gibier. logiques), Alain Arrufat (CIVAM bio LR),
ment en fonction du mode d’installation Jean-Pierre Thicoïpé et Dominique Berry
• Introduction d’auxiliaires de la culture. Les légumes semés (carot- (SERAIL), J. F Lizot et R. Desvaux (GRAB).
Sous abris, l’introduction des auxiliaires te, oignon, épinard...) et certains Crédit photographique : GRAB

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