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GALINA FLOREA
Avant-propos ………………………………………………………… 7
PREMIÈRE SECTION
Lecture collective de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry
„Le Petit Prince” ………………………………………………… 9
DEUXIÈME SECTION
Sujets à traiter ………………………………………………………... 113
TROISIÈME SECTION
Pour en savoir plus. Textes supplémentaires ………………………… 167
5
6
Avant-propos
L’auteur
8
PREMIÈRE SECTION
Lecture collective
ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY
Le Petit Prince
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MODULE I
Unité 1
I-ère partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté la cassette (ou le CD), essayez de répondre à
ces questions:
Quel était le titre du livre sur la Forêt Vierge? Qu’est-ce qu’on
disait dans le livre? Quel a été le premier dessin de l’écrivain-enfant?
Comment était-il interprété par les adultes? Pourquoi l’a-t-il modifié?
Quel conseil a-t-il reçu de la part des “grandes personnes”? Quel
métier a-t-il finalement choisi? Qu’est-ce qu’il avait fait de son premier
dessin? A quoi lui servait-il? Où se trouve la Chine? Et l’Arizona?
Lexique
Commentaire
Grammaire
1. Lisez attentivement la dédicace. Relevez les expressions for-
mées d’un nom et d’un verbe qui lui est associé. Quelle est l’expression
reprise par l’auteur trois fois de suite? Dans quel but?
2. Cherchez dans cette partie dix noms qui aient un genre différent
en roumain.
3. Un mot interrogatif placé en tête de la phrase demande
l’inversion du sujet (nom ou pronom). Tirez des exemples du texte.
Mots interrogatifs:
a) adjectifs: quel / quels, quelle / quelles (Quel est votre nom?);
b) pronoms: qui, que, quoi (Que préfères-tu?);
c) adverbes interrogatifs servant à interroger sur:
– le temps: quand?
– le lieu: où? d’où?
– la cause: pourquoi?
– la manière: comment?
– la quantité: combien? Etc.
Autodictée
Faites une lecture répétée du dernier alinéa afin de le retenir et
de pouvoir l’exposer sous forme d’autodictée (livre fermé).
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II-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qu’est-ce qui est arrivé à l’auteur-pilote? Où est-il tombé avec
son avion? Qu’est-ce qu’il voulait faire? Quelle a été sa surprise?
Quelle était la demande de l’enfant? Comment a-t-il interprété le
dessin-épreuve? Pourquoi a-t-il été refusé? Et les moutons, pourquoi
ont-ils été refusés à leur tour? Lequel des dessins a pleinement satisfait
le petit prince? Pourquoi? Vous savez certainement que le désert de
Sahara se trouve en Afrique du Nord. Connaissez-vous d’autres déserts?
Où se trouvent les déserts de Gobi, de Kalahari, de Thar, du Néguev,
du Colorado, le grand désert Victoria?
Cherchez la solution parmi les pays proposés: Etats-Unis,
Australie, Mongolie et Chine, Pakistan et Indes, Israël.
Lexique
1. Donnez les antonymes des mots: désobéir, démontage, ap-
parition, découragé, mauvaise humeur.
2. Dites par d’autres mots: au lever du jour; une apparition; un
petit bonhomme; une drôle de voix; faute de patience; faire la con-
naissance de qqn; considérer gravement qqn; avoir l’apparence de
qqch; avoir hâte de faire qqch.
3. Faites attention au sens de la préposition sur dans les phrases
ci-contre. Traduisez-les:
J’ai vu une magnifique image dans un livre sur la Forêt Vierge.
J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle. Je me suis
donc endormi sur le sable. J’ai sauté sur mes pieds. Je faisais l’expé-
rience sur elle de mon dessin numéro 1.
4. Dressez la liste des animaux domestiques.
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Commentaire
1. “J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler vérita-
blement jusqu’à une panne dans le désert du Sahara”.
Peut-on parler sans communiquer? Avec qui parlez-vous véri-
tablement (comprendre et être compris à demi-mot)?
2. “Quand le mystère est trop impressionnant on n’ose pas
désobéir”. L’affirmation semble avoir une portée générale. Pouvez-vous
l’attribuer à une situation vécue par vous-même ou par quelqu’un de
vos amis?
2. “– Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.
Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon
jeune juge:
– C’est tout à fait comme ça que je le voulais!”.
Qu’est-ce qu’il faut avoir pour voir des moutons à travers les
caisses? Y a-t-il de limites entre le réel et l’irréel chez les enfants? Et
vous, aimez-vous faire des rêves, vivre dans l’imaginaire?
Personnages
Style et structure
1. Quelle est la phrase qui ouvre la perspective de la narration et
qui constitue une sorte de thèse de départ?
2. Exposez les éléments de la situation de départ selon le schéma:
Situation initiale
Circonstances: Temps: Quand?
Lieu: Où?
Composantes: Agent(s): Qui?
Evénements: Quoi?
3. Quelle est la notion-clé qui lie ces deux parties?
4. Relevez les comparaisons de la deuxième partie.
5. A quoi servent ici les énumérations?
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Grammaire
Rapporter un discours
Lorsque, dans un texte narratif, des personnages parlent, leurs
propos sont insérés dans le récit de trois manières: en discours direct,
en discours indirect, en discours libre. Le discours indirect est introduit
par des verbes tels dire, affirmer, déclarer…; croire, penser, estimer,
juger…; comprendre, sentir etc.
Au passage du discours direct en indirect les modifications
concernent:
– les pronoms personnels (I-ère ou II-ème personne);
– les adjectifs et les pronoms possessifs;
– certains adverbes de temps et de lieu (ici – là; hier – la veille;
demain – lendemain; la semaine prochaine – la semaine
suivante; la semaine passée – la semaine précédente);
– les modes et les temps des verbes: les temps et les modes sont
soumis à la concordance par rapport au verbe introducteur.
Dans les phrases interrogatives on sous-entend toujours le verbe
demander:
Quelle heure est-il? Je demande l’heure qu’il est.
– Je me demande si les étoiles sont éclairées afin que chacun
puisse retrouver la sienne, dit le petit prince.
1. Trouvez dans le texte des phrases transformées en discours
indirect. Par exemple:
– D’où viens-tu, mon petit bonhomme? Il me fallut longtemps
pour comprendre d’où il venait.
2. L’adjectif numéral mille n’a jamais de pluriel. Il garde sa
forme de singulier même lorsqu’il est accompagné d’un nom concret
au pluriel. Formulez trois phrases avec le mot mille.
3. Trouvez les noms composés de ces deux parties que vous venez
de lire et mettez-les au pluriel en les insérant dans d’autres
phrases.
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Unité 2
III-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le pilote, a-t-il compris aussitôt d’où venait le petit prince? Le
petit prince, posait-il beaucoup de questions? Répondait-il aux questions
du pilote? Celui-ci affirme pourtant que c’était l’être avec qui il a
parlé “véritablement”. Pouvez-vous expliquer pourquoi? Parfois le
petit prince éclatait de rire. Dans quelles situations? Qu’est-ce que cela
prouve? Quelles étaient les questions du pilote adressées au petit
bonhomme? A quoi pensait le petit prince? Peut-on le supposer? De
quoi était-il content? Lorsque le pilote a suggéré au petit prince
d’attacher son mouton, il a été choqué. Pourquoi? Quand le petit
prince était-il devenu grave? Pouvez-vous donner des exemples avec
d’autres personnages avides de liberté?
D’où est tiré le fragment ci-contre:
“– Attaché? dit le loup, vous ne courez donc pas
Où vous voulez? – Pas toujours; mais qu’importe?
– Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte.
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.”
Cela dit, maître loup s’enfuit, et court encore.
Lexique
1. Cherchez dans le dictionnaire les mots ci-dessous et fixez leurs
significations: (s’)enfoncer, (se) plonger, (s’)attacher, voler, apprendre,
lueur, mystère. Modèle pour le mot aile:
Les oiseaux ont deux ailes, les papillons en ont quatre.
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Ce sont les ailes de l’avion qui lui permettent de se soutenir dans
l’air.
Les ailes de sa voiture sont abîmées.
Ce château a deux ailes.
Voler de ses propres ailes (sens figuré):
Il connaît maintenant suffisamment son métier pour voler de ses
propres ailes (pour être indépendant, pour se passer des conseils, de
l’aide d’autrui).
2. Dites autrement: “Et il s’enfonça dans une rêverie qui dura
longtemps”. “…Il se plongea dans la contemplation de son trésor”.
C’est un sens concret ou abstrait?
On est souvent obligé de se servir d’un même mot pour exprimer
des idées quelque peu différentes, car une langue n’a jamais autant de
mots que ceux qui la parlent peuvent avoir des idées. Beaucoup de
mots ont deux sens: un sens propre et un sens figuré.
Un mot est employé au sens propre quand il désigne la chose
pour laquelle il a été créé: le pied de l’homme; le pain nourrit le corps.
Un mot est employé au sens figuré, quand, détourné de sa
signification primitive, il en a pris une nouvelle: le pied d’un arbre; la
lecture nourrit l’esprit.
Le nom, l’adjectif, le verbe et l’adverbe peuvent seuls être em-
ployés au sens propre et au sens figuré.
3. Distinguez le sens propre du sens figuré:
le poids des ans, le poids du corps, la chaleur de la discussion, la
source du mal, la pureté des mœurs, la clarté d’une démonstration, la
couleur d’une étoffe, une plante verte, la chaleur de l’été, le torrent des
passions, les couleurs de la vérité, une verte vieillesse, la chaleur du
combat, la clarté du jour, le voile de la nuit, la souplesse du jonc
(roseau), les sources de la rivière; être à la fleur de l’âge, semer des
pois, accueil froid, fleur des champs, pointe aiguë, savant modeste,
semer la haine, marcher lourdement, voix aiguë, marbre froid, situa-
tion modeste, misère profonde, fruit doux, corps sain, se tromper lour-
dement, idée saine, renverser une chaise, blessure profonde, mémoire
aride, renverser des projets, maison solide, contrée aride, couvrir la
table, âge mûr, vertu solide, esprit droit, couvrir d’éloges, blé mûr,
ligne droite, souvenir doux.
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4. Faites passer les phrases suivantes du sens figuré au sens propre.
Modèle: cet homme a le bras long; cet homme a beaucoup
d’influence.
Il n’y a pas de roses sans épines. Il faut séparer l’ivraie du bon
grain. C’est quand ils sont jeunes que l’on peut donner aux arbres une
bonne direction. On ne bat que l’arbre chargé de fruits (noyer).
Commentaire
1. “Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin…”
2. “– Alors, toi aussi tu viens du ciel ?”
Le pilote et le petit prince sont tous deux tombés du ciel: le
premier de son avion, le second de sa planète. Lorsque le petit prince
s’écrie: “Comment! Tu es tombé du ciel” l’expression est donc à prendre
au sens propre. Habituellement elle est employée au sens figuré.
Qu’est-ce qu’elle signifie? Et celles qui suivent?
1) Royaume des Cieux. 2) Etre aux anges. 3) Etre dans les nuages.
4) Etre né sous une bonne étoile. 5) Promettre la lune. 6) Chercher une
place sous le soleil.
Personnages
Relevez de cette partie au moins cinq mots ou expressions qui
qualifient l’attitude du petit prince et témoignent de son caractère.
Style. Structure
1. Quelles sont les phrases qui ouvrent de nouveau la perspective
de la narration?
2. Relevez le mot le plus chargé de signification de cette partie.
3. Formulez les idées essentielles.
Grammaire
Autodictée
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IV-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qu’est-ce qu’on apprend sur la planète du petit prince? Qu’est-
ce qu’un astéroïde? Qui a découvert l’astéroïde B 612? Où a-t-il fait la
démonstration de sa découverte? Pour quelle raison sa démonstration
a-t-elle eu du succès uniquement la seconde fois? Qu’est-ce qu’il y a
d’essentiel dans une amitié selon les enfants? Et selon les grandes
personnes? Comment les enfants perçoivent-ils la beauté? Et les
adultes? Quels types d’arguments demandent les grandes personnes
pour se laisser convaincre? Qu’est-ce qu’il fait, le narrateur, pour
éviter de devenir comme les grandes personnes qui ne s’intéressent
qu’aux chiffres? Quelle est la différence entre le costume à l’euro-
péenne et un costume à l’orientale? Vous pouvez faire un dessin au
lieu de répondre.
Lexique
Commentaire
Un petit Roi
J’avais une mine fleurie, la peau tendue sur des joues rouges, et
dans un corps alerte une âme jamais contrainte. J’étais libre enfin, et
je ne me rappelle pas l’avoir été depuis.
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Les limites imprécises de mon domaine le rendaient illimité. Il
était partout sous le ciel. C’étaient des champs après des champs, tous
les mêmes et tous miens. Le monde m’appartenait, un vrai monde
avec de vrais fruits, de vraies fleurs, des collines, des bois, des eaux
vives, un soleil et, le soir, des millions d’étoiles. Mes possessions
d’ailleurs ne m’éblouissaient pas. La nuit elle-même et ses astres
n’avaient pas de quoi m’étonner. De toutes choses je donnais des
explications raisonnables, et j’avais sur l’univers des idées bienveillantes.
Les campagnes autours de nous étaient indulgentes. On n’y voyait rien
qui pût faire peur. Point de hautes montagnes; point de larges fleuves.
La ferme, dans l’ombre d’un noyer, au versant d’un coteau, se com-
posait d’une grande chambre et d’une étable où le souffle des bêtes se
mêlait à l’haleine des hommes. La porte et la fenêtre basse ne
laissaient entrer que peu de jour. Les longs bahuts cirés, les longues
tables lisses luisaient à peine. Il faisait frais et doux; Dehors s’éten-
daient des prairies placides. Les ruisseaux qui les arrosaient étaient de
ceux qui se laissent commander et qu’une main d’enfant détourne. Ils
portaient mes vaisseaux et faisaient tourner mes moulins. Les bœufs,
les bonnes bêtes, lentement me tiraient le long des chemins, comme un
roi fainéant, juché sur les gerbes. Le chien courait pour mon plaisir.
J’étais heureux enfin. Tout m’aimait. Ma tante m’appelait « mon petit
roi… ».
(Jean Guéhenno, Journal d’un homme de 40 ans, Ed. Grasset)
Personnages
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Style. Structure
Grammaire
Structures verbales
Il y en a plusieurs:
– à un seul argument (sujet): il dort;
– à deux arguments (sujet / objet):
a) sans préposition: il regarde une image (objet direct)
b) avec préposition: il écrit à un ami (objet indirect);
– à trois arguments (sujet et deux objets à la fois): il donne un
livre à son ami.
Trouvez dans cette partie deux-trois exemples pour chaque type
de structure verbale. Faites attention aux structures prépositionnelles.
Une séquence telle: “J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de
la jungle” sera représentée par la structure réfléchir sur qqch; une
autre telle: “J’ai montré mon chef-d’œuvre aux grandes personnes”
par montrer qqch à qqn; mais parfois la structure peut avoir deux
prépositions: parler à qqn de qqch.
Tirez du texte les phrases où le verbe est au Conditionnel (pré-
sent ou passé).
Autodictée
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Unité 3
V-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le pilote, qu’est-ce qu’il a appris le troisième jour? Le petit
prince, de quoi s’est-il enquit auprès du pilote? Quelle idée le fit rire?
Qu’est-ce qu’il y avait sur la planète du petit prince? Qu’est-ce qu’il
faisait avec les brindilles de baobab? Pourquoi? Quel danger présen-
taient-elles? Pourquoi le petit prince a-t-il insisté sur la nécessité d’une
image sur les baobabs? Quel est son message adressé à ses sem-
blables? Comment l’interprétez-vous? Comment faut-il soigner sa
planète? En commençant par sa maison, sa ville, évidemment. Que
symbolisent-ils, les baobabs? Outre le pouvoir et la force. L’arbre est
en général le symbole de l’homme. Mais il y a arbres et arbres…
Décrivez les baobabs.
Lexique
Commentaire
Personnages
Complétez le portrait moral du petit prince. Pourquoi est-il
prince? Il est seul sur sa planète. En quoi consiste sa noblesse? Est-ce
un titre? Une dignité? Sur quoi règne-t-il? Et comment?
Donnez les acceptions du mot dignité.
Style. Structure
Grammaire
1. Continuez le travail sur les verbes. Choisissez trois verbes pour
chaque type étudié. Conjuguez-les à tous les temps simples et
composés du mode Indicatif (présent, futur simple, imparfait, passé
simple, passé composé, plus-que-parfait, futur proche et passé récent).
2. Rappelez-vous les règles d’emploi de “si” conditionnel:
Subordonnée Principale
Présent Présent ou Futur
Si l’homme aime la nature il fait / fera tout pour la sauver
Imparfait Conditionnel présent
Si l’homme aimait la nature il ferait tout pour la sauver
Plus-que-parfait Conditionnel passé
Si l’homme avait aimé la nature il aurait fait tout pour la sauver
Remarque
Les étudiants qui ne maîtrisent pas assez les formes des verbes
irréguliers sont conseillés de faire soigneusement un tri de ceux-ci (de chaque
partie lue) et de les conjuguer dans un cahier séparé (80-100 verbes environ).
Attention aux verbes conjugués avec l’auxiliaire „être” qui demande
l’accord en genre et en nombre !
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Après avoir lu le texte ci-dessous, faites une rédaction d’une
quinzaine de lignes ayant comme titre: ”Si l’homme aimait vraiment
sa planète…”:
Le plus grand péril qui menace la terre: l’homme
Son imprévoyance, sa cupidité, l’amène à manger son capital,
sans se soucier de ce qu’il transmettra à sa descendance.
La pollution de l’eau, de l’atmosphère, la dégradation des sols
par l’emploi abusif de pesticides et d’engrais en fournissent l’illustration.
La charge en nitrates et en nitrites des terres cultivées tend à produire
un effet contraire à celui recherché: la fertilisation excessive débouche,
à terme, sur une stérilisation des sols. Sans compter qu’engrais et
pesticides cancérigènes (et les milliers de tonnes de produits chimiques
des eaux ménagères) se mêlent aux eaux que nous buvons…
(„France Informations”, N 134, 1990)
Autodictée
VI-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Quel nouveau détail a-t-il appris, le pilote, sur la vie du petit
prince? Comment a-t-il dévoilé son secret? Où se croyait-il? Pourquoi
fut-il surpris qu’il fallait attendre? Comment étaient les couchers de
soleil chez soi? Et sur la Terre? Quelle était la différence? Pourquoi
aimait-il les couchers de soleil? Quelle était la cause de sa tristesse?
Peut-on la deviner? Y avait-il une liaison entre l’intensité de son état
d’âme et le nombre des couchers de soleil contemplés? Aimez-vous
les couchers de soleil? Et les aubes? Décrivez un lever et un coucher
de soleil.
29
Lexique
Commentaire
Personnages
Complétez le portrait moral du petit prince.
Style. Structure
Grammaire
1. Cette partie est dominée par le mot-clé coucher de soleil.
C’est un verbe substantivé. Dites comment peut-on transformer en
noms les autres parties du discours. Donnez des exemples.
2. Relevez toutes les structures verbales de cette partie en indiquant
leurs types.
3. Rappelez-vous les règles de concordance:
au plan du présent
L’homme dit (prés.)
qu’il aime (prés.) la nature – simultanéité
aimera (f.s. ou f. proche) – postériorité
aimait (p. comp., imp., p. s., p. récent) – antériorité
au plan du passé
L’étudiant dit (p.s.)
qu’il a lu (imp. ou un autre temps passé) ce livre –
simultanéité
lirait / allait lire (f. dans le passé) – postériorité
avait lu/venait de lire (plus-que-parfait/p. imm. dans
le p.) – antériorité
Formulez des phrases pour chaque rapport d’un plan et de l’autre.
Autodictée
Le fragment: “En effet… désirais”.
31
Unité 4
VII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le pilote, quel secret a-t-il appris le cinquième jour? Sur quoi le
petit prince questionnait-il le pilote? De quoi celui-ci était-il occupé?
De quoi était irrité le petit prince? Comment était l’homme “cham-
pignon”? Pourquoi le petit prince s’est-il mis en colère? Quelles
problèmes envisageait-il? Pourquoi s’est-il mis à pleurer? Le pilote,
qu’a-t-il fait? Comment s’efforçait-il d’apaiser le chagrin du petit prince?
Lexique
Commentaire
Style. Structure
Autodictée
Le dernier alinéa (ou “Le petit prince était maintenant tout pâle
de colère… ce n’est pas important ça!”).
VIII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qu’est-ce qu’on apprend de nouveau? Parlez de l’apparition de
ce personnage dans la vie du petit prince. Pourquoi l’arbuste était-il si
surveillé? A quoi assistait le petit prince? Quand et comment, la fleur,
fit-elle son apparition? Quel était son comportement? Et celui du petit
prince? L’aimait-il? Comment exprimait-il son amour? Quels soins lui
apportait-il? Pourquoi était-il devenu malheureux? Connaissez-vous
des histoires pareilles, lues ou vécues?
Lexique
Commentaire
Personnages
Grammaire
38
Unité 5
IX-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
De quoi profita le petit prince pour son évasion? Qu’est-ce qu’il
avait fait ce matin-là? Par quoi avait-il commencé? Qu’est-ce qu’il a
dit à la fleur? Qu’est-ce qu’elle lui a dit à son tour? Par quoi le petit
prince a-t-il été surpris? Quel aveu lui a fait la fleur? Se doutait-il de
son amour avant cet aveu-là? Pourquoi avait-elle caché ses sentiments?
Pourquoi a-t-elle hâté son départ? Ne voyez-vous pas ici un drame?
Lisez la poésie ci-dessous et essayez de faire un parallèle entre
ces deux textes:
Les filles
C’est beau comme un jeu
C’est beau comme un feu
C’est beaucoup trop peu
Les filles.
C’est beau comme un fruit
C’est beau comme la nuit
C’est beaucoup d’ennuis
Les filles.
C’est beau comme un renard
C’est beau comme un retard
C’est beaucoup trop tard
Les filles.
C’est beau tant que ça peut
C’est beau comme l’adieu
Et c’est beaucoup mieux.
Jacques Brel
39
Lexique
Commentaire
Style. Structure
Grammaire
1. Continuez de travailler sur les structures verbales préposition-
nelles.
2. Rappelez-vous les degrés de signification des adjectifs. For-
mulez une (ou plusieurs) phrase(s) pour illustrer chacun des trois
degrés: le positif, le comparatif (d’égalité, de supériorité, d’infériorité)
et le superlatif (absolu et relatif: de supériorité / infériorité).
Déterminez les degrés de comparaison des adjectifs dans les
phrases:
– Mais tu a été aussi sot que moi. – Je ne suis pas si enrhumée
que ça… Mais tous ces travaux familiers lui parurent, ce matin-là,
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extrêmement doux. – J’ai été sotte, lui dit-elle enfin. Il restait là tout
déconcerté, le globe en main…
Autodictée
X-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Quelle est l’intention (le but) du petit prince, lorsqu’il commence
à visiter les planètes voisines?
On dit qu’après une expérience amère on sent mieux le manque
de sagesse (véritable fortune). On se lance en sa quête et on s’abandonne
avec plus de goût à l’étude (“Dominique” d’Eugène Fromentin). Quel
est votre avis là-dessus?
Par qui était habitée la première planète? Comment était-il considéré
par le roi? Quelle était la structure du monde dans sa conception ?
Comment entendait-il sa tâche? Sur quoi régnait-il? Pourquoi le pouvoir
du roi émerveillait-il le petit prince? Qu’est-ce qu-il aimait le plus?
Aimait-il faire dépendre quelqu’un de sa personne et de ses vœux
(comme la fleur)? Pourquoi est-il si difficile de se juger soi-même? En
avez-vous essayé? Que signifie réussir à bien se juger?
Lexique
1. Retenez: pourpre (chez les Romains) – colorant rouge tiré
d’un coquillage; couleur rouge foncé.
2. Trouvez des synonymes pour les mots et les expressions:
carosse (m), manteau (magnifique), monarque universel, tolérer qqch,
intimider qqn, interroger qqn, bredouiller qqch, s’enhardir à faire qqch,
être vexé, faire le tour de qqch, fermement, majestueusement.
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3. Donnez les antonymes des mots: autorité, désobéissance,
indiscipline, geste indiscret, planète minuscule, conditions favorables,
économiser, émerveiller.
4. Retenez les acceptions du mot sujet:
a) terme grammatical;
b) personne qui se trouve sous l’autorité d’un monarque;
c) thème, question:
Les volcans m’intéressent, je vais faire une recherche sur ce
sujet.
5. Conventions lexicales
Les synonymes parfaits, qui pourraient être interchangés dans
n’importe quel contexte – n’existent pas. Certain mot, au fil de l’usage
et du temps, a fini par être employé dans telle situation, alors que son
synonyme dans un contexte différent. Pour insister sur le caractère
ancien ou vieillissant, on parlera de:
vieillesse – pour les personnes (un vieux roi)
sénilité – pour les personnes fortement altérées par l’âge
archaïsme – pour les différentes formes d’art et d’expression
caducité – pour les lois, les institutions
vétusté – pour un bâtiment
décrépitude – pour un état
ancienneté – pour une fonction
désuétude – pour les mœurs et les coutumes
dégradation – pour le mobilier; les locaux;
usure – pour les chaussures etc.
Retenez le sens du mot apophtegme – dit notable de quelque
personnage illustre, sentence remarquable.
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Grammaire
1. Observez l’emploi du Conditionnel dans les phrases ci-
dessous. Expliquez chaque emploi.
– Si j’ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer et il
n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute.
Un tel pouvoir émerveilla le petit prince. S’il l’avait détenu
lui-même, il aurait pu assister… à deux cents couchers de soleil dans
la même journée.
– Je voudrais voir un coucher de soleil…
– Si j’ordonnais à un général de voler d’une fleur à l’autre à la
façon d’un papillon, et si le général n’exécutait pas l’ordre reçu, qui de
nous deux serait dans son tort?
– Ce serait vous, dit fermement le petit prince.
– Si tu ordonnes à ton peuple d’aller se jeter à la mer, il fera la
révolution.
– Si Votre Majesté désirait être obéie, elle pourrait me donner un
ordre raisonnable. Elle pourrait m’ordonner, par exemple, de partir
avant une minute.
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S’ils sont bien ramonés, les volcans brillent doucement et régu-
lièrement, sans éruptions.
Si ce boulot résiste encore, je le ferai sauter d’un coup de
marteau.
– S’il voyagent un jour, me disait-il, ça pourra leur servir.
– Mais si tu ne l’attache pas, il ira n’importe où et se perdra.
– Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire
dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit
heureux quand il les regarde. Mais si le mouton mange la fleur, c’est
pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient!
2. Rédigez quelques dix lignes sur le sujet: ”Si j’avais le pouvoir
absolu…”.
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Unité 6
XI-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Par qui était habitée la seconde planète? Quelle est la différence
entre un admirateur et un sujet? Qu’est-ce que c’est qu’un vaniteux?
Qu’est-ce qu’il a prié le petit prince de faire? Qu’est-ce qu’il faisait
chaque fois que le petit prince applaudissait? Quelle définition donne
le vaniteux au verbe admirer? Pourquoi les vaniteux n’entendent-ils
que les louanges? Y avait-il encore d’autres personnes sur la planète
du vaniteux? Le petit prince, qu’est-ce qu’il se disait en lui-même
durant son voyage? Connaissez-vous d’autres personnages qui aient
de pareils traits? Est-ce une qualité ou un défaut, une vertu ou un vice?
Lexique
1. Donnez les synonymes, ensuite les antonymes des mots:
vaniteux, louanges, acclamer qqn, soulever qqch.
2. Faites attention au sens et à l’emploi de la préposition contre.
Traduisez les phrases:
Le petit prince frappa ses mains l’une contre l’autre. Je te donne
deux disques contre ce livre (en échange). Dans ce film les Romains
se battent contre les Gaulois. Il est difficile de nager contre le courant
(dans le sens inverse). Pour ne pas se perdre l’enfant se serrait contre
son père. Il poussa la table contre le mur (jusqu’à ce qu’elle le
touche). Elle cogna le front contre le vitre.
Précédée par un article, la préposition devient nom:
Avant de te décider, il faut peser le pour et le contre (les avan-
tages et les inconvénients).
47
Commentaire
1. “Car pour les vaniteux les autres hommes sont des admirateurs”.
Quel est alors le sens de sa vie?
2. “Les vaniteux n’entendent jamais que les louanges”. Pourquoi?
Expliquez cette maxime de Corneille: “Qui chérit son erreur ne veut
pas la connaître”.
3. “Admirer… planète”.
Style. Structure
Personnages
Caractérisez le vaniteux.
Expliquez: ”Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable,
c’est qu’elle blesse la nôtre” (La Rochefoucauld).
48
Grammaire
XII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Par qui était habitée cette planète-là? Que faisait-il à l’arrivée du
petit prince? Qu’est-ce qu’il avait devant lui? Pourquoi buvait-il?
Avait-il vraiment honte de son action? Avait-il du caractère? De la
volonté? Quelle image crée cet enchaînement de questions et réponses:
boire – oublier – honte – boire? Peut-on le nommer cercle vicieux?
Pourquoi?
Le roi a besoin de sujets, le vaniteux dépend des admirateurs,
celui-ci dépend de la bouteille.
Quels remèdes peut-on proposer à de telles personnes qu’on doit
secourir, puisqu’elles ne peuvent rien pour elles-mêmes? Se débar-
rasser de soi-même est de loin beaucoup difficile que de se débarrasser
d’une autre personne. Qu’est-ce qu’il faut faire pour rompre le cercle?
Il n’y a que… (à vous de continuer).
Lexique
1. Donnez les synonymes des mots: collection de bouteilles, air
lugubre, être perplexe, être bizarre, se plaindre, plaindre qqn, s’enquérir
de qqch, s’enfermer dans le silence.
2. Observez le mot tourmenter dans les deux contextes. Expliquez
son sens:
L’ivrogne est tourmenté par les boissons. Ainsi l’avait-elle bien
vite tourmenté par sa vanité un peu ombrageuse.
3. Considérez les homonymes (homographes et homophones).
Insérez-les dans des phrases:
vers (m) – poésie vert (adj) – couleur
vers (prép) – outil grammatical ver (m) – larve (ver de soie)
verre (m) – récipient (un verre de vin rouge)
50
3. Faites attention au sens et à l’emploi des prépositions en
traduisant les phrases:
– Honte de boire! acheva le buveur et s’enferma définitivement
dans le silence.
– Qui, de lui ou de moi, serait dans son tort?
Ce livre coûte dans les trente francs (environ).
– Tu n’en as rien su par ma faute, dit-elle.
Il commença donc par les visiter (les planètes).
– Je trie les voyageurs, par paquets de mille, dit l’aiguilleur.
J’expédie les trains qui les emporte, tantôt vers la droite, tantôt vers la
gauche.
– Ce sera ce soir vers sept heures.
Ils sont partis vers le sud.
Nous sommes tombés en panne vers Nice (aux environs).
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Grammaire
Pour fuir les tours du Subjonctif (qu’on n’aime pas trop), on peut
employer l’Infinitif. C’est ce qu’a fait l’auteur dans cette partie:
– Pourquoi bois-tu?
52
– Pour que j’oublie = pour oublier
– Pour que tu oublies quoi? = pour oublier quoi?
– Pour que j’oublie que j’ai honte = pour oublier que j’ai honte.
La construction infinitivale est moins encombrante et plus élégante.
Essayez vous-même:
Il faut que je vous dise la vérité. Il faut que tu te débarrasses de
ce défaut. Il faut que tu fasses ton devoir. Il faut que les jeunes gens
soient prêts à défendre les valeurs morales saines et pérennantes
(durables).
Rappelez-vous les règles sur l’accord. Expliquez les cas ci-
dessous:
Et puis voici, qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil,
elle s’était montreé.
– Je vous demande pardon… je suis toute décoiffée…
Mais elle s’était interrompue. Elle était venue sous forme de graine.
La première était habitée par un roi.
La planète était tout encombrée par le magnifique manteau
d’hermine.
Car le roi tenait à ce que son autorité fût respectée.
Il se sentait triste à cause du souvenir de sa petite planète
abandonnée.
– Alors mon coucher de soleil? rappela le petit prince qui jamais
n’oubliait une question une fois qu’il l’avait posée.
– Si Votre Majesté désirait être obéie ponctuellement, elle
pourrait me donner un ordre raisonnable.
La nuit était tombée.
Autodictée
53
Unité 7
XIII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Lexique
Commentaire
Personnages
Caractérisez le businessman:
a) par ses paroles;
b) par ses actions;
55
c) par les jugements du Petit Prince.
Dites pourquoi est-il comparé par le petit prince à un cham-
pignon (XII-ème partie)?
Style. Structure
Grammaire
La comparaison
Les comparaisons littéraires proposent parfois des analogies en
rapprochant des réalités appartenant à des horizons de pensée rela-
tivement différents. Exemple:
Ce n’est pas un homme. C’est un champignon.
Etoiles – lumière – abeilles
Il s’agit alors d’apprécier l’éloignement relatif des termes comparés.
Quelques associations possibles:
Un être humain à un être humain:
Il vit heureux comme un roi.
– Mais tu a été aussi sot que moi, dit la fleur (les adjectifs avec
tous leurs degrés).
Être humain à un animal, à un végétal:
Elle me souriait comme une fleur d’avril.
56
Une partie de l’être humain à une chose:
Ses cheveux avaient la couleur du blé.
Un végétal à un autre végétal:
Elle (la rose) ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots.
Une chose à une autre chose:
Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée.
Sa planète d’origine était à peine plus grande qu’une maison.
Deux actions semblables:
– Tu parles comme les grandes personnes. Tu confonds tout…
Tu mélanges tout.
Il raisonne un peu comme mon ivrogne.
Deux situations:
Sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les
planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes.
Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître
une étoile de plus, ou une fleur.
Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brus-
quement, toutes les étoiles s’éteignaient!
Des choses à des êtres humains:
Les casseroles étaient rangées par taille comme une famille
nombreuse devant le photographe (R. Sabatier).
Dites quels types de comparaison il y a dans la poésie de J. Brel
(voir IX-ème partie).
Ce sont des comparaisons littéraires, originales. Les comparaisons
usuelles, courantes sont beaucoup plus nombreuses. Essayez de trouver
le second terme de la comparaison parmi les mots: fontaine, linge, pie,
loup, feu, âne, singe, lion, bœuf, cynatre, renard, alouette, cabri,
vieillard, soleil, roi.
malin comme… rusé comme… heureux comme… sage comme…
fort comme… entêté comme… méchant comme… beau comme…
travailler comme… rire comme… chanter comme… bavarder comme…
manger comme… blanc comme… sauter comme… pleurer comme…
A vous de continuer (en roumain et en français pour voir la dif-
férence de concevoir les choses).
Autodictée
Le fragment: “Le petit prince avait sur les choses sérieuses … le
voyage”.
57
XIV-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Comment était la V-ème planète? Le petit prince, qu’est-ce qu’il
disait en lui-même? Quel sens attribuait-il au travail de cet homme?
Pourquoi sympathisait-il avec? Comment a-t-il salué l’allumeur?
Pourquoi? Quel était son drame? Comment tournait la planète depuis
quelque temps? Quelle solution proposa-t-il à l’allumeur? Qu’est-ce
qu’il se disait en le comparant avec les autres? Cette fois-là le petit
prince regrettait son départ. Pourquoi?
Lexique
Commentaire
Personnages
Style. Structure
1. Cherchez les mots-clés et les passages qui comportent des
idées importantes.
2. A quel registre appartiennent les propos de l’allumeur? Peut-
on deviner sur ces derniers sa classe, sa couche sociale? Aime-t-il
discuter, raisonner, philosopher, divaguer, interpréter, rêvasser? De
quoi parle cette réplique: “Il n’y a rien à comprendre. La consigne
c’est la consigne. Bonjour”. Pour lui les choses sont claires et le monde
ordonné. Il a le sens de la réalité et le goût pour la besogne honnête. Il
sait se faire utile.
Le petit prince aurait fait de lui son ami, si sa planète était un
peu plus grande.
Grammaire
Autodictée
60
MODULE 2
Unité 1
XV-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qui habitait la sixième planète? Pour qui a-t-il pris le petit
prince? De qui avait-il besoin? Et les habitants des autres planètes,
pour qui l’avaient-ils pris? Avaient-ils besoin des amis comme le petit
prince? Que signifie être géographe? Et être explorateur? Quelle
moralité devaient avoir ces derniers? Pourquoi le géographe notait-il
d’abord en crayon les récits du petit prince? Pour quelle raison les
géographes ne notaient-ils pas les fleurs? Les géographies, qu’est-ce
qu’elles sont? Le géographe, qu’est-ce qu’il lui a conseillé de visiter?
Quels océans, montagnes et fleuves connaissez-vous? Où se trouvent-ils?
Lexique
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Dans les unités précédentes les espèces de mots ont été traitées à
part: genre et nombre des noms, degrés des adjectifs, espèces de
verbes, types d’adverbes etc. (pour une information plus complète voir
le cours de morphologie). En commençant par cette unité-ci on va
travailler sur les relations d’interdépendance des mots significatifs
(noms, adjectifs, verbes, adverbes). Ces relations existent dans chaque
langue en vertu de la nécessité d’enrichissement du vocabulaire.
On forme les mots par deux procédés:
a) par composition et b) par dérivation.
Les composés peuvent être:
des mots soudés (bonhomme);
des mots liés par un trait d’union (chef-d’œuvre);
des mots séparés (chemin de fer).
Les dérivés peuvent être:
– préfixés: ex porter (sans changement d’espèce, de classe de
mots);
– suffixés: port eur (avec changement d’espèce);
– préfixés et suffixés à la fois (ex port ation);
– régressifs (par suppression): port.
Généralement, le dernier type de mots nommés primaires sert de
base de dérivation pour les autres. C’est ainsi que les mots liés entre
eux par la forme et le sens peuvent former de vraies familles.
Les phénomènes d’interdépendance sont multiples. Le plus connu
et le plus productif dans le français moderne est la nominalisation
(Nmz). C’est la formation de noms à partir d’autres parties du discours.
Elle revêt plusieurs formes.
Nominalisation par suffixe
Nominalisation à base verbale
Elle se fait généralement à l’aide d’affixes (v. le tableau p. 107)
et crée plusieurs types de noms: nom d’action, résultat ou qualité,
agent ou chose: répondre – réponse (résultat de l’action) – responsabilité
(qualité) – responsable (nom d’agent) – répondeur (appareil).
Cependant certains noms n’ont pas besoin d’affixes. Ce sont les
dérivés régressifs. La dérivation régressive se fait essentiellement à
partir des verbes. On a ainsi des noms d’action masculins: départ (de
63
partir); port (de porter des vêtements); retour (de retourner); gain (de
gagner); choix (de choisir); aveu (d’avouer) etc.
ou féminins: pratique (de pratiquer); gêne (de gêner); marche (de
marcher) etc.
Les noms formés des verbes sont nommés déverbaux.
Trouvez des noms en rapport de forme avec les verbes ci-contre
et dites leur type (nom d’action, résultat de l’action, agent etc.):
voyager, explorer, flâner, interroger, questionner, compter, calculer,
se souvenir, enquêter, connaître, mentir, noter, découvrir, prouver,
exiger, émouvoir…
A vous de continuer la liste des verbes de cette partie et de
trouver les noms auxquels ils sont liés par une relation de dérivation.
Nominalisez les verbes des séquences ci-dessous:
a) démonter le moteur; dévisser le boulon; nettoyer la maison;
préparer le déjeuner; trier les livres; préparer une thèse; rédiger un
texte; analyser un récit; expliquer un thème; pratiquer un sport;
participer à une compétition; tirer à l’arc; toucher la balle;
b) prendre une décision; prendre une position; changer son opinion;
modifier sa position; contrôler ses actions; maîtriser sa colère; dominer
ses passions.
Autodictée
XVI-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Quelle est la septième planète qui devait être visitée par le petit
prince? Comment est la Terre? Combien de rois a-t-elle? Et géo-
graphes? Et businessmen? Et buveurs? Et allumeurs? Quel est le total
de sa population? A quoi l’auteur compare-t-il les allumeurs de la
64
Terre? Pourquoi? A quoi compare-t-il la planète entière? Quel est
l’ordre “d’entrée en scène” des allumeurs? Pourquoi un tel ordre? Qui
menaient un vie d’oisiveté?
A cause de quoi?
Lexique
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Grammaire
67
Unité 2
XVII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qu’est-ce qu’on dit de l’humanité? Sur quoi pourrait-elle être
entassée? Que s’imaginent les hommes? Le petit prince, qui a-t-il
rencontré sur la Terre? Le serpent, quels renseignements lui a-t-il
donné? Où étaient les hommes? Comment était le serpent? Pourquoi le
serpent se considérait-il, à son tour, plus puissant qu’un roi? Que font
les hommes touchés par le serpent? Comment le disait-il lui-même?
Dites ce qu’il y a et ce qu’il n’y a pas dans le désert? Y a-t-il encore
des hermites, des Pères dans le désert, qu’en pensez-vous? Et dans les
montagnes?
Lexique
Commentaire
1. “Quand on veut faire de l’esprit, il arrive que l’on mente un
peu…”.
Et vous, avez-vous l’habitude de faire de l’esprit?
2. “Les grandes personnes s’imaginent tenir beaucoup de place.
Elles se voient importantes comme des baobabs…”
3. – On est un peu seul dans le désert…
– On est seul aussi chez les hommes…
Exposez vos idées sur les phrases ci-contre:
…On est beaucoup plus seul dans une grande cité que dans un de
nos villages. On peut, si l’on vit sans famille, ce qui est le cas de
beaucoup, être malade, mourir chez soi, sans que personne le sache…
(Leprince-Ringuet L., L’espoir pour demain ?)
Connaissez-vous de telles personnes pour leur venir en aide?
La charité est la vertu capitale, puisque fondée sur l’amour. Elle
détermine l’homme à se faire utile aux autres.
On doit toujours penser aux plus malheureux que nous.
Personnages
Le serpent. Caractérisez-le selon le texte et selon vos propres
connaissances.
Comparez les deux types de caractères:
Mouton: doux, conciliant, un peu timoré, on n’ose pas se jeter à
l’eau et on trouve souvent confortable de se ranger à l’avis des autres,
aimant beaucoup la chaleur du cocon familial. On aime les couleurs
fraîches, les paysages accueillants, les situations sans histoires.
Bref: une “bonne nature” qui doit bien faire attention, car le
monde est rempli de “grands méchants loups”.
Serpent: discret, secret, élégant, souple, mais redoutable, voir
cruel quand on le veut; on a horreur d’être dérangé, et de ce fait on
passe pour taciturne; on est un peu comme l’eau qui dort, il ne faut
69
pas la froisser, sinon gare! On sait parfaitement où piquer pour faire
mal. Séduisant, envoûtant même, on est aussi peu facile à comprendre
qu’à vivre. Une véritable énigme…
Duquel tenez-vous?
Traduisez et commentez la sentence évangélique: ”Fiţi întelepţi
ca şerpii şi blânzi (inocenţi) ca porumbeii”. L’était-il le petit prince?
Argumentez avec des mots du texte.
Style. Structure
Grammaire
Nominalisation à base nominale
Les noms peuvent, eux-aussi, servir de base de dérivation pour
d’autres noms. Il s’agit en premier lieu des noms d’agent désignant
des métiers et des occupations, des noms d’arbres, des noms de réci-
pient (de contenant), des noms diminutifs etc.
Identifiez la base des noms suivants; ensuite trouvez pour
chacun d’eux des qualificatifs pertinents et insérez-les dans de petits
contextes:
a. géographe, médecin, agriculteur, agronome, aviateur, ingénieur,
mécanicien, sportif, matelot / marin, mathématicien, chirurgien, jardinier,
alpiniste, dentiste, bouquiniste, horlogier, nageur, footballeur, pâtissier,
boulanger, épicier, charcutier, avocat, romancier, nouvelliste, essayiste,
disquaire, (ingénieur) programmeur;
b. poirier, oranger, pommier, avocatier, dattier, prunier, cognassier,
cerisier, griottier, mûrier;
c. encrier, panier, bonbonnière;
d. tourelle, tartelette, côtelette, ruelle, chevreau, levraut, lionceau
.
Autodictée
Le fragment: “Les grandes personnes ne vous croiront pas… en
moi”.
70
XVIII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le petit prince, qui a-t-il rencontré en traversant le désert?
Qu’est-ce qu’il a demandé? Qu’est-ce qu’elle a répondu, la fleur?
Pourquoi? Savait-elle où étaient les hommes? Comment les trouvait-
elle? Pourquoi sont-ils inconstants dans sa conception? Et selon vous?
Quelles seraient les “racines” de l’homme? A quoi est-il de nouveau
comparé?
Lexique
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Grammaire
74
Unité 3
XIX-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Où est parti le petit prince? Comment étaient ses montagnes par
rapport à celle-là? Qu’est-ce qu’il s’imaginait? Qu’a-t-il découvert
dans les montagnes? Qu’est-ce qu’il a vu là-haut? Qu’est-ce qu’il a
dit? L’écho, qu’est-ce qu’il lui a répondu? Comment trouvait-il la
planète? Et les hommes?
Lexique
Commentaire
Personnages
Style. Structure
La répétition comme figure de construction est employée pour
insister avec énergie sur l’idée que l’on veut exprimer. Quels sont les
éléments répétés et quelle est cette idée?
Grammaire
Nominalisation participiale
La forme qui sert de point de départ peut être un participe
(présent ou passé).
Participe présent: étudier – étudiant – un étudiant
Participe passé: connaître – connu – un inconnu
76
Formez des noms à partir du participe présent des verbes ci-
contre; faites-les entrer ensuite dans des phrases:
arriver, débuter, assiéger, assaillir, descendre, pratiquer, participer,
passer, voler, vivre, intriguer, fabriquer, monter, revenir, tenir lieu
(nom composé).
Déterminez la base verbale des noms soulignés:
une surprise, la tenue, la sortie, l’arrivée, le dit, une prise de
position, une mise en scène, la perte de vue, une prise de contact, la
perte d’équilibre, la tenue de l’engin, le tir à l’arc, la remise en jeu
(de la balle), l’ouverture (des Jeux Olympiques), la découverte de la
planète (par le petit prince).
XX-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le petit prince, qu’a-t-il découvert? Où mènent les routes?
Pourquoi? Qu’est-ce qu’il a vu? A qui ressemblaient les fleurs? Pour-
quoi se sentait-il malheureux? Pourquoi sa fleur aurait-elle été vexée
si elle voyait les roses? Que s’imaginait-il? De quoi se croyait-il riche?
Qu’est-ce qu’il se disait? Pourquoi s’est-il mis à pleurer?
Lexique
1. Donnez les synonymes des mots: espèce, vexé, stupéfait,
seule, soigner, humilier, énormément.
2. Cherchez dans le texte l’antonyme du mot unique.
3. Dites autrement: il arriva que…; faire semblant de mourir;
échapper au ridicule;
4. Distinguez le sens propre du sens figuré:
La rose orne le jardin. La lecture orne l’esprit. La fillette déchire
une page de son cahier. Les remords déchirent le cœur. Le chapeau
77
couvre la tête. Le succès couvre la faute. L’ambition perd l’homme. Il
a perdu sa bourse. Le cultivateur sème pour récolter. Qui sème le vent
récolte la tempête. Son courage s’allume, ses yeux pétillent, son sang
bout. Le feu s’allume, il pétille, l’eau bout. Il faut couper le mal dans
sa racine. Il ne faut couper la parole de personne. Le seau est rempli
d’eau. La vanité est remplie d’elle-même. Le froid flétrit les fleurs. Le
malheur flétrit l’âme. Le petit prince fondit en larmes. La chaleur fond
la glace. L’enfant buvait dans le creux de sa main. L’ivrogne boit le
sang de ses enfants. Le boa brise les os de sa proie avant de l’engloutir.
Ce long voyage l’a brisé. Les grands royaumes engloutissent les petits
Etats.
5. Dresser la liste des fleurs cultivées.
Commentaire
Personnages
Style. Structure
Grammaire
Nominalisation infinitive
Dans un certain nombre de constructions la nominalisation
affixale est concurrencée par la Nmz infinitive. C’est ainsi que la phrase:
On fait du sport, c’est utile
78
peut être transformée en:
Le sport est utile
ou
Faire du sport est utile.
1. Identifiez les infinitifs nominalisés du fragment ci-dessous:
C’était ma grande passion, les cannots, à cette époque. Passer
toute une après-midi sur l’eau noire du vieux port, longer les frégates
de l’Etat, ou se laisser bercer à l’ombre d’un gros navire, courir pieds
nus sur des trains de bois; grimper aux mâts; voir pêcher les oursins;
puis revenir le soir, tout imprégné d’une odeur de goudron, de varech,
avec la lassitude, l’impression d’un long voyage, je ne connaissais pas
un bonheur plus grand (A. Daudet).
2. Essayez de transformer les Nmz infinitivales en Nmz affixales:
Discuter des projets de vacances est intéressant. Marcher à pied
est fatigant. Tricoter est facile. S’entraîner systématiquement est obli-
gatoire. Pour un sportif, maintenir sa forme est indispensable. Pour
aller à la montagne, prendre le train est plus convenable. Je pense
partir demain. Bien penser et bien dire ne sont rien sans bien faire.
Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme (Rousseau).
79
Unité 4
XXI-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qui est apparu lorsque le petit prince pleurait couché dans
l’herbe? Pourquoi ne pouvait-il pas jouer avec le petit prince? Quels
renseignements sur les hommes a-t-il donné au petit prince? Com-
parez-les avec ceux de la fleur et du serpent (à chacun sa vision). Que
signifie apprivoiser? Comment le petit prince a-t-il défini sa relation
avec la fleur? Par quoi le petit renard a-t-il été intrigué? Pourquoi sa
vie était-elle monotone? Comment s’imaginait-il sa vie future? Pour-
quoi les hommes n’ont-ils plus d’amis? Se font-ils utiles les uns aux
autres? Y a-t-il de l’amour fraternel entre eux? Quelle est la cause des
guerres? Quel a été le secret du renard? Qu’est-ce que cela signifie?
Ce conseil concerne-t-il seulement le petit prince ou une portée plus
générale?
Lexique
Commentaire
Personnages
Caractérisez le renard.
Etes-vous renard peut-être? Comparez-vous au type du caractère
ci-dessous:
Nerveux, rusé, rapide et pétulant, on a un grand appétit de vivre
et l’on est à l’aise dans les situations difficiles. Mais il ne faut pas
venir marcher sur la plate-bande, car alors on montre les dents prêt à
mordre. En famille, on est chaleureux et enjoué. Dans le fond, on n’est
pas mauvais…
Style. Structure
Autodictée
XXII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le petit prince, qui a-t-il rencontré? Que faisait l’aiguilleur,
selon ses dits? Le petit prince, qu’est-ce qu’il a vu passer? Les
hommes savaient-ils ce qu’ils cherchaient? Quel était la cause qui les
déterminait à se déplacer d’un endroit à l’autre? Qu’est-ce qu’ils
faisaient dans le train? Et les enfants? Qu’est-ce qu’il dit des enfants,
le petit prince? Et l’aiguilleur? Pourquoi?
Lexique
Personnages
Style. Structure
Grammaire
86
Unité 5
XXIII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le petit prince, qui a-t-il vu? Qu’est-ce qu’il vendait? Pourquoi?
Quelle publicité faisait-il à son produit? Pourquoi a-t-il recours à
l’argument de la science? Qu’est-ce qu’on faisait du temps épargné?
Le petit prince, trouvait-il raisonnable une telle économie du temps?
Qu’est-ce qu’il ferait s’il avait du temps à dépenser? Et vous? Aimez-
vous prendre des tablettes?
Lexique
Dites autrement: épargner du temps, éprouver le besoin de boire,
apaiser la soif, tout doucement.
La terre, l’eau, l’air et la lumière (la chaleur) sont les éléments
indispensables à la vie terrestre. Mais l’homme ne les chérit pas assez.
On apprend ce qu’ils valent uniquement dans leur absence. Le vrai
prix de l’eau est connu seulement dans le désert. Là on sait bien que
l’eau est la vie.
Mais chez nous l’apprécie-t-on à sa vraie valeur? Connaissez-
vous des cas de pollution des eaux? Dans de telles situations chacun
sait ce qu’on doit faire en général, et surtout ce que doivent faire les
autres. Et si l’on commençait par soi-même, pourrait-on renoncer, par
exemple, aux produits chimiques pour ne pas polluer au moins les
eaux ménagères? Vous n’êtes-vous jamais proposé de vous en passer?
Faites entrer ces expressions dans de petits contextes:
a) eau de mer; eau douce (eau de rivière); eau de pluie; eau
courante; eau stagnante; porter de l’eau à la rivière (faire une chose
87
inutile); eau de Cologne; faire venir l’eau à son moulin; il n’est pas
pire eau que l’eau qui dort; un âne ne boit que s’il a soif, mais c’est
parce qu’il ne boit que de l’eau (expliquez cette dernière assertion).
b) avoir soif; mourir de soif; étancher sa soif; soif de vivre; soif
de vengeance; l’appétit vient en mangeant, la soif s’en va en buvant;
qui est maître de sa soif est maître de sa santé.
Cherchez d’autres expressions avec les mots eau et soif.
Commentaire
Personnages
Qui est-ce qui représente le marchand, selon vous?
Complétez la caractéristique du petit prince.
Style. Structure
Trouvez les mots-clés et les idées essentielles.
Grammaire
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Le petit prince, combien de jours a-t-il mis à raconter ses
histoires? Qu’est-ce qui lui dit le pilote, en écoutant sa dernière
histoire? Quelle a été la réponse du petit prince? Quelles étaient les
craintes du pilote? Qu’est-ce qu’ils ont fait? Qu’est-ce qui fait la
beauté du désert, de l’étoile, de la maison? Que fit le petit prince? Qui
le portait dans ses bras? A quoi pensait le pilote? Avez-vous jamais
marché longtemps sous la lune?
Lexique
Personnages
Complétez le portrait du petit prince.
Style. Structure
Grammaire
91
Unité 6
XXV-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Que disait le petit prince des hommes de la terre? Ont-ils trouvé
le puits? Comment était-il? Comment était l’eau pour le petit prince?
Pourquoi était-elle bonne pour le cœur? De quoi était-elle née?
Qu’est-ce qui faisait le rayonnement du cadeau de Noël du narrateur-
enfant? Quelle avait été la promesse du pilote? Pourquoi le pilote
avait-il la cœur serré après avoir trouvé le puits et soulagé la soif?
Avait-il des pressentiments? Qu’est-ce qu’il avait deviné?
Lexique
Commentaire
Style. Structure
Grammaire
Autodictée
XXVI-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Qu’est-ce qu’il a vu, le pilote, en rentrant? Pouvait-il voir
l’interlocuteur du petit prince? Quand l’a-t-il aperçu? Dans quel état
était le petit prince? Avait-il eu peur? Comment essayait-il de consoler
le pilote de sa future absence? Quel cadeau proposait-il à son ami?
Pourquoi lui déconseillait-il de l’assister pendant le rendez-vous avec
le serpent? Le pilote, l’a-t-il accompagné tout de même? Qu’est-ce
qu’il lui disait chemin faisant? Décrivez la scène finale. Avez-vous
peur de serpents?
Lexique
Commentaire
Personnages
Structure du texte
95
Grammaire
Formation de verbes
L’élément de base peut être:
– un nom; les suffixes sont: -er (-iser), -ir, -ifier:
Former un groupe – grouper
Le mot formé peut recevoir un préfixe en plus du suffixe: mer
– amerrir
– un adjectif:
être bavard – bavarder
rendre fertile – fertiliser
devenir triste – s’attrister
– un verbe; le dérivé est alors un diminutif du verbe de base et
peut prendre une valeur péjorative; les suffixes sont variés: -ailler,
-asser, -eter, -oter, -onner etc. (v. le tableau sur la formation de verbes):
taper – tapoter
chanter – chantonner
1. Connaissez-vous les dérivés verbaux formés sur les noms
ci-dessous?
pilote, travail, fête, marchand, glace, ordre, pédale, pelote, balance,
caisse, information, jardin, ski, crawl, tir, escrime, nage, boxe, pivot,
balance, bandage, galop, cadence, arme, film, plafond, photographie,
école, plan, code, paix, démocratie, robot.
2. Quels verbes signifient:
rendre coupable, sonore, urbain, standard, féminin?
96
Unité 7
XXVII-ème partie
Audition
Au fil du texte
Après avoir écouté le texte, essayez de répondre à ces questions:
Combien d’années se sont écoulées depuis la séparation des
deux amis? Le pilote, s’est-il consolé? Que font les étoiles quand il les
regarde? Qu’est-ce qu’il a oublié de faire? Quelles sont ses craintes?
Pourquoi le paysage a-t-il pour lui deux visages: l’un gai et l’autre
triste? Qu’est-ce qu’il se dit parfois? Qu’est-ce qu’il recommande au
lecteur? Quelle est sa prière? Aimez-vous contempler les étoiles?
Connaissez-vous le nom d’une ou plusieurs constellations? Savez-
vous les retrouver dans le ciel? Etes-vous resté(e) longtemps à les
regarder par une belle nuit d’été à la campagne ou au bord de la mer?
Qu’avez-vous éprouvé?
Lexique
Commentaire
Personnages
Structure du texte
Grammaire
Les préfixes
Ils sont nombreux et variés (voir le tableau des préfixes). Ils
peuvent:
a) exprimer ce qui s’est passé avant (avant-, ante-, pré-, pro-);
b) ce qui va se passer (après-, post-, rétro-);
ou peuvent correspondre à des prépositions et locutions prépo-
sitives diverses:
autour de: circum-, amphi-;
contre: contre-, contra-, anti-, para-;
à travers: dia-, trans-;
sur (au-dessus de): épi-, super-, sur-, sus-;
sous (au-dessous de): sous-, mal- etc. Par exemple:
Dans le tiers monde sévissent (bântuie) la sous-alimentation et la
malnutrition.
98
On remarque que la préfixation laisse inchangée la classe gram-
maticale du mot de base (malnutrition est un nom comme nutrition).
Faites la répartition des mots ci-dessous en ensembles selon
qu’ils évoquent ce qui est avant, ce qui est après, ce qui est sous (au-
dessous de), ce qui est sur (au-dessus de), ce qui est contre (op-
position):
antichambre, arrière-goût, antéposé, susnommé, surnommé,
rétroactif, contre-jour, surlendemain, survêtement, prémolaire, après-
ski, parapluie, postdate, hypotendu, avant-centre, antigel, contresens,
superstructure, subtropical, hypertension, sous-classe.
Familles de mots
Après avoir fait connaissance avec plusieurs procédés de
dérivation, il est plus aisé d’établir des liaisons de parenté entre les
mots et de s’imaginer „la famille” d’un vocable donné (vocable – unité
de vocabulaire).
Considérez l’ensemble suivant et dites de quelle base il est formé:
manuel, manipuler, manufacture, manuscrit, manche, maintenir.
Faites entrer les mots dans des phrases.
Pourriez-vous former des groupes semblables?
Essayez avec trois mots (à votre choix).
Dictée finale
(fragment proposé par le professeur)
Présentation de l’œuvre
Après avoir étudié le texte, il faut faire son commentaire. Ce
commentaire composé doit être organisé en trois parties:
a) l’introduction
– biographie et brève caractérisation de l’œuvre de l’auteur;
– définition des thèmes;
– reconstitution du sujet (v. le modèle ci-après);
b) le développement
– présentation du schéma du commentaire (plan, objectifs);
– détermination et présentation consécutive des axes de lecture:
deux, trois ou plusieurs (action et événements; les étapes, le
99
mouvement du texte; la caractéristique des personnages; le
style etc.);
c) la conclusion
centrée sur l’effet produit, elle doit contenir:
– des observations et impressions personnelles;
– des références inter- ou extratextuelles.
Pour faciliter la présentation de cette oeuvre, on pourra la diviser
en trois grandes parties: la vie du petit prince sur sa planète d’origine,
les six planètes visitées après avoir quitté la sienne et les rencontres
sur la terre (le serpent, la fleur, l’écho, les roses, le renard, le pilote).
102
TABLEAUX POUR LA FORMATION DES MOTS
Suffixes de noms
Arbre
– ier poirier arbre qui fait des poires
producteur
103
– aie éventail objet servant à s’éventer
– ard brassard insigne qu’on porte au bras
– eur, – se tondeuse instrument servant à tondre
Instrument
– ateur sécateur instrument servant à couper
accessoire
– oir arrosoir instrument servant à
arroser
– on bouchon accessoire pour boucher
Objet
–ande Offrande objet que l’on offre
de l’action
Lieu où se – erie biscuiterie fabrique de biscuits
fait l’action, – oir parloir lieu où l’on parle
industrie – oire patinoire lieu où l’on patine
104
– ade colonnade ensemble de colonnes
– age feuillage ensemble de feuilles
Collectifs – aie chênaie plantation de chênes
(réunion, – aille pierraille amas de pierres
mélange, – aine douzaine groupe de douze
plantation) – ure chevelure ensemble de cheveux
– ature ossature ensemble des os
– aille marmaille ensemble de marmots
Suffixes d’adjectifs
106
Superlatif – issime richissime très riche
Possibilité, – able potable qui peut être bu
capacité – ible lisible qui peut être lu
– uble soluble qui peut se dissoudre
Suffixes de verbes
107
Les suffixes des verbes ne sont pas nombreux:
108
Suffixes d’adverbes
109
Par exception à cette dernière règle, les adjectifs lent, présent,
véhément ont donné les adverbes lentement, présentement, véhé-
mentement, selon la règle générale.
d) Quelques adverbes ont eu, pour diverses raisons, une formation
irrégulière: gentiment, nuitamment, sciemment, traîtreusement.
110
in- inégal qui n’est pas égal
mal- maladroit qui n’est pas adroit
mé- mécontent qui n’est pas content
més- mésaventure mauvaise aventure
mi- mi-chemin moitié du chemin
non- non-payment le fait de ne pas payer
par- parsemer semer à travers (de-ci, de-là)
per- perfection état de ce qui est entièrement fait
para- parachute préserver „contre” la chute
post- postposé posé après
pré- préavis avis donné avant
pro- prolonger alonger en avant
por- portrait figure tracée devant quelqu’un
pour- pourparlers paroles en vue d’un accord
re- revenir venir en arrière
ré- réagir agir en sens inverse
r- rouvrir ouvrir de nouveau
retro- rétrograde qui marche en arrière
semi- semi-voyelle son à moitié voyelle
sous- sous-estimer apprécier sous sa valeur
sur- surnommer nommer en plus, par-dessus
super- superposer poser par-dessus
sus- susdit dit ci-dessus
sym- sympathie sentiment qui rapproche
trans- transmettre faire passer au-delà
tri- tricycle véhicule à trois cycles (roues)
111
uni- uniforme à une seule forme
vi- vicomte à la place du comte
vice- vice-consul qui remplace le consul
112
DEUXIÈME SECTION
Sujets à traiter
Module I
(unités 1-7)
Repères lexicaux
amour (m), pays (m), patrie (f), terroir (m), contrée (f), paysan (m),
paysage (m), montagne (f), grotte (f), monastère (m), plaine (f),
vallée (f), mer (f), fleuve (f), ruisseau (m), cascade (f), chute
d’eau (f), forêt (f), bois (m), bocage (m), hêtre (m), chêne (m),
frêne (m), pin (m), bouleau (m), champs (m, pl), pâturage (m),
troupeau (m), berger (m), mouton (f), chalumeau (m) / flûte (f)
champêtre, flûte de berger; chant (m) / chanson (f), travaux
cham-pêtres: semailles (f, pl), moisson (f), moissonneur (m),
113
moisson-neuse (f), vigne (f), vignoble (m), vendange (f), vigneron
(m) etc.
114
La montagne offre des paysages variés.
La moissonneuse-batteuse est une machine agricole qui moissonne
et bat les céréales automatiquement.
La Normandie est un pays célèbre par ses bocages.
Expressions
Proverbes et sentences
Exercices
Repères lexicaux
transport: avion (m), train (m), métro (m), autobus (m), automo-
bile (f), trolley (m), tramwai (m), motocyclette (f), bicyclette (f),
charette (f), sémaphore (m), gare (f), aéroport (m) etc.
marché (m), supermarché (m), magasin (m), boutique (f), foire
(f) etc.
unité industrielle (f), usine (f), fabrique (f), combinat (m) etc.
école supérieure (f), université (f), institut de recherche (m),
clinique (f), hôpital (m) etc.
lieux d’agrément et de récréation: jardin botanique (m), vieux
parcs (m., pl), beaux lacs (m., pl), terrasses (f., pl), restaurants
(m., pl), hôtels (m., pl) etc.
lieux de prière: grands et vieux monastères (m., pl), églises (f.,
pl) anciennes et modernes, chapelles (f., pl) estudiantines etc.
Expressions imagées
– sortir en ville: elle est sortie en ville;
– habit de ville (vêtements citadins);
– la ville éternelle (Rome); la ville sainte (Jerusalem);
– la cour du roi Pétaud, pétaudière (sat fără câini, satul lui
Cremene);
– les racontars/les potins du village (gura/poşta satului).
Proverbes et sentences
Exercices
Sentences et maximes
1. A chaque oiseau son nid est beau (chez soi chacun se sent
bien).
2. L’âtre de notre maison est plus chaud que celui du voisin.
3. La maison est une belle maison quand elle est habitée par de
braves gens.
Exercices
Matière
… Puis, le silence. Un instant de silence où Simon retrouva le
décor réel. Un comptoir de bois noirci, une balance de cuivre, des
étagères où s’empilaient des paquets de gris, des boites de papier
gommé. Les clochettes rouges d’un fuchsia luisaient près de la porte
dont le vent gonflait le rideau de toile. D’où venait ce silence?
Pierre Gamarra
Repères lexicaux
métal (m), plomb (m), fer (m), acier (m), nickel (m), or (m),
argent (m), pierre (f),
argile (f), papier (m), bois (m), cuir (m), plastique (m) etc.
Sentences et maximes
Exercices
Couleurs
… L’automne dans sa chanson de guêpes et de tonneaux pro-
longeait lentement l’été. Les feuillées des collines passaient du vert au
bronze et du bronze au cuivre roux. Les vignes dépouillées s’enflam-
mèrent. Dans les jardins, les carrés de fraisiers tournèrent au rouge sang.
Pierre Gamarra
Repères lexicaux
Expressions imagées
Exercices
Repères lexicaux
nombre (m), chiffre (m), nombre à trois chiffres, chiffres pairs /
impairs;
fractions: la moitié ½; le tiers 1/3; le quart ¼; le cinquième 1/5;
le dixième 1/10 etc.;
calculer, calculette, additionner, soustraire, multiplier, diviser,
faire le total.
– Ils sont combien ? (combien de personnes).
– Ils sont dix.
Les pris ont doublé (triplé etc.)
L’inflation a augmenté de 20% (vingt pour cent).
Cet élève compte facilement de tête (sans calculette). Il est bon
en calcul mental. Il fait rarement d’erreurs.
Les quatre opérations:
Combien font …?
additionner (adition) 3+3=6 (3 plus 3 égale 6);
soustraire (soustraction) 7 – 4 = 3 (7 moins 4 égale 3);
multiplier (multiplication) 2 x 2 = 4 (2 multiplié par 2 égale 4);
diviser (division) 9:3=3 (9 divisé par 3 égale 3).
Expressions imagées
– faire les cent pas (marcher de long en large);
– manger comme quatre (beaucoup);
123
– se mettre / se couper en quatre pour qqn (faire tout);
– faire ses quatre volontés (tous ses caprices);
– raconter qqch en deux mots (brièvement);
– couper les cheveux en quatre (chercher des complications):
Luc complique les choses, il coupe toujours les cheveux en quatre.
Sentences et maximes
Exercices
Poids et mesures
…Après cinquante mètres de terrain nu se dressait le mur de
l’école. Alors il se courba en avant et se mit a marcher.
A dix mètres du mur, il s’allongea et laissa passer quelques
minutes…
Personne dans le jardin. Une demi-douzaine de lourdes motos
s’appuyaient au mur. Un amas confus de valises et de caisses se dres-
sait parmi les fraisiers. A ce moment il entendit le pas lourd de la
sentinelle.
Pierre Gamarra
Repères
Expressions imagées
– peser ses mots / mesurer ses paroles;
– peser le pour et le contre (évaluer une situation);
– peser du regard (examiner, apprécier);
– un avis qui pèse lourd (qui compte);
– toiser qqn: le mesurer de la tête aux pieds (a măsura pe cineva
din cap până în picioare);
– se mesurer avec un adversaire (lutter contre qqn).
125
Sentences et maximes
Exercices
126
MODULE II
(unités 1-7)
Vie sociale
…On faisait beaucoup de politique alors partout, et particuliè-
rement dans le monde observateur où je vivais. Il y avait dans l’air de
cette époque une foule d’idées à l’état nébuleux, de problèmes à l’état
d’espérances… La situation d’homme d’Etat était, à l’époque dont je
vous parle, le couronnement nécessaire, en quelque sorte l’avènement
au titre d’homme utile, pour tout homme de génie, de talent ou sim-
plement d’esprit.
Je m’épris de cette idée de devenir utile… Je fis d’abord une
sorte de stage dans l’antichambre même des affaires publiques, je
veux dire au milieu du petit parlement composé de jeunes volontés
ambitieuses, de très jeunes dévouements tout prêts à s’offrir, où se
reproduisait en diminutif une partie des débats qui agitaient alors
l’Europe.
Eugène Fromentin
… Le livre et la charrue, voilà ce qu’il fallait aux hommes.
En dehors de cela, c’était ce monde de folie confuse dont les
premières pages des journaux donnaient une idée.
Pierre Gamarra
Repères
Expressions imagées
Sentences et maximes
Exercices
Ma journée de travail
Pour tout réussir, je me lève d’habitude à six heures du matin. Je
fais rapidement ma toilette et je prépare la petit déjeuner pour mon
mari et nos trois enfants. Les aînés vont à l’école, le benjamin, à la
maternelle. Il a quatre ans, il se réveille le dernier, quand tout le
monde est déjà prêt. Il boit sans trop d’envie son lait et il est conduit à
la maternelle par mon mari qui part le dernier; il doit être au bureau
vers neuf heures. Moi, je prends mes affaires et je sors avec les deux
aînés pour être à temps, eux à l’école, moi, à l’entreprise.
Repères lexicaux
Expressions
Proverbes et sentences
1. Celui qui ne veut pas travailler ne doit pas manger (Saint Paul).
2. Le travail est pour les hommes un trésor (grec).
3. Travailler c’est prier (latin).
4. Sue et tu seras sauvé (américain).
5. L’homme naquit pour travailler comme l’oiseau pour voler
(français).
Exercices
L’enseignement supérieur
… A l’Ecole Normale les cours commençaient à neuf heures.
Hormis le grec et le latin, l’élève instituteur recevait un enseignement
quasi universel en lettres, sciences et mathématiques. Botanique,
zoologie, agriculture, et zootechnie, psychologie, sociologie, pédagogie
théorique et appliquée, notions d’astronomie ou de médecine, que
n’apprenait-t-on pas ! Dès la première année, on commençait les stages
à l’école primaire annexée à l’Ecole. De vieux maîtres expérimentés
prenaient en mains les débutants.
Pierre Gamarra
Repères
Expressions imagées
Sentences et maximes
Exercices
Repères lexicaux
adresse (f), enveloppe (f), timbre (m), poste (f), boite à lettres
(f), facteur (m), correspondant (m), expéditeur (m), destinataire
(m), destination (f); écrire / rédiger une lettre; adresser / envoyer
une lettre à qqn; types de lettres: lettre de faire-part (d’invitation
à une solennité), lettre d’avis (avis d’expédition), lettres de
créance (de acreditare), lettre de garantie.
Chère amie,
J’ai reçu ta lettre ce matin. J’ai essayé quelques jours de suite de
téléphoner à notre amie Virginie, mais je tombais sans cesse sur son
répondeur. Je suppose qu’elle est partie pour quelque temps à la
campagne. Quand j’aurais de ses nouvelles, je vais te passer un coup
de fil.
Salut
134
J’ai adressé une lettre à Claudine ( je la lui ai envoyée)
La lettre n’est pas parvenue à la destination.
Le ministre a prononcé un discours à l’adresse des enseignants
(destiné aux enseignants).
Ce jeu sportif demande beaucoup d’adresse (dextérité, habileté).
Le directeur a fait une adresse au ministère (un document / une
communication officielle).
Expressions imagées
Sentences et maximes
Exercices
Santé
Une consultation médicale
Le médecin (généraliste ou spécialiste) soigne ses patients.
Il consulte à son cabinet ou à domicile. Pendant la consultation,
le médecin interroge le malade, l’ausculte (il prend le pouls, la tension).
135
Il fait un diagnostic (il diagnostique la maladie, l’identifie), puis
prescrit des médicaments ou des examens, par exemple une radio ou
une prise de sang (une analyse de sang). La prescription est notée sur
une ordonnance que le patient apporte au pharmacien. Dans certains
cas, une infirmière fait des piqûres au patient. Si le patient suit le
traitement et si tout va bien, il sera guéri. La guérison peut être lente
ou rapide.
Parfois, le patient doit se faire opérer par un chirurgien (doit
subir une opération chirurgicale); il doit être hospitalisé.
Repères
Expressions imagées
Maximes et sentences
1. Santé passe richesse (sănătatea e cel mai mare bun).
2. La santé c’est un esprit sain dans un corps robuste (mens sana
in corpore sano).
137
3. Le corps est le temple de l’esprit.
4. Un mendiant bien portant est plus heureux qu’un roi malade.
5. La santé se mesure à l’amour du matin et du printemps.
Exercices
1. Parlez de votre dernière visite chez le médecin.
2. Insérez trois expressions (à votre choix) dans de petits
contextes.
3. Cherchez des équivalents roumains pour les maximes ci-
dessus. Connaissez-vous d’autres du même sens ? Faites le
commentaire d’un de ces proverbes (à votre choix).
Belles-Lettres
… Lucienne commanda à un voyageur de passage les œuvres
complètes de Balzac, puis de mois en mois acheta des éditions illustrées
sur beau papier: Musset, Verlaine, Baudelaire, « Les Nourritures ter-
restres » de Gide.
Les soirs d’hiver, dans un petit bureau aménagé à l’étage, l’été
sous une tonnelle du jardin, ils lisaient et devisaient tranquillement.
Simon gardait son admiration pour Barbusse et reprenait souvent « Le
Feu ». Il y avait ajouté d’autres ouvrages et récits sur la guerre de
14-18. Il venait de découvrir Romain Rolland.
Pierre Gamarra
Repères
Expressions imagées
– livre de chevêt (carte de căpătâi);
– parler comme un livre (ca din carte);
– traduire à livre ouvert (a traduce liber);
– homme de lettres (scriitor);
– la république des lettres (lumea scriitorilor);
– avoir des lettres (a cunoaşte bine literatura);
– lettre morte (lucru fără valoare, de care nu se ţine seama);
– des gens d’une agréable littérature (oameni citiţi).
Sentences et maximes
Exercices
Repères
Expressions imagées
Sentences et maximes
142
MODULE III
(unités 1-7)
Repères lexicaux
Expressions imagées
– avoir un air de famille (ressemblance entre les membres d’une
famille);
– faire bon ménage avec qqn (a ţine / duce casă bună cu cineva);
– être familier: Ce visage m’est familier (bien connu);
– avoir des manières familières (trop libres, peu respectueuses).
143
Proverbes et sentences
Exercices
Tempérament. Caractère
…Fabre, un gaillard solide, noir de poil avec un visage coloré de
bon vivant, passait à juste titre pour boute-en-train. Il plaisantait sans
cesse et possédait une jolie voix de ténor. Aux veillées, aux réunions
diverses, à l’auberge même, il poussait la chansonnette sans se faire
prier. Sa générosité était proverbiale. Fabre – les-mains-trouées, disait-on.
Pierre Gamarra
un boute-en-train – un om de viaţă;
les-mains-troués – mână spartă.
Repères
caractère (m), trait (m), tempérament (m), tempérance (f), modé-
ration (f), comportement (m), tenue (f), attitude (f), conduite (f),
qualité (f), défaut (m), sociabilité (f);
sa nature / son naturel / sa manière (façon) d’être / de se com-
porter / d’agir.
Simon parle à un confident de ses collègues de bureau en lui
montrant quelques photos: – Cette jeune fille est une nouvelle col-
laboratrice, je ne la connais pas trop, mais j’ai remarqué qu’elle est
d’un naturel gai (elle a un caractère gai, c’est sa nature).
Marie possède de grandes qualités et de petits défauts: c’est
quelqu’un de bien. Elle a de la personnalité / c’est une forte personnalité.
144
Paul a un caractère difficile (il a mauvais caractère). Il n’est pas
facile à vivre.
Ses façons sont grossières (sa manière d’agir).
En revanche Michel a bon caractère (o fire bună); il a un carac-
tère en or.
Il est spontané, il parle et agit naturellement.
Flo a un caractère autoritaire: elle a tendance à imposer ses idées
et ses décisions.
Max a l’air réservé, et même renfermé. En réalité, sous des
apparences renfermées, il est plutôt sociable. Il n’est pas timide, con-
trairement aux apparences (il ne faut pas se fier aux apparences). En
plus il est plein de tact, de délicatesse: il sait toujours quoi dire et quoi
faire dans une situation délicate.
Luc est intelligent et cultivé, mais assez prétentieux, il est d’une
prétention ! Tout le monde doit l’écouter parler de ses connaissances
et de sa culture.
Expressions imagées
– avoir du caractère (être énergique);
– avoir l’habitude de faire qqch;
– prendre l’habitude / le pli de faire qqch;
– par habitude (din obişnuinţă);
– d’habitude (de obicei);
– à tempérament (în rate): acheter des meubles à tempérament;
– s’agir de (a fi vorba de):
– De quoi s’agit-il ?
– Il s’agit d’une compétition sportive.
Sentences et maximes
Taille. Vêtements
… Chaque dimanche nous allions faire notre tour de jetée en
grande tenue. Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants,
offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête.
Et je me rappelle l’air pompeux de mes pauvres parents dans ces
promenades de dimanche, la rigidité de leurs traits, la sévérité de leur
allure. Ils avançaient d’un pas grave, le corps droit, les jambes raides,
comme si une affaire d’une importance extrême eût dépendu de leur
tenue.
Guy de Maupassant
Repères lexicaux
Expressions imagées
– prendre ses dimensions sur qqn (le tailleur sur le client);
– ne pas avoir la taille (hauteur du corps, pour le service mili-
taire, par exemple);
– être assez grand, assez fort pour (au propre et au figuré);
– être / ne pas être de taille à;
Il n’est pas de taille à lutter contre un tel adversaire (il n’a pas la
force nécessaire).
– faire qqch de taille:
Il a fait une bêtise de taille (très grave, très importante, majeure).
Sentences et maximes
Exercices
Expressions
– droits civiques (droits que la loi donne aux citoyens);
– devoirs civiques (les devoirs du citoyen);
– état civil (la condition d’une personne, résultant de sa filiation
et des ses alliances);
– actes civils (actes qui constatent l’état civil des personnes);
– mariage civil (fait à la mairie);
– civiliser la société (polir les mœurs): les peuples se civilisent
difficilement.
Proverbes et sentences
1. C’est la société d’autrui qui enseigne à l’homme ce qu’il sait
(grec).
2. La société serait une chose charmante, si l’on s’intéressait les
uns aux autres (fr.).
3. L’arbre vit à l’aide de ses racines et l’homme de la société
(géorgien).
Exercices
Expressions imagées
Sentences et maximes
Exercices
Maximes et sentences
1. C’est sur le fond et non sur les apparences qu’il faut juger.
La barbe ne fait pas le philosophe.
2. Le corps est le temple de l’esprit.
3. Le corps est plus vite paré que l’âme (il est plus aisé d’avoir
soin du corps que de l’âme).
4. Plus le corps est faible, plus il commande; plus il est fort, plus
il obéit.
5. La terre est gouvernée par la lèvre et la mer par la main.
Exercices
153
MODULE IV
(unités 1-7)
Ma journée de repos
Dimanche, après la messe où nous allons ensemble avec mes
parents et nos enfants, nous dînons chez nous. Je mets toujours le
couvert pour sept personnes. C’est une ancienne habitude et c’est très
intéressant. Mes trois enfants ne cessent pas de conter à leurs grands-
parents tous leurs « exploits » de la semaine écoulée. Les grands-pa-
rents, à leur tour, commencent à se rappeler situations semblables de
mon enfance ou même de la leur avec, bien sûr, avec les couleurs de
l’époque. Et les plats des enfants restent souvent intacts en les écoutant.
Après le dîner, on fait des lectures édifiantes (chez nous on aime
beaucoup la philocalie) et on écrit des lettres. Mon frère et les deux
sœurs de mon mari n’habitent pas notre ville. Mes enfants ont donc
beaucoup d’oncles, de tantes et de cousins. Ils demandent souvent de
leurs nouvelles qu’ils partagent joyeusement avec leurs grands-parents.
Repères lexicaux
Dimanche (m), église (f), messe (f), cierge (m), prière (f),
sermon (m), évangile (f), lecture édifiante (f), personne philo-
calique (qui aime contempler la beauté et la sagesse divine);
promenade (f), jeux (m, pl), discussions (f, pl), visites (f, pl),
fêtes (f, pl), fiançailles (f, pl), noces (f, pl), baptême (m) etc.
« Celui qui règne dans les Cieux et de qui relève tous les
empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l"indépendance
est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner,
quand il Lui plaît, de grandes et de terribles leçons.
Soit qu’Il élève les trônes, soit qu’Il les abaisse, soit qu’Il com-
munique sa puissance aux princes, soit qu’Il la retire à lui-même, et ne
leur laisse que leur propre faiblesse, Il leur apprend leur devoir d’une
154
manière souveraine et digne de lui. Car en leur donnant sa puissance,
Il leur demande d’en user comme Il fait Lui-même, pour le bien du
monde…» (Bossuet, Oraisons).
Expressions
Proverbes et sentences
Exercices
155
– On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, se dit le
renard. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent
des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe
point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. Si tu veux
un ami, apprivoise-moi !
Antoine de Saint-Exupéry
(apprivoiser = créer des liens )
Repères
Sentences et maximes
Exercices
Repères
158
Luc est une tête, un vrai intellectuel. Il est d’une perspicacité et
d’une lucidité remarquables.
Il a fait un excellent compte-rendu sur la période écoulée.
Max n’est pas un génie, mais il est très dégourdi, débrouillard.
L’architecte nous a présenté le projet du nouveau port.
Ils ont l’intention de traverser la France à bicyclette.
Expressions imagées
Sentences et maximes
Exercices
Repères
prendre contact avec qqn; entrer / se mettre / être / rester en
contact / en relation avec qqn; perdre le contact avec qqn;
visiter qqn / accueillir qqn; se présenter / présenter qqn / faire
les présentations;
informer qqn / mettre au courant; transmettre / recevoir une
information;
annoncer qqch à qqn / faire savoir à qqn qqch; prévenir / avertir
qqn de qqch;
donner / recevoir des renseignements / des nouvelles; apprendre
une nouvelle de qqn;
entrer dans / entamer une / entretenir la conversation; interlo-
cuteur / -trice;
demander / avoir un entretien / une entrevue / un tête-à-tête avec qqn;
avoir une explication / une dispute / une prise de bec avec qqn (fam);
demander / donner / prendre la parole / tenir un discours;
intervenir / couper la parole de qqn;
dire à qqn des compliments / des politesses;
déclarer / affirmer / nier qqch;
insister sur qqch / argumenter qqch / convaincre qqn de qqch;
promettre à qqn qqch; donner / tenir sa parole / être homme de
parole.
160
Ils ont accueilli leurs amis à bras ouverts.
J’ai appris cette nouvelle de ma collègue.
Paul a demandé un entretien / un tête-à-tête avec son chef.
Pendant cette réunion Luc a pris plusieurs fois la parole et a
insisté sur cette chose.
Même à son ennemi, on doit tenir la parole.
Expressions imagées
– avoir le don de la parole;
– avoir la langue bien pendue; n’avoir pas la langue dans la poche;
– avoir bon bec / être fort en bec (fam.) (a fi bun de gură);
– dire des paroles en l’air (în vânt);
– parler à son bonnet (de unul singur);
– parler avec qqn de la pluie et du beau temps (verzi şi uscate);
– tirer les vers du nez à qqn (a trage cu cârligul…);
Sentences et maximes
Exercices
Repères
Expressions imagées
– si le cœur vous en dit (dacă-ţi cere inima);
– en dire de belles / en dire de toutes les couleurs (a spune verzi
şi uscate);
– conter fleurette (a spune vorbe dulci);
– aussitôt dit, aussitôt fait (zis si făcut);
– on dirait que / on aurait dit que… (ai zice / ai fi zis că…);
– quoi qu’on dise (orice s-ar spune);
– qu’en dites vous? (ce spui / zici de asta?).
Sentences et maximes
Mon week-end
Samedi, moi et mon mari, nous nous occupons du ménage. Moi,
je fais le nettoyage et la lessive et lui, il fait les provisions pour la
semaine suivante. Ce n’est pas par plaisir qu’il fait les courses, mais
par devoir. Ce qu’il aime, c’est bricoler. Le bricolage est aussi la
passion de l’aîné, qui a douze ans. Il n’est pas passionné par le sport
ou par les discothèques comme les enfants de son âge. Il peut rester
des heures entières auprès de son père pour l’aider dans ses travaux. Et
nous trouvons que c’est normal. L’école mixte ne fait pas de dif-
férence d’éducation entre garçons et filles. C’est la famille qui doit
accomplir cette tâche, faire de sorte que les filles (avec leur pudeur) se
sentent filles et les garçons s’avouent garçons. Les filles et les garçons
ne sont pas interchangeables. Ils ont besoin, pour leur équilibre et leur
bonheur, d’une éducation à la différence. Surtout à la puberté, car le
décalage de maturité entre garçons et filles infantilise les garçons.
Avec la crise de la transmission éducative et la démission des adultes,
on aura une société non pas mixte, mais sans hommes. C’est en ce qui
concerne les vertus. Quant aux vices, la rue s’en charge: drogue,
alcool, cigarettes, prostitution etc.
La paternité est une grande responsabilité.
Repères lexicaux
outils à bricoler (à faire de petits travaux dans la maison): boîte
(f) à outils, marteau (m), tenailles(f, pl), scie (f) à métaux, esca-
beau (m), établi (m), étau (m), rabot (m), maillet (m), vrille (f),
clé (f), pince (m);
où faire des provisions: boulangerie (du pain, des baguettes, des
produits de pâtisserie, de la farine), boucherie (de la viande),
charcuterie (du jambon, des saucisses, du pâté de foie), crémerie
164
(du lait, de la crème, des oeufs, du fromage), épicerie (du riz, de
l’huile, du thé, du sucre, des conserves) etc.
au marché: des légumes (pommes de terre, haricots, choux,
carottes, concombres, tomates, oignon, ail etc.); des fruits
(pommes, poires, prunes, abricots, pêches, cerises, griottes etc.);
où faire des achats: au supermarché qui a plusieurs rayons (prêt-
à-porter, chaussures, chapeaux, montres et bijoux, parfums,
papeterie etc.).
Pour les gros achats nous allons ensemble dans les supermarchés
où on peut trouver presque tout le nécessaire. C’est d’habitude avant
les grandes fêtes. J’aime visiter surtout le rayon de prêt-à-porter
(haine de-a gata), mais aussi celui de chaussures, de gants et chapeaux,
de parfums… C’est un peu difficile à supporter pour mon mari qui
n’aime pas les supermarchés.
Mes deux filles aiment beaucoup cuisiner. Elles me donnent un
coup de main à la préparation des plats aimés de toute la famille: les
galettes, les boulettes, le rôti et la grillade. Nous aimons aussi le
poisson frit et mariné. Tous ces plats nous les préparons samedi. Faute
de temps, pendant la semaine on prépare des mets à la légère.
Expressions
Proverbes et sentences
Volonté et action
Pour devenir un sportif de haut niveau, pour participer à des
épreuves sportives, à des championnats, pour réaliser des performances,
il faut avoir des qualités, dont:
– la capacité d’ordonner sa vie;
– une volonté de fer (inébranlable);
– la capacité de résister à la fatigue pendant un long effort (l’en-
durance);
– la concentration: le pouvoir de se concentrer, ne pas se laisser
distraire par le public;
– l’esprit d’équipe, fondamental dans les sports collectifs;
– de bons réflexes, rapides, efficaces et précis;
– savoir prendre de bonnes décisions très vite;
– le goût de l’effort: aimer réaliser des prouesses (des perfor-
mances).
Repères
sagesse (f), ténacité (f), audace (f), courage (m), fermeté (f),
maîtrise de soi (f), abnégation (f), persévérance (f), persistance
(f), assiduité (f), obstination (f), acharnement (f)
entreprise (f), réussite (f), réalisation (f), performance (f), essai
(m), échec (m), effort (m), programme (m), tâche (f), mission
(f), exécution (f) etc.
Luc Serge
est audacieux, courageux, les est peureux, lâche, il a peur de
obstacles ne lui font pas peur; tout;
il est déterminé, résolu; il décide est mou, passif; il ne décide
et agit vite rien; il est toujours indécis,
irrésolu; c’est qqn d’hésitant;
166
il sait prendre des initiatives; il est nonchalant, indolent;
est actif et vif est indifférent et froid;
est émotif et passionné
est tenace, persévérant: il va est inconstant, changeant:
jusqu’au bout de ses projets il commence, mais ne finit rien.
Expressions imagées
– être hors jeu (ne pas participer à qqch);
– calmer le jeu ( apaiser un conflit, une dispute);
– aller droit au but (parler ou agir directement, sans détour);
– être beau joueur (reconnaître la victoire d’un adversaire et
accepter de perdre avec le sourire);
– être ( être mis, rester) sur la touche (être exclu d’une activité):
Ce boxeur a été mis sur la touche. Il est resté sur la touche
pendant deux ans.
Sentences et maximes
1. Plus fait celui qui veut que celui qui peut. Qui a la volonté a
la force.
2. On ne devient pas champion sans suer.
3. On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs
vertus (Napoléon I-er).
4. Le plus dégradant esclavage, c’est d’être l’esclave de soi-
même (de ses faiblesses).
5. Dans la science de soi nul n’est passé maître.
Celui qui se connaît est seul maître de soi (maîtrise de soi).
Exercices
MODULE I
Jeanne d’Arc
Chaque pays a des héros qui marquent de grands moments de
son histoire. C’est le cas de Jeanne d’Arc, héroïne d’un lointain passé
qui symbolise dans l’histoire de la France l’amour sans bornes envers
la patrie et envers Dieu.
Au début du XV-ème siècle, les Anglais et les Français sont en
guerre depuis presque cent ans. Les Anglais ont gagné la bataille
d’Azincourt et ils ont un puissant allié, le duc de Bourgogne.
La France n’a pas de roi, seulement un dauphin (héritier de la
couronne), Charles, qui vit à Chinon et ne peut pas chasser les Anglais
qui font le siège de la ville d’Orléans.
En 1412 naît à Domrémy, un village de Lorraine (situé non loin
d’Orléans), une petite fille appelée Jeanne. Elle est catholique et très
pieuse. Un jour, elle entend une voix qui lui dit d’aller chasser les
Anglais. Jeanne va à la cour de Chinon où elle reconnaît le dauphin,
qu’elle n’a jamais vu auparavant.
Elle lui parle longuement et elle obtient qu’il lui donne une
armure et des soldats.
Jeanne et ses soldats entre dans la ville d’Orléans et la reprend
aux Anglais. Elle continue de se battre et délivre toutes les villes
situées entre Orléans et Reims où sont sacrés les rois de France.
A Reims, le 17 juin 1429, le dauphin devient roi de France sous
le nom de Charles VII.
En essayant de délivrer la ville de Compiègne, les soldats du duc
de Bourgogne capturent Jeanne. Les Bourguignons la vendent aux
Anglais qui l’emprisonnent à Rouen et puis lui fabriquent un procès.
C’est l’évêque de Bauvais, Pierre Cauchon, favorable aux Anglais, qui
168
dirige son procès. On l’accuse d’hérésie, puis de sorcellerie. Ses juges
la condamnent. Elle meurt brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen.
Jeanne d’Arc est canonisée en 1920 et célébrée tous les 8 mai
(fête de la Sainte Jeanne d’Arc).
Charles de Gaulle
Le général Charles de Gaulle (1890-1970): un personnage qui a
dominé l’histoire de la France au XX-ème siècle.
Après la défaite des forces françaises opposées aux armées
allemandes, le général de Gaulle s’envole pour Londres d’où il lance
son fameux appel à la résistance des Français contre l’ennemi le 18
juin 1940.
Avec ses troupes, le général de Gaulle participe au débarquement
en Normandie avec les Alliés.
La libération de Paris a lieu le 25 août 1944 et, le 26, il descend
des Champs-Elysées acclamé par tous les Parisiens.
Chef du gouvernement, il lance de nombreuses réformes. L’une
d’elles donne le droit de vote aux femmes. Mais, en 1946, en désac-
cord avec les partis politiques, il démissionne et part pour son village
natal, Colombrey-les-Deux-Eglises.
Les Français le rappellent au pouvoir en 1958 pour mettre fin à
la guerre que mène l’armée française en Algérie contre le Front de
libération nationale. Il fait voter une nouvelle constitution et il est élu
Président de la République pour sept ans. Il sera réélu en 1965 pour
un nouveau septennat.
171
Après la mini-révolution de mai 1968, de Gaulle propose aux
Français, en 1969, de modifier la constitution par référendum. Une
majorité de 53% l’oblige à se retirer de sa fonction. Il part pour
Colombrey où il mourra quelques mois plus tard. Le journal Figaro
publie un dessin: une petite Marianne pleure sur un grand chêne abbatu.
Les fragments ci-dessous, tirés de la „France Information”
N 138, en disent long sur sa vie.
La campagne française
Le monde paysan est très divers. Les facteurs qui influencent la
vie rurale et le niveau de vie sont: la position par rapport aux grandes
axes routiers, la vitalité économique de la région, la proximité des
villes et des foires.
Les campagnes isolées restent en situation difficile. Vieillies,
peu attractives, faiblement peuplées et sous-équipées, elles ont peu de
chance de voir leur situation s’améliorer à court terme; même si la
vogue des résidences secondaires a parfois entraîné un renversement
de situation.
Le malaise paysan
Les exploitants agricoles exercent un métier exigeant et peut
rémunérateur. Les agriculteurs ont souvent le sentiment d’être les
laissés-pour-compte de la société, alors qu’il ont accompli de grands
efforts de modernisation et ont contribué depuis 50 ans au progrès
177
économique du pays. Ils ont su s’adapter à un métier devenu très
technique et qui ne s’accommode plus du savoir-faire empirique
d’autrefois: déterminer les orientations de l’exploitation, choisir les
variété adaptées au milieu, entretenir et réparer le matériel, prévoir les
investissements et tenir un budget exigent d’être à la fois un bon
technicien et un gestionnaire avisé.
Leur capital investi est élevé, dépassant en moyenne 800000
francs par exploitation. Les terres en représentent un peu moins de la
moitié, le matériel et les bâtiments de l’exploitation un tiers. Or, les
agriculteurs sont loin d’avoir la parité de revenus qu’ils revendiquent
avec les autres catégories sociales. Leur revenu disponible les place,
dans la hiérarchie sociale, entre les employés et les cadres moyens qui
n’ont pas, eux, la responsabilité de leur entreprise. Leur logement est
moins bien équipé que ceux de la moyenne des ménages, et le faible taux
de départ en vacances prouve l’astreinte que représente le travail agricole.
La population agricole familiale s’est réduite de trois quart en
vingt ans: ce sont surtout les jeunes, et plus particulièrement les jeunes
femmes, qui sont partis. C’est une population vieillie, à dominante
masculine qui caractérise aujourd’hui les paysans. En outre, 30% des
exploitants de 30 à 34 ans en 1993, contre 18% en 1979, sont céli-
bataires. Dans cette catégorie de population le déclin du mariage n’est
pas compensé par l’union libre.
Les charges des exploitations agricoles
ne cessent de s’alourdir
Le revenu agricole a connu une croissance rapide de 1960 à
1973. Il stagne, depuis, avec de fortes fluctuations d’une année sur
l’autre. Le revenu agricole est soumis aux caprices du temps et aux
fluctuations du marché. Les agriculteurs sont pris entre leurs four-
nisseurs, qui leur livrent semences, engrais et aliments pour animaux,
et le marché, aux prix fixés par les décisions de la CEE et la concur-
rence internationale. Les agriculteurs ne peuvent en effet répercuter
leur coûts de production sur leurs prix de vente, car les prix agricoles,
fixés pour la plupart chaque année à Bruxelles par le Conseil des
ministres de la CEE, augmentent nettement moins vite que les coûts
de production.
178
Les charges ne cessent de s’accroître; elles comprennent: les
consommations intermédiaires, c’est-à-dire les achats de biens et services
nécessaires à la production comme les aliments du bétail, les engrais,
les carburants, les dépenses vétérinaires; les charges d’exploitation, consti-
tuées par les remboursements des prêts, les salaires versés aux ouvriers
agricoles, les impôts, les cotisations sociales et les fermages.
L’endettement paysan s’accroît
L’écart entre revenu et charges explique l’endettement croissant
des exploitants auprès du Crédit Agricole. Celui-ci dépasse en1986
une année et demie en chiffre d’affaire; il n’était que d’une année en
1970. La part des prêts fonciers diminue, accompagnant les baisses
des prix de la terre, mais celle des prix d’équipement augmente. Le
soutien de l’Etat au revenu agricole prend des formes multiples:
bonification d’intérêts, aides conjoncturelles à la suite de mauvaises
récoltes, aides aux zones de montagne et aux régions défavorisées,
dépenses de protection sociale. Ces aides n’effacent pas l’angoisse du
lendemain. Un malaise latent existe dans une fraction de la paysannerie;
il éclate parfois en brusques flambées de colère (manifestations, grèves,
protestations).
„Sciences humaines”, mars 1996
179
Des mots qui battent la campagne
Avoir la frite ou la pêche
Avoir la frite, avoir la pêche, les Français ont intégré depuis une
vingtaine d’années dans leur vocabulaire ces expressions signifiant
tout simplement qu’ils sont en forme. Mais pourquoi ces emprunts au
domaine des fruits et des légumes ?
La tête de l’être humain est peut-être ce qui est nommé le plus
souvent par référence au domaine fruitier, et depuis cette caricature
célèbre qui, au siècle dernier, montrait la tête de Louis-Philippe devenir
lentement une poire, le lexique s’est enrichi: une poire donc mais
aussi une calebasse, une cerise, une citrouille, un citron, un chou, un
coco, un melon, une fraise, une pêche, une pomme… En outre, lorsque
le fruit est trop gros, il dénote que la tête ne va pas bien; déjà citrouille
impliquait ce sens, mais avoir la tête comme une pastèque signifie que
l’on ne se sent pas très bien, voire bien mal. Et quand cette tête a pris
trop de coups, que l’on a le nez en patate ou en chou-fleur, tous les
fruits se mêlent et on a la gueule en compote. Liste impressionnante et
qui semble se ramener à une seule métaphore initiale. Mais pourquoi
un fruit, alors que la tête est étymologiquement un récipient (latin
testa, « vase de terre cuite ») et que le français populaire aurait tout
aussi bien pu explorer cette direction ? la réponse ne se situe peut-être
pas au niveau de la tête car le domaine des fruits et légumes et, en
l’occurrence, extrêmement productif.
Ainsi, au début du XIX-ème siècle, le verbe guigner (regarder
méchamment) et son déverbal guignon (malchance) donnent-ils naissance
au mot abrégé ghuigne avec le même sens de malchance. Jusqu’ici
rien que de très normal. Mais la ghuigne, la malchance donc est aussi
en français une griotte, d’où l’utilisation de cerise pour malheur:
porter la ghuigne ou porter la cerise sont aujourd’hui des expressions
fréquentes dont on a souvent oublié l’origine. Toujours du côté des
fruits, le marron, la châtaigne et la pêche coexistent avec le même
sens, celui de coup de poing, ce qui par contrecoup nous explique
avoir la pêche par une métaphore empruntant au vocabulaire de la
boxe: avoir la pêche c’est « avoir du punch », de la même façon
qu’avoir la frite nous renvoie sans doute à patate, toujours avec le
sens de coup. Le destin de l’être humain semble aussi étrangement lié
à un univers fruitier. Il commence par un bout de chou, souvent
d’ailleurs sa mère ou la personne qui l’aime l’appelle mon chou, il tire
180
parfois les marrons du feu, il glande lorsqu’il n’a pas envie de
travailler, ce qui en laisse d’autres mi-figue mi-raisin. Vient la vieil-
lesse, il sucre les fraises. Et lorsqu’il a un pépin (un ennui), lorsque le
raisiné (le sang) qui coule en ses veines s’arrête parce qu’il a reçu un
pruneau (une balle), il s’en va bouffer les pissenlits par la racine.
Mais cette dernière métaphore nous fait changer de domaine,
puisque nous passons au domaine des légumes. L’homme en effet
passe bien du temps à poireauter, lorsqu’il n’est pas très fidèle il a un
cœur d’artichaut (il en donne une feuille à tout le monde), certaines
adorent faire des salades (des histoires), d’autres sont des fayots (ils
font du zèle, mot qui nous vient de l’argot militaire: le soldat (fayot)
se rengage (fayotte), revient donc au régiment comme les haricots
secs, les « fayots », reviennent cycliquement au menu).
Lorsqu’il est fauché, l’être humain, du moins l’être humain fran-
cophone, n’a pas un radis. S’il est courageux, il travaille alors pour
mettre du beurre dans les épinards (améliorer l’ordinaire) ou pour se
sortir de la purée (la gêne financière) dans laquelle il se trouve. Lorsque
cela va mieux, il va parfois au cinéma voir un navet… A moins bien
sûr qu’il n’est travaillé pour des prunes ou pour des haricots ! dans
tous les cas il travaille pour gagner de l’oseille, du blé, ou de l’avoine,
mais cela nous mène à un autre paradigme que nous avons déjà
développé ici…
Arrêtons là même si notre liste pourrait être encore allongée en
puisant dans tous les produits du potager et du verger: le lecteur saura
pourvoir) nos manques. Mais que conclure ? Que la langue française
populaire emprunte largement au domaine agricole ? Sans aucun doute.
Mais il faut aussitôt préciser que cela ne caractérisent pas seulement
l’argot et la langue quotidienne. Songez aux linguistes par exemple, en
cela d’ailleurs semblables à tous leurs collègues scientifiques: ils font
du travail de terrain lorsque leurs recherches les mènent hors de leur
bureau ou de leur laboratoire, ils ont un domaine de travail, un champ,
un territoire qu’ils défendent, comme il se doit. Ils explorent des voies
d’accès au savoir… Encore une fois, ils battent la campagne, comme
Newton découvrant la gravitation universelle en piquant une petite
sieste sous un pommier. Alors, scientifique ou gavroche, nous sommes
bien tous des petits-fils de paysans.
Louis-Jean Calvet in „Le Français dans le Monde”
221, nov. déc. 1988
181
Comment comprenez-vous le titre de l’article? Quelle est
l’étymologie du mot tête? Le français populaire a-t-il exploré cette
direction? Par quels mots empruntés au domaine des fruits et des légumes
est désignée la tête? Et un coup de poing? Et la gêne financière?
Que veut dire faire des salades? Et porter la griotte? Et n’avoir
pas un radis?
Quelle est la conclusion de l’auteur? Comentez-la.
Tirez toutes les expressions de l’article et classez-les selon
qu’elles utilisent des fruits ou des légumes. Essayez de trouver pour
chacune d’elles des équivalents du roumain.
Sauver la Planète
Depuis une vingtaine d’années on constate un intérêt croissant
pour l’écologie. Il démontre à l’envi que les sociétés, déstabilisées par
la course aux profit ou la poursuite insensée d’une politique de
l’autruche, ont fini par concevoir que “cette planète ne nous à rien
promis”, comme disait un philosophe, et que, désormais, nos devoirs
envers elle devancent largement nos droits et nos caprices….
Les plus graves questions qui concernent l’humanité entière:
Comment préserver l’environnement? Comment éradiquer la pauvreté?
Comment sauver notre planète?
Car la Terre va mal, très mal. Pourtant, le diagnostic sur les
principaux maux qui l’accablent a été fait il y a dix ans, à Rio (Brésil),
lors du premier Sommet de la Terre. La sonnette d’alarme avait alors
été tirée: le climat se réchauffe, l’eau douce se fait rare, les forêts
disparaissent, des dizaines d’espèces vivantes sont en voie d’extinction,
la pauvreté totale ravage plus d’un milliard d’êtres humains…
Les dirigeants du monde avaient alors admis que “la cause
principale de la dégradation continue de l’environnement mondial est
un schéma de consommation et de production non viable, notamment
dans les pays industrialisés, qui est extrêmement préoccupant dans la
mesure où il aggrave la pauvreté et les déséquilibres”. Ils avaient
adoptés deux conventions décisives sur les changements climatiques
et la biodiversité, ainsi qu’un plan – dit Agenda 21 – pour généraliser
le développement durable.
182
Celui-ci repose sur une idée simple: le développement est durable
et les générations futures héritent d’un environnement dont la qualité
est au moins égale à celle qu’ont reçue les générations précédentes. Ce
développement suppose l’application de trois principes: le principe de
précaution qui favorise une approche préventive plutôt que réparatrice;
le principe de solidarité entre les générations actuelles et futures, et
entre toutes les populations du monde; et le principe de participation
de l’ensemble des acteurs sociaux aux mécanismes de décision.
Dix ans plus tard, les choses ne se sont pas améliorées. Au
contraire. Avec l’accélération de la mondialisation libérale, le “schéma
de consommation et de production non viable” s’est même renforcé.
Les inégalités ont atteint des niveaux jamais connus depuis le temps
des pharaons. La fortune des trois individus les plus riches du monde
dépasse la richesse cumulée des habitants des 48 pays les plus
pauvres. La souillure écologique du monde riche sur la biosphère s’est
aussi accentuée. Alors que la trentaine des pays les plus développés
représentent 20% de la population mondiale, ils produisent et consom-
ment 85% des produits chimiques synthétiques, 80% de l’énergie non
renouvelable, 40% de l’eau douce. Et leurs émissions de gaz à effet de
serre par habitant, comparées à celles des pays du Sud, sont dix fois
plus élevées.
Au cours de la décennie écoulée, les rejets de gaz carbonique
(CO2), cause principale du réchauffement climatique, ont augmenté de
9%… Ceux des Etats-Unis, premier pollueur de la planète, ont crû,
durant la même période, de 18%! Plus de un milliard de personnes
continuent à ne pas disposer d’eau potable, et près de trois milliards
(la moitié de l’humanité) consomment une eau de piètre qualité. A
cause de l’ingestion de cette eau polluée, 30000 personnes meurent
quotidiennement. Soit plus de dix fois – chaque jour! – le nombre de
victimes de 11 septembre 2001…
Les forêts continuent d’être dévastées; 17 millions d’hectares
disparaissent chaque année – quatre fois la taille de la Suisse. Et comme
les arbres ne sont plus là pour absorber les excédents de CO2, l’effet
de serre et de réchauffement s’aggravent. Par ailleurs, chaque année,
quelque 6000 espèces animales sont exterminées. Une extinction
massive menace – 13% des oiseaux, 25% des mammifères, 34% des
poissons – comme la Terre n’en a jamais connu depuis la disparition
des dinosaures…
183
Pour sauver la planète, il est indispensable que les puissants de
ce monde adoptent au moins sept décisions capitales:
– un programme international en faveur des énergies renou-
velables, centré sur l’accès à l’énergie des pays du Sud;
– des engagements en faveur de l’accès à l’eau et de son
assainissement en vue de réduire de moitié, d’ici à 2015, le
nombre de personnes privées de cette ressource vitale qui est
un bien commun de l’humanité;
– des mesures pour protéger les forêts, comme prévu par la
convention sur la biodiversité adoptée à Rio en 1992;
– des résolutions pour mettre en place un cadre juridique insti-
tuant la responsabilité écologique des entreprises et réaffirmant
le principe de précaution comme préalable à toute activité
commerciale;
– des initiatives pour subordonner les règles de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) aux principes des Nations
Unies sur sa protection des écosystèmes et aux normes de
l’Organisation Internationale du Travail (OIT);
– des règlements pour exiger des pays développés qu’il s’engagent
à consacrer un minimum de 0,7 de leur richesse à l’aide
publique au développement;
– des recommandations impératives, enfin, pour annuler la
dette publique des pays pauvres.
En détruisant le monde naturel, les hommes ont rendu la Terre
de moins en moins vivable. Le sommet suivant doit inverser les ten-
dances pouvant inéluctablement conduire à la catastrophe écologique
intégrale. Défi majeur de ce début de XXI-e siècle. Sinon, le genre
humain lui-même sera menacé d’extinction.
„Le Monde diplomatique”, août 2002
L’axe du Mal
Trois fronts. Les citoyens doivent savoir que la mondialisation
libérale attaque désormais les sociétés sur trois fronts. Central parce
qu’il concerne l’humanité dans son ensemble, le premier front est
celui de l’économie. Il demeure placé sur la conduite de ce qu’il faut
vraiment appeler l’”axe du Mal”* constitué par le Fond Monétaire
International (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale
du commerce (OMC). Cet axe maléfique continue d’imposer au monde
la dictature du marché, la prééminence du secteur privé, le culte du
profit, et de provoquer, dans l’ensemble de la planète, de terrifiants
dégâts: hyperfaillite frauduleuse d’Enron, crise monétaire en Turquie,
effondrement calamiteux de l’Argentine, dévastations écologiques
partout…
Et la prochaine Conférence internationale sur le financement du
développement, qui se tient à Monterrey (Mexique) du 18 au 22 mars,
risque d’aggraver le désastre général en affirmant que le secteur privé
doit devenir le principal acteur du développement du Sud. Il est
scandaleux que les chefs d’Etat et de gouvernement, en particulier
ceux de l’Union européenne, refusent d’adopter, en faveur du dévelop-
pement, les indispensables mesures qui, seules, peuvent sauver de la
misère les deux tiers de l’humanité.
On peut en retenir dix: annuler totalement la dette des pays
pauvres; mettre en place un système de règlement généreux, juste et
équitable de la dette des pays du Sud; définir des garanties pour que
les futurs financements soient engagés dans des conditions satisfai-
santes et utilisés en faveur du développement durable; obtenir des
pays riches qu’ils s’engagent à consacrer au moins 0,7% de leur
185
richesse au financement du développement; rééquilibrer les termes de
l’échange entre le Nord et le Sud; garantir la souveraineté alimentaire
dans chaque pays; contrôler les mouvements irrationnels de capitaux;
interdire le secret bancaire; déclarer hors-la-loi les paradis fiscaux; et
mettre en place enfin une taxation internationale des transactions
financières.
Le deuxième front, clandestin, silencieux, invisible, est celui de
l’idéologie. Avec la collaboration active d’universités, de prestigieux
instituts de recherche (Heritage Foundation, Américain Enterprise
Institute, Cato Institute), de grands médias (The Financial Times, The
Wall Street Journal, The Economist, imités en France et ailleurs par
une foule de journalistes asservis), une véritable industrie de la persuasion
a été mise en place afin de convaincre la planète que la mondialisation
libérale apporterait enfin le bonheur universel. En s’appuyant sur le
pouvoir de l’information, des idéologues ont ainsi construit, avec la
passive complicité des dominés, ce qu’on pourrait appeler un délicieux
despotisme.
Cette manipulation a été relancée, après le 11 septembre, avec la
création par le Pentagone d’un très orwellien Bureau d’influence stra-
tégique (BIS), chargé de diffuser de fausses informations pour « influencer
les opinions publiques et les dirigeants politiques aussi bien dans les
pays amis que dans les Etats ennemis ».**
Comme dans les années les plus sombres du maccarthysme et de
la guerre froide, une sorte de ministère de la désinformation et de la
propagande a donc été mise sur pied chargé d’établir, comme dans les
dictatures ubuesques, la vérité officielle.
Le troisième front, inexistant jusqu’à présent, est militaire. Il a
été ouvert au lendemain du traumatisme du 11 septembre 2001 et vise
a doté la mondialisation libérale d’un appareil de sécurité en bonne et
due forme. Un moment tentés de confier cette mission à l’Organisation
du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), les Etats-Unis ont décidé
d’assumer seuls cette mission et de se doter de moyens considérables
pour l’exercer avec la plus impressionnante efficacité.
La récente guerre en Afghanistan contre le régime des talibans a
convaincu Washington qu’il est inutile, pour des missions de cette
envergure, de demander une collaboration militaire autre que minimale
186
à ses principaux alliés stratégiques, Royaume-Uni et France, ou même
à l’OTAN. Cette attitude de mépris a été confirmée lors de l’annonce
récente, faite sans consultation de ses alliés, de l’intention de Washington
d’attaquer prochainement Irak. Les protestations des chancelleries
européennes, qui s’estompent déjà, n’ont nullement impressionné
l’administration américaine. La fonction des vassaux est de s’incliner,
et l’Amérique aspire désormais à exercer une domination politique
absolue.
Les Etats-Unis sont en quelque sorte le premier Etat proto-
mondial. Ils ont la capacité de prendre la tête d’une version moderne
de l’empire universel, un empire spontané dont les membres se sou-
mettent volontairement à son autorité.
Cet empire aspire à réaliser dans les faits la mondialisation libérale.
Tous les opposants, tous les dissidents et tous les résistants doivent
maintenant savoir qu’ils seront combattus sur ces trois fronts:
économique, idéologique et militaire. Et que le temps de respect des
droits humains semble révolu, comme le prouve l’établissement de ce
scandaleux „bagne tropical” à Guantanamo où plusieurs Européens
sont séquestrés dans des cages… L’axe du Mal (FMI, Banque Mondiale,
OMC) dissimulait son vrai visage. On le connaît à présent.
„Le Monde diplomatique”, mars 2002
*
Dans son discours sur l’état de l’Union du 29 janvier 2002, le
président des Etats-Unis, M. George W. Bush, a évoqué un „axe du Mal”,
constitué, selon lui, par l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord.
**
Lire Propagandes silencieuses, Galilée, Paris, 2000.
187
L’écologie et les béatitudes
En France les problèmes qui émergent sont multiples, et d’im-
portance variable. L’Institut National de la Recherche Agronomique
passe en revue toute sortes d’atteintes à l’intégrité de notre planète:
“vache folle”, poulet à la dioxine, épidémie de listériose, survaccination
antibiotique dans les élevages au patrimoine génétique affaibli par
l’insémination artificielle, menaces de la production agricole par des
semences génétiquement modifiées, accumulation des déchets radioactifs
en mer, terre et rivières saturées d’azote, désertification, disparition de
la biodiversité, apparition de perturbations climatiques inhabituelles…
L’exploitation intensive a transformé l’image du monde agricole:
autrefois paysan respectueux et protecteur de la nature, aujourd’hui
agriculteur pollueur. Tout le mal vient de cet appétit insatiable de ren-
dement, de records et de profits. C’est une course effrénée à l’avoir, au
pouvoir, à l’argent, un matérialisme épais, une maladie de l’âme. Il
serait illusoire de prétendre la combattre par cette autre forme de
matérialisme qu’est la religiosité de la nature véhiculée par le courant
écologiste dominant, imprégné du Nouvel Age et du culte Gaïa. ”Il ne
suffit pas de dénoncer les exploitations de la nature, il faut commencer
à vivre de façon différente, selon la proclamation des béatitudes
évangéliques si l’on veut devenir les bâtisseurs d’une écologie
authentique”, souligne le document Terre de Dieu, terre des hommes,
publié pour le Jubilé du monde agricole (novembre 2000) par le
Conseil pontifical Justice et Paix. Ce document rejoint les critiques
des écologistes sur les fausses valeurs, responsables des désastres de
l’environnement, qui sont à la base des sociétés avancées de consom-
mation, sur le mythe du développement matériel, et sur celui de la
culture du progrès illimité que ces sociétés poursuivent comme des
valeurs suprêmes.
Il insiste sur les injustices engendrées par l’accaparement des
terres, l’étatisme, l’exploitation du travail des paysans, les conditions
du marché international qui conduisent à privilégier les cultures
destinées à l’exportation aux dépens des cultures destinées à l’alimen-
tation locale etc.
Le document montre avec clarté que, dans le cadre de la nature
visible, nous sommes soumis à des lois non seulement biologiques,
188
mais aussi morales. Ainsi, on ne peut pas rechercher de solutions à la
crise de l’environnement sans se situer sur un plan doctrinal et moral,
dans la perspective de l’harmonie entre les êtres conformément à la
volonté de Dieu.
La conception écologique en train de développement détourne
les questions écologiques au service d’une conception totalement
matérialiste et globaliste. L’écologie est récupérée pour justifier un
Nouvel Ordre Mondial: les problèmes écologiques étant considérés
comme “globaux”, ils nécessiteraient un gouvernement international
pour être résolus…
De même que la récupération du thème de la justice sociale a
voulu justifier le totalitarisme soviétique, la subversion de l’écologie
voudrait justifier ce nouveau totalitarisme mondialiste, qui fait passer
du local au global, du national à l’international, de l’homme à la
nature. L’écologie deviendra le principe organisateur de la future
civilisation sur lequel s’édifiera la spiritualité globale, pure négation
de la grâce et du surnaturel chrétien, retour à l’éternel naturalisme, au
paganisme. Car une fois l’homme déchu de sa dignité d’être créé et
voulu pour lui-même par Dieu, l’individu disparaît nécessairement
derrière la collectivité, dont il importe avant tout de sauvegarder
l’assise écologique, la Terre, alors élevée au rang de Déesse-mère. Les
conséquences de cette déchéance se déclinent alors inéluctables: tota-
litarisme, euthanasie, eugénisme, avortement…Ils concluront que les
droits de la Terre-mère l’emportent sur les droits de ces êtres éphé-
mères que sont les hommes. Cette idéologie se trouve à la base de
l’élaboration de la Charte de la Terre, en cours depuis le Sommet de la
Terre de Rio de Janeiro (1992).
Dans certaines dispositions particulières, le projet de charte
actuel présente des similitudes avec une approche chrétienne, ce qui le
rend séduisant. Mais la perspective est ici holiste: le monde est envisagé
comme une réalité matérielle unique, dans laquelle tout est imbriqué.
L’homme lui-même est intérieur au monde; il n’a pas de réalité
distincte de lui.
Ainsi l’homme doit-il être soumis à l’impératif écologique, qui
est, dit le projet de la Charte “un fondement commun au moyen
duquel il faudra guider et évaluer la conduite des personnes, organi-
sations, entreprises, gouvernements et institutions transnationales”.
189
Comme le remarque Pascal Bernardin dans son livre l’Empire
écologique: “la révolution écologique s’appuie sur la subversion de la
véritable écologie et la coupe de sa vraie racine, le respect dû à
l’œuvre du Créateur”, en imposant comme nécessaire une vision du
monde et de l’homme totalement fermée à la transcendance, stric-
tement mécaniciste et immnentiste, avec pour corollaire des “valeurs”
purement utilitaires.
Or, tout en faisant partie de cette nature, les hommes sont carac-
térisés par leur dignité particulière d’êtres rationnels et libres, image
vivante et palpitante du Créateur, appelés à prolonger dans le monde
la Seigneurie de Dieu et à poursuivre et compléter l’œuvre de la
Création… C’est cette alliance entre Dieu, l’homme et la Création qui
devrait être aujourd’hui refondée. Tandis que Dieu pourvoit aux besoins
de toutes ses créatures, seul l’usufruit de la nature revient à l’homme.
La juste attitude de l’homme vis-à-vis de la Création est celle du
bon jardinier, dont c’est la responsabilité de bien gérer la terre en
respectant les lois du vivant, parce qu’il n’est pas au-dessus d’elle, et
en faisant œuvre de créativité.
L’écologie ouvre un immense champ d’investigation, de décou-
vertes et de progrès, presque inexploré, que ce soit dans le domaine de
la biodiversité, des énergies renouvelables et non polluantes telles que
le “pétrole vert”, ou de l’agriculture biologique, qui pourrait engendrer
une société durable authentique. Il est invraisemblable que la recherche,
qui permettrait de dégager les lois de la nature (que la plupart du
temps nous ignorons), soit dévoyée au profit du secteur rentable des
biotechnologies, qui absorbent tous les crédits…
„Famille Chrétienne”, N 1191 du 9 novembre 2000
190
MODULE II
192
Le schéma des pouvoirs européens
La peste
Pourquoi 5,5 millions de Français ont-ils voté, le 21 avril 2002,
lors du premier tour de l’élection présidentielle, pour deux partis
d’extrême droite xénophobes, antisémites, racistes et ultranationalistes?
Ce qui s’est effondré ce jour-là, c’est une certitude confortable: alors
que tout changeait dans le monde, rien ne devait se modifier dans le
champ politique français. Deux vieux partis – gaulliste et socialiste –
devaient continuer de se partager tranquillement le pouvoir comme
depuis trente ans…
Or ces deux forces politiques, chacun le sentait, étaient usées,
leur mission historique semblait depuis longtemps épuisée. Elles don-
naient l’impression, chacune à sa manière, d’être en panne, avec des
193
appareils déliquescents, sans organisation ni véritable programme,
sans doctrine, sans boussole et sans identité.
Des élections précédentes avaient déjà montré qu’aucun de ces
deux partis ne savait s’adresser à ces millions de Français qu’effrayaient
les nouvelles réalités du monde postindustriel né de l’effondrement du
mur de Berlin et de la fin de la guerre froide. Cette foule des ouvriers
jetables, de retraités en plaine force de vie, des jeunes précarisés, des
familles modestes au seuil de la pauvreté. Toutes ces personnes
angoissées par les peurs et les menaces d’une période où les repères
habituels semblent définitivement perdus.
Le parti socialiste, en particulier, qui ne compte presque plus des
cadres issus des couches populaires et dont des nombreux dirigeants
sont assujettis à l’impôt sur les grandes fortunes, a donné l’impression
d’être sur une autre planète sociale, à des années-lumière du peuple
commun. Il s’est montré fort peu sensible à la souffrance de cette
“sous-France”, selon l’expression de Daniel Mermet…
Alors que la peste contaminait ainsi, insensiblement, les rouages
des institutions politiques françaises, n’était-il pas illusoire de croire
que le pays se maintiendrait à l’abri d’un fléau qui bouleversait la vie
politique de son voisinage immédiat? Pouvait-il avoir une exception
française quand, à l’instar de ces autres pays européens, la société était
soumise, au nom de la “modernité”, à des séismes et des traumatismes
d’une formidable violence? Comme la mondialisation libérale, l’unifi-
cation européenne, la réduction de la souveraineté nationale, la disparition
du franc, l’effacement des frontières, l’hégémonie des Etats-Unis, le
multiculturalisme, la perte d’identité, la crise de l’Etat-providence…
Tout cela dans un contexte de fin d’ère industrielle et de très
grandes mutations technologiques qui ont entraîné l’apparition d’une
insécurité économique générale et ont causé d’insupportables ravages
sociaux. Un contexte où, la logique de la compétitivité ayant été
élevée au rang d’impératif naturel, les violences et les délinquances de
toutes sortes devaient naturellement se multiplier. Devant la brutalité
et la soudaineté de tant de changements, les incertitudes s’accumulent,
l’horizon se brouille, le monde semble opaque et l’histoire paraît
échapper à toute prise, à toute logique. De nombreux citoyens se sont
sentis abandonnés par des gouvernants, de droite comme de gauche,
194
que les médias n’ont cessé par ailleurs de décrire comme des affai-
ristes, des tricheurs, des menteurs et des corrompus…
„Le Monde diplomatique”, mai 2002
L’école
Ne pas oublier les finalités
entretien avec Paulette Lassalas (Académie de Poitiers),
par Jacques André
A.: Le thème de l’ouverture de l’école a été très à la mode à une
certaine période. L’est-il encore aujourd’hui ?
L.: Ouvrir l’école sur la vie est , en effet, un thème à la mode. Il
l’est tellement qu’il est démodé, parce qu’il y a un moment où toute
mode se démode et où se sont ceux qui étaient démodés qui (re)de-
viennent à la mode. On a ouvert l’école, mais on ne sait pas trop sur
quoi et à quoi on l’ouvre. En outre, je ne sais pas si l’école peut
vraiment être ouverte, sauf à se renier en tant qu’école.
A.: L’école ne vous paraît-elle pas, depuis 1980 en particulier,
très dépendante du contexte socio-économique?
L.: L’indépendance de l’école se conçoit par rapport aux
pouvoirs dont elle pourrait être dépendante. Or, aujourd’hui l’école est
devenue dépendante de trop nombreux pouvoirs qui oppressent ceux
qui dirigent les établissements et ceux qui enseignent. C’est, à mon
avis, un effet pervers de la décentralisation. Les pouvoirs se sont
rapprochés. Il y a une pression intolérable sur l’école de la part des
196
pouvoirs locaux alliés aux pouvoirs institutionnels. Ainsi, dépendante
du pouvoir, l’école est devenue dépendante de certaines modes,
essentiellement de celles qui sont propagées par les pouvoirs, notam-
ment médiatiques.
A.: Ne manquerait pas actuellement un recul, une distance
historique dans les théories pédagogiques et leur diffusion?
L.: C’est précisément ce genre de vision que proposait Louis
Gros dans les années soixante, dans un article qui m’a marquée,
intitulé “L’enseignement est une magistrature”. Il signifiait par là, bien
entendu, une magistrature de l’esprit. Mais en revendiquant une
situation de magistrature pour l’école, il revendiquait une situation
d’indépendance pour celle-ci, indépendance face aux divers pouvoirs,
analogue à celle de la justice (en théorie, du moins). Ces propos sur
l’indépendance de l’école signifiait justement qu’elle pouvait et
devait, le cas échéant, se fermer si elle le désirait.
A.: Dans une école aussi dépendante, comment les enseignants
peuvent-ils être libres de leurs pensées, de leurs actes, et comment
peuvent-ils préparer le règne de la liberté, l’autonomie de leurs
disciples, valeurs dont on parle tant?
L.: Il faut être soi-même très indépendant pour pouvoir garantir
la liberté des autres. Or, c’est cela qu’il faut construire à l’école.
Construire des libertés si on n’est pas libre, ce n’est pas possible. Il
faut donc pouvoir dire non. La liberté ne peut être que personnelle. De
plus, elle dépasse toutes les techniques. Elle est d’un autre ordre,
comme dirait Pascal.
A.: Cependant le discours pédagogique ambiant est souvent
réduit à la seule dimension technique. L’ingénierie didactique a supplanté
la pédagogie humaniste et on peut se demander de quels champs de
liberté peuvent disposer des apprenants cognitifs, objets d’étude des
didacticiens.
L.: La technique est indispensable cependant. On est d’autant
plus indépendant que l’on est fort techniquement. Il ne faut pas
l’oublier. Toutefois, on a trop tendance maintenant à faire croire que
l’appareillage technique peut être suffisant, ce qui me paraît complè-
tement faux. C’est la liberté que permet d’intégrer l’échec, ce n’est pas
l’appareillage.
197
A.: Oui, mais c’est justement l’outillage didactique qui apparaît
à beaucoup comme le meilleur moyen de lutter contre l’échec scolaire.
N’est-ce pas une vue trop limitée?
L.: A ce sujet, je me souviens d’une conférence à Poitiers de
Tony Lainé, psychiatre et psychanalyste célèbre. Devant deux mille
personnes, il a osé dire qu’il y avait des réussites dont les raisons lui
échappaient, parce qu’elles n’étaient le fait que de l’amour. Il citait le
cas d’enfants handicapés mentaux qui avaient été confiés à des nourrices
qui n’avaient pour elles que leur pouvoir d’aimer. Elles avaient sauvé
ces enfants, et les psychiatres avouaient qu’ils étaient très humbles
devant ce type de réalités parce qu’elle échappait à leur prise. Ils
faisaient le constat, n’avaient rien à dire, s’inclinaient. La rationalité
s’inclinait ici devant l’amour. Avouer humblement que des réussites
sont dues à un pouvoir d’amour qui n’est pas le fait de l’instruction
me paraît profondément libérant.
A.: Cette humilité ne devrait-elle pas habiter certains théoriciens,
formateurs ou enseignants qui veulent faire de la pédagogie une science
ou une technique?
L.: Certainement. On oublie trop aujourd’hui la qualité de la
médiation et ceci a des conséquences. Par exemple, à l’école élémentaire,
je pense qu’il convient de ne pas trop laisser la place aux intervenants
extérieurs sous le prétexte de leur compétence technique dans un
domaine particulier. Il est préférable souvent de maintenir la confiance
aux instituteurs même si techniquement ils n’ont pas le bagage. Par
exemple, j’ai pu constater que les élèves d’une de mes anciennes étu-
diantes, jugée inapte sur le plan manuel tant elle était peu coordonnée,
peignait d’une manière magnifique. Leurs travaux étaient vraiment
superbes! Je crois qu’elle les aidait beaucoup à regarder, et il n’est pas
nécessaire de savoir faire pour aider à regarder… On a beaucoup trop
assimilé les médiations au plein sens du terme aux médiations par le
faire. Je me demande si contempler ce n’est pas un faire? Il ne me
paraît pas toujours nécessaire d’offrir aux enfants des spectacles de ce
que l’on sait faire.
A.: En dehors de cette mode et de la dérive technicienne et
productiviste, en voyez-vous d’autres dans le domaine pédagogique?
L.: Je pense à celle qui concerne la lecture d’ouvrages ou de
revues pédagogiques. Certains auteurs sont actuellement très en vogue.
198
Mais ce n’est pas parce qu’on lit Meirieu qu’Alain ou Reboul sont
devenus désuets. Il me semble qu’à partir du moment où le temps de
lecture est réduit, il ne faut pas chercher à lire ou à faire lire cinquante
livres traitant de pédagogie, mais quatre ou cinq pour la vie, auxquels
on puisse revenir; ceux qui ont marqué et dont nous avons intégré
l’essentiel, même s’ils ont plusieurs siècles. J’ai été, pour ma part, très
influencée par Rousseau, celui de L’Emile et du Contrat Social, car
l’un ne va pas sans l’autre, ce qu’on oublie trop souvent. La première
doit être considérée comme une grande rêverie, mais n’oublions pas le
pouvoir fécondant des rêveries. Et puis, c’est tellement magnifiquement
écrit! Cela compte aussi. A cette lecture je dois ajouter, bien sûr,
Rabelais, Pascal, Alain, Gusdorf, Reboul, les classiques, en somme.
Les parutions des ouvrages pédagogiques sont de plus en plus nom-
breuses et, en même temps, la déclinaison d’un même livre s’effectue
sous des titres différents. La forme varie, pas le fond.
A. : Par-delà les modes qui changent, voyez-vous des constantes
dans le champ scolaire ?
L.: Les constantes les plus importantes me paraissent se situer
dans la relation maître-élève. Les élèves, même s’ils ne savent pas le
dire, quand on les interroge sur leurs attentes, ressentent le besoin
d’avoir des raisons de vivre, de croire, d’espérer, et cela n’est pas de
l’ordre du fugitif. Cela ne peut pas être apporté par trop de souffles
extérieurs, parce que c’est très dépendant finalement de la personne du
maître.
A.: Je pense ici au livre de G.Gusdorf Pourquoi des professeurs!
Où ils écrit que les jeunes ont besoin d’avoir des maîtres, ceux qui, en
même temps qu’ils donnent une leçon dans une discipline, donnent
une leçon de vie.
L.: Les élèves ont en effet ce besoin, même s’ils ne le formulent
pas. Ils existe des finalités qui sont intuitivement désirées mais sans
être formulées, car elles ne peuvent pas l’être. Elles sont de l’ordre de
la rencontre et la rencontre ne se programme pas.
A.: Voulez-vous parler ici de ces personnages marquants qui ont
jalonné notre cursus scolaire?
L.: Oui, car ce sont eux qui donnent quelques repères, quelques
références auxquelles on ne peut pas être totalement infidèle tout au
long de sa vie. Mais cela ne peut pas tellement se formaliser…
199
A.: …s’opérationnaliser, se mettre en grilles, s’évaluer… donc
on ne le prend pas en compte.
L.: Oui, et c’est pourtant là l’essentiel de l’acte pédagogique!
„Cahiers pédagogiques”, N 330, janvier 1995
La Pieuvre publicitaire
Tentaculaire, étouffante, oppressive, la publicité ne cesse d’étendre
ses domaines d’intervention. Elle a récemment conquis de nouveaux
territoires, en particulier ceux de la galaxie Internet. Le chiffre d’affaires
publicitaire sur la Toile, en France, l’an dernier, avant la crise actuelle,
a dépassé le milliard de francs, soit plus que les recettes publicitaires
des salles de cinéma. Sous la forme discrète du parrainage, son champ
200
d’intrusion ne connaît pratiquement plus de limites. Par ce biais quasi-
clandestin, elle est parvenue à investir, ces dernières années, l’art, la
culture, la science, l’éducation, et même la religion.
A la fois véhicule d’idéologie et technique de persuasion, la
publicité sait se parer des meilleurs atours de la séduction en mobi-
lisant toutes les ressources de la stratégie du désir sous toutes leurs
formes. Sa rieuse apparence et son entrain sympathique la rende
agréable, voire acceptable, au plus grand nombre. Et font parfois
passer pour des fous tous ceux qui, simplement, rappellent que, sous
ses dehors aguichants, la publicité n’est parfois qu’une propagande,
une véritable machine idéologique au service d’un modèle de société
fondée sur le capital, le marché, le commerce et la consommation.
A cause de la publicité, a écrit Herbert Marcuse, „les luxes
deviennent des nécessités que l’individu, homme ou femme, doit
acquérir sous peine de perdre son „statut” sur le marché compétitif,
au travail et dans les loisirs. Cela à son tour aboutit, pour lui, à la
perpétuation d’une existence vouée toute entière aux performances
aliénées, déshumanisées, à l’obligation d’obtenir un emploi qui
reproduit l’asservissement et le système d’asservissement”.*
La puissance des investissements publicitaires est telle que des
secteurs entiers de la vie économique, sociale et culturelle en dépendent.
C’est déjà le cas du sport ou des médias. Mais aussi, de plus en plus,
de la recherche et de l’enseignement. Et même de la politique, qui y
recourt massivement pendant les campagnes électorales. Est-ce un
hasard que M. Silvio Berlusconi, classé en tête par les sondages, fin
avril, aux élections législatives italiennes du 13 mai, dirige la plus
grande firme publicitaire d’Italie? Nul ne peut l’oublier, la publicité se
rattache au premier et au plus redoutable des arts: la manipulation des
êtres humains.
„Le Monde diplomatique”, mai 2001
*
Herbert Marcuse, „un nouvel ordre”, in Sociétés sous contrôle,
„Manière de voir”, N 56, mars-avril 2001.
Mihai Eminescu
L’année 2000 a été proclamée par l’Unesco l’année de Mihai
Eminescu.
Chaque peuple a ses génies. Les génies appartiennent à l’Humanité
entière.
Lisez la poésie ci-contre:
Retrouvailles
– Forêt, belle forêt,
Amie, comment vas-tu?
Depuis que ne t’ai vue,
Bien du temps est passé,
Depuis que t’ai quittée
Le monde ai parcouru.
– Tu vois, suis-je toujours là,
L’hiver j’entends la bise
Dans mes branches qu’elle brise
Et sur les eaux gelées,
Les chemins enneigés
Tous les chants ont cessé.
Puis, quand l’été revient
Les femmes en chemin
Pour puiser à la source
Dont j’ai fait don à tous,
Me chante mon refrain.
– Forêt aux doux ruisseaux,
Le temps fuit sans repos
Mais toi, loin de vieillir
Ne fait que rajeunir.
– Peu me soucie du temps
Si, des siècles durant,
Sur les lacs, à mes pieds,
Les étoiles ont brillé.
Le temps peu bien changer,
Le vent souffle toujours,
Qu’il soit bon ou mauvais,
Danube suit son cours.
L’homme est sur cette terre
Le seul être qui erre.
207
Nous, jamais na bougeons.
Ce que sommes restons:
La mer et les rivières,
La terre et les déserts,
Le soleil et la lune
La forêt, à la brune.
M. Eminescu, Poésies, B., 1987
(traduction Jean-Louis Courriol)
Revedere
– Codrule, codruţule,
Ce mai faci, drăguţule,
Că de când nu ne-am văzut
Multă vreme a trecut
Şi de când m-am depărtat
Multă lume am umblat.
214
Le corps médical et la vie
par Patrick Chalmel
Deux cent vingt mille fœtus sont, en France, avortés chaque année.
Pour nombre de médecins hospitaliers, le serment d’Hippocrate n’a
plus aucune signification.
Réponse à un médecin
Interne en médecine, vous avez été indigné par ma chronique
dans laquelle je doutais de la fidélité de nombreux médecins hospitaliers
aux serments d’Hippocrate.
Je suis malheureusement obligé de maintenir que la moralité du
milieu hospitalier est aujourd’hui au même niveau que celle, très
dégradée, du reste de la société, notamment en ce qui concerne le respect
dû à la vie humaine. L’hôpital, comme la clinique, connaissent aujour-
d’hui dans notre pays une évolution préoccupante. Le droit à la vie de
tout être humain a tendance à devenir de plus en plus flou et fluctuant,
bien au-delà de l’avortement, avec lequel cette dérive à commencé.
Vous affirmez avoir suivi un cours d’éthique et vous déclarez
«que chacun a le droit d"avoir son opinion sur l’avortement ».
Ainsi, l’avortement serait affaire d’opinion !
De deux choses l’une: où bien vous dormiez au fond de l’amphi
pendant votre cours d’éthique; ou bien, plus vraisemblablement, votre
cours d’éthique, c’était…du toc !
Manifestement, jamais, au cours de votre formation, il ne vous a
été donné de réfléchir sur ce que signifie l’avortement au regard de la
morale ou tout simplement du serment d’Hippocrate. Sinon, vous ne
parleriez pas d’avortement en termes d’ «opinion ». Car, laquelle des
réponses à ces deux questions pourrait bien être affaire d’opinion: le
fœtus est-il un être humain ? A-t-on le droit de tuer un être humain
innocent ?
Si vous me dites que l’une ou l’autre réponse peut être objet
d’opinion, cela veut dire très précisément que, pour vous, la frontière
entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas est devenue floue, faute
de critères sûrs. Ou que vous n’êtes pas très certain du droit à la vie de
toute personne innocente.
Dans les deux cas, cela illustrerait exactement ce que je constate:
à savoir une baisse impressionnante de moralité chez les médecins. Il
215
ne s’agit pas de l’immoralité du pervers, mais de l’amoralité de
l’ignorant qui fait le mal sans le savoir. Vous ne sauriez tout simple-
ment plus si ce qui se trouve sous votre scalpel est humain ou pas, ou
si vous devez traiter différemment ce qui est humain et ce qui ne l’est
pas. Vous ne seriez alors ni plus ni moins immoral que la société
ambiante, mais, en tant que médecin, cela vous rendrerait évidemment
beaucoup dangereux pour vos semblables que ne pourraient l’être
d’autres citoyens.
Sur le fond, le fœtus est-il un être humain ?
Quatre sciences permettent de donner une réponse certaine en
faveur de l’humanité du fœtus: la physiologie, la psychologie rationnelle
(discipline philosophique appartenant à la philosophie de la Nature), la
métaphysique ou ontologie (discipline philosophique également) et la
théologie. On ne peut donc pas dire, sauf ignorance ou mauvaise foi,
que l’avortement sera affaire d’opinion.
Pour ce qui concerne la physiologie, science dont les concepts et
les découvertes sont familiers au médecin que vous êtes, la découverte
du rôle de l’AND est, à cet égard, décisive. Nous savons maintenant
qu’après la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde, un nouveau
vivant existe, et que son information constitutive est complète: plus
rien ne sera ajouté à son programme.
Par conséquent, ou bien l’embryon est déjà humain, ou bien il ne
le deviendra jamais. Et s’il est déjà humain, il possède en propre ce
qu’on appelle « les droits de l’homme », à savoir ces droits fondamen-
taux qui ne lui sont pas accordés ou refusés par la société; mais qu’il
tient de la dignité même de sa nature de « personne », parmi lequel le
plus fondamental: le droit à la vie !
Indépendamment de ces certitudes scientifiques, on peut d’ailleurs
observer que, pour le profane également, le caractère humain du fœtus
ne saurait être affaire d’opinion, car il n’est pas douteux.
La certitude en ce domaine est accessible au simple bon sens
sous la forme de ce syllogisme, en forme d’évidence, qui permet à la
connaissance vulgaire de distinguer ce qui est vivant de ce qui ne l’est
pas, et ce qui relève d’une espèce de ce qui relève d’une autre: le
fœtus est un être vivant – le fœtus est de l’espèce humaine – un être
vivant de l’espèce humaine est un être humain…
„Famille Chrétienne”, N 1018, juillet 1997
216
Qui a été Hippocrate ? En quoi consiste son serment ? Que
doivent faire les médecins ? Comment est la moralité du milieu
hospitalier et du reste de la société en ce qui concerne le respect dû à
la vie humaine? Qu’affirme le jeune homme, interne en médecine?
Que signifie l’avortement au regard de la morale et du serment
d’Hippocrate? Peut-on parler d’un tel crime en termes “d’opinion”?
Quelles sont les sciences qui prouvent que le fœtus est un être
humain? Que disent la physiologie et la génétique? Commentez:”Nous
savons maintenant qu’après la fécondation de l’ovule par le sperma-
tozoïde, un nouveau vivant existe, et que son information constitutive
est complète: plus rien ne sera ajouté à son programme”.
Un être humain innocent, a-t-il droit à la vie? Pourquoi la société
actuelle le lui enlève? Peut-elle, en ce cas, être considérée comme
humaniste et démocratique?
Commentez le chapeau du texte et les données ci-dessous.
La statistique de notre pays fait remarquer que les cas d’avor-
tement les plus nombreux ont lieu parmi les jeunes filles de 12 à
17 ans. En 2006 le nombre de filles restées enceintes à été estimé à
24.000, dont 15.000 ont fait une IVG (interruption volontaire de la
grossesse).
Question à réfléchir
Est-il naturel d’entrer dans la vie adulte en passant d’abord par
cet abattoir humain ? N’est-il pas grand temps de nous rappeler ce que
c’est que l’abstinence et la chasteté (comme ont procédé, par exemple,
les Américains en 1999 en lançant une campagne et un programme
national en vue de cultiver l’abstinence chez les jeunes et les élèves) ?
229
MODULE IV
La drogue (reportage)
Témoignage
Alain Kreis, 46 ans, est le responsable en Suisse romande des
Compagnons de Daniel, une association internationale de pré-
vention contre la drogue. Il travail depuis vingt ans auprès des
adolescents. Il a connu l’éclatement au rock, la défonce à l’alcool, la
fuite dans les paradis artificiels… Puis, après un long chemin de
croix, la libération intérieure par le Christ.
La Conscience
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande pleine.
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent: – Couchons-nous sur la terre et dormons.
Caïn ne dormait pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
– Je suis tout près, dit-il avec un tremblement.
236
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir, sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil. Il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
– Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes.
Et comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’œil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
– Cachez-moi ! cria-t-il et, le doigt sur la bouche,
Regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond:
– Etends de ce côté la toile de la tente.
Et l’on développa la muraille flottante;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb:
– Vous ne voyez plus rien ? dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses fils, douce comme l’aurore;
Et Caïn répondit: – Je vois cet œil encore !
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria: – Je saurai bien construire une barrière.
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit: – Cet œil me regarde toujours !
Hénoch dit: – Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville et nous la fermerons.
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Enos et les enfant de Seth;
Et l’on creusait les yeux à quiconque passait;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
237
Le granit remplaça la tente aux murs de toile,
On lia chaque bloque avec de nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes;
Sur la porte on grava: « Défense à Dieu d’entrer ».
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre;
Et lui restait lugubre et hagard. – O mon père !
L’œil a-t-il disparu ? dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit: « Non, il est toujours là ».
Alors il dit: – Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien.
On fit donc une fosse, et Caïn dit: – C’est bien !
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre;
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre,
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
(V. Hugo, La Légende des Siècles,
Œuvres Complètes, Nelson, éditeur)
Qui a été Caïn? Qui a été Abel? Qu’est-ce qu’il a fait à son
frère? Pourquoi l’œil de Dieu l’accompagne partout? L’auteur,
comment montre-t-il l’inquiétude, l’angoisse de Caïn? Remarquez:
– les obstacles entre l’œil de Dieu et Caïn: l’infini de l’espace,
sous des tentes, un mur de bronze, une ville énorme et surhumaine.
– progression de l’agitation, de l’angoisse: l’inquiétude (il vit un
œil…), la peur (je vois…), l’angoisse (cet œil…), la terreur (il est
toujours là…), l’épouvante (l’œil était dans la tombe…).
Caïn passe de la conscience sentie extérieurement à la conscience
sentie intérieurement: « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn ».
Peut-on fuir soi-même?
Comparez l’extrait au Psaume 138 de David.
238
L’anxiété et le stress
Surcharge de travail, course à la performance, peur
des restructurations…Les cadres angoissent.
Selon le BIT (Bureau International du Travail) 30% des arrêts de
travail dans les entreprises de l’Union Européenne sont liés au stress.
Le phénomène touche tout particulièrement les cadres. “Qu’il s’agisse
de l’augmentation des charges de travail, de la mondialisation, des
nouvelles technologies, des 35 heures, des restructurations ou de la
pression des actionnaires, nous sommes en première ligne sur tous les
fronts”, déplore Bernard Salengo, délégué national CGC (Confédé-
ration Générale des cadres).
Certes, un manager a souvent besoin de sa piqûre d’adrénaline
pour rester au top niveau. Mais, dans bien des cas, la dose limite est
largement dépassée. Irritabilité, insomnie, dépression, consommation
excessive de café, de tabac et d’alcool, problèmes cardiovasculaires…
La course à “la performance individuelle” est le facteur de stress
numéro 1. Principal symptôme de cette maladie: le manque du temps.
On saute d’un dossier à l’autre, d’un interlocuteur à l’autre, d’un avion
à l’autre… Il reste très peu de temps pour la réflexion.
Et les 35 heures? Elles n’ont rien arrangé, bien au contraire.
Pourquoi? Les patrons répètent à leurs cadres qu’ils doivent être
capables de produire autant, sinon plus, avec des ressources réduites.
Une autre source importante de stress est la remise en question
permanente des capacités, des connaissances et du job* de chaque
cadre. Quand les entreprise passent leur temps à fusionner et à changer
de métier, “l’adaptabilité” devient une qualité essentielle. Malheu-
reusement, elle est rare…
Une troisième cause est la crise de confiance qu’éprouvent les
cadres à l’égard de leurs dirigeants, accusés de ne plus savoir (ou ne
plus vouloir) leur montrer la voie à suivre. ..
Autre contradiction: on leur demande d’être des animateurs et
des coachs pour leurs équipes, c’est-à-dire de penser aux autres. Mais,
dans le même temps on les maintient dans une logique hiperindivi-
dualiste fondée sur la compétition et le pouvoir.
239
Schizophrénie garantie! Pour lutter contre cette tendance, psy-
chiatres, thérapeutes et coachs aident leurs patients à résister à
l’autoritarisme et à développer leur autonomie… (D’après Capital,
n. 117, 2001).
SCIENCE MÉDICALE
Les scientifiques voudraient jouer à Dieu
Biogénétique: clonage humain
L’unanimité défavorable qui se dégage parmi les autorités spiri-
tuelles et temporelles du monde occidental aussi bien que les points de
débat qui se manifestent entre chercheurs et responsables politiques
sur la question du clonage méritent un grand intérêt. Celui-ci est interdit
en France par les lois sur la bioéthique de 1994. Les quelques scienti-
fiques qui l’envisagent favorablement affirment qu’on disposerait
d’une nouvelle méthode de procréation qui s’ajouterait à celles déjà
existantes (fécondation in vitro etc.). Ses adversaires la stigmatisent
comme une pratique criminelle, un crime contre l’humanité qu’il faudrait
interdire absolument, méthodiquement, rigoureusement et sans tarder.
Ce serait une pratique inspirée par le désir pervers des scientifiques
qui voudraient jouer à être Dieu. Les uns annoncent la fin de l’humanité,
d’autres une régression vers le cannibalisme, d’autres enfin une voie
vers un eugénisme scientifique.
241
Clonage* – le début de la fin de l’humanité
Pour le biologiste, la tentation de l’eugénisme** va devenir
de plus en plus grande
Un monde peuplé d’hommes et de femmes issus d’embryons
sélectionnés pour leurs “bons gènes”. C’est le cauchemar eugéniste
mis en scène par le film américain Gattaca. Pure science-fiction ou
anticipation d’un avenir proche? Réponse de Jacques Testart, biologiste
au laboratoire de fécondation in vitro de l’Hôpital américain (Neuilly).
“Je suis convaincu que la sélection génétique des embryons est
promise à un grand avenir, si on n’y prend garde. Dès 1986, j’avais
donné l’alarme sur cette question dans l’Œuf transparent. La génétique
appliquée à la fécondation in vitro qui conduit à créer plusieurs
embryons d’un même couple, va permettre de “lire” le patrimoine
héréditaire de ces embryons. A partir de là, on pourra décider de ne
donner un avenir qu’à ceux portant des gènes supposés conférer un
caractère “favorable”: résistance à un virus, force musculaire supérieure,
aversion pour la violence…
Pour en arriver là, il suffira essentiellement de s’appuyer sur le
“diagnostic préimplantatoire” (DPI). Cette technique permet dorés et
déjà de rechercher la présence d’un gène particulier chez un embryon
fécondé in vitro: on prélève une cellule sur un embryon de 2 ou 3
jours, puis on soumet le AND de cette cellule à un test génétique pour
y déceler un caractère héréditaire. Ce DPI est déjà pratiqué chez
plusieurs de nos voisins européens et aux Etats-Unis pour déterminer
si un embryon est fille ou garçon ou porteur d’un gène de maladie
(mucoviscidose, notamment). Cependant, ce type de diagnostic génétique
a pour l’instant une portée limitée, pour deux raisons. La première est
juridique. Le diagnostic préimplantatoire est interdit en France tant
que ne sont pas parus au Journal officiel les décrets d’application de la
loi de bioéthique, votée en 1994. Cette loi prévoit d’autoriser le DPI
“à titre exceptionnel” pour les couples ayant “de fortes probabilités de
donner naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique grave
reconnue comme incurable”. Et donc de ne rechercher qu’un seul gène
de “maladie grave”. L’autre frein à la sélection des bébés in ovo est
242
d’ordre technique. On ne peut prélever plus d’une ou deux cellules sur
un embryon de douze cellules sans risquer de le détruire. Or, dans
chaque cellule prélevée, on ne peut chercher qu’une poignée de gènes.
Difficile, dans ces conditions, d’avoir un véritable “profil” du patrimoine
génétique de l’embryon, qui compte plusieurs milliers de gènes. Mais
ces obstacles ne sont pas insurmontables. La loi française sera néces-
sairement assouplie sous la pression d’autres pays, puisque se préparent
actuellement des lois de bioéthique au niveau européen. Parallèlement,
les techniques évoluent… Des généticiens n’affirment-ils pas avoir
découvert des gènes de l’homosexualité et de la violence?
Dans ces conditions, pour peu que se forge une image du citoyen
idéal, la tentation sera grande de faire le tri – indolore – des embryons
in vitro. Tout y incite. Les parents qui souhaitent un enfant parfait, la
société qui veut des individus dont la bonne santé sera source
d’économies, l’industrie qui produira ces testes, les praticiens de la
fécondation in vitro et les généticiens qui découvrent de nouveaux
débouchés. En regardant un peu plus loin, on peut imaginer que certains
de ces précieux enfants jugés presque parfaits, seront éventuellement
clonés. Et là, alors, ce sera la fin de l’humanité. On reviendra au mode
le plus archaïque de reproduction du vivant: la division d’une cellule à
l’identique. C’est ce que font les bactéries.”
„Libération”, 4/11/97
*
obtention, par des manipulations biologiques, d’une série de molécules
identiques.
**
(du gr.: eu, bien et gennan, engendrer); ensemble des méthodes qui
vise à améliorer le patrimoine génétique de groupes humains en limitant la
reproduction des individus porteurs de caractères jugés défavorables. Outre le
fait qu’il implique un jugement de valeur forcément discutable sur le
patrimoine génétique des individus, l’eugénisme se heurte à la complexité du
déterminisme génétique et de la transmission héréditaire des caractères
physiques et mentaux, qui rend contestables ses fondements scientifiques et
l’efficacité potentielle de ses méthodes. Historiquement, il a inspiré les pires
formes de répression et de discrimination.
243
Infos
186 pays ont signé hier la Déclaration universelle sur le génome
humain et les droits de l’homme sous l’égide de l’Unesco.
Depuis quelques années, la science avance à grands pas dans la
connaissance du patrimoine génétique humain. Il s’agit aujourd’hui
d’empêcher les dérapages. Désormais, à partir d’une goutte de sang,
d’un cheveu ou d’un morceau de peau, on peut déterminer la couleur
des yeux d’un individu, son hérédité, son type racial, ses maladies, son
espérance de vie… Bref, c’est notre carte d’identité, avec tous nos
secrets les plus intimes, qui est contenue dans nos cellules et dans nos
gènes. C’est dire les risques de dérapages; au cas où ces millions
d’informations confidentielles tomberont dans des mains mal inten-
tionnées.
Un engagement moral très important
Face à cette menace, la communauté internationale a décidé de
mettre la science, et en particulier la génétique, sous surveillance.
L’Unesco (organisation des Nations unies pour l’éducation, la
science et la culture), qui regroupe 186 pays, a signé hier à Paris la
Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme.
„Libération”, 4/11/97
245
Au nom de la liberté religieuse
Les sectes, cheval de Troie des Etats-Unis en Europe
Le 17 avril, devant le tribunal correctionnel de Grenoble, s’est
ouvert le procès du chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik,
seul inculpé de la secte du Temple solaire, dont soixante et onze mem-
bres sont morts lors de quatre „suicides collectifs”, de 1994 à 1997. Le
jugement de cette affaire attire à nouveau l’attention sur la nébuleuse
des groupes de nature différente qui se présentent comme des religions
minoritaires, mais dont les activités, au caractère commercial souvent
évident, sont régulièrement condamnées par les tribunaux. Au nom de
la défense de la liberté religieuse, Washington vise à obtenir leur
impunité. Cette connivence avec des réseaux qui virent le jour dans un
creuset où convergeaient „nouvelle droite”, „néoconservatisme”, le tout
au nom de l’anticommunisme, entend imposer dans les esprits l’ultra-
libéralisme et l’inégalitarisme, socles prétendus de la société.
Depuis une dizaine d’années, en Europe, la question des sectes
est passée du stade de „phénomène social inquiétant” à celui de
„problème de sécurité publique de premier plan”.
Les massacres provoqués par l’Ordre du Temple solaire en 1994
et 1995, l’attaque au gaz Sarin par les sectes Aum dans le métro de
Tokyo en mars 1995, le suicide collectif de Heaven’s Gate à Los
Angeles en 1999 furent autant d’événements qui ont accéléré cette
prise de conscience. La France, la Belgique, l’Espagne et l’Allemagne
ont ainsi renforcé leur arsenal répressif. Un choix des législateurs qui,
généralement fit suite à des rapports parlementaires sur la dangerosité
de certains groupements et les méthodes coercitives d’aliénation qui y
sont infligées aux adeptes. La France et l’Allemagne sont à la pointe
de cette tendance répressive. Un peu partout en Europe sont apparus
des organismes chargés d’observer le phénomène. En France, une
série de lois votées en 1966 augmentaient, entre autres choses, la
protection des personnes en état de faiblesse. Le gouvernement de M.
Lionel Jospin mit en place une mission interministérielle de lutte
contre les sectes (MILS) présidé par M. Alain Vivien. En Allemagne,
la principale cible fut l’Eglise de scientologie. Dès 1997, après une
246
enquête de services de police, le gouvernement fédéral mettait en
garde la population sur les dangers de cette secte et le Land de Bavière
décidait d’exclure ses adeptes de la fonction publique.
Face à ce durcissement européen, tous les observateurs du phé-
nomène s’attendaient à une contre-offensive des multinationales sectaires
dont certaines, rien qu’en France, disposent d’actifs dépassant plusieurs
centaines de millions de francs.
La riposte vint des Etats-Unis. Ce qui n’a rien d’étonnant, car
90% des sectes sont d’origine nord-américaine ou ont installé leur
siège outre-Atlantique.
„Le Monde diplomatique”, mai 2001
247
Redactor: Andreea DINU
Tehnoredactor: Camelia Brînduşa BĂRBAT
Coperta: Cornelia PRODAN
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