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Streptocoques et antibiotiques
La résistance naturelle des streptocoques aux antibiotiques ne concerne que peu de molécules ou
de familles. Concernant la résistance acquise, une émergence de cette résistance apparaît mais ne
concerne encore que peu d’antibiotiques.

Les streptocoques sont naturellement résistants aux amino- L’autre mécanisme possible est l’inactivation des antibio-
sides, par défaut de transport. Cette résistance n’affecte pas tiques par des enzymes modificatrices (acétyl-phospho-
la synergie avec les antibiotiques actifs sur la biosynthèse du nucélotidyl-transférases).
peptidoglycane à savoir les b-lactamines et les glycopeptides.
Tableau I. Résistance acquise des streptocoques aux MLSK.
L’affinité des fluoroquinolones non anti-streptococciques est
mauvaise et seules quelques molécules sont actives (lévo- Modification de la cible Efflux actif Inactivation enzymatique
floxacine, moxifloxacine).
Pompe de type ABC
Enfin une résistance naturelle propre aux bactéries à Gram Méthylation du ribosome Lincosamide nucéotidyl transférases
erm A/TR MLSB Transporteur
positif est observée vis-à-vis de l’aztréonam, la colistine et Inu (B)
erm /B MLSB mef (A) Inu (C)
les quinolones. Ubiquitaire
mef (E) Inu (D)
Inu (E)
Support génétique de la résistance Mutations ARNr23s rares Phénotype M (C14, C15)
Phénotype L
acquise chez les streptocoques Mutations de protéines M et clindamycine S
Une modification de gènes préexistants (acquisition d’ADN et ribosomales
ubiquitaire
recombinaison homologue ou mutations ponctuelles), l’acqui- L11, L22 SGB, S. uberis, S. suis, S. anginosus
S. pneumoniae
sition de plasmides véhiculant des gènes de résistance ou
d’éléments transposables et de transposons conjugatifs, sont La résistance acquise par ce déterminisme entraîne la
les mécanismes qui répondent de phénomènes de résistance suppression de la synergie possible en cas de résistance
acquise contre différentes molécules potentiellement utilisées naturelle avec les antibiotiques actifs sur la paroi. Elle
dans le traitement des infections à streptocoques. peut être détectée à l’aide de disques fortement chargés
(gentamicine 500 µg, streptomycine 500 µg, kanamycine
Résistance acquise aux b-lactamines 1 000 µg).
Cette résistance ne concerne pas toutes les espèces. En Les études épidémiologiques montrent que vis-à-vis de la
France, en 2012, 23 % des souches de S. pneumoniae sont gentamicine, sauf pour de rares souches de streptocoque B,
de sensibilité diminuée aux b-lactamines (I + R). cette résistance acquise n’a pas encore été décrite.
La résistance acquise affecte également les streptocoques En revanche, vis-à-vis de l’amikacine et de la streptomycine,
oraux (S. mitis, S. oralis, S. sanguis, S. salivarius, S. mutans, 10 à 20 % des souches de streptocoques ont un mécanisme
S. gordonii) et dans certains pays (Japon, Thaïlande, Etats- de résistance acquise de haut niveau.
Unis) de rares souches de S. agalactiae.
La résistance acquise est croisée pour toutes les b-lactamines, Résistance aux macrolides-lincosamides-
à des niveaux variables. Ceci impose de déterminer la CMI des streptogramines-kétolides (MLSK)
antibiotiques indiqués dans la pathologie concernée. La détec- Une modification de la cible, l’efflux actif et une inactiva-
tion est possible à l’aide d’un disque d’oxacilline à 5 µg (pneu- tion enzymatique des antibiotiques sont les trois principaux
mocoque Ø < 26 mm ; autres streptocoques oraux Ø < 21 mm). mécanismes pouvant entraîner une résistance acquise aux
Concernant les streptocoques B, il n’y a pas à l’heure actuelle MLSK (tableau I).
de recommandation. La résistance acquise aux MLSK concerne actuellement
La détermination des CMI doit être effectuée par la technique 15 à 25 % des streptocoques b-hémolytiques SGA, SGB,
du E-test, les méthodes automatisées en milieu liquide ayant SGC et SGG (> 80 % MLSB), 30 à 40 % des pneumocoques
une mauvaise sensibilité. (> 90 % MLSB) et 50 à 60 % des streptocoques du groupe D
(> 90 % MLSB).
Résistance acquise aux aminosides Concernant les fluoroquinolones, la résistance acquise rare
Deux mécanismes principaux peuvent conduire à la résis- en France (< 2 %) est soit due à des mutations chromoso-
tance acquise. Le premier est une résistance élevée à la miques au niveau de la région QRDR (quinolone resistance
streptomycine par mutations chromosomiques de la cible, determining region) soit à un efflux actif pour la ciprofloxacine
la sous-unité 30S du ribosome (CMI > 1 000 mg/L). et la norfloxacine (pompe pmrA et S. pneumoniae).

18 OptionBio | Mercredi 23 juillet 2014 | n° 512


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La résistance acquise aux tétracyclines concerne > 85 % des actifs sur les streptocoques. Cette émergence concerne les
souches de SGB, 70 % des streptocoques du groupe D et 15 b-lactamines et les streptocoques B vis-à-vis de la gentami-
à 30 % des autres espèces de streptocoques. Aucune souche cine et la vancomycine et nécessite d’accroître la surveillance
résistante à la tigécycline n’a encore été décrite. en ce qui concerne l’activité de ces molécules. |
Enfin concernant les glycopeptides, les streptocoques sont
tous sensibles à cette famille d’antibiotiques. En 2014, toute-
fois, 2 souches de SGB isolées d’infections invasives chez des
source : D’après une communication de A. Tazi (Paris) - 10e Congrès national de
adultes (Etats-Unis) ont montré une CMI de la vancomycine la Société française de microbiologie – 31 mars 2014 – Paris.
à 4 mg/L (concentration critique de la vancomycine 4 mg/L).
Déclaration d’intérêt : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation
avec cet article.
En conclusion
Chantal Bertholom
Il est noté une émergence de la résistance acquise à des Professeur de microbiologie
antibiotiques considérés jusqu’a présent comme toujours Ecole nationale de physique-chimie-biologie – Paris –­ c.bertholom@free.fr

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