Posté le 10 mai 2015 by Aymeric d'Afflon - vues S’interroger sur la question du marketing éthique nécessite d’abord de définir la notion d’éthique en soi. Selon Jean Jacques Nillès, Enseignant chercheur à l’Université de Savoie, l’éthique, en liaison très étroite avec la morale, « est la recherche de la décision juste dans une situation professionnelles donnée, c’est-à-dire, la décision qui permet de satisfaire de façon équilibrée les intérêts des différentes parties prenantes ». En effet, d’un point de vue plus marketing, c’est le déploiement d’activités marketing, caractérisées par leur engagement à une cause non marchande, qui en retour, rend plus favorable les échanges entre les consommateurs et la marque. Une façon de rallier les consommateurs à une bonne cause, pour les pousser à acheter les produits ou services d’une marque impliquée. Cette nouvelle forme de communication a été démultipliée par l’arrivée d’Internet et l’obsession de la transparence. Elle s’appuie avant tout sur une demande des citoyens-consommateurs qui maintenant, réclament des comptes et interpellent les entreprises beaucoup plus librement qu’avant. Effectivement, ces dernières ont grandi sous la forme d’un acteur politique majeur et ont acquis une dimension qui maintenant dépasse de simples enjeux commerciaux. C’est pourquoi les consommateurs sont aujourd’hui à la recherche de sens et ressentent davantage le besoin d’être rassurés, au cœur d’une société qui les incite à consommer toujours plus. Cette démarche éthique peut tout d’abord s’appliquer au niveau du produit. En effet, les entreprises s’engagent de manière très diverse, auprès d’associations caritatives, fondations, ONG ou autre organisme. Par exemple, la marque Pampers (Procter&Gamble) est associée depuis plusieurs années à l’UNICEF pour offrir des vaccins aux enfants du monde entier. Elle assure la crédibilité de ses produits par le sérieux de son implication afin d’attirer la confiance des consommateurs.
Il peut également s’agir d’un produit respectueux de l’environnement, comme la bouteille
végétale de Volvic, ou encore d’un produit qui ne porte pas atteinte à la santé du consommateur, contrairement aux prothèses mammaires PIP néfastes à la santé des femmes. Par la suite, un produit considéré éthique se doit de respecter certaines normes certifiées par l’attribution de labels (NF, Agriculture Biologique). Cependant, aujourd’hui on assiste à une multiplication de ces labels dans toutes les catégories de produits, ce qui peut soulever certains questionnements concernant leur véracité. Par qui sont-ils vraiment attribués, que recouvrent-ils et finalement, comment le consommateur peut-il s’y retrouver ? Tous ces labels chaque jour mis en vigueur valorisent, soit disant, les entreprises qui adoptent une démarche durable et qui garantissent au consommateur un gage d’authenticité. Seulement ce ne sont maintenant que des promesses qui sont encore à démontrer. De plus, ce principe d’éthique peut aussi être remis en cause au niveau de la communication des marques, de leur message véhiculé et des moyens utilisés pour diffuser ce message. La démarche éthique consiste à la base, à transmettre un discours sincère, véritable et surtout vérifiable, qui assure au consommateur l’exactitude d’une information en toute connaissance de cause. Malheureusement cette démarche est souvent loin d’être respectée. C’est le cas de la marque de vêtements H&M, qui est parvenue à tromper ses consommateurs en communiquant sur ses activités dites « éthiques » et « qui viendrait en aide aux pays en voie de développement », alors que d’autres sources soutiennent qu’elle exploite ses salariés. Bien entendu, de nombreuses entreprises font tout ce qu’elles peuvent pour agir de façon éthique, et parfois tout n’est pas maîtrisable. Le marketing éthique représente bien sûr un moyen de communication très avantageux pour l’ensemble des parties prenantes, mais doit être surtout et avant tout une réelle volonté de l’entreprise. Les codes, lois et normes qui le délimitent ne peuvent pas tout contrôler. Il en vient après de la vision que chaque responsable marketing a de l’Humanité et de son propre rapport à la société… Salomé Pardessus