Al Bayan 70
Comment ne pas célébrer le Mawlid du Saint Prophète()
La Communauté musulmane célèbre en ce mois
dans la ferveur religieuse le Mawlid ou la naissance
physique du Prophète Muhammad, le Sceau des
Prophète. Le caractère permis des festivités du
Mawlid a été mis en évidence par un nombre im-
portant d’éminents savants musulmans, notamment
l’Iman Shafi’, l’Imam Al Bayhaqi ou encore le savant
Al-Mouzhaffar et d’autres dès le septième siècle de
l’hégire. Il est rapporté dans un hadith ayant une
forte chaîne de transmission et cité dans Sahih
Mouslim que le Prophète Muhammad () a af-
firmé : "Celui qui innove dans l’Islam une bonne
innovation, il en aura la récompense et une récom-
pense qui ressemble à celle de celui qui la pra-
tiquera après lui sans que rien ne soit diminué de
leurs récompenses."
Outre le Mawlid, compte parmi les bonnes innova-
tions, l’ajout par le Calife Outhman Ibnou Affan du
deuxième appel à laprière le jour du vendredi et la
notation des points aux lettres du Qur’àn. Le prem-
ier à avoir noté les points aux lettres du Qur’àn
est un homme parmi les successeurs des com-
pagnons du Prophète appelé Yahya Ibnou Ya’mar.
La vie du Prophète Muhammad() est édifiante,
profonde et lumineuse. L’immensité de la Miséri-
corde du prophète n’est pourtant point étrangère à
sa nature humaine (V.129, S.9) de sensibilité et de
bienveillance aux préoccupations des humains. Et le
Prophète d’illustrer cette exception parmi la palette
de ses Nobles Qualités (Makàrimoul Akhlàq) dans
toute sa vie (V.4, S.68).
Aux habitants de Taïf (dans la banlieue proche de
Makkah) au cœur des hostilités des Quraychites à
son endroit, il a opposé le pardon, l’Amour et une
requête de Miséricorde divine – Réitérant à Allah sa
seule préoccupation de ne pas se détourner de Sa
Source. A ce berger juif qui maltraitait ses enfants
Rabi’ ul Awwal 1437 / Jan 2016
à Médine, il a opposé un geste spontané de ten-
dresse et d’affection qui a ravisé ce denier; Et que
dire de son adresse lors de la reconquête (Fath)
de Makkah – après en avoir été sorti dix ans au-
paravant sur contrainte par ses prochess, il leur
dira – Vous êtes libres, n’ayez crainte !
La vie du Prophète Muhammad() est incontesta-
blement l’histoire de la foi, de la mystique et de
l’engagement. Elle est aussi l’histoire de la simplic-
ité, de la conviction, de la patience, de l’ouverture,
de l’humanisme, de la tolérance, du pardon, de la
sagesse et de la détermination. Un modèle à
suivre. Chacune des étapes de sa vie est une
leçon de responsabilité et d’amour. Hazrat Bibi
Aïcha() , son épouse nous a offert la belle for-
mule. Son comportement, sa morale, son caractère
étaient le Qur’àn, c’est-à-dire une lumière. Cette
dimension a été rappelé dans la sourate Al-Ahzâb
S.33 - V21 ou Allah dit : « Il y a certes pour vous,
dans l’Envoyé de Dieu, un parfait modèle pour qui
désire Dieu et le Jour dernier avec ferveur et se
souvient ardemment de Dieu. ».
Il est évident que la célébration du Mawlid est per-
çue comme une des immenses faveurs et bé-
nédictions (V.48, S.10) émanant de la Lumière
Prophétique et que reprennent les Awliya dans
leurs œuvres respectives d’éloge à l’excellence hu-
maine démontrée par le Prophète Muhammad()
dans la transmission du message Divin comme
dans le déroulement de sa mission.
Célébrer le Mawlid reste une activité non obliga-
toire. Ceux qui y voient une innovation devraient
éviter de critiquer ou de polémiquer avec ceux qui
y croient fermement. C’est dans le respect des
differences de chaque école de pensée qu’il y a
progrès. Allah sera le seul Juge des hommes.
Al Bayan 70
La communauté musulmane face à son destin
La fin de l’année 2015 a été marqué par la gestion de la crise
des marchands ambulants et pour une fois le public a eu l’im-
pression qu’il y eu une volonté pour trouver une solution
dans l’intéret de toutes les parties. Ce n’est pas un secret
qu’une grande majorité des marchands ‘ambulants’ se
trouve dans la communauté musulmane. A qui est-ce la
‘faute’, ce n’est pas le but de cet article. Mais il est temps de
réfléchir sereinement au role que doit jouer la communauté
musulmane au sein de la République de Maurice. Dans un
monde qui est en crise et face aux défis que fait face notre
petit pays, il faut se demander quelle attitude nous devons
adopter faire entendre notre voix et en même temps agir
comme citoyens responsables. Parmi les défis que nous de-
vons tous faire face, il y a des dossiers brûlants qui doivent
interpeler chaque mauricien car notre avenir est en jeu. Fai-
sons rapidement une liste de ces challenges/enjeux :
1. Education. Est-ce que notre système d’éducation est
adapté à nos besoins. Est-ce que le musulman investit
suffisamment dans l’éducation de ses enfants. Avons-
nous à cœur le souci de créér une intelligentsia, un
groupe d’intellectuels pour faire progresser la pensée
au sein de la communauté?
2. Jeunesse. Que fait-on pour protéger notre jeunesse?
Sont-ils suffisamment encadrés pour pouvoir s’épa-
nouïr et être protégés contre toutes sortes de fléaux,
tels que la drogue, l’alcool, le tabagisme etc.
3. La dette publique. Sommes-nous conscients du degré
d’endettement des ménages avec la frénésie des
achats (de plus en plus ‘online’) et cette tendance
généralisée de vivre au-dessus de ses moyens.
4. Santé. Quand est-ce que les mauriciens se rendront-
ils compte de l’importance de veiller à leur bonne
santé en adoptant une nutrition balancée, une hy-
giène de vie et des pratiques sportives. Nous battons
très souvent des records mondiaux quand il s’agit du
diabète, des maladies cardio-vasculaires etc . Est-ce
que nous pouvons continuer à manger du briani ache-
té à même sur le trottoir, trois ou quatre fois par se-
maine?
5. Congestion routière. Le problème s’empire de jours
en jours en dépit des efforts pour décongestionner la
capitale mais faut-il encore que nous puissions adop-
ter des bonnes pratiques comme le vélo, le transport
en commun, le co-voiturage et surtout la courtoisie au
volant. En tant que musulman, que peut-on faire pour
donner l’exemple.
6. Diversification de l’économie. Depuis quelques an-
Rabi’ ul Awwal 1437 / Jan 2016
nées, les gouvernements successifs annoncent la di-
versification de notre économie. Avons-nous pu saisir
les occasions qui nous sont offertes? Sommes-nous
réfractaires à l’idée de s’implanter dans les pays afri-
cains, pourtant porteurs de beaucoup d’espoirs dans
les années à venir. Pensons-nous à venir en aide à nos
frères musulmans vivant dans des conditions déplo-
rables en Afrique; sommes-nous conscients au moins
que nous faisons tous d’un seul Ummah?
7. Equilibre sociale. Le Saint Prophète() a élevé le sta-
tut de la femme. Les femmes musulmanes s’affirment
de plus en plus dans la société mais elles ont souvent
beaucoup de difficulté pour trouver un conjoint con-
venable. Les jeunes musulmans cherchent plutôt
peau blanche du côté du Maroc ou de la Tunisie et
c’est devenue presqu’une mode. Résultat, les femmes
mauriciennes doivent chercher ailleurs. C’est un dé-
bat et il faut trouver des solutions. En dépit des pro-
grès accomplis dans ‘l’empowerment’ des femmes, il
y a toujours des préjugés en termes de salaire et donc
il est nécessaire de faire plus pour donner aux
femmes le statut qu’elles méritent.
8. ONG inefficaces. Ils font partie du paysage du pays
mais combien parmi eux sont vraiment efficaces? Ne
faut-il pas mettre de l’ordre, avoir un organisme régu-
lateur efficient et des mesures de contrôle pour veil-
ler à ce qu’il n’y ait pas d’abus de fonds. Aussi, ne faut
-il pas encourager les ONG à travailler en coordination
pour de meilleurs résultats contre les problèmes na-
tionaux.
9. Organisation du Hajj. Il est temps de prendre le tau-
reau par les cornes et régler une fois pour toutes les
problèmes récurrents que doivent faire face les Ha-
jees. On connaît tous la source du problème. C’est la
gourmandise de certains organisateurs véreux. La
réponse doit venir des ONG musulmans, sérieux, avec
la volonté d’en finir avec ceux qui font du business sur
le dos des Hajees.
10. Combat contre la pauvreté. Allons-nous nous conten-
ter des seuls efforts que nous faisons pendant le Ra-
madan en donnant notre Zakaat ou ferons-nous
beaucoup plus pendant toute l’année pour éradiquer
la pauvreté dans notre pays? Devons-nous aider seu-
lement les musulmans ou n’est-il pas temps de tendre
la main aux autres et démontrer la générosité que
nous a enseigné l’Islam?
11. Terrorisme. Les attentats tuant des innocents dans le
monde entier sont utilisés par les médias pour poin-
(suite p. 4)
Al Bayan 70 Rabi’ ul Awwal 1437 / Jan 2016

Sheikh Sulayman Hilmi Tunahan (R.A)

Hazrat Süleyman Hilmi Tunahan, was a 20th-
century Islamic scholar born in the
small Ottoman village of Ferhatlar, also known
as Varatlar and today Delchevo in
the Razgrad Province, Bulgaria in the year 1888.
Hazrat Süleyman Hilmi later became a Sufi Mas-
ter in the tradition of the Naqshbandi Order .
Hazrat Süleyman's father, Hazrat Osman, was
a Hafizul Qur’aan and a renowned Islamic
teacher of his time. Hazrat Osman had finished
his education in Istanbul before becoming a pro-
fessor at the well-known Satirli Madrasah in
Silistre. Hazrat Süleyman's ancestors include
Idris who was appointed by Mehmet II (r. 1451–
81) as the "Tuna Khan". The young Hazrat Süley-
man was educated at Silistra Middle School and
the Satirli Madrasah. Afterwards he went to Is-
tanbul to finish his studies, enrolling in the Sahn
Madrasah where he took lessons
from Bafra born Ahmet Hamdi. He graduated in
1916 then enrolled at the Süleymaniye Mosque
Madrasah in Medresetü'l-Mütehassisin where
he studied the tafsir (commentary on
the Quran) and hadith. Hazrat Süleyman Hilmi
(R.a) graduated again as valedictorian from Me- permission to reopen in 1946–1947. Hazrat
dresetü'l-Mütehassisin in 1919 and in the same Süleyman also started to teach the principles
year graduated from Medresetü'l-Kuzat law of Islam. Many of his students graduated from
school, coming first in exams. On informing his the madrasas and received permission from
father of this ranking he was told: "I didn't send the Diyanet İşleri Başkanlığı (Presidency of Re-
you to Istanbul to go to hell", reminding him of ligious Affairs) to work as muftis (officials
Hazrat Muhammad's saying: "Two out of three learned in Islamic law who is in charge of Islamic
(unrighteous) judges will go to hell. " Hazrat affairs for a province or district), imams (prayer
Süleyman Hilmi (R.A) explained that his goal leaders),muezzins (individuals who call five
was not to become a judge but to learn both times a day to announce prayers), Islamic
religious and common knowledge. preachers and madrasah teachers.

He then began work as an Islamic teacher in Is-
tanbul until its madrasahs were closed where-
upon he was assigned to work as an Islamic
preacher. For some time he preached Islamic
sermons in Istanbul's large Ottoman era Selatin
masjids such as Sultan Ahmed (famously known
as Blue Mosque), Süleymani-
ye, Şehzâdebaşı, and Piyâle Paşa Masjid. While
working as an Islamic preacher he also taught
Muslim children, first in his own home then
in madrasahs after they received government
Hazrat Süleyman's practice of Islam followed
the Hanafi (school of Islamic law), while his
firm belief in God stemmed from the Maturidi
school of Islam. He told his students that:
"They should hold tight to the creed of Ahl al-
Sunnah wa'l Jama'ah". Hazrat Süleyman Hilmi
(R.A) died in Kisikli, Istanbul on September 16,
1959. He is buried in the Karacaahmet ceme-
tery.
Al Bayan 70
Un Namaz pour protéger son Imaan
Un jour du 15ème Moharram de l'année 710 de l'Héjire,
Khwaja Nizãmuddeen Awliya(R.A) faisait un Waez. En voici un
extrait:
L'heure de la mort est très difficile, et il est aussi difficile de
savoir si quelqu'un va mourir avec Imân ou pas. Le signe de la
sincérité de la foi est que le mourant devienne jaune au mo-
ment d'expirer, son front est perlé de sueur. Ma mère, au
moment de sa mort, mourut avec ces mêmes bons signes sur
son visage. Pour préserver sa foi, on doit faire deux rakaat
Namaz après le Namaz Maghrib. Dans le premier rakaat,
après le Surah Fatiha, on récite 7 fois Surah Ikhlãs et une fois
Surah Falak. Dans le deuxième rakaat, on récite 7 fois Surah
Ikhlãs et 1 fois Surah Nãs. Ensuite on fait le Sijda et on récite
trois fois :
ِ َ‫يا حي يا قَيُّ وم ثَبِّْت نَا علَى ا ِإلْْي‬
‫ان‬ َ ُ ْ َ ُّ َ َ
"Yã Hayyu Yã Qayyûm, sabbitnâ 'alal Imân"
Ô Dieu Vivant et Éternel, affermis moi dans la foi.
(Concernant le bénédictions de ce Namaz, il raconta
une histoire): J'ai entendu l'histoire suivante de la
bouche de Khwaja Ahmad Ibn Shaykh Mu'in addin
Sijzi(R.A). Et ce Khwaja Ahmad était une personne
très honnête. Il témoigna: "J'avais un compagnon qui
était un soldat professionnel. Il avait l'habitude
d'accomplir ces deux rakaat Namaz régulièrement.
Une fois, cependant, nous étions en voyage dans les
environs d'Ajmeer. C'était l'heure du coucher du soleil
et bientôt il allait être l'heure d'accomplir le Namaz
Maghrib mais nous avions peur des voleurs. Des ban-
dits apparurent en effet. Je fis tout de suite les trois
rakaat Farz et les deux rakaat Sunnat et puis je m'em-
pressa d'aller vers la cité. Cet ami, quoiqu'il était sous
la menace des bandits et les craignait, fit quand même
ces deux rakaat Nafil (Hifzul Iman) pour préserver
la foi. Beaucoup plus tard, je reçut des nouvelles que
le jeune homme allait mourir. Afin de vérifier son
état, je m'en alla sur le lieu où il était sur le point d'ex-
pirer son dernier soupir. Il mourût comme il aurait dû
mourir." Ensuite Khwaja Nizamuddeen Awliya(R.A)
commenta: "Khwaja Ahmad(R.A) a raconté la mort
de ce jeune homme d'une telle façon que si on me le
demandait devant le Trône du Jugement Dernier,
moi, aussi, je témoignerai qu'il est mort avec une foi
sans tâche. Louange à Allah, Seigneur de l'univers." {Fawaïd-
al-Fuwaad, Livre II, Assemblée 5}
Alhamdulillah, nous avons pu sortir le numero 70 de Al
Bayan - Voice of Islam en ce mois de Rabi’ ul Awwal
1437 Hijri, et ce apres un arret de 3 mois. En effet, le nu-
mero 69 de ce ‘mensuel’ date du mois de Zil Qa’dah 1436
et il y a eu une absence de 3 mois. Nous nous en ex-
cusons aupres de nos fideles lecteurs.
Rabi’ ul Awwal 1437 / Jan 2016
La communauté musulmane
face à son destin (suite de la p. 2)
ter du doigt les musulmans. Rien n’indique que ce ré-
flexe va changer. Même si les grands dirigeants du
monde soulignent à chaque fois que les attentats sont
les actes d’extrémistes qui n’ont rien à faire avec
l’Islam, il est difficile d’empêcher l’amalgame. De ce
fait, de nombreux innocents sont victimes d’ostracisme,
parfois même de violence gratuite et nous devons subir
des campagnes de haine à travers le monde. Pouvons-
nous continuer à vivre ainsi dans la peur? Devons-
nous à chaque fois nous justifier ou faut-il mettre la
pression pour que les médias changent leur approche.
Une ré flexion profonde est nécessaire au niveau mon-
dial. Ce n’est pas une question que nous devons éviter
puisque Maurice est pour l’instant à l’abri de tels agis-
sements. Nous devons nous sentir concernés par ce qui
se passe dans le monde et apporter notre contribution
dans ce débat qui dépasse les frontières et les commu-
nautés. Le Saint Prophète() a maintes fois souligné
que les musulmans sont comme un seul corps, une
seule Ummah et c’est la force de l’Ummah qu’il faut
utiliser pour empêcher qu’un groupuscule puisse pren-
dre en otage plus d’un milliard de personnes et parler
en leur nom. Il faut dénoncer haut et fort le jeu malsain
de certaines puissances étrangères qui utilisent la pro-
pagande pour favoriser les desseins des sionistes.
La communauté musulmane donc doit jouer pleinement son
rôle dans la République, en devenant un acteur incontour-
nable du progrès. Nous devons nous impliquer dans les pro-
cessus de décisions, faire entendre notre voix, et faire progres-
ser le pays. Le Saint Qur’aan nous exhorte à maintes reprises
d’encourager le bien et d’empêcher le mal. Voilà notre devoir
de musulman mauricien. Ne nous cantonnons nous pas dans
un ghetto et laisser aux autres le soin de décider pour nous.
Faisons-nous respecter pour nos droits mais contribuons aussi
dans l’effort national pour le bien de notre pays et luttant
contre la pauvreté, la justice sociale, l’harmonie, l’éducation,
la santé, le respect des personnes âgées, la protection de l’en-
vironnement et surtout la Paix.
Al Bayan - Voice of Islam was first published by
World Islamic Mission Mauritius on advice of
Quaid-e-Ahle Sunnat Hazrat Allamah Shah Ahmad
Noorani Siddiqui(R.A) in Rabi us Thani, January
1986. It is now a publication of the Da'wah wal
Irshaad Committee of WIM.
Editor : Abdus Saboor Mohamed Saleh,
email: saleh.abdus@yahoo.com