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Neurochirurgie 56 (2010) 459–463

Rapport 2010 : Glioblastomes

Classification morphologique des glioblastomes


Morphological classification of glioblastomas
D. Figarella-Branger a,∗,b,c , C. Bouvier a,b,c , J. Moroch d , S. Michalak d , F. Burel-Vandenbos e,f
a
Inserm U911, 13000 Marseille France
b
Faculté de médecine, Aix-Marseille université, 13000 Marseille, France
c
Service d’anatomie pathologique et de neuropathologie, hôpital de la Timone, Assistance publique – hôpitaux de Marseille, 27, boulevard Jean-Moulin,
13285 Marseille cedex 05, France
d
Département de pathologie cellulaire et tissulaire, centre hospitalier universitaire d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers Cedex 09, France
e
Laboratoire central d’anatomie pathologique, hôpital Pasteur, centre hospitalier universitaire de Nice, 30, avenue de la Voie-Romaine, 06002 Nice, France
f
Inserm U898, faculté de médecine de Nice, 06000 Nice, France

i n f o a r t i c l e a b s t r a c t

Historique de l’article : Background and purpose. – In the 2007 WHO classification, glioblastomas are classified among the group
Reçu le 30 juin 2010 of astrocytic tumors. They are highly malignant (grade IV). This group of tumors is morphologically
Accepté le 1er juillet 2010
heterogeneous. The WHO distinguishes between clinico-pathological entities, variants of entities and
histological pattern. Variants are defined as being reliably indentified histologically and having some
Keywords: relevance for clinical outcome but as still being part of a previously defined overarching entity. Pat-
Glioblastoma
terns of differentiation are identifiable by histological appearances but without clinical or pathological
Histology
significance.
Immunohistochemical markers
Internexin-a Methods. – The description of the histological and immunohistochemical features is based on the 2007
IDH1 WHO classification.
Results. – In addition to the classic form of glioblastoma, two variants exist: the giant cell GBM and the
gliosarcoma. The first but not the second would have a better outcome than the classic glioblastoma.
The WHO classification also distinguishes several patterns of differentiation: small cells glioblastoma;
glioblastoma with lipidized cells; glioblastoma with oligodendroglioma component; glioblastoma with
heterologous differentiation. These patterns have to be recognized because they represent sometimes a
diagnostic challenge. GFAP, Olig2 and Mib1/Ki67 are the most relevant immunohistochemical markers.
Diagnostic value of neuronal markers is still controversial. EGFR or p53 expression can be detected and
their prognosis value is discussed in this chapter. A systematic analysis of some markers in routine, for
example IDH1 or internexin-a, could help to define more homogeneous groups of patients.
© 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

r é s u m é

Mots clés : Contexte et objectifs. – Selon la classification de l’OMS 2007, les glioblastomes correspondent aux tumeurs
Glioblastome astrocytaires les plus malignes. Il s’agit d’un groupe très hétérogène sur le plan morphologique. Certaines
Histologie particularités histologiques sont associées à un comportement biologique et/ou évolutif différent des
Marqueurs immunohistochimiques glioblastomes « classiques » et définissent des variants. D’autres particularités, sans signification, sont
Internexine-a
appelées des « patterns ». Cet article décrit les différents aspects morphologiques des glioblastomes et
IDH1
aborde les principaux marqueurs immunohistochimiques diagnostique et pronostique utilisés en rou-
tine.
Matériels et méthodes. – Les aspects histologiques et immunohistochimiques décrits sont issus de la
classification de l’OMS 2007.
Résultats. – À côté de la forme classique, deux variants sont décrits : le glioblastome à cellules géantes et
le gliosarcome. Le premier aurait un meilleur pronostic que le glioblastome classique, le second un pro-
nostic semblable. De nombreux « patterns » existent : glioblastome à petites cellules ; glioblastome avec

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : dominique.figarella-branger@univmed.fr (D. Figarella-Branger).

0028-3770/$ – see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neuchi.2010.07.014
460 D. Figarella-Branger et al. / Neurochirurgie 56 (2010) 459–463

cellules lipidisées ; glioblastome avec contingent oligodendroglial ; glioblastome avec structures hétéro-
logues. Ces « patterns » sont à connaître car ils posent des problèmes de diagnostic différentiel. La GFAP,
Olig2 et le marqueur de prolifération Ki67/Mib1 sont les marqueurs les plus utilisés. Les marqueurs neu-
ronaux, parfois exprimés, ont un intérêt diagnostique controversé. Les glioblastomes peuvent exprimer
p53 ou EGFR. Leur valeur pronostique est discutée dans ce chapitre. La détection systématique de cer-
tains marqueurs en routine, comme par exemple l’IDH1 ou l’internexine a, devrait permettre de définir
des catégories plus homogènes de patients.
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Les glioblastomes (GBM) sont classés par l’OMS 2007 dans le 1.2.2. Les cellules tumorales isolées
groupe des tumeurs astrocytaires dont ils représentent la forme Au sein de cette composante, le parenchyme morphologi-
la plus maligne (Louis et al., 2007). Nous avons vu dans le cha- quement et fonctionnellement intact est infiltré par des cellules
pitre « Oncogenèse et bases biologiques » les principales altérations tumorales isolées. Du fait de l’absence de microangiogenèse asso-
génétiques présentes dans les GBM et tout spécialement les diffé- ciée, il n’y a pas de prise de contraste à l’imagerie dans ce territoire.
rences entre GBM de novo et GBM secondaires. Cependant, malgré En revanche, il existe souvent un œdème se traduisant en IRM par
des altérations génétiques distinctes, ces deux types de GBM pré- un hypersignal en T2 et en Flair. Il a un aspect typique en « doigt de
sentent des aspects morphologiques similaires. gant ».
Ce chapitre est consacré aux aspects histopathologiques des Compte tenu des données préliminaires ci-dessus, il est donc
GBM et se base sur la classification de l’OMS 2007 qui distingue clair que les aspects morphologiques des GBM seront différents
des « variants » et des « pattern » parmi les GBM (Kleihues et al., selon le siège du prélèvement.
2007). Un « variant » représente un sous-groupe de tumeurs qui pré-
sente, d’une part, des particularités histologiques et, d’autre part,
un comportement biologique et/ou des altérations génétiques un
peu différentes du groupe dont il est issu. Un « pattern » se limite à 1.2.3. La composante solide
des aspects histologiques particuliers. Souvent plus rares ou inha- La composante solide se caractérise par une densité cellulaire
bituels, il est important de les connaître pour en faire le diagnostic. élevée, un polymorphisme cellulaire et nucléaire (atypies), de fré-
Ce chapitre abordera également les principaux marqueurs uti- quentes mitoses. Les cellules tumorales sont souvent difficiles à
lisés en routine et leur intérêt diagnostique et pronostique. caractériser : cellules avec cytoplasme éosinophile abondant évo-
quant des astrocytes ; cellules parfois multinucléées ou géantes
1. Classification morphologique (Fig. 1A) avec aspect granulaire ou lipidisé des cytoplasmes ; cel-
lules plus régulières à noyaux arrondis et membrane nucléaire
1.1. La classification OMS 2007 nette pouvant évoquer des oligodendrocytes (Fig. 1B) ou encore
cellules fusiformes agencées en faisceaux (Fig. 1C) ou enfin cel-
Elle distingue : lules indifférenciées de petite taille, dépourvues de cytoplasme.
La vascularisation est anormale avec prolifération microvasculaire
• les GBM et leurs variants : (également appelée endothéliocapillaire) qui peut être exubérante
◦ GBM à cellules géantes, dans certains territoires (Fig. 1D). Enfin, des foyers de nécrose sont
◦ gliosarcomes ; visibles. Il peut s’agir de larges foyers de nécrose représentant dans
• les GBM avec aspects histologiques particuliers qu’il faut certains cas plus de 80 % de la tumeur ou de nécrose palissadique
reconnaître et posent souvent des problèmes de diagnostic diffé- (Fig. 1E). Cette dernière, caractéristique des GBM, est représentée
rentiel : par des foyers de petite taille limités par une assise multicellu-
◦ GBM à petites cellules, laire de cellules ovoïdes d’allure indifférenciées dont certaines sont
◦ GBM avec cellules lipidisées, réduites à des noyaux apoptotiques. Ces foyers de nécrose palis-
◦ GBM avec contingent oligodendroglial. sadique peuvent confluer conduisant à un aspect « en carte de
géographie ».
Des remaniements inflammatoires ou hémorragiques peuvent
Tous ces variants et pattern possèdent les mêmes caracté-
être observés mais ils sont rares.
ristiques communes des GBM rapportés dans le chapitre 1.2.
Leur caractère distinctif sera décrit dans les chapitres 3 et
4.

1.2.4. La composante infiltrante


1.2. L’aspect histologique classique des glioblastomes reflète leur La composante infiltrante décrite ci-dessus peut être difficile à
structure solide et infiltrante différencier d’un gliome de plus bas grade sur des prélèvements
biopsiques.
L’étude systématique de biopsies étagées corrélées à l’imagerie Cependant, la présence de noyaux nus souvent ovoïdes ou très
cérébrale a permis de définir la structure spatiale des gliomes atypiques dans un parenchyme cérébral présentant par ailleurs peu
et tout spécialement des GBM (Kelly et al., 1987). En effet, deux d’altérations (en dehors d’une gliose astrocytaire réactionnelle) et
composantes distinctes sont observées dans les GBM. en l’absence de néo-angiogenèse doit faire évoquer le diagnos-
tic. Il est impératif de confronter les données morphologiques à
1.2.1. Le tissu tumoral solide l’imagerie.
Cette composante n’est formée que de cellules tumorales en Par ailleurs, d’autres aspects morphologiques peuvent être
contact les unes avec les autres. Elle s’accompagne d’une microan- observés à distance de la composante solide : infiltration sous piale
giogenèse se traduisant par une prise de contraste à l’imagerie et de simulant une couche surnuméraire, satellitose périneuronale ou
nécrose conduisant à l’aspect en cocarde caractéristique des GBM. encore infiltration des espaces de Virchow-Robin.
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Fig. 1. Polymorphisme cellulaire du glioblastome. A. Cellules tumorales géantes. B. Cellules rondes pseudo-oligodendrogliales. C. Cellules fusiformes. D. Prolifération micro-
vasculaire. E. Nécrose à bordure palissadique. F. Expression hétérogène de GFAP en immunohistochimie. G. Expression de protéine neurofilamentaire (NFP) par certaines
cellules tumorales. H. Glioblastome à petites cellules.
Cellular pleomorphism of glioblastoma. A. Giant tumoral cells. B. Pseudo-oligodendroglial round cells. C. Fusiform cells. D. Microvascular proliferation. E. Necrosis with pseudopalisading.
F. Heterogenous expression of GFAP by immunohistochemistry. G. NFP expression by several tumoral cells. H. Small cell glioblastoma.

2. Marqueurs utilisés en routine d’intérêt diagnostique et l’autre. L’expression de Olig2 est constante dans les gliomes, même
pronostique si l’aspect de l’immunomarquage varie selon le sous-type de gliome
et ne doit pas toujours être interprétée comme une différenciation
2.1. Protéines du cytosquelette oligodendrogliale (Bouvier et al., 2003 ; Colin et al., 2007).
Certains GBM (GBM à cellules géantes) présentent une posivité
Les GBM se caractérisent par une expression constante des des marqueurs neuronaux et tout spécialement de la ␤III tubuline
marqueurs astrocytaires GFAP et PS100 (cette dernière, rarement (Martinez-Diaz et al., 2003). La protéine neurofilamentaire (NFP) a
utilisée en pratique a une expression généralement superposable été exceptionnellement observée dans ces tumeurs par les mêmes
à celle de la GFAP). L’expression de la GFAP est variable en inten- auteurs (Martinez-Diaz et al., 2003). Cependant, la réalisation d’une
sité d’une cellule tumorale avec parfois des aspects de « dégradés » étude immunohistochimique systématique avec des anticorps diri-
caractéristiques (Fig. 1F). Cet aspect diffère de celui observé dans gés contre les marqueurs neuronaux (synaptophysine, NFP) dans
les oligodendrogliomes et dans les gliomes mixtes anaplasiques où une série de gliomes malins (GBM, oligoastrocytomes anapla-
des cellules fortement marquées contrastent avec d’autres, dépour- siques) a conduit l’équipe de l’hôpital Sainte-Anne à individualiser
vues de marquage. Il existe également une expression constante de une nouvelle entité tumorale : les tumeurs glioneuronales malignes
Olig2 mais le pourcentage de cellules marquées varie d’un GBM à (TGNM, Varlet et al., 2004). Ces tumeurs, qui regroupent les GBM
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à cellules géantes, les xanthoastrocytomes pléiomorphes (PXA) de 3.1. Glioblastomes à petites cellules
grade III mais également d’autres gliomes malins dont les aspects
histologiques et neuroradiologiques peuvent être similaires dans Ces tumeurs se caractérisent par une prolifération monomorphe
certains cas aux GBM, se caractérisent par une expression en immu- de cellules arrondies ou ovoïdes à haut rapport nucléocytoplas-
nohistochimie de la NFP dans des cellules tumorales d’allure gliale mique (Fig. 1H). Les noyaux sont hyperchromatiques et les mitoses
dont certaines sont en mitoses (Fig. 1G). nombreuses. La GFAP est peu exprimée (Perry et al., 2004). L’index
Cette entité n’est pas reconnue par la classification de de prolifération est élevé. Ces tumeurs doivent être distinguées
l’OMS 2007 sans doute du fait de sa trop grande hétérogénéité et des oligodendrogliomes anaplasiques et des PNET. Les oligoden-
de l’absence de critère morphologique diagnostique puisque dans drogliomes anaplasiques présentent en général une expression
certains cas le diagnostic repose uniquement sur l’expression de diffuse et intense de Olig2 dans toutes les cellules tumorales et
la NFP. Cette difficulté est majorée par la non-reproductibilité des une expression de l’internexine ␣ s’ils présentent une codélétion
techniques immunohistochimiques d’un centre à l’autre. 1p19q (Ducray et al., 2009). Les PNET présentent le plus souvent
une expression des marqueurs neuronaux.
2.2. Protéines du cycle cellulaire et récepteurs de facteurs de
croissance 3.2. Glioblastomes avec cellules lipidisées

La fraction de prolifération évaluée avec l’anticorps anti- Certains GBM renferment un nombre important de cellules de
Ki67/Mib1 est généralement élevée dans les GBM (15 à 20 % en grande taille parfois multinucléées avec des cytoplasmes surchar-
moyenne ; Kleihues et al., 2007). Cependant, cette fraction de pro- gés en lipides (Kepes et Rubinstein, 1981). Ces tumeurs doivent
lifération peut varier considérablement d’un territoire à l’autre être distinguées des PXA. Le diagnostic de PXA doit être évoqué si la
et une fraction de prolifération basse n’élimine pas le diagnos- tumeur est superficielle chez un adulte jeune a fortiori s’il existe des
tic. Les GBM peuvent exprimer p53 ou encore EGFR (chapitre remaniements inflammatoires, des corps granuleux et une trame
« Oncogenèse et bases biologiques », dans ce numéro). Une forte réticulinique marquée.
expression d’EGFR conforte le diagnostic de GBM (mais elle peut
également être observée dans les gliomes mixtes et les oligoden- 3.3. Glioblastomes avec structures épithéliales et hétérologues
drogliomes anaplasiques).
Dans les GBM, il existe une excellente corrélation entre une forte Des structures épithéliales adénoïdes d’aspect glandulaire ou
expression de l’EGFR (défini par l’intensité du marquage de 1 à 4 × encore épidermoïde, exprimant les kératines peuvent être rare-
pour le pourcentage des cellules marquées ; Hirsch et al., 2003) et ment observées dans les GBM. Le diagnostic différentiel se pose
l’amplification du gène (Coulibaly et al., 2010). En revanche, cette alors avec une métastase par un carcinome. La positivité focale de
corrélation n’existe pas dans les gliomes à composante oligoden- la GFAP ou encore de Olig2, permettent de faire le diagnostic. De
drogliale (Reifenberger et al., 1996). La valeur pronostique d’une même, du cartilage ou encore des foyers de métaplasie osseuse
forte expression de l’EGFR dans le sous-groupe des GBM est incons- peuvent être exceptionnellement être observées dans les GBM.
tante. Chez les sujets de moins de 60 ans une augmentation de
l’expression du REGF serait associée à une diminution de la survie 3.4. Glioblastome avec contingent oligodendroglial (GBMO)
globale (Coulibaly et al., 2010 ; Smith et al., 2001).
Certains GBM expriment fortement p53 mais là encore la valeur La classification de l’OMS 2007 regroupe sous ce terme deux
pronostique est controversée (Kleihues et al., 2007). aspects morphologiques : les GBM qui comportent deux territoires
Il n’y a pas d’intérêt à détecter en routine les autres mar- distincts associant des foyers typiques de GBM et d’autres simi-
queurs du cycle cellulaire, cibles des altérations génétiques des laires à un oligodendrogliome anaplasique. Ces tumeurs peuvent
GBM comme p16, CDK4, cycline D1, Mdm2. . .). De même l’intérêt combiner les altérations génétiques des oligodendrogliomes et des
pronostique de la détection de l’expression de MGMT en immuno- GBM (He et al., 2001).
histochimie reste controversée (cf. chapitre « Oncogenèse et bases L’autre aspect morphologique est représenté par des gliomes
biologiques », dans ce numéro). mixtes avec nécrose. Ces tumeurs auraient un pronostic intermé-
diaire entre les gliomes mixtes de grade III et les GBM classiques
(Miller et al., 2006) mais sont assimilées à des grades IV. Elles
2.3. IDH1/IDH2 doivent être distinguées des authentiques oligodendrogliomes ana-
plasiques avec nécrose qui restent de grade III, la nécrose n’ayant
Dans le groupe des GBM, des mutations de IDH1/IDH2 sont pas de signification péjorative dans les oligodendrogliomes purs
l’apanage des GBM secondaires. Les premières études immu- (Miller et al., 2006).
nohistochimiques avec un anticorps dirigé contre la forme Il est cependant impératif de confirmer ces résultats et de définir
mutée de IDH1 montrent dans les tumeurs présentant une des critères plus objectifs de diagnostic. La détection systéma-
mutation de IDH1 une expression homogène cytoplasmique de tique de l’expression de p53, de l’internexine ␣ et des mutations de
l’immunomarquage (Capper et al., 2009). L’utilisation en routine de IDH1/2 dans ces tumeurs devraient permettre d’établir des sous-
ce marqueur devrait permettre d’identifier aisément les différents groupes plus homogènes et d’évaluer leur pronostic.
sous-groupes de GBM selon leur statut de IDH1. De plus, en cas de
doute diagnostic, une expression de IDH1 au sein d’une tumeur per- 4. Les deux variants de glioblastome : glioblastomes à
mettra d’exclure une tumeur non gliale (cf. chapitre « Oncogenèse cellules géantes et gliosarcome
et bases biologiques », dans ce numéro).
4.1. Glioblastomes à cellules géantes
3. Glioblastome avec aspect architectural particulier et
diagnostic différentiel Ces tumeurs, de topographie corticale, surviennent essentielle-
ment chez le sujet jeune. Elles se caractérisent par des cellules de
Ces GBM dont le pronostic ne diffère pas des autres GBM peuvent grande taille, pléiomorphes, à noyaux atypiques souvent multiples.
parfois poser des problèmes de diagnostic différentiel, d’où l’intérêt Les cytoplasmes présentent des remaniements xanthémateux. Il
de les reconnaître. existe fréquemment des infiltrats inflammatoires mononucléés et
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une trame réticulinique. Cette dernière, comme dans les PXA, est Références
sans doute le reflet de l’infiltration méningée. En fait, ces tumeurs
pourraient représenter une forme plus agressive de PXA et peuvent Biernat, W., Aguzzi, A., Sure, U., Grant, J.W., Kleihues, P., Hegi, M.E., 1995. Identical
mutations of the p53 tumor suppressor gene in the gliomatous and the sarco-
exprimer les marqueurs neuronaux (Varlet et al., 2004). Ces GBM matous components of gliosarcomas suggest a common origin from glial cells.
présentent souvent des mutations de TP53 et de PTEN mais pas de J. Neuropathol. Exp. Neurol. 54 (5), 651–656.
délétion de p16 INK4 ou d’amplification du REGF (Peraud et al., 1999). Bouvier, C., Bartoli, C., Aguirre-Cruz, L., Virard, I., Colin, C., Fernandez, C., et al., 2003.
Shared oligodendrocyte lineage gene expression in gliomas and oligodendrocyte
Ces GBM sont classiquement de meilleur pronostic sans doute progenitor cells. J. Neurosurg. 99 (2), 344–350.
du fait d’une exérèse chirurgicale totale réalisable dans certains Colin, C., Virard, I., Baeza, N., Tchoghandjian, A., Fernandez, C., Bouvier, C., et al.,
cas. 2007. Relevance of combinatorial profiles of intermediate filaments and trans-
cription factors for glioma histogenesis. Neuropathol. Appl. Neurobiol. 33 (4),
431–439.
4.2. Les gliosarcomes Capper, D., Weibert, S., Balss, J., Habel, A., Meyer Jäger, D., et al., 2009. Characteriza-
tion of R132H mutation-specific IDH1 antibody binding in brain tumors. Brain
Pathol. [epub ahead of print].
Cette tumeur a un aspect biphasique avec alternance de cellules
Coulibaly, B., Nanni, I., Quilichini, B., Gaudart, J., Metellus, P., Fina, F., et al., 2010. EGFR
souvent globuleuses à cytoplasme éosinophile et de cellules plus in glioblastomas: correlation between gene copy number and protein expression
fusiformes d’aspect mésenchymateux. Les marqueurs gliaux sont and impact on prognosis. Hum. Pathol. 41 (6), 15–23.
souvent sélectivement exprimés dans les cellules à cytoplasmes Ducray, F., Criniere, E., Idbaih, A., Mokhtari, K., Marie, Y., Paris, S., et al., 2009. Alpha-
internexin expression identifies 1p19q codeleted gliomas. Neurology 72 (2),
éosinophiles alors que la vimentine est exprimée par toutes les 156–161.
cellules tumorales. La réticuline, l’alpha-actine sont abondantes Feigin, I., Allen, L.B., Lipkin, L., Gross, S.W., 1958. The endothelial hyperplasia of the
dans les territoires mésenchymateux. Les mitoses, fréquentes, sont cerebral blood vessels with brain tumors, and its sarcomatous transformation.
Cancer 11 (2), 264–277.
présentes dans les deux territoires. Comme les autres GBM, des He, J., Mokhtari, K., Sanson, M., Marie, Y., Kujas, M., Huguet, S., et al., 2001. Glio-
remaniements nécrotiques et une prolifération microvasculaire blastomas with an oligodendroglial component: a pathological and molecular
sont présents. study. J. Neuropathol. Exp. Neurol. 60 (9), 863–871.
Hirsch, F.R., Varella-Garcia, M., Bunn P.A.Jr., Di Maria, M.V., Veve, R., Bremmes, R.M.,
Ces tumeurs sont monoclonales et les altérations génétiques et al., 2003. Epidermal growth factor receptor in non-small-cell lung carcinomas:
sont similaires dans le contingent glial et mésenchymateux (Biernat correlation between gene copy number and protein expression and impact on
et al., 1995). Le contingent mésenchymateux a initialement été prognosis. J. Clin. Oncol. 21 (20), 3798–3807.
Kelly, P.J., Daumas-Duport, C., Scheithauer, B.W., Kall, B.A., Kispert, D.B., 1987. Stereo-
attribué à la transformation maligne de la prolifération microvas- tactic histologic correlations of computed tomography- and magnetic resonance
culaire (Feigin et al., 1958). imaging-defined abnormalities in patients with glial neoplasms. Mayo Clin. Proc.
En fait, il pourrait s’agir de la transformation maligne d’une cel- 62 (6), 450–459.
Kepes, J.J., Rubinstein, L.J., 1981. Malignant gliomas with heavily lipidized (foamy)
lule souche totipotente susceptible de produire des cellules gliales
tumor cells: a report of three cases with immunoperoxidase study. Cancer 47
mésenchymateuses ou même épithéliales ; la présence de struc- (10), 2451–2459.
tures épithéliales étant plus fréquente dans les gliosarcomes que Kleihues, P., Aldape, K.D., Brat, D.J., Biernat, W., Bigner, D.D., et al., 2007. Glioblas-
dans les GBM ordinaires (cf. infra). Bien que non analysé de façon toma. In: WHO classification of tumours of the central nervous system. IARC
Press, Lyon, pp. 33–49.
indépendante, ces tumeurs pourraient présenter le profil mésen- Louis, D.N., Ohgaki, H., Wiestler, O.D., Cavenee, W.K., Burger, P.C., Jouvet, A., et al.,
chymateux décrit par Phillips et al. (2006). 2007. The 2007 WHO classification of tumours of the central nervous system.
Les gliosarcomes présentent un profil génétique plus proche Acta Neuropathol. 114 (2), 97–109.
Martinez-Diaz, H., Kleinschmidt-DeMasters, B.K., Powell, S.Z., Yachnis, A.T., 2003.
des GBM secondaires que des GBM primaires. En effet, Reis et al. Giant cell glioblastoma and pleomorphic xanthoastrocytoma show different
(2000) rapportent des mutations de TP53 dans 23 %, des mutations immunohistochemical profiles for neuronal antigens and p53 but share reac-
de PTEN dans 38 %, des délétions de p16 INK4 dans 37 % mais pas tivity for class III beta-tubulin. Arch. Pathol. Lab. Med. 127 (9), 1187–1191.
Miller, C.R., Dunham, C.P., Scheithauer, B.W., Perry, A., 2006. Significance of necrosis
d’amplification de l’EGFR. in grading of oligodendroglial neoplasms: a clinicopathologic and genetic study
Malgré un aspect macroscopique trompeur simulant une bonne of newly diagnosed high-grade gliomas. J. Clin. Oncol. 24 (34), 5419–5426.
limitation, le pronostic des gliosarcomes ne diffère pas des autres Peraud, A., Watanabe, K., Schwechheimer, K., Yonekawa, Y., Kleihues, P., Ohgaki,
H., 1999. Genetic profile of the giant cell glioblastoma. Lab. Invest. 79 (2),
GBM (Kleihues et al., 2007). De ce fait, leur individualisation comme 123–129.
variant de GBM est discutable. Perry, A., Aldape, K.D., George, D.H., Burger, P.C., 2004. Small cell astrocytoma: an
En conclusion, les aspects morphologiques des GBM reflètent, aggressive variant that is clinicopathologically and genetically distinct from
anaplastic oligodendroglioma. Cancer 101 (10), 2318–2326.
en outre, leur comportement biologique (invasion, prolifération
Phillips, H.S., Kharbanda, S., Chen, R., Forrest, W.F., Soriano, R.H., Wu, T.D., et al.,
et angiogenèse) mais également leur histogenèse. Le pléiomor- 2006. Molecular subclasses of high-grade glioma predict prognosis, delineate a
phisme cellulaire et la différentiation divergente peuvent être le pattern of disease progression, and resemble stages in neurogenesis. Cancer Cell
reflet de la présence simultanée de cellules souches et de leur pro- 9 (3), 157–173.
Reifenberger, J., Reifenberger, G., Ichimura, K., Schmidt, E.E., Wechsler, W., Col-
génie. Cependant, les altérations génétiques peuvent également lins, V.P., 1996. Epidermal growth factor receptor expression in oligodendroglial
induire une dédifférenciation cellulaire. La détection systéma- tumors. Am. J. Pathol. 149 (1), 29–35.
tique de certains marqueurs aisément réalisables en routine Reis, R.M., Konu-Lebleblicioglu, D., Lopes, J.M., Kleihues, P., Ohgaki, H., 2000. Genetic
profile of gliosarcomas. Am. J. Pathol. 156 (2), 425–432.
devrait permettre de définir des catégories plus homogènes de Smith, J.S., Tachibana, I., Passe, S.M., Huntley, B.K., Borell, T.J., Iturria, N., et al.,
patients. 2001. PTEN mutation, EGFR amplification, and outcome in patients with ana-
plastic astrocytoma and glioblastoma multiforme. J. Natl. Cancer Inst. 93 (16),
1246–1256.
Conflit d’intérêt Varlet, P., Soni, D., Miquel, C., Roux, F.X., Meder, J.F., Chneiweiss, H., et al., 2004.
New variants of malignant glioneuronal tumors: a clinicopathological study of
Les auteurs n’ont pas transmis de conflit d’intérêt. 40 cases. Neurosurgery 55 (6), 1377–1391 [discussion 1391–2].

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