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LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

LE CADRE INITIAL DU
DIALOGUE POLITIQUE
BODO WEBER ET AGRON BAJRAMI

Berlin – Pristina
mai 2018

1
LE CADRE INITIAL DU
DIALOGUE POLITIQUE
BODO WEBER ET AGRON BAJRAMI

Berlin – Pristina
mai 2018
11 → Le cadre initial du dialogue politique

2 → R
 econnaître la réalité: la question de la reconnaissance du
Kosovo par la Serbie 06PRÉFACE

07 RÉSUMÉ
SYNTHÉTIQUE

09 11
LE CADRE
3 → Le chemin du Kosovo vers l’ONU et l’UE

INTRODUCTION INITIAL DU
→ La protection colective ethnique comme moyen de (dés)
4 intégration: l’Association/Communauté des municipalités à DIALOGUE
majorité serbe

12 15
POLITIQUE
5 → Q
 u’est-ce que le Kosovo peut offrir à la Serbie? Les questions
bilatérales dans les négociations sur un accord global
LE COTÉ UE DE LE COTÉ SERBE
L’ACCORD DE L’ACCORD

17 20
LE COTÉ L’ACCORD GLOBAL:
Auteurs:
Bodo Weber et Agron Bajrami KOSOVAR DE LA PHASE DE PRÉ-
Traduit par: L’ACCORD NÉGOCIATION
Nicole C. Osuji

23
Edition:
Kirsty Campbell ; le comité éditorial de DPC (anglais) ; Loïc Tregoures (français)

Berlin – Pristina CONCLUSIONS


mai 2018

Cette série de notes d’orientation fait partie du projet de dialogue et de plaidoyer « Renforcer la perspective kosovare –
Négociations pour un accord final et global entre le Kosovo et la Serbie », organisé conjointement par le Democratization
Policy Council (DPC, Berlin), la Kosovo Foundation for Open Society (KFOS, Pristina) et le Group for Legal and Political
Studies (GLPS, Pristina), avec le soutien de la KFOS.
LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

RÉSUMÉ SYNTHÉTIQUE
PRÉFACE
Suite aux violences qui éclatèrent dans le nord du l’UE et le Kosovo , vers une politique plus pragma-
Kosovo à l’été 2011, la Chancelière allemande Angela tique et réaliste. Cela a défini le cadre et les objectifs
Cette note est la première d’une série de notes d’ori- Au travers d’activités variées, le projet vise à ouvrir Merkel s’empara du leadership européen sur le sujet finaux du dialogue politique à venir : intégrité terri-
entation qui seront publiées au cours de cette année, la voie à un processus de dialogue entre décideurs du différend entre le Kosovo et la Serbie. Ceci changea toriale, souveraineté et exercice complet de la per-
traitant de la nouvelle phase du dialogue politique, politiques kosovars, acteurs de la société civile, et di- la donne dans les efforts déjà prolongés que menait sonnalité juridique internationale pour le Kosovo,
mené par l’UE, entre le Kosovo et la Serbie. Cette série rigeants occidentaux sur la position du Kosovo au sein l’Occident pour promouvoir un accord. Une tenta- ainsi que le développement de relations bilatérales
va spécifiquement aborder les négociations en vue des négociations à venir. Au lieu d’offrir des recom- tive de résolution de la dispute par le biais d’une ap- normales entre la Serbie et le Kosovo. Ce cadre a été
d’un accord final, global et juridiquement contraig- mandations toutes faites sur la position de négocia- proche de médiation conflictuelle classique avait déjà renforcé et défini en de plus amples détails, d’abord
nant concernant la normalisation totale des relations tion du Kosovo, les notes d’orientation ont l’intention échouée en 2007, avec l’effondrement de la négocia- en septembre 2012 par le plan en sept points du
entre les deux pays. Elle couvrira les aspects et élé- de servir de catalyseur pour des dialogues et débats tion dite de la Troïka (menée par les États-Unis, l’UE et groupe Schockenhoff composé de parlementaires
ments les plus importants d’un futur accord potentiel intenses et fructueux. En utilisant cette approche, les la Russie) et le refus serbe du plan Ahtisaari. Ceci était allemands, puis par l’accord d’avril 2013, et enfin
d’un point de vue à la fois kosovar et international, auteurs ainsi que les organisateurs du projet global dû à la politique virtuelle de Belgrade concernant le par les aspects relatifs au dialogue au sein du cadre
dans le cadre d’un projet plus large de dialogue et de visent à aider à dépasser les restrictions structurelles Kosovo, menée des décennies durant, qui consistait de négociation d’adhésion de l’UE avec la Serbie en
plaidoyer nommé Renforcer la perspective kosovare concernant les négociations à venir sur un accord final seulement à insister sur le statut du Kosovo comme 2014.
– Négociations pour un accord final et global entre le et global. Leur objectif final est de contribuer à une étant une partie de la Serbie, tout en n’acceptant pas
Kosovo et la Serbie , organisé par le Democratization solution durable au différend entre le Kosovo et la sérieusement la majorité albanaise de la population Le dialogue politique a cependant inclus une con-
Policy Council (DPC, Berlin), la Kosovo Foundation Serbie, solution qui mettra un terme au statut d’États comme des citoyens de même rang. Cette politique cession inhérente à Belgrade: son approche pro-
for Open Society (KFOS) et le Group for Legal and Po- inachevés des deux pays, et qui créera également les laissait donc comme seule solution potentiellement gressive était supposée faciliter l’ajustement do-
litical Studies (GLPS, tous deux basés à Pristina). conditions préalables à une paix durable dans la ré- viable et durable à la dispute relative au statut, la for- mestique de la politique du gouvernement serbe
gion, ainsi que pour la transformation démocratique malisation du fait que la Serbie avait effectivement et du discours public à propos de l’indépendance
durable à la fois du Kosovo et de la Serbie. perdu le Kosovo, au travers de sa déclaration d’in- du Kosovo, dans le but de permettre l’avancée de la
dépendance. Serbie dans son chemin vers l’adhésion à l’UE. En
2013, les dirigeants serbes se sont engagés de façon
Durant sa conférence de presse d’août 2011 avec constructive dans le dialogue et ont changé leur
le Président serbe de l’époque Boris Tadić, Angela discours concernant le Kosovo d’une façon inédite.
Merkel, vivement soutenue par le Royaume-Uni Pourtant, l’UE a autorisé la Serbie, puis le Kosovo, à
et les États-Unis, a explicitement lié d’une part, la continuellement retarder la mise en œuvre en pra-
reconnaissance par la Serbie de l’indépendance du tique des mesures convenues. Belgrade a de cette
Kosovo, et d’autre part, les aspirations d’accession façon gâché l’opportunité offerte par le processus,
à la qualité d’État membre de l’UE de la Serbie. Ce en reprenant à l’inverse progressivement l’espoir
faisant, elle a impulsé un changement dans les re- que l’acceptation de l‘indépendance du Kosovo
lations entre l’UE et la Serbie, qui jusqu’à présent pourrait être évitée.
reposait sur une politique serbe virtuelle de à la fois

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LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

INTRODUCTION
Dès lors, l’approche progressive de l’UE s’est engluée
dans un immobilisme croissant, sans aucune résolu-
tion en vue. Une nouvelle phase a été annoncée en
juillet 2017, encadrant les négociations autour d’un
accord final, global et juridiquement contraignant,
avec la normalisation totale entre le Kosovo et la “Nouvelle phase » a été
Serbie comme seule option viable. Cependant, cette
phase n’a toujours pas été initiée, près d’un an plus
annoncée en juillet 2017, En juillet 2017, les parties au dialogue politique mené
par l’UE entre le Kosovo et la Serbie ont annoncé une
changement dans la rhétorique de Belgrade, tous
ces éléments ont obscurci les buts ultimes du dia-
tard, permettant à Belgrade, Bruxelles et Pristina de encadrant les négociations nouvelle phase dans les négociations, avec pour ob- logue. A cela s’ajoute le déclin drastique du soutien
s’en éloigner toujours plus. La Serbie, en particulier, jectif un accord final, global et juridiquement con- en faveur du dialogue pour une majorité de citoy-
s’est engagée dans d’inquiétantes acrobaties poli- autour d’un accord final, global traignant, pour une normalisation totale des rela- ens du Kosovo compte tenu des avantages visibles
tiques, en préconisant publiquement des solutions tions entre les deux pays des Balkans. Cela a marqué très limités obtenus jusque-là dans le cadre de ce
telles que la partition ou des échanges de territoires et juridiquement contraignant, le début d’une période intérimaire en amont du début processus.1
qui sortent totalement du cadre fixé par les capitales
européennes. Il semble qu’il y ait un malentendu
avec la normalisation totale des réelles négociations, période qui, à ce jour (mai
2018), dure depuis presque un an. L’UE n’ayant tou- Du point de vue des principaux acteurs politiques au
au sein de l’équipe des négociateurs principaux de entre le Kosovo et la Serbie jours pas publiquement annoncé de cadre de négoci- sein de l’UE et occidentaux plus largement, les condi-
l’UE, c’est-à-dire Federica Mogherini et son équipe, ation, ni les lignes rouges qu’elle compte y introduire, tions sous-jacentes et les buts finaux du dialogue poli-
puisque leur rôle est censé consister à maintenir et comme seule option viable et considérant que les autorités régionales, particu- tique restent valides, et de ce fait, devraient être mis
défendre les lignes rouges définies dans le cadre de lièrement celles de Belgrade, se sont engagées dans sur le devant de la scène et être contraignants à la fois
la négociation, et non pas seulement jouer le rôle de Pour une issue positive des négociations sur un d’intenses opérations de communication politique pour le Kosovo et la Serbie. L’accord initial a émergé
facilitateur de n’importe quel accord conclu entre accord exhaustif, ce qui préparerait le terrain à un sur le sujet, il existe une incertitude profonde et une à la suite de nombreux développements. En juillet
les deux parties. Différents organes de presse ont avenir pacifié et démocratique pour le Kosovo et confusion au Kosovo (mais également en Serbie et en 2010, le gouvernement serbe a perdu son recours
soulevé la question de savoir si Pristina serait sen- la Serbie, leur coexistence à la fois mutuellement Europe occidentale) à propos des véritables motifs se devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), quand
sible et réceptive aux pressions de Belgrade concer- bénéfique et porteuse d’opportunités de coopéra- cachant derrière ce désir de se précipiter vers l’abou- l’avis rendu n’a pas déclaré illégale au regard du droit
nant une partition. tion, et l’avenir de la région dans son ensemble, il est tissement du dialogue. international la déclaration d’indépendance du Koso-
essentiel que l’UE (et les États-Unis) réitèrent explic- vo, soutenue par les pays occidentaux en 2008. Bel-
itement le cadre initial du dialogue et ses objectifs. Ceci s’est ajouté à l’incertitude dominante concer- grade a subséquemment poussé pour une résolution
Il est également crucial que Pristina s’en tienne aux nant les objectifs ultimes du dialogue. Ce mouve- de l’Assemblée Générale des Nations Unies qui con-
termes selon lesquels elle est initialement entrée ment vers une nouvelle phase dans le dialogue a damnerait l’indépendance kosovare. Les gouverne-
dans le processus de dialogue. signifié la reconnaissance implicite du fait que la ments allemand et britannique ont par la suite signifié
précédente approche progressive quant à la nor- à Belgrade, et ce pour la première fois ouvertement,
malisation, au travers d’une série d’accords dont que dans le but de maintenir ses aspirations d’intégra-
celui d’avril 2013 ne devait initialement être que tion à l’UE, Belgrade devait accepter la réalité d’un
le premier, avait échoué. Les retards sans fin dans Kosovo indépendant. Ce coup de pression a eu pour
la mise en œuvre de l’accord d’avril 2013, la nature résultat l’établissement d’un dialogue technique en
fermée des négociations de Bruxelles, ainsi que le février 2011. L’instabilité violente au nord du Kosovo

1  Voir les données relatives à la perception citoyenne du dialogue sur le “Kosovo Security Barometer. Special Edition: Public Perceptions Towards Kosovo’s
Foreign Policy and Dialogue with Serbia,” Kosovar Centre for Security Studies, Pristina, février 2018, disponible ici: http://www.qkss.org/repository/docs/
KSB-2017-ForeignPolicy_364397.pdf.

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au cours de l’été 2011 a incité la chancelière allemande


Angela Merkel à saisir les dirigeants de l’UE au sujet de
la dispute entre le Kosovo et la Serbie. Pris ensemble,
ces évènements ont marqué un tournant dans ce pro- “Nouvelle phase » a été
cessus. Avoir fixé l’acceptation d’un Kosovo indépen-
dant dont l’intégrité territoriale est garantie comme
annoncée en juillet 2017,
condition explicite aux perspectives de candidature encadrant les négociations
de la Serbie à l’UE a conduit Belgrade à mettre fin à sa
politique transpartisane l’UE et le Kosovo et a fixé autour d’un accord final, global
le cadre pour le dialogue politique à venir. L’accord
d’avril 2013 ainsi que le cadre de négociation d’adhé- et juridiquement contraignant,
sion de 2014 de l’UE pour la Serbie, par exemple son
contenu et les mécanismes en lien avec le dialogue,
avec la normalisation totale
ont précisé ce cadre en de plus amples détails. entre le Kosovo et la Serbie
Cette note vise à mettre en évidence les termes per- comme seule option viable
tinents de l’accord du dialogue initial en vue des
négociations à venir concernant un accord final et
global. La première section se consacre au dévelop-
pement du dialogue initial et aux termes sur la base

LE CADRE
desquels le Kosovo, ainsi que la Serbie, ont conclu
l’accord. La deuxième section compare ces termes
à la rhétorique et au comportement des partenaires
du dialogue durant la période intérimaire actuelle

INITIAL DU
dans la nouvelle phase du dialogue. La section finale
tire des conclusions pour les négociations à venir,
dans le but de parvenir à un accord final, global et
juridiquement contraignant entre le Kosovo et la

DIALOGUE
Serbie concernant une normalisation totale de leurs
relations.

POLITIQUE
10 11
01
LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

reconnu la République du Kosovo – en utilisant le d’une certaine façon jetait déjà les bases du cadre des
nom officiel du Kosovo, qui n’était pas constitution- Accords d’avril 2013, se trouvaient les trois conditions
nellement accepté en Serbie. Pour finir, elle a présenté présentées auparavant par Angela Merkel. Ainsi, la
une série de trois conditions avec principalement le cinquième condition de Schockenhoff exigeait le

LE COTÉ UE DE
démantèlement des structures parallèles 3, condi- début d’un processus stable de démantèlement de
tionnant ainsi ouvertement pour la première fois structures parallèles dans les domaines de la sécurité
l’adhésion à l’UE à l’acceptation de l’indépendance du et de l’administration publique au nord du Kosovo, et
Kosovo et la transformation des relations entre la Ser- le financement de ces structures 6. Le septième point

L’ACCORD
bie et le Kosovo en une relation bilatérale et inter-éta- allait au-delà du début des négociations d’adhésion
tique. Le Ministre des Affaires étrangères allemand et demandait une normalisation juridiquement
Guido Westerwelle, durant une visite au Monténé- contraignante des relations avec le Kosovo, avec la
gro et au Kosovo deux semaines avant la visite de la perspective que la Serbie et le Kosovo, en tant que
chancelière, avait déjà souligné que l’Allemagne ne qu’États membres à part entière selon les traités de
négociera(it) pas l’intégrité territoriale des pays de la l’UE, puissent être en mesure d’exercer leurs droits
région et avait indiqué qu’une partition territoriale et remplir leurs obligations indépendamment et con-
du Kosovo n’était pas à l’ordre du jour4. jointement 7, cette normalisation devant être mise en
œuvre avant que la Serbie ne finalise ses négociations
En septembre 2012, suite à la victoire de la nouvelle d’adhésion.
Pendant longtemps, les principaux acteurs de l’UE seulement de celui des cinq pays qui ne l’avaient pas coalition entre le Parti Progressiste Serbe (SNS) et le
avaient évité de prendre le risque de dégrader leur re- reconnu 2. Parti Socialiste Serbe (SPS) aux élections présidenti- Durant la conférence de presse du groupe à Belgrade,
lation avec la Serbie en confrontant directement Bel- elles et parlementaires, et en amont du début du dia- Schockenhoff a de plus déclaré que le problème de la
grade quant à sa position sur le statut du Kosovo. Les Ce fut toutefois l’incident de l’été 2011 qui, de manière logue politique à Bruxelles, le groupe dit de Schock- frontière externe de l’UE doit être résolue au moment
altercations violentes entre les Serbes du Kosovo et ultime, démontra aux capitales de l’UE que la poli- enhoff– un groupe de parlementaires CDU-CSU dirigé où la Serbie entre dans l’Union8. Selon les explications
les forces de police kosovares dans un premier temps, tique du maintien d’un statu quo n’était plus tena- par Andreas Schockenhoff, à l’époque vice-président d’un membre du groupe Schockenhoff, durant leurs
puis les troupes de la KFOR au nord du Kosovo ensuite ble. La prise de contrôle de la chancelière allemande du groupe parlementaire conservateur et un allié réunions officielles à Belgrade, et durant une visite
durant l’été 2011, ont convaincu les principaux États Merkel et de son gouvernement, fortement soutenue proche d’Angela Merkel– a publié un plan en sept à Pristina qui a suivi en février 2013, les parlemen-
membres de l’UE de la nécessité de changer d’ap- par le Royaume-Uni et les États-Unis, changea la don- points: une liste de conditions à remplir par la Serbie taires CDU-CSU ont clairement exprimé leurs attentes
proche. Cela a permis de préparer le terrain pour le ne. Au cours d’une mémorable conférence de presse avant d’être autorisée à commencer les négociation quant au résultat final du dialogue: intégrité territo-
dialogue politique. Les tensions déjà existantes dans le 23 août 2011 à Belgrade, en compagnie du Président d’adhésion5. Le même mois, le groupe Schockenhoff riale complète et souveraineté du Kosovo, exercice
la relation UE-Serbie, à la suite des conséquences de de l’époque Boris Tadić, Angela Merkel présenta qua- s’est rendu à Belgrade, où il a rencontré des hauts total de sa personnalité juridique internationale, et
l’avis de juillet 2010 de la CIJ, ont également contribué tre points qui ont défini le cadre et le résultat final du représentants du gouvernement et a publiquement normalisation totale des relations entre la Serbie et le
à ce changement de politique. Durant sa visite à Bel- futur dialogue politique. Dans un premier temps, elle exposé son plan. Au cœur du plan en sept points, qui Kosovo vers une relation bilatérale 9.
grade en septembre 2010, le Ministre des Affaires se référa au cas de Chypre comme d’un enseigne-
étrangères britannique de l’époque, William Hague, ment de ce qu’il ne faut pas reproduire en matière
3  Les deux autres conditions, outre le début du démantèlement des institutions d’État serbes sur le territoire kosovar, concernaient le progrès dans le dialogue
a signalé la fin de la politique UE et Kosovo du gou- d’intégration européenne. Deuxièmement, elle rap- technique, particulièrement lié à la gestion des frontières, et l’accès au Nord du Kosovo pour la mission EULEX. Mme Merkel a présenté l’accomplissement de
vernement serbe– politique qui incluait du lobbying pela le besoin de régler le différend entre la Serbie et ces conditions comme nécessaire pour la Serbie afin de se voir accorder le statut d’État candidat. Voir la retranscription de la conférence de presse Tadić-Merkel
ici: https://www.bundeskanzlerin.de/ContentArchiv/DE/Archiv17/Mitschrift/Pressekonferenzen/2011/08/2011-08-23-pk-merkel-tadic.html.
auprès des États membres qui n’avaient pas reconnu le Kosovo tôt et en amont de l’avancée de la Serbie 4  “Nemačka: Nema pregovora o granicama,” B92, 9 août 2011, disponible ici: https://www.b92.net/info/vesti/index.php?yyyy=2011&mm=08&dd=09&nav_
id=530869; “Merkel stellt Serbien Bedingungen,” FAZ, 23 août 2011, disponible ici: http://www.faz.net/aktuell/politik/europaeische-union/eu-kandidatensta-
le Kosovo– en notant que pour que la Serbie puisse en- vers l’adhésion, en reconnaissant qu’une résolution tus-merkel-stellt-serbien-bedingungen-11108819.html.
trer dans l’UE, elle avait besoin du soutien des vingt- serait un processus de longue durée. Troisièmement, 5  Le Bundestag allemand doit approuver chaque étape dans l’intégration européenne.
deux pays qui avaient reconnu le Kosovo, et non pas elle souligna à deux reprises que l’Allemagne a(vait) 6  Andreas Schockenhoff, “Expectations concerning Serbia with regard to the start of accession negotiations,” 13 septembre 2012.
7 Ibid
8  Schockenhoff, “Pressestatement: Erwartungen an Serbien für eine Aufnahme von EU-Beitrittsverhandlungen,” Conférence de presse, 13 septembre 2012,
2  “’It would be good to withdraw resolution‘,” B92, 3 septembre 2010, disponible ici: https://www.b92.net/eng/insight/tvshows.php?yyyy=2010&m- Belgrade.
m=09&nav_id=69473. 9  Interview avec un ancien membre du groupe Schockenhoff, Berlin, mai 2018

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LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

Bien que l’accord d’avril 2013 ait évité de rendre ex- En plus du Chapitre 35, Berlin et Londres ont déclaré:
plicite le cadre et les buts du dialogue, notamment

LE COTÉ SERBE DE
car la créativité ambigüe du SEAE a laissé l’aspect “La conditionnalité de la normalisation doit être
légal du document indéterminé, l’accord a suivi les fortement rappelée à chaque chapitre de négocia-
jalons précédemment posés. Ainsi, la police au nord tion… Cela permettrait de s’assurer que la normal-
du Kosovo devait être intégrée au sein de la Police isation soit abordée dans tous les chapitres où la

L’ACCORD
du Kosovo, le système judiciaire au sein du cadre ju- question du Kosovo est pertinente.
diciaire du Kosovo et les municipalités devaient être
établies selon le droit du Kosovo. En même temps, L’article 38 du cadre de négociation reprend en-
la Serbie s’est engagée à ne pas bloquer le chemin du tièrement cette idée:
Kosovo vers l’UE, dans la mesure où l’UE n’accepte
en tant que membres que des États indépendants10. “Dans tous les domaines de l’Acquis, la Serbie doit
s’assurer que sa position sur le statut du Kosovo ne
Le cadre des négociations d’adhésion entre l’UE et la crée pas d’obstacle ni n’interfère avec sa mise en œu-
Serbie conclu en janvier 2014 a établi les conditions vre de l’Acquis. Dans le cadre de ses efforts d’aligne- En Serbie, l’annonce de la chancelière Merkel qui, en œuvre les accords déjà existants issus du dialogue en-
sous-jacentes et les objectifs finaux du dialogue poli- ment avec l’Acquis de l’UE, la Serbie doit en particulier août 2011, a marqué un tournant dans les conditions tre la Serbie et le Kosovo.13
tique d’une manière plus développée que l’accord s’assurer que la législation adoptée, de part son éten- liées au Kosovo pour l’intégration du pays à l’UE, fut
conclu en avril 2013. Le cadre a défini la question du due géographique, ne s’oppose pas à la normalisation suffisamment claire pour ne laisser aucune place à la Malgré cela, un précédent historique fut créé lorsque
Kosovo comme l’une des pré-conditions clés à l’adhé- totale des relations avec le Kosovo.11 confusion. Tomislav Nikolić, alors président du plus le nouveau Premier ministre, Ivica Dačić, rencontra
sion, au même titre que le respect de l’État de droit. grand parti d’opposition, le SNS, fit une déclaration son homologue kosovar, Hashim Thaçi en octobre
L’objectif est la normalisation totale des relations en- Cela signifiait en pratique que la Serbie, à travers publique à propos de l’utilisation par l’UE de la recon- 2012, à l’occasion de l’ouverture officielle du dialogue
tre la Serbie et le Kosovo, sous la forme d’un accord l’alignement de sa législation avec l’Acquis européen naissance de l’indépendance du Kosovo par la Serbie politique à Bruxelles. Le projet de plateforme du gou-
juridiquement contraignant… avec la perspective dans les domaines couverts par les 34 premiers comme condition à l’adhésion. En réponse, le vice-Pre- vernement serbe pour les négociations d’un accord
de pouvoir à la fois exercer leurs droits en totalité chapitres des négociations d’adhésion, était obligée mier ministre Ivica Dačić déclara: avec Pristina, daté de décembre 2012, représentait
et s’acquitter de leurs responsabilités. Cela devait d’exclure le territoire du Kosovo de ses institutions une dernière tentative pour maintenir la position na-
être garanti par l’ajout d’un chapitre de négociation étatiques et de sa législation. “Bien sûr que ce ne sera pas conditionné en tant que tionaliste traditionnelle du Kosovo comme étant une
d’adhésion supplémentaire (le Chapitre 35) concer- tel [la reconnaissance du Kosovo comme condition province serbe, tout en adhérant simultanément à
nant le Kosovo. La Grande Bretagne et l’Allemagne pleine à l’adhésion]. Mais on exigera le retrait de nos l’exigence de l’UE de “démanteler les structures par-
ont particulièrement insisté pour ajouter ce chapitre, institutions dans le Nord, la reconnaissance des points allèles”. Ainsi, la plateforme a insisté sur le fait que le
comme en témoigne leur position commune adoptée de douane comme frontières et ainsi de suite ... et ça, point de départ des négociations avec Pristina soit que
à l’automne 2013 à l’occasion des négociations au sein où cela nous mène-t-il?”12 “la République de Serbie ne reconnaît pas et ne recon-
de l’UE en vue de parvenir à la version finale du doc- naîtra jamais la déclaration unilatérale de ‘l’indépen-
ument. Un an plus tard, suite à la victoire du SNS lors des élec- dance’ du Kosovo.” En même temps, le document
tions, le nouveau président du parti (et ministre de la proposait que l’armée serbe, avec l’armée albanaise et
Défense), Aleksandar Vučić, déclara que le gouver- les troupes de l’UE, servent de garants de la sécurité
nement dirigé par le SNS allait mener une politique de et du statut démilitarisé de la province autonome du
non-reconnaissance du Kosovo . Il a en même temps Kosovo14.
souligné que son parti avait l’intention de mettre en

10  “First agreement of principles governing the normalization of relations” Bruxelles, 19 avril 2013: http://www.rts.rs/upload/storyBoxFileDa- 12  Selon: Beta, 2 septembre 2011
ta/2013/04/20/3224318/Originalni%20tekst%20Predloga%20sporazuma.pdf. 13  “Vučić: Naš posao je da ne priznamo Kosovo,” Deutsche Welle, 1er juillet 2012, disponible ici: http://www.dw.com/sr/vu%C4%8Di%C4%87-na%C5%A1-
11  Cadre de négociation. POSITION GÉNÉRALE DE L’UE. Réunion ministérielle ouvrant la Conférence Intergouvernementale sur l’Adhésion, 9 janvier 2014, posao-je-da-ne-priznamo-kosovo/a-16063744.
disponible ici: http://register.consilium.europa.eu/doc/srv?l=EN&t=PDF&gc=true&sc=false&f=AD%201%202014%20INIT. 14  Document officieux du gouvernement serbe, décembre 2012

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03
LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

Malgré l’insistance des autorités serbes sur leur poli- Réagissant à une déclaration de son homologue de
tique de non-reconnaissance du Kosovo, celles-ci Pristina, Thaçi, selon laquelle l’objectif du dialogue
changèrent presque entièrement leur position en était un siège aux Nations Unies pour le Kosovo, Dačić
seulement quelques semaines, en signant en avril a indiqué qu’il n’y avait plus de tabou, en notant:
2013 un accord qui a effectivement commencé l’in-
tégration du nord du Kosovo au sein de la Répub- “Si nous sommes d’accord, tout est possible. Nous ne
lique du Kosovo. Certains experts juridiques serbes nous en écartons pas et nous recherchons un accord

LE COTÉ KOSOVAR
ont estimé que ce changement constituait une re- global, mais pour qu’il [Thaçi] l’obtienne, il doit aussi
connaissance de facto de l’indépendance du Koso- donner quelque chose. Ce compromis doit satisfaire
vo, sinon une reconnaissance explicitement de jure. les deux parties.” 17
Simultanément, les leaders politiques entreprirent

DE L’ACCORD
de changer de rhétorique afin de préparer lentement L’ouverture des négociations d’adhésion de la Serbie
l’opinion publique à l’inévitable vérité quant à la perte a constitué l’étape cruciale suivante dans l’accepta-
du Kosovo. Dans un article historique publié dans tion de la réalité par les responsables serbes. Bien
l’hebdomadaire NIN en mars 2013, le Premier min- que le gouvernement serbe ait exercé, sans succès,
istre Dačić révéla que le Kosovo était un sujet tabou des pressions contre la clause de portée géographique
depuis une décennie, en admettant: imposée par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, elle a
néanmoins été respectée. Lors de l’examen bilatéral
“Nous nous mentions à nous-mêmes en pensant des chapitres d’adhésion au début des négociations
que le Kosovo était à nous et nous avons même d’adhésion, par exemple, les officiels serbes ont
rendu ce mensonge officiel sous la forme d’une présenté une liste de vins originaires de Serbie dans Les déclarations de la chancelière Merkel d’août avait clairement indiqué au Kosovo le fait que Berlin
Constitution. Aujourd’hui, cette même Constitu- le chapitre sur l’agriculture. La liste comprenait égale- 2011 à Belgrade ont été reçues au Kosovo comme considérait la question des changements de fron-
tion n’est d’aucune aide. Le président de la Serbie ment un vin du Kosovo. Belgrade a été invitée par la un soutien direct à la souveraineté et à l’intégrité tières comme close21.
ne peut pas aller au Kosovo, ni le Premier minis- Commission européenne à retirer ce vin de la liste, territoriale du pays. L’insistance de l’Allemagne
tre, ni les ministres, ni la police, ni l’armée.”15 demande à laquelle elle s’est conformée sans prob- pour que la Serbie démantèle ses structures par- Un autre point qui a rendu l’engagement allemand
lème.18 En revanche, au cours de cette période, la allèles dans le nord du Kosovo et sur le fait qu’une essentiel est le fait que, à cette époque, la KFOR était
Durant les jours menant à la signature de l’accord mise en œuvre de l’accord d’avril a été de plus en plus partition serait inacceptable a été perçue comme un dirigée par le général allemand Erhard Buhler, dont
d’avril, puis dans la foulée, Dačić et d’autres hauts re- retardée, retard qui a été accompagné de tentatives signal de Berlin clarifiant l’objectif du dialogue (qui les troupes ont vécu la crise de juillet 2011 dans le
sponsables du gouvernement ont déclaré que seule de la part des représentants du gouvernement de n’était alors que technique) qui était à ce moment-là nord du Kosovo. Selon le général Buhler, les ques-
l’armée serbe pouvait ramener le Kosovo sous dom- détourner le narratif autour du dialogue avec le Koso- déjà en crise.19 tions importantes pour le Kosovo étaient: “Qui con-
ination serbe, mais qu’il n’y avait aucune volonté de vo de son cadre initial. Ainsi, le gouvernement serbe a trôle le nord du Kosovo? Qui gouverne les frontières
la part de la population pour une telle action et que la notamment éliminé la clause de portée géographique Les déclarations de Merkel étaient également con- et les douanes?” Par conséquent, le général Buhler
politique serbe devait donc se concentrer sur la garan- de ses prises de position publiques, et a progressive- sistantes avec ce que les officiels du Kosovo avaient a appelé l’UE à intervenir et à résoudre la crise en
tie d’une vie normale, sans danger et d’un futur clair ment insisté sur le fait que l’accord d’avril était neutre entendu plus tôt de la part du ministre allemand des déclarant: “Seule l’Union européenne peut mener
pour les Serbes du Kosovo 16. par rapport au statut – une position qui n’apparaissait Affaires étrangères de l’époque, Guido Westerwelle ces négociations”.22
pas lendemain de sa signature. 20
. C’est Westerwelle lui-même qui, un an plus tôt,

19  Un mois plus tôt, à la suite de l’impossibilité de parvenir à un accord avec la Serbie sur les timbres douaniers, le gouvernement du Kosovo a envoyé ses
unités spéciales de police au nord du Kosovo, avec pour ordre de prendre le contrôle de deux points frontaliers avec la Serbie. Cela a précipité une crise qui a
soulevé des tensions dans le nord, et qui a arrêté le processus de dialogue.
20  Le 11 août 2011, le Ministre des Affaires étrangères allemand Westerwelle s’est rendu au Kosovo, dans le cadre de sa visite régionale, au cours de laquelle
15  Ivica Dačić, „Đinđić je priča o Srbiji“, NIN, 7 mars 2013 il s’est également rendu en Croatie et au Monténégro.
16  Ibid. 21  Voir le discours du Ministre des Affaires étrangères allemand Westerwelle au Parlement du Kosovo le 27 août 2010, disponible ici: https://www.auswaer-
17  “Dačić: Ne nudimo Kosovu mesto u UN,” Mondo.rs, 15 janvier 2018, disponible ici: http://mondo.rs/a274935/Info/Srbija/Dacic-Ne-nudimo-Kosovu- tiges-amt.de/en/Newsroom/100827-bm-pristina/232704.
mesto-u-UN.html. 22  Voir l’interview du général Buhler pour Der Spiegel, publié le 22 août 2011: http://www.spiegel.de/international/europe/peacekeeping-in-kosovo-the-
18  Interview avec des fonctionnaires de l’UE, Bruxelles, 2015 situation-is-still-tense-a-781613.html.

16 17
LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

Mais en juillet et août 2011, après seulement quatre une conférence de presse saluant l’accord comme un valeur importante, mais parce qu’il a été jugé néces-
mois de discussions, le Dialogue de Bruxelles a sem- document qui confirmait le statut du “Kosovo comme saire pour le soutien continu de l’Occident.33
blé être en crise profonde. Pour cette raison, le retour un État indépendant, et la Serbie comme un État in-
au dialogue a été l’une des trois revendications faites à dépendant.”30 Par la suite, l’accord a été rapidement Le seul parti qui s’est totalement et publiquement
Tadić par Merkel lors d’une réunion à Belgrade. Selon
“Maintenant, la Serbie ne sera plus envoyé au Parlement pour discussion et approbation. opposé à l’accord était Vetëvendosje ( autodétermi-
un ancien membre de l’équipe de dialogue du Koso- en mesure d’encourager les autres Au cours du débat parlementaire, le Premier minis- nation ) sous la direction de son leader, Albin Kurti.
vo, la réalité était alors que les négociations facilitées tre Thaçi a déclaré que l’accord “met officiellement Lors d’une conférence de presse au lendemain de
par l’UE s’effondraient et que seule l’intervention de à bloquer les tentatives d’adhésion fin aux structures parallèles” au Kosovo, assurerait la signature de l’accord, Kurti a déclaré que l’accord
la chancelière allemande a remis les choses sur les l’intégration des Serbes du Nord dans les institutions “détruisait le processus de construction étatique au
rails23.
[du Kosovo] aux organisations du Kosovo, “fonctionneront selon la loi constitution- Kosovo”, a accusé le Premier ministre Thaçi de “lég-
internationales. Toute tentative nelle du Kosovo et ne feront partie que de la chaîne de itimer la présence de la Serbie au Kosovo” et a averti
À l’inverse, le Kosovo ne recevait pas seulement du commandement [du Kosovo].” Il a également insisté que son parti lutterait contre l’accord “à l’intérieur et
soutien, mais aussi des pressions et des critiques. visant à faire obstacle à l’adhésion à sur le fait que l’accord garantissait que les demandes à l’extérieur du Parlement”. 34
Dans une déclaration publiée le 26 juillet 2011, le d’adhésion du Kosovo à toutes les organisations in-
département d’État américain a regretté que la ten- desorganisations internationales. ternationales seraient satisfaites sans autre entrave En conclusion, le temps écoulé entre l’intervention
tative kosovare “de prendre le contrôle des passages de la part de la Serbie, en indiquant: de la chancelière Merkel en 2011 d’un côté et les se-
HASHIM THAÇI, KRYEMINISTËR
frontaliers au nord du Kosovo n’aie pas été coordon- maines qui ont précédé l’accord d’avril 2013 de l’au-
née avec la communauté internationale”24. L’UE a “Maintenant, la Serbie ne sera plus en mesure tre, a été perçu au Kosovo comme une période de
également réagi, en déclarant que l’acte “n’aidait d’encourager les autres à bloquer les tentatives clarté accrue dans le processus de dialogue. Bien que
pas”. Maja Kočijančić, porte-parole de la chef de la poussés à se recentrer sur le processus de dialogue d’adhésion [du Kosovo] aux organisations inter- certains se soient opposés et aient critiqué les pour-
politique étrangère de l’UE de l’époque, Catherine avec des objectifs clairement définis, ce qui signifiait nationales. Toute tentative visant à faire obstacle parlers, la plupart étaient convaincus que le dialogue
Ashton, a déclaré: “(Nous) pensons que l’opération que les pourparlers devaient se poursuivre mais avec à l’adhésion à des organisations internationales était sur la bonne voie, et ils l’ont considéré comme
menée hier soir par les autorités du Kosovo n’a pas été l’assurance que l’intégrité territoriale du Kosovo ne constitue une violation de cet accord.”31 un processus ciblé visant clairement à engendrer la
utile. Cela n’a pas été fait en consultation avec la com- serait pas remise en question. Cette réalité s’est re- normalisation des relations entre le Kosovo et la Ser-
munauté internationale, et l’UE n’est pas d’accord.”25 flétée dans les déclarations publiques des représen- L’accord a été rapidement ratifié par le Parlement bie, sans remettre en question ni le statut du Kosovo
tants du Kosovo, qui ont insisté sur le fait que le di- du Kosovo, en dépit de certaines préoccupations ex- ni l’intégrité territoriale du pays.
Au Kosovo, les actions menées dans le nord ont été alogue n’avait pas d’alternative, et que Pristina était primées au sujet de l’Association des municipalités
examinées par les ambassadeurs des États du Quin- contre l’ouverture du plan Ahtisaari28. à majorité serbe– l’élément le plus important de l’ac- Cette opinion a été renforcée par le début du proces-
tet26 , qui ont exigé que le Premier ministre du Kosovo, cord.32 Il y avait une réticence générale envers l’accord sus d’intégration progressive du nord du Kosovo dans
Hashim Thaçi, coordonne les actions futures avec EU- L’accord d’avril 2013 a reçu des réactions mitigées au d’avril, mais la plupart des partis et des députés ont le système d’État du Kosovo. Pourtant, l’accord d’avril
LEX pour à la fois désamorcer les tensions et se réen- Kosovo. A Bruxelles, peu après la signature de l’ac- décidé de soutenir le processus en raison de la par- a lui-même été producteur d’incertitudes, en partic-
gager dans le dialogue de Bruxelles.27 cord, le Premier ministre de l’époque Hashim Thaçi ticipation des pays occidentaux. Les représentants ulier avec l’Association des municipalités à majorité
l’a qualifié de reconnaissance de jure du Kosovo de la de la LDK au Parlement sont allés jusqu’à dire qu’ils serbe: celle-ci a mis en péril (et continue de le faire) le
En conséquence, les dirigeants du Kosovo ont été part de la Serbie29. A son retour à Pristina, Thaçi a tenu soutenaient l’accord en principe parce qu’il avait les fonctionnement et l’intégrité du Kosovo et a fait de
garanties et le soutien des États-Unis et de l’UE . Ce sa souveraineté une question à nouveau ouverte au
sentiment a montré que l’accord avait essentielle- débat, au lieu d’en faire un fait mutuellement accepté
23  Évaluation par un ancien membre de l’équipe de dialogue du Kosovo, mai 2018 ment été voté non pas parce qu’il était considéré de et établi (même si officiellement non reconnu).
24  Communiqué du Département d’État du 26 août 2011: https://2009-2017.state.gov/r/pa/prs/ps/2011/07/169107.htm.
25  Déclaration de Kočijančić pour Radio Free Europe: https://www.rferl.org/a/kosovo/24277093.html.
26  Un regroupement informel des membres occidentaux du groupe de contact: États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France et Italie.
27  Déclaration du Quint de juin 2011, publié dans l’article “Thaçi listens to Quint – accepts their recommendations,” Koha Ditore, 31 août 2011. 30  La conférence de presse de Thaçi à Pristina, le 20 avril 2013.
28  La réaction du ministre des Affaires étrangères d’alors du Kosovo, Enver Hoxhaj, à la proposition que le Nord puisse obtenir un statut similaire à celui de 31  Le discours de Thaçi devant le Parlement du Kosovo, 21 avril 2013.
la Catalogne en Espagne, proposition faite par Pieter Feith, alors directeur du Bureau civil international (ICO), dans une interview pour EUObserver: https://
32  Le Parlement du Kosovo a adopté l’accord avec 89 votes en faveur, 5 contre, et une abstention. Les députés Vetëvendosje ont tenté d’empêcher le vote,
www.denederlandsegrondwet.nl/id/vislc9nge1zn/nieuws/rol_voor_eu_diplomatie_na_moord_in?ctx=vhsidnw5uoik&tab=1&start_tab0=360.
en vain.
29  La déclaration de Thaçi aux médias à Bruxelles après la signature de l’accord, le 19 avril 2013.
33  Discours d’Ismet Beqiri, chef du groupe parlementaire LDK, durant la session parlementaire précédant le vote, le 21 avril 2013.
34  Conférence de presse de Vetëvendosje du 20 avril 2013, publiée dans Koha Ditore, 21 avril 2013.

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LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

“Il n’y a pas de bonne solution sur le Kosovo pour Kosovo comme une solution permanente suggérée
nous, mais un compromis implique que nous se- à un conflit existant depuis des siècles entre Serbes

L’ACCORD GLOBAL:
rons tous deux [Serbes et Albanais] quelque peu et Albanais, expliquant:
insatisfaits ou quelque peu satisfaits”37.
“J’essaie de proposer une solution à long terme basée
Les efforts déployés par Vučić et d’autres hauts sur un compromis entre des droits historiques et eth-

LA PHASE DE PRÉ-
responsables gouvernementaux pour s’éloigner niques, ce qui implique de fixer les limites de ce qui
de l’accord de dialogue se sont reflétés dans le soi- est serbe et de ce qui est albanais”.39
disant dialogue interne initié par le Président serbe
en juillet 2017. Bien que le cadre et les objectifs du di- Le Ministre serbe de la Défense, Aleksandar Vulin,

NÉGOCIATION
alogue interne restent flous, depuis l’automne 2017, a également tenté d’intégrer la division territoriale
plus d’une douzaine de tables rondes ont été organ- du Kosovo comme partie d’une large réconciliation
isées en Serbie, réunissant des représentants d’insti- historique entre Serbes et Albanais, insistant sur le
tutions d’État et d’autres institutions publiques, qui fait qu’une “démarcation permanente et sûre des
étaient presque exclusivement subventionnées par Serbes et des Albanais doit être établie au Kosovo “,
le gouvernement. Leurs propositions diverses pour suggérant même que Tirana remplace Pristina en
Par rapport à la clarté des conditions initiales sous-ja- les limites des lignes rouges fermement définies par un accord global reflétaient la pensée nationaliste tant que partenaire de négociation de Belgrade.40
centes du dialogue politique (c’est-à-dire son cadre l’UE (et les États-Unis) dans la perspective des négo- traditionnelle sur le Kosovo, et ont largement ignoré
et ses objectifs ultimes), le comportement des dif- ciations en vue d’un accord global. le cadre d’origine du dialogue politique.38 La confiance en cette nouvelle phase du dialogue
férentes parties aux négociations a sérieusement et sa capacité à parvenir à un accord global a encore
menacé les fondements de la nouvelle phase du di- Le président Vučić est resté constamment vague à Au centre des efforts de Belgrade pour détourner davantage été minée par le fait que Belgrade n’a pas
alogue depuis son annonce. propos des négociations à venir, ainsi que sur la fu- les négociations à venir du cadre établi, Vučić et rencontré de résistance sérieuse et ferme de la part de
ture position de négociation de Belgrade. Pourtant, d’autres dirigeants se sont lancés dans un intense l’UE et des États-Unis, du moins pas publiquement,
Cela est particulièrement vrai pour le gouvernement dans ses déclarations publiques aussi bien que dans plaidoyer pour la partition territoriale du Koso- à la suite de ses agissements. En privé, plusieurs gou-
de Belgrade. Six mois avant l’annonce de la nouvelle des réunions privées avec des dirigeants occiden- vo, soit en échange de concessions politiques (un vernements occidentaux clés ont envoyé des mes-
phase de dialogue, “l’incident du train” de janvi- taux, il a essayé d’éloigner le dialogue de son contenu siège à l’ONU pour Pristina), soit dans le cadre d’un sages clairs à Belgrade, selon lesquels le rejet de tout
er 2017 a démontré que les autorités serbes avaient prévu – la reconnaissance politique par la Serbie du échange de terres (le nord du Kosovo en échange de changement de la frontière demeure une ligne rouge
opéré un revirement complet dans leur discours sur fait que le Kosovo ne fait plus partie de son État – et la région de Preševo, au sud de la Serbie, majoritaire- ferme et inchangée. À l’inverse, certains éléments in-
le Kosovo, par rapport à la période qui a suivi la sig- de le recadrer comme une question à l’UE, aux États- ment habitée par des Albanais). Tandis que le Prés- diquent que les principaux négociateurs de l’UE dans
nature de l’accord d’avril 2013 – à la fois concernant Unis et Pristina concernant la nature des concessions ident serbe a déjà évoqué le sujet à l’aide de cartes le dialogue, Federica Mogherini et son équipe, ne con-
l’inscription Kosovo is Serbia sur le train ainsi décoré devant être accordées à la Serbie. En outre, il a œuvré lors de réunions à huis clos avec des représentants sidèrent pas l’établissement des lignes rouges définis-
et envoyé par Belgrade, sans oublier la menace du au recadrage des négociations pour un accord global de l’UE, le ministre des Affaires étrangères Dačić, sant le cadre initial du dialogue politique comme fais-
président serbe de l’époque Tomislav Nikolić d’en- entre le Kosovo et la Serbie comme des négociations lui, a été très actif dans sa campagne publique. Lors ant partie de leur fonction. Au contraire, ils semblent
voyer l’armée serbe au Kosovo 35. Depuis l’été 2017, classiques entre deux parties égales pour trouver un d’une interview en août 2017, il a présenté son idée prendre leur rôle officiel de facilitateurs au pied de la
Belgrade a systématiquement utilisé cette ligne dans compromis médian entre leurs positions contradic- de démarcation des territoires serbe et albanais au lettre. De son côté, Greg Delawie, l’ambassadeur des
ses plaidoyers internes et externes. Ce changement toires de départ36 . L’explication de Vučić à la suite
représente la meilleure illustration des tentatives de d’une rencontre avec la chancelière Merkel à Berlin
l’administration serbe d’exploiter la crise dans le di- le 13 avril 2018 en fournit un bon exemple:
37  “Vučić: Za nas nema dobrog rešenja za Kosmet, Merkel shvata šta za nas znači KiM,” Večernje novosti, 13 avril 2018, disponible ici: http://www.novosti.
alogue, de revenir sur le cadre d’origine et de tester rs/vesti/naslovna/politika/aktuelno.289.html:721924-Vucic-Kancelarka-smatra-vaznim-da-nasa-zemlja-bude-na-samitu-u-Sofiji-Merkel-Srbija-je-kljuc-
na-zemlja-u-regionu-VIDEO.
38  Voir la page web officielle du dialogue interne: http://unutrasnjidijalog.gov.rs/index.php.
35  “Nikolić: Srbija će poslati vojsku na Kosovo ako budu ubijani Srbi,” Radio Slobodna Evropa, 15 janvier 2017, disponible ici: https://www.slobodnaevropa. 39  “Razgraničenje trajno rešenje za konflikt Srba i Albanaca,” Politika, 15 août 2017, disponible ici: http://www.politika.rs/sr/clanak/386987/Razgranicen-
org/a/28234504.html. je-trajno-resenje-za-konflikt-Srba-i-Albanaca
36  Interviews avec des dirigeants occidentaux, 2017-2018. 40  http://unutrasnjidijalog.gov.rs/v017.php.

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LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE LE CADRE INITIAL DU DIALOGUE POLITIQUE

États-Unis au Kosovo, a fourni une rare déclaration


publique s’opposant à tout changement de frontière41

CONCLUSIONS
. Enfin, la déclaration la plus notable et la plus franche
sur le but ultime du dialogue depuis sa création fut
celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères alle- Il n’y a pas de bonne solution
mand Sigmar Gabriel, durant sa tournée dans les Bal- sur le Kosovo pour nous, mais
kans occidentaux en février 2018. Après une visite à
Belgrade, lors d’une conférence de presse à Pristina
un compromis implique que
avec le Premier ministre Ramush Haradinaj, Gabriel nous serons tous deux [Serbes et Le déni par la Serbie de la réalité politique sur le ter- lignes rouges strictes, les élites politiques serbes ont
déclara ainsi: Albanais] quelque peu insatisfaits rain au Kosovo, et sa poursuite d’une politique vir- pu évoluer vers une politique et un discours public
tuelle du Kosovo qui n’accepte pas sérieusement la basé sur la réalité à propos du Kosovo. En outre, il
“Si la Serbie veut se rapprocher de l’UE, la construc- ou quelque peu satisfaits”. population albanaise majoritaire comme souveraine a permis aux élites serbes de conduire le différend
tion de l’Etat de droit est une condition essentielle. MERKEL NË BERLIN, MË 13 PRILL 2018, OFRON NJË SHEMBULL TË au Kosovo ou, subsidiairement, comme ses propres Serbie-Kosovo vers un dialogue sur la nécessité pra-
MIRË
Mais naturellement, l’acceptation de l’indépendance citoyens, étaient au cœur de la politique serbe con- tique et les priorités légitimes d’assurer une vie nor-
du Kosovo l’est aussi. C’est une condition centrale cernant le Kosovo depuis de nombreuses décennies. male aux Serbes du Kosovo dans l’État du Kosovo, la
vers laquelle se diriger.” 42
De manière un peu contradictoire, il a également Cette politique malhonnête et délirante a empêché normalisation des relations entre Albanais et Serbes
ajouté: “Nous devrons attendre la fin du dialogue. Le toute initiative occidentale de résoudre le différend au Kosovo, et la relation bilatérale entre le Kosovo et
Avec les pays occidentaux, en particulier l’UE, en- reste de cette phase n’est que spéculation, y compris sur le statut de la Serbie et du Kosovo dans un con- la Serbie. Ce cadre supposait que la République du
voyant des signaux mitigés à propos de la validité du les problèmes que vous soulevez.”43 texte de médiation de conflit classique, entraînant Kosovo obtienne son intégrité territoriale totale, sa
cadre de dialogue initial et de ses lignes rouges, il a l’échec des négociations dite de la Troïka, et le rejet souveraineté et sa personnalité juridique interna-
été signalé que le gouvernement du Kosovo pourrait Suite aux informations relayées par les médias un par la Serbie du plan Ahtisaari. C’est cette dernière ac- tionale. Mettre fin au flou dans lequel le Kosovo et
être prêt à accepter le lobbying de Belgrade pour une mois plus tard soutenant qu’il avait rencontré Rama tion qui a convaincu la majorité des États occidentaux la Serbie étaient bloqués – en tant qu’États non finis
partition. En janvier 2018, le chef de cabinet du Prés- et Ali Ahmeti, le dirigeant politique albanais de Macé- que formaliser le fait que la Serbie avait effectivement – était la base sur laquelle le Kosovo a initialement
ident Thaçi, Bekim Çollaku, a réagi aux articles parus doine, pour discuter des scénarios de changement de perdu le Kosovo à travers sa déclaration d’indépen- agréé à l’accord initial. Malgré ses inquiétudes quant
dans la presse à propos des présumés entretiens entre frontière, Thaçi a publiquement nié les allégations, dance en 2008 était la seule solution viable et durable à l’impact de l’accord d’avril 2013 sur son intégrité et
le président Thaçi, le Premier ministre albanais Edi soulignant que: au conflit relatif au statut du Kosovo. Cela a été con- la fonctionnalité de l’État, le Kosovo est resté dans les
Rama et le Ministre grec des Affaires étrangères, Ni- sidéré comme une importante condition préalable au limites fixées par l’accord.
kolaos Kotzias, concernant les changements de fron- “Ces idées n’apportent pas la paix et la stabilité, développement d’un avenir pacifique et démocra-
tières, en insistant sur le fait que: elles ne viennent pas des institutions du Koso- tique pour les Balkans occidentaux – plutôt que Malheureusement, le dialogue reste dans une crise
vo. La question de la [partition] est une question comme une violation du droit international, comme sérieuse par rapport à son cadre d’origine, ses lignes
“La position du Président de la République du close. Il y avait des idées de partition auparavant, certains l’ont affirmé. En 2008, l’ensemble de l’élite rouges et ses objectifs, une impasse qui fait suite à
Kosovo reste claire: le Kosovo est un État indépen- mais j’ai été clair: le respect de l’intégrité territo- politique serbe était consciente de la perte du Kosovo, l’annonce de la nouvelle phase dans le dialogue et le
dant et souverain et ses frontières sont reconnues riale est d’une importance absolue.” 44 et qu’il n’y avait personne d’autre que les acteurs poli- début des négociations sur un accord final et global.
internationalement.” tiques serbes, leurs discours, leurs politiques et leurs
actions à qui attribuer ce résultat. L’opportunisme Pour l’avenir démocratique et pacifiée du Koso-
traditionnel des politiques de la région des Balkans vo et de la Serbie, leur coexistence mutuellement
les a empêchés d’admettre cette douloureuse vérité, bénéfique basée sur la coopération, et l’avenir de la
ou de la communiquer à leurs citoyens. région plus largement, il est essentiel que l’UE (et les
41  https://xk.usembassy.gov/ambassador-delawies-interview-sporazum/.
États-Unis) reconfirment explicitement le cadre et les
42  “Sigmar Gabriel tells Serbia it must accept Kosovo’s independence to join EU,” Deutsche Welle, 15 février 2018, disponible ici: http://www.dw.com/en/
sigmar-gabriel-tells-serbia-it-must-accept-kosovos-independence-to-join-eu/a-42593839. La chancelière Merkel a initié ce tournant attendu objectifs originaux du dialogue politique. Il sera tout
43  “Zyra e Presidentit Thaçi: Në këtë fazë është vetëm spekulim ideja e shkëmbimit të territoreve,” ”Pse po mbahet sekret vendndodhja e Presidentit Thaçi?,”
Gazeta Express, 10 et 11 janvier 2018, disponible ici: http://www.gazetaexpress.com/lajme/presidenca-ne-kete-faze-eshte-vetem-spekulim-ideja-e-shkembi-
depuis longtemps, suivi par d’autres dirigeants poli- aussi important que Pristina continue de respecter les
mit-te-territoreve-497852/; http://www.gazetaexpress.com/lajme/pse-po-mbahet-sekret-vendndodhja-e-presidentit-thaci-498286/. tiques occidentaux, qui ont permis le dialogue poli- termes selon lesquels elle est initialement entrée dans
44  “Thaçi publikisht distancohet nga idetë për ndarjen e Kosovës,” Gazeta Express, 12 février 2018: http://www.gazetaexpress.com/lajme/thaci-publikisht-
distancohet-nga-idete-per-ndarjen-e-kosoves-498748. tique mené par l’UE. En fixant le cadre, y compris des le dialogue.

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