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Son discours simpliste et autoritaire est d’autant Les activistes sans-terre aussi visés par
plus facilement acceptable dans une société ultra Bolsonaro
violente. Jair Bolsonaro a d’abord attiré ses électeurs Le processus s’est d’abord concentré sur Internet,
en défendant les exécutions extrajudiciaires. Et ce notamment contre des journalistes. Pourtant la presse
n’est pas un hasard si son geste de prédilection pendant nationale ne le présente même pas comme étant
ses meetings est de mimer le maniement d’une arme à d’extrême droite et se contente de qualifier ses
feu. Après son agression, sa première photo publiée le déclarations violentes de « polémiques ». Mais aucune
montre sur son lit d’hôpital, faisant ce geste. Il avait, critique n’est acceptée et certains passent à l’acte : le
quelques jours avant, appelé à « mitrailler les militants dimanche du premier tour, à Recife (nord-est du pays),
du PT », le parti de Lula, en saisissant un pied de une journaliste qui portait son badge de presse a été
caméra en guise de mitrailleuse, lors d’un meeting prise à partie par deux hommes, dont l’un portait un T-
dans le nord du pays. shirt à la gloire de Bolsonaro.
Parfois direct et radical, parfois sur le ton d’un « Quand le “commandant” sera élu, vous autres de la
« humour » considéré « politiquement incorrect », presse, vous allez tous mourir », ont-ils lâché avant
son discours agressif s’est peu à peu fait une place de se disputer pour savoir s’il fallait mieux la violer
dans l’espace public. Dans un entretien au quotidien ou la taillader. Ils ont pris la fuite quand une voiture
espagnol El País, le philosophe Vladimir Safatle est passée en klaxonnant. Depuis le début de l’année,
rappelle, en citant Adorno, comment l’adhésion au soixante-deux journalistes ont été physiquement
fascisme en Europe s’est faite parce que « personne ne agressés en lien avec contexte électoral.
croyait à ce qui était énoncé. L’ironie sert à assumer
La haine s’est banalisée et nourrit sa campagne.
une éthique de conviction difficilement supportable au
Bolsonaro n’est pas le seul responsable, mais c’est
premier degré ».
lui qui a su le mieux en tirer profit. Avec l’élection
Pour les plus radicaux, le discours est non seulement de 2014, le pays s’est polarisé et la situation n’a
accepté, mais mis en pratique. Le discours homophobe fait qu’empirer jusqu’à l’impeachment de 2016 à
du candidat place déjà les LGBT en première ligne. l’encontre de Dilma Rousseff, ce moment-clé où
Une transsexuelle, ancienne chanteuse d’un groupe de Bolsonaro se révèle lors de son vote rageur en faveur
funk, a été tabassée à coups de barre de fer dans la de la destitution.
banlieue de Rio par des soutiens du candidat d’extrême
Presque tout son programme de gouvernement
droite. Dans le centre de São Paulo, un travesti a été tué
aujourd’hui tient dans la justification de son vote
par un groupe hurlant « sous Bolsonaro, la chasse aux
contre Dilma ce jour-là [voir la vidéo ci-dessous] : une
pédés sera libérée ! »
apologie de l’armée, de la dictature et de son principal
Jair Bolsonaro ne s’attaque pas à des adversaires bourreau, le même qui a torturé Dilma Rousseff. Une
politiques, mais à des « ennemis intérieurs » supposée menace communiste représentée par le PT
qu’il faut combattre, voire exterminer. Le PT, qui s’attaquerait à la famille traditionnelle et aux
taxé de communiste, est considéré comme l’unique enfants. Et l’hommage à l’armée du Duque de Caxias,
responsable de l’effondrement des valeurs morales, connu pour avoir écrasé au XIXe siècle, une révolte
de la corruption, de la criminalité, de la pédophilie de Noirs et d’indigènes qui font aujourd’hui partie
et menacerait la démocratie. Une logique fascisante des minorités qui selon lui doivent « s’adapter à la
qui s’appuie sur son extraordinaire réseau de majorité ou disparaître ».
communication développé via la messagerie de
téléphone WhatsApp où il diffuse depuis plusieurs Avec le déclin progressif de la droite classique,
années de nombreux mensonges. Bolsonaro a pu occuper l’espace. Pour Marcos
Napolitano, de l’USP, ceux qui n’ont pas souffert sous
la dictature ont développé « une mémoire souterraine,
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