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« LA DEMATERIALISATION STRUCTURALISTE »
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2/. « DEUXIEME CRITERE : LOCAL OU DE POSITION »
a) Gilles Deleuze renvoie à « l’ambition scientifique du structuralisme » (243).
• cf. Freud et sa « science » de la métapsychologie…
• Comme l’inconscient, la structure est :
• Invisible, mais omnipotente et omniprésente
• Insaisissable, nulle part en particulier et partout en même
temps
• Inconnaissable, mais cause de tout ce qui est
• Immatérielle, mais symboliquement matérielle
• Transcendantale, mais inscrite dans une logique matérialiste
et athée
• Inétendue, mais présente entre les choses
b) Les lieux de la structure ?
• Impossibles à localiser
c) Son étendue ?
• Pas empirique ou réelle
• Mais transcendantale et conceptuelle.
d) La structure : un avatar de l’idéalisme platonicien
e) Exemple 1 :
• Chacun sait ce qu’est empiriquement un père et une mère
• Mais Deleuze explique que :
• « Père, mère, etc, sont d’abord des lieux dans une structure »
(244).
f) Exemple 2 :
• Le phallus
• Il « n’est ni l’organe réel, ni la série des images associées ou
associables : il est phallus symbolique » (263).
• La psychanalyse parle de tout, sauf de sexe…
g) « Le structuralisme n’est pas séparable d’un nouveau matérialisme, d’un
nouvel athéisme, d’un nouvel antihumanisme » (245).
• Transcendantalisme et matérialisme et athéisme…
h) Antihumanisme :
• En finir avec l’homme qui laisserait place à une autre configuration
« dans laquelle l’homme s’effacerait comme à la limite de la mer un
visage de sable » (Les mots et les choses, 398).
• Affirmer la primauté de la structure (même floue…) c’est affirmer la
mort de l’homme
• Ce qui lie les hommes : plus important que les hommes
• Le réseau : plus important que ce qui est relié.
i) Deleuze souscrit à cette mort de l’homme qui suit celle de Dieu
• Une mort « en faveur, nous l’espérons (sic), de quelque chose (sic) à
venir (sic), mais qui ne peut venir que (sic) dans la structure et par sa
mutation » (245).
• Le structuralisme, une science ?
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• « Il est clair que le phonème s’incarne dans des lettres, des syllabes et
des sons, mais qu’il ne s’y réduit pas » (246).
• Gilles Deleuze excipe de sa comparaison une raison générale
• Dans les relations familiales :
• Dans Les structures élémentaires de la parenté, Gilles Deleuze écrit que
Claude Levi-Strauss « ne considère pas seulement des pères réels dans
une société, ni les images de père qui ont cours dans cette société. Il
prétend découvrir de vrais phonèmes de parenté, c’est-à-dire des
parentèmes, des unités de position qui n’existent pas indépendamment
des rapports différentiels où ils entrent et se déterminent
réciproquement » (248).
• Autrement dit : Claude Levi-Strauss découvre que les gens existent et
qu’ils sont en relation…
• Ce qui est n’est que dans, par et pour les structures
• Le réel disparaît au profit de la structure transcendantale
• Le père n’est que la parentème qui le détermine : le produit d’une forme
invisible
• On ne saurait mieux dématérialiser
• Platon au moins ne niait pas l’existence de la réalité sensible.
b) Gilles Deleuze poursuit avec Serge Leclaire, disciple de Lacan, puis Althusser :
• Leclaire montre que l’inconscient n’est pas affaire corporelle, mais
structurale
• Althusser, que la production n’est pas relative à un appareil, mais à des
structures symboliques
« Les rapports de production (...) sont déterminés comme des rapports
différentiels qui s’établissent, non pas entre des hommes réels ou des
individus concrets, mais entre des objets et des agents qui ont d’abord
une valeur symbolique » (249).
c) Dans le rapport sexuel, il n’y a pas de corps sexués, seulement une relation
sexuelle.
• C’est le sens de l’antihumanisme structuraliste
• L’homme est congédié au profit d’un monde de pures structures
• Le prolétaire exploité, l’ouvrier dominé, la travailleuse assujettie, n’ont
aucune existence
• Il n’y a que des réseaux dans lesquels ils sont quantités négligeables
• Assimilables à un phonème…
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• La virtualité de la structure devient structure réelle par l’incarnation
dans des formes
• Ce qui est la vieille « actualisation » scolastique
• Nouvellement nommée « différenciation »
« Les structures sont inconscientes, étant nécessairement recouvertes
par leurs produits ou effets » (253).
• Comme l’inconscient, visible, mais partout présent.
BARTHES
a) Mort de l’homme ; mort de l’auteur
• Barthes, La mort de l’auteur, quatrième trimestre de 1968.
• Repris dans Le bruissement de la langue (1984)
b) Le texte n’a pas d’auteur
• L’auteur apparait tardivement dans l’histoire :
• A l’issue d’un processus qui commence avec l’empirisme anglais
• Et s’épanouit avec le positivisme, moment du capitalisme
c) Le surréalisme (cadavre exquis, écriture automatique) a détruit la notion d’auteur
d) dans le texte, ça n’est pas l’auteur qui parle mais le langage
• Il faut donc « supprimer l’auteur au profit de l’écriture »
e) L’auteur ne préexiste pas à son œuvre
f) Le texte est cristallisation, coalescence d’informations
• La narration ne s’effectue pas avec un auteur mais avec un scripteur
• Le scripteur est « sans passions, sans humeurs, sans sentiments, sans impressions »
g) Il n’y a aucun sens pour aucun texte puisque tous les sens sont possibles
• Car c’est le lecteur qui fait le sens
h) « La naissance du lecteur doit se payer de la mort de l’auteur ».
FOUCAULT
a) Thèses reprises par Foucault dans Qu’est-ce qu’un auteur ?, Bulletin de la Société
française de philosophie, juillet-septembre 1969.
• Plus d’auteur, un scripteur
• Plus de contexte historique, mais un texte anhistorique
• Plus de sens produit par l’auteur, mais par le lecteur
b) L’écriture n’a rien à voir avec l’histoire
• Mais tout à voir avec le signifiant
• Elle « s’est affranchie du thème de l’expression : elle n’est référée qu’à elle-même
(…). Elle est un jeu de signes ordonné moins à son contenu signifié qu’à la nature
même du signifiant » (Dits et écrits, I.789).
• Peu importe ce que veut dire le texte,
• Seul importe l’agencement de signes dans une perspective sémiologique
c) L’effacement de l’auteur a partie liée avec la mort
• L’auteur écrit pour mourir, disparaître dans son texte
• Reste ainsi à « analyser l’œuvre dans sa structure, son architecture, dans sa forme
intrinsèque et dans le jeu de ses relations internes » (794).
• Texte sans contexte : Abolition de l’histoire…
SARTRE
a) Dans Arts, 15 juin 1966, entretien : L’homme est-il mort ?
• Foucault avait enterré Sartre en affirmant :
« La Critique de la raison dialectique, c’est le magnifique et pathétique effort d’un
homme du XIX° siècle pour penser le XX° siècle » .
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• Sartre avait répondu dans L’Arc, en octobre de la même année, que le
structuralisme était « une idéologie nouvelle, dernier barrage que la bourgeoisie
puisse encore dresser contre Marx ».
b) Sartre meurt, mais Foucault lui donnera raison en revenant sur ses positions
• Comme beaucoup.
FOUCAULT
a) 1- 1966 : Foucault annonce la mort de l’homme dans Les mots et les choses
2- 1984, devenu professeur au Collège de France, travaille sur le sujet :
• Le souci de soi et l’usage des plaisirs
b) 1- 1967, Foucault fait l’éloge de la méthode structuraliste dans La philosophie
structuraliste permet de diagnostiquer ce qu’est aujourd’hui.
• Il dit y recourir avec bonheur
2- 1972 : supprime dans la réédition de Naissance de la clinique les expressions qui
montrent son usage de la méthode structuraliste
• 1972 : réédition de l’Histoire de la folie sans la préface dans laquelle il parlait
« d’étude structurale ».
• 1976, Le savoir comme crime :
« Je n’ai jamais employé le structuralisme pour des analyses historiques. Pour
aller plus loin, je dirai que j’ignore le structuralisme et qu’il ne m’intéresse
plus (sic) ».
ROBBE-GRILLET
a) 1963 : Pour un nouveau roman
• Contre personnages, intrigues, psychologie
b) Publie des textes avec personnages et intrigues :
• 1985 : Le miroir qui revient
• 1988 : Angélique ou l’enchantement
• 1994 : Les derniers jours de Corinthe
c) mais parle de « fictions à caractère autobiographique »
d) 2004 : Finit au siège de Maurice Rheims à l’Académie Française
BARTHES
• 1968 : Annonce la mort de l’auteur dans … La mort de l’auteur.
• 1977 : Devenu professeur au Collège de France,
• Fin de sa vie : travaille à un grand roman dans l’esprit de Tolstoï (pour le
développement et la saga) et de Proust (pour l’entomologie de la mondanité)
• Remplit des fiches sur des personnages interlopes de Saint-Germain
• Ecrit dans un journal intime qu’il déteste ce qu’il encense en public
• Lit en cachette Saint-Simon et Chateaubriand.
ALTHUSSER
a) Pour Marx (1965) et Lire le Capital (1965)
b) 1982 : Rédige une autobiographie L’avenir dure longtemps suivie de Les faits
• Etrangle sa femme en 1980, le livre paraît en 1992
• Autoportrait en dépressif suicidaire et meurtrier, mythomane, sadique, lâche, habité
par la culpabilité, bourré de médicaments
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• Soutenu par Jean Guitton, Althusser échappe au tribunal, passe sa vie dans un
hôpital psychiâtrique.
LEVI-STRAUSS
a) 1949 : Les structures élémentaires de la parenté
b) 1993, Regarder, écouter, lire
• Lévi-Strauss veut qu’il s’agisse d’un « petit livre de structuralisme appliqué »
• Or, il s’agit des goûts subjectifs et personnels de l’auteur
• Rameau, Wagner, Poussin, Diderot
• Avec souvenirs d’enfance
• Et d’adolescence à l’opéra
• Son renoncement à l’opéra depuis la primauté du metteur en scène
• Disserte sur le jaune citron de la Reine Elisabeth
• S’énerve contre un chauffeur de taxi distrait
• Raconte sa première rencontre avec Breton.
TODOROV
a) 1967 : Traduit les formalistes Russes dans Théorie de la littérature
• Même année, Littérature et signification
• Fonde Poétiques avec Gérard Genette
• 1968 : contribue au collectif : Qu’est-ce que le structuralisme ?
• 1973 et 1977 : dirige deux collectifs avec Roman Jakobson, dont Question de
poétique
b) Abandonne le structuralisme
• 1982 : Publie La conquête de l’Amérique : la question de l’Autre
• Y célèbre l’humanisme
• 2000 : sur la peinture flamande : Eloge de l’individu
c) 2006 : La littérature en péril
• Fustige les études littéraires : on lit moins les auteurs que les critiques
• Déplore la place prise par « les jeux formels » dans la littérature…
5./ CONCLUSION
a) Effets et héritages du structuralisme :
• Texte sans contexte
• Et religion textuelle
• Livres incompréhensibles
• Emballement journalistique et mondain
• Esprit moutonnier
b) Sartre avait vu :
• Négation de l’histoire
• Pour Sartre, le structuralisme : arme de destruction massive du marxisme
• Les pauvres, les miséreux, les ouvriers disparaissaient du champ intellectuel
• Bonheur du capitalisme
c) Les Nouveaux Philosophes ont achevé ce que les structuralistes avaient entamé :
• L’abolition de l’histoire
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BIBLIOGRAPHIE :