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Stoyanka Kenderova
Chef du Département Oriental, Bibliothèque nationale de Bulgarie
s.kenderova@nationallibrary.bg
Résumé
Mots-clés
Keywords
Introduction
1 Les documents du fonds concernant l’ histoire du Yémen à l’époque ottomane ont été présen-
tés dans : Stoyanka Kenderova, « Les documents sur l’ histoire du Yémen à l’époque ottomane
conservés à la Bibliothèque nationale de Bulgarie, à Sofia. 1e partie: Les documents en langue
turque ottomane à caractère financier », Chroniques du manuscrit au Yémen, 12 (2011); id., «Les
documents sur l’ histoire du Yémen à l’ époque ottomane conservés à la Bibliothèque natio-
nale de Bulgarie, à Sofia. 2e partie : Les documents en langue turque ottomane à caractère
financier », Chroniques du manuscrit au Yémen, 13 (2011); id., «Les documents sur l’histoire
du Yémen à l’ époque ottomane conservés à la Bibliothèque nationale de Bulgarie, à Sofia. 3e
partie : Les documents en langue turque ottomane du fonds de Sanaa et documents en langue
arabe », Chroniques du manuscrit au Yémen, 14 (2012). En ligne, cefas, http://www.cefas.com
.ye/spip.php?rubrique36 et bientôt, http://cmy.revues.org/1916, http://cmy.revues.org/1930, et
http://cmy.revues.org/1929.
2 En 1888, de Vidin à Sofia, ont été expédiées vingt-quatre caisses contenant 2664 volumes. Une
commission turco-bulgare a été créée qui a remis au gouvernement turc 2014 volumes et à la
Bibliothèque nationale de Sofia, les 650 autres. Voir Veliko Yordanov, Istoriya na Narodnata
biblioteka v Sofia. Po slutchay 50-godišninata yi. 1879–1929, Sofia, 1930.
Nos informations sur cette bibliothèque s’appuient sur son catalogue détaillé
et non publié, daté du 23 ḏū al-ḥiǧǧa 1252/31 mars 1837 et conservé à la Biblio-
thèque nationale à Sofia (cote s 52a). Grâce à ce catalogue, nous sommes en
mesure de déterminer le volume et la thématique du fonds de la bibliothèque,
quelques 30 ans après la mort de Pazvāntoġlu16. Un autre catalogue, assez
11 Tekke (tekiye) : petit couvent de derviches ; place dans laquelle un saint a été enterré.
12 Zaviye : couvent de derviches ; domicile d’ un cheikh soufi dans lequel il prêche et enseigne
à ses élèves.
13 Ṣalāḥ al-Dīn Bābā était un cheikh bektaši qui, accompagné de 1000 volontaires, a essayé
de faire une trouée dans le siège autrichien de Vidin en 1689. À l’endroit où il a péri,
Pazvāntoġlu a fait édifier une tombe et un tekke. Sur le rôle social des Bektašis, cf. Irène
Melikoff, « Un ordre de derviches colonisateurs: Les Bektašis. Leur rôle social et leurs
rapports avec les premiers sultans ottomans», dans Irène Melikoff (éd.), Sur les traces
du soufisme turc. Recherches sur l’ Islam populaire en Anatolie, Istanbul, Isis (« Analecta
isisiana », x), 1992, p. 116–125.
14 Quatre-vingt-trois hommes ont assisté à l’ inauguration du waqf Ṣalāḥ ed-Dīn Bābā, tous
des militaires occupant différents postes dans le corps de Janissaires de Vidin. Deux copies
de documents de waqf faisant partie d’ un registre (siǧill) de Vidin (s 53), l’une du 14
septembre 1806 et l’ autre du 31 novembre 1807, l’attestent. Cf. Mihaila Stajnova, «Za
vakafskata deynost na ʿOsmân Pazvantoğlu vav Vidin i Vidinskiya kray», Vekove, 6 (1982),
p. 72–78.
15 Felix Kanitz, Dunavska Balgariya i Balkanat. Istoritchesko-geografsko-etnografski patepisni
proutchvaniya ot 1860 do 1879 g., Sofia, Borina, 1995 [2. éd.], t. i, p. 46.
16 S. Kenderova, « Bibliotekata na Osman Pazvantoġlu po vremeto na Sofroniy (spored no-
vootkrit nein opis) », dans Sofroniy Vratchanski. Sbornik Izsledvaniya, Sofia, Akademitchno
izdatelstvo « Marin Drinov », 2004, p. 304–311.
17 Ce catalogue est conservé à la Bibliothèque nationale autrichienne. Voir Gustav Flügel,
Die arabischen, persischen, türkischen Handschriften der Kaiserlichen und königlichen Hof-
bibliothek zu Wien, Hildesheim/New York, Georg Olms, 1977 [réimp.], t. i, p. 56–57, sous le
nº 45.
18 Il y a quelques descriptions supplémentaires, d’ où l’ incertitude autour de la date.
19 Sur le catalogage des livres dans les bibliothèques de waqf ottomanes, voir S. Kenderova,
Knigi, biblioteki, p. 150–174; id., « Traditions et innovations dans le catalogage des livres
des Bibliothèques de waqf en Bulgarie», dans Studia in Honorem Professoris Verae Mutaf-
cieva, Sofia, Amicitia, 2001, p. 147–174; id., « Le catalogage dans les bibliothèques de waqf
ottomanes. Traditions et innovations», dans Zenit e nadir ii. I manoscritti dell’area del
Mediterraneo : la catalogazione come base della ricerca. Atti del Seminarion internazionale
Montepulciano, 6–8 Luglio 2007, Montepulciano, Thesan & Turan, 2007, p. 47–62.
20 Coran, Exégèses coraniques, Traditions, Principes essentiels des Traditions, Droit musul-
man et recueils de fetvá, Droit successoral, Soufisme, morale et sermons, Théologie et
dogmatique, Lecture et récitation du Coran, Principes essentiels du droit, Stylistique, rhé-
torique et poétique, Syntaxe, Morphologie, Lexicographie, Logique et rhétorique, Philoso-
phie et astronomie, Médecine, Livres littéraires et lectures, Métrique, Recueils de poèmes
et livres en persan, Hagiographie, enfin Biographies et histoire.
21 Voir, S. Kenderova, « Arabskata gramatika, predstavena v bibliotekata na Osman Pazvan-
toglu (1837 g.)», dans Nautchni prinosi v pamet na prof. Konstantin Popov. Materiali ot
nautchna konferentsiya « Sto godini ot rojdenieto na prof. K. Popov», Sofia, 2007, Sofia, Veliko
Tarnovo, Izdatelska kachta « Znak », 2007, p. 206–216.
22 S. Kenderova, « Istoriceskata literatura v bibliotekata na familiya Pazvantoglu», dans
Istoriya na grad Vidin (sous presse).
califes, puis passe en revue différentes dynasties, à partir des Omeyyades, pour
s’arrêter en 1574, l’année de l’ascension au trône du sultan Murad iii. Une copie
du Talqīḥ fuhūm Ahl al-aṯar fī ʿuyūn al-tāʾrīḫ wa-al-siyar d’ Ibn al-Ǧawzī (m. en
1220) renferme des biographies des adeptes du Prophète Muhammad. Parmi
ces livres, on trouve également une collection (maǧmūʿ) de cinq livres, dont
trois de l’historien yéménite Ibn al-Daybaʿ (866/1461–944/1537) sur l’ histoire
du Yémen et de la ville de Zabid. C’est ce manuscrit qui fait l’ objet de notre
étude ici (cote or 2545).
Du fait que dans le catalogue figurent aussi les noms des donateurs, au
nombre de soixante-cinq23, il est possible de dire avec certitude que la plupart
des livres, soit 1580 volumes, représentant 65,6 % de son fonds, ont été donnés
à titre de waqf par Pāsbān-zāde ʿÖmer aġa. C’est donc bien le père qui a jeté les
bases de la bibliothèque. Mais son fils ʿOsmān est celui sans qui le fonds n’ aurait
pu être sauvegardé, grâce notamment à la construction de la bibliothèque, qu’ il
a consacrée à la mémoire de son père. Cet édifice a subsisté jusqu’à nos jours,
à Vidin.
25 Colophon :
ﻗﺪ اﻧﳤـﻰ ﰲ اﻟﺘﺎرﱗ اﱃ ﻋﺎم ﺳـﻨﺔ ﺗﺴﻊ وﺳـﺘﲔ وﺳـﺒﻌﲈﺋﯿﻪ ﻣﻦ اﻟﻬﺠﺮة اﻟﻨﺒﻮﯾﺔ ﻋﲆ ﺻﺎﺣﳢﺎ اﴍف
.ﺳﻼم وازﰽ ﲢﯿﻪ وﻋﲆ ا ٓ وﲱﺒﻪ وﺳﲅ ﻣﺴﻠﲈ
26 La région de Guilan se trouve en Iran du Nord, voir Ch. Samy-Bey Fraschery, Dictionnaire
universel d’histoire et de géographie, Constantinople, 1896, t. v, p. 3943–3945; T. Yazıcı,
« Gīlān », Türkiye Diyanet Vaqfı Islâm Ansiklopedisi, Istanbul, İslam Araştırmaları Merkezi,
1996, t. 14, p. 68–69.
27 Sur cette confrérie, voir D.S. Margoliouth, « Ḳādiriyya», ei2.
Contenu du manuscrit
L’auteur des trois premiers livres manuscrits de notre collection, Waǧīh al-Dīn
Abū al-Faraǧ ʿAbd al-Raḥmān b. ʿAlī b. Muḥammad b. ʿUmar b. Aḥmad b. Yūsuf
al-Šaybānī al-ʿAbdarī al-Zabīdī al-Yamanī al-Šāfiʿī, connu sous le nom d’ Ibn al-
Daybaʿ, est né le 2 muḥarram 866/7 octobre 1461 à Zabid. Il fait ses études
dans sa ville natale et à Bayt al-faqīh. Il commence son Buġyat al-mustafīd fī
aḫbār madīnat Zabīd après son troisième pèlerinage à La Mecque, entrepris
en 896/149030. Le livre présente l’histoire de Zabid et des dynasties qui ont
gouverné la ville à partir du ziyādide Muḥammad b. ʿAbd Allāh (204–245/819–
859). L’exposé s’étend jusqu’à l’an 900/1494, l’ époque du gouvernement du
sultan ṭāhiride Ṣalāḥ al-Dīn al-Malik al-Muẓaffar (al-Ẓāfir) ʿĀmir b. Ṭāhir (894–
923/1489–1517). En remerciement pour avoir réalisé une œuvre sur l’ histoire de
sa dynastie, al-ʿIqd al-bāhir fī tāʾrīḫ dawlat Banī Ṭāhir, malheureusement per-
due, Ibn al-Daybaʿ reçoit du Sultan une palmeraie à côté de Zabid. Il est aussi
nommé professeur de traditions (ḥadīt) à la Grande mosquée de la ville. Il
meurt le 17 raǧab 944/21 décembre 1537, à Zabid31.
Ibn al-Daybaʿ rédige trois autres livres sur l’ histoire du Yémen. Il sera ques-
tion plus loin de deux d’entre eux, al-Faḍl al-mazīd ʿalā Buġyat al-mustafīd et
Aḥsan al-sulūk fī [naẓm]-man waliyā madīnat Zabīd min al-mulūk, une urǧūza.
Le troisième s’intitule Qurrat al-ʿuyūn fī aḫbār al-Yaman al-maymūn32. Carl
Brockelmann cite deux autres livres de l’auteur, mais portant sur les tradi-
tions. Toujours sur sujet religieux, on lui connaît une al-Tuḥfa al-laṭīfa fī ḥādiṯāt
al-biʿṯa al-šarīfa, une autre urǧūza, plus récemment mise à jour dans une biblio-
thèque privée de Zabid33.
Comme indiqué, le premier livre de la collection est le Buġyat al-mustafīd fī
aḫbār madīnat Zabīd (fol. 1v–58r, l. 1–3) [ill. 2]34. La Bibliothèque nationale de
France en possède deux copies. L’une d’elles (n 6069), exécutée en 985/1557, est
très précieuse du fait qu’elle a été collationnée sur l’ exemplaire de l’ auteur35.
Les deux manuscrits de la Bibliothèque municipale de Berlin sont encore plus
anciens. Le premier a été achevé en 941/1534 et le deuxième, en 942/153636.
C’ est sur les manuscrits de Paris (celui de 985h) et de Berlin que Joseph Chel-
hod s’appuie dans son édition de la Buġyat al-mustafīd, ajoutant une copie
microfilmée de Dār al-Kutub, Le Caire, non datée, mais suivie d’ un supplément
(al-ḏayl) à la date de 1185h37.
33 Cf. Anne Regourd (dir.), Catalogue cumulé des bibliothèques de manuscrits de Zabid. i.
Bibliothèque ʿAbd al-Rahman al-Hadhrami, fasc. 1, Sanaa, Centre français d’ archéologie et
de sciences sociales, Fonds social de développement, 2006, en ligne http://www.cefas.com
.ye/spip.php?article377, p. 78–79, m/ḥ 9/1, copié par ʿAbd al-Qādir b. Ḥusayn al-Inbārī en
1317h. Étant donné la date de copie, il y a de fortes chances que le lieu de copie soit Zabid,
les al-Inbārī faisant partie des familles de lettrés de la ville et ayant été investie par les
Ottomans d’ une charge administrative. La même bibliothèque privée, celle de feu ʿAbd
al-Raḥmān al-Ḥadhramī, un historien connu de Zabid, auteur de plusieurs livres sur la
ville, contient une copie récente de la Buġyat al-mustafīd fī aḫbār Zabīd (titre ainsi libellé),
datant de 1375h et copiée, certainement à Zabid, par Muḥammad b. Ismāʿīl al-Ḫalīl, preuve
que cette œuvre d’ Ibn al-Daybaʿ continue d’ être très présente à l’esprit des historiens
yéménites, cf. ibid., m/ḥ 1, p. 25–27.
34 Le début (incipit) du livre est le suivant :
ﺑﺴﻤ اﶵﺪ رّب اﻟﻌﺎﳌﲔ اي ﻋﻠﻤﻨﺎ ﻣﺎ ﱂ ﻧﻜﻦ ﺑﻪ ﻋﺎﳌﲔ )…( اّﻣﺎ ﺑﻌﺪ ﻓﺎّن ﻣﻦ اﺟﻞ اﻟﻌﻠﻮم ﻣﻘﺪارا
وارﻓﻌﻬﺎ ﴍﻓﺎ وﻣﻨﺎرا ﻋﲅ اﻟﺘﺎٔرﱗ اي ﺑﻪ ﯾﻌﺮف ﻧﺴﺎن اﺣﻮال اﻟﻘﺮون اﳌﺎﺿﯿﺔ ﰲ م اﳋﺎﻟﯿﺔ
.(…)
35 Voir Edgard Blochet, Catalogue des Manuscrits Arabes des Nouvelles Acquisitions (1884–
1924), Paris, Ernest Leroux, 1925, nº 5897 et 6069 ; Georges Vajda, Index Général des Manus-
crits Arabes Musulmans de la Bibliothèque Nationale de Paris, Paris, cnrs, 1953, p. 291.
36 Wilhelm Ahlwardt, Verzeichniss der arabischen Handschriften königlichen Bibliothek zu
Berlin, Berlin, A. Asher & c°, 1897, t. ix, nº 9763 et 9764.
37 ʿAbd al-Raḥmān b. ʿAlī al-Daybaʿ, al-Faḍl al-mazīd ʿalā Buġyat al-mustafīd fī aḫbār madīnat
Zabīd, taḥqīq Yūsuf Šalhud, Ṣanʿāʾ, Markaz al-dirāsāt wa-al-buḥūṯ al-yamanī, 1983, p. 6–
7 [titre en français, Ibn al-Daybaʿ (1461–1537). Neuf siècles d’histoire de l’Arabie du Sud:
622–1517, « Le souhait de celui qui s’ intéresse aux événements de la ville de Zabid», suivi
du supplément, « Le surcroît de mérite», édition critique, avec introduction et notes par
Joseph Chelhod, Sanaa, The Yemeni Center for Research and Studies, suivi d’un préam-
Ibn al-Daybaʿ
bule moins détaillé sur l’ édition de texte]. Chelhod indique que l’autre ms. de la BnF,
datant de 1290h est fautif. Sans accès au ms. du Caire, il est difficile de savoir ce que Chel-
hod entend par le supplément (al-ḏayl), avec un article défini (c’est nous qui soulignons),
mais sans guillemet marqueur de titre: peut-être s’agit-il d’ al-Faḍl al-mazīd, étant donné
qu’ il existe un « Ḏayl ʿalā al-Ḏayl», faisant suite au al-Faḍl al-mazīd (ibid., p. 375), contenu
dans le ms. de l’ Académie de l’ Union Soviétique, le nº 62 au Catalogue de A.I. Mihaylova
(voir la note suivante, n. 37). L’édition de Chelhod corrige celle réalisée plus tôt par ʿAbd
Allāh Muḥammad al-Ḥibšī, Buġyat al-mustafīd fī aḫbār madīnat Zabīd, Ṣanʿāʾ, Markaz al-
dirāsāt wa-al-buḥūṯ al-yamanī, 1979.
38 A.I. Mihaylova, Katalog arabskih rukopisey Instituta Narodov Azii Akademii nauk sssr.
Vipusk 3. Istoriya, Moscou, Nauka, 1965, nº 61 et 62.
39 Voir Fehmi E. Karatay, Topkapı Sarayı Müzesi Kütüphanesi Arapça Yazmalar Kataloğu. Cilt
3, Akaid, Tasavvuf, Mecalis, Ediye, Tarih, Siyer, Teracim, Bilimler: no. 4680–7487, Istanbul,
Topkapı Sarayı Müzesi, 1966, nº 6085.
Abū Bakr al-Muqrī (m. 837/1433) et Muqrī ʿAfīf al-Dīn ʿUṯmān b. ʿUmar al-Nāširī
(m. environ 860/1456). Les événements contemporains d’ Ibn al-Daybaʿ sont
décrits sur la base de ses propres impressions. L’introduction est suivie de dix
chapitres (bāb) et d’une conclusion (ḫātima).
Le premier chapitre est entièrement consacré à Zabid (fol. 6v–7v). L’auteur
y vante les mérites de sa ville natale, aussi bien comme lieu de science (surtout
en droit et religion), que de villégiature. Située entre la montagne et la mer, elle
a une forme circulaire, c’est la plus grande ville du Yémen, dit-il, elle est même
plus grande que Sanaa, dont elle est distante de 40 farsaḫ-s40. Son peuple est
le plus riche du pays; disposant de grands jardins bien arrosés, on y trouve des
fleurs à foison, des fruits (raisin, bananes, citrons, grenades, oranges amères,
etc.). Ibn al-Daybaʿ souligne le rôle d’al-Qāḍī al-Rašīd Abū al-Ḥusayn Aḥmad b.
al-Qāḍī b. al-Ḥasan al-Rašīd ʿAlī b. Ibrāhīm b. Aḥmad b. al-Ḥusayn b. al-Zubayr
al-Ġassānī al-Kātib al-Šāʿir al-Aswānī, mort en Égypte en 563/1168, à qui l’ on
doit d’avoir capté une source et amené l’eau à la ville par l’ aménagement
d’ un canal. Savant éminent en ingénierie (handasa), il l’ était aussi en droit et
littérature (surtout poésie).
Le deuxième chapitre présente la dynastie des Ziyādides (204–409/819–1018)
et leurs vizirs (wazīr-s), qui ont gouverné durant la période de 371/981 à 412/1021
(fol. 8r–9r). Le troisième et le quatrième chapitres sont consacrés à l’ histoire
du Yémen sous la dynastie des Naǧāḥides d’Abyssinie (Ḥabaš) et à leurs visirs
(wazīr-s) à Zabid (412–553/1021–1158, fol. 9r–13r, l. 1–2 et fol. 13r, l. 2–15r, l. 1–
16). Le chapitre suivant est consacré aux successeurs des Naǧāḥides, les Banū
Mahdī (554–569/1159–1174, fol. 15r–16r, l. 1–9). Dans le sixième chapitre, l’ auteur
parle de la conquête du Yémen par les Ayyūbides et de leur administration
durant les années 569–625/1174–1228 (fol. 16r, l. 9–19r, l. 21). Après les Ayyū-
bides, c’est au tour des Rasūlides Ġassānides de gouverner (626–858/1229–1454,
fol. 19r, l. 21–30r, l. 3). Le huitième chapitre porte sur les Ṭāhirides, avec le règne
de Šams al-Dīn ʿAlī (850–883/1446–1478, fol. 30v, l. 3–41r, l. 10). Le chapitre sui-
vant poursuit avec le gouvernement de Manṣūr Tāǧ al-Dīn ʿAbd al-Wahhāb
(883–894/1478–1489, fol. 41r, l. 10–48r, l. 17). Le dixième et dernier chapitre est
contemporain de l’auteur et du règne d’al-Malik al-Ẓāfir Ṣalāḥ al-Dīn ʿĀmir
(894–923/1489–1517, fol. 48r, l. 17–58r, l. 3)41.
ﰲ ذﻛﺮ ﻗﯿﺎم اﻟﺴـﯿﺪ ﻋﲇ ﺑﻦ ﺪي ]ﺑﻦ ﶊﺪ.5 ﰲ ذﻛﺮ وزراء ا ٓل ﳒﺎح ؛.4 ﳒﺎح وذﻛﺮ اﻟﺼﻠﯿﺤﯿﲔ ؛
ﺑﻦ ﻋﲇ ﺑﻦ داود ﺑﻦ ﶊﺪ اﻟﺮﻋﯿﲏ ﰒ[ اﶵﲑي اﻟﻘﺎﰂ ﻟﳰﻦ وزوال ﻣ اﳊﺒﺸﺔ واﻧﻘﻀﺎء دوﻟﳤﻢ ؛
ﰲ ذﻛﺮ دو ]اﳌﻠﻮك[ ﺑﲏ رﺳﻮل اﻟﻐّﺴﺎﻧﯿﲔ.7 ﰲ ذﻛﺮ ]دو اﳌﻠﻮك[ ﺑﲏ اﯾ ّﻮب واّول دﺧﻮﳍﻢ اﻟﳰﻦ ؛.6
ﰲ ذﻛﺮ او اﻟﻐﺮاء اﻟﻄﺎﻫﺮﯾﺔ اﻟﺰﻫﺮاء وذﻛﺮ ﻗﯿﺎم اﻟﺴﻠﻄﺎن اﳌ اﺎﻫﺪ.8 ّﰒ اﻟﱰﻛﲈﻧﯿﲔ ]ﻟﳰﻦ[ ؛
ﴰﺲ اﯾﻦ ﻋﲇ واﺧﯿﻪ اﳌ اﻟﻈﺎﻫﺮ ﺻﻼح اﯾﻦ ﻋﺎﻣﺮ اﺑﻦ ﻃﺎﻫﺮ ﺑﻦ ﻣﻌﻮﺿﺔ ﺑﻦ ج اﯾﻦ
]ﺑﻦ ﻣﻌﻮﺿﺔ ﺑﻦ ﶊﺪ ﺑﻦ ﺳﻌﯿﺪ ﺑﻦ ﻋﺎﻣﺮ ﺑﻦ ﻣﺴﻌﻮد ﺑﻦ ﻓﻬﺮ ﺑﻦ وﻫﺐ ﺑﻦ ﺣﺮب[ اﻟﻘﺮﳾ ﻣﻮي
ﰲ ذﻛﺮ او اﻟﺴﻌﯿﺪة اﳌﺒﺎرﻛﺔ اﶵﯿﺪة اﳌﻨﺼﻮرﯾﺔ اﻟﺘﺎﺣﯿﺔ ااودﯾﺔ اﻟﻄﺎﻫﺮﯾﺔ دو ﻣﻮﻻ.9 اﻟﻌﻤﺮي ؛
اﻟﺴﻠﻄﺎن ﻣﺮ ﻟﻌﺪل وﺣﺴﺎن اﳌ اﳌﻨﺼﻮر ذي اﳌﻌﺎﱄ واﳌﻔﺎﺧﺮ ج اﯾﻦ ﻋﺒﺪ اﻟﻮﻫﺎب ﺑﻦ
ﰲ ذﻛﺮ ﻣﻮﻻ اﻟﺴﻠﻄﺎن ﺑﻦ اﻟﺴﻠﻄﺎن واﺳﻄﺔ ﻋﻘﺪ ﺟﯿﺪ اﻟﺰﻣﺎن اﻧﺴﺎن اﻟﻌﲔ.10 داود ﺑﻦ ﻃﺎﻫﺮ ؛
.وﻋﲔ ﻧﺴﺎن ]ﺳـﯿﺪ اﻟﺴﻼﻃﲔ واﳌﻠﻮك اﻟﺒﺎذل ﰲ ﻣﺮﺿﺎت ﷲ اﻟﻠﻜﻮك[ ﺻﻼح اﻧﯿﺎ واﯾﻦ
Ils correspondent à ceux de l’ édition de Chelhod. Une lecture ligne à ligne reste à faire si
l’ on veut comparer plus avant les deux textes.
42 Le début (incipit) de ce livre, dans le ms. de Berlin nº 9764, est le suivant:
اﶵﺪ اي ﺟﻌﻞ ﻟﯾﻦ اﺣﺴـﻨﻮا اﳊﺴـﲎ وزدة واﺟﺮي ﻋﺒﺎدة اﳌﻮﻣﻨﲔ ﻣﻦ ﻋﻮاﯾﺪﻩ اﶺﯿ ﻋﲆ
.(…) اﺣﺴﻦ ﻋﺎدة )…( اّﻣﺎ ﺑﻌﺪ ﻓﺎﻧﻪ ﳌﺎ ﯾّﴪ ﷲ ﺗﻌﺎﱃ و اﶵﺪ ﲤﺎم ﻛﺘﺎﰊ ﺑﻐﯿﺔ اﳌﺴـﺘﻔﯿﺪ
La copie de Sofia ne comporte pas cet incipit, elle commence directement par la relation
des événements :
وﰲ ﯾﻮم اﻟﺜﻼ ﱐ اﶈﺮم اول ﺳـﻨﺔ اﺣﺪى وﺗﺴﻌﲈﯾﺔ اوﻗﻊ ﺟﻨﺪ اﻟﺴﻠﻄﺎن واﻟﺼﻤﯿﻮن ﻟﻮاﻋﻈﺎت
.(…)
(voir p. 230 de l’ édition de Chelhod).
43 Outre l’ édition de Chelhod déjà citée, utilisant le ms. de Berlin comme texte de référence,
le livre a été publié à Sanaa, Maktabat al-iršād, en 2008.
Zabīd min al-mulūk [ill. 4]44. Y sont présentés les gouverneurs de Zabid des
Ziyādides aux Ṭāhirides, à nouveau de manière chronologique. Le texte de cette
urǧūza est considéré par al-Baġdādī45 et C. Brockelmann comme le troisième
livre d’Ibn al-Daybaʿ, tandis que A. Mihaylova le traite comme la conclusion du
Buġyat al-mustafīd46.
44 Cette œuvre n’a pas été publiée à notre connaissance; le ms. de Sofia fait l’objet d’un
projet d’ édition. Incipit :
: اﺣﺴﻦ اﻟﺴﻠﻮك ﰲ ]ﻧﻈﻢ[ ﻣﻦ وﱄ زﺑﯿﺪ ﻣﻦ اﳌﻠﻮك ﻻﺑﻦ اﯾﺒﻊ اﻟﺸﯿﺒﺎﱐ وﱓ ارﺟﻮزة اّوﻟﻬﺎ
Conclusion
Le manuscrit or. 2545, objet de notre recherche, a été acquis par la Biblio-
thèque nationale de Bulgarie en 1888. À l’époque ottomane, il appartenait à
la Bibliothèque de waqf fondée dans la ville de Vidin. Elle est liée au nom
du célèbre gouverneur local, ʿOsmān Pazvāntoġlu, et de son père, ʿÖmer aġa
Pāsbān-zāde. Ce manuscrit, contenant trois œuvres d’ Ibn al-Daybaʿ, suivies de
deux urǧūza-s, couvrant partiellement la première période ottomane, par deux
auteurs différents, représente un volume exceptionnel, entièrement consacré
à une histoire chronologique du Yémen.
48 Dans la mesure où l’ on ne connaît pas l’ auteur, adīb peut renvoyer ici au sens technique
d’ homme formé aux Belles Lettres (adab) ou bien peut signifier lettré en général.
49 Incipit :
اﶵﺪ اﶵﯿﺪ ااﱘ اﻟﻮاﺣﺪ اﻟﻔﺮد اﳉﻠﯿﻞ اﻟﻌﺎﱂ
(ﰒ اﻟﺼﻠﻮة ﺑﻌﺪ ﲪﺪ ﷲ ﻋﲆ اﻟﻨﱯ اﻟﻄﺎﻫﺮ ّول )؟
.(…)
ill. 1 Page de titre ( f. 1r, avec cachet de waqf) du Ms. or 2545 de la Bibliothèque nationale
de Bulgarie, Sofia.
ill. 4 Première page d’Aḥsan al-sulūk fī [naẓm]-man waliya madīnat Zabīd min
al-mulūk. ms Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 104v.
ill. 5 Première page d’ al-Urǧūza al-waǧīza bi-siyar sayr fī taʾrīḫ ʿAbr. ms Bibliothèque
nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 107v.
ill. 6 Première page d’al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād
al-Yaman. ms Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 115v.
ill. 7 Suite d’ al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād al-Yaman. ms
Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 116r.
ill. 8 Suite d’ al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād al-Yaman. ms
Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 116v.
ill. 9 Suite d’ al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād al-Yaman. ms
Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 117r.
ill. 10 Suite d’ al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād al-Yaman. ms
Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 117v.
ill. 11 Dernière page d’ al-Mabhaǧ al-wāḍiḥ al-ḥasan fī-man waliya baʿd Farhād al-Yaman.
ms Bibliothèque nationale de Bulgarie, Sofia, or 2545, f. 118r, avec cachet de waqf.