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Cédric Peignat
A supposer que le cerveau soit un milieu qui ne diuse pas les photons à haute
fréquence des rayons X, ou du moins qu'il ne les diuse que de façon négligeable, on
peut supposer qu'un rayon X traverse le cerveau de manière rectiligne. Aussi, il est
possible de mesurer la perte d'intensité d'un rayon selon une direction de l'espace,
ce qui donne indirectement, via une équation diérentielle d'absorption d'ordre 1,
l'intégrale du prol densitaire du cerveau dans cette direction. Ceci justie donc
le procédé IRM, qui consiste à bombarder le cerveau de rayons X dans un grand
nombre de directions et à mesurer leur intensité en sortie. En eet, le théorème de
Radon, énoncé en 1917, établit que la donnée des intégrales d'un prol dans toutes
les directions orientées du plan ou de l'espace permet de reconstituer dèlement ce
prol. Ceci permet par la suite de repérer d'éventuelles zones plus denses dans le
cerveau, notamment les tumeurs, qui évoluent dans un espace restreint et constituent
donc un pic densitaire dans le cerveau. Le procédé s'étend naturellement à d'autres
zones du corps humain, et est de ce fait utilisé pour repérer tous types de cancers.
Ainsi, nous nous intéresserons dans cet exposé au théorème de Radon (qui est
une conséquence du théorème d'inversion de Fourier) et à certains résultats annexes,
qui partent d'hypothèses plus faibles que la connaissance de toutes les intégrales lon-
gilignes, ce qui est une condition à l'évidence irréalisable en pratique. Cette étude
nous précisera quelles données sont en pratiques nécessaires et/ou susantes à l'éta-
blissement d'un prol densitaire dèle sinon exact.
Nous étudierons aussi de manière plus générale la transformée de Radon (la donnée
de toutes les intégrales selon des espaces de dimension nies, typiquement des droites
ou des plans dans le cas de l'espace à trois dimensions) et la formule d'inversion de
Radon, ainsi que certaines autres méthodes de radiographie utilisées en pratique et
qui reposent sur des résultats similaires au théorème de Radon.
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Table des matières
Préliminaires 4
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Préliminaires
Espace des rayons orientés : L'espace des rayons orientés de Rd est en bijection
avec le bré tangent de la sphère unité
selon la bijection qui à (x, θ) associe {x + sθ, s ∈ R}. Aussi la notation T Sd−1 se
référera-t-elle implicitement à l'espace des droites orientées par la suite, et les droites
considérées seront notées (x, θ) sans plus de précisions.
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Inversion de la transformée de Radon
Démonstration :
Z Z Z Z Z Z
iξ.x iξx ξ∈θ⊥ iξ(x+sθ)
e Pθ f (x) dx = e f (x+sθ)dsdx = e f (x+sθ)dsdx = eiξ.y f (y) dy
θ⊥ θ⊥ R θ⊥ R Rd
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Cas de la dimension 2
Pour θ ∈ S1 , t ∈ R, s ∈ R, on note
qθ (t) := P f (sθ⊥ , θ)
Z
1 qθ (t)
qeθ (s) := p.v. dt
π s−t
R
Que l'on intègre par rapport à r en premier lieu, ce qui fournit bien la formule
attendue
Z Z
1 ⊥ 1 qθ (s)
f (x) = θ ∇x p.v. ds dθ
4π π xθ⊥ − s
S1 R
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Cas de la dimension 3
On considère dans toute cette section que f ∈ S(R3 ).
Intégrales longilignes
Le cas où la donnée spectrale est l'ensemble des intégrales longilignes est assez
facile à traiter. En eet, le théorème 1 en dimension 2 permet de conclure immédia-
tement : en voyant un objet trois dimensions comme une superpositions de plans,
on reconstruit plan par plan le prol jusqu'à obtenir la reconstitution en trois di-
mensions.
Intégrales planaires
Le cas où la donnée spectrale est celle des intégrales planaires est déjà plus
compliqué à traiter, quoique très similaire au cas de la dimension 2.
Proposition 2 :
Z Z
2 ius
∀u ∈ R, ∀θ ∈ S , e Rf (s, θ)ds = eiuθ.x f (x)dx
R R3
Proposition qui peut d'ailleurs s'étendre au cas de Rd en prenant θ dans Sd−1 et qui
se démontre comme la proposition 1.
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Inversions de données partielles
l=+∞
X
Pθ f (s) = P f (sθ⊥ , θ) := ql (s)eil(ϕ(θ)+π/2) , s ∈ R∗+
l=−∞
Z+∞
1
fl (r) = − (s2 − r2 ) T|l| (s/r) ql0 (s)ds
π
r
où Tn , n ∈ N est le polynôme de Tchebyshev d'ordre n. Ce résultat est assez puissant
puisqu'il relie les coecients de Fourier de f et de sa transformée un à un. Il implique
par ailleurs un analogue du théorème 1, puisqu'il permet d'inverser d'une autre façon
la transformée de Radon.
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Proposition 4 : ∀n ∈ N, ∃(θ1 , .., θn ) ∈ (S1 )n , ∀f ∈ S(R2 ), ∃g ∈ S(R2 ) tq ∀i ∈
[|1, .., n|], Pθi f = Pθi g et f 6= g .
En d'autres termes, même un nombre ni quelconque de directions d'intégration
ne saurait déterminer uniquement la fonction à reconstruire. On remarquera que
la démonstration de ce théorème ne peut pas s'étendre aux dimensions supérieures
puisqu'elle s'appuie sur le théorème de Cormack.
Aussi, choisissant
p = 2n, φ1 := π/(2n), φ2 := π/(2n) + π/(2n), ..., φn := π
on dénit bien n directions distinctes dans lesquelles Pθi ≡ 0, alors qu'à l'évidence
f 6= 0, puisque choisissant sans restrictions ρ(1) = 1, on a
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Démonstration du lemme : Considérons donc maintenant
n
Y
q(ξ) := θk .ξ
k=1
Aussi les termes de type η.θ apparaissent dans le développement en zéro de fˆ pour
tout θ dans Θ. Ce qui constitue un zéro d'ordre inni, donc fˆ ≡ 0, ce qui résulte en
f ≡ 0.
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Détermination locale
Dans le même ordre d'idées que ce qu'on a pu voir dans la section précédente, où
nous avons étudié les intégrales directionnelles, on peut naturellement se demander
ce qui se produit quand on connaît les intégrales selon certaines lignes particulières,
plutôt que selon certaines directions. C'est un problème à la fois plus naturel et plus
compliqué, puisque les distributions possibles de lignes sont indénombrables. Nous
allons nous attacher à deux cas particuliers dans les sections qui suivent : le cas où
l'on désire déterminer le prol densitaire ponctuellement, à l'aide de données locales
autour du point d'étude, et le cas où l'on désire connaître le prol en dehors d'une
zone d'ombre. Les deux cas seront étudiés en dimensions 2 et 3, cas longilignes et/ou
planaire.
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Trou dans la gure
Dans certains cas, notamment lorsque le procédé de scan n'est plus appliqué au
corps humain mais bien à des objets inconnus, il arrive que le rayon ne pénètre pas
ou mal certaines zones de la gure, ce qui prive le scan d'une quantité énorme de
données, puisque toutes les lignes censées passer par cette zone sont impossibles à
étudier. Ceci amène tout naturellement à poser la question de la reconstruction d'un
prol densitaire en dehors d'un "trou de visibilité". C'est-à-dire reconstruire le prol
de l'objet en dehors de cette zone et sans les lignes qui la traversent.
Cas de la dimension 2
Cas de la dimension 3
Démonstration : Soit x ∈/ D. D est compact convexe, aussi soit P un plan tel que
x ∈ P et P ∩ D = ∅ (si l'on en veut un explicitement, on peut noter y le projeté
orthogonal de x sur D, puis prendre P orthogonal au vecteur xy~ et passant par x).
Par hypothèse, notant D(P) l'espace des droites de P, D(P ) ⊆ Ω(D), ce qui nous
ramène au cas d'inversion du théorème 1 et conclut à la détermination unique de
f(x).
En revanche, le résultat est faux en ce qui concerne les plans n'intersectant pas
D.
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Espaces atteints par la transformée
de Radon en dimension 2
Image de S(R2)
On considère l'opérateur
Z
2 1
P : S(R ) → S(R × S ), P f (s, θ) = f (sθ⊥ + tθ)dt
R
Déjà on remarque qu'une fonction radiale est nécessairement paire. De plus, toute
fonction radiale vérie bien la condition énoncée au théorème 4. En eet :
q est schwartzienne donc intégrable contre tout polynôme en s, et de plus en voyant
1̃ comme polynôme homogène en θ selon θ12 + θ22 , on aboutit à q ∈ P (S(R2 )).
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De plus, il est assez clair que si f est radiale, alors Pf l'est, en eet
Z Z Z
P f (s, θ) = ⊥
f (sθ + tθ)dt = ⊥
f (R−θ (sθ + tθ))dt = f (s~j + t~i)dt = q(s)
R R R
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Suppléments, bibliographie
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