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Traitement de Traitement
l’échantillon des données
61 % 27 %
Analyse
6%
Échantillonnage
6%
Figure 15
Extraction, identification et analyse
de composés à partir d’un steak
Figure 16 grillé : un ensemble d’opérations
longues à mettre en œuvre.
Le défi des faibles doses : le gain en
matière de limites de détection au
cours de ces vingt dernières années
est considérable.
GC-MS = Gas Chromatography-
Mass Spectroscopy ; LC-MS = Liquid
Chromatography-Mass Spectroscopy.
1980-1990
GC-MS
LC-MS peu répandue dans les laboratoires d’analyse
Interfaces DLI, moving belt, thermospray, particle beam, CF-FAB
Quadripôles
Sensibilité / sélectivité
2000-2010
LC-MS = technique de routine
ESI, APCI (APPI)
(triple) quadripôles, pièges 2D/3D, hybrides (Q-q-LIT, Q-q-ToF, Orbitrap)
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Bienfaits et risques : la recherche de l’équilibre
identifié comme étant poten- sanitaires (comme nous
tiellement toxique pour l’avons vu précédemment
l’homme, il faut ensuite évaluer avec l’exemple des pesti-
le risque sanitaire réel pour le cides, paragraphe 2), car dans
consommateur. le domaine alimentaire, les
composés étudiés n’ont pas
4.3. La difficulté d’évaluer été conçus pour un effet biolo-
un risque sanitaire gique particulier.
alimentaire Prenons l’exemple des addi-
(Gérard Pascal) tifs alimentaires, uniquement
Pour évaluer le risque conçus pour leur intérêt tech-
sanitaire d’un composant nologique, et pour lesquels
alimentaire ou d’un aliment, il faut évaluer le risque sani-
taire de molécules telles que
il faut en déterminer la dose
le BHT (ou hydroxytoluène
journalière admissible (voir
butylé, Figure 18), un additif
l’encart « La dose journalière
alimentaire de synthèse
admissible »). Il est donc
utilisé pour lutter contre l’oxy-
nécessaire de disposer d’une
dation des matières grasses.
méthodologie d’évaluation
toxicologique dans le domaine Cet additif a été testé sur des
de l’alimentation. animaux de laboratoire, tels
que des rats, auxquels ont
4.3.1. Évaluation du risque été administrées des doses
sanitaire pour un composant variant de 10 à 100, voire
alimentaire même 300 mg/kg/jour, ce qui
La mise au point d’une telle représente 200 à 2 000 fois
méthodologie fut un véri- l’exposition humaine maxi- Figure 18
table défi pour le toxicologue, male. Au bout de 90 jours,
qui, jusqu’aux années 1950, voire deux ans, c’est-à-dire Si l’on peut évaluer le risque
sanitaire d’un composant
n’étudiait que la toxicité de les deux tiers de l’espérance
alimentaire (le BHT), il n’est en
composés biologiquement de vie moyenne du rat, il est revanche pas évident d’évaluer
actifs tels que les médica- possible de détecter quelques celui d’un aliment (par exemple
ments ou les produits phyto- effets considérés comme un maïs OGM).
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La chimie et l’alimentation
Courbes décrivant :
existent entre la modélisation 15 b
(a) seuil
expérimentale et la réalité :
(b) linéaire sans seuil, 10
les groupes de rats sont
et 5
génétiquement homogènes
(c) modèle hormétique
et l’effectif de ces groupes 2.5
de dose-réponse
est au maximum de l’ordre de
cinquante ; on est donc assez 15 c
loin des conditions de l’expo- Hormésis: courbes
sition humaine, caractérisée en J ou en U 10
« métabolome » = ensemble
des métabolites de l’orga-
nisme) n’est pas le même
que lorsque nous consom-
L'exposition aux faibles doses
entretient un niveau de base de mons du pain blanc. Quant à
fonctionnement des systèmes de en tirer des conclusions en
défense qui permettent d'éviter
l'apparition des effets toxiques termes de risque ou de supé-
riorité d’un pain par rapport
à l’autre, il faudrait beaucoup
3-Méthylcholanthrène (μg) plus de données pour pouvoir
40 conclure. Dans le cadre des
Bienfaits et risques : la recherche de l’équilibre
produits chimiques, c’est de manière mesurable notre
exactement la même chose. métabolisme et a-t-on les
Aujourd’hui, connaître la signi- outils pour appréhender ces
fication toxicologique exacte effets ?
des modifications observées Certaines recherches s’in-
(par exemple du métabolome) téressent aux « empreintes
en réponse à l’exposition à un
métaboliques », basées sur
composé chimique ou à un
des « biomarqueurs », qui
constituant alimentaire est un
sont des substances que l’on
réel défi pour le nutritionniste
peut mesurer par analyse d’un
et le toxicologue.
tissu, de l’urine, ou du sang, et
Vers qui seraient révélatrices du
5 la compréhension
des effets alimentaires
métabolisme qui a lieu dans
l’organisme. Ces biomar-
sur l’organisme queurs peuvent permettre de
(Jean-Pierre Cravedi, Sylvie mesurer, voire de prédire le
Chevolleau, Cécile Canlet passage d’une molécule, et les
et Laurent Debrauwer) conséquences biologiques et
fonctionnelles de ce passage
La notion d’exposition est un
dans l’organisme. La première
facteur important dans l’étude
étape consiste en une analyse
du risque alimentaire et les
chimique. Celle-ci fournit des
outils de la chimie analytique
signaux qui sont analysés par
sont souvent bien adaptés à
des méthodes statistiques
la mesure des traces d’une
multitude de contaminants. et bio-informatiques (faisant
appel à une double compé-
Au-delà du domaine de la tence en informatique et en
toxicologie, certains labora-
biologie) (Figure 21).
toires sont aujourd’hui égale-
ment dotés d’outils d’analyse Pour certains contaminants
permettant de mesurer les tels que les perturbateurs
effets produits par des consti- endocriniens, il existe une
tuants alimentaires : effet controverse sur la relation
nutritionnel, effet sensoriel... entre dose et effet. Des études
Ces analyses sont effectuées ont été réalisées pour déter-
selon différentes approches miner si ces substances, à
possibles, parmi lesquelles des doses comparables à
on peut citer les approches celles auxquelles l’homme est
globales récemment déve- exposé, sont capables ou non
loppées, qui sont basées d’avoir un impact sur le méta-
sur la nouvelle science des bolisme de certains organes
« omiques » : génomique (Figure 21). Les effets ont été
(étude des gènes), transcripto- recherchés non pas sur les
mique (étude de l’ARN), protéo- souris traitées, mais sur leur
mique (étude des protéines de descendance. En fonction
l’organisme), métabolomique de la dose qui a été injectée,
(étude des métabolites : sucres, les biomarqueurs reflé-
acides aminés, lipides, etc.). tant les voies métaboliques
Une question se pose : ont permis de distinguer
Certaines substances sont- plusieurs groupes et de déter-
elles capables de modifier miner les cibles (foie, cerveau) 41
La chimie et l’alimentation
Crédits
photographiques
– Fig 4, 6, 9, 10 et 11 : Afssa – Fig 17 : Chips et frites :
– Fig 8A : Licence CC-BY-SA, Licence CC-BY-SA, Rainer
Rude Zenz