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·
LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
SEGHERS
Ce titre a déjà été utilisé pour une série d'articles du même auteur,
, publiés dans Le Monde du Dimanche.
Préface ...........................................: 9
Introduction ,
Chemins faisant.................................. 17
1. DES FAUCONS A LA PUCE
La Rand Corporation ............................ 23
SRIInternational ............................... 32
Institut pour le futur ............................. 49
2. LES COUSINS D'AMÉRIQUE
Gamma ....................................... 61
3. LES FUTURS DE CULTURE
La prospective, un produit français ................ 79
Association Internationale Futuribles .............. 88
Apprendre la prospective au CNAM ............... 102
4. LES VOIX DU CAPITOLE
Le Club de Rome ............................... 113
5. YALTA DU FUTUR
IIASA ......................................... 127
6. AU PAYS DES MUTANTS CALMES
Institut pour les technologies du futur .............. 145
Nomura Research Institute ....................... 155
7. L'ESPOIR QUI VIENT DU FROID
Secrétariat suédois d'études sur le futur ............. 171
8. THÉ SANS SUCRE
SPRU ......................................... 189
8 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
9. RAPPORTS EN COMMUN .
Les programmes sur le futur ...................... 211
Interfuturs ..................................... 212
Fast ........................................... 238
Fastl ......................................... 239
Fast 2 : la maturité .............................. 261
10. UN AVENIR SUR MESURE
Le Plan en plan ................................. 267
11. LE CÉLESTE EMPIRISME
Sociétéchinoise pour les études du futur ............ 285
Conclusion : Demain... peut-être ....................... 295
Annexes
Boîte à outils ................................... 303
La clef universelle: World Future Society ........... 309
Bibliographie ................................... 311
PRÉFACE
Gérard KLEIN
. 22 juillet 1986
Introduction
'
CHEMINS FAISANT...
. -
1.
Mathématiqueset informatiqueconvolent
C'est à Santa Barbara que les sciencesdures, les mathématiques
et l'informatique ont investi le futur pour tenter de le soumettre à
. A LA PUCE
DESFAUCONS 25
leurs lois. Les tout premiers ordinateurs y ont fait leur nid climatisé
et les systèmes d'équations linéaires y ont bourdonné comme des
essaims. On y a ardemment extrapolé, modélisé, joué avec les
théories pertinentes, simulé, identifié les objectifs et planifié,
recherché opérationnellement, analysé les coûts-bénéfices,analysé
les systèmes,évalué les technologies, cartographié le futur à grand
renfort d'analyses morphologiques, d'arbres de pertinence, de dia-
grammes, de matrices d'impacts. Mais on y a aussi scénarisé et
sondé les experts. Delphi est né là, de Norman Dalkey et Olaf
Helmer.
Enfin et surtout, c'est avec la Rand que vont se concocter, se
tester, se simuler bon nombre de décisionsstratégiques du gouver-
nement américain, au travers de programmes qui concernent plus
les applications que la recherche fondamentale et qui sont centrés
sur les problèmes de politique, de planification et de développe-
ment : travaux et recherchessur des points essentielsde la défense
nationale (systèmeset matériels, personnels, stratégies, théâtres de
conflits, etc), sur des points clés égalementde la vie civiledu pays
(justice, éducation, énergie, santé, habitat, etc.)
50 à 60 % des travaux de la Rand concernent la défense ou la
sécurité nationale et sont effectués pour le Pentagone ou la CIA.
10 % seulement de ces travaux sont confidentiels. Le reste est
systématiquementpublié.
La Rand travaille essentiellementpour des structures publiques :
agences fédérales et locales, municipalités, organismes officiels,
syndicats professionnels,quelques gouvernementsétrangers...
Disciplineset divisions
Une universitectomieréussie
Intrapreneurs au couteau
Innovationsur mesure
La trilatérale du business
1. Voirchap.SRIInternational.
50 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
' w
Têtes chercheuses
.. , Futur en souscription .
L'avenir en couleurs .. , ,
Une place à part est faite au domaine de la santé, traité par une
équipe de spécialistes sous la direction de Ian Mousson qui vient
DES FAUCONSA LA PUCE 55
Télécompétences
Deuxièmesecteur de développementsur le terrain des technolo-
gies de l'information, la téléconférence. Là encore, l'Institut ..
coopère avec entreprises et organisations pour la mise en place et
l'expérimentation de nouveaux systèmes.Sescontrats d'« interven-
tion concrète » (practical consulting)font une part importante aux
impacts sociaux et sur l'environnement. Sa clientèle (plus de
300utilisateurs)va de la Citybank à la municipalitéde North Slope,
Alaska, testant un réseau de téléconférences à l'intention de
8 villages isolés dans les neiges. Pour la promotion de ce départe-
ment, l'IFTF n'hésite pas à innover dans des applications spectacu-
laires. Par exemple dans un procédé de télécréation qui permet à
2 créateurs de mode éloignésde plusieurs milliersde kilomètresde
travailler simultanémentsur le mêmeécran. Une expériencede mise
_ au point d'un modèle de vêtementà 2 a été présentéeau public, l'un
et l'autre des créateurs pouvant corriger, apporter des éléments
DES FAUCONSA LA PUCE 57
« Small is beautiful »
1. Version anglaise publiée par Harper et Row (New York), Fitzeury et Whiteside
(Toronto), version française publiée par les Editions Quinze.
_ LES COUSINSD'AMÉRIQUE 63
Le Québec en 28 volumes
« Lancés par ces deux grands projets qui nous ont permis de tes-
ter nos capacités et notre marché, d'expliciter nos méthodes, nous
avons été amenés à modifier nos structures », explique Kimon
. Valaskakis, « à les adapter à notre développement et à notre souci
d'ouverture sur le privé, simultanément au' choix de grandes ave-
nues de recherche » :
1. Editeur« LesQuinze», 1980.
LES COUSINSD'AMÉRIQUE 67
Le projet Delta est avant tout une démarche qui a pour but de
constituer un forum sur l'avenir des communications canadiennes.
Horizon prévisionnel : cinq à dix ans. Le réseau Delta regroupe des
décideurs des gouvernements fédéral et provinciaux, des industries
de la communication, le monde du travail et des groupes de citoyens
intéressés. L'équipe Delta, composée du coordonnateur Peter S.
Sindell et de consultants du secteur académique, du monde des
affaires et des milieux gouvernementaux, assure la préparation des
documents de travail et autres supports techniques, matériels ou
méthodologiques. Le projet se déroule sous l'égide de Gamma à
l'Université de Montréal, son financement est assuré par les mem-
bres du réseau sur la base d'une souscription annuelle avec des
participants venant des secteurs public, semi-public et privé : le
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications cana-
diennes, le ministère des Communications.fédéral et celui du Qué-
bec et de l'Ontario, Radio-Canada, Ontario Educational Commu-
nications Authority et Manitoba Telephone System, l'Association
canadienne des radiodiffuseurs, l'Association canadienne de télévi-
sion par câble, Bell Canada, Canadian Cablesystems Ltd, CP Télé-
communications, Canstart Communications Ltd, The Globe and
Mail Ltd, la Presse Ltd, Mac Millan Bloedel Research Ltd, Nor-
thern Telecom Ltée, SED Ltd, Télécâble Vidéotron Ltée et Torstar
Ltd. Les associations de travailleurs comprennent ACTRA et la
Fédération canadienne des travailleurs en communications, alors
que les citoyens sont représentés par le Conseil canadien des églises
et l'Association des consommateurs du Canada.
68 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
La stratégie du saute-mouton
L'espace-temps
' .
Alphabétiserles décideurs
et plus grande est la turbulence, plus il faut être vigilant ; on évite les
surprises stratégiques du type syndrome du Titanic (voir trop tard
le danger) ou syndrome de la Thalidomide (ne pas être averti des
conséquences indirectes et involontaires d'un événement) ;
- on améliore le processus de programmation
stratégique et on
évite de prendre les mauvaises décisions.
BETA élabore à l'intention de ses clients un rapport annuel,
orienté vers le long terme - 3 à 7 ans - qui analyse les tendances,
les événements et les idées dans les domaines de l'énergie, l'environ-
nement, l'économie, la politique, la technologie, les valeurs, la
société et la culture. Tous les trimestres, ce rapport fait l'objet d'une
actualisation et d'un atelier où des membres de chacune des organi-
sations clientes peuvent confronter leurs points de vue avec l'équipe
de Gamma.
e TAO: Threats and Opportunities Analysis (Analyse des
menaces et des opportunités).
Ce service est conçu sur mesure pour le client. C'est une analyse
sélective des tendances et des événements clés du point de vue strict
d'une organisation, ou d'une firme donnée, ainsi que des menaces
possibles et des opportunités à saisir. Une fois par an un document
de 30 à 50 pages est remis aux clients.
e SPA: Strategic Profiles Analysis (Profils stratégiques). Les
profils sont construits avec le personnel de la firme. Il ne s'agit pas
tout à fait de scénarios mais d'esquisses de scénarios qui identifient
les objectifs, et les cheminements nécessaires pour les atteindre.
SPA donne lieu à un rapport individuel pour le client, élaboré en
étroite liaison avec lui.
e TTA : Training in Tracking Analysis.
Ce dernier service est destiné à augmenter la capacité interne
d'une organisation à détecter les faits porteurs d'avenir, à conduire
des prévisions à long terme et à se livrer à des exercices de planifica-
tion. Gamma organise des séminaires, des ateliers, des séances de
formation au futur, à la demande.
Créer en français .
Mixed Gamma
L'inventeurdes futuribles
Il arrive aux prophètes de prêcher dans le désert :ça n'a pas été le
cas. Le Centre international de prospective regroupait auprès de
Gaston Bergerun ensemblede personnalitésde premier plan, dont
un échantillon de vedettes de l'Enarchie et des Grands Corps, de
LESFUTURSDE CULTURE 83
1. 20 ans après, l'INSEE a confronté ces projections avec la réalité : « Des projec-
tions revisitées », Futuribles n, 91.
1.
2. Fusion de l'ancien OTU et d'une filiale de la SEMA.
3. Comme le montre Josée Landrieux dans sa thèse de doctorat Prospective et
aménagement, 1981, qui inspire ici notre développement.
84 DU FUTUR
LES TRAVAILLEURS
Et maintenant ?...
Inventedhere... et pourtant...
Que nul ne soit prophète dans son pays, la prospectiveen fait une
expérience évidente en France Malgré la sympathie dont elle a
bénéficiédans l'Administration au moment où la croissancenatio-
nale était portée sans effort par le développement international,
malgré l'engagement personnel de quelques rares entrepreneurs
lucides ou avisés, elle n'a pas réussi à occuper la place qu'elle
revendiquait - et sans doute méritait - au coeurdes choix straté-
giques qui déterminent notre futur. Serions-nousencore trop enra-
cinés dans notre passé pour nous sentir libres de dessiner notre
futur?
De la graine à l'arbre
Futuriblesaujourd'hui
.. Ce qu'il veut être :un groupe de pression sur les politiques, dont
la réflexionest axéesur l'avenir de nos sociétés.En considérantqu'il
n'y a pas de méthode qui permette de dire : « Le futur sera comme
cela » et qu'au mieux, on peut dire : « Si vous agissezainsi, il y a de
fortes chancespour que l'évolution aille vers cette direction, vers ce
futurible. »
Le rôle de la prospective n'est pas de prédire l'avenir, mais de
susciterla réflexionsur lesactions à entreprendrepour contrôler cet
avenir. Plus que les analystesdu futur, les membresde Futuribles se
considèrent comme des analystes du présent, des potentialités du
présent. « Nous mettons en évidencedes problèmes qui ne sont pas
immédiatement perceptibles ;nous pistons les signes de change-
ment, les tendances d'évolution, les risques de rupture ; nous aler-
tons ; nous essayons d'apprendre, non seulement aux décideurs
industriels et publics, mais aussi aux citoyens à s'interroger sur les
conséquencesà long terme de leurs décisionsd'aujourd'hui. Ce qui
est en jeu, à travers la prospective que nous pratiquons, c'est la
capacité d'inventer et d'instaurer un systèmesocial qui fassedroit à
l'épanouissement humain. »
C'est une originalité fondamentale de Futuribles que de ne pas
pratiquer le culte des modèlesmathématiques. On travaille sur des
nombres certes, mais la réflexion est davantage orientée vers les
facteurs humains. L'avenir dépend d'une multitude de facteurs :
les uns quantifiables - de manière plus ou moins objective-, les
LESFUTURSDE CULTURE 91
A l'Ouest, du nouveau
Le coeur parisien, quant à lui, bat pour des thèmes qui lui parais-
sent assez déterminants pour réussir à arracher des financements
suffisants pour faire vivre des équipes de recherche engagées sur un
travail en profondeur. Pour 1984-1985, trois voies d'investigations
essentielles ont été ouvertes :
- La crise de l'Etat protecteur, l'avenir des politiques sociales.
- Quelle informatique pour quel développement?
- L'impact des technologies nouvelles.
Techno-imbroglio
La patrie-fratrie de la prospective
Gutenberg à la rescousse
- La revue mensuelle Futuribles est diffusée à 3000 exemplaires ;
revue d'analyse, de prévision et de prospective sur les problèmes
contemporains, leurs évolutions possibles, elle ouvre largement ses
colonnes aux chercheurs, aux acteurs, aux décideurs publics et
98 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
. Inconditionnels et parrains
Un innovateur tri-centenaire
L'industrie de la découverte
De l'environnement au non-marchand
La Nouvelle Vague
1. DallozEconomie,1976.
2. Laffont,Seghers,1981.
1.
3. Voirchap.«Interfuturs».
106 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
Convergences
1. P.U.F.,1977.
2. Voirchap.correspondant.
LES FUTURSDE CULTURE 107
faire des plans à long terme ; chez Olivetti ensuite dont il devient
président ; puis dans sa propre firme de consultants Italconsult. Il
connaît bien le tiers monde où il construit des usines. Homme
d'action, il apprécie la spéculation intellectuelle ; il a travaillé dès
l'âge de 15 ans tout en continuant ses études. Homme de passion, il
a connu les prisons fascistes et participé à la libération de son pays.
Il a une foi illimitée en l'homme et se qualifie de « real-utopique ».
Son charme est légendaire : « Aurelio était un catalyseur, séduisant
. au-delà de l'intelligence, un mélange de chaleur, de raisonnement,
de rayonnement unique », rêve Robert Lattès 1 enparlant de lui. Il
va trouver les industriels et leur demande des fonds pour défendre
leurs intérêts à venir. Il va trouver les intellectuels et leur dit :
, « Travaillons ensemble, aidez-nous à y voir clair. »
En avril 1968, le Club de Rome est créé, à Rome, à l'Académie de
Lincée. Autour d'Aurelio Peccei: Bertrand de Jouvenel 2, Jean
Saint-Geours 3, Alexandre King', Maurice Guernier\ Des
hommes penchés sur l'avenir des industries, tous des voyageurs
infatigables.
Maurice Guernier rapportait : « Nous partagions l'idée, que nous
avons par la suite largement propagée, que l'activité de l'humanité
sur la planète se comporte et se développe comme un système
global. Il y a une démographie, une production, une énergie, un
environnement, une santé, une pollution planétaires... qui se situent
en dehors et avant les problèmes nationaux et qui réagissent sur
ceux-ci. Ces éléments dépendant les uns des autres, leur ensemble
constitue ce que nous avons appelé la problématique mondiale,
qu'il est indispensable de connaître pour résoudre les problèmes des
153 nations qui composent le monde, et que nous avons décidé
d'analyser et de promouvoir comme toile de fond pour toutes les
discussions engageant l'avenir. »
Le premier scientifique sollicité par Aurelio Peccei est Jay W.
Forrester qui travaille depuis longtemps au « Massachusetts Insti-
tute of Technology » sur une étude mathématique des systèmes
complexes, la dynamique des systèmes, qui repose (très schémati-
quement) sur deux principes : la structure de tout système est plus
1. Actuellementdirecteurà Paribas.
2. Economiste,philosophe,fondateurde Futuribles.
3. Alors au ministèredes Finances,départementde la prévisionet de la
planification.
à l'OCDE.
4. AlorsdirecteurdesAffairesscientifiques
5. Alorsinspecteurdel'Economie du tiersmonde,décédéen
nationale,spécialiste
1984.
LES VOIX DU CAPITOLE 115
1. Leschiffresde baseétaientceuxdesNations-Unies.
116 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
'
La pente fatale
'
I. MihajloMesarovic, directeurdu Centred'analysedessystèmesde CaseWes-
tern Reserveà Cleveland(Ohio).
2. EduardPestel,enseignantet chercheurà l'Institutde technologie
de Hanovre,
de DeutscheForschungsgemeinschaft.
vice-président
LES VOIXDU CAPITOLE 117
Le reste...
1. Sortirdel'èredugaspillage, Dunod,1978.
2. Energie,compteà rebours,J.-C. Lattés,1978.
3. Onne finitpas Japprendre,PergamonFrance,1980.
4. Dialoguesurla richesseet le bien-être,Economica,1981.
5. ItinérairesduFutur,versdessociétésplusefficaces,P.U.F.,1983.»
LES VOIXDU CAPITOLE 119
1. Cf.Chap.« Interfuturs».
2. Documentpubliédansla revueFuturibles
d'avril84.
122 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
L'après-Peccei
1. Interviewde BertrandSchneiderdansForumduDéveloppement
de mars1986.
124 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
concerne tous, tout de suite, et doit faire l'objet d'un grand débat
international. C'est exactement ce que le club a fait avec "Halte à la
croissance" et c'est ce qu'il devrait faire à l'avenir, même occasion-
nellement. Qu'il me soit permis, en hommage à Peccei, de soumettre
à la réflexion un sujet qui répondrait, me semble-t-il, à ses hautes
aspirations : y a-t-il un avenir pour la liberté? »
YALTA DU FUTUR
IIASA
'
Critique de la rationalité pure
« Système et décision » est évidemment une area centrale à
l'IIASA. On y explore les possibilités de l'analyse de système, le
dépassement et l'émergence de concepts ; on veille à ce que soient
appliqués aux recherches de la maison les outils jugés les plus
adéquats.
Ce qui se concrétise actuellement par :
- la mise au point de méthodes d'analyse permettant de prendre
en compte des rationalités différentes ; elles sont exposées dans
l'ouvrage « Critique de la rationalité pure » (Critique of pure
reasonableness) ;
- la mise au point d'un modèle pour tester l'efficacité des
économies ;
- les recherches de Cesar Marchetti sur les fluctuations pério-
diques des systèmes économiques et sociaux ;
- des recherches et des rencontres pour mettre au point des
132 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
La famine, un anachronisme
1. Foodand AgriculturalOrganisation.
134 DU FUTUR
LES TRAVAILLEURS
IIASArétro
l'université. Cette situation est pour une part due aux attitudes à
l'égard de l'analyse de système aux USA et dans les pays de l'Est ».
De sorte que pour reprendre les propos mêmes du directeur
S. Holling: « Tout en étant censés n'aborder qu'une partie du
problème posé, certains modèles ont fini par sembler plus compli-
qués que la réalité que l'on voulait expliquer. »
Depuis la fondation de l'IIASA, les approches purement mathé-
matiques se sont dévalorisées. Il y a actuellement dans certaines
équipes, en particulier en France, des recherches, des essais, au
niveau même de la méthodologie de l'analyse de système, d'intégrer
davantage les facteurs qualitatifs.
Le Handbook sur l'analyse de système que l'IIASA avait entamé
et qu'on était en droit d'attendre, n'a jamais vu le jour. Dans une
réunion en France, Holling reconnaissait que parmi les différentes
approches qui sous-tendent les analyses développées à l'Institut,
« la modélisation, l'analyse conceptuelle, les études comparatives,
la synthèse interdisciplinaire, l'exploration interprétative... seule la
première avait fait l'objet de développements importants ». Or les
concepts traditionnels de stabilité, équilibre, constance, sont de
plus en plus délaissés au profit de notions telles que l'apprentissage,
l'adaptabilité des systèmes en évolution qui rendent la seule modéli-
sation analytique de moins en moins légitime.
On peut également reprocher à l'IIASA de n'avoir pas suffisam-
ment pris en compte les problèmes liés au changement technologi-
que. La compréhension des changements et évolutions technologi-
ques a été étrangement absente des sujets de recherche, comme le
reconnaît le dernier directeur de l'Institut.
Le second souffle
Il semble que le mot ait été introduit pour la première fois dans un
mémoire de 1972 du Boston Consulting Group à destination du
Département du commerce américain. « Il pourrait y avoir au
moins un équivalent dans la langue japonaise : ce n'est pas le cas... Il
y a quelque chose de commun entre le consensus à la japonaise et le
divorce à l'italienne : ce sont des expressions nées ailleurs » (Jean
Esmein, « Japon », Cesta 1986). Dans le pays du matin calme'
peuplé d'une majorité de « Japonais moyens », reconnaissants aux
pouvoirs qui leur ont donné en 30 ans le revenu par tête le plus élevé
du monde après l'américain et la fierté d'avoir participé à l'émer-
gence fulgurante d'une des premières puissances économiques, les
patrons, politiques ou des affaires, gardent la mémoire des crises
brutales et des explosions de violence qui ont marqué les premières
décennies de leur démocratie toute neuve. Purge rouge en 1949,
premier mai sanglant en 1952, émeutes de l'Ampô en 1960, combats
de Shinjuku en 1968, Armée Rouge en 1969... certes le pouvoir
d'achat n'avait pas encore atteint les sommets des années 80 et la
TV ne se portait pas encore au poignet, mais ce sont de mauvais
souvenirs.
Aussi les ministères, le Keindanren (patronat japonais), les
grandes entreprises publiques ou privées (de NTT à Toshiba, Hita-
chi, Fujitsu, Toyota, Nomura Securities, NEC...) veillent-ils jalou-
sement à ce que les décrets, les propositions, les caméras, les télé-
phones, les ordinateurs, les boîtes de conserve, les autos, les cargos
ou les armes légères qu'ils fabriquent le soient d'abord et avant tout
pour élever le niveau de vie, le confort, la culture et le bonheur du
peuple. INS, ce n'est pas un système de communications digitalisé,
c'est un réseau de joie de vivre, et Tsukuba était un temple au
bonheur futur de l'humanité tout entière grâce aux robots jongleurs
et aux tomates géantes.
Ce discours est répété inlassablement, il ouvre tous les rapports
annuels des compagnies dont il illumine les bilans, il est au cœur des
discours politiques, en exergue des communications internatio-
148 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
Un futur désirable
A partir de l'environnement
Orsecs à la japonaise
1. PlanningAssistance
ThroughTechnical
Evaluation Numbers.
of Relevance
AU PAYSDES MUTANTSCALMES 153
Le poids de l'hérédité
La toile d'araignée
NRI Conforme
Missionaccomplie
ÉCONOMIE INDUSTRIELLE
C'est un des plus gros chiffre d'affaires de Kamakura à base de
conseil stratégique aux firmes et de conseil en développement
industriel aux agencesgouvernementales.Il s'appuie sur une solide
expériencedans les trois domaines de la science,de la technologieet
de la gestion des entreprises. Il travaille sur les mutations de l'envi-
ronnement économique, l'internationalisation des marchés et les
innovations techniques. Il couvre des secteurs aussi variés que
l'électronique, la mécanique, le traitement de l'information, les
communications, l'automobile, l'espace, la chimie et la pétrochi-
mie, les matériaux, les ressources naturelles, la santé et les
biotechnologies.
164 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
Exemples d'études :
. l'internationalisation de l'électronique japonaise pour le
compte de l'association professionnelle correspondante ; ' .
. l'industrie automobile en 1990 (multi-clients) ;
. l'industrie des robots en 1990 (multi-clients);
. les tendances en recherche et développement dans les nou-
veaux matériaux (multi-clients) ;
. les systèmes de contrôle dans l'aviation (pour le gou-
' vernement)...
ÉTUDES SOCIO-ÉCONOMIQUES ..
Son domaine : les changements économiques et sociaux liés aux
, attitudes des consommateurs et au comportement des firmes. Ses
travaux sont axés sur les biens de consommation et les services, sur
les industries tertiaires et leurs marchés, sur les stratégies de déve-
loppement des firmes à moyen et long terme.
Le secteur économique correspondant représentant 60 % du
PNB japonais, on conçoit l'intérêt pour les entreprises en veine de
diversification d'y trouver et d'évaluer de nouveaux marchés et de
nouvelles opportunités d'affaires.
ASSISTANCE A LA GESTION
. ont profité de ce service sur
150 entreprises grandes et moyennes
. mesure qui peut faire l'objet de contrats au coup par coup ou
d'abonnements annuels.
'
. Les principales interventions portent sur:
. la gestion stratégique dans son ensemble ou des diagnostics
'
spécifiques sur les opérations ou les moyens ;
w les stratégies de développement ;
. les stratégies de diversification ;
'
w les stratégies financières ;
. les systèmes de gestion.
'
ÉNERGIE
plus lointain que dans la plupart des études du NRI, les modèles
d'analyses et de simulations sont largement utilisés, interviews et
questionnaires nourrissent DELPHI, souvent au placard dans les
autres départements, la multidisciplinarité des équipes qui est de
règle dans la maison est ici particulièrement large : économistes,
experts en management et en relations internationales s'ajoutent
aux spécialistes des différentes énergies, de l'ingénierie des systèmes
et des procédés industriels.
SYSTÈMES SOCIO-ÉCONOMIQUES .
Les études qui y sont conduites sont des analyses, des prévisions,
des évaluations et des programmes concernant le fonctionnement
des systèmes sociaux comme les systèmes régionaux, l'information,
la communication, les transports, la prévention des catastrophes et
les systèmes médicaux.
A titre d'exemples :
. études d'impact et de faisabilité pour des projets de dévelop-
pement régionaux, études de gestion et de financement de ces
projets ;
a analyses de localisation industrielle, choix de mesures pour
attirer les entreprises ;
. études sur les conséquences des politiques gouvernementales
liées au projet INS en matière d'information et de communication .
(rappelons que le marché d'INS est évalué à 120 milliards de
dollars) ;
. analyses et évaluations des nouveaux systèmes d'information
dans les secteurs sociaux, économiques et publics ; étude de concep-
tion et de planification de ces systèmes ;
. études sur l'avenir des systèmes sociaux et des fonctions de ces
systèmes...
ENVIRONNEMENT
La nouvelleabondance
« On doit espérer que le niveau d'éducation élevé, les promesses
des technologieset la flexibilitéde nos démarchessauront être mises
à profit pour paver notre chemin vers de nouvelles formes
' d'abondance. »
La civilisation nouvelle promise aux « animaux économiques»
... qu'ont été les Japonais de ce demi-sièclese construira sur 5 nou-
''
. veaux piliers :une croissancebien équilibrée,la prise en compte de
'
valeurs fondamentales enfin triomphantes, la flexibilitéà tous les
. niveaux, de l'individu à la nation, la sécuritéassuréepar la satisfac-
tion harmonieusede la multiplicitédes revendications,une position
éminente du Japon dans une communauté internationale pacifiée.
Les valeurs fondamentales ainsi appeléesà triompher sont la paix,
' l'abondance, le progrès, la liberté, l'harmonie, l'égalité, la stabilité
économique,la participation, la justice, la sécurité,l'indépendance,
un niveau d'existence élevé, le sens des responsabilités internatio-
nales et le bien-être.Ce bien-être(welfare)qui doit donner à la viesa
AU PAYSDES MUTANTSCALMES 167
Choisir un avenir
Les modes de vivre sont plus importants que les modes de produire
Depuis l'origine, les recherches restent toujours plus axées sur les
modes de vivre que sur les modes de produire, sur les problèmes de
société plus que sur les problèmes de sciences et de techniques. Et
quand ces derniers sont analysés, c'est toujours en fonction de leurs
impacts sur la vie des hommes, ce qui est conforme à la mentalité
suédoise mais également au mouvement créé dans les années 60
autour de la Fédération mondiale des études sur le futur (World
Future Studies Federation), dont le Secrétariat fait partie. La
WFSF est née en 1962 comme alternative à la Rand Corporation à
174 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
'
La forme autant que le contenu
'
Un dieu déchu :le travail
« Le travail dans le futur » identifie les changements intervenus
dans la vie professionnelleen Suède :participation des travailleurs
aux décisions, accession progressive des jeunes à tous les postes,
influence des nouvellestechnologiessur la déqualification, conflit
du travail, rôle dans la vie de l'individu. Il étudie la fragilité de la
Suède (qui exporte plus de la moitié de sa production industrielle)
dans la compétition internationale et souligne la nécessité d'aug-
menter le niveau d'instruction et de qualificationdes travailleurs.Il
ouvre le débat sur la vieprofessionnelledans une sociétéoù certesle
travail est moins dur que par le passé mais où il s'intègre moins
systématiquementà la vie et n'en constitue plus l'élément essentiel.
L'ESPOIRQUI VIENTDU FROID 179
Un projet de société
tralisation des soins. The year 2006- Sweden décrit le scénario jugé
à la fois plausible et souhaitable par le Secrétariat. Après une
, période difficile de compétition internationale, d'augmentation du
chômage, et d'un faible taux de croissance, la Suède a introduit la
journée de travail de 6 heures et le chômage a disparu ; calculateurs
et robots ont supprimé les tâches difficiles ; la consommation indi-
'
viduelle commence à augmenter. La création dans les années 80
d'une Care commission fait maintenant sentir ses effets. Son rôle est
"'
d'assurer la mobilité de la main-d'oeuvre et son ajustement à l'offre,
en assurant l'intégration sociale des personnes déplacées géogra-
phiquement. De ce fait, elle a vigoureusement agi en faveur de la
division des municipalités en petites unités, en faveur de l'égalisa-
: tion des taxes entre les subdivisions administratives et en faveur de
." la gestion autonome des aires d'habitation, de travail, d'éducation,
. des nurseries et des organisations d'assistance. Elle a également
développé des allocations et des prêts pour favoriser les résidences
collectives, créé des services civils qui remplacent, lorsqu'on le
souhaite, le service militaire.
>
184 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
Médaillé de la Rand
'
SPRU
'
Les programmes quinquennaux
PROGRAMME N° 1 .
. la Grande-Bretagne à la traîne
Design :
1. NationalScienceFoundation,«Scienceliteratureindicatorsdata base».
196 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
PROGRAMME N" 2 .
longsdansl'économiemondiale(Longwavesin theworldeconomy).
1. « Cycles
' 198 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
L'AVENIR DE L'EMPLOI .
'
C. Freeman, L. G. Soete, K. Guy, physiciens, M. P. Patel,
informaticien et sociologue, M. Imbrodie et deux consultants,
J. A. Clark et C. M. Cooper, font avancer le sous-programme
« Tempo » financé par le Conseil de la recherche économique et
sociale. Depuis plus de 5 ans, ils s'appliquent à évaluer les effets des
changements technologiques sur les niveaux et la structure de l'em-
ploi. Ils ont déjà beaucoup publié, en particulier : « Emploi, écono-
mie et technologie, l'impact du changement technologique sur le
, marché du travail » (Employment, economics and technology: the
impact of technological change on the labour market) qui propose un
cadre théorique au projet sur une analyse néo-schumpeterienne ;
« Chômage et innovation technique : une étude des cycles longs et
. du développement économique » (Unemployment and technical
innovation : a study of long waves and economic development) où sont
identifiés les processus de production et de diffusion des innova-
, tions, les fluctuations économiques qu'elles engendrent et le rôle
" joué par l'investissement en capital fixe, appuyé sur un modèle de
simulation mis au point en collaboration avec l'Institut Warwick
pour les recherches sur l'emploi (Warwick Institute for Employ-
, ment Research) et IBM.
. Des études sectorielles ont été menées. Elles aboutissent à des
conclusions pessimistes sur l'emploi dans les années 80, à la fois à
cause des impacts du changement technologique, des déplacements
géographiques des investissements, et de la compétition technolo-
. gique internationale. Les situations sont cependant hétérogènes
. selon les secteurs. Dans certains, l'introduction des nouvelles tech-
THÉ SANSSUCRE 199
PROGRAMME N° 3
ÉNERGIE
. Trop de nucléaire ,
'
Avec la rage de savoir, vient celle d'enseigner
'
... Mais pas celle de communiquer _
Indépendants et paradoxaux
Dans le petit monde des futuristes, les gens du SPRU ont de quoi
surprendre : démocrates et pourtant élitistes ; alternatifs dans l'âme
(souvent militants engagés contre le nucléaire, pour de nouveaux
modes de vie, d'habitat, pour les innovations familiales et sociales,
la protection de l'environnement...) et cependant financés par des
administrations et des offices publics ; sans illusions sur leur pays
qui ne va pas fort » (weare bad), mais pas découragés pour autant ;
branchés sur la science et la technique et concernés surtout par les
changements des valeurs et des modes de vie ; pour les 2/3, spécia-
listes des sciences sociales mais tous solidement armés en informa-
tique et en mathématiques statistiques... Décontractés, l'air d'avoir
du temps pour tout et de ne pas mourir à la tâche, ils sont remar-
quablement efficaces et publient à tour de bras. La qualité de leurs
travaux est largement reconnue, leurs apports souvent originaux,
utilement provocants parfois. On leur a reproché d'être plus à l'aise
dans les analyses critiques que dans les propositions. Ils sont pour-
tant des fournisseurs attitrés des travaillistes. Plus significatif
encore : ils n'ont pas été tendres avec les conservateurs qui ont eu du
mal, en outre, à accepter leur désinvolture à l'endroit de la sacro-
sainte règle du secret. Et pourtant le gouvernement leur renouvelle
son appui financier, au même titre que leur université qui prend en
charge sur son budget un nombre croissant de chercheurs.
Cela veut peut-être dire qu'on peut se payer le luxe de rester
insensible aux modes, aux humeurs des princes et aux demandes
prosaïques du marché en faisant librement un travail de qualité.
9.
RAPPORTS EN COMMUN
LES PROGRAMMES SUR LE FUTUR
la phase zéro qui va durer 6 mois, est donc d'élaborer une proposi-
tion. Celle-ci repose sur quelques options clés. Le projet est conçu
comme :
- un effort d'analyse prospective qui essaiera de décrire les
futurs pouvant résulter de la conduite des acteurs impliqués dans le
système étudié ;
- un essai de mesurer l'interdépendance entre les différentes
nations d'une part, les phénomènes étudiés d'autre part, sans igno-
rer cependant les problèmes spécifiques ;
- une approche essentiellement économique mais qui prenne en
compte les contextes socio-politiques ;
- une recherche axée sur les politiques des différents acteurs de
l'économie.
Ces choix sont assortis de deux partis méthodologiques :
- l'équipe ne cherchera pas à concevoir un nouveau modèle
mondial, par manque d'argent et de temps ; construire un modèle
pertinent implique en effet d'avoir déjà identifié, cerné, les diffé-
rentes questions en jeu ;
- le programme sera conçu de façon à combiner l'analyse quan-
titative avec des études qualitatives, et ses explorations se feront à
l'aide de modèles globaux disponibles.
La défectiondes modèles .
Le spectre de Malthus
'
Ça peut continuer, surtout si ça change
UNEFORTECROISSANCE
- Hypothèses:
w gestion collégiale de la zone OCDE par l'Amérique du Nord, le
, 224 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
UNECROISSANCE
MODÉRÉEDE TYPETRADITIONNEL : ,
: .. LAPERMANENCEDESDÉSÉQUILIBRES .
- Hypothèses:
. mêmes relations Nord-Nord et Nord-Sud que dans le scénario
. précédent;
. aucune modification importante des valeurs n'est unanime-
. ment acceptée ; un grand nombre de personnes sont favorables à
l'objectif de forte croissance alors que d'autres ne le sont pas ou
_' contestent la part qui leur est faite du produit national ; en consé-
.
' quence, des conflits apparaissent qui freinent l'adaptation socio-
économique nécessaire à la croissance économique.
- Image à l'horizon 2000:
'
w le revenu mondial est presque multiplié par 3 entre 1975 et 2000
et le revenu moyen par tête par 2 ;
. la part du revenu mondial détenue par la zone OCDE diminue,
passant de 62 à 50 % ; _
RAPPORTSEN COMMUN 225
LANOUVELLE
CROISSANCE
MODÉRÉE
- Hypothèses: principale différence par rapport au scénario
précédent, l'adoption rapide de nouvelles valeurs post-matéria-
listes ; cela permet un consensus autour d'une croissance modérée
moins orientée vers l'économie de marché ; cette hypothèse influe
sur le contenu des autres hypothèses : par exemple, on présume
qu'elle crée des attitudes plus favorables à l'égard du tiers monde.
- Image à l'horizon 2000: mêmes résultats que pour le scénario
précédent.
DOUCEQUIDIVERGE
UNECROISSANCE
- Hypothèses: dans les scénarios précédents les productivités
relatives des pays développés convergeaient ; elles divergent ici à
cause des disparités sociales et institutionnelles qui se confirment
entre ces pays.
- Image à l'horizon 2000: à cet horizon n'apparaissent pas de
différences macro-économiques majeures par rapport aux deux
scénarios précédents, exception faite de l'écart qui se creuse entre le
Japon et l'Europe; par contre le début du siècle prochain devrait
accentuer la dispersion des performances.
UNMONDEFRAGMENTÉ
- Hypothèses :
w montée du protectionnisme au début des années 80 entre les
principaux pôles de l'OCDE - Amérique du Nord, CEE et Japon
- qui, en fonction de critères historiques, culturels ou géographi-
ques, établissent des liens préférentiels avec les régions du tiers
monde en matière d'aide, de flux financiers et d'échanges : l'Améri-
que du Nord avec l'Amérique Latine, la CEE avec l'Afrique et le
, Japon avec l'Asie du Sud-Est ;
a divergence des productivités au Nord et croissance ralentie ou
modérée.
- Images à l'horizon 2000:
w les projections impliquent que les problèmes soulevés par la
fragmentation conduisent, comme en temps de guerre, à des
consensus nationaux renforcés, notamment autour des objectifs
économiques, ce qui permet une adaptation structurelle rapide ;
w pour ce qui est du produit mondial brut, l'image est semblable
à celle du 2e scénario, mais au niveau régional apparaissent des
différences importantes qui sont encore plus évidentes dans les
projections pour 1990 que dans les projections pour l'an 2000.
Valeurs et valeur
Voies et voeux .
Un exercice pratique
MESSA GE DE FIN
1. Il a néanmoinsnourrilesréflexionsqueJacquesLesournea exprimédansLes
MilleSentiersdel'avenirpour le publicéclairé(Seghers1981).
).
FAST
Malgré son nom, Fast fut crédité de 5 années pour atteindre ses
objectifs, et d'un budget total de 4,4 millions d'écus, auxquels
s'ajouteront 1,2 millions d'écus venant des pays membres.
L'équipe des permanents était limitée à 10 personnes afin de
. répartir les tâches à une large population de partenaires décentrali-
sés. Cette organisation du 3e type mobilisera ainsi 54 centres de
. recherches et des centaines de chercheurs, conformément à l'un des
objectifs fixés par la décision du 25 juillet 1978 du Conseil des
ministres : « Promouvoir des réseaux informels d'échanges et de
coopération entre les centres de recherches prospectifs des pays de
la CEE. »
Un autre objectif réaliste était donné au programme : il ne s'agis-
sait pas de se jeter dans l'aventure sans bagages ni de réinventer la
roue ; on commencerait donc par: « analyser les travaux de
recherche, de prévision et d'évaluation disponibles dans le domaine
de la science et de la technologie ».
Quant à l'objectif final, il visait à essayer de voir plus clair dans
l'imbroglio des orientations contradictoires, concurrentielles, dis-
persées de la R et D des Etats membres, pour tenter d'introduire une
synergie plus efficace de l'action communautaire. Ce qui exigeait de
« mettre en lumière les potentialités, les problèmes et les conflits
susceptibles d'influencer le développement à long terme de la
Communauté et proposer des orientations alternatives pour l'ac-
tion de R et D communautaire ».
Ces consignes traduisaient plusieurs convictions de la
Commission :
- peser sur l'avenir exige une maîtrise suffisante des sciences et
des techniques ;
- il est indispensable d'évaluer leurs effets à long terme sur le
développement économique mais aussi social ;
- il existe sûrement aux niveaux nationaux et internationaux
des travaux de recherche et de prévision qui sont mal connus de la
Communauté et qu'il convient donc d'évaluer et de valoriser sans
retard ;
RAPPORTSEN COMMUN 241
Bien sûr ils savent que les variables ne sont pas nécessairement
significatives, que les données sont trop souvent inexactes, que les
modèles ne sont pas toujours aussi stables qu'ils le devraient, qu'il y
a danger à quantifier lorsque les facteurs de rupture échappent
malignement au quantifiable. Ils sélectionnent donc avec rigueur
les experts aptes à proposer les scénarios qui pourront seuls prendre
en compte ces ruptures. Mais ils savent aussi - l'étude de la
General Electric sur la pertinence de 1556 prévisions réalisées sur
50 ans aux Etats-Unis le leur a confirmé - que les experts se sont à
peine moins trompés que les non-experts.
Ils restent donc fermement attachés à l'ordre, la rigueur, l'éco-
nomie et les chiffres, les matrices, la topologie et les graphes, les
méthodes estampillées et la macro-régulation qui rejettent dans les
ténèbres le grouillement inharmonieux des micro-réalités où s'agi-
tent pourtant les incubes ou les succubes, germes des Léviathan de
demain.
Fast, c'est précisément une rupture en soi par rapport à ces
paradigmes. Les nouvelles portes qu'il a ouvertes ont introduit de
rafraîchissants courants d'air dans le modèle pharaonique des
constructions prospectives. Autant que par ses résultats, et peut-
être davantage, le Programme vaut par les innovations que son
caractère expérimental lui a permis. Mais avant de nous y arrêter,
nous ferons un bref rappel de son déroulement.
Janvier 1980 : Fast lance un appel d'offres sur les trois domaines
choisis, auprès de 800 centres de recherches dans les pays membres.
Dès le mois de mai, 360 centres avaient répondu, séparément ou
associés, par 204 propositions. 54 contrats ont été conclus, dont 25
sur « Travail et Emploi », 10 sur « Biosociété », 12 sur « Société de
l'Information », 7 sur des projets parallèles, pour un montant total
de 1,6 million d'écus. Les contractants sont des bureaux d'études
privés, des associations ou sociétés professionnelles, des équipes
universitaires (pour les 2/3). Cela va du Battele Institut, de la Sema,
à l'Iris, la Manchester Business School, l'Université de Malaga, le
Conservatoire national des Arts et Métiers, en passant par
Dechema (RFA), le CEPII, Futuribles, l'Associazione Italiana per
la Ricerca Industriale.
« La sélection des contractants, la mise au point avec chacun
d'eux d'un cadre de travail et d'un calendrier, puis la gestion et le
suivi de leurs travaux nous a submergés en 1980 et 1981 poursuit
Petrella. Beaucoup trop car nous souhaitions avoir plus de temps
pour travailler sur le fond et nous avons été absorbés par des tâches
administratives. »
Car il faut relancer les contractants, organiser des séminaires, des
conférences, évaluer les rapports, réclamer des éclaircissements, des
approfondissements, harceler les retardataires, exploiter et diffuser
les résultats intermédiaires...Il aurait bien fallu deux ans de plus...
Or l'échéance approchait à grand train. Pas l'échéance théorique de
fin 82, mais celle tout à fait réaliste de mi-82. Car il fallait le plus tôt
possible alimenter l'environnement interne, celui des Directions
générales, en recommandations concrètes sur les programmes de
R et D. Il fallait surtout obtenir de la Commission que le pro-
gramme ne s'arrête pas là, démonstration faite de son efficacité. Et
comme les décisions se prennent lentement au sein des organisa-
tions complexes et dans le cadre de calendriers impératifs, il fallait,
avant la fin administrative du contrat, qu'un rapport formel per-
mette d'engager assez tôt les négociations de renouvellement.
RAPPORTSEN COMMUN 245
Le rush final
1. Publié par son auteur J.J. Salomon, sous le titre «Prométhée empêtré*,
Pergamon Press-Futuribles, Paris 1982.
RAPPORTSEN COMMUN 2511
Le bilan certifié
Le bilan terminal existe en termes officiels, établi par 7 experts de
poids 1. Ils saluent la performance, rare dans l'histoire des grands
projets, d'avoir fait tenir en 3 ans effectifs un programme annoncé
pour 5 ans, « ce qui doit être pris en compte pour apprécier les
résultats » et s'explique par le fait que « l'équipe a fourni un travail
Une large majorité des études sous-traitées ont associé des socié-
tés ou des centres de recherches, le plus souvent de nationalités
différentes, dont c'était la première occasion de rencontre. « Presto
perspectives de l'emploi régional en Europe » a réuni l'Institut
économique néerlandais, l'Association développement et aména-
gement (F), le Toegepast Natuurwetenschappelyk Onderzoeh
(Pays-Bas), Svimez (I), le Centre for Environmental Studies Ltd.
(GB), l'Université de Malaga (E). « L'Industrie de l'Environne-
ment » a associé le Joint Unit for Research on Urban Environment
(GB), l'Institut für Unweltschutz (RFA), l'Institut d'urbanisme de
Paris (F), le Warren Spring Laboratory (GB), le Geografish en
Planologish Institut (Pays-Bas).
Dans le domaine de la « Société de l'information », le panel
d'évaluation estime qu' « il n'existait pas en Europe de réseau des
258 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
dants, des groupes de réflexion sur l'avenir ont été mis en place,
nourris d'informations, sollicités de retours ; l'équipe a aussi porté
la bonne parole dans des comités permanents et groupes de travail,
et bien sûr au groupe consultatif central.
- Fast participe :
w aux travaux préparatoires et à la rédaction du document de la
Commission soumis à l'examen des ministres de la Recherche de la
Communauté le 9 novembre 1981 concernant « La recherche scien-
tifique et technique et la Communauté européenne - Propositions
pour les années 80 » ;
. aux discussions sur le document concernant le « Programme-
cadre des activités scientifiques et techniques communautaires -
1984-1987 - Première esquisse » et sur la proposition de la Com-
mission concernant la « Stimulation du potentiel scientifique et
technique de la Communauté » ;
a il prépare le document de base pour l'élaboration du plan
thématique « Biotechnologie » à inclure dans le « Programme-cadre » ;
w il participe régulièrement aux discussions formelles et infor-
melles concernant la politique de la R et D communautaire ;
Les équipes de recherche n'ont pas été parquées dans des enclos
méthodologiques, car on gagne davantage à les laisser libres de
choisir les approches dont elles ont la maîtrise. Mais on les a
sélectionnées plus pragmatiquement, leur laissant en particulier le
choix de leurs partenaires plutôt que de les leur imposer comme dans
Fast 1 : les mariages arrangés sont moins fertiles que ceux qui
naissent d'affinités électives.
On n'a pas non plus accepté le meccano d'un cadre théorique
explicite et cohérent de départ. Mais au jour le jour s'élabore une
grille conceptuelle analytique pour intégrer, a posteriori, les résul-
tats des études dans une synthèse dont la cohérence n'aura étouffé
ni la variété, ni la richesse.
Cette grille, Riccardo Petrella la griffonne sur un bout de papier
qui pourrait être millimétré :
« En ordonnées, le repérage des lieux et des problématiques
critiques ; la maîtrise du travail humain en priorité ; puis les organi-
sations - professions, entreprises... syndicats - et leurs compor-
tements vis-à-vis de l'usage des technologies, la façon dont, à tra-
vers elles, la société se restructure ; les conditions et modes de vie ;
en quatrième lieu, seulement, l'appareil productif ; et tout à fait en
fin, l'innovation elle-même, pas celle qui naît de la compétitivité
seulement, mais celle aussi qui peut naître de la coopération dans
l'intérêt général ;
En abcisses, les changements les plus significatifs que peuvent
provoquer les nouvelles technologies dans ces secteurs ; la significa-
tion de ces changements pour l'avenir de l'Europe ; leurs consé-
quences pour une politique de la R et D. »
L'accent est ainsi mis à la fois sur les valeurs et les règles du jeu,
composantes essentielles du nouveau paradigme technique ; et sur
la 3c dimension de l'innovation qui ne se limite pas à la dialectique
recherche-industrie, mais devient tripolaire - multipolaire même
- en intégrant les usages.
L'utilisation elle-même doit être innovante et le processus de
diffusion-appropriation des nouvelles technologies prend le pas sur
les processus fermés du laboratoire à la production.
264 LES TRAVAILLEURS DU FUTUR
Fast 3 et demi ?
10.
Le vase clos
'
Le communisme, c'est le pouvoir des soviets plus l'électronisation
de tout le plan ,
C'est une constante historique que les peuples ou les pays libérés
par une révolution radicale de la domination d'une classe dirigeante
ou d'une puissance coloniale gardent une longue fascination pour
les potions magiques supposées de leurs oppresseurs. La jeune
république soviétique n'a pas échappé à la règle : les vertus de
l'accumulation, de l'industrie lourde et de la science pour la réalisa-
tion du bonheur de l'humanité ont constitué un des piliers du credo
socialiste. Le modèle mécaniste de gestion de la production triom-
phant avec la deuxième révolution industrielle dans les sociétés
capitalistes a profondément marqué les esprits soviétiques et dura-
blement conditionné leurs structures mentales. Au point d'en faire
un produit de réexportation systématique chez leurs disciples,
comme le communisme chinois de la première période.
Aujourd'hui encore, même si l'analyse des systèmes ou la cyber-
nétique viennent lubrifier les rouages de leurs mégastructures, la
gestion de la société de production et de consommation reste
proche de la conduite d'un grand moteur par des chefs-mécaniciens, .
obnubilés par les tuyaux, les réservoirs et les courroies de transmission.
272 LES TRAVAILLEURS
DU FUTUR
LE CÉLESTE EMPIRISME
'
SOCIÉTÉ CHINOISE
POUR LES ÉTUDES DU FUTUR
'
Une certaine déprime
.,_. ..
CONCLUSION 299
Who's who? .
1. Voirplusloin.
304 DU FUTUR
LES TRAVAILLEURS
L'étude des principaux termes qui ont été ou qui sont actuelle-
ment proposés révèle l'imprécision des frontières et les différences
entre les cultures.
En 1907, S.C. Gilfillan (américain, spécialiste des sciences
sociales et auteur de recherches sur les processus de l'invention et de
la prédiction) suggère qu'on appelle l'étude des civilisations à venir
« la mellontologie » du mot grec qui décrit les événements futurs par
opposition à archéologie.
En 1943, le spécialiste des sciences politiques Ossip K. Flech-
theim (directeur de l'Institut de recherches sur le futur de Berlin)
propose futurology, projection de l'histoire dans une nouvelle
dimension du temps.
ANNEXES 305
Elle y distingue :
'
w des centres dits de recherche (research centres) généralement
privés, qui se sont spécialisésdans les prévisions, les analyses du
futur et qui vendent leurs prestations essentiellementaux firmes et
parfois aux gouvernants; citons à côté de ceux que uuua
rencontrés : le Centre de recherches sur le futur de l'université de
Californie du Sud (études sur le changement social, analyse et
prévisions); Forecasting International Ltd, dirigé par Marvin
Cetron, ex-consultant du gouvernement américain (prévisions
technologiques) ;le Groupe sur le futur du Connecticut, fondé par
des transfuges de l'Institut de Palo Alto (futur de l'économiejapo-
naise, futur de la géothermie) ;le Hudson Institute, base d'Herman
Kahn ; le Groupe de prévision technologique de l'université de
Dayton ; le Programme d'études politiques en scienceset technolo-
,. gies de l'université de Washington sur l'évaluation technologique;
. Predicarts Inc. à Cleveland, Ohio, qui travaille surtout sur les
plastiques, l'électronique et le papier ; Futurenics Inc. Washington
DC, qui fait des études sur le futur de l'éducation ;
', e les centres qui sont nés grâce à des subventions et qui restent
plus orientés vers l'intérêt public, comme :Ressourcesfor the future
(Washington), créé par la fondation Ford en 1952pour mener des
recherches sur les ressources naturelles ; World Watch Institute
(Washington) dirigé par l'économiste Lester Brown, créé par la
fondation Rockfelleren 1974avec quelquesautres fondations :il se
. consacre essentiellementà l'étude des questions cruciales pour la
survie de l'humanité (démographie, migrations, environnement,
énergie, inflation, sécurité...)et à la mise en évidencede leur carac-
tère global et interconnecté ;il communique systématiquementle
résultat de ses travaux sous forme de Worldwatchpapers ou d'ou-
vrages très clairs, concis, documentés : The Sustainable society
(Denis Haye), The State of the World...(Lester Brown)...
On est ici dans une optique de long terme, de prospectiveau sens
français du terme, mais on est également dans un hors marché
subventionné, et dont les travaux - de qualité - n'ont pas un
. grand impact ;
e les associations de futuristes qui réunissent les branchés du
futur, leurs travaux, organisent des rencontres systématiques,etc.
(le Club de Rome figure dans cette catégorie) ; il faut surtout
mentionner la World Future Society qui est la source d'informa-
tions la plus importante et la plus systématiquesur tous les travaux
sur le futur et sur les travailleurs du futur : carrefour, instance de
traitement et de diffusion des informations ;son guide d'informa-
tions sur le futur répertorie (avec une analyse claire et succincte)
ANNEXES 307
Mille feuilles...
LES INDISPENSABLES
L'HISTOIRE
LES MOTS
LES MÉTHODES
L'ÉTATDE L'ART
DES RAPPORTSCÉLÈBRES
LES INSPIRÉS
LES « CLASSIQUESFRANÇAIS»
BIBLIO DE LA BIBLIO