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Affaire Salim Yezza : c'est la justice qui se

jugera elle-même

Sur le strict terrain du droit, il n’y a nul doute possible : les


poursuites contre Yezza sont illégales et sa détention est arbitraire.
Le juge doit ordonner sa libération. Si la loi avait été appliquée, ce
citoyen n’aurait jamais comparu devant ce tribunal et encore
moins été incarcéré.
Mais, nous en sommes au second renvoi du délibéré. Ce qui est un
fait alarmant. Dans l’affaire Yezza, les faits incriminés, dans le
fond, sont prescrits par la loi. De facto, cela commande
clairement, en la forme, un rejet de la procédure qui aurait dû
intervenir au niveau du procureur ou à défaut à l’instruction ; et,
en dernier, ressort à la première audience de comparution.
En vérité, au regard de la loi, cette affaire n’aurait jamais dû être,
engagée, instruite puis jugée. Bien sûr, la loi interdit de
commenter les actes de justice ; mais, elle ne commande en aucun
cas de taire les cas d’injustice et de les couvrir d’un silence
complice ? Tout au contraire, lorsque ce sont les fondements
mêmes du système de justice qui sont bafoués le devoir du citoyen
est de s’élever contre la forfaiture.
Le caractère scélérat de l’affaire Yezza est manifeste ! Nul ne peut
être poursuivi en violation de la loi. Or les conditions de
prescription des “faits” reprochés au militant Chaoui ont été
allègrement ignorées par un procureur, un juge instructeur et un
magistrat qui tarde à rendre le seul jugement qui fasse justice : la
relaxe de Salim Yezza avec les réparations qui lui sont dues.
Les protagonistes impliqués dans cette affaire, du garde des
Sceaux au petit procureur de la Mahkama de Ghardaïa ont-ils
conscience de cette simple vérité ? Demain, au tribunal de
Ghardaia, ce n’est pas Yezza qui sera jugé. Il ne peut l’être pour
les griefs retenus par le procureur et le juge d’instruction. C’est la
justice elle-même qui sera au prétoire ! Ira-t-elle plus loin, qu’elle
ne le fait déjà, dans la transgression de ses principes et règles ?
Violera-t-elle plus franchement sa vocation et ses missions ? Se
frappera-t-elle d’infamie ?
Tous les citoyens, au nom desquels la justice est rendue, devraient
garder l’œil rivé sur le tribunal de Ghardaïa, sur l’énoncé du
verdict de son juge et la réaction consentante ou rebiffée de son
procureur.
Auteur
Mohand Bakir

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