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§ 2.

Nous disons donc, pour commencer toute cette étude, que l'être animé se
distingue de l'être inanimé, parce qu'il vit. Mais vivre ayant plusieurs sens, pour
affirmer d'un être qu'il vit, il nous suffit qu'il y ait en lui une seule des choses
suivantes : l'intelligence, la sensibilité, le mouvement et le repos dans l'espace, et
aussi ce mouvement qui se rapporte à la nutrition, à l'accroissement et au
dépérissement.
§ 3. Ce qui fait que de toutes les plantes on peut dire qu'elles vivent, c'est
qu'elles paraissent avoir en elles-mêmes une force et un principe d'où elles tirent
leur accroissement et leur dépérissement en sens contraires. Car on ne saurait
soutenir qu'elles croissent par en haut seulement et non par en bas; elles se
développent et se nourrissent également des deux manières et en tous sens ; et
elles continuent de vivre tout le temps qu'elles peuvent prendre de la nourriture.
§ 4. C'est qu'il est possible que cette fonction subsiste indépendamment de
toutes les autres, tandis qu'il est impossible que sans elle les autres subsistent,
dans les êtres mortels. Cela est de toute évidence pour les plantes, qui n'ont pas
d'autre puissance de l'âme que celle-là. Ainsi donc c'est par ce principe que la vie
appartient aux êtres qui vivent. Mais l'animal n'est constitué primitivement que par
la sensibilité. Aussi les êtres qui ne sont pas doués de mouvement et qui ne
changent pas de place, s'ils ont cependant la sensibilité, n'en sont pas moins
appelés des animaux ; et nous ne disons pas simplement qu'ils vivent.
§ 5. Le premier sens qui appartient à tous les animaux, c'est le toucher; et de
même que la nutrition peut s'isoler du toucher et de toute sensibilité, de même le
toucher peut s'isoler de tous les autres sens. Nous appelons faculté de nutrition
cette partie de l'âme qui est commune aux plantes elles-mêmes; mais tous les
animaux sans exception paraissent avoir le sens du toucher.

ARISTOTE, De l'âme, II, 2.

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