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François Berteloot
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Table des matières
2 L’espace C(K) 23
2.1 Questions de compacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.1.1 Un concept : l’équicontinuité, un outil : le procédé diagonal . . 23
2.1.2 Le théorème d’Ascoli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.1.3 Le théorème de Banach-Alaoglu . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.2 Questions d’approximation et de densité . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.1 Le théorème de Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.2 Le théorème de Stone-Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.3 L’universalité de C(K) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.1 Plongements d’espaces de Banach dans C(K) . . . . . . . . . 38
2.3.2 Vers le théorème de Gelfand-Naimark . . . . . . . . . . . . . . 41
3 Méthodes hilbertiennes 45
3.1 Structure hermitienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.1 Formes sesquilinéaires et hermitiennes . . . . . . . . . . . . . 45
3.1.2 Espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.3 Orthogonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.2 Le Théorème de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.1 Projection de meilleure approximation . . . . . . . . . . . . . 48
3.2.2 Supplémentaire orthogonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3
3.3 Propriétés essentielles des espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . 51
3.3.1 Isométrie avec le dual topologique, opérateur adjoint . . . . . 51
3.3.2 Un critère de densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3.3 Compacité faible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3.4 Bases hilbertiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4 Méthodes banachiques 59
4.1 Propriétés essentielles des espaces métriques complets . . . . . . . . 60
4.1.1 Le théorème de Baire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.1.2 Quelques outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
4.2 Linéarité et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2.1 Le théorème de Banach-Steinhaus . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.2.2 Le théorème de l’application ouverte . . . . . . . . . . . . . . 68
4.2.3 Le théorème du graphe fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
4.3 Bases dans les espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.3.1 Bases de Hamel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.3.2 Bases de Schauder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.4 Prolongement des formes linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.4.1 Le théorème de Hahn-Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.4.2 Un critère de densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
5 Méthodes géométriques 89
5.1 Les convexes dans un espace normé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.1.1 Formes linéaires, jauges et semi-normes . . . . . . . . . . . . . 89
5.1.2 Le théorème de séparation de Hahn-Banach . . . . . . . . . . 93
5.1.3 Le théorème de Krein-Milman . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2 Espaces localement convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.2.1 Topologie induite par une famille de semi-normes . . . . . . . 97
5.2.2 Topologies faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.2.3 Bornés faibles et bornés forts, fermés faibles et fermés forts . . 103
5.2.4 Compacité faible dans un espace dual . . . . . . . . . . . . . . 106
5.3 Espaces réflexifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.3.1 Critères de réflexivité et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.3.2 Réflexivité et compacité séquentielle faible . . . . . . . . . . . 109
4
Leçon 1
Il est à peu près imposible de faire quoi que ce soit de sérieux sur des espaces qui
ne sont pas complets car il y est impossible de prouver la convergence d’une suite
sans en connaitre la limite. C’est pourquoi, dans les quelques pages qui suivent, nous
nous attacherons à justifier précisément la complétude des espaces considérés.
5
muni d’une structure de C-espace
I vectoriel F(X,C),
I +, · où les lois + et · sont
définies par
∀f ∈ F(X,C),
I ∀g ∈ F(X,C)
I : (f + g)(x) := f (x) + g(x), ∀x ∈ X
∀f ∈ F(X,C),
I ∀λ ∈ C
I : (λ · f )(x) := λf (x), ∀x ∈ X.
Le premier sous-espace vectoriel de F(X,C) I sur lequel il est agréable de travailler
est celui des fonctions bornées qui est noté L∞ (X,C)
I :
L∞ (X,C)
I := {f ∈ F(X,C)
I tel que supx∈X |f (x)| < +∞}.
Il peut être muni d’une norme k k∞ définie par
kf k∞ := supx∈X |f (x)|
et appelée norme de la convergence uniforme sur X car il est clair que kf −fn k∞ → 0
si et seulement si la suite de fonctions (fn )n converge uniformément vers f sur X.
C’est un fait remarquable que cette norme soit complète :
Théorème 1.1.1 L∞ (X,C),
I k k∞ est un espace de Banach.
u Soit (fn )n une suite de Cauchy dans L∞ (X,C),
t I k k∞ . Pour tout > 0 il existe
un entier n0 tel que kfm − fn k∞ < pour m ≥ n ≥ n0 . Autrement dit :
∀ > 0, ∃n0 ∈ IN tel que m ≥ n ≥ n0 ⇒ |fm (x) − fn (x)| < , ∀x ∈ X. (1.1.1)
On voit donc que (fn (x))n est une suite de Cauchy dans C I pour tout x ∈ X ce qui
permet de poser f (x) := limn fn (x). En faisant tendre m vers l’infini dans (1.1.1) on
voit simultanément que f est bornée sur X et que kf − fn k∞ ≤ pour n ≥ n0 . t u
Notons que lorsque X = IN (ou X = ZZ) l’espace L∞ (X,C) I est celui des suites
bornées de nombres complexes qui, muni de k k∞ , est donc un espace de Banach.
Cet espace est habituellement noté l∞ :
l∞ := {(xn )n ∈ C I IN tel que supn∈IN |xn | < +∞}.
On peut également considérer l’espace des suites de limite nulle, c’est un sous-espace
de l∞ que l’on note c0 :
I IN tel que limn |xn | = 0}.
c0 := {(xn )n ∈ C
Le principe d’inversion des limites pour les suites de
fonctions qui convergent uni-
formément montre que c0 est fermé dans l∞ , k k∞ .
Théorème 1.1.2 l∞ , k k∞ et c0 , k k∞ sont des espaces de Banach.
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1.2 Espaces de fonctions sur un espace topolo-
gique
1.2.1 Espaces de fonctions continues
Lorsque X est muni d’une topologie, le concept de continuité pour les fonctions
définies sur X prend sens et l’on peut considérer deux nouveaux sous-espaces de
F(X,C) I :
On sait que la continuité est préservée par convergence uniforme ou, autrement
dit, que Cb (X) est fermé dans L∞ (X,C), I k k∞ . Compte tenu du théorème 1.1.1 on
a donc :
Théorème 1.2.1 Cb (X), k k∞ est un espace de Banach.
Les inclusions suivantes sont évidentes et deviennent des égalités lorsque X est
compact :
Il n’est pas évident du tout de construire des fonctions continues sur un espace
topologique quelconque. Le lemme d’Urysohn permet de surmonter cette difficulté
dans les espaces topologiques normaux, c’est à dire dans les espaces satisfaisant l’une
des deux propriétés dont le lemme 1.2.3 stipule l’équivalence. Rappelons qu’il est
facile de montrer que les espaces compacts sont normaux.
Lemme 1.2.3 (Urysohn) Dans un espace topologique X les deux propriétés sui-
vantes sont équivalentes.
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1) Quels que soient les sous-ensembles fermés disjoints F1 et F2 il existe des
ouverts disjoints U1 et U2 tels que F1 ⊂ U1 et F2 ⊂ U2 .
2) Quels que soient les sous ensembles fermés disjoints F1 et F2 il existe une
fonction continue f : X → [0, 1] nulle sur F1 et constante égale à 1 sur F2 .
La fonction distance étant continue, il est beaucoup plus facile de construire des
fonctions continues aux propriétés variées sur un espace métrique (X, d) que sur un
espace topologique arbitraire.
Par exemple, si χ̃ est une fonction plateau supportée
par [−2, 2] et contante égale à
1 sur [−, ], alors la fonction χ(x) := χ̃ d(x, x0 ) est continue sur X, identiquement
égale à 1 sur B(x0 , ) et nulle en dehors de B(x0 , 2). Ces possibilités permettent
d’établir l’important résultat suivant (voir l’exercice 1.2.5 pour la démonstration).
Théorème 1.2.4
Si (K, d) est un espace métrique compact alors l’espace de Banach
C(K), k k∞ est séparable.
Il n’est pas possible de définir une norme sur C(X) qui rende compte de la
convergence uniforme locale. On peut cependant, lorsque X possède une suite ex-
haustive de compacts, munir C(X) d’une structure d’espace métrique complet au
sein duquel la convergence est exactement la convergence uniforme locale. De plus
les opérations d’espace vectoriel sont continues pour cette distance. Ces espaces
peuvent être considérés comme le prototype d’espace plus généraux appellés espaces
de Fréchet. Ceci fait l’objet de l’exercice 1.2.7. Posons d’abord quelques définitions.
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Exercice 1.2.7 Soit X un espace topologique muni d’une suite exhaustive de com-
pacts (Kk )k . Pour tout k ∈ IN et tout f, g ∈ C(X) on pose pk (f ) := kf 1Kk k∞
et
∞
X
2−k min 1, pk (f − g) .
d(f, g) :=
k=0
Nous détaillons ici un point de la solution de l’exercice 1.2.7 car l’argument uti-
lisé est d’emploi fréquent.
t
u Montrons que :
Pour tout N ∈ IN on a :
N
X X −k
2−k min 1, pk (f ) +
d(fn , 0) = 2 min 1, pk (f ) ≤
k=0 k>N
N
X
2−k min 1, pk (f ) + 2−N .
k=0
Il s’ensuit que 0 ≤ lim supn d(fn , 0) ≤ 2−N pour tout N ∈ IN, d’où limn d(fn , 0) = 0.
t
u
9
Pour 0 < α on dit qu’une fonction f est α-Hölderienne sur un ouvert Ω de
IRk si et seulement si et si il existe une constante C telle que |f (x) − f (y)| ≤
Ckx − ykα pour tout x, y ∈ Ω et si f est bornée sur Ω (lorsque Ωest borné cette
dernière condition est automatiquement satisfaite). On note Lipα Ω l’ensemble des
fonctions α-Hölderiennes sur Ω.
|f (x)−f (y)|
Lipα Ω := {f ∈ F(Ω,C)
I tel que supx6=y∈Ω kx−ykα
+ supx∈Ω |f (x)| < +∞}.
Cet espace n’a d’intérêt que lorsque 0 < α ≤ 1 car il est réduit aux seules
constantes lorsque α > 1(les fonctions sont alors différentiables et de différentielle
nulle). On munit Lipα Ω de la norme
kf kα := kf k∞ + Supx6=y∈Ω |f kx−yk
(x)−f (y)|
α .
Théorème 1.2.8 Lipα Ω , kf kα est un espace de Banach.
∂ α1 ∂ αk
Dα f := ··· f.
∂x1 ∂xk
Exercice 1.2.10 Soit Ω un ouvert de IRk et (Kn )n une suite exhaustive de compacts
de Ω. Pour tout n ∈ IN et tout f, g ∈ C ∞ (Ω) on pose pn (f ) := sup|α|≤n k1Kn Dα f k∞
et
d(f, g) = ∞ −n
P
n=0 2 min 1, pn (f − g) .
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1) Montrer que C ∞ (Ω), d est un espace métrique complet.
Le sous-espace C m (Ω) de C m (Ω) est constitué des fonctions f ∈ C m (Ω) dont toutes
les dérivées partielles d’ordre inférieur ou égal à m se prolongent continuement à Ω.
On peut aussi considérer le sous-espace C m, (Ω) de C m (Ω) obtenu en exigeant que
Dα f ∈ Lip (Ω) pour |α| = m.
kf km := 0≤|α|≤m kDα f k∞
P
Théorème 1.2.11 Les espaces C m (Ω), k km et C m, (Ω), k km, sont des espaces
de Banach.
Lorsque Ω est un ouvert du plan complexe, on peut considérer l’espace O(Ω) des
fonctions holomorphes sur Ω. C’est un sous-espace de C ∞ (Ω). L’espace H ∞ (Ω) des
fonctions holomorphes bornées sur Ω est défini par
On sait que l’holomorphie est préservée par convergence uniforme ou, autrement dit,
que H ∞ (Ω) est fermé dans L∞ (Ω,C),
I k k∞ . Compte tenu du théorème 1.1.1 on a
donc :
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On note Lp (X, µ) le quotient de Lp (X, µ) par la relation d’équivalence induite par
l’égalité µ-presque partout.
Il s’avère que Lp (X, µ), k kp est un espace vectoriel normé, ceci n’est pas évident
et repose sur l’importante inégalité de Hölder. Rappelons au passage la définition
suivante.
Proposition
R R1.3.2 (inégalité de Hölder) Si 1 < p, q < +∞ sont conjugués alors
| X f g dµ| ≤ X |f g| dµ ≤ kf kp × kgkq et en particulier f g ∈ L dès que f ∈ Lp et
1
g ∈ Lq .
t
u Soit (fn )n une suite de Cauchy. Choisissons une suite strictement R croissantep d’en-
p −(p+1)k
tiers n k telle que m ≥ n ≥ n k ⇒ kf m − f k
n p ≤ 2 . Comme X
|fm − fn | dµ ≥
−k p −k
R p
|f − fn | dµ ≥ (2 ) µ{|fm − fn | ≥ 2 }, on a :
{|fm −fn |≥2−k } m
Il faut noter que lorsque X = IN (ou bien ZZ) et µ est la mesure de comptage,
on obtient les espaces lp de suites complexes de puissance p-ième sommable :
X
lp := {(xn )n ∈ C
I IN tel que |xn |p < +∞}
n
Il faut souligner que les espaces lp pour 1 ≤ p < ∞ ont des propriétés bien plus
sympathiques que l’espace l∞ . Il sont par exemple séparables alors que l∞ ne l’est
pas.
12
Théorème 1.3.4 Soit 1 ≤ p ≤ ∞. L’espace lp , k kp est un espace de Banach. Cet
espace est séparable si et seulement si p 6= ∞. L’espace c0 est séparable.
L’exercice qui suit explique comment justifier les propriétés de séparabilité.
Exercice 1.3.5 On suppose que 1 ≤ p ≤ ∞.
1) Montrer que si p 6= ∞ alors les suites nulles à partir d’un certain rang sont
denses dans lp . En déduire qu’alors lp est séparable. Utiliser le même argument
pour montrer que c0 est séparable.
2) Soit D le sous-ensemble de l∞ constitué ds suites à coefficients dans {0, 1, · ·
·, 9}.
i) En exhibant une injection de [0, 1] dans D, justifier la non-dénombrabilité
de D.
ii) Montrer que si x et y sont deux éléments distincts de D alors kx−yk∞ ≥ 1.
En déduire que si l∞ était séparable alors D serait dénombrable.
Les espaces vectoriels normés séparables sont beaucoup plus ”maniables” que les
espaces non-séparables ; on s’en rendra compte dès la sous-section 1.4.2. À contra-
rio, lorsque l’on cherche un exemple d’espace vectoriel normé ne vérifiant pas une
propriété standard, il est judicieux de tester l’espace l∞ .
Le fait que L2 possède une structure d’espace de Hilbert est d’une importance
considérable car il hérite ainsi de propriétés géométriques très proches de celles des
espaces de dimension finie. La leçon 3 sera consacrée à l’étude générale de ces espaces.
R
Que le produit hermitien f |g := X f ḡ µ soit bien défini résulte de l’inégalité
de Hölder pour p = q = 2. On peut aussi procéder directement en montrant
d’abord que L2 est bien un espace vectoriel puis que f g est µ-intégrable lorsque
2
f, g ∈ L (X, µ), k k2 . Ceci fait l’objet de l’exercice qui suit. Cette approche
R est un
peu plus simple que celle vue pour p quelconque, l’inégalité de Hölder | X f g µ| ≤
kf k2 kgk2 est alors une conséquence immédiate de l’inégalité de Cauchy-Schwarz qui
est satisfaite par tout produit hermitien.
Exercice 1.3.6 Soit (X, µ) un espace mesuré. Montrer que L2 (X, µ) est un C-espace
I
x+y 2 1 2 1 2
vectoriel ; on utilisera l’inégalité de convexité 2 ≤ 2x + 2y .
Montrer ensuite, en utilisant l’identité 2Ref ḡ = |f + g|2 − (|f
R |2 + |g|2 ), que f ḡ
est µ-intégrable dès que f, g ∈ L2 (X, µ). Vérifier que (f |g) = X f ḡdµ définit un
produit hermitien sur L2 (X, µ).
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Il se trouve que de nombreux sous-espaces de L2 définis par des conditions de
régularité supplémentaires sont eux-aussi des espaces de Hilbert. Tel est le cas des
espaces de Sobolev qui sont très importants en théorie des distributions. Citons aussi
les espaces de Bergman qui sont beaucoup utilisés en géométrie complexe.
Pour un ouvert Ω du plan complexe, l’espace de Bergman B(Ω) est l’espace des
fonctions holomorphes de module de carré Lebesgue-intégrable sur Ω.
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Tout espace vectoriel sur C I est aussi un espace vectoriel sur IR et l’on peut donc
considérer des formes IR-linéaires sur un C-espace
I vectoriel. Par exemple, si λ est
une forme C-linéaire
I sur E alors u := Re λ est une forme IR-linéaire sur E, de plus
∀x ∈ E : λ(x) = Re λ(x) + iIm λ(x) = Re λ(x) − iRe iλ(x) =
= Re λ(x) − iRe λ(ix) = u(x) − iu(ix).
Il est bien connu qu’une forme linéaire ϕ est continue sur E si et seulement si
elle est bornée sur la boule unité fermée BE de E. Utilisons ce fait pour examiner
les liens entre le dual topologique d’un espace vectoriel normé E et l’espace Cb (BE )
des fonctions continues et bornées sur BE .
L’application de restriction
RBE : E 0 → Cb BE
ϕ 7→ ϕ|BE
c’est à dire d’une norme k| k|, pour laquelle converger signifie converger uni-
formément sur la boule unité BE .
x
En écrivant ϕn (x) = kxkϕn ( kxk ), on voit que toute suite (ϕn )n qui converge (uni-
formément) sur la boule unité BE converge aussi simplement sur E vers une forme
linéaire ϕ. D’après le théorème 1.2.1, toute suite de Cauchy (ϕn )n dans E 0 , k| k|
converge uniformément sur BE et, compte tenu de ce que nous venons de remar-
quer, la limite est la restriction à BE d’une forme linéaire ϕ. Puisque |ϕ(x)| =
limn |ϕn (x)| ≤ kxk lim supn k|ϕn k| et que toute suite de Cauchy est bornée on voit
que ϕ ∈ E 0 . Nous avons déduit du théorème 1.2.1 que E 0 est complet pour k| |k.
15
1.4.2 Le théorème de Hahn-Banach dans le cas séparable
Nous allons établir un théorème de prolongement des formes linéaires conti-
nues définies sur un sous-espace d’un espace vectoriel normé. Avec le théorème de
Banach-Steinhaus et celui de l’application ouverte, qui seront au cœur de la leçon 4,
ce théorème est l’un des trois pilliers de l’analyse fonctionnelle. Nous n’en établirons
pas, dans cette leçon, la forme la plus générale car nous utiliserons une preuve
”constructive” qui ne fonctionne que dans les espaces séparables. Cette version est
néanmoins suffisante pour de nombreuses applications et nous permettra, dès la
leçon 2, d’obtenir des résultats de portée générale sur la structure des espaces de
Banach.
Théorème 1.4.3 Soit E, k k un espace vectoriel normé séparable. Toute forme
linéaire f définie et continue sur un sous-espace M de E se prolonge à une forme
linéaire λ ∈ E 0 telle que k|λk| = k|f k|.
Le premier pas de la démonstration consiste à traiter la situation la plus simple
c’est à dire celle où M est de co-dimension un dans E. Ceci fait l’objet du lemme
1.4.6. Comme cela n’entraine pas de complication supplémentaire, nous allons établir
un résultat valable dans le cadre plus général d’un espace vectoriel muni d’une jauge.
Ceci nous sera utile dans les leçons 4 et 5 lorsque nous généraliserons le théorème
de Hahn-Banach.
Définition 1.4.4 On dit qu’une fonction µ : E → IR définie sur un espace vectoriel
E est une pseudo-jauge si et seulement si
1) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E : µ(x + y) ≤ µ(x) + µ(y)
2) ∀x ∈ E, ∀t ≥ 0 : µ(tx) = tµ(x).
Une jauge est une pseudo-jauge à valeurs positives.
Exercice 1.4.5 Vérifier que p(x) := lim supn xn définit une pseudo-jauge sur l∞ .
Lemme 1.4.6 Soit E un IR-espace vectoriel et M un sous-espace vectoriel de E.
Soit µ une pseudo-jauge sur E et f une forme linéaire sur M telle que
f (x) ≤ µ(x), ∀x ∈ M.
Alors, pour tout x0 ∈ / M , il existe une forme linéaire f0 sur M ⊕ IR · x0 prolongeant
f et vérifiant f0 (x) ≤ µ(x), ∀x ∈ M ⊕ IR · x0 .
t
u Puisque f0 doit prolonger f , elle est donnée par f0 (x + tx0 ) = f (x) + tf0 (x0 ) pour
tout x ∈ M et tout t ∈ IR. Il s’agit donc de choisir f0 (x0 ) =: a0 de façon à ce que f0
soit majorée par µ ou, autrement dit, que :
f (x) + a0 t ≤ µ(x + tx0 ), ∀x ∈ M, ∀t > 0 (1.4.1)
f (x) − a0 t ≤ µ(x − tx0 ), ∀x ∈ M, ∀t > 0. (1.4.2)
16
1
µ(x + tx0 ) − f (x) = µ(x0 + xt ) −
Écrivons l’inégalité 1.4.1 sous la forme a0 ≤ t
f ( xt ), cela donne la condition
a0 ≤ µ(x0 + y) − f (y), ∀y ∈ M.
a0 ≥ −µ(z − x0 ) + f (z), ∀z ∈ M.
Or cette dernière inégalité équivaut à µ(z − x0 ) + µ(x0 + y) ≥ f (z) + f (y) et découle
de µ(z −x0 )+µ(x0 +y) ≥ µ (z −x0 )+(x0 +y) = µ(y +z) ≥ f (y +z) = f (y)+f (z).u t
Remarque 1.4.7 Si µ est une pseudo-jauge et λ une forme linéaire sur un espace
vectoriel E alors la double inégalité −µ(−x) ≤ λ(x) ≤ µ(x) découle immédiatement
de la majoration λ(x) ≤ µ(x) appliquée à (−x).
Toujours dans le cadre d’espaces séparables, nous allons voir comment le théorème
de Hahn-Banach permet de plonger isométriquement tout espace normé dans son
bidual. Il s’agit là d’un fait extrêmement important.
Tout x ∈ E induit une forme linéaire continue sur E 0 . Cette forme, notée x̂, est tout
simplement l’application d’évaluation en x :
E 0 , k| k| → (E, k k
λ 7→ λ(x).
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La continuité de x̂ résulte automatiquement de celle des formes λ car en effet |x̂(λ)| =
|λ(x)| ≤ k|λk| kxk. Ceci montre en outre que k|x̂k| ≤ kxk.
L’application J est clairement linéaire. Elle est aussi continue puisque, comme
nous l’avons observé, k|J(x)|k ≤ kxk. Il n’est pas du tout clair que cette application
soit injective. Il résulte en fait du théorème de Hahn-Banach que J est une injection
isométrique car, pour tout x ∈ E, il existe λ ∈ E 0 telle que x̂(λ) = kxk et k|λk| = 1.
Nous reviendrons bien entendu sur tout ceci lorsque nous étudierons ces questions
dans un cadre général, pour l’instant nous nous contenterons du résultat partiel
suivant.
Théorème 1.4.10 Soit E, k k un espace vectoriel normé séparable. L’applica-
tion linéaire J : E, k k → E 00 , k| k| définie par J(x) = x̂ est une injection
isométrique.
18
Considérons maintenant les espaces Lp (X, µ), on supposera que µ est une mesure
positive σ-finie sur X. Dans ce qui suit on suppose que 1 ≤ p < ∞ et on note q le
conjugué de p.
Toute fonction g ∈ Lq (X, µ) induit une forme linéaire continue Λg sur Lp (X, µ)
obtenue en posant :
Z
Λg (f ) := f g dµ , ∀f ∈ Lp (X, µ).
X
Proposition 1.4.12 Soit 1 < q ≤ ∞. Pour toute fonction g ∈ Lq (X, µ), la forme
linéaire Λg est continue sur Lp (X, µ) et k|Λg k| = kgkq .
t
u Justifions l’inégalité suivante et précisons un choix de f pour lequel elle devient
une égalité.
Z
|Λg (f )| ≤ |f | |g| dµ ≤ kf kp kgkq .
X
Il se trouve que pour 1 ≤ p < ∞, toutes les formes linéaires continues sur
Lp (X, µ) sont de la forme Λg pour une unique fonction g ∈ Lq (X, µ) ce qui, compte
tenu de la proposition 1.4.12, signifie que le dual topologique de Lp (X, µ) est iso-
morphe (isométriquement) à Lq (X, µ).
Notons que ce résultat est en général faux pour p = ∞ : bien que la proposition
1.4.12 montre que le dual de L∞ contient L1 (ou plus exactement les formes du type
Λg pour g ∈ L1 ) il existe d’autres formes linéaires continues sur L∞ .
La démonstration classique du théorème 1.4.13 repose sur des arguments de théorie
de la mesure, nous en donnerons une preuve entièrement basée sur des méthodes
d’analyse fonctionnelle dans la dernière leçon. En attendant, nous traitons le cas
beaucoup plus simple des espaces lp pour lequel le résultat s’énonce comme ceci :
19
Théorème 1.4.14 Pour tout 1 ≤ p < ∞, l’application
0
Λ : lq , k kq → lp , k| k|
y 7→ Λy
où
P∞
Λy : x 7→ 1 xn yn , ∀x ∈ lp
De plus, d’après la proposition 1.4.12, k|Λy k| = kykq . Montrons que toutes forme
linéaire continue λ sur lp est de la forme Λy pour un certain y ∈ lq .
1
Cela tient simplement à l’égalité suivante : kx − N p p
P P
1 x n e n k p = n>N |x n | . On
notera que cet argument tombe pour p = ∞ !
Posons yn := λ(en ) et y := yn )n . Pour tout x := (xn )n ∈ lp , la continuité de λ
permet décrire λ(x) sous la forme
N
X N
X
λ(x) = lim λ xn en = lim y n xn .
N N
1 1
πN (a) = N
P
1 ai ei = (a1 , a2 , · · ·, aN , 0, 0, 0, · · ·)
et donc que
k|ΛπN (y) k| ≤ k|λk|Supkxkp ≤1 kπN (x)kp = k|λk|.
20
Alors, compte tenu de la proposition 1.4.12, il vient
N
X 1q
|yi |q = kπN (y)kq = k|ΛπN (y) k| ≤ k|λk|
1
PN
si bien que supN 1 |yi |q ≤ k|λk|q < +∞ et y ∈ lq . t
u
21
22
Leçon 2
L’espace C(K)
23
est une suite de fonctions continues sur le segment [0, 1] qui converge simplement
vers la fonction discontinue
pour tout 0 < < 1, il existe ηn = n → 0 tel que Sup0≤x≤ηn |fn (x) − fn (0)| ≥ .
Ce qui fait donc défaut à cette suite pour admettre une sous-suite qui converge uni-
formément, c’est un contrôle de la continuité de fn en 0 qui ne dépende pas de n. Le
concept exact est celui d’équicontinuité, il joue un rôle crucial dans cette question
et nous allons commencer par le préciser.
Soulignons ce qui est essentiel dans cette définition. Le voisinage Ua est indépendant
du choix de la fonction f dans la famille F et ne dépend donc que de et a.
24
3) Montrer que si F est relativement compacte dans C(K) alors F est équicontinue
Indication : on recouvrira F par un nombre
et uniformément bornée sur K.
fini de boules de C(K), k k∞ .
L’ outil que nous utiliserons est le procédé diagonal de Cantor ; rappelons de quoi
il s’agit.
t
u Il existe une suite extraite (aϕ1 (n) )n qui vérifie P1 . On peut extraire de cette
suite une sous-suite qui satisfait P2 . Étant extraite de (aϕ1 (n) )n , cette sous-suite
satisfait encore P1 , on la note (aϕ2 (n) )n . On peut extraire de (aϕ2 (n) )n une sous-suite
notée (aϕ3 (n) )n qui satisfait P3 , cette sous-suite satisfait donc P1 ,P2 et P3 .
En continuant ces extractions successives, on obtient une famille de suites (aϕk (n) )n
telles que (aϕk+1 (n) )n est extraite de(aϕk (n) )n et (aϕk (n) )n satisfait P1 , P2 , P3 · · · Pk .
Posons alors
ψ(n) := ϕn (n).
Il est facile de voir que (aψ(n) )n est une sous-suite de (an )n et que, pour tout k ∈ IN,
les suites tronquées (aψ(n) )n≥k sont extraites de (aϕk (n) )n . La suite (aψ(n) )n satisfait
donc chacune des propriétés Pk . t
u
Définition 2.1.6 Soit (Xp , dp )p∈IN une collection dénombrable d’espaces métriques.
Le produit de ces espaces est l’espace
25
On munit Πp∈IN Xp d’une distance dpr définie par
dpr (x, y) := +∞ −p
P
p=0 2 min 1, dp (xp , yp ) .
Exercice 2.1.8 Soit (Xp , dp )p∈IN une collection dénombrable d’espaces métriques.
Soit X := Πp∈IN Xp le produit de ces espaces muni de la distance produit dpr .
1) Montrer qu’une suite (xn )n converge vers x dans (X, dpr ) si et seulement si
(xnp )n converge vers xp dans (Xp , dp ) pour tout p ∈ IN.
2) Démontrer le théorème de Tychonov.
26
Soit S une partie dénombrable de K, en utilisant le procédé diagonal de Cantor on
voit que (fn )n possède une sous-suite qui converge simplement sur S. Supposons K
séparable et choisissons une partie S dense dans K et dénombrable. Comme nous
venons de le voir, on peut supposer que (fn )n converge simplement sur S.
x, y ∈ Ua ⇒ |fk (x) − fk (y)| ≤ |fk (x) − fk (a)| + |fk (a) − fk (y)| < ; ∀k.
K ⊂ ∪N
i=1 Uai .
Par densité de S on peut choisir un point si de S dans chaque ouvert Uai . Puisque
(fn )n converge simplement sur S il existe n0 tel que
|fm (x) − fn (x)| ≤ |fm (x) − fm (si0 )| + |fm (si0 ) − fn (si0 )| + |fn (si0 ) − fn (x)| ≤
≤ 2 + |fm (si0 ) − fn (si0 )|
Exercice 2.1.12 Soit K un espace topologique compact et (fn )n une suite de fonc-
tions à valeurs complexes, uniformément bornée et équicontinue sur K. On considère
l’application
h : K → l∞ , k k∞
x 7→ fn (x) n .
Pour tout n ∈ IN et tout u ∈ l∞ on pose ϕn (u) = un .
1) Montrer que h est bien définie et continue.
2) Montrer que h(K) est compact et (donc) séparable dans l∞ , k k∞ .
27
3) Montrer qu’il existe une sous-suite ϕnk qui converge uniformément sur h(K),
en déduire qu’il existe une sous-suite fnk qui converge uniformément sur K.
Les deux exercices qui suivent sont des applications classiques du théorème d’As-
coli. Rappelons la définition suivante.
Définition 2.1.13 Soit T un opérateur linéaire continu de E, k kE dans F, k kF .
On dit que T est un opérateur compact si l’image par T de la boule unité fermée de
E est relativement compacte dans F
Exercice 2.1.14 On note Lipα [0, 1] l’ensemble des fonctions α-Hölderiennes sur
[0, 1]. Pour tout f ∈ Lipα [0, 1] on note kf kα := kf k∞ + Supx6=y |f (x)−f (y)|
|x−y|α
. On
rappelle que que Lipα [0, 1] muni de k kα est un espace de Banach (voir l’exer-
unité fermée de Lipα [0, 1] , k kα est une partie
cice 1.2.9). Montrer que la boule
compacte dans C [0, 1] , k k∞ .
Les opérateurs intégraux forment une large classe d’opérateurs compacts, la si-
tuation la plus simple est décrite par l’exercice qui suit.
Exercice 2.1.15 Soit K(x, y) une fonction continue sur [0, 1] × [0, 1]. On munit
C [0, 1] de la norme de la convergence uniforme kf k∞ := Sup0≤x≤1 |f (x)|. Pour
R1
tout f ∈ C [0, 1] on pose T f (x) := 0 K(x, y)f (y)dy. Montrer que T est une
application linéaire continue de C [0, 1] , k k∞ dans lui-même. Montrer que T est
un opérateur compact.
Le théorème d’Ascoli joue un rôle central dans la théorie des familles normales,
il permet en particulier d’établir le théorème de Montel qui est la première pierre
de cette théorie.
t
u Soit Ω un ouvert du plan complexe et (fn )n une suite de fonctions holomorphes
sur Ω telle que Supn kfn k∞ =: M < +∞. D’ après le théorème 2.1.11, il suffit de
montrer que (fn )n est équicontinue sur Ω. Soit z0 ∈ Ω et r < dist(z0 , Ω) . D’après
la formule de Cauchy, pour tout u tel que |u| < r on a :
Z 2π
1 fn (z0 + reiθ ) iθ
fn (z0 + u) = re dθ
2π 0 reiθ − u
28
il s’ensuit que
2π
fn (z0 + reiθ )(u − u0 ) iθ
Z
1
0
fn (z0 + u) − fn (z0 + u ) = re dθ
2π 0 (reiθ − u)(reiθ − u0 )
puis, lorsque max(|u|, |u0 |) < r
2
:
2π
|u − u0 |
Z
0 1 4M
|fn (z0 + u) − fn (z0 + u )| ≤ |fn (z0 + reiθ )| r 2 rdθ ≤ |u − u0 |.
2π 0 (2) r
Cela prouve l’équicontinuité de (fn )n en z0 . t
u
Exercice 2.1.17 Montrer que toute suite bornée dans H ∞ (Ω) qui converge simple-
ment converge aussi uniformément sur tout compact de Ω. Donner un exemple où
la convergence est simple mais pas uniforme sur Ω.
Exercice 2.1.21 Soit (K, d) un espace métrique compact et f (t, x) une fonction
continue sur [0, 1] × K. Soit λ une forme linéaire continue sur C(K), k k∞ . Pour
tout N ∈ IN on pose
N −1
1 X k
SN (x) := f ( , x).
N k=0 N
29
R1
1) Montrer que les fonctions t 7→ hλ, f (t, x)i et x 7→ 0 f (t, x)dt sont respective-
ment continues sur [0, 1] et K. R1
2) Montrer que la suite de fonctions SN converge uniformément vers 0 f (t, x)dt
sur K. R1 R1
3) Montrer que hλ, 0 f (t, ·)dti = 0 hλ, f (t, ·)idt.
la sous-section 1.4.1). Soit (ϕn )n une suite de formes linéaires appartenant à la boule
unité fermée BE 0 de E 0 . On peut considérer (ϕn )n comme une suite de fonctions sur
BE . Cette suite est uniformément bornée puisque
On ne peut cependant pas appliquer le théorème d’Ascoli pour en déduire que (ϕn )n
possède une sous-suite qui converge uniformément sur BE (c’est à dire pour k| k|)
car la boule BE n’est compacte que lorsque E est de dimension finie.
Néanmoins, nous allons voir que lorsque E est séparable, les méthodes utilisées
dans la preuve du théorème d’Ascoli permettent de montrer que (ϕn )n possède une
sous-suite qui converge simplement. Plus précisément, nous allons établir le résultat
suivant :
Théorème 2.1.22 (Banach-Alaoglu) Soit E, k k un espace vectoriel normé
séparable. Toute suite bornée de formes linéaires continues sur E possède une sous-
suite qui converge simplement vers une forme linéaire continue sur E.
Exercice 2.1.23 Soit (E, k k) un espace normé séparable et (ϕn )n une suite bornée
de formes linéaires continues sur E.
1) Montrer que (ϕn )n est équicontinue sur E.
2) Soit (xk )k une suite dense dans E. Montrer qu’après extraction, ϕn (xk ) n
converge pour tout k (utiliser le procédé diagonal).
3) Montrer que (ϕn )n possède une sous-suite (ϕni )i telle que ϕni (x) i converge
pour tout x ∈ E (on utilisera la proposition 2.1.19). Montrer que ϕ(x) :=
limi ϕni (x) est une forme linéaire continue sur E.
30
En fait, on peut montrer que sous les hypothèses du théorème 2.1.22, il existe
une distance d sur BE 0 pour laquelle la convergence équivaut à la convergence simple
et (BE 0 , d) est compact. Ceci est exposé dans l’exercice suivant.
Exercice 2.1.24 Soit (E, k k) un espace normé séparable et (ek )k une suite dense
dans BE . Pour λ, µ ∈ BE 0 on pose
∞
X
d(λ, µ) := 2−k |λ(ek ) − µ(ek )|.
k=1
1) Montrer que d est une distance sur BE 0 puis que d(λn , λ) tend vers 0 si et
seulement si (λn )n converge simplement vers λ sur E.
2) Montrer que (BE 0 , d) est compact.
Il faut souligner que le théorème 2.1.22 est en général faux dans les espaces non
séparables. Voici un exemple très simple :
Exercice 2.1.25 Montrer que la suite de formes linéaires ϕn définie par ϕn (x) :=
xn sur l∞ ne possède aucune sous-suite qui converge simplement.
Le théorème de Radon-Riesz (voir l’énoncé 1.4.11) stipule que toute forme linéaire
continue positive sur C(K) est de la forme Λµ pour une unique mesure borélienne
finie sur K. Lorsque C(K) est séparable (par exemple si K est un espace métrique),
on peut coupler les théorèmes de Radon-Riesz et de Banach-Alaoglu pour voir que
toute suite de mesures de probabilité possède une sous-suite qui converge faiblement.
Théorème 2.1.26 Soit (µn )n une suite de mesures boréliennes sur un compact K
de IRd . Si µn (K) = 1 pour tout n ∈ IN alors (µn )n admet une sous-suite R (µnk )k qui
converge
R faiblement vers une mesure de probabilité µ ; c’est à dire limk K f dµnk =
K
f dµ pour tout f ∈ C(K).
31
Exercice 2.1.27 Soit K un compact de IRd et τ : K → K une transformation
continue. Soit m une mesure borélienne de probabilité sur K. Pour tout n ∈ IN on
1 n
n
pose µn := n+1 m+τ∗ m+···τ∗ m (ici τ désigne l’itérée n- ième de τ ). Montrer qu’il
existe une sous-suite de µn qui converge faiblement vers une mesure de probablité
invariante par τ .
On dit que H est séparante si, pour toute paire de points distincts x1 , x2 de K
il existe une fonction f ∈ H telle que f (x1 ) 6= f (x2 ).
Nous distinguons ici les fonctions à valeurs réelles de celles à valeurs complexes ;
ainsi CIR (K) (resp. CCI (K)) désigne l’algèbre des fonctions continues à valeurs réelles
(resp. complexes) sur K.
Théorème 2.2.2 (Bernstein) Pour tout f ∈ CIR ([0, 1]), la suite Bn (f ) définie par
Pn
Bn (f )(x) := k=0 Cnk f ( nk )xk (1 − x)n−k
est une suite de polynômes qui converge uniformément vers f sur [0, 1].
probabiliste.
32
Exercice 2.2.3 Soit f ∈ CIR ([0, 1]) et Bn (f )(x) := nk=0 Cnk f ( nk )xk (1 − x)n−k . Soit
P
X1 , · · ·, Xn · ·· une suite de variables aléatoires indépendantes suivant une loi de
Bernoulli de paramètre x ∈ [0, 1]P ; c’est à dire à valeurs dans {0, 1} et telles que
P (Xk = 1) = x. On pose Sn := n nk=1 Xk .
1
1
P {|Sn − x| ≥ } ≤ , pour tout > 0.
4n2
kf k∞
4) Montrer que kf − Bn (f )(x)k∞ ≤ η + 2n(η)2
pour tout η > 0 et conclure.
On notera que dans ce lemme, la limite simple f est supposée continue. C’est
une hypothèse très forte.
Exercice 2.2.5 1) Établir le Lemme de Dini. On observera que, pour tout > 0
fixé, K coı̈ncide avec la réunion d’ouverts ∪n {x ∈ K / f (x) − fn (x) < }.
2) On définit une suite de polynômes (Pn )n par P0 = 0 et la relation de récurrence
1 2 2
Pn+1 = Pn + 2 X −(Pn ) . Vérifier par récurrence que 0 ≤ Pn (x) ≤ Pn+1 (x) ≤
|x| pour tout n et tout x ∈ [−1, 1]. Montrer que la suite Pn (x) converge en
croissant vers |x|. Justifier l’uniformité de la convergence.
33
2.2.2 Le théorème de Stone-Weierstrass
Nous allons tout dabord établir le résultat général de densité suivant puis nous
en déduirons le théorème de Stone-Weierstrass.
Théorème 2.2.6 Soit K espace topologique compact et H une partie de CIR (K)
telle que :
i) ∀u, v ∈ H, M ax(u, v) ∈ H et M in(u, v) ∈ H
ii) ∀x1 6= x2 ∈ K, ∀α1 , α2 ∈ IR, ∃u ∈ H tel que u(x1 ) = α1 et u(x2 ) = α2 .
Alors H est dense dans CIR (K), k k∞ .
t
u Soit f ∈ CIR (K) et > 0 on cherche h ∈ H telle que kh − f k∞ < .
Définition 2.2.7 Soit (K, d) un espace métrique. L’espace Lip(K) des fonctions
Lipschitziennes à valeurs réelles sur K est défini comme étant l’espace des fonctions
f : K → IR pour lesquelles il existe une constante Cf > 0 telle que |f (x) − f (y)| ≤
Cf d(x, y) pour tout x et tout y de K.
Exercice 2.2.8 Soit (K, d) un espace métrique compact. Vérifier que pour tout x0
7→ d(x0 , x) est dans Lip(K). Montrer que Lip(K) est
fixé dans K la fonction x
dense dans CIR (K), k k∞ .
34
Expliquons maintenant comment le théorème de Stone-Weierstrass se déduit du
théorème 2.2.6.
de montrer que si h ∈ H alors |h| ∈ H. Utilisons à cet effet une suite de polynômes
Pn qui converge uniformément sur [−1, 1] vers la fonction |x| (voir l’exercice 2.2.5).
On peut supposer h non identiquement nulle puis, en remplaçant h par khkh∞ , que
−1 ≤ h ≤ 1. Alors Pn (h) converge vers |h| dans CIR (K), k k∞ et, puisque H est
une algèbre tout comme H, cela montre que |h| ∈ H.
Dire qu’une algèbre de fonctions contient les constantes est bien sûr équivalent
à dire qu’elle contient la fonction constante égale à 1. Il peut être utile de remplacer
cette hypothèse par celle de l’existence d’une fonction ne s’annulant pas. C’est ce
que détaille l’exercice suivant.
35
Observons tout d’abord que la généralisation du théorème de Weierstrass aux
fonctions de plusieurs variables découle immédiatement du théorème de Stone-
Weierstrass :
Théorème 2.2.11 Soit K un compact de IRd . Toute fonction f ∈ CIR (K) est limite
uniforme d’une suite (Pn )n de polynômes de d variables (Pn ∈ IR[X1 , · · ·, Xd ]).
Exercice
R 2.2.13 Soit m la mesure de Lebesgue dans IRd et f ∈ L1 (m). Montrer
que si f t1α1 · · · td d 1K dm = 0 pour tout monôme tα1 1 · · · tαd d et tout compact K alors
α
f = 0.
Exercice 2.2.15 On reprend les notations du théorème 2.2.14. Vérifier que HIR :=
{h ∈ H t.q. f (x) ∈ IR ∀x ∈ K} satisfait les hypothèse du théorème 2.2.1. En
déduire que H est dense dans CCI (K), k k∞ .
36
Exercice 2.2.16 Soient K1 et K2 deux espaces métriques compacts. On note C(K1 )tensorC(K2 )
le sous-espace vectoriel de C(K1 × K2 ) engendré par les fonctions de la forme
f (x)g(y) où f ∈ C(K1 ) et g ∈ C(K2 ). Montrer que C(K1 )tensorC(K2 ) est dense
dans C(K1 × K2 ), k k∞ (on traitera les cas réel et complexe).
Exercice 2.2.17 Soit (Kp , dp )p∈IN une collection dénombrable d’espaces métriques
compacts et (K, dpr ) l’espace produit (voir le théorème 2.1.7). Montrer que toute
fonction continue sur K est limite uniforme d’une suite de fonctions continues ne
dépendant que d’un nombre fini de variables.
Exercice 2.2.18 Montrer que toute fonction continue sur le cercle unité IR/ZZ est
limite uniforme d’une suite de polynômes trigonométriques.
Voici une application du théorème de Stone-Weierstrass qui nous sera utile pour
caractériser une classe d’algèbres de Banach commutatives.
1) Montrer que G(A) est dense dans C(∆), k k∞ .
2) En déduire que G est surjectif.
37
2.3.1 Plongements d’espaces de Banach dans C(K)
Considérons un espace normé séparable (E, k kE ) et E 0 , k| k| son dual topolo-
t
u Pour tout x ∈ E, notons x̂ la fonction d’évaluation définie sur K par
x̂(λ) := λ(x), ∀λ ∈ K.
Il se trouve que x̂ ∈ C(K) pour tout x ∈ E. En effet, si λn converge vers λ
dans (K, d) alors λn converge simplement vers λ et en particulier x̂(λn ) = λn (x) →
λ(x) = x̂(λ).
Nous disposons donc d’une application naturelle
G : E 3 x 7→ x̂ ∈ C(K).
Il est facile de voir que G est linéaire, cela tient précisément au fait que les évaluations
x̂ opèrent sur des formes linéaires :
(αx\
1 + x2 )(λ) = λ(αx1 + x2 ) = αλ(x1 ) + λ(x2 ) = αxb1 + xb2 (λ).
Vérifions que G est continue de (E, k kE ) dans C(K), k k∞ :
Le théorème de Hahn-Banach (1.4.3) montre qu’en fait l’inégalité ci-dessus est une
égalité (d’après ce théorème il existe λ ∈ BE 0 telle que λ(x) = kxkE ). Autrement
dit, l’application G est une isométrie linéaire.
Un argument classique permet de voir que l’image de l’isométrie G est fermée
38
dans C(K), k k∞ lorsque (E, k kE ) est un espace de Banach. En effet, si f ∈
C(K) ∩ G(E) alors il existe xn ∈ E telle que x cn converge vers f dans C(K). Puisque
G est isométrique, la suite (xn )n est de Cauchy dans E. Il existe donc x ∈ E tel que
kxn −xkE → 0 et, par continuité de G, cela entraine que f = limn x cn = limn G(xn ) =
G(x). t
u
On sait que C([0, 1]), k k∞ est séparable (le théorème de Weierstrass permet
de voir que Q[X]
I est une partie dense), le théorème 2.3.2 montre qu’il est en quelque
sorte l’espace de Banach séparable universel puisqu’il contient tous les autres. Ce
théorème illustre aussi l’extrême ”richesse” de l’espace C [0, 1] .
39
dans l’espace vectoriel E 0 et que la fonction µ 7→ d(λ0 , µ) est convexe :
∞
X
2−k |λ0 (ek ) − tµ1 (ek ) − (1 − t)µ2 (ek )| =
d (λ0 , tµ1 + (1 − t)µ2 =
k=1
∞
X
2−k |t λ0 (ek ) − µ1 (ek ) + (1 − t) λ0 (ek ) − µ2 (ek ) | ≤
k=1
∞
X ∞
X
−k
t 2 |λ0 (ek ) − µ1 (ek )| + (1 − t) 2−k |λ0 (ek ) − µ2 (ek )| =
k=1 k=1
td(λ0 , µ1 ) + (1 − t)d(λ0 , µ2 ).
Grâce à cette propriété géométrique de (K, d), nous pouvons construire une
courbe de Peano γ sur K (cette construction est expliquée à l’exercice 2.3.4) :
Proposition 2.3.3 Si (K, d) est un espace métrique compact convexe dont toutes
les boules sont convexes alors il existe une application γ : [0, 1] → K qui est continue
et surjective.
Voyons comment réaliser le plongement de E dans C [0, 1] au moyen d’une
courbe de Peano γ : [0, 1] → K.
t
u Pour tout x ∈ E, la fonction [0, 1] 3 t 7→ (x̂ ◦ γ)(t) est continue comme
composée d’applications continues. On dispose donc d’une application linéaire
P : (E, k k) → C [0, 1] , k k∞
x 7→ x̂ ◦ γ.
Que cette aplication soit isométrique résulte du fait que γ est surjective et G
isométrique :
kP(x)k∞ = Supt∈[0,1] |x̂ γ(t) | = Supλ∈K |x̂ λ | = kG(x)k∞ = kxkE .
À nouveau, l’image P(E) est fermée dans C [0, 1] car E est un espace de Ba-
nach et P une isométrie. t
u
Exercice 2.3.4 Soit (K, d) un espace métrique compact convexe dont toutes les
boules sont convexes.
1) Construire une suite dense dans K de la forme xi1 ,i2 ,···,ip p où ij ∈ {1, 2, · ·
·, nj }, dont les points sont deux à deux distincts et telle que :
1
d xi1 ,i2 ,···,ip−1 , xi1 ,i2 ,···,ip−1 ,ij ≤ 2p−1 , ∀1 ≤ j ≤ np .
40
γp (ti1 ,i2 ,···,ip ) = xi1 ,i2 ,···,ip où les ti1 ,i2 ,···,ip sont deux à deux distincts
γp est constante au voisinage des points ti1 ,i2 ,···,ip
1
d γp (t), γp−1 (t) ≤ 2p−1 , ∀t ∈ [0, 1].
Définition 2.3.5 On dit d’une algèbre A qu’elle est de Banach lorsqu’elle est munie
d’une norme k k vérifiant l’inégalité
Pour obtenir un plongement d’une algèbre A dans une algèbre du type C(K) on
peut, comme nous l’avons fait pour les espaces vectoriels, utiliser la transformation
x 7→ x̂. Cependant, pour que cette transformation soit un morphisme d’algèbres,
il n’est plus suffisant de faire opérer les évaluations x̂ sur des formes linéaires. En
effet, pour que xd 1 x2 soit le produit des fonctions xb1 et xb2 il faut que celles-ci soient
évaluées sur des h tels que :
h(x1 x2 ) = xd
1 x2 (h) = x
b1 (h) xb2 (h) = h(x1 )h(x2 ).
41
Autrement dit, nous devons faire opérer les évaluations sur les morphismes d’algèbres
h : A → C.
I Ceci motive la définition et la proposition qui suivent.
Définition 2.3.6 Les caractères d’une algèbre commutative et unitaire A sont les
morphismes d’algèbres surjectifs de A sur CI c’est à dire les formes linéaires non
identiquement nulles h sur A telles que h(xy) = h(x)h(y) pour tout x, y ∈ A.
On note ∆ l’ensemble des caractères d’une telle algèbre.
Proposition 2.3.7 Soit A, k k une algèbre de Banach commutative et unitaire.
Alors ∆ est contenu dans la boule unité fermée BA0 du dual topologique de A.
t
u Soit h ∈ ∆. Supposons qu’il existe x0 ∈ A tel que h(x0 ) > kx0 k. Posons
P∞x :=k
x0
h(x0 )
alors h(x) = 1 et kxk < 1. Puisque l’espace A est de Banach, y := − k=1 x
,
est bien défini et xy = x + y. On a donc h(y) = h(y)h(x) = h(y) + h(x) = h(y) + 1
ce qui est impossible. Ainsi h(a) ≤ kak pour tout a ∈ A, comme h ∈ A0 ceci montre
simultanément que h est continue sur A et k|hk| ≤ 1. t
u
Considérons une algèbre de Banach commutative et unitaire A, k k . Il s’avère
que BA0 peut être muni d’une topologie d’espace compact pour laquelle les évaluations
sont continues (nous avons détaillé cela dans le cas séparable). De la continuité des
évaluations on déduit facilement que ∆ est fermé dans BA0 et donc que ∆ est lui
aussi un espace topologique compact. On peut donc reprendre la méthode de plon-
gement par les évaluations en remplacant BA0 par ∆ et définir la transformation de
Gelfand
G : A 3 x 7→ x̂ ∈ C(∆)
par
x̂(h) = h(x) pour tout caractère h ∈ ∆.
Cette fois, la transformation G est clairement un morphisme d’algèbres. Cependant,
il n’est pas clair qu’elle soit isométrique ni même injective (on ne peut plus utiliser
le théorème de Hahn-Banach).
42
Proposition 2.3.8 Soit (A, k k) une C-algèbre
I de Banach commutative unitaire
munie d’une involution ? : A → A et ∆ un espace topologique compact. Soit
G : A 3 x 7→ x̂ ∈ C(∆)
un morphisme d’algèbre isométrique (i.e kx̂k∞ = kxk, ∀x ∈ A). Si Gvérifie les deux
conditions suivantes
43
44
Leçon 3
Méthodes hilbertiennes
Une telle forme est dite hermitienne si, de plus, elle vérifie
45
Il est important de mentionner deux identités algébriques satisfaites par toute
forme sesquilinéaire. La première jouera un rôle fondamental dans la preuve du
théorème de projection 3.2.1, la seconde montre qu’une forme sesquilinéaire est
entièrement déterminée par sa valeur sur la diagonale de E × E. Ces identités s’ob-
tiennent par un simple calcul.
et l’identité de polarisation :
1
B(x, y) = 4
B(x + y, x + y) − B(x − y, x − y) + iB(x + iy, x + iy) − iB(x − iy, x − iy) .
Notons que toute forme hermitienne prend des valeurs réelles sur la diagonale de
E × E, on a alors la précision suivante :
Définition 3.1.3 Une forme hermitienne B est dite positive si B(x, x) ≥ 0 pour
tout x ∈ E. Elle est dite définie positive si, de plus, B(x, x) = 0 ⇒ x = 0.
Un produit hermitien sur E est une forme hermitienne définie positive, on note
alors souvent (x|y) pour B(x, y).
satisfait l’inégalité triangulaire et définit donc une norme sur l’espace vectoriel où le
produit hermitien est donné. Une telle norme est dite norme hermitienne.
46
3.1.2 Espaces de Hilbert
Définition 3.1.5 Soit H un C-espace
I vectoriel et k k une norme sur H. On dit que
(H, k k) est un espace de Hilbert si et seulement si la norme k k est hermitienne et
(H, k k) est complet.
Parmi les espaces de Banach, les espaces de Hilbert sont ceux dont les pro-
priétés sont les plus proches de celles des espaces de dimension finie. Voyons quelques
exemples d’espaces de Hilbert.
• L’espace
Pn C I n = {x = (x1 , · · ·, xn ) ; xj ∈ C}
I muni du produit hermitien standard
(x|y) := i=1 xi yi .
Les espaces L2 (X, µ) et B(Ω) ont été introduits dans la sous-section 1.3.2. Nous
y avons vu qu’ils sont effectivement des espaces de Hilbert.
3.1.3 Orthogonalité
On considère ici un espace de Hilbert H, k k . Le produit hermitien permet de
définir une notion d’angle entre deux vecteurs x et y non nuls. Rappelons ce qui
(x|y)
se passe dans IR2 . Comme, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz, la quantité kxkkyk
prend ses valeurs dans [−1, 1], on peut prendre pour mesure de cet angle le réel
(x|y)
θ ∈] − π, π] vérifiant kxkkyk = cos θ.
Nous allons discuter ici du cas où ces vecteurs sont orthogonaux, c’est à dire
vérifient (x|y) = 0.
A⊥ := {x ∈ H / (x|a) = 0, ∀a ∈ A}.
47
En particulier deux vecteurs x, y ∈ H sont dits orthogonaux si (x|y) = 0.
Proposition 3.1.8 Soit H, k k un espace de Hilbert et A une partie de H. Alors :
1) A⊥ un un sous-espace vectoriel fermé de H
2) A ⊂ B ⇒ B ⊥ ⊂ A⊥
⊥
3) A⊥ = V ect A
4) H ⊥ = {0}.
Il est utile d’observer qu’à tout a ∈ H on peut associer une forme linéaire continue
∗
a sur H en posant
a∗ (x) := (x|a)
si bien que
A⊥ = ∩a∈A Ker a∗ .
Théorème 3.2.1 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et C une partie convexe fermée
de H. Alors :
48
De plus, PC (x) est caractérisé par :
u Existence. Soit (xn )n une suite de points de C telle que kx − xn k2 ≤ d(x, C)2 + n1 .
t
En appliquant l’identité du parallélogramme à (x − xn ) et (x − xp ) et en tenant
compte du fait que kx − xn +x 2
k ≥ d(x, C)2 (noter que xn +x
p 2
2
p
∈ C par convexité
xn −xp 2 1 1 1
de C) on trouve : k 2 k ≤ 2 ( n + p ). La suite (xn )n est donc de Cauchy et
converge vers un point de C puisque C est fermé dans un espace complet. On pose
PC (x) := limn xn .
Unicité. Si a1 et a2 sont deux solutions alors, d’après l’argument précédent, la suite
a1 , a2 , a1 , a2 , a1 , · · · converge et donc a1 = a2 .
Caractérisation. On a y = PC (x) ⇔ ∀z ∈ C, ∀t ∈ [0, 1] : kx − (1 − t)y − tzk2 ≥
kx − yk2 . L’implication directe utilise la convexité de C, l’autre s’obtient en faisant
t = 1. En développant et simplifiant par t on trouve 2 Re (x−y|y −z)+tky −zk2 ≥ 0
d’où, en faisant t = 0, la condition nécessaire et suffisante annoncée.
Contraction. Posons y1 := PC (x1 ) et y2 := PC (x2 ). On a
49
Théorème 3.2.3 Soit (H, k k) un espace de Hilbert. Pour tout sous-espace vectoriel
fermé F de H on a :
H = F ⊕ F ⊥.
De plus, PF coı̈ncide avec le projecteur associé à cette décomposition en somme
directe.
50
3) Soit p le projecteur orthogonal de H sur X. Montrer que T̃ := T̂ ◦ p satisfait
les conclusions du théorème 3.2.5.
Proposition 3.2.7 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et (ei )i∈I une famille ortho-
normale finie. Soit FI le sous-espace de H engendré par le famille (ei )i∈I et PI le
projecteur orthogonal
P sur FI . Alors, pour tout x ∈ H on a :
1) PI (x) = i∈I (x|ei )ei P
2) kxk2 = kx − PI (x)k2 + i∈I |(x|ei )|2 .
P
t
u 1) On écrit PI (x) = i∈I αi ei , la famille étant orthonormale et (PI (x) − x) étant
dans (FI )⊥ on a
αi = PI (x)|ei = (x|ei ) + (PI (x) − x) |ei = (x|ei ).
2 2
2) Comme PI (x) et (x − PP I (x)) sont orthogonaux on a kxk = kx − PI (x)k +
kPI (x)k2 = kx − PI (x)k2 + i∈I |(x|ei )|2 . t
u
L’exercice suivant a pour objet de montrer, dans le cadre des espaces de Hilbert,
que le noyau de toute forme linéaire continue (non nulle) est de codimension un.
Exercice 3.2.9 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et ϕ une forme linéaire non nulle
⊥ ⊥
et continue sur H. Observer que Kerϕ 6= {0}. Soit b ∈ Kerϕ \ {0}. Vérifier
⊥
que ϕ(b) 6= 0 puis déduire de l’identité x = x − ϕ(x) b + ϕ(x)
ϕ(b) ϕ(b)
b que Kerϕ =
V ect(b).
a∗ (x) := (x|a), ∀x ∈ H
51
est continue et vérifie k|a∗ k| = kak.
52
Théorème 3.3.5 Tout opérateur linéaire continu d’un espace de Hilbert dans lui-
même admet un unique opérateur adjoint T ∗ vérifiant
∗
Exercice 3.3.7 Vérifier que S ◦ T = T ∗ ◦ S ∗ et Id∗ = Id. En déduire que si T
−1 ∗
est inversible alors T ∗ l’est également et T ∗ = T −1 .
Proposition 3.3.8 Pour tout opérateur linéaire continu T d’un espace de Hilbert
dans lui-même
⊥on a :
1) Im T = Ker T ∗
⊥
2) Im T = Ker T ∗
t
u La seconde se déduit de la première en utilisant le corollaire 3.2.4, la première
⊥
est facile à vérifier : x ∈ Im T si et seulement si T ∗ x|y = x|T y = 0 pour tout
y ∈ H, c’est à dire si et seulement si T ∗ x = 0. t
u
53
1) Soit a ∈ H un point fixe de T -i.e T (a) = a-. Montrer que a|a ≤ kT ∗ ak kak
et en déduire que T ∗ a = a. Montrer que Ker(T − Id) = Ker(T ∗ − Id).
2) Montrer que H est la somme directe orthogonale de Ker(T − Id) et de
Im(T − Id).
3) Soit π la projection orthogonale sur Ker(T − Id). Montrer que limn Wn (x) =
π(x) pour tout x ∈ H.
4) Application. Soit (Ω, µ) un espace probabilisé et τ une application mesurable
de Ω dans lui-même. On suppose que µ est invariante par τ , ce qui signifie que
µ coı̈ncide avec la mesure image τ∗ (µ). On suppose la transformation τ ergo-
dique , c’est à dire telle que toute fonction mesurable f vérifiant f ◦ τ = f est
f +f ◦τ +···+f ◦τ n
constante. Montrer que pour toute fonction f ∈ L2 (Ω, R µ) la suite n+1
converge en moyenne quadratique vers la constante Ω f dµ.
Exercice 3.3.11 Soit ∆ le disque unité du plan complexe et B(∆) l’espace de Berg-
man associé (voir l’exercice 1.3.8). Montrer que les polynômes holomorphes (c’est à
dire de la forme a0 + a1 z + · · ·z n ) sont denses dans B(∆). On utilisera le fait que
toute fonction holomorphe sur ∆ est somme d’une série entière et que cette série
converge uniformément localement.
54
au moyen de l’isomorphisme de Riesz. On étend facilement la propriété obtenue aux
espaces de Hilbert non-séparables.
Définition 3.3.12 Soit (H, k k) un espace de Hilbert. On dit qu’une suite (xn )n de
H converge faiblement vers x (on note xn →w x) si et seulement si x∗n (a) converge
vers x∗ (a) pour tout a ∈ H. Autrement dit : xn →w x ⇔ limn (a|xn ) = (a|x), ∀a ∈
H.
On verra dans la leçon suivante (exercice 4.2.4) comment obtenir cela très faci-
lement à partir du théorème de Banach-Steinhaus.
Exercice 3.3.14 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et (xn )n une suite dans H.
1) Montrer que si limn kxn k = 0 alors xn →w 0. Donner un exemple montrant
que la réciproque est fausse (choisir une suite dans l2 ).
2) Montrer qu’il y a unicité de la limite faible. Montrer que si (xn )n converge
faiblement vers x alors toute sous-suite de (xn )n converge également vers x
3) On suppose que limn ||xn || = ∞. Pour tout entier k on définit Fk par
Théorème 3.3.15 Toute suite bornée d’un espace de Hilbert possède une sous-suite
qui converge faiblement.
55
ii) En utilisant l’existence d’un supplémentaire orthogonal pour F (théorème
de projection), vérifier que limn (xn |a) = (x|a) pour tout a ∈ H.
Toute suite d’un espace métrique compact ne possèdant qu’une seule valeur
d’adhérence converge. Cette remarque, souvent utile pour établir la convergence
d’une suite, est connue sous le nom de ”principe de seule valeur d’adhérence”. Il
existe un principe analogue pour la convergence faible :
Proposition 3.3.17 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et (xn )n une suite bornée
dans H. Si toute sous-suite de (xn )n qui converge faiblement converge vers la même
limite alors (xn )n converge faiblement.
Exercice 3.3.18 Établir la proposition ci-dessus (si a est la seule valeur d’adhérence
faible de (xn )n et si (xn )n ne converge pas vers a on trouve une sous-suite de (xn )n
qui converge faiblement vers b 6= a).
On sait qu’une suite décroissante de compacts non vides possède une intersection
non vide. Grâce à la compacité faible, on peut établir une propriété analogue pour
les suites de convexes fermés dans un espace de Hilbert. C’est ce dont traite l’exercice
suivant.
Exercice 3.3.19 Soit (H, || ||) un espace de Hilbert. Soit (xn )n une suite de points
d’une partie convexe fermée C qui converge faiblement vers x. Montrer que x ∈ C.
Soit (Cn )n une suite décroissante de parties convexes fermées non vides de H et C
l’intersection de ces parties. Montrer que si C1 est bornée alors C n’est pas vide.
Exercice 3.3.21 Soit (H, || ||) un espace de Hilbert. Soit (xn )n une suite bornée
dans H telle que xn |y converge pour tout y de H. Montrer que (xn )n converge fai-
blement (on utilisera la proposition 3.3.17).
Dans l’exercice qui suit, la compacité faible est utilisée pour établir un théorème
de point fixe.
56
Exercice 3.3.23 Soit H un espace de Hilbert et B sa boule unité fermée. Soit A :
B → B telle que kA(x) − A(y)k ≤ kx − yk pour tout x et tout y dans B. À toute
suite (xj )j dans B on associe :
n n
1X 1X
ϕn (z) := kz − xj k2 et sn := xj .
n j=1 n j=1
57
2) Toute fonction ϕ : C → IR convexe et continue sur une partie convexe, fermée
et bornée C de H atteint sa borne inférieure.
Exercice 3.3.28 Montrer que tout espace de Hilbert séparable possède une base
hilbertienne dénombrable.
Le théorème suivant caractérise les bases hilbertiennes parmi les familles ortho-
normales. On notera que l’inégalité de Parseval-Bessel (voir l’exercice ??) devient
une égalité lorsque la famille est une base.
Théorème 3.3.29 Soit H, k k un espace de Hilbert et (ei )i∈I une famille ortho-
normale. Les conditions suivantes sont équivalentes.
1) (ei )i∈I est une baseP hilbertienne
2) ∀x ∈ H, kxk2 = i∈I |(x|ei )|2 (égalité de Parseval-Bessel)
P
3) ∀x, y ∈ H, (x|y) = i∈I (x|ei )(y|ei ).
Dans l’exercice qui suit on utilise les bases hilbertiennes pour calculer le noyau
de Bergman du disque unité.
58
Leçon 4
Méthodes banachiques
Cette leçon est consacrée aux trois pilliers de l’analyse fonctionnelle que sont
le théorème de Banach-Steinhaus, le théorème dit de l’application ouverte et celui
de Hahn-Banach. Les deux premiers sont intimement liés aux propriétés des espaces
métriques complets, aussi commencerons nous par passer en revue celles d’entre elles
que nous aurons à utiliser.
59
4.1 Propriétés essentielles des espaces métriques
complets
4.1.1 Le théorème de Baire
Le théorème de Baire permet de dégager une notion topologique d’ensemble
négligeable dans les espaces métriques complets. Ces ensembles sont dits maigres
et jouent un rôle analogue à celui des ensembles de mesure nulle dans les espaces
mesurés. On prendra garde, cependant, à ne pas confondre ces deux notions car elles
correspondent à des points de vue qui sont étrangers l’un à l’autre.
Exercice 4.1.2 Soit (rn )n la suite des nombres rationnels comprisSentre 0 et 1. Soit
In l’intervalle ouvert centré en rn et de longueur 2n et K := [0, 1]\ n∈IN In . Montrer
que K est un compact d’intérieur vide dont la mesure de Lebesgue est supérieure à
1 − .
Il est intuitivement clair que pour être satisfaisante d’un point de vue topolo-
gique, une notion d’ensemble négligeable doit remplir les deux conditions qui suivent.
Si il est évident que les parties maigres satisfont la première de ces conditions,
il n’est pas vrai qu’elles satisfassent la seconde. Néanmoins, le théorème de Baire
révèle que tel est le cas dans les espaces métriques complets, si bien que les ensembles
maigres peuvent y être considérés comme des ensembles négligeables.
60
2) Si (Fn )n∈IN est une collection dénombrable de fermés d’intérieur vide dans X
alors ∪n∈IN Fn est d’intérieur vide dans X.
Puisqu’en vertu du théorème de Baire les parties maigres d’un espace métrique
complet sont d’intérieur vide, l’espace lui-même ne peut être maigre. Bien que
cet énoncé puisse sembler banal, c’est souvent sous cette forme que l’on utilise le
théorème de Baire.
Exercice 4.1.5 Soit B := {e1 , e2 , · · ·} une base algébrique dénombrable d’un espace
vectoriel normé (E, k k).
1) Montrer que si E est de dimension infinie alors Fn := V ect{e1 , · · ·, en } est
un fermé d’intérieur vide. En déduire que si (E, k k) est un espace de Banach
alors E est de dimension finie.
2) Montrer qu’il n’existe pas de norme qui fasse de IR[X] un espace de Banach.
61
Définition 4.1.7 On dit qu’une partie W d’un espace vectoriel E est absorbante
si pour tout x ∈ E il existe t(x) > 0 tel que 1t x ∈ W pour IR 3 t > t(x).
Lemme 4.1.8 Soit E, k k un espace de Banach. Toute partie convexe, symétrique,
absorbante et fermée de E est un voisinage de l’origine.
t
u La partie W étant absorbante, on a E = ∪n nW . Par ailleurs, E est gras dans
lui-même (théorème 4.1.4). Il s’ensuit que W = W est d’intérieur non vide. Soit
donc B(a, r) ⊂ W . Comme W est symétrique, on a aussi −B(a, r) = B(−a, r) ⊂ W
et, puisque W est convexe, on a
B(0, r) ⊂ 21 B(a, r) + 21 B(−a, r) ⊂ W .
Nous avons montré que l’origine appartient à l’intérieur de W . t
u
Il peut être utile de voir que cette propriété caractérise les espaces de Banach.
t
u Soit (xn )n une suite de Cauchy, il suffit de montrer que (xn )n possède une sous-
suite qui converge. Comme (xn )n est de Cauchy, on peut trouver une suite stric-
1
P d’entiers (nk )k telle que kxn − xnk k ≤ 2k pour n ≥ nk . La série
tement croissante
télescopique k xnk+1 − xnk converge car elle converge normalement, il s’ensuit
que la suite (xnk )k converge. t
u
Ce critère est très utile pour montrer que le quotient d’un espace de Banach par
un sous-espace vectoriel fermé hérite d’une structure d’espace normé complet.
x ≡ y ⇔ x − y ∈ F.
62
Lorsque E est muni d’une norme k k et F fermé dans E, on définit une norme N
sur E/F par
N (ẋ) := inf kx − yk.
y∈F
Lorsque E, k k est complet, E/F, N l’est aussi. C’est ce que montre l’exercice
suivant.
Exercice 4.1.10 Soit E, k k un espace de Banach, F un sous-espace fermé et E/F
l’espace quotient associé. Soit π : E → E/F la projection définie par π(x) := ẋ.On
pose
N (ẋ) := inf y∈F kx − yk.
1) Vérifier que N est une norme.
2) Vérifier que π est continue. P
3) Soit (ẋn )n une suite telle que N (ẋn ) < +∞. Justifier l’existence d’une
F telle que kxn + yn k ≤ N (ẋn ) + 21n , en déduire que les séries
suite (yn )n dans P
P
n (xn + yn ) et n ẋn convergent.
4) En utilisant la proposition 4.1.9, montrer que E/F, N est un espace de
Banach.
Exercice 4.1.12 Soit (E, k k) un espace de Banach et Lc (E) l’espace des applica-
tions linéaires continues de E dans lui même muni de la norme |k k|. On rappelle
que U ∈ Lc (E) est dit inversible si U est bijectif et son inverse U −1 est continu.
1) Montrer que Lc (E), |k k| est un espace de Banach.
2) Montrer que si |kAk|P< 1 alors I −PA est inversible. On observera que
N n N n
(I − A) ◦ n=0 A = n=0 A ◦ (I − A) = I − AN +1
n
puis on utilisera la série de terme général A .
3) Montrer que les éléments inversibles de Lc (E) forment un ouvert. Plus précisément,
montrer que si U0 est inversible alors tous les éléments de la boule ouverte
centrée en U0 et de rayon k|U0−1 k|−1 dans Lc (E), |k k| sont inversibles.
Théorème 4.1.13 Les éléments inversibles d’une algèbre de Banach unitaire A, k k
forment un ouvert de cette algèbre. Si e désigne l’élément neutre et kek = 1, alors
la boule ouverte centrée en e et de rayon 1 est constituée d’éléments inversibles.
63
Nous terminons cette sous-section par un résultat technique qui sera très utile
dans la preuve du théorème de l’application ouverte (voir sous-section 4.2.2). Plus
précisément, nous montrerons comment une certaine propriété topologique portant
sur la structure de l’image d’une application entre espaces métriques entraine que
l’application est ouverte. Commençons par une définition.
Exercice 4.1.15 Soient (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) deux espaces métriques dont le premier
est complet et m > 0. Soit u : E1 → E2 .
1) On suppose que u satisfait la condition P(m). Montrer que pour tout a ∈ E1 ,
tout r > 0et tout y ∈ Bf (u(a), mr), il existe une suite (an )n dans E1 telle que
r
a0 = a, d1 (ak−1 , ak ) ≤ 2k−1 et d2 (u(ak ), y) ≤ mr
2k
(on construira la suite par
récurrence).
2) Montrer que si u est continue et satisfait la condition P(m) alors u satisfait
la condition P( m2 ).
3) Montrer que si u satisfait la condition P(m) alors u est ouverte
4) Montrer que si u est une application linéaire alors u satisfait la condition
P(m) (resp.P(m)) si et seulement si :
∃r0 > 0 tel que Bf (0, mr0 ) ⊂ u[Bf (0, r0 )] (resp. Bf (0, mr0 ) ⊂ u[Bf (0, r0 )])
Proposition 4.1.16 Soient (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) deux espaces métriques et u une ap-
plication continue entre ces espaces. Si (E1 , d1 ) est complet et u satisfait la condition
P(m) pour un certain m > 0 alors u est ouverte.
64
Nous verrons que, sous des hypothèses de complétude, ces deux questions ad-
mettent des réponses positives et, de surcroit, obtiendrons des renseignements très
précis sur les situations pathologiques où la réponse n’est pas positive. Nous montre-
rons, sur des exemples tirés de divers secteurs de l’analyse, comment ces informations
permettent d’exhiber des fonctions présentant des propriétés singulières.
u 1) Notons Ob := {x ∈ E tel que ΓA (x) borné} et W := ∩u∈A u−1 (Bf (0, )) où
t
> 0. Observons que W est fermé car les u sont continues et que Ob ⊂ ∪n∈IN nW .
Puisque Ob est gras, il s’ensuit que W est d’intérieur non vide. Soit donc η > 0
et x0 ∈ E tels que Bo (x0 , η) ⊂ W . Pour tout u ∈ A on a u(x0 ) + u Bo (0, η) =
u Bo (x0 , η) ⊂ u(W ) ⊂ Bf (0, ) et donc u Bo (0, η) ⊂ Bf (0, ) − u(x0 ) ⊂ Bf (0, 2).
Cela montre que A est équicontinue en 0.
2) Puisque E, k kE est complet il est gras dans lui même (voir le théorème 4.1.4).ut
Nous avons vu, en utilisant le théorème de Baire, qu’une suite faiblement conver-
gente d’un espace de Hilbert est nécessairement bornée (voir l’exercice 3.3.14). On
peut procéder plus rapidement en utilisant le théorème de Banach-Steinhaus.
65
Exercice 4.2.4 Soit (H, k k) un espace de Hilbert et (xn )n une suite de H qui
converge faiblement vers a. En utilisant le fait que kxn k = k|x∗n k|, montrer que
(xn )n est bornée.
Exercice P4.2.5 Soit x = (xn )n une suite de nombresp complexes. Montrer que si
q
la série n≥0 xn yn converge pour tout y := (yn )n ∈ l où 1 ≤ p alors x ∈ l où
1
p
+ 1q = 1.
Montrer que si la série n≥0 xn yn converge pour tout y := (yn )n ∈ c0 alors x ∈ l1 .
P
Exercice 4.2.7 Soit L∞ [0, 1] l’espace des fonctions réelles et bornées sur le seg-
1 1
Dn (f )(x) := n f (x +) − f (x) si 0 ≤ x ≤
n 2
1 1
Dn (f )(x) := n f (x − ) − f (x) si 1 ≥ x > .
n 2
∞
Montrer que Dn est linéaire continue de L [0, 1] , k k∞ dans lui-même.
2) Montrer que la dérivation D : f 7→ f 0 est continue de F dans L∞ [0, 1]
pour la norme k k∞ .
3) Montrer que F est de dimension finie (on pourra utiliser le théorème d’As-
coli).
Dans l’exercice suivant, on utilise le corollaire 4.2.6 afin de dégager des conditions
nécessaires à la mise au point de méthodes de sommation généralisée.
Exercice 4.2.8 Soit A = αi≥1,j≥1 Pune matrice infinie. On dit P qu’une suite a ∈
∞
l est sommée par A si les séries k αn,k ak convergent et limn k αn,k ak existe.
Concrètement, cela signifie que la suite obtenue en faisant le produit de P la matrice
A par le vecteur colonne a converge. Si tel est le cas on note LA(a) = limn k αn,k ak .
66
1) Quelle est la matrice A correspondant au procédé de sommation de Césarò ?
2) Montrer que LA(a) = lim a pour toute suite convergente a si et seulement si
A satisfait les conditions suivantes (on pensera à utiliser l’exercice 4.2.5) :
i) limn αP n,k = 0 pour tout entier k
ii) limn k αn,k = 1 P
iii) il existe une constante M telle que k |αn,k | ≤ M pour tout n ∈ IN.
Pour tout N ∈ IN, on définit une application linéaire ΛN : C(T ) → C(T ) par
N
X
ΛN (f ) := cn (f )einx .
−N
1
Rπ
1) Montrer que ΛN (f ) = 2π −π
f (t)DN (x − t)dt où
sin(N + 12 )u
DN (u) := .
sin u2
2) On note Λ0N la forme linéaire définie sur C(T ) par Λ0N (f ) := Λ(f )(0). Montrer
1
R π
que k|Λ0N k| = 2π −π
|DN (u)|du.
3) Montrer que l’ensemble des fonctions f ∈ C(T ) dont la série de Fourier
converge simplement est maigre dans C(T ), k k∞ . Justifier l’existence de
fonctions continues sur T dont la série de Fourier ne converge pas en tout
point.
67
4.2.2 Le théorème de l’application ouverte
Le théorème de l’application ouverte concerne la seconde question posée au début
de cette section. Il apporte bien plus qu’une simple réponse puisqu’il donne des
conditions suffisantes pour qu’une application linéaire continue soit ouverte. Comme
pour le théorème de Banach-Steinhaus, les énoncés contraposés s’avèreront parti-
culièrement féconds.
Théorème 4.2.11 (Application ouverte) Soient E1 , k k1 et E2 , k k2 deux
espaces de Banach et u : E1 → E2 une application linéaire continue. Alors :
1) si u est surjective alors u est ouverte
2) si u est bijective alors u−1 est continue.
Voyons sur un exemple que l’on ne peut se passer des hypothèses de complétude.
Exercice 4.2.13 On considère C(T ) l’espace des fonctions continues sur le segment
T := [−π, π] muni de la norme de la convergence uniforme k k∞ . L’espace des suites
de limites nulles C0 est également muni de la norme de la convergence uniforme
k k∞ . Pour tout f ∈ C(T ) et tout n ∈ ZZ on note cn (f ) le coefficient de Fourier :
Z π
1
cn (f ) := f (t)e−int dt.
2π −π
68
Le résultat suivant est une application fort utile du théorème de l’application
ouverte. On en retiendra surtout le principe
de démonstration
qui consiste à établir
que l’application identité Id : E, k k1 → E, k k2 est bi-continue. Ce principe,
plutôt que le théorème 4.2.14 lui-même, est utilisé dans l’exercice 4.2.16 (voir aussi
l’exercice 4.2.35).
Théorème 4.2.14 Soient k k1 et k k2 deux normes définies sur un même espace
vectoriel E. On suppose que E, k k1 et E, k k2 sont deux espaces de Banach.
Alors, pour que les normes k k1 et k k2 soient équivalentes, il suffit qu’il existe une
constante C > 0 telle que k k2 ≤ Ck k1 .
t
u Considérons l’application identité Id : E, k k1 → E, k k2 c’est une bijec-
tion linéaire qui, par hypothèse est continue car kxk2 = kId(x)k2 ≤ Ckxk1 pour
tout x ∈ E. Comme les espaces de départ et d’arrivée sont
des espaces de Banach,
le théorème 4.2.11 montre que son inverse Id : E, k k2 → E, k k1 est elle aussi
continue. Cela se traduit par kxk1 = kId(x)k1 ≤ C 0 kxk2 pour tout x ∈ E. t
u
Exercice 4.2.15 Soit C(K), k k∞ l’espace des fonctions continues sur un espace
topologique compact K muni de la norme de la convergence uniforme. Soit N une
norme sur C(K) pour laquelle C(K), N est un espace de Banach et vérifiant la
propriété suivante :
|f | ≤ |g| ⇒ N (f ) ≤ N (g); ∀f ∈ C(K), ∀g ∈ C(K).
Montrer que les normes N et k k∞ sont équivalentes.
On montre dans l’exercice qui suit comment munir certaines algèbres de Banach
unitaires d’une norme d’algèbre équivalente à la norme initiale.
Exercice 4.2.16 Soit A une algèbre commutative unitaire munie d’une norme || ||
telle que :
(A, || ||) est un espace de Banach
les multiplications Ma : A → A, Ma (x) = a.x sont continues.
On note B(A) l’espace des endomorphismes linéaires continus de A muni de la
norme usuelle |||u||| = Supkxk=1 ||u(x)||.
1) Montrer que (B(A), ||| |||) est une algèbre de Banach, la loi multiplicative ◦
étant la composition des applications.
2) Montrer que M := {Ma ; a ∈ A} est une sous-algèbre fermée de B(A).
3) Montrer que (M, ||| |||) est une sous-algèbre de (B(A), ||| |||) et en déduire
que (M, ||| |||) est un espace de Banach.
4) Montrer que l’application I : A → M définie par I(a) = Ma est un isomor-
phisme d’algèbre bicontinu.
69
5) Montrer que N (a) := |||Ma ||| définit une norme sur A qui est équivalente à
|| || et vérifie l’inégalité
N (a.b) ≤ N(a)N (b) ∀a, b ∈ A.
6) On considère ici l’algèbre C [0, 1] des fonctions continues sur [0, 1] que l’on
R1
munit de la norme kf k1 := 0 |f (t)| dt. On suppose qu’ il existe une norme
1
d’algèbre N sur C [0, 1] équivalente à k k1 (∃C > 1 telle que C
N ≤ k k1 ≤
1
CN ). Montrer que kf n k1 ≤ C n−1 kf kn1 pour tout f ∈ C [0, 1] et que kn+1 ≤
C n−1
(k+1)n
pour tout entier k. Que montre cet exemple ?
Nous savons (voir l’exercice 4.1.12) que l’inversibilité est une condition ouverte
dans l’algèbre des opérateurs d’un espace de Banach E dans lui même. Cela signifie
que l’ensemble des opérateurs inversibles de E dans E est un ouvert de Lc (E, E)
ou encore qu’une petite perturbation d’un opérateur inversible de Lc (E, E) reste
inversible. On dit que la condition d’inversibilité est ouverte ou stable.
Nous nous proposons d’utiliser le théorème de l’application ouverte pour traiter
de cette question pour les opérateurs d’un espace de Banach dans un autre ; nous
étudierons en fait la stabilité de la surjectivité et de l’injectivité.
L’injectivité n’est pas une condition stable, voici un exemple simple permettant
de s’en convaincre.
Exercice 4.2.18 Pour tout λ ∈ l∞ on définit une application linéaire Λ de l2 dans
lui-même en posant Λ.x := λn xn n . Montrer que Λ est continue et calculer sa
1
norme. Montrer que si λ0 = n+1 n
alors Λ est à la fois injective et limite d’appli-
cations linéaires continues non injectives.
Cependant l’injectivité à image fermée est une condition ouverte. Plus précisément
on a le résultat suivant.
Théorème 4.2.19 Soient E, k kE et F, k kF deux espaces de Banach.
70
1) Une application linéaire continue de E dans F est injective et d’image fermée
si et seulement si il existe une constante C > 0 telle que
ku(x)kF ≥ CkxkE , ∀x ∈ E.
Nous allons maintenant montrer que la surjectivité est une condition ouverte.
Théorème 4.2.22 Soient E, k kE et F, k kF deux espaces de Banach. Le sous-
ensemble de Lc (E, F ) constitué des applications surjectives est ouvert dans Lc (E, F ).
t
u Soit λ ∈ Lc (E, F ) une application surjective. Nous allons montrer qu’il existe
> 0 tel que si k|ϕ − λk| < alors ϕ est elle-même surjective.
D’après le théorème de l’application ouverte (4.2.11), l’image par λ de la boule unité
ouverte est un voisinage de l’origine dans F : il existe donc > 0 tel que
71
Par 4.2.1, il existe x1 ∈ E tel que kx1 kE < 1 et λ(x1 ) = y1 . Posons y2 := λ(x1 ) −
ϕ(x1 ), on a ky2 kF < (r) 1 = r.
Par 4.2.1, il existe x2 ∈ E tel que kx2 kE < 1 r et λ(x2 ) = y2 . Posons y3 := λ(x2 ) −
ϕ(x2 ), on a ky3 kF < (r)( 1 r) = r2 .
En continuant ce procédé, on construit des suites (xn )n et (yn )n telles que :
1
λ(xn ) = yn = λ(xn−1 ) − ϕ(xn−1 ), kxn kE < rn−1 et kyn kF < rn−1 .
P∞
Posons x := 1 xn (cette série converge normalement
P∞ dans l’espace de Banach E),
par continuité de ϕ on a ϕ(x) = ∞
P
1 ϕ(x n ) = 1 λ(xn ) − λ(xn+1 ) = λ(x1 ) = y1 .
On a montré que la boule unité ouverte de F est contenue dans l’image de ϕ et donc
que ϕ est surjective. t
u
72
2) Montrer, à l’aide de l’exercice 4.1.10,
que E1 /Ker u peut être muni d’une
norme N pour laquelle E1 /Ker u, N est un espace de Banach. Montrer que
l’application induite
u̇ : E1 /Ker u → E2
ẋ 7→ u(x)
est continue et ouverte.
3) Montrer que E2 , k k2 est un espace de Banach.
Exercice 4.2.28 Montrer que L2 [0, 1] est maigre dans L1 [0, 1].
Dans l’exercice qui suit on utilise l’énoncé contraposé 4.2.27 pour montrer que
tout ouvert du plan complexe dont la frontière est assez régulière est le domaine
d’existence d’une fonction holomorphe bornée. On pourrait de la même façon tra-
vailler dans tout autre espace de Banach de fonctions holomorphes. Cet exemple
illustre à nouveau la puissance de ces méthodes pour justifier l’existence de fonc-
tions singulières.
Montrer que Fa,r est un espace de Banach pour la norme k(f, g)k := kf k∞ +
kgk∞ .
73
2) Soit πa,r la projection canonique de Fa,r sur H ∞ (Ω). Montrer que que πa,r est
d’image maigre dans H ∞ (Ω).
3) a) Montrer qu’il existe une suite (ak )k∈IN dense dans bΩ.
b) Montrer qu’il existe f ∈ H ∞ (Ω) telle que f ∈/ Imπak ,r pour tout entier k et
tout rationnel strictement positif r.
c) Montrer que l’ensemble des fonctions holomorphes bornées sur Ω qui ad-
mettent un prolongement holomorphe à un ouvert connexe contenant stric-
tement Ω est maigre dans H ∞ (Ω). En déduire qu’il existe une fonction holo-
morphe bornée sur Ω qui ne se prolonge pas holomorphiquement à un ouvert
connexe contenant strictement Ω.
On voit facilement que le graphe d’une application linéaire continue d’un espace
normé E dans un espace normé F est fermé dans E × F . Il s’avère que lorsque
les espaces E et F sont complets la fermeture du graphe est aussi une condition
suffisante de continuité. Rappelons que E × F est muni de la norme k k := k kE +
k kF . Ceci constitue un un critère particulièrement puissant de continuité pour les
applications linéaires. Il s’agit d’un corollaire du théorème de l’application ouverte
dont la démonstration est fournie par l’exercice 4.2.33.
Théorème 4.2.31 (Graphe fermé) Soient E, k kE et F, k kF deux espaces
de Banach. Soit u : E → F une application linéaire. Alors u est continue si et
seulement si son graphe est fermé.
Exercice 4.2.32 Soit E un sous-espace fermé de l’espace de Hilbert L2 ([0, 1]), k k2
tel que E ⊂ C([0, 1]).
74
1) Montrer qu’il existe A > 0 tel que kf k∞ ≤ Akf k2 pour tout fR∈ E.
1
2) Montrer que ∀x ∈ [0, 1], ∃gx ∈ E tel que ∀f ∈ E : f (x) = 0 f (t)gx (t) dt.
Montrer que kgx k2 ≤ A.
3) Montrer que E est dimension inférieure ou égale à A2 .
75
deux énoncés équivalents.
Énoncé 1 Soit (Xi )i∈I une famille d’ensembles avec I 6= ∅ et Xi 6= ∅ pour tout
i ∈ I. Alors Πi∈I Xi 6= ∅.
Le premier énoncé signifie que l’on peut choisir simultanément un élément dans
chacun des Xi , cela ne pose bien sur pas de problème si I est fini ou dénombrable.
Le second énoncé a un contenu plus intuitif, l’application f s’appelle ”fonction de
choix”.
On utilise souvent l’axiome du choix en analyse ou, plus exactement, l’une des
deux conséquences suivantes :
Lemme 4.3.2 (Zorn) Soit X un ensemble dont toutes les parties totalement or-
donnée non-vides possèdent un élément majorant. Alors X possède un élément maxi-
mal.
x≤x
x ≤ y et y ≤ x ⇒ x = y
x ≤ y et y ≤ z ⇒ x ≤ z.
On dit que X est totalement ordonné lorsque, de plus, deux éléments quelconques
de X sont comparables c’est à dire : pour tout x ∈ X et tout y ∈ X on a x ≤ y ou
y ≤ x.
Si Y est un sous-ensemble de X, on dit que x est un majorant de Y si et seulement
si y ≤ x pour tout y ∈ Y . On dit que m ∈ X est maximal dans X si et seulement
(la plus connue est celle de Russel concernant l’ensemble des ensembles qui sont éléments d’eux-
mêmes). C’est dans ce climat que Zermelo batit une axiomatique de la théorie des ensembles et
introduisit, en 1904, l’axiome du choix. Son caractère insolite le fit prendre en suspicion par de
nombreux mathématiciens, bien qu’il se soit rapidement révélé comme un outil puissant et indis-
pensable. La question fut tranchée en 1940 lorsque Gödel prouva que l’axiome du choix ne pouvait
apporter aucun risque nouveau de contradiction aux mathématiques ; autrement dit si l’on découvre
un jour une conséquence contradictoire de l’axiome du choix, c’est que les mathématiques sans
l’axiome du choix sont déjà contradictoires. Dans les années 60, Cohen démontra l’indépendance
de l’axiome du choix ; celui-ci ne peut être déduit des autres axiomes par le seul secours du raison-
nement logique.
76
si x ∈ X et m ≤ x ⇒ x = m.
Comme Hamel le découvrit en 1908, tout espace vectoriel possède une base
algébrique, ce qui est une conséquence assez surprenante de l’axiome du choix.
Définition 4.3.3 On dit que B est une base algébrique (ou base de Hamel) d’un
espace vectoriel X si et seulement si :
1) B est libre (i.e. toute combinaison linéaire d’un nombre fini d’éléments de B
n’est nulle que si les coefficients de cette combinaison sont tous nuls)
2) tout élément de X peut être écrit comme combinaison linéaire d’un nombre
fini d’éléments de B (i.e. X = V ect B).
Théorème 4.3.4 (Hamel) Tout espace vectoriel possède une base algébrique.
t
u Soit X un espace vectoriel sur un corps K. Soit L := {F ⊂ X tel que F libre}. L
est partiellement ordonné par l’inclusion ⊂. Par le théorème 4.3.1, il existe B ⊂ L
totalement ordonné et maximal. Posons B := ∪F ∈B F . Montrons comment l’ordre
totalP sur B entraine que B est libre. Soient x1 , · · ·, xq ∈ B et α1 , · · ·, αq ∈ K tels
que qj=1 αj xj = 0. Il existe F1 , · · ·, Fq ∈ B tels que xj ∈ Fj pour tout 1 ≤ j ≤ q.
Puisque B est totalement ordonné par ⊂, l’un des Fj contient les q − 1 autres, on
peut supposer que Fj ⊂ Fq pour tout 1 ≤ j ≤ q. Alors x1 , · · ·, xq ∈ Fq et, comme Fq
est libre, α1 = · · · = αq = 0.
La maximalité de B entraine que X = V ect B. Supposons que X 6= V ect B, alors il
existe x0 ∈ X \ V ect B et en particulier B0 := B ∪ {x0 } est une famille libre, c’est
à dire B0 ∈ L. Mais alors Be := B ∪ {B0 } est totalement ordonnée, contenue dans L
et contient strictement B ce qui contredit la maximalité de B. t
u
Remarquons qu’en vertu du théorème 4.3.4, IR possède une base algébrique sur
le corps Q,
I c’est d’ailleurs cela qu’avait démontré Hamel. Remarquons aussi que
les bases de Hamel d’un espace de Banach de dimension infinie ne sont jamais
dénombrables (voir l’exercice 4.1.5).
En utilisant des bases de Hamel, il est très facile de construire des applications
linéaires aux propriétés, ou plutôt pathologies, variées. Voyons par exemple comment
faire pour la non-continuité. Soient E et F des espaces vectoriels normés de dimen-
sion infinie. Choisissons BE et BF des bases de Hamel respectives de E et F dont on
supposera les éléments de norme 1. Puisque E et F ne sont pas de dimension finie
il existe des familles dénombrables infinies {ej / j ∈ IN} ⊂ BE et {fj / j ∈ IN} ⊂ BF .
On définit une application linéaire A : E → F par sa donnée sur la base BE , si l’on
prend :
A(ej ) = jfj , ∀j ∈ IN
A(x) = 0, ∀x ∈ BE \ {ej j ∈ IN}
77
alors A n’est pas continue.
Certains espaces de Banach peuvent être munis de bases analogues aux bases
hilbertiennes, ce sont les bases de Schauder. Au travers des exercices qui suivent,
nous allons examiner quelques aspects relatifs à ces espaces.
Définition 4.3.5 On dit que (en )n∈IN est une base de Schauder normalisée d’un
espace de Banach (E, k k) si (en )n∈IN est une suite de vecteurs normés de E et si
tout élément x ∈ E s’écrit de façon unique sous la forme
n
X
x = lim xk ek
n
k=0
avec xk ∈ IR.
On notera alorsêk la forme linéaire définie par
êk : E → IR
x 7→ xk
et l’on dira que ek (x) = xk est la k ième coordonnée de x et que les ek sont les formes
linéaires coordonnées.
Signalons à titre d’exemple que nous avons utilisé (sans le spécifier) des bases de
Schauder pour les espaces lp (1 ≤ p < ∞) lors de l’étude de la dualité lp /lq (voir le
théorème 1.4.14) . Précisément, si en := δkn k désigne la suite dont tous les termes
78
ème
sont nuls sauf le n qui est pris égal à 1, alors (en )n est une base de Schauder de
p
l , k kp pour 1 ≤ p < ∞.
Il n’est pas du tout clair que les formes linéaires coordonnées êk soient continues.
Cette importante propriété fait l’objet du
Théorème 4.3.6 Soit (E, k k) un espace de Banach et (en )n est une base de Schau-
der normalisée de E. Les formes linéaires coordonnées ên sont continues. La norme
k k1 définie par
Xn
kxk1 := sup k êk (x)ek k
n
1
Exercice 4.3.7 Soit (E, k k) un espace de Banach et (en )n est une base de Schauder
normalisée de E. On pose
Xn
Pn .x := êk (x)ek .
k=0
1) Montrer que les applications Pn sont linéaires puis que k k1 est une norme.
2) Montrer que si les formes êk sont continues alors les applications Pn sont
continues et (E, k k1 ) est complet.
3) Montrer que si (E, k k1 ) est complet alors les normes k k et k k1 sont
équivalentes. En déduire que la famile (Pn )n est équicontinue et que les formes
linéaires ên sont continues.
4) Montrer que (E, k k1 ) est complet.
Exercice 4.3.8 Soit E, k k un espace de Banach muni de deux bases de Schauder
0
normalisées
P P(en )n 0et (en )n . On suppose que pour toute suite réelle (ak )k les séries
k ak ek et k ak ek sont simultanément convergentes ou simultanément divergentes.
Soit J l’application linéaire définie par
J : E → EP
∞ 0
x 7→ k=0 êk (x) ek .
79
Définition 4.3.9 Soit E, k k un espace de Banach muni d’une base de Schauder
normalisée (en )n .
1) Pour toute partie finie A de IN on définit une application linéaire PA par
PA : E → E P
x 7→ k∈A êk (x) ek .
2) On dit que la base (en ) est inconditionnelle si pour tout > 0 il existe une
partie finie A0 ⊂ IN telle que pour tout x ∈ E et toute partie finie A vérifiant
A0 ⊂ A ⊂ IN on ait : kx − PA (x)k < .
Exercice 4.3.10 Soit E, k k un espace de Banach muni d’une base de Schauder
normalisée inconditionnelle (en )n .
1) Montrer que la famille {PA } où A décrit l’ensemble des parties finies de IN
est équicontinue.
2) Montrer qu’il existe une constante C > 0 telle que
N
X N
X
k k ak ek k ≤ Ck ak e k k
k=M k=M
pour toute suite réelle (ak )k , toute suite (k )k à valeurs dans {−1, 1} et tout
N ≥ M ∈ IN
3) Montrer que pour tout x ∈ EP et toute suite d’entiers nk la série
nk
k (−1) êk (x) ek
converge.
Nous allons voir quelques exemples concrets d’espaces de Banach munis de bases
de Schauder.
Exercice 4.3.11 Soit c0 l’espace des suites réelles de limite nulle normé par k k∞ .
On pose en = δkn k et sn := e1 + · · · + en .
1) Montrer queP(e n )n et (sn )n sont
Pdes bases de Schauder de c0 .
N k N
2) Calculer k 0 (−1) sk k∞ et k 0 sk k∞ pour tout N ∈ IN.
3) Montrer que la base (sn )n n’est pas inconditionnelle (on utilisera l’exercice
4.3.10).
80
Théorème 4.4.1 Soit X un IR-espace vectoriel et M un sous-espace vectoriel de
X. Soit µ une pseudo-jauge sur X. Alors, pour toute forme linéaire f sur M telle
que
f (x) ≤ µ(x), ∀x ∈ M
il existe une forme linéaire λ ∈ X ∗ vérifiant
−µ(−x) ≤ λ(x) ≤ µ(x), ∀x ∈ X
et prolongeant f (c’est à dire telle que λ|M = f ).
Nous n’aurons besoin dans cette partie (à l’exercice 4.4.4 près) que d’une ver-
sion correspondant au cas où µ est une norme, le cas général sera utilisé dans la
cinquième leçon pour établir des formes plus géométriques du théorème de Hahn-
Banach. Cependant, comme la démonstration n’est pas plus compliquée dans le cas
d’une jauge, nous nous plaçons d’emblée dans cette situation.
81
Ω := {(M̃ , f˜) tel que M ⊂ M̃ , f˜ ≤ µ et f˜|M = f }.
On munit Ω de la relation d’ordre partiel ≤ définie par
(M̃1 , f˜1 ) ≤ (M̃2 , f˜2 ) ⇔ M̃1 ⊂ M̃2 et f˜2 |M̃1 = f˜1 .
1) Justifier l’existence d’un sous-ensemble ω de Ω totalement ordonné par ≤ et
maximal pour cette propriété. Soient alors
M := {M̃ / ∃f˜ ∈ M̃ ∗ tel que (M̃ , f˜) ∈ ω} et E := ∪M̃ ∈M M̃ .
2) Vérifier que E est un sous espace vectoriel de X (on commencera par observer
que M est totalement ordonné par ⊂) puis montrer que l’on peut définir une
application
f0 : E → IR en posant f0 (x) = f˜(x) pour tout (M̃ , f˜) ∈ ω tel que x ∈ M̃ .
(on utilisera le fait que ω est totalement ordonné). Vérifier que f0 ∈ E ∗ et que
f0 ≤ µ.
3) Montrer que E = X (en utilisant le lemme 1.4.6, on montrera que si cela
n’est pas le cas alors Ω n’est pas maximal) et conclure.
Exercice 4.4.4 On considère l’espace (l∞ , k k∞ ) des suites réelles bornées. On note
S l’opérateur de sommation de Césarò
1
S · x := (x1 + · · · + xn ) n
n
et on définit p par
p(x) := lim sup(S.x).
On note τ l’opérateur de décalage τ · x := xn+1 n .
1) Montrer que S et τ sont des opérateurs linéaires continus et calculer leur
norme. Montrer que p est une pseudo-jauge sur l∞ .
2) On note M l’ensemble des éléments x de l∞ tels que S.x converge. Pour tout
x ∈ M on pose L(x) := lim S.x. Montrer que M est un sous-espace vectoriel
de l∞ et que L est une forme linéaire sur M .
3) Montrer qu’il existe une forme linéaire continue L sur l∞ telle que :
(i) Pour toute suite convergente x, L(x) = lim x.
(ii) L ◦ τ = L
(iii) lim inf x ≤ L(x) ≤ lim sup x pour tout x ∈ l∞ .
On observera que τ · x − x ∈ M pour tout x ∈ l∞ .
82
Remarque 4.4.5 On a vu dans la première leçon que le dual topologique de l∞
”contient” l1 . Laforme linéaire L exhibée dans l’exercice ci-dessus est un exemple
0
d’élément de l∞ qui ”n’est pas dans” l1 .
Dans le cadre des espaces normés, le théorème 4.4.1 admet le corollaire suivant :
t
u Lorsque IK = IR il suffit d’appliquer le théorème 4.4.1 à f avec µ = k|f k| · k k.
Lorsque IK = C,
I on l’applique à u := Re f pour la structure d’espace vectoriel réel
sous-jacente puis on pose λ(x) := U (x) − iU (ix) où U est le prolongement obtenu
pour u. t
u
Le théorème 4.4.6 montre que X 0 sépare les points de X et, en particulier, en-
traine le
Ce fait est souvent employé mais il ne faut pas perdre de vue qu’il résulte du
théorème de prolongement de Hahn-Banach. Voici un exemple d’utilisation :
x̂ : X 0 → IK
λ 7→ λ(x)
On a alors le
83
Théorème 4.4.10 Soit X, k k un espace vectoriel normé. L’application
J : X → X 00
x 7→ x̂
t
u L’application J est clairement linéaire. Elle est aussi continue et k|J(x)k| ≤
kxk car |x̂(λ)| = |λ(x)| ≤ k|λk| kxk pour tout λ ∈ X 0 . Puisque pour tout x ∈ X, il
existe λ ∈ X 0 telle que x̂(λ) = kxk et k|λk| = 1, on a en fait k|J(x)k| = kxk. t
u
Dans l’exercice qui suit on utilise les résultats obtenus pour développer une
théorie de l’orthogonalité et de l’adjonction dans un espace de Banach. Il faut bien
entendu comparer le contenu de cet exercice à ce que nous avions fait dans les espaces
de Hilbert. On notera le rôle joué ici par le théorème de Hahn-Banach. Commençons
par préciser quelques notions.
hλ, xi := λ(x).
84
Exercice 4.4.13 Soit (X, k k) un espace normé.
0 0
1) Montrer que A⊥(X,X ) (resp. B ⊥(X ,X) ) est un sous-espace vectoriel fermé de
X 0 (resp. X) pour tout A ⊂ X (resp. B ⊂ X 0 ).
0 ⊥(X 0 ,X)
2) Soit M un sous-espace vectoriel de X. Montrer que M ⊂ M ⊥(X,X )
0 ⊥(X 0 ,X)
puis, en utilisant le théorème de Hahn-Banach, montrer que M = M ⊥(X,X ) .
0
0 ⊥(X ,X)
3) Justifier l’égalité X
= {0}.
4) Soit U ∈ Lc X, X . En utilisant la dernière assertion du théorème 4.4.6),
⊥(X,X 0 )
montrer que |||U ∗ ||| = |||U |||. Vérifier que Ker U ∗ = Im U et
0
∗ ⊥(X ,X)
Im U = Ker U .
pour tout U ∈ Lc X, X .
85
|f (x + tx0 )| = kx+tx 0k
kx0 + xt k
on voit que |f (x + tx0 )| ≤ 10 kx + tx0 k et donc que f est
continue. La forme λ s’obtient alors en prolongeant f à X au moyen du théorème
4.4.6. t
u
Dans les deux exercices qui suivent on couple le critère de densité avec un ar-
gument d’annulation de fonction analytique. Le second de ces exercices établit une
généralisation du théorème d’approximation de Weierstrass connue sous le nom de
théorème de Műnz (question 5), on notera cependant que le théorème de Weierstrass
est utilisé dans la démonstration.
Exercice 4.4.16 Soit (E, k k) un espace de Banach et (en )n une suite de vecteurs
normés telle que V ect{en } soit dense dans E. Soit (αp )p une suite de nombres com-
plexes telle que |αp | < 1 et lim αp = 0.
1) Justifier l’existence d’une suite (ap )p définie par ap := n αpn en . Vérifier que,
P
pour toute forme linéaire continue λ surP E, la fonction
Φλ (z) := n hλ, en iz n
est analytique dans le disque unité.
2) Montrer que V ect{ap } est dense dans E.
Exercice 4.4.17 On considère l’espace C([0, 1]) des fonctions continues à valeurs
complexes sur [0, 1] muni de la norme de la convergence uniforme k k∞ . Le demi
plan droit du plan complexe {z ∈ C I / Re z > 0} ; est noté H.
1) Vérifier que les fonctions t 7→ tz et t 7→ tz ln t sont dans C([0, 1]) pour tout
z ∈ H et que la fonction (t, z) 7→ tz ln t est continue sur [0, 1]× K pour tout
compact K ⊂ H.
2) Pour toute forme linéaire continue λ sur C([0, 1]), k k∞ , on définit une
fonction Φλ sur H par
Rz Φλ (z) := hλ, tz i.
Montrer que Φλ (z) = 1 λ(tu ln t) du + Φλ (1) (on pourra utiliser le théorème
de Radon-Riesz 1.4.11 ou le résultat de l’exercice 2.1.21). Vérifier que u 7→
λ(tu ln t) est continue sur H et en déduire que Φλ est analytique sur H.
3) Montrer que Φλ = 0 si et seulement si λ(f ) = f (0)λ(t0 ) pour tout f ∈
C([0, 1]).
4) Soit αn une suite réelle strictement croissante et majorée telle que α0 = 0.
Montrer queP toute fonction continue sur [0, 1] est limite uniforme de fonctions
de la forme n=N αn
n=0 an t .
5) Montrer
P que la conclusion de la question précédente reste vraie si l’on suppose
que n≥1 α1n = +∞. On considèrera la fonction Ψλ définie sur le disque unité
1+u
∆ de C I par Ψλ (u) := Φλ 1−u , et on se servira du fait que toute fonction
holomorphe bornée
P h sur ∆ est identiquement nulle dès lors que h(un ) = 0 où
limn un = 1 et (1 − |un |) = +∞.
Nous allons maintenant utiliser le critère de densité 4.4.15 et un mécanisme
analogue à celui mis en place dans les exercices 4.4.16, 4.4.17, pour établir un im-
portant résultat concernant l’approximation polynomiale dans le plan complexe. Ce
86
théorème (dit de Runge) stipule que toute fonction holomorphe au voisinage d’un
compact simplement connexe est limite uniforme sur ce compact d’une suite de
polynômes holomorphes.
Φλ (η) := hλ, χη i.
1) Montrer que Φλ (η) est une fonction holomorphe sur K c (on pourra vérifier
qu’elle est C-dérivable).
I Montrer que
Φλ := ∞ 1 k
P
k=0 η k+1 hλ, z i
pour |η| > SupK |z|.
2) Soit f ∈ O(K) et V un voisinage ouvert de K sur lequel f est holomorphe.
Montrer qu’il existe un ouvert Ω bordé par une union Γ1 ∪ · · · ∪ ΓN de chemins
affines par morceaux tel que K ⊂ Ω ⊂ V (utiliser un pavage du plan par des
carrés assez petits et ne retenirPque ceux
R qui rencontrent K).
1 N
Montrer que < λ, f >= 2iπ k=1 k Γk f (η)Φλ (η)dη où k ∈ {−1, 1} (on
R
pourra utiliser le résultat de l’exercice 2.1.21 pour permuter Γk et λ). En
déduire que Φλ = 0 si et seulement si λ = 0.
3) Montrer que toute fonction f ∈ O(K) est limite uniforme sur K d’une suite
de polynômes. Montrer par un exemple que l’hypothèse de connexité sur K c
est nécessaire à cette conclusion.
87
88
Leçon 5
Méthodes géométriques
89
que l’on définit une norme k| k| sur le dual topologique X 0 par :
voyons à la section 1.4.1 pour plus de détails sur le dual topologique d’un espace
normé.
Les hyperplans sont les objets géométriques attachés aux formes linéaires.
À tout hyperplan H est associée une forme linéaire λH définie par la décompostion
X = H ⊕ IKx0 :
Lemme 5.1.2 Le noyau d’une forme linéaire (continue) non nulle sur un espace
vectoriel normé X, k k est un sous-espace (fermé) de co-dimension un, c’est à dire
un hyperplan (fermé) de X.
Plus généralement, si λ1 , · · ·, λr sont des formes linéaires (continues) indépendantes
alors ∩ri=1 Kerλi est un sous-espace (fermé) de co-dimension r.
90
Exercice 5.1.3 Soit X un espace vectoriel normé et λ1 , · · ·, λr ∈ X 0 . Soit ϕ : X →
IRr l’application linéaire définie par ϕ(x) := (λ1 (x), · · ·, λr (x)).
1) Montrer que si ϕ n’est pas surjective alors les formes λ1 , · · ·, λr sont liées.
2) Montrer que si les formes λ1 , · · ·, λr sont linéairement indépendantes alors ϕ
induit un isomorphisme ϕ̇ : X/Ker ϕ → IRr . En déduire qu’alors ∩ri=1 Ker λi
est un sous-espace fermé de co-dimension r de X.
3) On suppose que les formes λ1 , · · ·, λr sont linéairement indépendantes et qu’il
existe λ ∈ X 0P
telle que ∩ri=1 Ker λi ⊂ Ker λ. Montrer qu’il existe a1 , ···, ar ∈ IK
tels que λ = ri=1 ai λi .
Une partie A d’un espace vectoriel X est dite convexe si tx + (1 − t)y appartient
à A dès lors que x et y sont dans A et 0 ≤ t ≤ 1. Géométriquement cela signifie que
tout segment joignant deux points quelconque de A reste contenu dans A.
DESSIN
t
u Puisque A est absorbante, l’origine 0 est dans A (appliquer la définition à x = 0)
et donc, par convexité, xt ∈ A lorsque t > t0 et tx0 ∈ A. Cela justifie 1).
Supposons que s > µA (x) et t > µA (y), en écrivant que x+y s x t y
s+t
= s+t s
+ s+t t
, on
x+y
déduit de la convexité et de 1) que s+t ∈ A. Cela ce traduit par µA (x + y) ≤ s + t
d’où, en faisant s → µA (x) et t → µA (y), l’assertion 2).
L’assertion 3) est évidente.
Il découle des propriétés 2) et 3) que B et C sont convexes et absorbantes. On a
alors
x
x ∈ B ⇒ µA (x) < 1 ⇒ x = 1
∈ A ⇒ µA (x) ≤ 1 ⇒ x ∈ C
c’est à dire B ⊂ A ⊂ C et donc µC ≤ µA ≤ µB . Par ailleurs, en utilisant 3) et les
définitions, il vient :
91
x
s > t > µC (x) ⇒ t
∈ C ⇒ µA ( xt ) ≤ 1 ⇒ µA ( xs ) = ( st )µA ( xt ) < 1 ⇒
x
s
∈ B ⇒ µB ( xs ) ≤ 1 ⇒ µB (x) ≤ s
On peut montrer de la même façon (voir l’exercice 5.1.6) que si µ est une fonction
positive définie sur X et satisfaisant les propriétés 2) et 3) alors les parties B :=
{x ∈ X / µ(x) < 1} et C := {x ∈ X / µ(x) ≤ 1} sont convexes absorbantes et
µ = µA = µB . Ceci motive la définition suivante.
Une jauge est une pseudo-jauge à valeurs positives. En particulier, lorsque A est
une partie convexe absorbante de X, la fonction
x
µA (x) := inf{t > 0 / t
∈ A}
Exercice 5.1.6 Soit µ une jauge définie sur sur un espace vectoriel X. Soient B et
C les parties de X définies par B := {x ∈ X / µ(x) < 1} et C := {x ∈ X / µ(x) ≤
1}.
1) Vérifier que B et C sont convexes absorbantes et que µC ≤ µB .
2) Montrer que si s > µ(x) alors µB (x) ≤ s, en déduire que µB ≤ µ.
3) Montrer que si s > µC (x) alors µ(x) ≤ s, en déduire que µ = µB = µC .
Exercice 5.1.7 Soit X un espace vectoriel muni d’une topologie (τ ) pour laquelle
les applications IK 3 t 7→ tx sont continues pour tout x ∈ X. Soit C une partie
ouverte et convexe de X qui contient l’origine 0. Montrer que C est absorbante et
C = {µC < 1} (on utilisera le fait que si x ∈ C alors (1 + n1 )x ∈ C pour n assez
grand).
Les semi-normes forment une classe de fonctions sur X intermédiaire à celles des
jauges et des normes.
Définition 5.1.8 On dit qu’une fonction p : X → IR+ définie sur un espace vecto-
riel X est une semi-norme si et seulement si
92
On voit que pour qu’une semi-norme p soit une norme il faut et il suffit que
{p = 0} soit réduit à {0}. On voit aussi que pour qu’une jauge µ soit une semi-norme
il faut et il suffit que {µ < 1} soit symétrique, c’est à dire que µ(x) < 1 ⇔ µ(tx) < 1,
pour tout t tel que |t| = 1. Ainsi les semi-normes sont les jauges associées à des
parties convexes absorbantes et symétriques, elles vérifient en outre les propriétés
suivantes.
Lemme 5.1.12 Soit C un convexe ouvert d’un IR-espace vectoriel normé X tel que
/ C, il existe λ ∈ X 0 telle que λ < 1 sur C et λ(x0 ) = 1.
0 ∈ C. Pour tout x0 ∈
93
t
u Soit µC la jauge de C. On sait que C ⊂ {µC < 1} (voir l’exercice 5.1.7) et donc
que µC (x0 ) ≥ 1 car x0 ∈
/ C. Comme x0 6= 0, on peut considérer la droite vectorielle
M := IRx0 et définir une forme linéaire f sur M vérifiant f (x0 ) = 1 en posant :
f (tx0 ) = t, ∀t ∈ IR.
t
u 1) Fixons a0 ∈ A et b0 ∈ B puis posons x0 := b0 − a0 et C := A − B + x0 .
Il est facile de vérifier que C et x0 satisfont les hypothèses du lemme 5.1.12, il
existe donc λ ∈ X 0 telle que λ < 1 sur C et λ(x0 ) = 1. On a donc en particulier
λ(a) − λ(b) + 1 = λ(a − b + x0 ) < 1 et donc λ(a) < λ(b) pour tout a ∈ A et tout
b ∈ B. Comme λ(A) et λ(B) sont des parties convexes de IR et que, de surcroit,
λ(A) est ouverte (le vérifier !), il suffit de prendre γ := supa∈A λ(a).
2) Notons A := A + B(0, ) où B(0, ) est la boule ouverte centrée à l’origine et
de rayon > 0. Par construction A est un ouvert convexe et de plus, comme A
est compact et B fermé, A ∩ B = ∅ pour assez petit. On peut donc appliquer
l’assertion 1) à A et B, la conclusion s’ensuit facilement. t
u
94
5.1.3 Le théorème de Krein-Milman
Ce théorème est l’un des résultats les plus remarquables sur les parties convexes
et compactes d’un espace vectoriel. Il concerne l’existence et les propriétés de base de
leurs points extrémaux. Bien qu’il soit déjà très pertinent pour les topologies induites
par une norme, il est très utile d’en disposer pour des topologies plus générales. La
seule contrainte est que les formes linéaires continues pour les topologies considérées
séparent les points.
La notion de point extrémal est très utile pour voir que deux espaces normés
ne sont pas isométriquement isomorphes. Les exercices ci-dessous illustrent cette
méthode sur quelques exemples, lorsque nous disposerons des théorèmes d’existence
de points extrémaux voulus, elle s’avèrera particulièmement efficace pour établir que
certains espaces de Banach ne peuvent être isométriques à un dual.
95
Lemme 5.1.18 Soit X un IR-espace vectoriel muni d’une topologie (τ ) et K une
partie compacte de X. On note E l’ensemble des parties extrémales fermées de K.
Alors :
1) K ∈ E
2) si Si ∈ E, ∀i ∈ I et ∩i∈I Si 6= ∅ alors ∩i∈I Si ∈ E
3) si S ∈ E et ϕ : S → IR est une fonction convexe continue alors l’ensemble
des points où ϕ atteint sa borne supérieure est lui-même une partie extrémale
non vide de K. Autrement dit : Sϕ := {x ∈ S/ϕ(x) = supS ϕ} ∈ E.
t
u Seul le troisième point n’est pas évident. Supposons que a 6= b ∈ K et ]a, b[∩Sϕ 6=
∅. Puisqu’en particulier ]a, b[∩S 6= ∅ et S ∈ E il vient {a, b} ⊂ S. Par ailleurs, si 0 <
t0 < 1 et t0 a + (1 − t0 )b ∈ Sϕ on a supS ϕ = ϕ t0 a + (1 − t0 )b ≤ t0 ϕ(a) + (1 − t0 )ϕ(b)
où l’inégalité traduit la convexité de ϕ. Comme ϕ(a), ϕ(b) ≤ supS ϕ, on obtient
ϕ(a) = ϕ(b) = supS ϕ c’est à dire a, b ∈ Sϕ . t
u
t
u 1) Notons E l’ensemble des parties extrémales fermées de K et, pour S ∈ E fixée,
notons ES :={A ∈ E/ A ⊂ S}. L’ensemble ES est partiellement ordonné par l’in-
clusion. En utilisant la compacité de K, on voit que l’intersection de toute famille
totalement ordonnée de ES est un élément de ES . Le lemme de Zorn 4.3.2 stipule
alors l’existence d’un élément minimal Se de ES . Nous allons montrer que Se est réduit
à un point.
Comme, par hypothèse, les formes linéaires sur X continues pour la topologie (τ )
séparent les points de X, il suffit de montrer qu’une telle forme λ est constante sur
e D’après l’assertion 3) du lemme 5.1.18 on a Seλ ∈ ES puis, par minimalité de S,
S. e il
vient S = Sλ ce qui signifie que λ est constante et égale à supSe λ sur S.
e e e
2) Il suffit d’appliquer l’assertion 1) à Kϕ := {x ∈ S/ϕ(x) = supK ϕ} qui, d’après
l’assertion 3) du lemme 5.1.18, appartient à E. t
u
96
1) L’enveloppe convexe de Q est le plus petit convexe de X contenant Q, on la
note Conv (Q).
2) L’enveloppe convexe fermée de Q est le plus petit convexe fermé de X conte-
nant Q, on la note Q.
b
Nous allons maintenant démontrer une version plus précise du théorème de Krein-
Milman. Bien qu’il existe également une version de ce nouvel énoncé valable pour
d’autres topologies que celles induites par une norme, nous nous restreindrons, pour
l’instant, au seul cas des espace normés.
Théorème 5.1.21 (Krein-Milman) Soit X, k k un IR-espace vectoriel normé.
Soit K une partie compacte de X et E l’ensemble des points extrémaux de K. Alors
K⊂E b et K = Eb si K est convexe.
97
Proposition 5.2.2 Soit X un IK-espace vectoriel. Soit F une famille de semi-
normes sur X stable par enveloppe supérieure finie et telle que pour tout x ∈ X
il existe p ∈ F vérifiant p(x) 6= 0. Alors la famille F induit une topologie séparée
σ(X, F) sur X telle que :
1) les ouverts de σ(X, F) sont les ensembles ω vérifiant :
2) les opérations
X × X 3 (x, y) 7→ x + y et IK × X 3 (u, x) 7→ ux
Muni d’une telle topologie, X est localement convexe car les p-boules Bp (x, r)
forment une base de voisinages convexes de x. Ceci justifie la définition suivante.
Définition 5.2.3 On dit qu’un espace vectoriel X muni d’une topologie du type
σ(X, F) est un espace vectoriel (topologique) localement convexe ou, en abrégé, un
e.l.c.
t
u Nous ne vérifierons pas in extenso que σ(X, F) est une topologie ; c’ est facile
mais fastidieux. Notons simplement que la stabilité de l’ouverture par intersection
finie découle de la stabilité de F par enveloppe supérieure finie et la séparation du
fait que ∩p∈F {p = 0} = {0}.
La continuité des opérations s’établit en utilisant les propriétés de sous-additivité
et d’homogénéité des semi-normes car en effet : Bp (x1 , r1 ) + Bp (x1 , r2 ) ⊂ Bp (x1 +
x2 , r1 + r2 ) et {|u − u0 | < } · Bp (x0 , r) ⊂ Bp (u0 x0 , (|u0 | + )r). t
u
À titre d’exemple, nous allons de nouveau considérer l’espace C ∞ (Ω) des fonctions
indéfiniement différentiables sur un ouvert Ω de IRk . Étant donnée (Kn )n une suite
exhaustive de compacts de Ω, on définit une suite croissante de semi-normes pn sur
C ∞ (Ω) par :
pn (f ) := sup k1Kn Dα f k∞ , ∀f ∈ C ∞ (Ω).
|α|≤n
La topologie d’e.l.c induite par cette famille de semi-normes sur C ∞ (Ω) est celle
de la convergence uniforme locale des fonctions et de toutes leurs dérivées. Cette
topologie est en outre métrisable. Tout ceci a été étudié à l’exercice 1.2.10.
Proposition 5.2.4 Soit X un e.l.c dont la topologie σ(X, F) est induite par une
famille de semi-normes F. Alors :
98
1) X 3 xn → x ⇔ limn p(x − xn ) = 0, ∀p ∈ F.
2) Si Y un IK-espace vectoriel muni d’une topologie d’e.l.c σ(Y, G) alors une
application linéaire A de X dans Y est continue si et seulement si :
∀q ∈ G, ∃p ∈ F, ∃C ≥ 0 tel que q ◦ A(x) ≤ Cp(x), ∀x ∈ X.
L’exercice suivant reprend, dans un cadre général, une idée que nous avons ren-
contrée à plusieurs reprises dans des cas particuliers (voir les exercices 1.2.10 ou
2.1.24).
Exercice 5.2.7 Soit X un IK-espace vectoriel et (pn )n une suite croissante de semi-
normes sur X telle que ∩n {pn = 0} = {0}. Pour tout (x, y) ∈ X × X on pose
X 1 pn (x − y)
d(x, y) := n 1 + p (x − y)
.
n
2 n
Montrer que d est une distance sur X qui induit la topologie (X, {pn }).
Puisque les formes linéaires continues séparent les points d’un e.l.c, le théorème
5.1.19 s’applique dans ces espaces. Quant au théorème 5.1.21, sa démonstration ne
faisait que combiner le théorème de séparation de Hahn-Banach et l’énoncé 5.1.19.
Le théorème de Krein-Milman reste donc valable dans les e.l.c
99
Théorème 5.2.10 (Krein-Milman) Soit X un IR-espace vectoriel muni d’une to-
pologie d’e.l.c. Soit K une partie compacte de X et E l’ensemble des points extrémaux
de K. Alors
1) Toute partie extrémale et fermée de K contient un point extrémal.
2) Si ϕ : K → IR est une fonction convexe continue alors ϕ atteint sa borne
supérieure sur E (i.e supK ϕ = supE ϕ).
3) K ⊂ E b et K = E b si K est convexe.
Il est évident que la topologie σ(X 0 , X) est séparée. La topologie σ(X, X 0 ) l’est
aussi mais il faut utiliser le théorème de Hahn-Banach pour le voir : d’après le
théorème 4.4.1, si x1 6= x2 alors il existe λ ∈ X 0 telle que λ(x1 − x2 ) 6= 0 si bien que
Bp (x1 , ) ∩ Bp (x2 , ) = ∅ si p := pλ et est assez petit.
100
L’injection canonique J : X → X 00 jouera un rôle fondamental dans l’investi-
gation des questions de compacité relatives à la topologie σ(X, X 0 ). Pour l’instant
elle nous permet de mieux interpreter la nature des topologies faibles σ(X 0 , X) et
σ(X, X 0 ).
La topologie σ(X 0 , X) est ”naturelle” car, comme nous l’avons vu, c’est la topo-
logie de la convergence simple sur X 0 . Voyons en quoi la topologie σ(X, X 0 ) n’est pas
moins naturelle. Tout comme pour X 0 , on peut munir X 00 de la topologie σ(X 00 , X 0 ),
on voit alors que la topologie σ(X, X 0 ) est l’image réciproque par J de la topologie
induite par la ”topologie naturelle” σ(X 00 , X 0 ) sur J(X). Autrement dit,
les ouverts
0 −1
de la topologie σ(X, X ) sont les ensembles de la forme J J(X) ∩ O où O est un
ouvert de X 00 pour σ(X 00 , X 0 ).
est un homéomorphisme.
Nous allons terminer cette partie en précisant quelles sont les formes linéaires
continues sur X ou X 0 munis des topologies faibles.
101
Proposition 5.2.14 Soit (X, k k) un espace vectoriel normé. Une forme linéaire f
sur X 0 est continue pour la topologie σ(X 0 , X) si et seulement si il existe x ∈ X tel
que f = x̂.
Une forme linéaire f sur X est continue pour la topologie σ(X, X 0 ) si et seulement
si il existe λ ∈ X 0 tel que f = λ.
Les exercices 5.2.15 et 5.2.16 ci-dessous montrent que les formes linéaires conti-
nues sur X 0 pour la topologie faible σ(X 0 , X) sont exactement les évaluations. On
montre de la même façon que les formes linéaires continues sur X pour la topologie
faible σ(X, X 0 ) sont les éléments de X 0 .
Exercice 5.2.16 Soit (X, k k) un espace vectoriel normé et f une forme linéaire
sur X 0 continue pour la topologie σ(X 0 , X).
1) Justifier l’existence de C > 0 et x1 , ···, xn ∈ X tels que |f (λ)| ≤ C sup1≤i≤n |λ(xi )|
pour tout λ ∈ X 0 .
102
1) Montrer que P est un convexe fermé dans X 0 , σ(X 0 , X) (on utilisera le
Définition 5.2.19 On dit qu’une partie B d’un espace vectoriel X muni d’une to-
pologie (τ ) est τ -bornée si et seulement si pour tout voisinage V de l’origine il existe
t > 0 tel que B ⊂ tV .
On a alors le
Théorème 5.2.21 Toute partie B d’un espace vectoriel normé (X, k k) est bornée
si et seulement si elle est σ(X, X 0 )-bornée.
103
Dans le cadre des espaces de Hilbert, nous avions vu que les limites faibles
de suites à valeurs dans un convexe fermé appartiennent à ce convexe. Là encore
ce phénomène s’inscrit dans un cadre plus général : toute partie convexe C d’un
espace normé X est fermée si et seulement si elle est fermée pour la topologie faible
σ(X, X 0 ). Ceci est une conséquence du théorème de séparation de Hahn-Banach
5.1.11.
Théorème 5.2.23 Soit (X, k k) un espace vectoriel normé et C une partie convexe
de X. Alors
σ(X,X 0 )
C =C
autrement dit, l’adhérence faible de C coı̈ncide avec son adhérence forte.
σ(X,X 0 )
t
u Montrons que si x0 ∈ / C alors x0 ∈/C . D’après le théorème de séparation
5.1.11 il existe λ ∈ X 0 telle que λ(x0 ) < γ1 < γ2 < λ(x) pour tout x ∈ C. Autre-
σ(X,X 0 )
ment dit x0 ∈ Ωλ := {x ∈ X/ λ(x) < γ1 } et Ωλ ∩ C = ∅ ce qui, puisque
0 σ(X,X 0 )
Ωλ est ouvert pour σ(X, X ), montre que x0 ∈ / C . Nous avons montré que
σ(X,X 0 )
C ⊂ C, l’inclusion opposée est évidente. t
u
Corollaire 5.2.24 Soit (X, k k) un espace vectoriel normé et (xn )n une suite dans
X qui converge vers x0 pour la toplogie faible σ(X, X 0 ). Alors kx0 k ≤ lim inf kxn k.
t
u Soit r := lim inf kxn k et (xnk )k extraite de (xn )n telle que limk kxnk k = r. Pour
tout > 0, notons Br+ la boule fermée centrée à l’origine et de rayon r + pour
σ(X,X 0 )
k k. Puisque xnk ∈ Br+ pour k assez grand on a x0 ∈ Br+ = Br+ = Br+
pour tout > 0 et donc kx0 k ≤ r. t
u
Exercice 5.2.25 Soit fn n une suite de fonctions continues sur [0, 1] qui converge
simplement vers une fonction continue f et vérifient kfn k∞ ≤1.
Montrer que f est limite uniforme d’une suite de fonctions gn n où chaque fonction
gn est une combinaison linéaire convexe de fonctions fk .
104
Il est important de souligner que le théorème 5.2.23 est
faux pour la topologie
σ(X 0 , X). C’est le cas pour l’espace X := C([0, 1]), k k∞ et le convexe Conv(D)
des mesures de probabilité discrètes sur [0, 1]. On a vu à l’exercice 5.2.18 que
σ(X 0 ,X)
Conv(D) est égal à l’ensemble des mesures de probabilité sur [0, 1] or la
mesure de Lebesgue m n’est pas dans l’adhérence forte de Conv(D) car, comme on
le vérifie facilement, k|m − µk| ≥ 1 pour toute mesure µ ∈ Conv(D).
Le lemme suivant, connu sous le nom de lemme de Goldstine, nous éclaire sur cette
différence fondamentale entre les topologies σ(X, X 0 ) et σ(X 0 , X).
Lemme 5.2.28 Soit X, k k une espace vectoriel normé et BX sa boule unité
fermée. Alors
σ(X 00 ,X 0 )
J BX = BX 00
où BX 00 est la boule unité fermée du bidual X 00 , k| k| .
Lorsque X est un espace de Banach alors J(BX ) est un convexe fermé dans
X 00 , k| k| . Le lemme 5.2.28 montre que si J n’est pas surjective alors ce convexe
fermé fort n’est pas fermé pour la topologie faible X 00 , σ(X 00 , X 0 ) .
Nous verrons plus tard que le lemme de Goldstine est la pierre angulaire de la ca-
ractérisation des espaces de Banach pour lesquels J est surjective.
σ(X 00 ,X 0 )
t
u Notons F := J BX . Commençons par montrer que BX 00 ⊂ F .
Procédons par l’absurde et supposons qu’il existe z0 ∈ BX 00 \ F . D’après le lemme
5.2.26, F est un convexe (fermé) dans X 00 , σ(X 00 , X 0 ) et le théorème de séparation
0
de Hahn-Banach 5.2.8 fournit ϕ ∈ X 00 , σ(X 00 , X 0 ) telle que
Nous avons donc d’une part a < |z0 (λ)| ≤ k|z0 k| k|λk| ≤ k|λk| et, d’autre part,
k|λk| = supx∈BX |λ(x)| = supx∈BX |x̂(λ)| = supz∈J(BX ) |z(λ)| = supz∈J(BX ) |ϕ(z)| ≤
a. Contradiction !
σ(X 00 ,X 0 )
Montrons maintenant que F ⊂ BX 00 . Puisque J(BX ) ⊂ BX 00 on a F ⊂ BX 00
σ(X 00 ,X 0 )
et il suffit donc de montrer que BX 00 ⊂ BX 00 .
σ(X 00 ,X 0 )
Soit z0 ∈ BX 00 , il nous faut montrer que k|z0 k|X 00 ≤ 1. Considérons une p-
boule Bp (z0 , ) dans X 00 où p est une semi-norme sur X 00 donnée par p(z) := |z(λ)|
avec λ ∈ BX 0 . Par définition de la topologie σ(X 00 , X 0 ), on a Bp (z0 , ) ∩ BX 00 6= ∅ et
il existe donc z1 ∈ X 00 tel que k|z1 k| ≤ 1 et |(z1 − z0 )(λ)| ≤ .
Il vient alors
|z0 (λ)| ≤ |z0 (λ) − z1 (λ)| + |z1 (λ)| ≤ + k|z1 k|X 00 k|λk|X 0 ≤ + 1
105
puis, en faisant tendre vers 0 : |z0 (λ)| ≤ 1. Enfin, puisque ceci est valable pour
tout λ ∈ BX 0 , on obtient k|z0 k|X 00 = supλ∈BX 0 |z0 (λ)| ≤ 1. t
u
V : X 0 , σ(X 0 , X) → Y, P
ainsi définie est un homéomorphisme sur son image et que V (BX 0 ) est fermé dans
Y, P . La compacité faible de BX 0 se déduit alors du fait que V (BX 0 ) ⊂ I t
u
106
Il est important dans cette définition que l’isométrie soit réalisée par J ; il peut
arriver que X et X 00 soient isométriquement isomorphes sans que J soit surjective.
On dira qu’un espace réflexif X est canoniquement isométriquement isomorphe à
son bidual X 00 .
Notons qu’étant isomorphe à un dual, tout espace réflexif est nécessairement un
espace de Banach.
Exercice 5.3.2 Justifier les exemples ci-dessus. Pour les espaces de Hilbert on uti-
lisera le théorème 3.3.3. Pour les espaces de suites on utilisera le théorème 1.4.14
ainsi que, pour c0 , les exercices 5.1.16 et 1.4.15.
L’essentiel de la théorie des espaces réflexifs repose sur leur caractérisation par
la compacité faible de la boule unité. Ce résultat s’obtient en combinant le lemme
de Goldstine et le théorème de Banach-Alaoglu.
107
σ(X, X 0 )-compacte. t
u
Nous allons récolter les fruits de nos efforts en exploitant le théorème 5.3.5 pour
statuer sur la réflexivité de plusieurs espaces de Banach.
L’exercice suivant permet de voir que, pour ∞ > p ≥ 2, les espaces Lp (Ω, µ) sont
uniformément convexes.
108
La démonstration de ce théorème fait l’objet de l’exercice 5.3.12. Avant cela,
nous montrons comment en déduire facilement la réflexivité des espaces Lp (Ω, µ) et
une preuve du théorème de dualité Lp /Lq 1.4.13.
t
u Rappelons le contenu de la proposition 1.4.12 : si q est l’exposant conjugué
de p (i.e 1q + p1 = 1) alors on dispose d’une injection isométrique Λ : g 7→ Λg de
0 R
Lp (Ω, µ) dans Lq (Ω, µ) définie par Λg (h) := Ω hg dµ pour tout h ∈ Lq (Ω, µ). En
0
particulier Λ Lp (Ω, µ) est un sous-espace fermé de Lq (Ω, µ) . Nous allons établir
0
la réflexivité des espaces Lp (Ω, µ) puis en déduire que Λ Lp (Ω, µ) = Lq (Ω, µ) .
D’après le théorème 5.3.11 et l’exercice 5.3.10, Lp (Ω, µ) est réflexif si ∞ > p ≥ 2.
Si 1 < p < 2 alors ∞ > q ≥ 2 et donc Lq (Ω, µ) est réflexif.
La proposition 5.3.6 et
l’exercice 5.3.3 permettent alors de voir que Λ L (Ω, µ) puis Lp (Ω, µ) sont
p
réflexifs.
Pour montrer que Λ est surjective, il suffit de montrer que Λ Lp (Ω, µ) est dense
0
dans Lq (Ω, µ) . Pour cela on utilise le critère de densité 4.4.15 et l’on vérifie que
00
si ϕ ∈ Lq (Ω, µ) est identiquement nulle sur Λ Lp (Ω, µ) alors ϕ = 0. Or, puisque
Lq (Ω, µ) est réflexif, ϕ est de la forme ĥ pour q
h ∈ L (Ω,R µ). La fonctionq
un certain
q−2 p
u := |h| h̄ est dans L (Ω, µ) et 0 = ϕ Λu = ĥ Λu = Λu (h) = Ω hu dµ = khkq
donc ϕ = ĥ = 0. t
u
À toutes fins utiles, faisons quelques rappels sur la notion de compacité pour un
espace topologique quelconque. Une espace topologique (séparé) est dit compact si
il satisfait la propriété de Borel-Lebesgue c’est à dire si de tout recouvrement par
109
des ouverts on peut extraire un sous-recouvrement fini.
On voit facilement que toute suite à valeurs dans un compact admet au moins
une valeur d’adhérence mais attention : cela ne signifie pas que cette suite admette
une sous-suite convergente. Tel serait par contre le cas si la topologie était à base
dénombrable.
Un espace topologique est dit séquentielement compact si il satisfait la propriété de
Bolzano-Weierstrass c’est à dire si toute suite de points de cet espace admet une
sous-suite convergente.
Pour les espaces métriques ces deux notions de compacité coı̈ncident.
Nous allons voir que la boule unité d’un espace réflexif est séquentielement com-
pacte. D’une certaine façon, ceci constitue un résultat indépendant du théorème
5.3.5.
Théorème 5.3.13 Soit X un espace de Banach réflexif. Toute suite (xn )n bornée
dans X possède une sous-suite qui converge pour σ(X, X 0 ). Autrement dit, après une
extraction éventuelle, il existe x ∈ X tel que limn λ(xn ) = λ(x) pour toute forme
λ ∈ X 0.
t
u Soit M l’adhérence de l’espace vectoriel engendré par les xn . Par construction
M est séparable et, d’après la proposition 5.3.6, il est réflexif. En utilisant l’exer-
cice 5.3.4 on voit alors que M 0 est séparable, ce qui permet d’appliquer le théorème
de Banach-Alaoglu 2.1.22 à la suite (x̂n )n . Ainsi, il existe ϕ ∈ M 00 tel qu’après une
éventuelle extraction limn x̂n (λ) = ϕ(λ) pour toute forme λ ∈ M 0 . Or, puisque M est
réflexif, ϕ = x̂ pour un certain x ∈ M puis, comme toute forme λ ∈ X 0 est aussi par
restriction un élément de M 0 , on a limn λ(xn ) = limn x̂n (λ) = ϕ(λ) = x̂(λ) = λ(x)
pour toute forme λ ∈ X 0 . t
u
Im (I − A).
1) Montrer que Tn (x) = x pour tout x ∈ V et tout n ∈ IN∗ .
2) Montrer que limn Tn (x) = 0 pour tout x ∈ Im (I − A) puis pour tout x ∈ W
(on observera que |||Tn ||| ≤ 1). En déduire que V ∩ W = {0}.
110
4) Soit F un sous-espace vectoriel fermé de E. Montrer que toute suite (xn )
bornée dans F possède une sous-suite qui converge faiblement σ E, E 0 vers
un élément x ∈ F .
5) Montrer que ||x|| ≤ ||x
L + y|| ∀x ∈ V, ∀y ∈ W .
6) Montrer que E = V W . Quelle est la limite simple de Tn ?
Dans tout le reste de cette section, nous consacrerons nos efforts à établir la
réciproque du théorème 5.3.13.
Théorème 5.3.15 (Eberlein-Smulian) Un espace de Banach X, k k est réflexif
si et seulement si toute suite bornée possède une sous-suite faiblement convergente.
Pour étudier cette question, on introduit une classe naturelle de suites de points
de la sphère unité d’un espace normé qui ne possèdent pas de sous-suites faiblement
convergentes.
Définition 5.3.16 Soit X, k k un espace de Banach et 0 < θ < 1. On dit qu’une
suite (xn )n telle que kxn k = 1 satisfait la condition Jθ si et seulement si
dist Conv(x1 , · · ·, xk ) , Conv(xk+1 , · · ·) ≥ θ, ∀k ≥ 1.
De telles suites sont appelées suites de James.
t
u Soit (xn )n normalisée et satisfaisant Jθ . Il suffit de montrer que la suite (xn )n
ne converge pas faiblement car toutes ses sous-suites satisfont la même condition Jθ .
Procédons pas l’absurde et supposons que (xn )n converge faiblement vers y0 . Posons
σ(X,X 0 )
Ck := conv(xk , · · ·), puisque Ck est convexe on a y0 ∈ ∩k≥1 Ck = ∩k≥1 Ck .
θ
Alors il existe y1 ∈ Conv(x1 , · · ·, xl ) tel que ky0 − y1 k ≤ 3 et y2 ∈ Conv(xl+1 , · · ·)
tel que ky0 − y2 k ≤ 3θ . Cela montre que (xn )n ne satisfait pas la condition Jθ :
contradiction. t
u
Exercice 5.3.18 Soit X, k k un espace réflexif. Soit (xn )n une suite dans X telle
que kxn k = 1. On pose Ck := conv(xk , · · ·). Montrer que ∩k≥1 Ck 6= ∅ (les Ck
forment une suite décroissante de compacts pour la topologie σ(X, X 0 )). En déduire
que la suite (xn )n n’est pas de James. (on argumentera comme dans la preuve de la
proposition 5.3.17).
111
La proposition 5.3.17 montre que le théorème de James entraine celui d’Eberlein-
Smulian, il nous reste donc à établir ce résultat. Nous avons déjà vu qu’il n’existe
pas de suite de James dans un espace réflexif (exercice 5.3.18). La partie la plus
technique de la démonstration consiste donc à fabriquer une suite de James dans un
espace non réflexif donné. Pour cela, notre principal outil sera le lemme suivant qui
est connu sous le nom de ”lemme de selection de Helly”.
Lemme 5.3.20 Soit X un espace de Banach réel dont la dimension est supérieure
à (n + 1). Soit M > 0, λ1 , · · ·, λn ∈ X 0 et c1 , · · ·, cn ∈ IR. Les conditions suivantes
sont équivalentes.
1) ∀P>n 0 ∃x ∈ X tel que
Pn kxk = M + et λk (x) = ck pour 1 ≤ k ≤ n
2) | i=1 ai ci | ≤ M k| i=1 ai λi k|; ∀a1 , · · ·, an ∈ IR.
t
u Il est clair que la première condition implique la seconde. Supposons la condition
2) satisfaite. Notons F := ∩ni=1 {λi = ci }. On supposera les ci non tous nuls car
dans le cas contraire l’existence de x découle facilement de l’exercice 5.1.3. Quitte à
renuméroter, on peut supposer qu’il existe 1 ≤ r ≤ n tel que les formes λ1 , · · ·, λr
soient linéairement indépendantes et λq ∈ V ect(λ1 , · · ·, λr ) pour tout r < q ≤ n. Il
s’agit de trouver x ∈ F tel que kxk = M + . Pr
Vérifions que F = ∩ri=1 {λi = ci }. SiPqr ≥ r + 1 alors λq = i=1 ai λi ce Prqui, d’après
la condition 2) ; entraine que cq = i=1 ai ci . Il s’ensuit que λq (x) = i=1 ai ci = cq
pour tout x ∈ ∩ri=1 {λi = ci } et tout q ≥ r + 1. Ceci montre que ∩ri=1 {λi = ci } ⊂ F
d’où l’égalité cherchée.
Soit α := inf x∈F kxk. Comme les ci sont non tous nuls, 0 ∈ / F et donc α > 0. D’après
l’exercice 5.1.13, il existe λ ∈ X 0 et c ∈ IR tels que λ = c sur F et |λ| < c sur la
boule ouvertePB(0, α). Comme λ = c sur F = ∩ri=1 {λi = P ci }, il existe a1 ; · · ·, ar ∈ IR
tels que λ = ri=1 ai λi (voir l’exercice 5.1.3) et donc c = ri=1 ai ci comme on le voit
en évaluant l’identité précédente en x ∈ F . Pr
ai ci
On a alors k|λk| = supx∈B(0,α) |λ( αx )| ≤ αc puis α ≤ k|λk| c
= k Pi=1r ≤ M où
i=1 ai λi k
la dernière majoration provient de la condition 2). Il existe donc x0 ∈ F tel que
kx0 k ≤ M + . Comme supx∈F kxk = +∞, l’existence de x ∈ F tel que kxk = M +
résulte alors d’un simple argument de valeurs intermédiaires. t
u
En effet, si > 0 est défini par θ = (1 − )k|f k| alors |aθ| = (1 − )k|af k| pour tout
a ∈ IR et, d’après le lemme de Helly, il existe x ∈ X tel que kxk = (1 − ) + = 1
et f (x) = θ. On peut bien sur établir 5.3.1 directement.
112
t
u On désignera par SY la sphère unité d’un espace normé Y .
l
X l
X k
X l
X k
X
θ=θ αi = fk+1 α i xi − αi xi ≤ kfk+1 kX 00 k α i xi − α i xi k X =
k+1 k+1 1 k+1 1
l
X k
X
k αi xi − αi xi kX .
k+1 1
p−1 p1
X X
(1 − )k ai x̂i + ap ϕkX 00 ≥ |ap |θ = | ai × 0 + ap θ|. (5.3.4)
1 1
Pour tous a1 , ···, ap ∈ IR, on peut maintenant écrire en tenant compte de (5.3.2) :
p p p p
X X X X
| ai θ| = | ai ϕ(fi )| ≤ kϕkX 00 k ai fi kX 0 ≤ (1 − )k ai f i k X 0 (5.3.5)
1 1 1 1
ce qui, d’après le lemme de Helly 5.3.20 appliqué cette fois dans X, entraine l’exis-
tence de xp ∈ X telle que kxp kX = (1 − ) + = 1 et fi (xp ) = θ pour 1 ≤ i ≤ p. t u
113
114
Leçon 6
II suffit de montrer que c est fermé dans l∞ , k k∞ . Soit xj := (xj,n )n une
Exercice 1.2.5
Donnons nous χ, une fonction continue et positive sur [0, +∞[ telle que χ(t) =
1 si 0 ≤ t ≤ 12 et χ(t) = 0 si t ≥ 1. Il suffit de poser χn,i (x) := χ (nd(x, an,i )).
1
3) Comme les fonctions χn,i sont positives et égales à 1 sur B an,i , 2n , on déduit
1
que N
P n
immédiatement du recouvrement K = ∪1≤i≤Nn B an,i , 2n i=1 χn,i ≥ 1
115
χ
sur K. Les fonctions σn,i := PNnn,iχ sont donc bien définies et continues sur
i=1 n,i
K.
On observera que σn,i prend ses valeurs dans [0, 1], est supportée par B an,i , n1
et que N
P n
i=1 σn,i = 1. On résume ceci en disant que (σn,i )1≤i≤Nn est une parti-
tion continue de l’unité subordonnée au recouvrement K = ∪1≤i≤Nn B an,i , n1 .
Les fonctions fn := N
P n
i=1 f (an,i ) σn,i sont clairement continues sur K et, plus
précisément, appartiennnent au sous-espace vectoriel de C(K) engendré par
∪n∈IN {σn,i , 1 ≤ i ≤ Nn }.
De N
P n PNn
i=1 σn,i = 1 on déduit que f − f n = i=1 (f (an,i ) − f ) σn,i puis, comme
σn,i est supportée par B an,i , n1 , que
Nn Nn
X X 1 1
|f − fn | ≤ max |f (an,i ) − f (x)| |σn,i | ≤ O(f, )σn,i = O(f, ).
1
i=1 x∈B an,i , n i=1
n n
116
Exercice 1.2.9
1) Soit (fn )n une suite de Cauchy dans Lipα Ω , kf kα . Comme k k∞ ≤ k kα ,
cette suite est également de Cauchy dans Cb (Ω), k k∞ et, en vertu du
théorème 1.2.1, il existe donc f ∈ Cb (Ω) telle que limn kf − fn k∞ = 0.
Toute suite de Cauchy étant bornée, il existe une constante A telle que
Soit ξ ∈ bΩ. Montrons que pour toute suite xn de points de Ω qui converge
vers ξ, la suite (f (xn ))n converge et que sa limite ne dépend que de ξ. Cela
suffit pour obtenir un prolongement continu à Ω en posant f (ξ) := limn f (xn ).
La suite (f (xn ))n converge car elle est de Cauchy :
les suites f (xn ) et f (yn ) ont la même limite lorsque limn xn = limn yn = ξ car
Exercice 1.3.5
117
2) i) En associant à tout t ∈ [0, 1] la suite des termes de son développement
décimal, on obtient une injection de [0, 1] dans D.
ii) Si x := (xn )n et y := (yn )n sont deux éléments distincts de D alors il existe
n tel que xn 6= yn . Comme xn et yn sont des nombres entiers on a donc
kx − yk∞ ≥ |xn − yn | ≥ 1.
Exercice 1.3.8
1) Soit z ∈ Ω et 0 < ρ < r < d(z, bΩ). Comme toute R 2π fonctioniθ holomorphe
1
satisfait la propriété de moyenne on a f (z) = 2π 0 f (z + ρe ) dθ et, par
1
R 2π
inégalité triangulaire, |f (z)| ≤ 2π 0
|f (z + ρeiθ )| dθ. L’inégalité de Cauchy-
Schwarz donne alors
Z 2π Z 2π 12 Z 2π 21
1 iθ 1 iθ 2
|f (z)| ≤ |f (z + ρe )| dθ ≤ 1 dθ |f (z + ρe )| dθ
2π 0 2π 0 0
1
R 2π
puis en élevant au carré on obtient |f (z)|2 ≤ 2π 0
|f (z + ρeiθ )|2 dθ.
Multiplions cette inégalité par ρ et intégrons sur [0, r]. En utilisant le théorème
de Fubini et la formule de changement de variables pour le passage des coor-
données cartésiennes aux coordonnées polaires, il vient :
Z r Z r Z 2π Z
1 iθ 2 1
|f (z)|ρ dρ ≤ ρ dρ |f (z + ρe )| dθ = |f |2 dλ
0 2π 0 0 2π D(z,r)
118
Ainsi kf |K k∞ ≤ √1πr kf k2 , ce qui signifie que l’application linéaire f 7→ f |K
est continue de (B(Ω), k kL2 ) dans (C(K), k k∞ ).
2) Soit (fn )n une suite de Cauchy dans B(Ω). D’après la question précédente,
pour tout compact K contenu dans Ω on a kfn |K −fm |K k∞ ≤ CK kfn −fm k2 ce
qui montre que (fn |K )n est de Cauchy dans (C(K), k k∞ ). Le théorème 1.2.1
permet alors d’affirmer l’existence d’une fonction f telle que (fn )n converge
uniformément localement vers f sur Ω. Comme l’holomorphie est préservée
par convergence uniforme, on peut affirmer que f est holomorphe sur Ω.
Montons maintenant que B(Ω) est fermé dans L2 (Ω), k k2 ). Pour cela sup-
posons qu’une suite (fn )n dans B(Ω) converge vers f dans (L2 (Ω), k k2 ) et
montrons que f ∈ B(Ω).
D’après ce que nous venons de voir, il existe une fonction g holomorphe sur
Ω vers laquelle (fn )n converge
R uniformément localement.
R Pour tout compact
K contenu dans Ω on a K R|fn − f |2 dλ ≤ Ω |fn − f |2 dλ = kfn − f k22
d’où, en passant à la limite, K |g − f |2 dλ ≤ 0 Ceci montre que f et g sont
presque partout égales et donc que f = g dans L2 (Ω). Nous avons montré que
f ∈ O(Ω) ∩ L2 (Ω) = B(Ω).
Exercice 1.4.5
On vérifie très facilement que p(x) := lim supn xn est une pseudo-jauge sur l∞ .
Rappelons que lim supn xn est la plus grande valeur d’adhŕence de (xn )n . Soit
> 0, pour n assez grand on a xn + yn ≤ (lim supn xn ) + (lim supn yn ) + d’où
l’on déduit que lim supn (xn + yn ) ≤ (lim supn xn ) + (lim supn yn ) + pour tout
> 0. La propriété de sous-additivité s’obtient en faisant tendre vers 0, la
propriété d’homogeneité est claire.
Exercice 1.4.8
1) Partons d’une suite (uj )j dense dans E. En supprimant de cette suite les
vecteurs ej qui sont des combinaisons linéaires de leurs prédécesseurs u1 , · ·
·, uj−1 , on obtient une famille libre et dénombrable. Par construction, l’espace
vectoriel H engendré par cette famille contient tous les termes de la suite (uj )j .
Ainsi E = {uj / j ≥ 1} ⊂ H.
2) Puisque f est linéaire continue sur M , sa norme k|f k| := supkxk≤1 |f (x)|
est bien définie. On définit une pseudo-jauge µ sur E en posant µ(x) :=
k|f k| · kxk. Par définition, f ≤ µ sur M . Supposons avoir prolongé f à
M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n) et que ce prolongement, encore noté f , vérife
f ≤ µ. Si en+1 ∈ M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n) alors ce prolongement est en fait
défini sur M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n + 1), sinon le lemme 1.4.6 montre qu’il
119
existe un prolongement de f à M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n + 1) qui est encore
majorée par µ. En particulier la norme du prolongement est plus petite que
celle de f et ces deux normes sont donc égales car la norme d’un prolongement
est toujours plus grande que celle de la forme initiale.
Il résulte de la construction que λn+1 coincide avec λn sur M + V ect(ej , 1 ≤
j ≤ n).
3) Comme λm coincide avec f sur M et avec λn sur M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n)
lorsque m ≥ n, on obtient un prolongement λ de f à M + V ect(ej , j ≥ 1)
en posant λ(x) := λn (x) lorsque x ∈ M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n). Notons que
|λ(x)| = |λn (x)k ≤ k|λk| = k|f k| si x ∈ M + V ect(ej , 1 ≤ j ≤ n) ce qui
montre que k|λk| ≤ k|f k|. Comme λ est un prolongement de f on a donc
k|λk| = k|f k|.
C’est un fait bien connu qu’une forme linéaire continue λ sur un sous-espace
vectoriel H d’un espace vectoriel normé E se prolonge en une forme linéaire
continue de même norme sur H.
Rappelons qu’un tel prolongement est obtenu en remarquant que (λ(xn ))n est
une suite de Cauchy pour toute suite (xn )n qui converge vers x ∈ H (en effet
|λ(xm ) = λ(xn )| ≤ k|λk| kxm − xn k) et que si deux suites (xn )n et (x0n )n
convergent toutes deux vers x alors (λ(xn ))n et (λ(x0n ))n ont la même limite
(en effet |λ(xn ) = λ(x0n )| ≤ k|λk| kx0n − xn k).
On termine donc la démonstration en utilisant le fait que, d’après la première
question, M + V ect(ej , j ≥ 1) est dense dans E.
La famille de fonctions de la variable réelle {|x|α ; α ∈ [0, 1]} n’est pas équicontinue
1
en 0. Ceci est tout à fait analogue à l’exemple x n traité dans le cours.
Exercice 2.1.3
Notons F l’adhérence de F dans C(K), k k∞ . Soit a ∈ K et > 0. Puisque F
est équicontinue en a, il existe un voisinage Ua de a tel que
x ∈ Ua ⇒ |f (x) − f (a)| < , ∀f ∈ F.
3
Pour tout g ∈ F il existe f ∈ F tel que kg − f k∞ < 3 . Alors
120
2.1.4
|f (x) − f (a)| ≤ |f (x) − fi (x)| + |fi (x) − fi (a)| + |fi (a) − f (a)| < 3, ∀x ∈ Ua .
Exercice 2.1.8
1) Comme dp (xp n, xp ) ≤ dpr (xn , x) on voit que (xnp )n converge vers xp si (xn )n
converge vers x. Supposons maintenant que (xnp )n converge vers xp pour tout
p. Pour tout N ∈ IN on a :
N
X X −p
dpr (xn , x) = 2−p min 1, dp (xnp , xp + 2 min 1, dp (xnp , xp ≤
p=0 p>N
N
X
2−p min 1, dp (xnp , xp + 2−N .
p=0
Il s’ensuit que 0 ≤ lim supn dpr (xn , x) ≤ 2−N pour tout N ∈ IN et donc que
limn dpr (xn , x) = 0.
2) Pour démontrer le théorème de Tychonov, on combine le procédé diagonal et
la caractérisation de la compacité dans les espaces métriques par la propriété
de Bolzano-Weierstrass.
121
Exercice 2.1.12
formément bornée. Elle est continue car (fn )n est équicontinue, en effet cette
propriété permet de rendre kh(x) − h(x0 )k∞ = supn |fn (x) − fn (x0 )| arbitrai-
rement petit en prenant x0 dans un voisinage assez petit de x.
2) L’image continue d’un compact étant compacte, on voit que h(K) est com-
pact dans l∞ , k k∞ . Comme toute partie compacte d’un espace métrique est
∞
séparable, h(K) est séparable bien que l , k k∞ ne le soit pas (voir Exercice
1.3.5).
3) Les applications ϕn sont des formes linéaires sur l∞ , k k∞ dont les normes
Exercice 2.1.14
Commençons par vérifier que boule unité fermée Bα de Lip α [0, 1] , k kα est une
partie fermée dans C [0, 1] , k k∞ . Soit donc fn ∈ Bα et f ∈ C [0, 1] tels que
kfn − f k∞ → 0. En passant à la limite dans kfn k∞ + |fn (x)−f n (y)|
|x−y|α
≤ kfn kα ≤ 1 pour
x et y distincts et fixés arbitrairement dans [0, 1] on voit que f ∈ Bα.
Il reste donc à voir que Bα est relativement compacte dans C [0, 1] , k k∞ et pour
cela qu’elle vérifie les hypothèses du théorème d’Ascoli 2.1.9. Comme k k∞ ≤ k k∞
on voit que Bα est uniformément bornée. L’équicontinuité découle immédiatement
de la majoration |f (x) − f (y)| ≤ kf kα |x − y|α ≤ |x − y|α pour tout f ∈ Bα et tout
x, y dans [0, 1].
Exercice 2.1.15
Comme K(x, y) est une fonction continue sur [0, 1] × [0, 1], on a |K(x, y)| ≤ M <
+∞ pout tout x et y dans [[0, 1]. Il s’ensuit que kT f k∞ ≤ M kf k∞ et donc que T est
une application linéaire continue de C [0, 1] , k k∞ dans lui-même dont la norme
est au plus égale à M . Le fait que T f soit une fonction continue sur [0, 1] découle
du théorème classique dit de continuité sous le signe somme mais sera implicitement
122
démontré dans ce qui suit.
Soit B la boule unité de C [0, 1] , k k∞ . Comme nous venons de le voir, T (B)
est une partie bornée de C [0, 1] (on a |T f | ≤ M pour tout f ∈ B). D’après le
théorème d’Ascoli 2.1.9, T (B) sera relativement compacte si elle est équicontinue.
C’est ce que nous allons vérifier pour finir. Pour tout f ∈ B et tout x, x0 ∈ [0, 1] on
a
Z 1
0
|T f (x) − T f (x )| = | (K(x, y) − K(x0 , y)) f (y)dy| ≤
0
Z 1 Z 1
0
(|K(x, y) − K(x , y)|) |f (y)|dy ≤ |K(x, y) − K(x0 , y)|dy.
0 0
Exercice 2.1.17
On utilise ce que l’on appelle un argument de seule valeur d’adhérence. Voyons cela
en détail.
Soit (fn )n une suite bornée dans H ∞ (Ω) qui convergence simplement vers f . Comme
kfn k∞ ≤ M < +∞ pour tout n, la fonction f est bornée sur Ω mais n’est à priori
pas holomorphe. Elle le sera dès que nous aurons trouvé une sous-suite de (fn )n qui
converge localement uniformément vers f . L’existence d’une telle sous-suite découle
en fait immédiatement du théorème de Montel 2.1.16. En remplaçant fn par fn −f on
peut maintenant supposer que fn converge simplement vers 0. Si fn ne convergeait
pas localement uniformément vers 0 alors il existerait un ouvert Ω0 relativement
compact dans Ω et une suite (fnk )k extraite de (fn )n telle que supΩ0 |fnk | ≥ > 0
pour tout k. Or, comme nous venons de le voir, (fnk )k possède une sous-suite qui
converge uniformément vers 0 sur Ω0 , ce qui est impossible.
La suite fn := z n converge simplement vers 0 sur le disque unité du plan complexe
mais n’y converge pas uniformément.
Exercice 2.1.18
Exercice 2.1.20
123
Soit K un compact de X. Comme (Y, d) est complet, il suffit de montrer que la suite
(fn )n est uniformément de Cauchy sur K, c’est à dire que
Exercice 2.1.21
A FINIR
Exercice 2.1.23
1) Comme |ϕn (x)−ϕn (y)| ≤ (supn k|ϕn k|) kx−yk, la suite ϕn n
est équicontinue.
124
2) Soit (xk )k une suite dans E. Pour tout k la suite ϕn (xk ) n est bornée et
converge donc après une éventuelle extraction.
Le procédé diagonal fournit
une nouvelle extraction telle que ϕn (xk ) n converge pour tout k.
3) Lorsque la suite (xk )k est dense dans E, la proposition
2.1.19 montre que (ϕn )n
possède une sous-suite (ϕni )i telle que ϕni (x) i converge pour tout x ∈ E.
Finalement, ϕ(x) := limi ϕni (x) est une forme linéaire comme limite simple de
formes linéaires et est continue car |ϕ(x)| ≤ (supn k|ϕn k|) kxk.
Exercice 2.1.24
|λm (x) − λn (x)| ≤ 2kx − ek k + |λm (ek ) − λn (ek )| < 2 + |λm (ek ) − λn (ek )|
Exercice 2.1.25
Exercice 2.1.27
1
Il est clair que µn := n+1 m + τ? m + · · ·τ?n m est une mesure de probablité sur K
car τ? m est une mesure de probablité. D’après le théorème 2.1.26, il existe une sous-
suite de µn qui converge faiblement vers une mesure de probablité σ. Vérifions que σ
1
est invariante par τ . Cela découle de l’identité τ? µn = n+1 τ? m + τ?2 m + · · ·τ?n+1 m =
1
µn + n+1 τ?n+1 m − m et du fait que τ? µn → τ? σ si µn → σ.
Exercice 2.2.5
125
1) Établissons le Lemme de Dini. Fixons > 0. Puisque fn converge simplement
vers f et f ≥ fn , on a K ⊂ ∪n {x ∈ K / f (x) − fn (x) < }. Comme f et les fn
sont continues, les ensembles {x ∈ K / f (x) − fn (x) < } sont des ouverts. Par
compacité de K, on peut extraire de ce recouvrement ouvert un recouvrement
fini et il existe donc un ensemble fini d’indices n1 < n2 < ··· < nN tels que K ⊂
∪i≤N {x ∈ K / f (x) − fni (x) < }. Enfin, puisque fn (x) converge en croissant
vers f (x) pour tout x ∈ K, on a |f (x) − fn (x)| = f (x) − fn (x) ≤ f (x) − fni (x)
pourvu que n ≥ ni .On voit donc que si n ≥ nN alors |f (x) − fn (x)| < pour
tout x ∈ K. C’est la convergence uniforme de fn vers f sur K.
2) On pose P0 = 0. La relation de récurrence Pn+1 = Pn + 21 X 2 − (Pn )2 définit
Exercice 2.2.8
Soit x0 fixé dans K. La fonction x 7→ d(x0 , x) est dans Lip(K) car |d(x,x0 ) −
d(y, x0 )| ≤ d(x, y). Pour montrer que Lip(K) est dense dans CIR (K), k k∞ nous
allons vérifier que Lip(K) satisfait les hypothèses du théorème 2.2.6. La fonction
d(x,x1 )
α1 + α2 d(x 1 ,x2 )
est dans Lip(K) et prend respectivement les valeurs α1 et α2 en x1
et x2 . On vérifie facilement que le maximum et le minimum de deux fonctions de
Lip(K) est encore dans Lip(K).
Exercice 2.2.9
Soit K un espace topologique compact et H une sous-algèbre de CIR (K) qui est
séparante. Si x0 ∈ K on note Nx0 := {f ∈ CIR (K) tel que f (x0 ) = 0}.
1) Comme CIR (K) 3 f 7→ f (x0 ) ∈ IR est un morphisme d’algèbre continu, son
noyau (c’est à dire Nx0 ) est en fait un idéal fermé de CIR (K). L’indicatrice de
K n’est pas dans Nx0 et donc cet idéal est strict.
2) On va montrer que H satisfait les hypothèses du théorème 2.2.6. Pour l’hy-
potèse i) il n’y a pas de changement par rapport à la démonstration donnée
dans le cours. On utilise une suite de polynômes Pn qui converge uniformément
sur [−1, 1] vers la fonction |x| et le fait que H est une algèbre tout comme H.
Passons à l’hypothèse ii). Soit σ une fonction de H qui ne s’annule pas sur K.
Si x1 6= x2 ∈ X alors il existe h ∈ H telle h(x1 ) 6= h(x2 ). Si σ(x1 ) = σ(x2 ) =: s
alors, en résolvant le système linéaire λh(x1 ) + µs = α1 , λh(x2 ) + µs = α2 , on
trouve une fonction h0 := λh + µσ qui est dans H et vérifie h0 (xi ) = αi pour
i = 1, 2. Si maintenant σ(x1 ) 6= σ(x2 ) on cherche h0 de la forme λσ + µσ 2 .
126
3) Commençons par obsrver qu’il existe au plus un point x0 ∈ K tel que H ⊂ Nx0
car sinon H ne serait plus séparante. D’après la question précédente, il suffit
de montrer que si H n’est contenue dans aucun idéal de la forme Nx0 alors il
existe une fonction ne s’annulant pas sur K. Pour tout x ∈ K il existe alors
une fonction hx ∈ H telle que hx (x) 6= 0. Par continuité cette fonction ne
s’annule pas sur un voisinage Vx de x et, quitte à la remplacer par (hx )2 (H
est une algèbre), on peut la supposer positive. On peut recouvrir le compact
K par un nombre fini de voisinages Vx , la fonction h obtenue en sommant les
fonctions hx correspondantes est dans H et est strictement positive sur K.
4) D’après la question précédente, H ⊂ Nx0 pour un certain point x0 ∈ K.
L’algèbre H
e := {f + c / f ∈ H et c ∈ IR} satisfait les hypothèses du théorème
2.2.1. Donc, pour tout f ∈ CIR il existe des suites fn ∈ H et cn ∈ IR telles que
fn + cn converge uniformément vers f sur K. Alors cn = fn (x0 ) + cn → f (x0 )
et en particulier cn → 0 lorsque f ∈ Nx0 ce qui montre que fn converge
uniformément vers f sur K.
Exercice 2.2.12
1) Comme dans tout espace métrique compact, il existe une partie A dénombrable
et dense dans (K, d). L’ algèbre engendrée par les fonctions ϕa (x) := d(a, x)
où a ∈ A contient les constantes et sépare les points. Si x1 6= x2 alors
ϕa (x1 ) 6= ϕa (x2 ) pour
a ∈ A assez proche de x1 . Cette algèbre est donc dense
dans C(K), k k∞ (théorème 2.2.1). Pour en déduire que C(K), k k∞ est
séparable, on considère l’algèbre engendrée sur QI par les ϕa où a ∈ A.
2) Les fonctions continue sur K séparent les points de K (si x1 6= x2 alors
y 7→ d(x1 , y) sépare x1 de x2 ). Leurs restrictions à F forment une sous-algèbre
de C(F ) qui sépare les points de F et contient les constantes. Ces restrictions
sont donc denses dans C(F ) en vertu du théorème 2.2.1. Si f ∈ C(F ) et > 0
alors il existe g ∈ C(K) telle que kf − gk∞,F < . Quitte à remplacer g par
inf (kf k∞,F , g), on peut aussi supposer que kgk∞,K = kf k∞,F .
3) Soit f une fonction continue sur K. D’après la question précédente, il existe
f1 ∈ C(K) telle que kf1 k∞,K = kf k∞,F et kf − f1 k∞,F ≤ 21 .
En appliquant ceci à (f − f1 ) on trouve f2 ∈ C(K) telle que kf2 k∞,K =
kf − f1 k∞,F ≤ 21 et k(f − f1 ) − f2 k∞,F ≤ 212 . En continuant ce procédé on
1
construit
P une suite de fonctions fn ∈ C(K) pour lesquelles kfn k∞,K ≤ 2n−1 et
1
kf − 1≤i≤n fi k∞,F ≤ 2n .
Le prolongement de f cherché est donné par f˜ := +∞
P
1≤i fi .
Exercice 2.2.13
A FAIRE
Soit m la mesure de Lebesgue dans IRd et f ∈ L1 (m). Montrer que si f tα1 1 · · ·
R
127
Exercice 2.2.15
Exercice 2.2.16
Exercice 2.2.17
On vérifie facilement que la classe des fonctions continues sur (K, dpr ) qui ne
dépendant que d’un nombre fini de variables satisfait les hypothèses su théorème de
Stone-Weierstrass 2.2.1.
Exercice 2.2.18
Exercice 2.2.19
128
1) G(A) est clairement une sous-algèbre de C(∆) qui, en vertu des conditions
(1) et (2), est séparante et auto-conjugée. La condition (1) montre aussi qu’il
existe h0 ∈ ∆et x0 ∈ A tels que xˆ0 (h0 ) 6= 0. Soit e l’élément neutre de A.
Comme xˆ0 = G(ex0 ) = êxˆ0 , on voit que ê(h0 ) = 1. Par ailleurs, êê = ê et donc
ê est une fonction continue sur ∆ qui ne peut prendre comme valeurs que 0
et 1. Compte tenu de l’observation précédente, ê est l’indicatrice de ∆. Ceci
montre que G(A) contient les constantes. La version complexe du théorème de
Stone-Weierstrass 2.2.14 montre alors que G(A) est dense dans C(∆), k k∞ .
2) Il suffit de montrer que l’image de l’isométrie G est fermée dans C(∆), k k∞ .
Soit f ∈ C(∆)∩G(A). Il existe an ∈ A telle que abn converge vers f dans C(∆).
Puisque G est isométrique, la suite (an )n est de Cauchy dans A et il existe
donc a ∈ A tel que kan − ak → 0. La continuité de G permet de conclure que
f ∈ G(A) : f = limn abn = limn G(an ) = G(a).
Exercice 2.3.4
Ici (K, d) est un espace métrique compact convexe dont toutes les boules sont
convexes.
1) Recouvrons le compact K par n1 boules fermées deux à deux distinctes de
rayon 21 . Recouvrons ensuite chacune de ces boules par n2 boules de rayon 212 et
continuons ce procédé. Définissons les points xi1 ,i2 ,···,ip comme étant les centres
des np boules de rayon 21p qui recouvrentB xi1 ,i2 ,···,ip−1 , 2p−1 1
. Par construction
1
d xi1 ,i2 ,···,ip−1 , xi1 ,i2 ,···,ip−1 ,ip ≤ 2p−1 , ∀1 ≤ ip ≤ np
et de plus la réunion des boules B xi1 ,i2 ,···,ip , 21p recouvre K. Il s’ensuit que
xi1 ,i2 ,···,ip p où ij ∈ {1, 2, · · ·, nj } est une suite de points deux à deux distincts
dense dans K.
2) On construit ces applications par récurrence. Voyons d’abord comment ob-
tenir l’application γ1 . Considérons les points x1 , · · ·, xn1 et fixons des réels
0 = t1 < · · · < tn1 = 1. Comme K est convexe, il existe des applica-
tions continues [ti−1 , ti ] 3 t 7→ σi (t) prenant leurs valeurs dans K et telles
que σi (ti−1 ) = xi−1 et σi (ti ) = xi . On peut supposer que ces applications
sont constantes au voisinage de ti−1 et ti . L’application γ1 est obtenue par
concaténation des applications σi . Elle nous fournit un chemin continu dans
K, joignant x1 à xn1 en passant successivement par x2 , · · · , xn1 −1 et en mar-
quant un temps d’arrêt en chacun des points xi .
Supposons maintenant disposer d’une application continue γp : [0, 1] → K
telles que :
γp (ti1 ,i2 ,···,ip ) = xi1 ,i2 ,···,ip où les ti1 ,i2 ,···,ip sont deux à deux distincts
γp est constante au voisinage des points ti1 ,i2 ,···,ip
1
d γp (t), γp−1 (t) ≤ 2p−1 , ∀t ∈ [0, 1]
et voyons comment la modifier pour obtenir l’application γp+1 .
Fixons des réels ti1 ,i2 ,···,ip ,1 < · · · < ti1 ,i2 ,···,ip ,inp+1 dans un voisinage de ti1 ,i2 ,···,ip
sur lequel γp est constante. En exploitant le fait que la boule B xi1 ,i2 ,···,ip , 21p
129
est convexe, on peut modifier γp au voisinage de ti1 ,i2 ,···,ip de façon à ce que
la nouvelle courbe passe par les points xi1 ,i2 ,···,ip ,j aux temps ti1 ,i2 ,···,ip ,j en y
marquant un arrêt et reste dans la boule B xi1 ,i2 ,···,ip , 21p lorsqu’elle diffère de
γp .
3) Pour tout t ∈ [0, 1],la suite γp est de Cauchy donc γ(t) := limp γp (t) existe.
Comme d γp (t), γ(t) ≤ 21p , ∀t ∈ [0, 1], la convergence est uniforme et γ est
donc une application continue de [0, 1] dans K. Vérifions que γ est surjective.
Soit x un point arbitraire de K, par construction il existe une suite de points
xn de la forme xi1 ,i2 ,···,ipn telle que x = limn xn . Notons tn des réels de la forme
ti1 ,i2 ,···,ipn tels que γpn (tn ) = xn . Après extraction, on peut supposer que tn
converge vers t ∈ [0, 1]. Puisque la convergence de γpn vers γ est uniforme on
a alors x = limn xn = limn γpn (tn ) = γ(t).
I n donne
Si x, y ∈ l2 , l’inégalité de Cauchy-Schwarz sur C
n n
! 21 n
! 12 ∞
! 21 ∞
! 21
X X X X X
|xj yj | ≤ |xi |2 |yi |2 ≤ |xi |2 |yi |2 pour tout n
j=1 j=1 j=1 j=1 j=1
P∞
ce qui justifie la convergence absolue de la série j=1 xi yi . Il est alors clair que
P∞
(x|y)l2 := j=1 xi yi définit un produit hermitien sur l2 . Il reste à montrer que la
norme associée est complète.
Soit xn := (xn,j )j une suite de Cauchy dans l2 . Soit > 0. Il existe n0 tel que
N
X
m ≥ n ≥ n0 ⇒ |xm,j − xn,j |2 ≤ kxm − xn k2l2 < 2 pour tout N.
j=1
On voit donc en particulier que les suites (xn,j )n sont de Cauchy dans C I pour tout
j. On peut alors poser xj := limn xn,j ; il reste à vérifier que x := (xj )j ∈ l2 et que
xn converge vers x dans l2 . En faisant tendre m vers +∞ dans l’inégalité ci-dessus
on obtient que
N
X
n ≥ n0 ⇒ |xj − xn,j |2 ≤ 2 pour tout N.
j=1
Exercice 3.2.2
130
1) C1 et C2 étant deux parties convexes et fermées de H, appliquons l’identité
du parallélogramme à x − PC1 (x) et x − PC2 (x). Cela donne
P (x)+P (x) P (x)−P (x)
kx − C1 2 C2 k2 + k C1 2 C2 k2 = 12 kx − PC1 (x)k2 + kx − PC2 (x)k2
Exercice 3.2.6
Exercice 3.2.9
⊥
Si ϕ une forme linéaire non nulle et continue sur H alors Ker ϕ 6= {0} car
⊥⊥ ⊥
sinon on aurait H = {0}⊥ = Ker ϕ = Ker ϕ. Lorsque b ∈ Ker ϕ \ {0} on a
ϕ(b) 6= 0 car (Ker ϕ)∩(Ker ϕ)⊥ = {0}. Pour tout x ∈ H on a x = x− ϕ(x)
ϕ(x)
ϕ(b)
b + ϕ(b) b
131
où clairement x− ϕ(x) ∈ (Ker ϕ)⊥ . Cette décomposition montre
ϕ(x)
ϕ(b)
b ∈ Ker ϕ et ϕ(b)
b
⊥
que la projection orthogonale sur Kerϕ est donnée par x 7→ ϕ(x)
ϕ(b)
b et donc en
⊥
particulier que Kerϕ = V ect(b).
Exercice 3.3.2
Soit a? la forme linéaire définie par a? (x) = x|a. Par l’inégalité de Cauchy-
Schwarz on obtient |a? (x)| ≤ kakkxk et donc k|a∗ k| ≤ kak. Comme a? ( kak a
) = kak
∗
on a aussi k|a k| ≥ kak.
Exercice 3.3.4
1) Pour z ∈ Ω fixé, l’application d’évaluation B(Ω) 3 f 7→ f (z) ∈ C I est une
forme linéaire. Donnons-nous R > 0 tel que D(z, R) ⊂ R 2πΩ. Les fonctions holo-
1 iθ
morphes satisfont l’inégalité de moyenne |f (z)| ≤ 2π 0 |f (z + re )| dθ pour
tout 0 ≤ r < R. L’inégalité de Cauchy-Schwarz donne alors
Z 2π
2 1
|f (z + reiθ )|2 dθ .
|f (z)| ≤
2π 0
En multipliant par r puis en intégrant sur [0, R] on obtient :
Z 2π
R2
Z
2 1 iθ 2 1
|f (z)| ≤ |f (z + re )| rdrdθ = |f |2
2 2π 0 2π D(z,R)
1
d’où l’on déduit que |f (z)| ≤ R√ π
kf kL2 et que l’évaluation f 7→ f (z) est
continue sur (B(Ω), k kL2 ). 0
2) Puisque l’évaluation f 7→ f (z) est un élément de B(Ω) , le théorème de
Riesz (3.3.3) stipule l’existence de kΩ (z, ·) ∈ B(Ω) telle que f (z) = f |kΩ (z, ·)
pour tout f ∈ B(Ω). Pour tout (z, w) ∈ Ω × Ω, posons KΩ (z, w) := kΩ (z, w).
par définition nous avons KΩ (z, ·) ∈ B(Ω) et
Z
f (z) = f (w)KΩ (z, w)dλ(w)
Ω
et
Z
KΩ (u, z) = KΩ (u, w)KΩ (z, w)dλ(w).
Ω
132
4) On considère maintenant deux domaines Ω1 et Ω2 et F : Ω1 → Ω2 un biholo-
morphisme. D’après la formule de changement de variable on a
Z Z Z
2 2 0 2
|TF (f )| dλ = |f ◦ F | |F | dλ = |f |2 dλ
Ω1 Ω1 Ω2
ce qui signifie que TF est une isométrie linéaire de B(Ω2 ) sur B(Ω1 ). L’identité
de polarisation (voir Proposition
R 3.1.2)
R permet alors de voir que TF conserve
le produit hermitien : Ω2 f ḡ dλ = Ω1 TF (f )TF (g) dλ, ∀f, g ∈ B(Ω2 ).
Observons que (TF )−1 = TF −1 .
(TF )−1 (
En déduire que
KΩ1 (w, z) = F 0 (w)KΩ2 (w, z)F 0 (z).
(On utilisera le fait que TF conserve le produit hermitien)
Exercice 3.3.6
Exercice 3.3.9
133
Soit T un endomorphisme d’un espace de Hilbert (H, k k) telque k|T |k ≤ 1.
1) Soit a ∈ H un point fixe de T . En utilisant la définition de l’adjoint et
l’inégalité de Cauchy-Schwarz on obtient a|a = a|T a = T ∗ a|a ≤ kT ∗ ak kak.
Comme k|T ∗ k| = k|T k| ≤ 1 on a en fait a|a = T ∗ a|a ≤ kT ∗ ak kak ≤ a|a et
l’inégalité de Cauchy-Schwarz est en fait une égalité ce qui force T ∗ a à être
proportionnel à a. Ainsi T ∗ a = λa et puisqu’alors a|a = λa|a on a bien T ∗ a = a
(dans le cas où a = 0 il n’y a rien à démontrer).
D’après ce que l’on vient de voir, Ker(T − Id) ⊂ Ker(T ∗ − Id). On peut
appliquer cela à T ∗ car k|T ∗ k| = k|T k| ≤ 1, il vient alors Ker(T ∗ − Id) ⊂
Ker((T ∗ )∗ − Id) = Ker(T − Id). On a donc
Ker(T ∗ − Id) = Ker(T − Id)
.
2) D’après la question précédente et le théorème de projection (3.2.3) on a H =
Ker(T ∗ − Id) ⊕ (Ker(T ∗ − Id))⊥ = Ker(T − Id) ⊕ (Ker(T ∗ − Id))⊥ (noter
que Ker(T − Id) est fermé puisque T est continue). En utilisant maintenant
la Proposition 3.3.8 on obtient
H = Ker(T − Id) ⊕ Im(T − Id)
qui est la décomposition en somme directe orthogonale voulue.
3) On note π la projection orthogonale sur Ker(T − Id) et, pour tout n ∈ IN,
2 +···+T n
Wn := Id+T +T n+1
. D’après la question précédente, tout x ∈ H s’écrit de
façon unique sous la forme x = π(x) + x0 avec x0 ∈ Im(T − Id). Comme
Wn (π(x)) = π(x), il suffit de montrer que limn Wn (x0 ) = 0 pour tout x0 ∈
Im(T − Id). Commençons par vérifier cela pour x0 ∈ Im(T − Id) c’est à dire
x0 = T (z) − z. Dans ce cas
n n
1 X k 1 X k+1
Wn (x0 ) = T (T (z) − z) = T (z) − T k (z) =
n + 1 k=0 n + 1 k=0
1
T n+1 (z) − z)
n+1
et, puisque k|T k| ≤ 1, kWn (x0 )k ≤ n+1 2
kzk si bien que limn Wn (x0 ) = 0.
Considérons maintenant x00 ∈ Im(T − Id). Alors, pour tout > 0, on peut
trouver x0 ∈ Im(T − Id) tel que kx00 − x0 k ≤ . Comme k|Wn k| ≤ 1 on a
kWn (x00 )k ≤ + kWn (x0 )k et donc lim supn kWn (x00 )k ≤ pour tout > 0.
4) On considère un espace probabilisé (Ω, µ) et τ : Ω → Ω une application µ-
mesurable tels que µ soit invariante par τ . Nous allons appliquer ce qui précède
à l’opérateur Tτ : L2 (Ω, µ) → L2 (Ω, µ) défini par T (f ) := f ◦ τ .
Commençons par vérifier que Tτ satisfait les hypotèses requises. L’invariance
de µ signifie que µ coı̈ncide avec la mesure image τ∗ (µ), on a donc
Z Z Z
2 2
|f | µ = |f | τ? µ = |f ◦ τ |2 µ ∀f ∈ L2 (Ω, µ)
Ω Ω Ω
134
ce qui montre à la fois que Tτ est bien un endomorphisme de L2 (Ω, µ) et que
sa norme est égale à 1.
Nous allons maintenant identifier la projection orthogonale sur Ker(Tτ − Id).
L’hypothèse d’ergodicité signifie que Ker(Tτ − Id) est la droite vectorielle
des fonctionsR constantes et donc π est donnée par π(f ) = (f |1Ω ) 1Ω puisque
2
k1Ω k = Ω 1Ω µ = 1.
Dans ces conditions, dire que Wn (f ) converge vers π(f ) signifie que la suite
f +f ◦τ +···+f ◦τ n
converge en moyenne quadratique vers la fonction constante
R n+1
Ω
f dµ 1Ω .
Exercice 3.3.11
Ici ∆ est le disque unité du plan complexe et B(∆) l’espace de Bergman associé
(voir l’exercice 1.3.8). Pour montrer que les polynômes holomorphes (c’est à dire
de la forme a0 + a1 z + · · ·z n ) sont denses dans B(∆), nous allons utiliser le critère
de densité donné par le théorème 3.3.10.
R Concrétement il suffit donc de montrer
n n
que si f ∈ B(∆) est telle que f |z = ∆ f (z)z̄ = 0 pour tout entier n alors f est
identiquement nulle.
Comme la fonction f est holomorphe sur ∆, on a f (z) = +∞ k
P
k=0 ak z et cette série
entière converge uniformémentRsur tout disque ∆r centré en 0 et de rayon r < 1.
Fixons n ∈ IN, comme f |z n = ∆ f (z)z̄ n = 0, le théorème de convergence dominée
montre que Z
lim f (z)z̄ n = 0.
r→1 ∆r
Exercice 3.3.14
Dans cet exercice on considère une suite (xn )n dans un espace de Hilbert H.
1) Si limn kxn k = 0 alors, par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a
135
2) Il y a unicité de la limite faible car si (xn )n converge faiblement vers a et b
alors x|a = limn x|xn = x|b pour tout x ∈ H et donc (a − b) ∈ H ⊥ = {0}. Il
est évident que si (xn )n converge faiblement vers x alors toute sous-suite de
(xn )n converge également vers x
3) On suppose maintenant que limn ||xn || = ∞ et pour tout entier k on définit
Fk par
Fk := {x ∈ H : ∀n ∈ N , |(xn |x)| ≤ k}.
i) Les fonctions x 7→ |(xn |x)| sont continues sur H et donc Fk est fermé en
tant qu’intersection de fermés.
ii) Si v ∈ Fk et > 0 alors xn |(v + ||xxnn || ) = xn |v + kxn k ≥ −k + kxn k et
donc (v + ||xxnn || ) ∈
/ Fk pour n assez grand car limn ||xn || = ∞.
Cela montre que Fk est d’intérieur vide car sinon (v + ||xxnn || ) appartiendrait à
Fk pour assez petit.
iii) Si (xn )n était faiblement convergente alors on aurait H = ∪k Fk or ceci
est impossible car, d’après le théorème de Baire, une réunion dénombrable de
fermés d’intérieurs vides est d’intérieur vide.
Exercice 3.3.16
1) Soit (xn )n une suite bornée dans H. Alors (x∗n )n est une suite bornée dans
H 0 et, si H est séparable, le théorème de Banach-Alaoglu (2.1.22) stipule que
(x∗n )n possède une sous-suite qui converge simplement vers λ ∈ H 0 . D’après
le théorème de Riesz (3.3.3), il existe x ∈ H tel que λ = x∗ . Dire que (x∗nk )k
converge simplement vers x∗ équivaut à dire que (xnk )k converge faiblement
vers x.
2) i) Soit (xn )n une suite bornée dans H et F := V ect{xn }. Comme F est fermé
dans H, l’espace (F, k k) un espace de Hilbert. Il est séparable car l’ensemble
des combinaisons linéaires finies à coefficients rationnels de termes de la suite
(xn )n est une partie dénombrable et dense dans F .
D’après la question précédente, il existe x ∈ F tel que, modulo extraction,
limn (xn |a) = (x|a) pour tout a ∈ F .
ii) D’après le théorème 3.2.3 on a H = F ⊕ F ⊥ et tout a ∈ H peut donc se
décomposer sous la forme a = aF + aF ⊥ où aF ∈ F et aF ⊥ ∈ F ⊥ . Alors
(xn |a) = (xn |aF ) converge modulo extraction vers (x|aF ) = (x|a) pour tout
a ∈ H.
Exercice 3.3.18
Si (xn )n ne converge pas faiblement vers a alors on peut trouver une sous suite (xnk )k
telle que (x∗nk )k ne converge pas simplement vers a∗ . Or, modulo extraction, (xnk )k
converge faiblement vers b ∈ H. On a nécessairement b∗ 6= a∗ et donc aussi b 6= a.
Exercice 3.3.19
136
1) Soit (xn )n une suite de points appartenant à une partie convexe fermée C d’un
espace de Hilbert (H, || ||). Supposons que (xn )n converge faiblement vers x.
Notons PC (x) la projection de meilleure approximation de x sur C alors Re(x−
PC (x)|xn −PC (x)) ≤ 0 pour tout n ∈ IN (voir le théorème 3.2.1). Puisque (xn )n
converge faiblement vers x, on obtient Re(x−PC (x)|x−PC (x)) ≤ 0 en passant
àla limite. On a donc kx − PC (x)k = 0 ce qui montre que x = PC (x) ∈ C.
2) Soit (Cn )n une suite décroissante de parties convexes fermées non vides de H
et (xn )n une suite de points telle que xn ∈ Cn . Si C1 est bornée alors (xn )n
converge faiblement modulo extraction et, d’après le point précédent, sa limite
appartient à Cn pour tout n ∈ IN. Ceci montre que C := ∩n Cn n’est pas vide.
Exercice 3.3.20
Exercice 3.3.21
Soit (xn )n une suite bornée dans espace de Hilbert (H, || ||) telle que xn |y converge
pour tout y de H. Supposons que (xn )n ne converge pas faiblement. Alors, d’après la
proposition 3.3.17, il existe des suites extraites xϕ1 (n) n et xϕ2 (n) n qui convergent
faiblement respectivement vers a1 et a2 avec a1 6= a2 .
Construisons ψ(n) une suite strictement croissante d’entiers telle que xψ(2k) k soit
extraite de xϕ1 (n) n et xψ(2k+1) k soit extraite de xϕ2 (n) n .
Prenons y0 ∈ H tel que (a1 |y0 ) 6= (a2 |y0 ), alors (xψ(n) |y0 ) ne converge pas ce qui
contredit l’hyothèse.
Exercice 3.3.23
137
1) On a
n n n
1X 1X 1X
ϕn (z) = k(z − sn ) + (sn − xj )k2 = kz − sn k2 + ksn − xj k2
n j=1 n j=1 n j=1
n
1X
+2 Re ((z − sn )|(sn − xj )) = kz − sn k2 + ϕn (sn ) + 2Re ((z − sn )|(sn − sn ) =
n j=1
kz − sn k2 + ϕn (sn )
Re (A(σn ) − σn + y − A(y)|σn − y) ≤ 0
et donc
Puisque σn ∈ B on a
138
xj := Aj (x0 ). Il est clair que sn ∈ B. On a
n n
1X 1X
ϕn (A(sn )) − ϕn (sn ) = kA(sn ) − Aj (x0 )k2 − ksn − Aj (x0 )k2 ≤
n j=1 n j=1
n n
1X 1X 4
ksn − Aj−1 (x0 )k2 − ksn − Aj (x0 )k2 ≤
n j=1 n j=1 n
Exercice 3.3.25
1) Soit (un )n une suite qui converge faiblement vers 0 dans un espace de Hilbert
(H, k k).
a) On pose v1 := u1 . Supposons avoir construit v1 , · · · , vn tels que vj = upj ,
1 = p1 < p2 < · · · < pn et |(vj |vk )| ≤ k1 pour 1 ≤ j < k ≤ n. Puisque
(un )n converge faiblement vers 0 on a limp (maxj≤n |(vj |up )|) = 0 et l’on
1
peut choisir pn+1 > pn tel que maxj≤n |(vj |upn+1 )| ≤ n+1 . On pose alors
vn+1 := upn+1 . On obtient ainsi une suite (vn )n extraite de (un )n telle que
|(vj |vk )| ≤ k1 pour 1 ≤ j < k et k ≥ 2.
b) On a
v1 + · · · + vn 2 1 1 X
k k = 2 kv1 + · · · + vn k2 = 2 (vj |vk ) =
n n n 1≤j,k≤n
n n n Xk−1
1 X 2
X 1 X 2
X
2
kvq k + (vj |vk ) = 2 kvq k + 2Re (vj |vk ) ≤
n q=1 1≤j6=k≤n
n q=1 k=2 j=1
n n Xk−1
1 X 2
X
kvq k + 2 |(vj |vk )|
n2 q=1 k=2 j=1
Comme toute suite faiblement convergente, la suite (un )n est bornée et donc
kvq k2 ≤ M < +∞. En utilisant la majoration |(vj |vk )| ≤ k1 pour 1 ≤ j < k
et k ≥ 2, on obtient alors
n
v1 + · · · + vn 2 1 X k − 1 M + 2
k k ≤ 2 nM + 2 ≤
n n k=2
k n.
139
1) Toute suite faiblement convergente à valeurs dans une partie convexe fermée
C de H converge vers un point de C.
2) Toute fonction ϕ : C → IR convexe et continue sur une partie convexe, fermée
et bornée C de H atteint sa borne inférieure.
Exercice 3.3.27
1) Soit (un )n une suite faiblement convergente à valeurs dans une partie convexe
fermée C d’un espace de Hilbert (H, k k). Soit u la limite (faible) de (un )n .
D’après le théorème de Banach-Saks (3.3.24) on peut supposer, après une
éventuelle extraction, que u1 +···+u
n
n
converge fortement vers u. Comme C est
u1 +···+un
convexe la suite n n
reste à valeurs dans C et donc u ∈ C = C.
2) C étant une partie convexe, fermée et bornée d’un espace de Hilbert (H, k k),
on considère une fonction convexe et continue ϕ : C → IR. Soit (un )n une
suite dans C telle que limn ϕ(un ) = inf C ϕ (où a priori inf C ϕ ≥ −∞). Comme
la partie C est bornée on peut, après extraction, supposer (un )n faiblement
convergente puis, quitte à extraire de nouveau, on peut supposer que u1 +···+u n
n
u1 +···+un
converge fortement vers u. Puisque C est convexe fermée on a n
∈ C et
u ∈ C.
La fonction ϕ étant convexe on a
u1 + · · · + un ϕ(u1 ) + · · · + ϕ(un )
inf ϕ ≤ ϕ ≤
C n n
Exercice 4.1.5
140
infinie.
Montrons que Fn est fermé dans E. Sur Fn on dispose de deuxPnormes, celle
induite par la norme k k de E et la norme kxk∞ qui à tout x = ni=1 αi ei ∈ Fn
associe le maximum max1≤i≤n |αi | des modules de ses coordonnées dans la
base {e1 , · · · , en }. Or, sur un espace de dimension finie, toutes les normes sont
équivalentes. Autrement dit, P Cn , k k∞ ) → (Fn , k k)
l’application linéaire in : (I
n
définie par (α1 , · · · , αn ) 7→ i=1 αi ei est un isomorphisme bi-continu. Soit
Maintenant xk ∈ Fn tels que xk → x ∈ E. D’après ce qui précède, la suite
αk := i−1n (xk ) est bornée dans (I Cn , k k∞ ) et converge donc vers α après une
éventuelle extraction. On a alors x = limk xk = limk in (αk ) = in (α) ∈ Fn .
Supposons maintenant que (E, k k) est complet. Dire que B une base algébrique
de E revient à dire que E = ∪n≥1 Fn or, d’après le théorème 4.1.4, E est gras
dans lui-même. Nous avons donc obtenu une contradiction ce qui signifie que
E n’est pas de dimension infinie.
2) Il n’existe pas de norme qui fasse de IR[X] un espace de Banach car IR[X]
est de dimension infinie et possède une base algébrique dénombrable donnée
par ek := X k ce qui, d’après la question précédente, est impossible pour les
espaces de Banach.
Exercice 4.1.6
Exercice 4.1.10
Soit E, k k un espace de Banach, F un sous-espace fermé et E/F l’espace
quotient associé. Soit π : E → E/F la projection définie par π(x) := ẋ.On pose
141
2) La projection π : E → E/F définie par π(x) := ẋ est continue car N (ẋ) ≤
kx + 0| = kxk. P
3) Soit (ẋn )n une suite telle que N (ẋn ) < +∞. Par définition de N il existe
1
une suite (yn )n dans F telle que Pkxn + yn k ≤ N (ẋn ) + 2n . Puisque (E, k k) est
un espace de Banach, la série n (xn + yn ) converge (voir Proposition 4.1.9).
P PN
Puisque π est P continue il vient π ( n (x n + yn )) = lim N n=1 x˙n ce qui prouve
que la série n x˙n converge.
4) La Proposition 4.1.9 et la question précédente montre que E/F, N est un
espace de Banach.
Exercice 4.1.12
N
X X
kA(x) − SN (x)k = k An (x)k ≤ k|An k| kxk
n>N n>N
Exercice 4.1.15
143