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Par la présente et conformément à la Loi sur les enquêtes, je vous demande officiellement
de lancer une enquête publique sur l’Initiative de transformation de l'administration de la
paye de la fonction publique fédérale, que j’appellerai ici le projet Phénix par souci de
concision.
Comme vous le savez, les rapports indépendants du cabinet Goss Gilroy Inc. et du
Bureau du vérificateur général du Canada (BVG) ont mis au jour d’inquiétants
renseignements sur la conception et la mise en œuvre de Phénix. En fait, ces rapports
ont confirmé de nombreuses préoccupations que l’Alliance de la Fonction publique du
Canada et les autres syndicats de fonctionnaires fédéraux avaient déjà exprimées au
sujet de Phénix.
D’autres renseignements ont été découverts dans des documents précédemment tenus
cachés du public et des syndicats, notamment l’analyse de rentabilisation de Phénix
préparée en 2009 et rendue publique par les médias à l’automne 2017.
J’attire votre attention ci-dessous sur certains problèmes qui doivent être réglés. Je ne
vise pas à suggérer des limites à l’étendue d’une enquête publique, mais plutôt à
démontrer la nécessité d’un tel exercice.
Comme je l’ai déjà dit, ni les syndicats ni diverses autres parties prenantes n’ont obtenu
l’analyse de rentabilisation de la transformation de la paye en 2009. L’AFPC l’avait
demandé à la première réunion du Comité consultatif patronal-syndical de l'Initiative de
transformation de l'administration de la paye en 2012, mais le ministère qui s’appelle
maintenant Services publics et Approvisionnement Canada nous l’avait refusée. Lorsque
nous avons finalement pu prendre connaissance de cette analyse des années plus tard,
nous avons constaté qu’elle présentait de stupéfiantes lacunes.
Par exemple, elle affirme sans la moindre parcelle de preuve que l’initiative allait
améliorer le travail et l’efficacité, réduire considérablement les coûts et faire ressortir la
sous-traitance comme une option à sérieusement étudier dans l’avenir. Elle établit une
liste de dix risques à considérer, mais étrangement ne mentionne pas le risque que des
fonctionnaires ne soient pas payés. Même si la liste des risques mentionne l’état de
préparation et la protection de la vie privée, elle n’offre aucune mesure pour atténuer les
risques. On a donné suite au projet en s’appuyant sur des données qui le favorisaient,
sans chercher à déterminer s’il permettrait de régler de véritables problèmes ni si bon
nombre de ses objectifs étaient réalisables ou avantageux.
Responsabilisation
Le deuxième rapport du BVG fournit certaines réponses, mais il n’est pas exhaustif sur
le sujet de la responsabilisation. À cet égard, il dit par exemple ceci : « Nous n’avons pas
examiné les événements qui ont conduit à la centralisation des postes de conseillers en
rémunération ni les événements survenus après la mise en œuvre de Phénix. » La
conception du processus de centralisation est un élément central du fiasco Phénix, y
compris le démantèlement de toutes les capacités existantes en matière de traitement de
la paye avant que les nouvelles capacités aient été mises en place et dûment testées.
Le rapport du BVG mentionne les problèmes systémiques reliés aux rôles des hauts
fonctionnaires et à leurs relations avec les élus — semblables à ceux qui avaient été
soulignés dans les rapports Gomery et Tait et aussi d’autres rapports —, mais ne propose
pas de mesures pour les éliminer. Le fiasco Phénix découle d’un vieux problème touchant
la responsabilisation à l’égard de l’intérêt public, et il faut étudier ce problème et
déterminer pourquoi personne dans un poste d’autorité n’a stoppé le projet Phénix.
Le projet Phénix a aussi permis de constater que le Conseil du Trésor tend à abandonner
son rôle d’orientation face aux ministères.
Changement de culture
Les rapports du BVG et de Goss Gilroy mettent en lumière la très néfaste culture qui
règne dans l’administration fédérale et qu’il faut absolument enrayer.
Nous savons que la culture n’a pas changé. Nous le constatons tous les jours dans nos
efforts pour travailler avec le gouvernement pour atténuer ou résoudre les problèmes.
Nous savons aussi que rien ne changera sans un effort concerté.
Audiences publiques
Les rapports du BVG et de Goss Gilroy nous en ont beaucoup appris sur le fiasco Phénix.
Toutefois, ils ne nous présentent que les résultats des examens. Une enquête publique
fournirait un forum public où on pourrait présenter des témoignages et autres
renseignements. Plus important encore, un tel exercice offrirait à ceux qui ont été le plus
touchés par les ratés de Phénix, soit les fonctionnaires fédéraux, une occasion de faire
connaître les problèmes qu’ils sont vécus.
Je vous prie de bien vouloir considérer ma requête et j’espère recevoir une réponse très
bientôt.
Sincèrement,
Le président national,
Chris Aylward