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décembre 2014
1. Contexte :
Le système de retraite marocain est caractérisé par un pluralisme institutionnel non coordonné et
une couverture limitée à une population relativement réduite (de l’ordre de 33% selon des données
les plus récentes). Les principaux régimes de retraite existant différent les uns des autres quant à
leurs statuts juridiques, leurs modes de gestion, leurs ressources et leurs modalités de prestations.
Cette cartographie met en évidence l’inefficacité sociale du dispositif actuel notamment au regard du
taux de couverture retraite de la population et des catégories d’actifs qui ne disposent d’aucune
couverture retraite.
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Commission technique de la réforme des retraites (2010)
2. Diagnostic et panorama fonctionnel des quatre principales caisses de retraite2 :
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Synthèse interne
Le système de retraite marocain se caractérise, donc, par la coexistence de plusieurs régimes de
retraite différents les uns des autres quant à leurs statuts juridiques, leurs modes de gestion, leurs
ressources et leurs modalités de prestations.
En juillet 2013, la cour des comptes, dans son rapport3, dédié au système des retraites au Maroc, a
mis en évidence les traits saillants suivants :
- Diversité et non convergence des régimes : chaque régime a été institué à un moment donné,
pour une population déterminée, dans des circonstances particulières et avec un cadre
juridique distinct. Les régimes de retraite en vigueur sont régis par des règles et des
paramètres de fonctionnement non harmonisés.
- Faible taux de couverture des actifs : malgré le fait qu’il soit aussi diversifié, le dispositif actuel
arrive à peine à couvrir 33% de la population active, soit 3,4 millions d’actifs sur 10,5 millions.
- Non pérennité et déséquilibre structurel de certains régimes : selon les projections actuarielles
à l’horizon 2060, le total des engagements non couverts des régimes de la CMR, du RCAR et de
la CIMR, actualisé à fin 2013, s’élève à 852,6 milliards de dirhams4.
Les déficits financiers des régimes sont attendus dès 2014 pour la CMR, 2026 pour la CNSS et
2021 pour le RCAR. La situation du régime des pensions civiles de la CMR est la plus
préoccupante et la plus urgente à traiter.
- Absence de passerelles entre les régimes existants : ce qui entrave la mobilité des travailleurs
entre le secteur privé et le secteur public et contribue à la non fluidité dans le marché de
l’emploi.
- Diversité des modes de gouvernance : chaque régime est géré selon un modèle de
gouvernance différent.
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« Rapport sur le Système de retraite au Maroc : Diagnostic et propositions de réformes ».
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Les auteurs du rapport mentionnent 813 milliards de dirhams à fin 20111 regroupant la CMR, le RCAR, la CNSS et la CIMR.
En raison de l’absence de données récentes sur la CNSS, le montant total présenté à titre indicatif regroupe uniquement les
3 caisses citées.
3. Diagnostic démographique et actuariel des régimes de retraite :
La Caisse Marocaine des Retraites est la plus fragile sur le plan actuariel
La CMR est particulièrement sous tension en raison d’une dette implicite (évaluée dans le cadre
d’une analyse en groupe semi-fermé - hypothèse de fermeture du régime aux nouveaux entrants - où
les cotisants actuels cotisent et acquièrent des droits jusqu’à la liquidation) qui culminant à près de
692 milliards de dirhams, représentant près de 80% du PIB national en 20135. La dette implicite du
RCAR (169,5 milliards de dirhams) et de la CIMR (84,7 milliards de dirhams) représentent
respectivement 20% et 10% du PIB.
La valeur actuelle probable des prestations des trois caisses étudiées, s’élève à près de 1320 milliards
de dirhams contre une valeur actuelle probable cumulée des ressources de 271 milliards de dirhams.
Au niveau de la VAP prestations, la CMR concentre à elle seule près de 1020 milliards de dirhams.
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Ministère de l’Economie et des Finances, Comptes nationaux (2013) - PIB aux prix courants : 872,8 Gdhs
L’engagement net non couvert des trois caisses étudiées s’établit à 852,6 milliards de dirhams en
2013. Il correspond à la différence entre i) la valeur actuelle probable (VAP) des ressources, à laquelle
s’ajoutent les engagements techniques (réserves de prévoyance) qui ont atteint 81,2 milliards de
dirhams et ii) la VAP des prestations. 89% de cet engagement net non couvert relève de la seule
CMR.
Au niveau des indicateurs actuariels, dans l’hypothèse de la fermeture du régime aux nouveaux
entrants en 2013, les engagements constitués uniquement des droits acquis sont couverts à hauteur
de 11,7% pour la CMR, 48,8% pour le RCAR et 37,8% pour la CIMR.
L’analyse du taux de préfinancement en 2013, dans le cadre de l’analyse des régimes en groupe
semi-fermé où les cotisants actuels cotisent et acquièrent des droits jusqu’à la liquidation, montre les
engagements de :
- la CMR, sont couverts à hauteur de 25,7%, par les engagements techniques6 (81,2 milliards
de dirhams) et par les cotisations futures actualisées7 (180,8 milliards de dirhams),
- le RCAR, sont couverts à hauteur 68,5% par les engagements techniques (82,7 milliards de
dirhams) et les cotisations futures actualisées (29,9 milliards de dirhams)
- la CIMR, sont couverts à hauteur de 67,2% par les engagements techniques (32 milliards de
dirhams) et les cotisations futures actualisées (60,2 milliards de dirhams)
Entre 2012 et 2013, ce taux de préfinancement connait un recul de 0,4 point pour la CMR et de 2,2
points pour le RCAR. Cette baisse s’explique essentiellement par le rythme d’accroissement des
engagements actuariels du régime supérieur à celui des ressources. En revanche, pour la CIMR, ce
taux connait une progression de 1,2 points.
L’horizon de viabilité est également un point d’inquiétude pour la pérennité du système des
retraites. La CMR a annoncé dans son rapport d’activité, son premier déficit technique pour l’année
2014.
Concernant la CNSS, malgré le peu d’informations récoltés quant à ses données financières et
actuarielles, nous pouvons souligner que le nombre d’actifs cotisants de 2,71 millions de personnes
masque une réalité quant à la déclaration régulière des salariés du secteur privé. Seuls 46% des
employés sont déclarés tout au long de l’année.
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Réserves de prévoyance
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VAP ressources
4. Projections démographiques
Par ailleurs, la situation financière du système de retraite sera encore plus affectée dans l’avenir en
raison de la transition démographique avancée au Maroc et du changement profond qu’il produit
dans la structure de la population marocaine. L’effectif des personnes âgées de 60 ans et plus
passerait de 2,7 millions en 2010 à 10,1 millions d’individus en 2050, année où elle représenterait
24% de la population totale alors qu’elle n’en constituait que 8% en 2010.
La part de la population en âge de travailler (15-59 ans) connaitra une tendance baissière avec
un déclin de 6 points en quarante ans.
En termes de flux, la population âgée de 60 ans et plus verra un apport additionnel de près de
7,5 millions de personnes quand celle des personnes en âge de travailler (15-59 ans) n’augmentera
que de 3,7 millions de personnes. Quant à la tranche d’âge 0-14 ans, elle verra ses effectifs baisser de
1,7 millions d’individus sur la période.
Evolution en flux de la population marocaine par tranche d’âge entre 2010 et 2050
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Projections du Haut-Commissariat au Plan