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L'abduction (du latin « abductio » : emmener) est un type de raisonnement d'abord mis en
évidence par Aristote : il s'agit d'un syllogisme dont la prémisse majeure est certaine et dont la
mineure est seulement probable : la conclusion n'a alors qu'une probabilité égale à celle de la
mineure[1].
Afin de comprendre un phénomène surprenant, on introduit une règle à titre d'hypothèse afin
de considérer ce phénomène comme un cas conforme à cette règle. En d’autres termes : dans
le cas d’une déduction on tire la conclusion « q » d’une prémisse « p » alors que le
raisonnement abductif consiste à expliquer « q » par « p », considéré ici comme une
hypothèse explicative. Le sémioticien Umberto Eco a appelé ce procédé la « méthode du
détective ».
Sommaire
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• 4 Voir aussi
Comme l'écrit Jean-Louis Le Moigne [3], « Auguste Comte pouvait clamer que l'imagination
ne devait jouer qu'un rôle absolument subalterne dans la recherche scientifique chaque
chercheur dans son for intérieur convenait que son talent reposait sur sa capacité à imaginer, à
inventer, à concevoir ». Ainsi les formes logiques naissent de la pratique de la recherche mais
aussi de l'inscription du chercheur dans le processus expérientiel et cognitif qui est lié à son
immersion au sein des environnements.
Depuis Peirce et les avancées de la philosophie pragmatiste qui a amorcé d'une certaine façon
le développement des sciences cognitives l'étude du processus de recherche est de plus en plus
largement perçue comme une étude du processus cognitif. Il y a ainsi une constante volonté
d'intégrer et de dépasser la dualité expérience factuelle / logique active et l'émergence d'une
pensée unifiée qui selon des temps différents va prendre des formes différentes qui ne seraient
plus en opposition mais en interaction. Ces considérations bouleversent la façon traditionnelle
d'appréhender la recherche scientifique qui de ce fait ne peut plus se placer strictement dans
une démarche hypothético-déductive ou inductive.
En effet comme l'indique Habermas [4], la réflexion pragmatiste sur les formes de l'inférence
ne s'inscrit pas dans la question traditionnelle de l'acquisition par déduction de propositions
analytiquement justes mais dans celle de l'obtention d'énoncés synthétiquement plausibles.
Ainsi la conception de l'objet est indissociable de la méthode de la fixation de la croyance et
du critère de sens qui en découle. Dans un premier temps et du point de vue des méthodes
réelles de la recherche c'est-à-dire selon une vision expérimentale du processus de conception
de l'inférence, l'induction et la déduction ne sont pas en opposition mais en relations
réciproques, elles sont en effet des phases coopératives d'un processus unique de résolution de
problème. Dans un deuxième temps ces deux phases, d'induction et de déduction du processus
de conception sont complétées par une troisième que Peirce nomme l'abduction. La méthode
de recherche peut être alors modélisée selon l'enchaînement élémentaire : [ ( abduction –
induction – déduction) ].
Dans cette perspective, l'abduction (warranted assertion) est le processus de formation d'une
hypothèse générale sans l'assurance qu'elle réussisse et est ainsi de l'ordre de la priméité. La
priméité dans la conception triadique du modèle mental initié par Peirce est la catégorie du
sensible, de l'expérience sensible.
Cette approche signifie que « quelque chose » se comporte probablement d'une certaine
manière – phase d'abduction – que « quelque chose » se comporte effectivement d'une
certaine manière – phase d'induction et enfin – phase de déduction – nous établissons que
« quelque chose » se comporte d'une certaine manière.
La déduction tire des conséquences , construit des relations actualisées, elle est de l'ordre du
troisième principe peircéen celui de la tiercité. La tiercité est la catégorie de la médiation qui
met en relation et construit du sens sans quoi les objets du système ne seraient qu'une
juxtaposition arbitraire et non médiatisée. La déduction c'est l'opérateur de la généralité.
L'abduction, hypothèse créatrice et l'induction matérialisent le lien entre les observations
expérientielles et la formulation d'hypothèses elles assurent une mise à l'épreuve. La
déduction traduit la pensée réfléchie et structurante en ce qu'elle engendre des habitudes
interprétatives comme disposition mentale. Dans cette perspective l'abduction produit des
idées et des concepts à expliquer, l'induction participe à la construction de l'hypothèse
abductive en lui donnant de la consistance et la déduction à partir de cette construction
formule une explication prédictive.
En ce sens la déduction est certaine et décrit des « objets idéaux », l'induction quant à elle
infère des phénomènes semblables alors que l'abduction infère des phénomènes différents
c'est le choix des hypothèses. L'abduction rend compte de la spécificité du raisonnement qui
va vers l'hypothèse, sa logique est celle de la créativité de l'interprétation et de l'innovation et
elle permet en fonction de la flexibilité du concepteur par rapport à ses présupposés
d'introduire des idées nouvelles.
L'abduction est décrite par Peirce comme un aperçu créatif (a creative insight) pour résoudre
un problème surprenant, une expérience qui déçoit une anticipation ou qui entame une
habitude. Si l'induction va du cas, de l'expérientiel vers la règle selon une logique [(cas) vers
(règle)], l'abduction a une logique inverse de la règle vers le cas selon une logique [(règle)
vers (cas)].
autrement dit, si on a le fait b et si on sait que alors on peut inférer a. Cette règle ne
fait pas partie des règles de déduction de la logique mathématique et à ce titre n'est pas valide,
mais la formulation sous cette forme permet de comprendre le processus mis en œuvre par
l'abduction.
Références [modifier]
1. ↑ Voir Premiers Analytiques, II, 25 sqq.
2. ↑ G. Deledalle, Lire Peirce aujourd'hui, Éditions Universitaires -DeBoeck Universités, Bruxelles 1990,
217 pages
3. ↑ « Intelligence et conception » in Jean-Louis Le Moigne, Intelligence des mécanismes, mécanismes de
l'intelligence : intelligence artificielle et sciences de la cognition Fayard/ Fondation Diderot Paris 1986,
367 pages.
4. ↑ Connaissance et intérêt, Trad. de l'éd. de 1968, Paris, Gallimard, 1976, 386 pages.
5. ↑ The Philosophical Basis of Institutional Economics, Journal of Economic Issues, Vol. XXI, no 3,
Septembre 1987, pp 1001 – 1038).